23/05/2021 (2021-05-23)
Par Jean-Michel Grau
L’INSEE a publié le 17 mai 2021 le tableau du solde des échanges extérieurs des 27 pays de l’Union européenne. L’Allemagne, sans surprise, est la première du classement avec un excédent de presque 200 milliards d’Euros. La France — oh surprise! — est quant à elle, bonne dernière, avec un déficit de plus de 65 milliards. Après sa gestion catastrophique du Covid et la mise à l’arrêt de toute son infrastructure touristique, de toutes ses PME et de ses petits commerces, mais aussi la perte abyssale de plus de 7 milliards d’Euros de son industrie aéronautique depuis 2019, le moment est venu pour la France de passer à la caisse.
Il faut dire que c’est une sacrée performance pour l’économie française d’arriver à faire en déficit ce que l’Italie fait en excédent, alors que celle-ci est le pays le plus endetté d’Europe, dont il faut saluer au passage la 4e place de ce podium. Même la malheureuse Grèce s’en tire mieux avec un déficit de « seulement » 15 milliards d’Euros.
Reconnaissons ici que la politique du « quoi qu’il en coûte » du tandem Macron-Le Maire a donc porté ses fruits au-delà de toutes espérances. Elle devrait même devenir très vite un cas d’école pour toutes les écoles de gestion et de commerce, afin de comprendre comment on peut arriver à ruiner un pays en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
Tout cela à cause d’un microbe. Il a bon dos ce virus : grâce à lui, on peut allègrement taper dans les caisses des fonds publics. Sans souci, vu que la BCE fait marcher la planche à billets à tour de bras, au risque de faire ressurgir l’inflation, mais patience, on y vient.
Le bilan des exportations françaises est donc logiquement à l’image du bilan calamiteux de son commerce extérieur, vu qu’elles ont reculé de presque 16 %, annulant l’effet du recul des importations de 13 %.
C’est pourquoi Bruno Le Maire envisage très sérieusement d’effacer la dette de certaines entreprises, contractée durant les fermetures liées aux confinements où 650 000 entreprises ont accumulé près de 137 milliards de dettes à travers les prêts garantis par l’État.2) Effacer les dettes à coup d’ardoise magique, voilà qui est pratique ! Et ce, « Quoi qu’il en coûte ! » Quel sacré farceur, ce Bruno ! Toujours le mot pour rire !
Le problème est que l’excuse de la crise sanitaire pour expliquer ces résultats consternants ne tient pas, car le Covid s’est joué des frontières, comme tout un chacun sait, et a sévi sans discernement dans tous les pays européens. La plupart d’entre eux s’en sont largement mieux sortis que la France. Ainsi, l’Allemagne, l’Irlande, les Pays-Bas et l’Italie enregistrent des soldes d’échanges extérieurs largement positifs. Le solde des échanges extérieurs de l’Allemagne est positif de 194 milliards d’Euros, celui de l’Italie de 60,5 milliards d’Euros, quand celui de la France est déficitaire de 66,8 milliards…
Oui, mais toute l’Europe n’a pas la chance d’avoir Bruno Le Maire à la manœuvre.
Et comme si ce tableau d’apocalypse ne suffisait pas, la remontée prochaine des taux d’intérêt3 risque d’asphyxier définitivement l’économie de la France, pays le plus dépensier de toute l’UE.
Autant dire que la réélection de Macron apparaît désormais plus que compromise, et que plus personne ne miserait un kopeck aujourd’hui sur le soutien du patronat et des grandes entreprises françaises, pour les prochaines élections présidentielles, à ce Jupiter de salle de bains dont les rêves de grandeur risquent de finir très bientôt au tout-à-l’égout.
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