04/11/2021 (2021-11-04)
[Source : lecourrierdesstrateges.fr]
Par Éric Verhaeghe
Le G20 et ses conclusions sont passés à peu près inaperçus. Il faut dire que le grand public n’a pas encore compris en quoi le Great Reset avait donné une importance particulière, et nouvelle, à cette instance qui se contentait d’ordinaire de grandes incantations. Progressivement, une gouvernance mondiale se met en place, qui s’arroge un droit de regard sur l’ensemble des politiques publiques. Pour illustrer cette ambition « holistique » du multilatéralisme et de la caste mondialisée qui le nourrit, nous reprenons ici tous les points abordés par le G20 de Rome la semaine dernière : tout simplement vertigineux !
Le G20 qui s’est tenu à Rome (et qui regroupe, comme son nom l’indique, le 20 économies du monde les plus puissantes) a été particulièrement actif. Il débouche sur une série de décisions qui méritent d’être relevées et bien méditées pour comprendre la suite des décisions politiques dans le monde. Ce G20 a en effet intégré toutes les prescriptions du Great Reset de Klaus Schwab. Nous en donnons ici une énumération précise.
On notera d’ailleurs que la déclaration commence par une citation des “efforts communs pour mieux nous relever de la crise du COVID 19”, litanie désormais rituelle de tout sommet multilatéral. On se souvient ici que la base du Great Reset est l’instrumentalisation de l’épidémie pour favoriser les progrès du multilatéralisme contre les Etats nations, et tout particulièrement son utilisation pour accélérer des mesures supposées lutter contre le réchauffement climatique.
Au paragraphe 2, la déclaration enfonce le clou avec cette phrase emblématique : “Soulignant le rôle crucial du multilatéralisme dans la recherche de solutions efficaces et partagées, nous sommes d’accord pour renforcer notre réponse commune à la pandémie, et pour paver la route vers une relance globale, avec une attention particulière aux besoins des plus vulnérables (…). Nous sommes d’accord sur une vision partagée du combat contre le réchauffement climatique (…).” L’essentiel du Great Reset est résumé.
Le G20 et la mondialisation de l’économie
Forcément, la déclaration du G20 commence par la phrase rituelle : “En 2021, l’activité économique mondiale a repris à un rythme soutenu, grâce à la production de vaccins et au soutien politique suivi.” Mais ce mantra religieux ne cache pas plusieurs inquiétudes sur la reprise économique “solide”.
- le G20 s’inquiète des retards dans la croissance, notamment dans certains pays
- il s’inquiète aussi de l’inflation et rappelle que les banques centrales devront agir pour en limiter les effets
- il s’inquiète aussi des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement
Questions de santé et de gouvernance sanitaire mondiale
Le chapitre sur la santé réaffirme l’ambition d’arriver à vacciner 70% de la population mondiale à la mi-2022. Dans cet objectif, la déclaration finale enchaîne les propositions, qui constituent un véritable bingo pour Pfizer, Moderna et Astra Zeneca.
Le G20 annonce son intention :
- de multiplier (aux frais des Etats) les sites de production de vaccins
- de supprimer tous les freins aux importations de vaccins
- de mobiliser les bailleurs de fonds internationaux pour aider à l’achat de vaccins.
Les actionnaires seront contents.
Mais d’autres pistes sont creusées :
- le renforcement d’une gouvernance sanitaire mondiale, que nous avons déjà évoquée dans nos colonnes,
- l’amélioration du financement de l’OMS et le développement de ses actions sanitaires directes dans le monde
- la mise en place d’un programme One Health qui consisterait à confier à un organisme mondial le combat contre les microbes, notamment en raccourcissant le cycle de production des vaccins (de 1 an à 3 mois),
Nous retrouvons ici l’influence des théories d’un Bill Gates.
Développement durable
Ce chapitre, qui inclut l’industrialisation de l’Afrique, semble assez peu préoccuper le G20, qui y consacre quelques lignes, dont l’essentiel consiste à rappeler les engagements pris par l’Agenda d’Addis-Abeba.
Soutien aux pays vulnérables
Le G20 approuve la création d’un droit de tirage spécial du FMI, décidé le 23 août 2021, à hauteur de 650 milliards $. Il se déclare favorable à un abondement de cette enveloppe pour faciliter le développement des “pays vulnérables”.
Le G20 soutient par ailleurs une politique de développement de ces pays.
Architecture financière internationale
Sur ce point, le G20 se montre plutôt frileux, en se contentant d’annoncer son intérêt pour la réallocation des quota du FMI. Mais… la question de la finance est en réalité disséminée tout au long de la déclaration, et l’on reviendra plus loin sur le sujet des crypto-monnaies.
Sécurité alimentaire
Le sommet du G20 rappelle les engagements pris à Matera et tous les objectifs énumérés dans ce domaine, notamment la lutte contre le gaspillage.
Environnement
Le G20 réaffirme son ambition d’atteindre les objectifs déjà fixés en matière d’environnement : décennie de la restauration de l’écosystème lancée par l’ONU, réduction volontaire de 50% de la dégradation des sols d’ici à 2040, protection de 30% des océans et des sols d’ici à 2030.
Le G20 insiste par ailleurs sur les réalisations du sommet présidé par l’Arabie Saoudite dans le domaine de la protection maritime.
Villes et économie circulaire
Le G20 rappelle son engagement en faveur de l’Agenda Habitat III New Urban et sa volonté de rendre les villes plus écologiques.
Energie et climat
Bien entendu, le G20 annonce son intention de favoriser le succès de la COP 26 de Glasgow. “Nous maintenons l’objectif de l’Accord de Paris de limiter l’augmentation mondiale mondiale de températion bien au-dessous de 2°C et de poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C sous les niveaux pré-industriels”.
Pour atteindre cet objectif, le G20 n’hésite pas à marcher sur les plate-bandes de la COP 26 en énonçant par exemple :
Nous produirons des plans nationaux de relance et de sortie de crise qui prévoient, selon les contextes nationaux, un partage ambitieux des ressources financières pour limiter et adapter le changement climatique.
Le G20 décline sur ce point l’ensemble de ces engagements, sans oublier un financement de 100 milliards $ par an pour les pays vulnérables. Il rappelle également la question des émissions de gaz à effets de serre, notamment du fait des méthane et rappelle le lien étroit avec la question énergétique.
Politiques de transition et finance durable
Le G20 salue l’introduction d’un Pilier dédié à la protection de la planète dans le plan d’action du G20.
Finance durable
Le G20 valide les propositions du Sustainable Finance Working Group (SFWG) et sa batterie d’actions disséminées dans une comitologie complexe.
Taxation internationale
Le G20 valide le principe d’une Solution à deux piliers pour relever le défi fiscal face à la digitalisation de l’économie. Ce point est au demeurant relativement mineur dans l’ensemble de l’accord, mais il occupe beaucoup la presse subventionnée.
Égalité des sexes et capacitation des femmes
Le G20 répète son engagement dans ce domaine et salue le lancement de la première conférence du G20 sur la capacitation (empowerment) des femmes.
Emploi et protection sociale
Le G20 remarque que la pandémie à exacerber les inégalités sur le marché du travail, et affirme : “nous adopterons des approches politiques centrées sur l’humain pour promouvoir le dialogue social et assurer une plus grande justice sociale”. Les soignants suspendus sans traitement faute d’être vaccinés apprécieront la plaisanterie…
Éducation
Dans le domaine éducatif, le G20 réaffirme les efforts nécessaires pour “rendre les systèmes éducatifs inclusifs, agiles et résilients”, pour améliorer la coordination entre les politiques éducatives, sociales et du travail. Mais il ajoute ce point : “Nous reconnaissons le rôle critique de l’éducation dans le développement durable, gérance environnementale incluse”.
Éducation et développement durable…
Migration et déplacement forcé
Le G20 s’engage à l’inclusion complète des migrants, y compris des travailleurs immigrés et des réfugiés.
Transport et voyage
Le G20, discrètement, rappelle l’utilité de la vaccination obligatoire pour les personnels des compagnies aériennes, et appelle de ses voeux à une harmonisation des conditions d’entrée dans les différents pays.
Régulation financière
Le G20 réitère sa confiance dans la régulation financière internationale, non seulement dans le secteur bancaire, mais aussi la finance non intermédiée par les banques. On notera en particulier cette phrase : “Nous encourageons le Comité des Paiements et des Infrastructures de Marché, l’Innovation Hub de la Banque des Règlements Internationaux, le FMI et la Banque Mondiale à continuer à approfondir l’analyse du rôle potentiel des monnaies digitales de banque centrale dans le développement des transactions transfrontalières et leurs implications plus larges pour le système monétaire international”.
Commerce et investissement
Le G20 empile ici les déclarations d’intention sur un système de commerce international “ouvert, juste, équitable, soutenable, non-discriminatoire et inclusif, fondé sur des règles multilatérales”. Il ajoute : “Nous soulignons l’importance d’une concurrence loyale”.
Investissement dans les infrastructures
Le G20 rappelle l’importance de l’amélioration des infrastructures, sujet traité par le Great Reset de Klaus Schwab.
Productivité
Ce chapitre fourre-tout, très court, rappelle l’importance de “booster” la productivité et reconnaît l’utilité d’une bonne gouvernance d’entreprise.
Économie digitale, enseignement et recherche
Le G20 s’intéresse ici surtout au développement de l’intelligence artificielle, en rappelant l’importance des échanges de données entre les nations. “Nous réaffirmons le rôle des data pour le développement”.
Inclusion financière
Le G20 s’engage à développer des moyens pour améliorer l’accès à la compréhension sur Internet.
Gap des données
Le G20 promeut la publication de données publiques, et le passage à l’administration digitale.
Tourisme
Le G20 préconise un redémarrage rapide du tourisme.
Culture
Le G20 rappelle ses différents objectifs en matière de protection et de développement de la culture.
Anti-corruption
Le G20 rappelle sa tolérance zéro en matière de corruption publique ou privée, et adopte le plan d’action anti-corruption pour 2022-2024.
Les prémisses d’un gouvernement mondial
On le voit à cette énumération : le G20 sert d’abord à “coordonner” les politiques nationales dans tous les domaines. Si le G20 ne nie pas l’existence de particularités nationales, il rappelle dans chaque domaine de l’action publique les grands objectifs à atteindre ou les orientations à suivre pour rester dans le concert des nations.
C’est donc l’embryon d’une gouvernance mondiale qui prend forme ici, avec des plans d’action en cascades, plus ou moins contraignants, qui substituent à la volonté des peuples une sorte de mainstream sans alternative possible.
⚠ Les points de vue exprimés dans l’article ne sont pas nécessairement partagés par les (autres) auteurs et contributeurs du site Nouveau Monde.