09/08/2022 (2022-08-09)
[Source : investigaction.net]
Par TAMARA NASSAR
Bilan de cette nouvelle agression militaire israélienne : 44 Palestiniens ont été tués, dont 15 enfants ; plus de 300 Palestiniens ont été blessés, dont près d’un tiers étaient des enfants.
Un cessez-le-feu entre Israël et l’organisation de résistance du Djihad islamique a pris effet dimanche avant minuit, mettant fin de la sorte à une offensive meurtrière d’Israël contre Gaza.
Durant les heures qui ont précédé la trêve négociée par l’Égypte, Israël a encore intensifié sa vague de tueries et d’assassinats pour la troisième journée consécutive.
Dimanche, en fin de soirée, le ministère de la Santé de Gaza a déclaré que 44 Palestiniens avaient été tués sur le territoire, dont 15 enfants, depuis qu’Israël avait entamé le bain de sang en assassinant un important dirigeant du Djihad islamique vendredi soir.
Plus de 300 Palestiniens ont été blessés, dont près d’un tiers étaient des enfants.
Personne n’a été tué en Israël et il n’y a pas eu non plus de rapports de blessures graves.
Al-Haq, une organisation palestinienne de défense des droits humains, a déclaré dimanche qu’Israël « avait sans discrimination ciblé des civils et des structures non militaires » et que cette attaque constituait « une grave infraction aux lois humanitaires internationales et pouvait équivaloir à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité ».
Pendant six journées consécutives, Israël a fermé le seul passage commercial de Gaza ainsi que le seul passage pour les personnes entre Gaza et Israël.
Des négociations difficiles
Le cessez-le-feu de dimanche soir est venu après des négociations tendues arbitrées par Le Caire et qui ont calé à plusieurs reprises, attisant ainsi les craintes d’une escalade encore plus violente.
La pierre d’achoppement, explique le réseau Al Jazeera, résidait dans la demande adressée par le Djihad islamique à Israël afin qu’il relâche Bassam al-Saadi, l’un de ses chefs en Cisjordanie occupée, ainsi qu’un autre membre de l’organisation, Khalil Awawdeh.
Awawdeh est gravement malade, puisqu’il est en grève de la faim depuis mars afin de protester contre son arrestation par Israël sans accusation ni procès.
L’arrestation violente d’al-Saadi à son domicile de la ville cisjordanienne de Jénine, lundi dernier, a marqué le début de l’actuelle escalade.
Bien qu’Israël ait initialement rejeté les demandes du Djihad islamique, un accord a finalement été dégagé après que Tel-Aviv a concédé qu’il allait « discuter » de la libération des deux hommes à la suite d’un cessez-le-feu.
L’Égypte elle-même s’est engagée à assurer la libération des hommes le plus rapidement possible. Ziyad al-Nakhala, le secrétaire général du Djihad islamique, a annoncé dimanche soir qu’Awawdeh serait transféré — libre — à l’hôpital lundi et qu’il pourrait ensuite rentrer chez lui.
Israël n’a pas immédiatement confirmé la chose.
Un avion de combat d’origine américaine
Alors que le cessez-le-feu sera perçu comme un soulagement pas les Palestiniens de Gaza terrorisés par les assauts répétés d’Israël, la toute dernière agression de Tel-Aviv, finalement, aura prélevé un lourd tribut, surtout chez les enfants, qui constituent la moitié des 2,1 millions d’habitants de l’enclave.
Samedi soir, sans le moindre avertissement, un avion de combat fourni par les États-Unis a ciblé une habitation de trois étages dans un quartier densément peuple de Rafah, dans le sud de Gaza.
Au moins six missiles ont été tirés par des avions de combat israéliens au cours de cette attaque, tuant sept personnes et détruisant huit habitations, selon Defense for Children International — Palestine, qui mène des enquêtes sur le terrain.
Quelque 35 personnes ont été blessées, dont 18 enfants.
L’attaque ciblait apparemment un important dirigeant du Djihad islamique, Khalid Said Shehadeh Mansour, 46 ans. Six autres personnes, dont un enfant, ont été tuées dans cet assassinat collectif.
Elles ont été identifiées comme étant Raafat Saleh Ibrahim Sheikh al-Eid, 41 ans, Ziad Ahmad Khalil al-Mudallal, 35 ans, Alaa Saleh Abdulhamid al-Malahi, 30 ans, Ismail Abdulhamid Muhammad Salameh, 30 ans, et la mère de ce dernier, Hana Ismail Ali Dweik, 50 ans.
L’attaque a également coûté la vie à Muhammad Iyad Muhammad Hassoun, un adolescent de 13 ans. Muhammad « a subi de graves lacérations sur tout le corps, surtout sur la partie droite du tronc », a expliqué DCI-P.
Les EU, qui ont régulièrement soutenu la campagne meurtrière d’Israël contre Gaza ces trois derniers jours, fournissent à Tel-Aviv des milliards de dollars en armes chaque année, armes qui sont très fréquemment utilisées pour attaquer les civils palestiniens.
« Les États-Unis fournissent tous les avions de combat, les bombes et les armes nécessaires aux forces israéliennes afin de continuer systématiquement de tuer des Palestiniens »,
a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation de DCI-P.
L’explosion de Jabaliya
Samedi soir, une explosion qui s’est produite à proximité d’une épicerie dans le camp de réfugiés de Jabaliya a tué sept Palestiniens, dont quatre enfants.
L’attaque a également blessé plus de 40 autres personnes, dont 26 enfants.
Al-Mezan, une organisation de défense des droits humains installée à Gaza, a déclaré que l’explosion avait été causée par une grenade propulsée par une fusée, mais n’en a pas précisé la source.
« Au moment de l’explosion, les avions de combat israéliens étaient visibles dans le ciel et les organisations armées palestiniennes étaient en train de tirer des roquettes »,
a déclaré DCI-P.
L’organisation a ajouté qu’elle était toujours en train d’enquêter sur la source de l’explosion, qui a eu lieu dans une zone où des gens étaient assis à l’extérieur en raison des coupures de courant à Gaza.
L’armée israélienne a dit que l’explosion avait été provoquée par une roquette du Djihad islamique défaillante. Mais, étant donné le palmarès de l’armée israélienne dans le mensonge et le ciblage des civils, ses affirmations ne peuvent en aucun cas être prises pour argent comptant.
Parmi les personnes tuées figurent : Hazim Muhammad Ali Salem, 9 ans, Ahmad Walid Ahmad al-Farram, 16 ans, Ahmad Muhammad Ahmad al-Nairab, 11 ans, et son petit frère de 5 ans, Mumin Muhammad Ahmad al-Nairab, comme l’ont confirmé les deux organisations de défense des droits humains.
L’explosion a également tué Khalil Iyad Mustafa Abu Hamada, 18 ans, Muhammad Muhammad Ibrahim Zaqout, 19 ans, et Nafid Muhammad Misbah Juma al-Khatib, 50 ans.
Samedi, dans le nord de Gaza, les avions de combat israéliens ont tiré sur un groupe de Palestiniens, blessant Nour al-Din Hussein Ali al-Zuwaidi, 18 ans.
Samedi, un missile israélien a frappé un groupe de Palestiniens à Jabaliya, blessant Abdulrahman Ali Hussein Ibrahim, 22 ans, qui est décédé de ses blessures quelques heures plus tard.
Une grenade propulsée par une fusée a touché une maison du camp de réfugiés de Jabaliya dimanche matin, tuant Dia Zuheir Ahmad al-Buri, 32 ans, et blessant d’autres personnes. Israël a nié la responsabilité de cette attaque.
Dimanche, au cours d’une attaque contre le camp de réfugiés d’al-Bureij, dans le centre de Gaza, Yaser Nimr Mahmoud al-Nabahin, 49 ans, membre des Brigades Qassam, l’aile armée du Hamas, a été tué en même temps que trois de ses enfants.
La fin des bombardements de Gaza par Israël — pour l’instant — signifie que la situation critique des Palestiniens va très rapidement quitter les gros titres. Mais ils ne retrouveront rien qui puisse ressembler à une existence normale.
Leur situation reste des plus pénibles et intolérable, suite au siège israélien en cours, une forme de violence silencieuse qui cible tout le monde — hommes, femmes et enfants — sur tout le territoire, et ce, 24 heures sur 24.
Israël est en mesure de perpétrer cette violence contre les Palestiniens grâce à son impunité au niveau international et au soutien dont il continue à profiter, spécialement de la part des États-Unis, du Canada et de l’Union européenne — les mêmes pays qui ne cessent jamais de débiter leurs sermons sur « les droits humains » et « les lois internationales ».
Source originale : The Electronic Intifada
Traduit de l’anglais par Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palesine
Ali Abunimah a contribué au reportage et à l’analyse.
Photo : Ashraf Amra / APA images
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