Ce qui différencie la prohibition de Pogba de celle de Ronaldo

26/06/2021 (2021-06-26)

Par Lucien Samir Oulahbib

Coca-Cola veut se positionner dans l’eau minérale également, d’où l’idée du billard à trois bandes pour un Ronaldo écartant ostensiblement une bouteille de la boisson sucrée, alors que le geste de Pogba discriminant lui aussi une bouteille de bière (sans alcool) est bien plus politique que commercial (Benzama n’aurait même pas eu à faire le même geste au préalable, intégré par le sponsor), car il s’agit moins de se la jouer « santé » que de souligner lourdement sa soumission à des directives religieuses supposées (la bière sans alcool existait-elle au 7e siècle ?), alors que Marie demanda à Jésus lors des noces de Cana de transformer l’eau en vin symbole parmi mille de cette symbiose entre le bon vivre la décontraction et la vérité (Socrate adorait ce suc également).

Cette probité mal placée vise plutôt à stigmatiser cette culture de la tolérance au profit de la prohibition que l’on aimerait voir agir aussi dans les « quartiers » : Pogba allant renverser les tables des dealers comme le fit Jésus avec les étals des marchands aux portes du Temple de Jérusalem.

Ce geste au fond fait suite à la suppression des bouquets de fleurs offerts par de jolies filles lors des cérémonies de remise des trophées aux courses automobiles et de vélo, sans parler du champagne coulant à flots autrefois à ces mêmes occasions. La même censure prévaut au nom de ces bons sentiments qui donnent toujours de la mauvaise littérature, disait pourtant André Gide, en ce sens où l’on préfère édulcorer les aspérités au nom de la « diversité », alors que son nom même présuppose de pouvoir sinon les exacerber du moins les afficher sans culpabilité sans que l’une ait à chasser l’autre.

Dans la même veine, il serait question de proposer aux « femmes » une application/carte « anti-relous » qui permettrait d’éviter les rues truffées de harceleurs alors que ces derniers agissent précisément au nom même de cette religion qui fait que Pogba écarte une bouteille de bière (sans alcool) : la femme non voilée et seule est en effet, par définition même, une étrangère à la vraie religion, donc il s’avère « licite » dans ce cas de lui montrer le juste chemin en l’admonestant, et si elle le refuse, de la violer ; sera-t-il alors question de proposer une « appli » à leurs adeptes afin qu’ils se déplacent entre les versets belliqueux et d’autres plus politiquement corrects et ainsi mieux calibrer leur comportement ? Rien n’est moins sûr… D’autant que c’est déjà fait : ainsi l’islamisme ne serait pas de l’islam…

On le voit, la société dite « occidentale » s’avère être bien plus aseptisée que rendue feutrée. Tout devient de plus en plus hypocrite, faussement policé, se voilant la pensée (au sens de voiler une roue) avant de se voiler la face au sens de plus en plus littéral, peur du virus (delta+) aidant, peur de la confrontation réelle qui, elle, ne prend pas ses quartiers sur les plateaux TV, mais « circule » de plus en plus vite, et s’avère bien plus délétère qu’un virus qui somme toute pourrait être, lui, sous contrôle, si en haut lieu l’affairisme et son voyeurisme étaient chassés comme il se devrait. Au lieu de cela la suffocation prévaut, et la fuite en avant dans les restrictions tous azimuts s’envolent en foulant aux pieds les principes de liberté, et ce certainement pas pour en presser la substantifique moelle.

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