Ce que dit l’affaire des casseroles contre Macron

22/04/2023 (2023-04-22)

[Source : RL]

Par P.-A. Pontoizeau

On apprend qu’aujourd’hui [le 20 avril], un préfet interdit les objets bruyants aux abords du Président pour qu’il ne soit pas confronté aux perturbations sonores des casseroles. On voit là toute l’ouverture d’esprit et la sollicitude du chef de l’État pour les Français. Non seulement, il n’écoute pas, mais il ne veut même pas les entendre lui exprimer leur mécontentement. Cela en dit long sur sa surdité. Je ne veux pas vous écouter, je ne veux pas dialoguer, je ne veux pas entendre vos plaintes. La souffrance ne l’intéresse pas, les plaintes n’ont pas voix au chapitre, la misère n’existe pas. Il répond que le tableau budgétaire vaut bien quelques années de vie : monstre cynique et froid et menteur. Écartez-moi ces gueux et leur vacarme. Tout cela n’existe pas.

A-t-il compris le sens de ce gentil vacarme bruyant où l’on tape le cul de la casserole ? A-t-il vu les différentes significations d’une telle manifestation ?

Il y a évidemment l’idée de faire du bruit, de se manifester pour être entendu comme les Gilets jaunes portaient leur gilet pour être vus, sortir de leur invisibilité.  On tape la casserole pour espérer se faire entendre, se faire voir. Nous existons.

Il y a aussi le jeu de ne plus vouloir l’entendre lui, lors de son intervention ou lors de ses visites. C’est la deuxième raison. Si tu ne veux pas nous entendre, nous ne voulons pas t’entendre. C’est le préambule à une rupture, comme dans un divorce. Je ne t’écoute plus parce que tu ne m’écoutes pas. Qui fera l’effort ? Ou quand allons-nous nous séparer ?

Il y a aussi la violence simulée de taper sur un objet à défaut de taper sur celui qui est visé. La casserole ne souffre pas, mais elle reçoit des coups de trique bruyants. On bat la casserole, on exécute un geste de punition, comme on bat les boucliers pour faire du bruit, faire peur et indiquer que la phase suivante, c’est de frapper sur le bouclier de l’ennemi puis de le frapper lui.

Il y a enfin taper le cul de la casserole comme on botte le cul d’un importun. Macron comprend-il le sens de cette affaire des casseroles ?

Il y répond par le déni. Il insulte le peuple. Même le pacifique leader de la CFDT a réagi immédiatement à cet insupportable mépris des batteurs de casserole. Le lendemain, c’est-à-dire aujourd’hui, son préfet a interdit les casseroles. Comment peut-il nous faire croire qu’il peut dialoguer ?

Oui, il y a un roi des casseroles dans ce pays des casseroles, et nous pensons à toutes leurs casseroles : détournements financiers, magouilles, corruptions qui ont déjà touché la moitié de ses proches.

Pierre-Antoine Pontoizeau

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