09/05/2024 (2024-05-09)
[Source : epochtimes.fr]
Par Julian Herrero
Entretien – L’écrivain politique et auteur de « Français, ouvrez les yeux ! » Driss Ghali analyse pour Epoch Times les manifestations d’étudiants pro-palestiniens à Sciences Po et dans les campus internationaux. Il revient également sur l’ultra-violence chez les jeunes et donne sa conception de l’identité française.
Epoch Times — Driss Ghali, les manifestations pro-palestiniennes se poursuivent à Sciences Po Paris et dans les IEP. Des locaux de la prestigieuse école ont été bloqués. Le mouvement s’est même étendu dans les lycées. Comment voyez-vous la situation évoluer ?
Driss Ghali – Ces manifestations sont d’abord le reflet de deux phénomènes importants. D’abord, un phénomène de laisser-aller dans la rue et dans l’espace public, que l’on peut nommer le laxisme pénal. Il y a un problème d’exercice de l’autorité dans ce pays. Si on relâche des voyous, des délinquants et des assassins au mépris de la Constitution — j’allais dire de l’esprit des lois, il est logique qu’un lycéen ou qu’un étudiant de Sciences Po se sente en droit d’occuper les locaux de son établissement. Après tout, les crimes les plus graves comme l’homicide ne sont plus réellement punis. Donc, ils se disent que ce n’est pas si grave sur l’échelle des offenses et des infractions d’occuper une école.
Ensuite, il y a un fort sentiment anti-occidental qui touche notamment les Français d’origine française, dirons-nous. Ils ont tellement l’habitude de voir l’Occident s’agenouiller, déconstruit, faible — et même « bisounours » comme j’aime souvent le dire, qu’ils ne comprennent pas qu’un pays comme Israël puisse se défendre et qui donc exerce l’agressivité. L’État hébreu leur est insupportable puisqu’ils voient en lui un Occident plus fort, ambitieux et agressif, c’est-à-dire un Occident qu’ils auraient dû être. C’est une image d’eux-mêmes qu’ils auraient pu être ou devenir. Par conséquent, ils sont en colère.
À mon avis, la cause palestinienne, le sort des Palestiniens — qui est très triste, il faut bien le souligner, est secondaire. Il faut bien comprendre, encore une fois, que le sujet de tous ces étudiants, que ce soit aux États-Unis ou en France, n’est pas la Palestine, mais eux-mêmes. Je pense que ces mouvements vont se dissiper le jour où l’État les condamnera moralement et pénalement, mais ce n’est pas encore le cas.
On a vu ces dernières semaines se multiplier les actes d’une extrême violence impliquant de très jeunes individus. Pour vous, d’où vient cette ultra-violence ?
Le facteur principal, c’est l’État français. Il refuse de punir les individus ultra-violents. L’État donne systématiquement un avantage, un privilège à ceux qui enfreignent la loi. Quand ces jeunes individus agressent physiquement d’autres jeunes, les juges, donc l’État, ne font preuve d’aucune fermeté. Ils leur donnent seulement des rappels à la loi ou une deuxième chance. Autrement dit, une incitation à recommencer.
L’État ne protège pas la société contre les dealers, les rodéos urbains, les personnes violentes, et en même temps, il exerce une pression incroyable sur les mouvements dits « de droite » ou dits « d’ultra-droite » ou même sur les citoyens. Par exemple, pendant la crise sanitaire, l’État a montré qu’il était capable d’être extrêmement sévère avec quelqu’un qui ne porte pas le masque.
En plus de l’État, l’immigration de masse joue évidemment un rôle dans les événements que nous connaissons puisqu’elle crée de la violence. Aujourd’hui, il y a une concurrence territoriale entre des peuples différents sur le sol français. Il y a comme une sorte de colonisation de la France silencieuse dans laquelle le voyou joue un rôle parce qu’il permet de nettoyer le territoire et de le purifier en faisant partir les gens les plus pacifistes, ceux qui comptent précisément sur l’État, ceux qui appellent la police. Mais ces derniers sont expulsés de leur HLM et quittent ces endroits devenus violents.
Enfin, il y a un troisième facteur qui est très important, mais sur lequel on ne va pas agir tout de suite, c’est la destruction de la valeur masculine. Les autorités publiques ayant décrété qu’il ne fallait plus faire d’hommes et que la masculinité était toxique, nous ne savons plus gérer la violence. La masculinité correspond à la gestion de la violence, sa codification. Avant, les hommes dans la cité, au sens antique du terme, canalisaient la violence des jeunes adolescents. Aujourd’hui, il n’y a plus d’hommes et les pulsions n’ont pas disparu. Les jeunes hommes, notamment qui ont entre 15 et 25 ans, sont capables de grande cruauté puisqu’ils n’ont plus de modèles. Il n’y a plus de Marcel Cerdan, de policiers qu’on puisse admirer, plus de modèles de virilité. In fine, nous obtenons l’ultra-violence.
Vous avez beaucoup écrit sur le thème de l’identité française. Selon vous, de quoi est-elle faite ?
L’identité française est faite de plusieurs siècles de réflexes face à la peur, la violence, la mort, la faim ou même la joie. Et ces réflexes se sont accumulés dans les gènes du peuple de souche.
Elle a donc une dimension ethnique. L’identité française coïncide avec le peuple de souche et donc elle est très difficile à partager avec des peuples qui viennent d’arriver. Ce n’est pas impossible, mais cela prendra plusieurs siècles. Nous ne sommes pas des Américains ou des Brésiliens. En une génération, on peut fabriquer des Américains ou des Brésiliens.
L’identité française est aussi très féminine. Je crois que d’une certaine manière, la France est une femme, peut-être forte d’ailleurs, mais en même temps assez douce. Alors que l’identité américaine est très virile. Elle fait référence au garçon, à l’adolescent violent, au cow-boy — idem pour l’identité brésilienne. Je crois que l’identité féminine de la France, qui habite le peuple et qui correspond à ses valeurs d’accueil, de gentillesse est peut-être devenue naïve.
Enfin, cette identité est aujourd’hui concurrencée par d’autres identités, notamment nord-africaine et subsaharienne et elle est sidérée par ce qui lui arrive parce qu’on la remet en cause à chaque coin de rue. Nos dirigeants ne font rien pour changer cela parce que nous ne sommes pour eux que des êtres économiques.
La France connaît donc actuellement une crise identitaire ?
Je pense que le XXIe siècle sera identitaire. Qu’est-ce que c’est que le mouvement LGBT, sinon la révélation d’une identité LGBT. Même chose pour le mouvement antiraciste. SOS racisme est un mouvement basé sur une revendication identitaire. Le mouvement antiraciste, c’est l’affirmation qu’une identité africaine existe et qui, malgré 500 ans de métissage aux États-Unis ou au Brésil, continue à exister.
Il y a donc un réveil identitaire chez tout le monde, notamment chez les Français de souche. Mais ce réveil identitaire a été nazifié et interdit, alors qu’il correspond à un malaise identitaire silencieux.
Comment peut-on fabriquer des Français à nouveau ?
C’est tout l’objet d’un cours que je viens de publier. Je crois qu’il faut réassimiler les Français de souche à leur culture. Les réassimiler par exemple, par le biais de la cuisine, des paysages, de la littérature, de l’histoire, de la langue, mais aussi, de l’ascenseur social. La France est l’un des rares pays au monde où l’on prône l’égalité et où un enfant pauvre, s’il fait Polytechnique ou l’ENA, peut devenir président de la République. Tout ceci n’est pas qu’un mythe. L’identité française a vraiment existé.
Concernant les Français issus de l’immigration, il faut leur montrer ce qu’est la France et établir un parcours d’assimilation. Mais il y a tout un travail de dénazification de l’identité française à entamer puisque l’establishment, comme je l’ai dit précédemment, a nazifié l’identité française.
Il a fait une inversion des rôles alors que nous avons été victimes du nazisme. Nous avons été occupés par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale et les Français ont payé un lourd tribut avec les prisonniers de guerre en Allemagne, les morts.
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