07/06/2022 (2022-06-07)
[Source : nice-provence.info ou bvoltaire.fr]
Il y a deux ans exactement, en cette fête de l’esprit de Pentecôte censé souffler dans le cœur de tous les hommes, je déplorais une société française désassemblée car déspiritualisée1. Atteinte de babélisme, confusion causée par l’orgueil démesuré qui prétend construire une tour aussi haute que le Ciel. Qu’en est-il aujourd’hui ?
L’hystérie politico-sanitaire du Covid-19 avait causé une panique généralisée, suscitée par un ennemi fabriqué de dimension planétaire, face auquel le président Macron s’était érigé en « chef de guerre ». Or, c’est sur le seul champ de bataille de la déconstruction nationale qu’il méritait le titre de « chef de guerre », statut auquel il semblait tant tenir pour se tailler une illusoire étoffe sur mesure d’homme d’État capable d’écrire, quitte à la réécrire, l’Histoire.
Si Macron a atteint ce pouvoir, est-ce pour le Bien Commun ?
Je m’alarmais de ce que la confusion des décisions publiques depuis le début d’une crise sanitaire instrumentalisée, par son inefficacité aussi contre-productive que couteuse, se montre, sous son vrai jour, redoutablement efficace dans le domaine du contrôle social. L’étau de l’État s’est-il relâché, ou au contraire renforcé ?
Je déplorais que pour parvenir à ses fins, le progressisme égalitariste avait semé la discorde entre les communautés et en leur sein, arasé la société en prétendant l’égaliser. Il avait atomisé et massifié la société jusqu’à en faire d’un tout, un tas ; de chaque personne, personne, indivisible individu sans valeur. La cohésion nationale est-elle revenue, ou s’est-elle encore délitée ?
Je citais le philosophe écrivain suisse Henri-Frédéric Amiel dans son Journal intime, en 1866, d’une actualité troublante : « On ne sait bientôt plus où découvrir le terrain commun entre les doctrines en conflit. C’est décourageant et effrayant, car la conséquence est l’atomisme solitaire des individus et le babélisme des intelligences. Cette dissolution de l’autorité, des traditions, des croyances, des volontés collectives, tend à ramener au chaos spirituel et favorise singulièrement le despotisme brutal de la force et du nombre. ». L’autorité est-elle maintenant mieux respectée, ou plus que jamais piétinée ?
Je dénonçais alors ces stratégies de communication d’influence qui visent la conversion des esprits par adhérence forcée plutôt que par adhésion spontanée ; si besoin, par la crainte d’une notation sociale en construction ; en dernier recours, par la force légale, avec relégation sociale et exclusion professionnelle. La liberté de conscience et d’expression est-elle mieux respectée, ou la pression sociale est-elle plus que jamais pesante au point d’amener des adultes à cacher leur attachement à des valeurs nationales, par crainte des conséquences personnelles ?
Nul doute que la Tour de Babel qu’est devenue notre société mondialisée, plus haute et vaine que jamais, s’effondrera inévitablement et avec fracas, tant ses fondations sont construites sur le sable instable d’une modernité insensée. Ce gratte-ciel de l’hubris à l’échelle d’une humanité mondialisée a été construit depuis une dizaine de générations par déchristianisation forcée, accélérée par les nouvelles idées insignifiantes et inconsistantes en vogue, qu’une vague de saine réaction conservatrice et responsable viendra un jour balayer.
Mais quel ordre viendra après ce chaos programmé ?
Celui d’une société nouvelle et transhumaine, inhumaine, portée par des courants de pensée délirants, ou le retour à une saine normalité de valeurs transcendantales et traditionnelles où l’Homme retrouve sa place naturelle dans la Création, au sommet de laquelle il exerce pleinement sa liberté mesurée à sa responsabilité ? N’est-ce pas à chacun d’entre nous de le décider et de le construire, plutôt que de le nier et de le subir ?
Jean-Michel Lavoizard
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