29/08/2023 (2023-08-29)
Par Nicolas Bonnal
On fait le procès des blancs aujourd’hui, et on a parfois bien raison de le faire. Un point de vue traditionnel et guénonien sera farouchement anti-blanc. Avant de s’autodétruire, le blanc a détruit le monde pour le débaucher à coups de technoscience, de capitalisme, de socialisme, de colonialisme. Le fait qu’il pleurniche aujourd’hui ne l’empêche pas de continuer de piller et détruire, de faire la guerre à tout ce qui bouge. La barbarie intérieure du blanc donne la théorie du genre, l’antiracisme, le féminisme, le multiculturalisme : en Espagne le parti Podemos veut supprimer les allocations aux mères de famille qui se renferment dans un rôle présumé trop féminin. Le blanc interdira la maternité aux blancs. 90 % des gens s’en moqueront ou tonneront contre (Flaubert) mollement. Paul Craig Roberts, qui dénonce le traitement fait aux blancs dans les écoles US, reconnaît que le gullible blanc [crédule, NDT] se moque de sa disparition. Mieux, sa disparition satisfait son instinct malthusien de snob écolo.
Le blanc est devenu débile depuis longtemps. Nietzsche parle du crétin mâle, Flaubert ou Baudelaire tapent sur les bourgeois, les quarante-huitards ou les Belges… Mais malheureusement tout le monde le copie ce blanc : progrès, croissance, changement… Tout le monde quoiqu’on dise se rue pour copier l’occidental et le yankee. Notre anticivilisation mondialisée n’est pas condamnée aux clashes mais aux cloches !
Condamnée à disparaître en ce siècle de confort, la « race blanche » sera imitée/suivie par les autres. En ce moment, on donne dans le snobisme malthusien, comme l’andouille Cochet. Pareil, on n’enseigne plus l’histoire de cette race dite blanche ou sa littérature aux autres « races », mais comme elle-même s’en fout…
Et plus personne dans ce monde zombifié ne s’en préoccupe. C’est qu’ailleurs aussi on cherche à croître et à se gaver. Pauvre Chine, pauvre hindouisme, pauvre Japon et pauvre islam en tout cas, qui finiront comme les peuples primitifs broyés et oubliés qui disparurent les premiers sous les coups des blancs. Il restera les subsahariens que le confort du vingt-deuxième siècle abolira à leur tour. Car on n’arrête pas le progrès, demandez aux robots…
Un qui parle de nos primitifs engloutis, des Peaux-Rouges de notre enfance de blanc américanisé, c’est Tocqueville, dans l’admirable Quinze jours au désert.
Tocqueville remarque :
« Une des choses qui piquaient le plus notre curiosité en venant en Amérique, c’était de parcourir les extrêmes limites de la civilisation européenne ; et même, si le temps nous le permettait, de visiter quelques-unes de ces tribus indiennes qui ont mieux aimé fuir dans les solitudes les plus sauvages que de se plier à ce que les blancs appellent les délices de la vie sociale. Mais il est plus difficile qu’on ne croit de rencontrer aujourd’hui le désert. »
S’ensuit une expression admirable que les grands voyageurs (ceux qui ne savent pas quand ils rentrent, disait Paul Bowles) ont connue partout :
À partir de New York, et à mesure que nous avancions vers le nord-ouest, le but de notre voyage semblait fuir devant nous.
Tocqueville dénonce la froide indifférence du blanc :
« Et que sont devenus les Indiens ? disais-je. — Les Indiens, reprenait notre hôte, ils ont été je ne sais pas trop où, par-delà les Grands Lacs ; c’est une race qui s’éteint ; ils ne sont pas faits pour la civilisation, elle les tue.
L’homme s’accoutume à tout, à la mort sur les champs de bataille, à la mort dans les hôpitaux, à tuer et à souffrir. Il se fait à tous les spectacles. Un peuple antique, le premier et le légitime maître du continent américain, fond chaque jour comme la neige aux rayons du soleil, et disparaît à vue d’œil de la surface de la Terre.
Dans les mêmes lieux et a sa place, une autre race grandit avec une rapidité plus surprenante encore ; par elle les forêts tombent, les marais se dessèchent ; des lacs semblables à des mers, des fleuves immenses ; s’opposent en vain a sa marche triomphante. Les déserts deviennent des villages, les villages deviennent des villes. Témoin journalier de ces merveilles, l’Américain ne voit dans tout cela rien qui l’étonne. »
Il finit par une belle conclusion traditionnelle :
« Cette incroyable destruction, cet accroissement plus surprenant encore, lui paraissent la marche habituelle des événements de ce monde. II s’y accoutume comme à l’ordre immuable de la nature. »
Chateaubriand a déjà dénoncé notre insensibilité moderne. Tocqueville écrit encore :
« Au milieu de cette société si jalouse de moralité et de philanthropie, on rencontre une insensibilité complète, une sorte d’égoïsme froid et implacable, lorsqu’il s’agit des indigènes de l’Amérique. Les habitants des États-Unis ne chassent pas les Indiens à cor et à cris ainsi que faisaient les Espagnols du Mexique. Mais c’est le même instinct impitoyable qui anime ici comme partout ailleurs la race européenne. »
Aux siècles dits libéraux, cet instinct impitoyable s’appliqua aussi contre les pauvres en Europe, en Grande-Bretagne surtout, et les esclaves blancs (indentured servants), surtout irlandais, qui peuplent les colonies américaines. L’instinct impitoyable revient aujourd’hui avec la montée du nombre des sans-abri, de Paris à San Francisco. Mais les bobos et les oligarques préfèrent s’occuper de leur lointain que de leur prochain. Ah, ce goût du voyage !
Tocqueville nous dit aussi :
« Combien de fois, dans le cours de nos voyages, n’avons-nous pas rencontré d’honnêtes citadins qui nous disaient le soir, tranquillement assis au coin de leur foyer : Chaque jour le nombre des Indiens va décroissant ! Ce n’est pas cependant que nous leur fassions souvent la guerre, mais l’eau-de-vie que nous leur vendons à bas prix en enlève tous les ans plus que ne pourraient le faire nos armes. Ce monde-ci nous appartient, ajoutaient-ils ; Dieu, en refusant à ses premiers habitants la faculté de se civiliser, les a destinés par avance à une destruction inévitable. »
On en revient toujours au fric. Les Indiens ne sont pas méprisés parce qu’ils sont rouges, mais parce qu’ils sont pauvres :
« Les véritables propriétaires de ce continent sont ceux qui savent tirer parti de ses richesses. »
Et Tocqueville remarque cette transformation du christianisme en pharisaïsme :
« Satisfait de son raisonnement, l’Américain s’en va au temple où il entend un ministre de l’Évangile lui répéter que les hommes sont frères, et que l’Être éternel, qui les a tous faits sur le même modèle, leur a donné à tous le devoir de se secourir. »
Certes, ce pharisaïsme est tempéré par la bonne conscience qui fait détruire la Libye, et fait rentrer plus de migrants ; car notre blanc n’est jamais à bout de bonnes intentions humanitaires !
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