Norbert Bolz, scientifique des médias, répond à la question : a-t-on raison de dire « Je ne crois plus les médias » ?

24/08/2021 (2021-08-24)

[Source : lemediaen442.fr]

Lors de l’émission de Peter Hahne du 01.05.2017, Norbert Bolz, scientifique des médias, répond à la question : a-t-on raison de dire : « Je ne crois plus les médias » ?

« La presse mensongère est en fait une abréviation inexacte. Je voudrais dire quelque chose : c’est bien pire : ils dissimulent. Ils ne font pas ce que l’on attend d’eux, à savoir informer sur la réalité. »

« À cet égard, la véritable catastrophe est que les personnes qui se comptent parmi une élite autoproclamée croient que la vérité est bénéfique pour elles-mêmes, mais visiblement pas pour les autres. »

Transcription :

2017, Norbert Bolz, scientifique des médias, répond à la question: a-t-on raison de dire : « Je ne crois plus les médias » ?

Émission de Peter Hahne du 01.05.2017.

Les gens ont-ils raison lorsqu’ils disent : « Je ne crois plus les médias ? »

Norbert Bolz : En tout cas, il y a de bonnes raisons de le dire. Ce n’est pas parce que les médias mentiraient. La presse mensongère est en fait une abréviation inexacte. Je voudrais dire quelque chose : c’est bien pire : ils dissimulent. Ils ne font pas ce que l’on attend d’eux, à savoir informer sur la réalité. Et ils le font, comme vous l’avez dit à juste titre dans l’autre modération, par considération mal comprise. Et apparemment, le sentiment que l’on ne peut pas imposer la vérité aux Allemands, qu’ils réagissent mal à ce qui est vrai, et que nous devons donc l’emballer et la formuler soigneusement.

Moderator : Vous avez également fait des recherches à ce sujet pendant plusieurs décennies, que peut-on attendre de la population ? Combien de vérité le peuple peut-il supporter ?

Norbert Bolz : Je suppose que nos citoyens sont des citoyens matures, qu’ils sont adultes. Et c’est aussi la condition préalable à la démocratie. Si nous n’acceptons plus vraiment et ne partageons plus ce préalable, nous devrons vivre ensemble d’une manière complètement différente. Et je pense que personne ne veut ça.

À cet égard, la véritable catastrophe est que les personnes qui se comptent parmi une élite autoproclamée croient que la vérité est bénéfique pour elles-mêmes, mais visiblement pas pour les autres. Et que les citoyens sont pris pour des imbéciles, ou simplement considérés comme stupides, incapables de faire face à la vérité. Une arrogance incroyable émane de certaines élites, qu’il s’agisse de journalistes ou de politiciens, et l’on constate également une tendance croissante au paternalisme dans d’autres domaines de la vie. En d’autres termes, ils veulent prendre les citoyens par la main d’en haut et leur dire ce qu’il est bon de vivre, au lieu de les laisser décider par eux-mêmes.

À l’époque, il y avait une proportion extrêmement élevée d’Albanais du Kossovo dans certains actes criminels. Le problème est même que l’on y pense, – et je pense que c’est incontestable dans les rédactions; pensez à Cologne, la veille du Nouvel An – que l’on réfléchisse au fait que l’on communique ou non certaines informations vraiment extrêmement pertinentes pour la seule raison – et c’est le motif permanent dans toutes ces situations – de la crainte que l’on attise la xénophobie avec ces informations. Et je pense que cela signifie simplement déclarer les gens immatures.

Certaines personnes, notamment à la télévision publique, dans les grands programmes d’information, ne se contentent pas de proposer des informations, mais les présentent de telle manière que l’on ne peut avoir qu’une seule opinion à leur sujet. Et c’est précisément le problème central. Lorsque vous avez dit tout à l’heure qu’il serait possible d’écouter différentes sources d’information, différentes opinions, afin de se forger la sienne – parfait, ce serait bien. Mais nous sommes de plus en plus souvent confrontés à des sujets, notamment avec le problème des réfugiés, où l’on ne peut avoir qu’une seule opinion si l’on ne veut pas être de droite, voire d’extrême droite, c’est-à-dire nazi.

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