L’Iran démystifié

18/01/2020 (2020-01-18)

[Source : Sputnik News]

«Mais vous n’êtes pas en Iran!»: une Russe démystifie les mythes sur ce pays du Moyen-Orient

[©Photo. Kristina__bo]

Par Ekaterina Yanson

Cette Russe habite à Téhéran, porte le voile selon la loi et admire la bonté de son mari iranien. Dans un entretien à Sputnik, elle évoque les nuances de sa vie dans sa deuxième patrie et détruit de nombreux stéréotypes, ce qui a suscité dans un premier temps une incrédulité et des réactions tels que «vous êtes peut-être dans un autre pays».

Kristina Bochtchekh est née à Khabarovsk, dans l’Extrême-Orient russe, s’est mariée à un Iranien et habite depuis plus de deux ans dans la République islamique. Ayant commencé à partager ses impressions sur ce pays dans un blog, elle s’est heurtée à la méfiance et à l’incompréhension.

«Pour la plupart des gens, l’Iran est un pays arabe habité par des Arabes qui parlent l’arabe. C’est absolument faux, l’Iran n’a jamais été un pays arabe», indique-t-elle dans un entretien à Sputnik. «Les Iraniens sont Perses et parlent le farsi.»

«Même la branche religieuse est différente», précise Kristina qui n’est pas croyante, mais qui a eu l’occasion d’évaluer la situation religieuse. «Les Arabes sont pour l’essentiel musulmans sunnites et les Iraniens musulmans chiites, ils ont donc pas mal de divergences».

«Beaucoup de stéréotypes négatifs»

Pour elle, qui partage le «grand chagrin du peuple iranien», la mort du général Qassem Soleimani et qui considère l’Iran comme sa deuxième maison, après la Russie, la plus grande difficulté au début résidait dans l’abondance des préjugés négatifs.

«Le plus difficile a été d’être confrontée aux réactions négatives, le hate», confie Kristina. «L’Iran n’est pas l’Italie ou la France, entourées de beaux stéréotypes. Il y a beaucoup de stéréotypes négatifs sur l’Iran.»

Ses abonnés lui écrivaient: «Mais comment pouvez-vous y vivre, c’est tellement horrible, mauvais», se souvient-elle. «Quand je montrais en stories les rues ordinaires de l’Iran, de Téhéran, quand j’entrais dans un supermarché, que je montre des centres commerciaux, on m’écrivait parfois (maintenant on ne l’écrit plus): « Ce n’est pas vrai, mais vous n’êtes pas en Iran! Qu’est-ce que vous inventez? Vous êtes peut-être dans un autre pays. Vous ne faites que nous mentir que c’est l’Iran »».

Il a fallu du temps aux gens pour croire que les Iraniens avaient une vie normale dans un pays moderne, qu’ils «ne vivent pas dans de petites maisons d’argile et ne se déplacent pas à dos de chameau».

«La plupart des gens s’étonnaient lorsque je leur montrais les montagnes enneigées, car l’Iran est un pays de diversité, mais certains pensent que c’est un grand désert.»

Femmes en Iran

La gent féminine en Iran est un domaine très stéréotypé, confirme Kristina. «Il existe de nombreux stéréotypes à propos des femmes selon lesquels les femmes n’ont aucun droit, ce qui n’est pas vrai. À mon avis, une femme en Iran est juste protégée, dans certaines sphères en particulier, en cas de divorce. De plus, les femmes peuvent travailler, faire leurs études à l’université, conduire une voiture. La seule restriction est qu’une femme ne peut pas travailler, par exemple, comme pompier ou juge».

Kristina se rappelle avoir pensé avant de se rendre en Iran que les femmes y étaient couvertes de la tête aux pieds, en noir, que tout était très strict. Mais, à son arrivée, la réalité s’est avérée être toute autre.

Code vestimentaire

«Naturellement, le pays a un code vestimentaire que toute personne se trouvant en Iran doit respecter, quelle que soit sa nationalité ou religion», poursuit-elle. Pour les hommes, les restrictions sont les shorts, les débardeurs, pour les femmes sont obligatoires le voile et des vêtements amples qui ne mettent pas l’accent sur les formes, mais les cachent. Autrement dit, pas de robes courtes, jupes, etc.

La plupart des Iraniennes portent des jeans, ils peuvent être troués mais les trous ne doivent pas être trop grands.

Récemment, l’État est devenu plus tolérant sur la façon de s’habiller, constate Kristina. Ce qui reste obligatoire, c’est un foulard sur la tête et les fesses couvertes d’un long tissu.

«Autrement dit, si vous portez un jean, vous avez besoin d’un cardigan long. Mais en général, les Iraniennes s’habillent de couleurs vives, à la mode, de façon moderne. Certaines peuvent remplacer un foulard en hiver par un chapeau. En été, il peut s’agir d’une casquette. Ce n’est pas tout à fait permis, mais beaucoup, surtout dans les grandes villes, s’habillent ainsi dans la capitale», raconte-t-elle.

Travailler en Iran

Pour un étranger s’étant installé en Iran il est obligatoire de connaître la langue, le farsi, s’il veut trouver du travail, car la majorité des Iraniens ne parlent pas anglais. Mais tout dépend de ses capacités, de l’instruction et du milieu, pointe Kristina:

«Il faut prendre en compte la mentalité des Iraniens et, peut-être, il y aura des difficultés d’abord du point de vue de l’organisation, car les Iraniens ont leur propre vision, leur propre temps, leurs propres règles et ordres. Cela peut paraître inhabituel pour un Européen. Par exemple, les Iraniens ne sont pas tout à fait ponctuels. Ils peuvent venir en retard et cela ne leur semble pas anormal, comme pour les Européens.»

Un Iranien typique en cinq traits de caractère

Les Iraniens sont très lents, ce qui se manifeste dans tous les domaines, ajoute la blogueuse. Il ne faut pas les presser, c’est inutile.

L’hospitalité est un autre trait: ils «aiment beaucoup les hôtes, donnent tout ce qu’il y a de meilleur pour eux. Même si l’on passe chez une famille très pauvre, ils vont faire preuve d’hospitalité au maximum, vont donner le dernier morceau de viande à l’hôte.»

Fiers et susceptibles, ils ont un caractère très «doux», pour eux l’âme est très importante, ce qui rapproche les mentalités russe et iranienne, fait-elle remarquer. Les grands écrivains classiques russes, comme Tchekhov ou Dostoïevski sont une passion pour les Iraniens.

«Pour moi, c’est un signe que nous avons les mêmes questions, problèmes dans la vie qu’eux», les sphères de l’amour, de la famille sont «essentielles», résume Kristina.

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