14/10/2023 (2023-10-14)
Par Benjamin (lecteur subtil et britannique de Nicolas Bonnal)
Dans un article antérieur, nous avions tenté d’expliquer la difficulté que nous éprouvions à réveiller notre entourage. Nous avions alors conclu que la capacité à douter était primordiale pour se détacher du narratif officiel et regarder en face une vérité pourtant éclatante (https://leréveildesmoutons.fr/typologie-du-resistant/).
Aujourd’hui, non seulement des millions de concitoyens ont subi les effets délétères des campagnes vaccinales (sans en tirer les conclusions nécessaires), ils sont aujourd’hui partisans indéfectibles de l’Ukraine, disposés à entrer volontairement dans un modèle de contrôle social à la chinoise, et favorables à la ré-élection des pires dirigeants de la planète.
Dans ces conditions il convient de creuser plus profondément les causes multiples de cette passivité sans bornes qui pourrait prochainement mener les Français, et la plupart des peuples du monde, vers une techno-tyrannie inqualifiable. Quelles sont en effet les raisons de cette situation analogue à la grenouille dans une marmite portée lentement à ébullition ?
1/ La certitude : ne nous étendons pas ici sur un sujet déjà traité par nos soins, mais rappelons simplement que la capacité à douter (la version gouvernementale et médiatique) n’est en rien corrélée à l’intelligence. Certains doutent facilement, d’autres non ; cela relève quelque peu de la loterie génétique. En l’absence de doute néanmoins, il n’y a ni science, ni religion, ni culture, mais seulement des certitudes souvent infondées.
2/ La désaffection : la curiosité est naturelle chez toute personne bien équilibrée. Nous souhaitons atteindre une forme de vérité, ou d’exactitude pour reprendre la formule du Professeur. Peu importe en définitive le prix à payer et les conséquences sociales de cette recherche tant que le curieux satisfait sa soif de savoir. Pensons à l’épouse de Barbe Bleue. Mais pour bon nombre, et cela semble être une constante historique, cette insatiable quête de vérité est (curieusement) absente.
3/ La condescendance : les classes bourgeoises tendent naturellement à se penser supérieures en raison de leur niveau d’éducation, leur train de vie, leur locution fluide. Que ce soit sur les plateaux TV, dans leur cabinet, dans les salles d’opération ou de classe, dans l’hémicycle ou à Bercy, il faut rayonner, paraître, sans cesse rivaliser avec ses pairs. Et pour maintenir son bel appartement, ses vacances sur la côte, ses bons dîners entre amis, il faut maintenir le statu quo, « tout changer pour que rien ne change » (pour paraphraser Lampedusa). Ils s’interdisent ainsi, par intérêt, toute divergence excessive. Ceux — nombreux ? — qui auraient néanmoins un doute feraient discrètement usage d’un faux pass. Quant au masque, là non, il est réservé aux gueux !
4/ Le narcissisme : le politique concerne le bien commun. Or nous vivons dans une société de l’individu. Non seulement la matrice du progrès pousse au primat de l’intérêt personnel, mais l’enfant roi triomphe aujourd’hui à la maison, à l’école, et dans le monde virtuel. L’autopromotion constante sur les réseaux sociaux (selfies, témoignages de réussite, gloire sociale) était encore impensable avant l’avènement du smartphone il y a quinze ans à peine (le premier iPhone remonte à 2008). Dans ces conditions, comment envisager que ces légions plaçant leurs préoccupations personnelles au centre de l’univers puissent se soucier de l’intérêt collectif ?
5/ La fragilité : vingt pour cent de la population éprouve diverses formes de pathologies mentales. Des millions d’autres souffrent de pauvreté (matérielle ou culturelle), de problèmes familiaux en tous genres (divorces, maltraitances, abus), de manque d’estime (condamnés à faire des travaux sans intérêt et sans perspectives, constamment confrontés à la précarité), et plus généralement de la perte de repères moraux. Peut-on penser que pour humanité désœuvrée, les questions politiques puissent susciter beaucoup d’intérêt ?
6/ La paresse : jeux vidéo, télévision, règne de la voiture et des transports en commun, boulots dans le secteur tertiaire et quaternaire, nous baignons dans l’inaction. C’est tout naturellement que l’apathie physique déteint sur la volonté. Et tombés dans le piège technologique (portables, internet et réseaux sociaux), la capacité de concentration de l’homme moyen serait aujourd’hui inférieure à celle d’un poisson rouge (7 secondes). Comment en un laps de temps aussi réduit élaborer un raisonnement propre ? D’ailleurs, l’utilisateur de smartphone se félicite d’avoir à sa portée les connaissances du monde entier ; l’homme moderne agit même comme s’il était véritablement l’inventeur de telles technologies.
7/ La stupidité : le film Idiocratie résume bien (de courts extraits nous auront suffi) l’état de dégénérescence avancée d’une partie significative de la population. Tous les moyens sont mis en œuvre pour parvenir et récompenser la docilité d’esprit. Et convenons-en, nous en avons fait l’expérience, tenter de convaincre un abruti est tâche difficile. Car l’idiot, évidemment, ne sait pas même qu’il l’est ; il assène ses platitudes.
8/ La providence : nous nous référons ici à l’État providence qui nourrit, éduque, soigne, finance, rétribue, distrait, protège, accompagne. Une France avec presque six millions de fonctionnaires et des millions d’autres médecins, dentistes, notaires, et employés de Vinci, Bouygues et Dassault qui dépendent en dernier ressort de la manne du trésor public. Quel être indigne est disposé à mordre la main qui le nourrit ? Comment remettre en question la générosité et la bienveillance de nos institutions ? La sociale démocratie, mère louve, n’aurait-elle pas amplement démontré sa fidélité à notre cause ?
9/ L’insouciance : qui n’a pas entendu ces deux dernières années les « mais non ce n’est pas si grave », « le monde va continuer de tourner », « parce que tu as déjà vécu en dictature toi ? » et autres lieux communs du je-m’en-foutisme ? Pour les sophistes, « l’homme est la mesure de toute chose », et notre époque semble être imprégnée de cette maxime relativiste. Puis après tout, si une bombe atomique russe devait nous anéantir demain, serait-ce si grave ?
10/ L’athéisme : la certitude de l’inexistence de Dieu est problématique. Elle engendre naturellement des dilemmes insolubles (l’homme n’est pas hors limites) et un sens perverti de la hiérarchie. Car sans Dieu (« tout est permis ») l’homme est maître de toute chose ; il s’en suit que les hommes qui dictent les règles règnent en maîtres absolus, s’affranchissant de la Loi naturelle. Et si la loi des hommes doit être suivie sans discuter, alors il n’y a plus d’Antigone pour défier les Créons, plus de résistance possible au Léviathan.
11/ La peur : l’homme moderne n’a plus honte de cacher ses craintes. Peur de tout : du gendarme, de la maladie, des chiens, des bandits, de l’opprobre, de la mort, de la nuit, de son ombre. Et la peur, chacun le sait, est bien mauvaise conseillère. Le peureux se contente donc de faire ce qu’on lui dit sans broncher. Il porte le masque sans vergogne. Il est aux ordres.
Malheureusement donc, il y a fort à parier que les moutons ne se réveillent de sitôt. Et comme le disait avec pertinence la romancière britannique Agatha Christie (mère d’Hercule Poirot et de Miss Marple), « un peuple de moutons finit par engendrer un gouvernement de loups ».
Lawrence d’Arabie pour Le Réveil des Moutons
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