08/05/2023 (2023-05-08)
[Source : epochtimes.fr]
Par Janice Hisle
Helen Joyce pense avoir en partie résolu une énigme qui tourmente des millions de personnes dans le monde : Comment comprendre les débats illogiques qui entourent le transgenrisme ?
Mme Joyce n’est pas la seule à tenter de faire entendre la voix de la raison — et de la recherche — comme le prouve « The Bigger Picture », la première conférence internationale de Genspect, une organisation qui s’inscrit à contre-courant de la tendance actuelle.
Genspect conteste la notion dominante selon laquelle tout le monde, y compris les médecins, devrait automatiquement « affirmer » les identifications de genre des individus et leurs désirs de se transformer socialement et médicalement. Pour Genspect il s’agit au contraire de défendre « une approche saine de la sexualité et du genre » en allant dans le sens de soins « sûrs, maîtrisés et efficaces à destination de ceux qui souffrent de troubles du genre et sont dans la détresse. »
Mme Joyce, auteur de « Trans : When Ideology Meets Reality », a prononcé le discours d’ouverture de la conférence de trois jours de Genspect, à Killarney, en Irlande, le 27 avril, et qui affichait complet. Environ 200 participants sont se sont réunis notamment en provenance de l’étranger dont les États-Unis, et des centaines d’autres ont suivi la conférence sur internet.
Helen Joyce, oratrice principale, s’adresse au premier rassemblement mondial de Genspect visant à remettre en question les notions dominantes concernant le traitement des personnes souffrant de troubles liés au genre, à Killarney, en Irlande, le 27 avril 2023. (Janice Hisle/Epoch Times via une capture d’écran de la diffusion en direct)
« Les femmes peuvent être des hommes ? »
Il y a des années, la première fois qu’Helen Joyce a entendu dire que « les femmes peuvent être des hommes » et vice versa, elle a cru que c’était une blague. Après avoir réalisé que les personnes en question étaient sérieuses, ce concept « était tellement fou que je ne pouvais plus m’en défaire », a-t-elle déclaré.
Forte de son expérience de mathématicienne, de mère d’un fils homosexuel et de journaliste soucieuse de vérité, Mme Joyce, qui est irlandaise, a compris pourquoi ce concept autrefois marginal était devenu si courant.
Un panneau sur des toilettes individuelles dans un Starbucks à Gainesville, en Floride, le 23 janvier 2023, indique les deux sexes. (Nanette Holt/Epoch Times)
Dire « il n’y a pas deux sexes » revient à « introduire une équation un tantinet erronée dans l’ensemble du calcul mathématique », ironise-t-elle.
Lorsque l’erreur est répétée, ses effets se multiplient. « Si un est égal à zéro, toutes les mathématiques s’effondrent ». (…) Et je pense que c’est ce qui s’est passé ici… et que beaucoup de choses sont en train de s’effondrer. »
Les filles qui pensent qu’elles ne sont « pas très féminines » et les garçons efféminés se demandent souvent : « Pourquoi suis-je différent ? » Par le passé, beaucoup de ces enfants ont fini par se rendre compte qu’ils étaient attirés par les personnes de même sexe. Mais aujourd’hui, beaucoup de jeunes s’imaginent qu’ils sont « transgenres ».
On leur dit : « Vous êtes ce que vous pensez être », et ainsi il n’y a plus de critères pour être un homme ou une femme, explique-t-elle.
Des mensonges en cascade
Le sexe est un élément fondamental de l’identité de chaque personne. Dire aux enfants que les hommes et les femmes sont interchangeables « est aussi peu judicieux que de leur dire que certaines personnes respirent de l’air et d’autres de l’eau », a déclaré Mme Joyce.
Résultat : Les enfants sont désorientés.
« Ils sont manipulés et abîmés », écrit-elle dans son livre.
L’idée selon laquelle n’importe qui peut se transformer en sexe opposé est tellement absurde qu’il est « difficile de comprendre comment qui que ce soit peut lui accorder autant de visibilité », dit-elle.
Deux visions du monde s’affrontent
Après avoir réfléchi à la raison pour laquelle ce concept est devenu plus répandu, Helen Joyce a eu une révélation, qu’elle a partagée lors de la conférence Genspect.
Elle s’est rendu compte que deux visions du monde divergentes étaient à l’œuvre.
D’un côté, certaines personnes croient aux droits individuels, mais reconnaissent que, pour qu’une société fonctionne, ces droits ont des limites. Les règles, les lois et les normes sociales sont nécessaires et entrent parfois en conflit avec les droits individuels. Ces personnes reconnaissent la réalité biologique : il y a deux sexes.
De l’autre côté, on trouve des personnes qui épousent « l’hyperindividualisme », une croyance selon laquelle « l’identité » autoproclamée l’emporte sur tout le reste, explique-t-elle.
Un médecin examine une femme enceinte de huit mois dans un centre de santé à Denver, Colorado, le 15 mars 2017. (Jason Connolly/AFP via Getty Images)
Si ces affirmations n’ont aucun sens, ce n’est pas grave. La seule chose qui compte, c’est ce que l’individu déclare, c’est sa « vérité ». Toute tentative d’établir des normes ou de catégoriser les gens est considérée comme « coercitive et nuisible », a-t-elle ajouté.
Ainsi, les idéologues transgenres rejettent des truismes tels que « Toute personne ayant été enceinte est une femme », dit-elle, « et la vraisemblance n’est pas non plus un critère à prendre en compte ».
Au nom des « droits de l’homme », les affirmations qui défient la logique ou contredisent les faits sont acceptées et célébrées.
« Un coucou est entré dans le nid du cadre des droits de l’homme », dit-elle. « Un coucou est également entré dans le nid du système médical. »
Masquerade médicale
Les cliniques du genre « ont l’air de faire de la médecine », mais ce n’est pas le cas, selon elle. « Les gens viennent en pensant qu’ils vont consulter un médecin, qu’ils vont obtenir un diagnostic et qu’il y a une base et des preuves derrière tout cela », mais on les trompe, dit-elle.
La voix irlandaise de Joyce s’est faite plus douce encore lorsqu’elle a reconnu que, malheureusement, certaines personnes présentes dans la salle savaient cela pour l’avoir vécu personnellement.
Plusieurs « détransitionneurs », ces personnes qui ont renoncé à leur ancienne identité de genre autodéclarée, ont pris la parole. Beaucoup d’entre eux expliquent que les professionnels de la santé ne les ont jamais avertis des conséquences possibles qu’auraient les bloqueurs de puberté, les hormones du mauvais sexe et les opérations chirurgicales sur leur corps.
C’est après avoir rencontré certains de ces détransitionneurs et entendu leur histoire en 2019 que Mme Joyce s’est sentie obligée d’écrire son livre ; elle appelle ces personnes « les victimes de l’idéologie du genre les plus bouleversantes ».
« Ils ont adhéré à une idéologie incohérente et en constante évolution, dont le moindre écart est férocement puni », explique-t-elle dans son livre.
Prisha Mosely avant et après sa détransition. (Avec l’aimable autorisation de Prisha Mosley)
Des « one-man-shows »
Alors qu’ils tirent la sonnette d’alarme sur ces procédures « expérimentales », les détransitionnistes sont souvent vilipendés ; ils sont qualifiés « d’intolérants » ou de « transphobes », explique Mme Joyce, alors même qu’ils luttent pour se remettre de leur traumatisme mental et physique.
Elle pense que loin d’être des cabinets médicaux, les cliniques du genre fonctionnent davantage comme « une scène sur laquelle les gens montent pour jouer leur genre ». Ensuite, les professionnels de la santé « affirment » l’identité déclarée par le patient et acceptent dans une large mesure de pratiquer les actes médicaux souhaités par le patient.
« Chacun se retrouve à monter son propre one-man-show », dit-elle, mais oublie que « les autres sont censés avoir leur rôle d’acteurs de soutien dans votre vie ».
Notant que les bloqueurs de puberté sont utilisés depuis une vingtaine d’années, notamment en Europe, elle s’est interrogée à plusieurs reprises : « Pourquoi ne fait-on pas de meilleures études ? Pourquoi ne font-ils pas de suivi à long terme ? »
Elle pense aujourd’hui savoir pourquoi. Ils posent déjà la seule question qu’ils jugent utile de poser, à savoir : « Qui êtes-vous ? » Mais ils en connaissent la réponse : « Vous êtes ce que vous dites que vous êtes ».
La science n’est pas « acquise »
Genspect déclare accueillir les questions et les points de vue différents. À l’opposé, elle accuse l’Association professionnelle mondiale pour la santé des transgenres (WPATH), beaucoup plus importante en nombre, d’être hermétique.
« Jusqu’à récemment, il n’y avait qu’un seul discours sur la façon de gérer la diversité des genres », indique Genspect dans ses documents de conférence. « Cependant, le monde évolue au-delà d’une approche médicalisée de la non-conformité au genre et recherche plutôt des approches saines du sexe et du genre. »
Un grand nombre de groupes remettent aujourd’hui en question la « conception étroite » de la WPATH ; ils « ont fait des progrès considérables en proposant des idées progressistes, fondées sur des preuves récentes », explique Genspect dans la description de sa conférence.
Simultanément, la branche européenne de la WPATH, EPATH tient sa réunion annuelle non loin de là. C’était intentionnel. Genspect entend faire de cette conférence « la première d’une série de contre-conférences », selon un communiqué de presse.
Genspect conteste l’affirmation de la WPATH selon laquelle « la science est acquise » et qu’il est bénéfique de « traiter » les personnes transgenres à l’aide d’hormones et d’opérations chirurgicales.
La WPATH a publié une déclaration condamnant les efforts déployés par les États-Unis pour interdire les procédures médicales à destination des jeunes souffrant de troubles du genre.
Une pancarte est placée par des partisans pro-transgenre pour protester contre l’activiste canadien Chris Elton à Toronto en 2022. (Avec l’aimable autorisation de Billboard Chris)
Écouter ou ne pas écouter
Mais pour la directrice de Genspect, la psychothérapeute Stella O’Malley, « il n’est pas approprié d’imposer des bloqueurs de puberté, des hormones et des interventions chirurgicales à des enfants vulnérables »
La WPATH et ses antennes encouragent « les interventions médicales lourdes alors que Genspect privilégie d’abord l’approche la moins invasive », a déclaré Mme O’Malley dans un communiqué de presse.
La conférence de Genspect a rassemblé des scientifiques, des chercheurs, des avocats, des médecins, des psychologues, des psychiatres, des psychothérapeutes, des sociologues, des éducateurs et des féministes. Plus d’une vingtaine de groupes étaient représentés.
Ensemble, ils s’efforcent de « remettre en question la base factuelle de la médecine du genre et de documenter les dommages considérables causés par l’idéologie de l’identité de genre », selon Genspect, tout en veillant à ce que « toutes les facettes de cette question complexe soient abordées ».
Pourtant, à quelques pas de cette conférence, le dirigeant de l’affilié européen de la WPATH a ouvert sa conférence en déclarant : « Nous respectons la liberté d’expression de chacun, mais nous choisissons de ne pas l’écouter. »
Citant cette déclaration, Genspect a écrit sur Twitter : « C’est exactement la raison pour laquelle nous organisons notre conférence à Killarney ». « WPATH/EPATH ne nous écoutera peut-être pas, mais beaucoup d’autres sont prêts à le faire », ajoutent-ils.
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