15/01/2024 (2024-01-15)
[Source : neosante.eu]
Par Yves Rasir
Au tout début, nous y avons cru. À l’entame de l’année 2020, nous avons pensé que le Pr Didier Raoult faisait bien de « repositionner » l’hydroxychloroquine et de préconiser cette molécule en traitement de la nouvelle maladie venue de Chine. En découvrant rapidement qu’il s’agissait d’une fausse pandémie alimentée par une terreur irrationnelle, une méthode de dépistage bidon et des statistiques frauduleuses, nous avons cependant très vite remis en cause la nécessité de recourir à ce médicament non dénué de toxicité. Car oui, il faut le dire et le redire : l’HCQ n’est pas un bonbon pour la toux ni un banal remède à la malaria prescrit également contre le lupus érythémateux et la polyarthrite rhumatoïde. Dotée de dizaines d’effets indésirables potentiels, dont celui d’engendrer des détresses respiratoires (!), cette spécialité pharmaceutique chimique peut gravement léser ses consommateurs et peut même tuer ceux qui souffrent du cœur. On pense ce qu’on veut d’Agnès Buzin, mais l’ex-ministre française de la Santé n’a pas eu tort, fin 2019, de déclasser l’antipaludéen et de le ranger parmi les « substances vénéneuses » exigeant de sérieuses précautions d’usage. Depuis cette décision controversée, la recherche scientifique a encore mis en évidence que l’hydroxychloroquine avait des effets tératogènes et pouvait donc engendrer des malformations congénitales, tout comme la Thalidomide, le Distilbène ou la Dépakine de sinistre mémoire ! Les partisans inconditionnels du druide marseillais et de sa potion sont-ils bien conscients de prendre la défense d’un apprenti sorcier administrant à tour de bras un authentique poison ?
La potion n’était pas magique
En guise de plaidoirie pour sa molécule chérie, l’ancien patron de l’IHU phocéen invoque constamment des décennies de prescription sans conséquences sanitaires perceptibles. Mais en quoi cet argument est-il valable puisque des tas d’autres médicaments dangereux aujourd’hui interdits ont été longtemps prescrits avant qu’on ne découvre ou admette leurs ravages ? À juste titre, Didier Raoult a d’ailleurs accusé le paracétamol d’être une drogue plus dangereuse que sa protégée, or l’antalgique superstar vendu sans ordonnance est précisément un redoutable hépatotoxique qui mériterait d’être chassé des pharmacies ! Remède pire que le mal, l’HCQ est également soupçonnable d’occasionner plus de morts qu’elle ne sauve de vies, comme en atteste la nouvelle étude parue le 2 janvier dans la revue Biomedicine and Pharmacotherapy. Effectuée par des chercheurs lyonnais, cette étude arrive à la conclusion que l’hydroxychloroquine donnée en 2020 aux malades du covid a tué 17 000 d’entre eux, et ce seulement dans les six pays étudiés (Belgique, Turquie, France, Italie, Espagne et USA). Purement rétrospective et usant d’extrapolations hasardeuses, cette recherche a certes des faiblesses que n’ont pas manqué de pointer les défenseurs du Plaquenil et de son prescripteur-vedette. Le travail est notamment basé sur la méta-analyse parue en 2021 dans Nature Communications, alors que celle-ci avait inclus les deux études malhonnêtes de l’OMS (Recovery et Solidarity) recourant à des dosages trop élevés (quatre grammes sur trois jours au lieu de 2,4 grammes sur cinq jours). La récente étude française se base aussi sur des chiffres belges carrément erronés, ce qui a même suscité un « fact checking » du très covidiste et anti-Raoult journal Le Soir. Malgré ses erreurs et ses failles méthodologiques, la recherche en question ne mérite cependant pas d’être balayée d’un revers de main. Elle montre à tout le moins que le « remède miracle » n’en était pas un et qu’il a, plus que probablement, été contre-productif. Si la chloroquine avait performé au lieu de nuire, ce genre d’analyse aurait mis en lumière un impact favorable sur la mortalité au lieu d’indiquer l’inverse.
Des dégâts sous-estimés
Mais alors, comment expliquer que de nombreuses autres études, comme celle menée en Belgique par l’Institut Sciensano, ont bel et bien conclu à un effet positif de l’HCQ sur le taux de décès en hôpital ? Cela n’a rien de mystérieux à nos yeux. D’abord parce que les médecins hospitaliers savent que la dose fait le poison et qu’ils l’ont administré en respectant scrupuleusement la posologie conseillée. Ensuite parce que ces mêmes blouses blanches hospitalières sont parfaitement au courant de la cardiotoxicité du médicament et qu’ils ont prudemment évité de le distribuer aux insuffisants cardiaques. Et enfin, surtout, parce que les patients ont été soignés au lieu d’être laissés en plan ou directement mis sous respirateur artificiel ! Outre une action sur les états inflammatoires, cette prise en charge a permis d’activer l’effet placebo et de réduire drastiquement l’effet nocebo, comme je le postulais dès juin 2020 dans mon infolettre intitulée « Le vrai protocole Raoult ». Si le druide a fait cinq fois mieux dans son IHU-Méditerrannée qu’à Paris et dans l’est de la France, c’est certainement aussi parce que l’hydroxychloroquine a été employée en lieu et place des antiviraux comme le Redemsivir, médoc encore bien plus toxique et inapte, lui, à favoriser l’assimilation du zinc. Bref, la très iatrogène HCQ a fait illusion parce qu’elle a évité une iatrogénie encore plus prononcée. Mais seulement à l’hôpital ! Non sans raison, le Pr Mathieu Molimard, chef de service de pharmacologie au CHU de Bordeaux, a fait remarquer que l’étude lyonnaise ne tenait pas compte des malades mis sous chloroquine par leurs médecins traitants et décédés d’un arrêt cardiaque « en ville ». Leur nombre est inconnu. À ces victimes non comptabilisées, il faudrait aussi ajouter les patients qui se sont procuré le médicament sous le manteau et l’ont consommé « sauvagement » à leur détriment. Et comme l’étude menée à Lyon ne s’est pas penchée non plus sur les décès survenus en Inde et au Brésil, deux pays où la molécule antipalu s’achète à tous les coins de rue, le bilan humain global est sans doute bien plus lourd que redouté. Lorsque le Pr Molimard évalue le passif mondial de l’HCQ à « des centaines de milliers de morts excédentaires », je ne pense pas qu’il exagère et je trouve navrant que de nombreux résistants et lanceurs d’alerte crient au complot et à l’intox. Il tombe sous le sens que la potion meurtrière a contribué à autoréaliser la pseudo-pandémie et à remplir les cimetières.
L’éthique a trop bon dos
Dans son argumentaire, Didier Raoult fait systématiquement appel à l’éthique pour justifier sa décision de ne pas procéder à un essai clinique. Selon ce raisonnement louable, il était moralement inadmissible de ne pas traiter tous les covidés et de faire perdre aux malades des chances de guérison. Avec une rigueur toute soviétique, les patients admis ont donc été soumis au même protocole thérapeutique « compassionnel ». Personnellement, je trouve l’esquive un peu facile. Sans groupe contrôle ne recevant pas le médicament, il est impossible de discerner son effet réel et ses inconvénients. Sans randomisation (tirage au sort des participants) ni double aveugle (ni le patient ni le soignant ne savent qui reçoit quoi), il est vain d’espérer atteindre l’objectivité. À défaut de produit inactif, l’IHU aurait pu tester une autre molécule garantie inoffensive, voire une plante bienfaisante comme l’Artemisia. Contrairement à ce qu’a parfois suggéré Raoult, les essais cliniques contre placebo en double insu et randomisés offrent le plus haut niveau de preuve scientifique en « Evidence Based Medicine ». De son côté, l’épidémiologiste et chercheur émérite Michel de Lorgeril ne cesse de rappeler cette vérité élémentaire. La différence entre ces deux fortes têtes ? Le premier critique peu la vaccinologie tandis que le second l’a prise en grippe depuis qu’il en examine les fondements. Dans ses ouvrages sur les vaccinations, le Dr de Lorgeril dénonce en effet l’absence de véritable contrôle dans le développement des vaccins. Et c’est aussi ce que dénoncent les auteurs israéliens du livre « Des tortues jusqu’en bas » : selon leur remarquable enquête appuyée par des centaines de références, les vaccins ne sont JAMAIS comparés à de véritables placebos, ce qui permet de faire croire à leur efficacité et surtout de dissimuler leur insécurité. En agissant de la sorte, l’industrie vaccinale et les instituts de recherche qu’elle stipendie bafouent l’éthique médicale au lieu de la servir. D’une certaine manière, le Panoramix marseillais a commis un crime similaire en omettant de vérifier l’innocuité de sa potion prétendument miraculeuse. Lorsque l’histoire de la mascarade sera écrite, je crains malheureusement que son nom soit associé à une partie de l’hécatombe faussement imputée à un pathogène inexistant…
⚠ Les points de vue exprimés dans l’article ne sont pas nécessairement partagés par les (autres) auteurs et contributeurs du site Nouveau Monde.