04/12/2021 (2021-12-04)
Traduction par Christine Côte
03.12.2021
Deux mois après avoir quitté son poste de chancelier, Sebastian Kurz a également annoncé jeudi sa démission du poste de président de l’ÖVP — déclenchant ainsi de grands chamboulements dans le personnel de l’ÖVP. Alexander Schallenberg a fait savoir dans la soirée qu’il quittait son poste de chancelier, tandis que quelques heures plus tard, le ministre des Finances Gernot Blümel annonçait son départ de la vie politique — sans doute les premiers résultats des intenses délibérations des dirigeants de l’ÖVP.
Le ministre de l’Intérieur Karl Nehammer est clairement le favori pour le poste de chancelier et de président du parti.
La décision sera prise vendredi matin par le comité directeur du parti — bien que les chefs de parti régionaux, qui ont retrouvé leur pouvoir depuis le départ de Kurz en tant que chancelier, aient déjà procédé jeudi à la nomination des nouveaux membres. Il est vite apparu que le chef du gouvernement et le chef du parti seraient à nouveau dans les mêmes mains.
Et il était donc décidé pour Schallenberg — qui n’est pas vraiment ancré dans le parti — qu’il ne resterait pas chancelier très longtemps : « Ce n’est pas mon intention et cela n’a jamais été mon objectif d’assumer la fonction de président du parti fédéral du Nouveau Parti Populaire. Je suis fermement convaincu que les deux fonctions — chef du gouvernement et chef du parti fédéral ayant le plus grand nombre de voix en Autriche — devraient être rapidement réunies dans une seule main », a-t-il fait savoir par écrit en début de soirée (après une brève dernière apparition en tant que chancelier au Bundesrat). Il mettra son poste à disposition « dès que les orientations correspondantes auront été prises au sein du parti ».
Pour Schallenberg, cela ne signifie pas nécessairement qu’il quittera complètement le gouvernement. Il pourrait retourner au ministère des Affaires étrangères, ou succéder à la ministre de la Constitution Karoline Edtstadler, si cette dernière devenait ministre de l’Intérieur.
La nouvelle équipe de l’ÖVP a immédiatement fait l’objet de spéculations dans les médias. Et le candidat à la succession — parce qu’il est un proche de Kurz, un partenaire de chat et un accusé de la WKStA — [parquet anti-corruption] a déjà annoncé son retrait dans la soirée : « J’ai décidé de quitter la politique », a annoncé le ministre des Finances Blümel via une vidéo sur les réseaux sociaux.
C’est le député Karl Mahrer qui lui succède, du moins par intérim, à la tête de l’ÖVP viennois.
Pour justifier son départ, M. Blümel a surtout évoqué sa famille qui, en raison de son activité politique, a toujours été confrontée à des menaces de mort. À midi, Kurz avait déjà avancé des raisons familiales : lors de la naissance de son fils samedi, il avait pris conscience « de tout ce qu’il y a de beau et d’important en dehors de la politique », avait-il déclaré lors d’une conférence de presse. En outre, la flamme de la passion pour la politique s’est récemment amoindrie, a-t-il déclaré, faisant allusion aux enquêtes menées contre lui par le parquet anticorruption pour corruption, abus de confiance et faux témoignage : « Mon quotidien politique n’était récemment pas la compétition des meilleures idées, mais la défense contre les reproches, les insinuations et les procédures ».
Depuis que les enquêtes contre Kurz et son entourage sont connues, les sondages de l’ÖVP ont dégringolé. Entre-temps, la SPÖ [Parti socialiste] devance clairement le parti du chancelier. Dans cette optique, les politologues s’attendaient à ce que Nehammer ne soit pas le seul à monter en grade, mais que l’équipe de l’ÖVP soit largement remaniée. Afin de limiter les dégâts, l’ÖVP doit maintenant trouver « la voie de la démarcation par rapport à Kurz », a constaté le politologue Peter Filzmaier à l’ORF — et a rappelé que le parti fédéral de l’ÖVP faisait également l’objet d’une enquête pour corruption en tant qu’organisation. En outre, « la logique politique voudrait en tout cas » qu’un nouveau chef de gouvernement recompose son équipe, a fait remarquer le conseiller politique Thomas Hofer dans l’interview à l’ORF.
Si l’on s’en tient à la relation de confiance avec Kurz, la ministre de l’Agriculture Elisabeth Köstinger doit également s’attendre à être remplacée — car elle aussi faisait partie de ce que l’on appelle le « cercle intérieur ».
La ministre de l’Économie Margarete Schramböck est considérée comme ébranlée depuis le flop du « Kaufhaus Österreich »*, mais son bureau a démenti dans la matinée les rumeurs de remplacement. La ministre de la Défense Klaudia Tanner pourrait — en tant qu’ancienne directrice de la Confédération des Agriculteurs de Basse-Autriche — passer au ministère de l’Agriculture, a été l’une des nombreuses spéculations sur l’avenir de l’ÖVP.L’opposition s’est montrée peu surprise par la démission de Kurz.
Pour la chef de la SP Pamela Rendi-Wagner, le départ était « une question de temps » : « Apparemment, la pression est maintenant devenue si forte qu’il en a tiré lui-même les conséquences ». Le secrétaire général de NEOS, Douglas Hoyos, a parlé d’une « mesure qui aurait dû être prise depuis longtemps ».
Et le chef du FP Herbert Kickl [Parti libéral] a réagi avec satisfaction : « J’ai dit au début de l’année que Kurz devait partir, il est maintenant parti ». Kickl a toutefois douté que ce soient vraiment les joies de la paternité qui l’aient poussé à partir et a appelé à de nouvelles élections.
Le chef de la SPÖ du Burgenland, Hans Peter Doskozil, à qui l’on prête des ambitions pour la tête de liste de la SPÖ, a également plaidé pour de nouvelles élections au printemps.
Mais cela ne semble pas être le cas, du moins pour le moment.
Le vice-chancelier des Verts, Werner Kogler, a en effet exprimé un « très grand » respect à Kurz pour sa démission et a loué « l’excellente base de travail » avec le ministre de l’Intérieur Karl Nehammer. En revanche, les Verts ne veulent pas remanier leur équipe gouvernementale.
– REDAKTION (source : APA)
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