Apocalypse touristique et profanation des pyramides

Par Nicolas Bonnal

Apocalypse touristique et profanation des pyramides : on a ici l’impression qu’elles sont de simples simulacres, des répliques de Las Vegas — et qu’on les a plantées là comme de vulgaires cactus pour la consommation touristique. La chambre d’hôtel Booking.com est à moins de cinquante euros — pour ceux que ça motiverait. L’Égypte a été gâtée comme le reste du monde par le dollar et par le simulacre mondialiste : le faux est donc plus vrai que le vrai. Guy Debord : « Sous-produit de la circulation des marchandises, la circulation humaine considérée comme une consommation, le tourisme, se ramène fondamentalement au loisir d’aller voir ce qui est devenu banal. L’aménagement économique de la fréquentation de lieux différents est déjà par lui-même la garantie de leur équivalence. La même modernisation qui a retiré du voyage le temps, lui a aussi retiré la réalité de l’espace. » Mall russe idem…

Site du monstre (voir sur Booking.com sinon) :
https://www.sunandsandguesthouse.com

Cliquer pour accéder à societe_du_spectacle.pdf

Texte de notre lecteur et ami La Hyre

Nous sommes surpeuplés, et nous ruinons la création. Tous les cinq ans, je crois, l’équivalent d’un département français disparaît sous le béton pour construire les fameuses zones commerciales périphériques dont le Français raffole et qui font pourtant son plus grand malheur…

J’ai travaillé plusieurs années dans la restauration des monuments historiques, il faudrait que je me replonge dans mes souvenirs, mais à partir du moment où un monument est classé, il est foutu, mort et momifié.

Nous avons perdu le sens de l’histoire et le sens du quotidien, nous n’avons plus l’utilité des cathédrales, des châteaux, on ne sait pas quoi faire de ces choses encombrantes et coûteuses (surtout sous perfusion)

Nous avons abandonné la vie. Je sers dorénavant comme acolyte à la nouvelle cathédrale russe de Branly. L’architecte ne savait pas ce qu’était une église et ne sait pas ce que l’on peut y faire, ce que l’on doit y faire, d’où le problème fondamental de l’architecture moderne et capricieuse. On peut construire n’importe quoi, mais on ne sait pas ce que l’on construit sauf un stade, car tout le monde sait ce que c’est et ce que l’on y fait et ce que l’on doit y faire. Je crois que c’est Jean Clair dans l’hiver de la culture qui en parlait, tout comme il disait que l’on ne savait plus construire d’école, car on ne savait plus ce que c’était.

Alors de ce vide naît le tourisme, c’est l’abandon, la fin de l’homme et de son œuvre. L’on hante ce que l’on ne comprend pas et on s’y photographie comme essayer de croire que l’on appartient à la même espèce qui a construit ces merveilles, pour coller à l’histoire à l’homme à l’art et enfin de compte à la Création.

Dieu a créé l’homme à Son Image, mais ce dernier nie la ressemblance.