07/06/2024 (2024-06-07)
Par Christian Darlot
Désespérant que les patriotes arrivent jamais au pouvoir, découragés par les querelles de clocher entre les chefs de parti, des Français soucieux de l’avenir de la France incitent à « voter utile » aux élections européennes en votant pour le RN, pensant ainsi aller à l’essentiel : lutter contre le pouvoir micronesque.
Selon leur raisonnement, les listes patriotes n’obtiendront pas les 5 % de suffrages exprimés nécessaires pour participer à la péréquation des sièges, et même si l’une d’elles dépassait ce seuil, son influence sur la politique de l’Union Européenne serait nulle. Mieux vaudrait donc renforcer le RN.
Cet argument paraît raisonnable, mais est-il réellement fondé ? Le RN défendrait-il les intérêts de la France ? L’espoir que les listes patriotes soient représentées à l’assemblée de Strasbourg est-il chimérique ?
Le RN est assuré d’avoir des délégués (le terme « député » ou pis « représentant » du peuple serait impropre), donc le raisonnement inverse paraît plus raisonnable : que vaudrait un délégué de plus du RN ?
Afin d’échapper à la diabolisation, le RN a beaucoup modifié son programme au cours du temps. De changement en changement, ce programme se résume à présent en quelques propositions :
– Le RN veut que la France reste dans l’UE, qui devient pourtant de plus en plus une tyrannie anti-sociale, anti-nationale et liberticide. Les lois françaises ne sont plus que transpositions des décisions de la Commission européenne, au service du capitalisme de connivence supra-national. Les règles de l’UE, et les traités de libre-échange que la Commission signe sans cesse, ruinent l’économie française. La France est le deuxième contributeur au budget, et ne gagne rien à appartenir à l’UE, contrairement à l’Allemagne.
– La politique migratoire, fonds de commerce de la PME Le Pen, est déterminée par l’UE et non plus par les États. Sans quitter l’UE, l’affirmation d’une volonté de réguler l’immigration n’est que rodomontade. Le gouvernement italien, mené par Madame Meloni, le montre clairement.
– Le RN ne veut pas restaurer la monnaie nationale, et veut garder l’euro, monnaie gérée selon les intérêts de l’Allemagne et des Etats-Unis, mais nocive pour la plupart des pays d’Europe, dont l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie…
– Le RN ne veut pas quitter l’OTAN, et donc veut faire perdurer cette alliance. Or, d’alliance proclamée défensive lors de sa fondation, l’OTAN est devenue un gang agressif, menant partout dans le monde des guerres très meurtrières, contraires au Droit international et aux intérêts de la France. Depuis que Sarközy, de son propre chef, a vassalisé la France à l’OTAN, la politique étrangère est soumise aux dirigeants anglo-saxons, et l’armée française ne sert plus les intérêts du pays, mais ceux de puissances étrangères. L’OTAN ne protège pas, mais accroît les risques de conflit.
– Le RN ne veut mettre fin ni à la guerre en Ukraine, puisqu’il affirme que la Russie est l’agresseur — contre la réalité de l’enchaînement des faits depuis 1991 et 2014 —, ni au génocide à Gaza, puisqu’il s’affirme sioniste pendant le déchaînement de cette violence délibérée. Pourtant l’honneur et l’intérêt national commanderaient à un gouvernement français patriote de s’efforcer de restaurer la paix.
– Le RN n’a pas protesté contre la covidinguerie. Madame Joron fut l’une de ses déléguées les plus actives pour demander des explications à la Commission sur les malversations énormes de Von der Leyen. Or le RN l’a reléguée dans sa liste à un rang auquel elle n’est pas certaine d’être réélue.
Le RN passe ainsi pour modéré, et donc ne fait plus peur, mais c’est parce qu’il s’est rangé aux règles de l’UE qu’il ne propose plus de changer.
Dans le monde entier, le clivage principal oppose les souverainistes et les mondialistes. Depuis trois siècles, le progrès social n’a jamais eu lieu que dans le cadre national, car c’est le seul cadre politique de la démocratie, si imparfaite soit-elle. Les catégories « droite » et « gauche » ne sont plus pertinentes.
Les listes disant faire prévaloir la France sur l’Union européenne sont :
– La liste du RN, désormais rallié au mondialisme atlantiste.
– Les listes patriotes, hélas désunies, menées par Asselineau, Philippot et Kuzmanovic.
À présent la dynamique sociale est en faveur des listes patriotes, malgré les sondages largement truqués afin d’inciter au vote prétendument « utile » pour les listes des partis qui ne changeront rien. Parmi ces trois listes, celle de l’UPR, menée par Asselineau, présente le programme le plus cohérent, depuis le plus longtemps, et, étant la plus connue, a le plus de chance de dépasser le seuil nécessaire pour être représentée à l’assemblée européenne.
Bien entendu l’expérience des élections récentes fait craindre un trucage à grande échelle, mais, dans l’état actuel de la procédure électorale, le collationnement des suffrages au Ministère de l’Intérieur n’est pas contrôlé ; un vote important pour les « petites listes » — celles que le pouvoir en place n’agrée pas — est donc nécessaire pour compenser les falsifications à leur détriment, et empêcher qu’elles soient éliminées.
L’assemblée européenne, improprement décorée du titre usurpé de « Parlement », n’a qu’un pouvoir d’acquiescement. Sa seule utilité est de permettre à ses membres de demander des éclaircissements sur la gestion du budget — éclaircissements que la Commission en général leur refuse — et de faire un peu de grabuge. Le titre de « député européen », quoique farfelu, confère un peu de prestige et donc d’audience. Les délégués les plus opposés à la tyrannie de l’UE sont donc les plus nécessaires.
En résumé : le RN est assuré d’obtenir des délégués, mais ne représente plus les patriotes. Un délégué du RN de plus ou de moins ne permettrait pas de faire entendre un discours différent des cris de guerre atlantistes, guerres contre les peuples, contre les États, contre la Russie et la Chine, contre la majorité du Monde. Seuls des délégués de l’une des trois listes patriotes pourront dénoncer et combattre le mondialisme à l’assemblée européenne. Voter « utile » est donc voter pour celle qui a le plus de chances de dépasser 5 % des suffrages exprimés.
[Voir aussi :
Voter « utile » aux européennes ?]
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