NOUVELLE ÉDUCATION

23/12/2022 (2022-12-23)

[Source : santeglobale.world]

Par Julien PERON 

Tous les parents souhaitent le bonheur de leurs enfants. Pourtant actuellement, l’intérêt pour l’éducation positive au quotidien sous-entend qu’il existerait alors une éducation « négative » ? Pas franchement, mais disons que l’éducation traditionnelle est, sous certains angles, peu favorable à l’épanouissement de l’enfant. On lui préfère aujourd’hui des pratiques éducatives bienveillantes issues des nombreuses études menées autour de l’enfance. Mais quels sont ses nouveaux objectifs et en quoi donnent-ils une nouvelle orientation pour les parents ?

La vision de l’éducation positive au quotidien

On appelle « éducation positive » l’ensemble des méthodes utilisées pour assurer l’apprentissage et le développement de l’enfant et qui lui sont profitables. Autrement dit, c’est une façon d’accompagner l’enfant qui lui permet de développer la confiance en soi et se construire une vie épanouissante.

Les méthodes s’appuient sur les résultats de recherches des neuroscientifiques. Notamment les découvertes qui ont mis en évidence l‘impact du comportement des adultes sur le développement de l’enfant. Stressants ou rabaissants, ils peuvent altérer les capacités cognitives des enfants, alors que l’empathie et la bienveillance contribuent à leur développement.

Parmi ces moyens au service de l’enfant on peut nommer la communication non violente, l’écoute de ses besoins, ou encore le respect de ses rythmes de développement.

Cette façon de concevoir l’éducation se développe chez les parents qui souhaitent prendre leur rôle de parents à cœur et faire de leur métier d’accompagnant une vraie mission. Ils voient dans l’enfant un être au potentiel illimité et curieux d’explorer le monde pour apprendre et aller à la rencontre de l’autre. Ils ne l’envisagent plus comme un être limité à « élever » au rang des adultes, à coups d’obligations et d’interdits.

Les objectifs qui convergent vers l’éducation positive au quotidien

Voici différents but à viser pour transformer petit à petit sa façon d’éduquer :

Objectif n° 1 : Se référer aux découvertes des neurosciences plutôt qu’aux croyances

Pour faire des choix éducatifs, encore faut-il connaître son fonctionnement. Et ça, les neuroscientifiques s’en chargent. À force de comparer, étudier et analyser l’impact du comportement des adultes sur le développement des enfants, ils participent à changer notre façon d’appréhender l’enfant.

Exemple de ce qui change :
  • Avant : Si votre bébé pleurait, vous pensiez qu’il s’agissait d’un caprice et vous le laissiez seul dans son lit.
    C’est une croyance intergénérationnelle. Au contraire, la science a démontré qu’un bébé n’a pas la maturation cérébrale nécessaire pour imaginer ce qu’il désire et trouver des stratégies pour l’obtenir.
  • Après : Vous savez qu’il s’agit simplement de l’unique moyen de nous alerter d’un besoin. Au lieu de le laisser pleurer, vous le prenez dans vos bras : son besoin d’affection est satisfait, il sait qu’il peut vous faire confiance.

Objectif n° 2 : Choisir la bienveillance plutôt que les violences éducatives ordinaires

Pour mettre fin aux violences physiques, psychologiques ou verbales, Catherine Dumonteil-Kremer propose d’apprendre à poser des limites en respectant l’enfant. Cela lui permet de maintenir sa dignité et son intégrité.

Exemple pour y parvenir :
  • Avant : Votre enfant à renversé son verre d’eau sur le tapis alors que vous êtes invités. Vous lui attrapez le bras pour l’assoir près de vous et lui demandez s’il est fier de lui, de s’excuser immédiatement et lui imposez de rester assis sans plus avoir le droit de jouer. Dur, mais tellement fréquent. 
  • Après : Vous énoncez des règles positives et brèves plutôt que des interdits. En arrivant vous faites un petit tour avec lui pour lui présenter les lieux et écouter ce qu’il a a dire, il se sentira le bienvenu et intégré à la soirée. Il y a des animaux ? C’est le moment de demander à l’hôte quelles sont les précautions à prendre pour sa sécurité. Vous lui montrez la table et lui demandez de se déplacer avec attention. S’il renverse un verre, ne le blâmez pas outre mesure, il y a du bruit, beaucoup de distractions et il est forcément moins attentif que d’ordinaire…

Objectif n° 3 : Transformer l’autorité en confiance

Il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas de laisser tout faire à l’enfant et d’abandonner toute autorité. Le cadre défini par l’adulte reste indispensable pour qu’il connaisse les limites au sein desquelles il est en sécurité.

Béatrice Sabaté, auteur de « La discipline positive », précise que faire autorité réside dans l’équilibre entre la fermeté et la bienveillance. C’est toujours l’adulte qui pose le cadre, puisque l’enfant n’a pas encore conscience des dangers qui l’entourent : cela est un acte de bienveillance. Mais il aide l’enfant à s’exprimer à l’intérieur des règles.

Exemple de ce qui change :
  • Avant : « Ne cours pas ! » ; « Arrête de courir ! »
  • Après : « Ici c’est un endroit calme et pour le respecter il faut marcher sans bruit. Tu peux t’éloigner de nous si tu respectes cette règle, mais tu peux me tenir la main si ça peut t’aider à marcher doucement. »

Objectif n° 4 : Remplacer les punitions par des actions éducatives

Dans un objectif de bienveillance envers l’enfant, on ne peut pas tolérer la notion de punition, pour la simple raison qu’elle consiste à « faire payer » l’enfant, en d’autre terme, à le faire souffrir à cause de son erreur.

Se poser pour faire en sorte que la « bêtise » ne se reproduise plus est bénéfique pour tout le monde. On fait prendre conscience à l’enfant des conséquences, puis on échange avec lui pour mettre en place un moyen d’éviter que cela ne recommence.

Exemple de ce qui change :
  • Avant : Vous criez sur l’enfant qui s’engage sur la chaussée en courant, lui mettez une fessée, et lui tenez la main de force pendant qu’il hurle…
  • Après : Vous ne criez plus votre peur sur l’enfant. Vous savez que s’il a agit ainsi c’est qu’il n’a pas conscience du danger. Même si vous lui avez déjà dit de nombreuses fois, il ne l’a pas intégré suffisamment pour que s’arrêter soit devenu un réflexe. Vous restez donc calme et poursuivez l’apprentissage de cette étape en mettant en place une action systématique pour l’aider.

Objectif n° 5 : Lui permettre de poser des mots sur ses émotions

Catherine Pierrat nous rappelle que l’enfant est émotif dans des circonstances qui ne répondent pas à ses besoins : sécurité, stimulation, affection, reconnaissance, autonomie, cohérence. 

Dans la plupart des cas, l’enfant a un comportement qui révèle une émotion. Mais il n’a pas conscience de cela. Le rôle de ses parents est de l’aider à comprendre ce qui le met dans cet état. Et comme l’a dit Liu Hiang, “Le bonheur vient de l’attention aux petites choses, et le malheur de la négligence des petites choses”.

Exemple de nouvelle pratique :
  • Avant : Vous êtes au téléphone et votre enfant, selon vous, « en profite » pour faire une crise qui vous oblige à mettre fin à votre conversation et punir l’enfant dans sa chambre en le grondant.
  • Après : Vous savez qu’une émotion est en train de s’exprimer. Vous cherchez laquelle et comprenez qu’il est inquiet que vous accordiez plus d’importance à votre interlocuteur qu’à lui. Il attire donc votre attention pour que vous le rassuriez sur ce sujet. Vous prenez soin de le prévenir que durant quelques minutes il ne doit pas vous déranger. Qu’il peut rester à côté de vous sans faire de bruit et que s’il a besoin de quoi que ce soit vous serez disponible juste après. Vous lui accordez quelques regards et sourires pour le rassurer sur votre complicité.

Pour résumer, ces 5 nouveaux objectifs révolutionnent les attentes des futurs parents en désir d’enfant. En effet, ces buts qui mènent à l’éducation positive au quotidien sont la source d’une nouvelle vision pour les parents d’aujourd’hui. Ils représentent l’opportunité de considérer l’enfant sous un angle encore plus précis qu’au cours des précédentes décennies et laisse présager un épanouissement croissant des générations à venir.

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