Le pape François et la fin de nos racines chrétiennes

28/09/2023 (2023-09-28)

[Publication initiale sur bvoltaire.fr]

Par Nicolas Bonnal

La béatification des récents papes a montré que le concile Vatican II avait triomphé de la tradition et que l’Église, accompagnant l’Europe, avait elle aussi abjuré ses racines chrétiennes. Elle s’est assise sur son passé, sécularisée et laïcisée, même si de bons papes comme Benoît XVI ont prétendu cacher l’iceberg de la glaciale modernité.

Bergoglio — il est temps de le dire —, en dépit de ses cruelles intentions, de ses provocations grossières et de ses viles manières, n’est pas un isolé. Il reflète ce que devient le gros de la catholicité inculte à travers le monde. Voyez des images (puisque nous ne vivons que d’images, surtout de ces papes mués en vedettes télé) de Pie XII et des cortèges de ces temps vénérables et oubliés — et vous verrez la différence.

Il y a plus d’un siècle déjà, le grand Sorel avait tout prévu concernant l’avenir de nos prélats et de notre clergé — et il le faisait en des termes plus sérieux que Léon Bloy (qui prépara l’horrible Maritain sans le vouloir…) :

Ils ont entrepris d’élever leur Église au niveau de l’esprit laïque, sans se préoccuper du principe mystique qui avait vivifié sa tradition. Des rites qui fournissent aux âmes les moyens de se consoler, d’espérer ou même de calmer certaines douleurs ; un clergé, plus ou moins incrédule, qui travaille de concert avec les administrations publiques, pour améliorer le sort des hommes — voilà ce dont se contente fort bien la médiocrité.

À la même époque, un scientifique athée, Émile Durkheim, qui forma Cochin à l’explication de la Révolution et de la politique moderne (avec un autre juif éclairant, Moïse Ostrogorski), expliquait à quelle sauce les bons chrétiens allaient se faire manger :

Il faut fermer les yeux à l’évidence pour ne pas s’apercevoir que les religions sont en train de se dissoudre. Les dogmes s’en vont. Par sa partie positive et constructive, la science est déjà sur certains points en mesure de les remplacer.

Le gros du troupeau s’est bien intégré et prend des selfies place Saint-Pierre. Les autres peuvent s’isoler loin de ces papes et de cette néo-église dans leurs catholiques parcs. C’est d’ailleurs aussi ce qui se fait depuis cinquante ans. Durkheim l’avait prévu en grand sociologue qu’il était (c’était un sociologue soucieux des gens) :

Il n’y a donc rien dans la religion qui semble pouvoir échapper à la décomposition qui la travaille. Mais, à défaut de valeur intrinsèque, peut-être se maintiendra-t-elle, parce qu’elle est nécessaire à un certain nombre d’esprits.

Au final, il ne restera rien qu’une vague teinture religieuse pour tout ce monde irréligieux.

Durkheim enfin :

Ce qui survivra des religions, c’est tout ce qu’il y a en elles de respectable et d’éternel, à savoir le désir d’expliquer, le sentiment de l’inconnu et de l’inconnaissable, le besoin de l’idéal.

C’est déjà cette religion mondiale et universelle dont notre feint-père à la mode et dans le vent espère devenir le coordonnateur globalisé et galonné.

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