Le château de cartes de l’économie chinoise s’effondre

18/08/2023 (2023-08-18)

[Source : epochtimes.fr]

[Illustration :
Immeubles résidentiels et appartements à Guangzhou, dans la province chinoise du Guangdong (sud-est), en avril 2023. (Ludovic Marin/AFP via Getty Images – Contrastes modifiés)]

Par Fan Yu

Nous avons prédit à maintes reprises dans cette publication l’effondrement économique imminent de la Chine. Mais à aucun moment les tourbillons économiques n’ont été aussi nombreux qu’aujourd’hui à causer des ravages en Chine. Le « coup de pied au cul » donné par Pékin pendant une décennie pourrait enfin atteindre ses limites.

Lors de la réunion du Politburo du mois dernier, les dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) ont qualifié l’économie du pays de « tortueuse ». Une description aussi inquiétante venant de l’équipe dirigeante du PCC est extrêmement rare. La situation sur le terrain pourrait être bien plus grave.

Revenons au début de l’année 2023, lorsque la plupart des publications grand public et des experts économiques prédisaient un rebond économique après la levée par le PCC des restrictions liées au Covid qui duraient depuis des années.

Or, c’est tout le contraire qui s’est produit.

Les consommateurs ne dépensent pas. En fait, la Chine est confrontée au problème inverse de celui des États-Unis : la déflation. Les statistiques officielles du mois de juillet indiquent que les prix à la consommation ont baissé de 0,3 % par rapport à l’année précédente, après avoir stagné pendant plusieurs mois.

La déflation se traduit par une pénurie de la demande dans l’économie.

Et l’on peut constater que cela se joue sur plusieurs fronts.

Les exportations chinoises vers le reste du monde ont chuté de 14,5% en juillet, soit le taux le plus élevé depuis le début de l’année 2020. Cette tendance se confirme depuis un an, malgré une augmentation qui a duré deux mois au début de l’année. L’érosion des liens commerciaux entre la Chine, les États-Unis et l’Europe traduit une sorte de remise à zéro, compte tenu des tensions politiques et du résultat d’une relocalisation de la production par les fabricants depuis 2020. Les exportations vers les États-Unis ont chuté de 23,1% en juillet.

La chute des exportations a coïncidé avec un déclin de l’activité industrielle, qui s’est contractée pour le quatrième mois consécutif. Dans le même temps, les importations du pays ont également chuté de 12,4% le mois dernier, entraînées par une forte baisse du pétrole brut (20,8%). Les importations de circuits intégrés, sans surprise, ont également baissé de manière significative. Ce dernier point traduit la faiblesse de la demande intérieure chinoise, ce que le chef du régime du PCC, Xi Jinping, n’a cessé de répéter depuis des années.

La demande économique fait défaut partout où on regarde.

Selon la Banque populaire de Chine, le volume des nouveaux prêts est tombé en juillet à son niveau mensuel le plus bas depuis 2009 – il y a plus de dix ans -, un autre point qui confirme la présence du spectre de la déflation dans l’économie. Ce résultat est obtenu en dépit d’une nouvelle réduction des taux d’intérêt par la banque centrale promulguée en juin pour stimuler les prêts.

L’énorme secteur immobilier du pays, qui a longtemps été un moteur de croissance et a représenté jusqu’à 30% de son PIB, est à nouveau en perte de vitesse.

Cette fois-ci, le promoteur immobilier Country Garden a manqué deux paiements d’intérêts sur des obligations, selon des informations recueillies en Chine continentale. Bien qu’il dispose techniquement de 30 jours pour effectuer les paiements avant d’être considéré comme en défaut de paiement, les problèmes de liquidités de Country Garden constituent une évolution inquiétante qui fait suite à l’effondrement d’Evergrande il y a deux ans. Country Garden a été l’un des cinq premiers promoteurs immobiliers chinois selon plusieurs critères.

Au cours des deux dernières décennies, la Chine a couru après la croissance à tout prix, engendrant des dettes irrécouvrables, des projets d’infrastructure non rentables, des appartements et des propriétés immobilières commerciales vides, et une offre excédentaire dans de nombreux secteurs comme l’acier et l’industrie manufacturière, qu’elle a utilisée pour inonder le monde de produits bon marché.

Le plan prévoyait que la classe moyenne chinoise en plein essor, la stature mondiale grandissante, la croissance démographique continue et la demande intérieure finiraient par s’ajouter à ce qui avait déjà été construit. C’est ce que les dirigeants du PCC ont fait savoir ces dernières années.

Mais le décalage qui existe entre les dirigeants du PCC et la réalité du terrain ne pourrait être plus grand. Le pays est confronté à d’énormes problèmes de chômage. Le chômage urbain des jeunes âgés de 16 à 24 ans a atteint le taux record de 21% en juin, selon les données officielles. Ce taux est trois fois plus élevé que celui des États-Unis. La situation réelle du chômage pourrait être encore pire, puisqu’un universitaire chinois cité par Caixin, un magazine économique du continent, affirme qu’environ 46% des jeunes Chinois ne sont pas scolarisés ou sont au chômage.

Le secteur privé, y compris les petites et moyennes entreprises dirigées par des entrepreneurs, a été réduit à sa plus simple expression. La doctrine de « prospérité commune » adoptée par le président Xi en 2021 a freiné la croissance du secteur privé. Certaines des plus grandes entreprises technologiques chinoises, telles qu’Alibaba et Tencent, ont reçu l’ordre de se conformer avant tout aux exigences du parti, au détriment de l’innovation.

Et la légendaire classe moyenne ? Leur richesse, principalement immobilière, est sur le point de disparaître.

Aucun des rêves envisagés par les dirigeants du PCC ne s’est concrétisé. Et nous arrivons à un moment où la façade économique est sur le point de s’effondrer.

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