Des Jeux olympiques déjà calés pour le succès

11/05/2024 (2024-05-11)

[Source : Hashtable via RI]

Par H16

Jamais le titre de Hemingway n’aura été aussi vrai que depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel maire de Paris, Annie Dingo Anne Hidalgo : décidément, « Paris est une fête » et le curseur de celle-ci, qui pointait résolument sur « totale » jusqu’à présent, va passer d’un coup à « plus folle » dans les prochaines semaines pour heurter souplement « irrémédiable » une fois les Jeux olympiques officiellement lancés dans la capitale.

Il suffit pour s’en convaincre de voir l’ensemble des signes qui s’accumulent tous dans le même sens : non seulement, les préparations avancent bon train, mais on sent qu’absolument rien n’a été négligé pour que tout se passe au mieux et même que Paris reste une fête, malgré tout et surtout quoi qu’il en coûte.

Ainsi, pendant que les tests sur la sécurité aérienne et les parades anti-drones se multiplient dans la joie et la bonne humeur, la liste des porteurs de la flamme olympique se dévoile un peu plus chaque jour. Pour les organisateurs, c’est l’occasion de repousser toujours plus vite, plus haut et plus fort les canons habituels de l’olympisme, par exemple en proposant que, cette fois-ci, la flamme soit portée par un flamboyant Drag Queen.

Et pourquoi pas ? Comment ne pas voir dans le port de talons de 25 centimètres, de perruques bigarrées ou de corsets tailles XL une forme très particulière de performance sportive et, de ce fait, un lien évident avec l’olympisme en particulier et le sport en général ?

En parallèle à ces tests sociétaux décalés multipliés tout le long des cérémonies et tant qu’à parler saucisse, signalons aussi que ces jeux seront l’occasion de pousser des recettes végétariennes pour les touristes qui viendront nombreux dans la capitale française pour se passionner pour les événements qui vont s’y enchaîner à un rythme trépidant et sous une météo qu’on pressent déjà radieuse : sur le site de la Concorde qui devrait accueillir les sports urbains (le rodéo en moto, le lancer de mortiers, l’incendie de véhicules, etc.), l’offre de restauration proposée au public sera uniquement végétarienne. Une palpitante « première » dans l’histoire des Jeux qui ne sera heureusement pas étendue aux athlètes qui auront, eux, accès à une offre avec viande, les malheureux.

Et puisqu’il s’agit d’aller toujours plus fort, plus haut et plus vite, ces Jeux ne s’arrêteront pas à ce genre d’expériences sociétales ou culinaires !

Pourquoi se contenter de bassins proprets à l’eau niaisement chlorée alors que la Seine offre ses rives chatoyantes et ses ondes transparentes ? C’est décidé ! Des épreuves de natation auront lieu dans le fleuve parisien, pour le plus grand bonheur des équipes sportives qui se trémoussent déjà d’excitation à l’idée d’aller tremper les fesses dans l’eau parisienne, et ce, malgré les moqueries de certains Français — dont certains vont jusqu’à s’y noyer pour enquiquiner les autorités — que la maire de Paris a intelligemment recadrés.

Ainsi, les Britanniques, connaissant bien le fleuve parisien, ont déjà mis sur pied un audacieux plan sanitaire leur garantissant un impact minimal sur leur tégument sensible de rouquins anglo-saxons : désinfection de la tête au pied après chaque test et chaque épreuve dans les eaux fluviales, désinfection systématique des combinaisons de nage, probiotiques pour renforcer la bonne flore intestinale et éviter les infections intestinales, rien n’est laissé au hasard par Mike Cavendish, le directeur de la performance des triathlètes britanniques.

Tout ça alors que tout le monde sait que la Seine sera aussi claire et praticable au moment des Jeux qu’elle l’est déjà actuellement, et les saumons qui la remontent régulièrement pourront en témoigner. Ah décidément, quels petits blagueurs ces Britons !

Pendant que nos amis d’outre-Manche font des insinuations à peine voilées, au moins peut-on d’ores et déjà se réjouir du fait que la billetterie tourne à plein régime. Véritablement, cela se bouscule au portillon des Jeux. Dépêchez-vous, il n’y en aura pas pour tout le monde. À moins d’être un VIP ou de rechercher des forfaits haut de gamme, qui, pour le coup, sont encore laAargement disponibles : de façon surprenante, il apparaît en effet que, par exemple, les billets pour la cérémonie d’ouverture au prix modique de 8500 euros la place ne se vendent pas tout à fait aussi bien que prévu. Rassurez-vous : « La demande est forte mais tardive » selon le directeur de l’agence chargé de la vente de ces billets. Grâce aux achats de dernière minute, ça va le faire.

Ce qui devrait ravir les responsables de la billetterie des Jeux paralympiques (dont la flamme sera apportée par un Drag Queen unijambiste je présume), dont seulement 900 000 billets sont partis sur les 2,8 millions prévus. Là encore, les vendeurs espèrent que leur stock partira dans les prochaines semaines voire pendant les épreuves olympiques, quitte à mettre encore une fois le public (c.-à-d. l’État) à contribution, 80 % des billets achetés jusqu’à présent l’ayant été par des acteurs publics, à savoir l’État pour 300 000 places et le reste par les partenaires publics des Jeux…

Cette petite tension palpable au niveau des billets se ressent d’une façon similaire au niveau des hôtels et des locations particulières (via des sites comme AirBnB) qui affichent « pas tout à fait complet » : après avoir copieusement augmenté leurs tarifs, les hôtels et les locations diverses et variées se retrouvent devant une petite déconfiture et… une baisse des réservations hôtelières pendant la période convoitée.

Il apparaît en effet que non seulement, les réservations ne rentrent pas trop, mais que les hôteliers font aussi face à des vagues d’annulation : certains touristes, prenant en compte les paramètres contextuels extérieurs de la ville de Paris (c.-à-d. il y a des travaux partout, la circulation est un enfer, l’insécurité foisonne, les grèves se multiplient, les dirigeants sont incompétents et l’organisation globale sent mauvais à 1000 bornes à la ronde), décident de remettre à plus tard leur passage dans la capitale, lorsque les festivités seront terminées et que la poussière nucléaire sera retombée…

Pas de doute, les astres s’alignent, les compétences s’accumulent, les événements s’emboîtent bien les uns dans les autres, comme il faut, de façon propre et carrée. Paris va être encore plus une fête que d’habitude.

Et pour que la fête soit encore meilleure, on conseillera aux lecteurs de s’en tenir éloignés.

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