03/01/2024 (2024-01-03)
[Source : xavier-bazin.fr]
Par Xavier Bazin
Cher(e) ami(e) de la Santé,
Dans les années 1970, le grand Linus Pauling a fait la promotion de la vitamine C contre le cancer.
Ce prix Nobel de chimie avait étudié à fond les effets de la vitamine C. Puis, il s’était allié avec un médecin écossais renommé pour conduire une étude sur des patients en phase terminale. Avec des résultats très prometteurs !
Mais deux grandes études « officielles » publiées en 19791 et 19852 ont conclu que cela ne « marchait pas », ce qui a freiné la recherche pendant des années.
Heureusement, des scientifiques indépendants ont continué à travailler. Et depuis les années 2000, ils montré que la vitamine C améliore clairement la qualité de vie des patients cancéreux… et pourrait même contribuer à prolonger leur vie !
Alors, que s’est-il passé à la fin des années 1970 ?
Pourquoi les études « officielles » ont-elles conclu à l’inefficacité de la vitamine C ?
Quand on se plonge dans la façon dont ces essais cliniques ont été menés, on comprend le problème.
En fait, le protocole de Linus Pauling a été totalement trahi3 :
- On a donné la vitamine C aux patients cancéreux par voie orale uniquement (en comprimés) alors que le protocole Pauling prévoyait aussi de la donner en intraveineuse (ce qui a des effets totalement différents) ;
- On a demandé aux patients d’arrêter la prise de vitamine C beaucoup trop tôt, au bout de 2 mois et demi en moyenne, alors que le protocole Pauling exigeait une prise au long cours (c’est d’autant plus crucial qu’un arrêt brutal provoque un « effet rebond » problématique) ;
- Et pour couronner le tout, le protocole n’a pas été respecté par les patients eux-mêmes : des participants du groupe « placebo » prenaient eux-mêmes de la vitamine C à haute dose !
Bref, on dirait que tout a été fait pour conclure que la vitamine C ne marche pas.
Alors, je me suis intéressé à l’auteur principal de ces études, le Dr Charles Moertel, un cancérologue reconnu à l’époque.
J’étais à peu près certain que j’allais trouver des liens étroits avec Big Pharma.
Eh bien pas du tout !
Non seulement je n’ai trouvé aucun conflit d’intérêts le concernant… mais il s’avère que le Dr Moertel n’hésitait pas à condamner publiquement la cupidité de l’industrie pharmaceutique4 !
Alors, comment expliquer la mauvaise foi avec laquelle il a conduit ses études sur la vitamine C ?
La réponse est simple.
Vous allez comprendre pourquoi les traitements naturels ont autant de mal à trouver leur place dans la médecine conventionnelle.
Car l’influence de Big Pharma n’explique pas tout.
De façon plus profonde, les approches naturelles menacent le prestige du médecin.
Quand on comprend que, pour éloigner les maladies, il faut d’abord s’occuper de notre « terrain »… c’est-à-dire optimiser notre « capital santé » pour renforcer notre organisme…
… on comprend que le « naturopathe » (au sens large) est au moins aussi important que le médecin !
Celui qui vous aide à mieux manger, mieux dormir, moins stresser… celui qui vous aide à vous détoxifier… celui qui vous aide à prendre les micronutriments dont votre corps a absolument besoin pour être « au top », etc., etc.
… celui-là est au moins aussi important (si ce n’est davantage !) que le médecin qui a d’abord appris à « attaquer » de front la maladie avec des médicaments ciblés.
Et ça, c’est inacceptable pour le corps médical.
Il faut mesurer les sacrifices inouïs que les médecins ont consentis pour décrocher leur diplôme :
- Une « première année » abominable, qui demande d’apprendre par cœur des livres entiers, du matin au soir, 7 jours sur 7, pendant une année entière (voire 2 ans dans les cas fréquents de redoublement) ;
- Des études interminables — les futurs médecins sont encore en classe ou en stage quand leurs camarades de classe profitent des avantages de la vie active ;
- Des stages hospitaliers éprouvants, avec des périodes de quarante-huit heures d’activité sans sommeil, ou presque.
Après tous ces sacrifices, il est normal que le « diplôme » prenne une valeur démesurée.
Il est compréhensible qu’on n’ait pas envie d’être comparé à un « vulgaire » naturopathe, dont on n’est même pas sûr qu’il ait décroché son bac.
Je ne dis pas que c’est bien, je dis que c’est humain.
C’est pourquoi il est si difficile pour les médecins de prendre du recul et d’accepter de remettre en cause les dogmes de leur profession.
Et l’un des dogmes les plus établis, consciencieusement intériorisé pendant les études médicales, c’est que les approches « naturelles » sont globalement du charlatanisme.
L’objectif de ce dogme absurde est très simple : il s’agit de protéger le prestige du corps médical contre la concurrence des « naturo ».
L’utilisation de la vitamine C en est un excellent exemple.
Elle a tout pour déchoir la blouse blanche de son piédestal :
- C’est une molécule naturelle, connue depuis plus d’un siècle — et non une nouvelle molécule complexe découverte par la recherche de pointe ;
- C’est une molécule qui peut se prendre en automédication, sans ordonnance, ce qui court-circuite l’intervention du médecin ;
- C’est une molécule qui ne comporte quasiment aucun effet indésirable ou contre-indication, ce qui rend son usage accessible au plus grand nombre, sans avoir besoin d’avis de spécialiste ;
- Et c’est une molécule dont l’objectif premier est de restaurer la santé, d’aider le corps à lutter contre la maladie, plutôt que de viser directement les symptômes de la maladie elle-même (la tumeur cancéreuse), comme les médecins sont habitués à le faire.
La seule chose qui est un peu « médicale », avec la vitamine C, c’est son utilisation en perfusion intraveineuse, ce qui justifie a minima l’intervention d’une infirmière qualifiée.
C’est d’ailleurs précisément ce qui a permis le regain de la recherche médicale depuis 20 ans !
C’est parce qu’on a découvert un mécanisme par lequel, à haute dose et en intraveineuse, la vitamine C parvient à détruire directement les cellules cancéreuses.
On retrouve ici la philosophie très médicale de la « chimiothérapie » (tuer l’ennemi) qui s’oppose au paradigme naturopathique visant en priorité à restaurer la santé.
Mais cet effet inattendu de la vitamine C en intraveineuse n’était pas encore connu, dans les années 1970.
Ni par le prix Nobel Linus Pauling, qui la défendait… ni par Charles Moertel, l’homme qui a saboté les études sur la vitamine C contre le cancer.
En fait, si Charles Moertel était hostile à la vitamine C, ce n’était pas pour protéger les profits des laboratoires pharmaceutiques…
… c’est parce qu’en médecin classique, il voulait lutter contre le soi-disant « charlatanisme » des approches naturelles… et préserver ainsi le prestige de sa profession.
Je ne dis pas cela en l’air. Je vais vous en donner la preuve :
Le Dr Moertel accepte d’infliger aux patients une chimiothérapie à laquelle il ne croit pas… mais refuse de leur donner de « faux espoirs » avec la vitamine C !
Dans les années 1970, les chimiothérapies n’étaient pas aussi répandues qu’aujourd’hui face aux tumeurs solides.
Mais certains cancérologues utilisaient déjà le 5-FU (fluorouracile), un médicament de chimio très puissant et aux lourds effets indésirables.
Le Dr Charles Moertel, lui, ne croyait pas en l’efficacité du 5-FU. Mais cela ne l’a pas empêché, dans son deuxième essai clinique sur la vitamine C, de placer sous 5-FU les patients qui ne semblaient pas « répondre » à la vitamine C5 !
D’un côté, donc, il déconseillait la vitamine C en disant qu’il ne fallait pas donner de faux espoirs aux patients avec des traitements non prouvés…
… et de l’autre, il n’a pas hésité à donner à ses patients un traitement toxique (5-FU)… qui n’avait jamais été testé dans le cadre d’études randomisées contre placebo… et qu’il jugeait lui-même inefficace !
La seule différence était que le 5-FU était une molécule :
- découverte peu de temps avant et synthétisée par une firme pharmaceutique (Roche-Hoffman) ;
- qui s’intégrait bien dans le paradigme médical visant à détruire les cellules cancéreuses ;
- et suffisamment toxique pour exiger l’expertise d’un oncologue pour l’administrer.
Le « deux poids, deux mesures » entre la vitamine C (naturelle) et le 5-FU (pharmacochimique) est évident.
Et si vous avez encore un doute, sachez que le Dr Moertel est aussi celui qui a « enterré » un autre traitement naturel prometteur contre le cancer, connu sous le nom de « vitamine B 17 ».
Il s’agissait du laetrile, une substance naturelle (mais assez toxique) contenue dans les noyaux d’abricots.
Eh bien le Dr Moertel s’est appuyé sur une étude qui n’était ni randomisée, ni contrôlée, pour conclure que le laetrile ne fonctionnait pas contre le cancer !
C’est le même médecin qui, à propos de la vitamine C, a rejeté les conclusions des études très prometteuses de Linus Pauling contre le cancer au prétexte qu’elles n’étaient pas randomisées contre placebo !
Clairement, le corps médical a de grosses difficultés à accepter les traitements qui heurtent frontalement le prestige de leur profession.
En voici une dernière preuve :
Pour enfoncer le clou : regardez comment a été accepté l’interféron par rapport à la vitamine C
L’interféron n’est presque plus utilisé en oncologie aujourd’hui, mais il a été pendant longtemps le traitement de référence de plusieurs cancers relativement rares.
Or l’interféron a des points communs évidents avec la vitamine C6.
- C’est une molécule naturelle : elle est produite par notre système immunitaire en réaction à une infection virale ;
- Contre le cancer, l’objectif est donc, comme pour la vitamine C, d’aider le système immunitaire à combattre les cellules cancéreuses (plutôt que de les détruire directement avec de la chimio).
Sans surprise, donc, dans les années 1970, les partisans de l’interféron ont dû faire face, eux aussi, au scepticisme des oncologues partisans de la chimiothérapie.
De plus, les premiers essais cliniques qui ont testé l’interféron contre le cancer ont été négatifs — comme pour la vitamine C.
Alors pourquoi, dans les années 1970-1980, l’interféron a-t-il fini par être accepté comme traitement officiel de certains cancers, là où la vitamine C a été massivement rejetée par l’establishment médical ?
Une grande différence est le mode de production.
Pour produire de l’interféron en quantité suffisante, il faut utiliser des techniques génétiques de pointe — ce qui passe par l’intervention de laboratoires ayant de gros moyens.
Résultat : des entreprises privées de biotechnologie se sont mobilisées. Puis, de grosses firmes pharmaceutiques (dont Hoffmann Roche) se sont battues pour obtenir des brevets sur l’interféron — alors qu’il était bien sûr impossible d’obtenir le moindre droit sur la vitamine C.
Et l’Institut national du cancer, si frileux pour tester la vitamine C, a débloqué des millions pour organiser des essais cliniques sur l’interféron.
C’est d’autant plus frappant que, contrairement à la vitamine C, l’interféron a de lourds effets indésirables — comparables à ceux de la chimiothérapie.
Mais pour les médecins, cela présente l’avantage du « contrôle » : l’interféron est un traitement accessible uniquement sur ordonnance et administré à l’hôpital.
De plus, l’interféron a été rapidement perçu comme un traitement complémentaire de la chimiothérapie — là où Linus Pauling insistait au contraire sur l’incompatibilité totale entre la vitamine C (booster du système immunitaire), et la chimiothérapie (qui détruit l’immunité).
L’interféron n’a donc pas été vécu par les partisans de la chimio comme une menace frontale, et a pu être testé en combinaison avec des médicaments de chimiothérapie.
L’ironie de l’histoire, c’est que Linus Pauling lui-même a essayé de « surfer » sur l’engouement en faveur de l’interféron… en expliquant que l’un des effets anticancer de la vitamine C venait du fait qu’elle facilitait la production d’interféron par le système immunitaire !
Mais comme on le sait, cela n’a pas suffi pour faire accepter son traitement.
La vitamine C était trop éloignée de la culture médicale et des intérêts des labos.
Mais comme vous le voyez, les deux vont de pair.
Il ne faut forcément pas crier à la corruption, quand on observe qu’un traitement naturel est injustement écarté par la médecine.
Le Dr Charles Moertel, l’homme qui a « tué » la vitamine C, n’était pas du tout corrompu par l’industrie.
Mais il était corrompu intellectuellement, par les dogmes de sa profession.
Des dogmes bâtis pour protéger le prestige du médecin.
Souvenez-vous de cette critique acerbe des médecins par Molière dans le Malade imaginaire :
« Les médecins savent parler en beau latin, savent nommer en grec toutes les maladies, les définir, et les diviser (…)
Toute l’excellence de leur art, consiste en un pompeux galimatias, en un spécieux babil, qui vous donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets. »
Quatre siècles plus tard, la médecine a fait des progrès considérables, évidemment.
Mais il reste vrai que les médecins tirent d’abord leur prestige de la maîtrise d’un savoir complexe et inaccessible à la plèbe.
Le problème de la vitamine C n’est pas seulement qu’elle n’est « pas assez chère ».
Son problème est aussi qu’elle est « trop simple ».
Bonne santé,
Xavier Bazin
Sources
⚠ Les points de vue exprimés dans l’article ne sont pas nécessairement partagés par les (autres) auteurs et contributeurs du site Nouveau Monde.
- [1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/384241/ [↩]
- [2] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3880867/ [↩]
- [3] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3951764/ [↩]
- [4] https://www.latimes.com/archives/la-xpm-1993-09-12-mn-34516-story.html [↩]
- [5] Voir l’excellent article : https://www.jstor.org/stable/284966 [↩]
- [6] Cette section repose également sur cette excellente revue
https://www.jstor.org/stable/284966 [↩]