La guerre Ukraine-Russie n’est pas la nôtre. Refusons les sacrifices imposés en son nom !

27/08/2022 (2022-08-27)

Par le Dr Gérard Delépine

L’Ukraine ne fait pas partie de l’organisation européenne ni de l’OTAN et dans l’Histoire n’a jamais été notre alliée. Elle n’est pas le modèle de démocratie, de liberté, ni de transparence que les médias tentent de nous faire croire. En tant qu’état le conflit Russie Ukraine ne nous concerne pas même si notre compassion pour les peuples russe et ukrainien nous invite à tout faire pour que les combats cessent le plus vite possible.

Nous aurions dû tout faire pour l’éviter et nous devrions tout faire pour qu’elle s’arrête le plus vite possible. Mais l’action de nos dirigeants loin de favoriser la paix prolonge inutilement cette guerre et conduit les Français vers des privations considérables totalement injustifiées.

Rappel des faits historiques

L’Ukraine est un pays tout neuf (33 ans). Si son peuple est ancien son territoire a été presque constamment morcelé, partagé par ses voisins plus puissants : Russie, Pologne, Lituanie ou Empire d’Autriche.

L’indépendance formelle, octroyée par la Russie en 1991 a été ratifiée par un référendum populaire. L’Ukraine est ainsi devenue un État composé de différentes ethnies parlant des langues différentes aux frontières incertaines à l’exemple de la Crimée qui lui a été donnée par un décret de Khrouchtchev(([1] Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev, né le 3 avril 1894 à Kalinovka, Empire russe, et mort le 11 septembre 1971 à Moscouhomme d’État soviétique dirigea l’URSS durant une partie de la guerre froide. Il fut premier secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique de 1953 à 1964 et président du conseil des ministres de 1958 à 1964)) niant son histoire (conquête sur l’Empire ottoman par la Russie) et la composition de sa population majoritairement russe. Depuis l’indépendance, le gouvernement de Kiev a tenté d’homogénéiser sa population et de gommer les héritages de son histoire en limitant l’enseignement des langues et les coutumes des minorités suscitant de nombreuses révoltes. La guerre Russie Ukraine n’est que l’internationalisation du conflit entre les minorités russophones de l’est et le pouvoir central de Kiev, parce que les accords de Minsk n’ont pas été appliqués.

Les accords de Minsk, seule alternative à la guerre

Les Accords de Minsk sont la seule voie crédible pour un règlement pacifique de la guerre dans le Donbass. L’accord du 5 septembre 2014 signé à Minsk par la Russie, l’Ukraine, les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk « RPD » et de Luhansk « “RPL”, réunies sous les auspices du “Groupe de contact trilatéral sur l’Ukraine” et l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a permis de diminuer l’intensité des combats pendant quelques mois, jusqu’à ce que les hostilités reprennent en décembre 2014. Le 11 février 2015, un second Accord de Minsk (Minsk II) a été signé par le Groupe de contact trilatéral et, à nouveau, par les représentants de la “RPD” et de la “RPL” après un sommet des chefs d’État ukrainien, russe, français et allemand.

Le Règlement politique du conflit des accords de Minsk prévoyait :

la décentralisation du pouvoir en Ukraine par un amendement à sa Constitution

l’adoption par l’Ukraine d’une loi relative au statut spécial des ORDLO(([2] Emprunté à l’ukrainien ОРДЛО́ (ORDLÓ), acronyme de окре́мі райо́ни Доне́цької та Луга́нської областе́й (okrémi rajóny Donécʹkoji ta Luhánsʹkoji oblastéj, « districts séparés des régions de Donetsk et Lougansk »).)) accordant l’autodétermination linguistique, le droit, pour les autorités locales des ORDLO, de nommer procureurs et juges, de constituer des “unités de police du peuple”, d’avoir une “coopération transfrontières avec des districts de la Fédération de Russie”, tout cela s’accompagnantd’un soutien social et économique de l’État ukrainien. Rétablissement des liens socio-économiques avec l’Ukraine, notamment en matière de fiscalité et de système bancaire.

L’organisation d’élections locales dans ces régions aux termes de la nouvelle loi 

l’octroi par l’Ukraine d’une amnistie aux participants au conflit.

L’Ukraine n’a pas appliqué la partie politique de l’accord, et a tenté de reprendre par les armes le contrôle des provinces sécessionnistes entraînant l’intensification des combats, puis l’entrée en guerre de la Russie.

Nous pouvions tenter d’éviter la poursuite de cette guerre et nous le devions !

La France, l’Allemagne et l’OSCE qui ont supervisé les négociations en étaient les garants, mais elles n’ont pas fait pression sur l’Ukraine pour qu’elle applique rapidement les accords, tandis que les USA la poussaient à l’intransigeance conduisant inéluctablement à la poursuite de la guerre.

A l’époque du conflit entre la Géorgie et la Russie (pour des raisons quasi identiques de minorités russophones d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie demandant leur autonomie) le président Sarkozy s’était déplacé comme arbitre et avait obtenu le cessez-le-feu arrêtant ainsi l’effusion de sang.

Malheureusement le président Macron n’a pas voulu suivre l’exemple de son prédécesseur et, poussé par les USA, a abandonné son rôle de garant des accords de Minsk et installé la France dans un rôle de cobelligérant en fournissant du matériel militaire offensif (missiles et canons) à l’Ukraine.

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, élément essentiel de la charte de l’ONU

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est aujourd’hui considéré comme l’un des droits les plus fondamentaux dans l’ordre juridique international.

La charte des Nations Unies l’exprime ainsi dans le chapitre 1, article 1 alinéa 2 :

Les buts des Nations Unies sont les suivants :

Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d’agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l’ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix.

Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde.

Ce droit des peuples a constitué le moteur des décolonisations, mais ne se limite pas à celles-ci. L’intégrité territoriale d’un État repose sur le désir des gens de vivre dans ce même État. C’est en application de ce principe que le Kosovo a été séparé de la Serbie alors qu’il constituait pour la majorité des Serbes le cœur historique de leur nation. La résistance opiniâtre qu’opposent les populations russophones du Donbass à la violence militaire que déploie l’Ukraine montre clairement que leur volonté n’est pas de vivre sous le joug du gouvernement de Kiev.

En armant l’Ukraine, nous prolongeons la guerre et les souffrances des Ukrainiens

Il n’y a que les propagandistes de l’OTAN pour faire croire qu’un tout jeune pays de 44 millions d’habitants sans industrie lourde puisse vaincre militairement un pays très industrialisé de 146 millions d’habitants qui ont démontré leur patriotisme contre Napoléon et Hitler. Ce mythe de la victoire possible grâce aux nouvelles armes (ce que prétendait déjà Hitler en 1944) que fournit l’Occident prolonge inutilement les hostilités et les souffrances du peuple ukrainien.

Mais ce conflit permet aux USA d’élargir l’OTAN, d’affaiblir durablement l’économie européenne, et de vendre son pétrole et son gaz de schiste.

Les sanctions enrichissent la Russie en augmentant le prix de l’énergie et du blé

La présidence de l’Europe et notre gouvernement ont prétendu que les sanctions économiques allaient faire chuter le rouble, ruiner l’économie de la Russie et l’isoler.

Mais depuis la mise en route des sanctions, c’est l’€ qui s’est affaibli tandis que le rouble s’est franchement réévalué. Il s’approche actuellement d’un taux de change à 50 roubles pour un dollar, pour la première fois depuis mai 2015 et a atteint un niveau historique face à l’euro avec 53 roubles pour 1 euro.

De même, la balance russe des paiements au lieu de chuter a progressé avec des excédents avoisinant chaque mois les 20-25 milliards de dollars, alors qu’en France le déficit mensuel s’accroît lentement mais sûrement (actuellement déficit mensuel autour de 13 milliards).

Les sanctions responsables de la Bérézina des entreprises françaises installées en Russie(([3] https://fr.rbth.com/economie/81954-entreprises-francaises-russie-classement))

À l’issue de 2021, la France et la Russie avaient affiché un volume d’échanges économiques supérieur à ce qu’il était avant l’introduction des sanctions en 2014. Parmi ses concurrents européens la France, premier employeur étranger en Russie se distinguait comme étant la seule de ces nations à enregistrer, une balance commerciale excédentaire avec la Russie.(([4] https://fr.rbth.com/economie/87787-echances-economiques-russie-france-balance-commerciale-2021-niveau-avant-sanctions))

Les principales entreprises actives en Russie étaient : Auchan (356,1 milliards de roubles de recettes), Leroy Merlin (226,7 milliards de roubles), Renault (126,2 mds de roubles), Danone (116 mds de roubles), L’Oréal (50,3 mds de roubles) Sanofi (48,6 milliards de roubles) et Schneider Electric (46,5 milliards de roubles).

Le retrait de Russie décidé par la Commission européenne (non élue et sans vote du Parlement français) entraîne pour toutes ces entreprises la perte sèche de leurs investissements. Ainsi Renault a reçu 1 rouble pour la vente de ses 2,2 milliards euros d’actifs. La perte des investissements, des activités en Russie et des bénéfices futurs aggrave le déficit de notre balance commerciale.

Les sanctions prétextes au rationnement des Français

Depuis l’annonce de ces sanctions, le prix des carburants à la pompe explose alors que le prix du pétrole brut baisse depuis juin 2022 (117 euros le 13 juin contre 95 euros le 16 août)(([5] https://cours-du-petrole.fr/)). Le prix des denrées alimentaires augmente considérablement. En France en un an(([6] https://www.oxfamfrance.org/communiques-de-presse/alors-que-le-prix-des-denrees-alimentaires-explose-un-nouveau-milliardaire-emerge-toutes-les-30-heures/)), le prix du pain a augmenté de 3,8 %, la farine et autres céréales ont augmenté de 9,7 %, les pâtes de 12,3 % et les huiles alimentaires (hors huile d’olive) de 15 %, et notre président nous prépare à l’austérité accrue avec « la fin de l’abondance, la fin de l’insouciance » en déclarant : « notre régime de liberté a un coût, qui peut exiger des sacrifices. ».

Or les sacrifices qu’il veut nous imposer ne servent en rien notre liberté. Ils témoignent au contraire de notre asservissement aux USA qui fait la guerre à la Russie au travers de l’Ukraine et des Européens. Une politique française libre imiterait celle de la Hongrie associant neutralité et appel à la résolution du conflit par l’application immédiate des accords de Minsk.

Cet hiver, je ne veux pas grelotter et devoir rationner mon alimentation inutilement

Les sanctions économiques sanctionnent avant tout l’Europe, sans aider le moins du monde l’Ukraine. Elles enrichissent la Russie. Elles enrichissent les USA par leurs ventes de gaz de schiste qui réduisent à néant nos timides efforts pour le climat. Elles font reculer la compétitivité de nos industries et de nos services par l’augmentation folle du prix des énergies.

Elles n’ont aucun intérêt pour résoudre le conflit militaire en cours et doivent être abolies sans délai pour ne pas davantage détruire notre économie et aggraver nos conditions de vie quotidienne.

Je ne veux pas grelotter cet hiver ni rationner mon alimentation parce que des technocrates européens non élus ont décidé ces sanctions folles.

La guerre Ukraine-Russie n’est pas la nôtre ! Exigeons de redevenir neutres et d’œuvrer pour la paix par la négociation.

Refusons les sacrifices supplémentaires injustifiés qu’on veut nous imposer !

Guerre Ukraine : Booba dénonce un « lavage de cerveau mondial »

En France, un chanteur de rap a plus de conscience politique qu’un artiste de la Comédie-Française…

Il est assez catastrophique de constater qu’en France malgré une élite artistique foisonnante et très arrogante, multi primée et reconnue mondialement, n’est pas capable d’avoir l’analyse géopolitique et encore moins le courage de tenir les propos d’un chanteur de rap comme Booba. Que dire de cette ribambelle d’écrivains parisiens qui passent leurs temps sur les plateaux télé à faire les intellectuels torturés ! Pour dire la vérité, même dans ce milieu du rap ils sont très peu nombreux à avoir le courage de dire ce qu’ils pensent.

« Je refuse de faire partie de cette mascarade », a déclaré Booba sur YouTube.

« On te fait prendre parti pour une cause qui n’est pas la tienne. Personne ne savait où était l’Ukraine, que le président c’était un Youtubeur. Personne se souciait de l’Ukraine et tout d’un coup c’est « notre guerre ». J’appelle ça du lavage de cerveau mondial, international. On n’a jamais été menacé par la Russie : pourquoi est-on en guerre contre la Russie ? »

« Si je suis sponsorisé par Puma et que demain Puma devient l’ennemi de Vladimir Poutine : où est le rapport avec le sport ? […] Qu’est-ce qu’on s’en bat les co… ? Je porte Puma, moi, [mais] je vais pas en guerre contre Poutine », a-t-il encore analysé.

Le rappeur avait décidé en mars de rompre son contrat avec Puma après l’annonce de l’entreprise allemande de fermer ses magasins en Russie.

« Ah frérot, c’est tellement complexe… », conclut Booba.


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