Au-delà des fantasmes, est-ce que l’État profond français existe ?

Par Claude Janvier

Avec le départ possible de Bruno Le Maire en Suisse, pays de cocagne, il apparaît nécessaire d’appréhender ce qu’est l’État profond français, mais aussi de comprendre les mécanismes de la dette réelle de la France. Dette que Bruno Le Maire a largement amplifiée durant son long séjour à Bercy.

Ce concept d’État profond représente la haute administration non élue et choisie par le chef de l’État pour décider de la politique et de la gestion des dépenses publiques. Avec plus de 3 100 milliards de dettes — source Ministère de l’Économie et des Finances 2024 (1), la France est sous la tutelle du lobby bancaire et Emmanuel Macron n’y est pas étranger.

Diplômé de l’école nationale de l’administration puis inspecteur des finances, il quittera la fonction publique pour une banque privée bien connue, à savoir la banque Rothschild, et deviendra son plus jeune associé gérant. Ce management transversal s’appelle « pantoufler ».

À ce sujet, passer de la fonction publique dans le secteur privé s’appelle du « pantouflage » et pose, en général, des problèmes éthiques et déontologiques, du fait d’une transparence souvent absente. Le terme de « rétro pantouflage » désigne, à l’inverse, le passage du secteur privé vers la fonction publique.

Le retour d’Emmanuel Macron dans l’administration française s’effectuera au ministère de l’Économie, véritable « cheval de Troie » du pouvoir bancaire afin de privatiser et de détruire, hélas, l’économie de notre pays. Les privatisations sont rendues légales grâce à une assemblée nationale, muée depuis bien trop longtemps en banale chambre d’enregistrement des ordres émanant du chef de l’État et de son Premier ministre.

Pour bâtir son réseau dans la haute administration, Emmanuel Macron utilise les cercles de réflexions répertoriés dans notre livre, qui sont de véritables lobbies décisionnels, lui permettant de nommer les futurs agents aux postes stratégiques. Ces hauts fonctionnaires obéissent, sans faillir, aux puissances étrangères qui en réalité, sont les véritables commanditaires et donneurs d’ordres à l’Élysée. Toute cette engeance pousse notre pays vers la ruine, pille l’épargne des Français, et enfonce le peuple français vers une paupérisation de plus en plus visible.   

Mais revenons à la dette publique. Elle correspond à l’ensemble des emprunts publics contractés par l’État, la Sécurité sociale, les organismes divers d’administration centrale (ODAC) et les collectivités territoriales.

Le détail de cette dette, tel que présenté sur le site de l’INSEE, se fonde sur la définition de la dette des administrations publiques au sens du Traité de Maastricht.

Pendant plus de trente ans, la France a connu une politique budgétaire laxiste. « L’État providence », souvent utilisé comme vache à lait par les banques, a dépensé sans compter pour financer la dette publique et assurer les salaires des fonctionnaires. Cependant, entre la dette corrélée au PIB et la dette publique, un flou persiste, particulièrement visible dans le bilan comptable de l’État français, notamment dans le registre « hors bilan bancaire ». Ce compte bancaire est fréquemment employé pour dissimuler les dettes embarrassantes — une pratique courante dans le monde financier pour camoufler des actifs toxiques et des soldes négatifs — qui pourraient ternir l’image d’une banque ou d’une multinationale, influant ainsi sur sa cotation boursière.

Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron, le triumvirat de l’enfer, ont généré donc une dette de plus de 3 100 milliards d’euros (1) — source Ministère de l’Économie et des Finances 2024, à laquelle il faut ajouter le hors bilan bancaire :

Extraits de l’article d’Atlantico du 29 mars 2024 : (2)

Engagements hors bilan. Pire que la dette et les déficits, les engagements hors bilan de l’État français

« En revanche, on trouve dans le hors bilan de l’État une dépense quasi certaine liée aux retraites que l’État s’est engagé à verser à ses personnels. Fin 2022, les engagements de retraite de l’État vis-à-vis des fonctionnaires civils et militaires représentaient 1 683 milliards d’euros, soit 65 % du PIB.

La dette publique ne tient pas compte de tous les engagements donnés par l’État. Ce n’est pas en soi une anomalie, sauf dans le cadre des retraites des fonctionnaires. Le dernier compte général de l’État intègre 2 200 milliards d’euros d’engagements hors bilan pouvant donner lieu à une implication indirecte de l’État. L’État garantit, par exemple, les livrets d’épargne réglementés soit 560 milliards d’euros d’engagements hors bilan, apporte 126 milliards de garantie au mécanisme européen de stabilité (MES), garantit 75 milliards d’euros de prêts au titre des PGE, pourrait en théorie être engagé pour le même montant vis-à-vis du plan de relance européen, soutient le commerce extérieur à hauteur de 60 milliards, garantit la dette de l’Unedic à hauteur de 52 milliards…

Les données sur les engagements hors bilan de l’État sont publiques et fournies chaque année dans les comptes de l’État sur le site des ministères économiques et financiers pour un montant total de 3 800 mds € (montant à comparer aux 3 088 mds € de dette indiqués par l’INSEE à la fin de 3e trimestre 2024), dont la moitié comme engagements de retraite de l’État. »

Si l’on additionne 3100 Mds € de la dette publique plus les 3800 Mds € des sommes mentionnées dans le hors bilan bancaire, on obtient un total vertigineux de plus de 6 900 milliards d’euros. Bagatelle ! 

Le reste de la situation en France est catastrophique. Entre le trafic de drogue qui explose, le nombre de SDF en constante augmentation, la criminalité en hausse, le bradage de nos industries, la crise sanitaire sous gérée, l’empêchement des médecins de soigner, la suppression des lits d’hôpitaux –17.600 —, la destruction de la justice, la privatisation de la Française des jeux, la carte blanche donnée au sulfureux cabinet-conseil McKinsey, la répression sanglante des Gilets Jaunes, les dettes, et la poussée très dangereuse d’une guerre contre la Fédération de Russie avec des provocations inutiles répétées sans cesse, on peut se demander si tout cela est bien réel.

Malheureusement oui. Étonnamment tout s’écroule, sauf le complexe militaro-industriel français. En effet, notre pays vient de décrocher la médaille d’argent mondiale en 2024 pour les ventes d’armes juste derrière les USA.

La France est à l’image de feu son paquebot qui, jadis, était une de nos fiertés. Touché, démantelé, coulé.

Heureusement que les preuves existent, bien que noyées sous un déluge de fausses informations, de discours trompeurs, de photos alléchantes, et masquées par des courbes et des graphiques trafiqués. L’élite au pouvoir semble intouchable. Il ne faut pas oublier qu’elle obéit au doigt et à l’œil à la finance internationale, ainsi qu’à leur idéologie mortifère. Mais le problème réside essentiellement dans la présence des seconds couteaux, au-delà des marionnettistes. Il s’agit de toute l’armada des petits chefs de la République exécutant avec un zèle absolu les ordres, soutenus par une presse obéissante et soumise, par une majorité d’artistes généreusement subventionnés par le ministère de la Culture et avec, malheureusement, une partie importante de la classe moyenne qui, soit se contente de ses propres préoccupations, soit se considère comme le justicier de l’État, donnant du fil à retordre à une minorité consciente des enjeux, tout en essayant de garder le cap envers et contre tous.

Soit, nous allons vers une causalité de plus en plus étendue, à savoir la compréhension des véritables enjeux, soit nous nous enfonçons dans une complaisance d’acceptation passive des événements menaçants notre survie, celle de nos voisins et de toute la population de la Terre.

Identifier les vrais responsables de nos maux et du déclin rapide de la France, permet, non seulement de comprendre, mais aussi de pouvoir y remédier. Rien n’est écrit, tout peut changer.

Claude Janvier.
Écrivain, essayiste et chroniqueur. Co-auteur du livre avec François Lagarde : « L’État Profond Français. Qui, comment, pourquoi ? » KA Editions. https://kaeditions.com/product/letat-profond-francais-qui-comment-pourquoi/

Notes :




L’oreille et la pomme

[Source : dedefensa.org]

Par Philippe Grasset

• Les théories complotistes ont fleuri, jusqu’à y voir un montage trumpiste pour récolter les lauriers d’un héroïsme hollywoodien. • Qui peut dire, et notamment quel George Clooney accepterait un rôle avec visée exclusive du haut de l’oreille droite ? • Au reste, qui peut dire si la pomme visée par Guillaume Tell n’était pas aussi un montage, et son fils un acteur de circonstance ? • Bref, l’écume des jours a déferlé sur l’événement, mais n’a pour résultat que de mettre en évidence l’exceptionnalité du comportement du candidat républicain. • La crise est entrée dans son paroxysme.

Il ne fait aucun doute que la tentative d’assassinat contre Trump, et le comportement extraordinaire du candidat constituent un tournant historique dans l’histoire des États-Unis ; et ne nous y trompons pas, pas nécessairement vers un meilleur, mais certainement vers un paroxysme de la crise. Le candidat républicain a acquis durant ces quelques secondes tragiques une aura exceptionnelle, représentant en soi un événement bouleversant.

Face à lui, l’establishment, encalminé dans cette affaire de la vieillesse et de la dégradation de l’état de santé et la capacité cognitive de Biden. Un commentateur russe cité par John Helmer fit cette remarque pince-sans-rire concernant Joe Biden :

« Biden est parfaitement à sa place : il représente complètement l’aspect décati, épuisé et hagard de l’establishment US, de ce qu’ils appellent “État profond” et de l’hégémonie américaniste… »

Le signe le plus évident de cet état malheureux de l’« État profond », si profond qu’il semble manquer d’air, c’est sa lenteur à prendre des décisions et son impuissance à les exécuter. Comment ont-ils pu attendre la fin de son mandat pour découvrir qu’il fallait ranger Biden dans un EPHAD de luxe, si tard qu’ils ne sont pas sûrs d’y parvenir ? Comment ont-ils pu attendre 2024 pour liquider Trump qui était déjà un danger à l’été 2016, — et pour le rater en lui offrant la plus formidable mythologie de ce monde politique, avec cette image de lui illustrant et symbolisant pour la foule de ses partisans un véritable héroïsme patriotique ?

Et le Washington « Post » lui-même, sur cette fameuse photo historique de Trump après le coup de feu qui le blesse, où d’autres ont vu une analogie involontaire et symbolique avec cette statue fameuse des Marines hissant le drapeau des États-Unis sur le sommet de la plus haute montagne de l’île de Iwo-Jima :

« Trump est vu avec du sang sur le visage, son bras droit levé pour brandir un poing à l’intention de la foule tandis que le drapeau américain flotte au-dessus de sa tête… Indépendamment de la façon dont cette photographie est lue et interprétée, elle est fortement construite, avec des angles agressifs qui reflètent le chaos et le drame du moment, et un équilibre puissant de la couleur, tout en rouge, blanc et bleu, y compris le ciel azur au-dessus et la bannière décorative rouge et blanche en dessous… Trump semble émerger de l’intérieur d’une version déconstruite de ses couleurs de base… C’est une photographie qui pourrait changer l’Amérique pour toujours. »

Le choix de J.D. Vance

Nous n’avons jamais caché notre préférence pour le choix de Tulsi Gabbard comme candidate vice-présidente de Trump. Ce choix n’a pas été fait, sans doute parce que la vertu essentielle de Gabbard risque de ne pas effacer son péché originel pour un certain nombre d’électeurs républicains. Démocrate à l’origine, elle s’est détachée de son parti à partir de 2016 jusqu’à en démissionner en 2022 en devenant l’une de ses principales critiques, estimant que ce parti était devenu le principal danger pour l’avenir des USA ; pour autant elle a conservé certaines valeurs sociales des démocrates. Trump a préféré un autre candidat qui, à notre avis, équivaut à Gabbard sur les questions essentielles de sécurité nationale : le sénateur républicain J. D. Vance.

Voici l’avis de Larry Johnson sur J.D. Vance :

« Je pense que c’est un excellent choix. Vance est l’une des rares voix isolées au Sénat à remettre en question la sagesse de continuer à verser des fonds des États-Unis. l’argent des contribuables, dans la fosse à merde ukrainienne. Vance, qui a servi comme Marine (atteignant le grade de caporal), a au moins la compréhension des implications d’un président prenant des décisions qui peuvent envoyer de jeunes soldats et des Marines au combat. Zelenski doit être paniqué. Si Trump et Vance l’emportent, ses jours d’escroquerie seront terminés.

Ce choix fait également hurler d’indignation la foule républicaine de Bush, car il marque un écart clair par rapport à la vision néoconservatrice de la lutte contre le monde et un passage à un message populaire qui met l’accent sur l’amélioration de la vie des Américains aux États-Unis, plutôt que sur le gaspillage de milliards de dollars dans des aventures militaires désastreuses à l’étranger.

Vance représente le genre de candidat que la classe moyenne américaine soutient depuis longtemps. Il est né et a grandi dans la pauvreté des Appalaches et, grâce à sa propre détermination, a fréquenté l’université, a obtenu son diplôme complet de la faculté de droit de Yale et n’est entré en politique que pour parler au nom de la classe moyenne oubliée. Mieux encore, il est, pour reprendre une expression de Boston, « méchamment intelligent » [« wicked smart »] ».

Il s’agit déjà d’un constat satisfaisant pour le Trump de 2024 par rapport au Trump-2016 : en parfait contraste avec le terne et néanmoins neocon Mike Pence qui trahit Trump en janvier 2021, le choix d’une vedette populiste et pacifiste prometteuse du Sénat. Nous espérons simplement que Trump poursuivra en donnant à Tulsi Gabbard un poste important dans son équipe de sécurité nationale.

Il faut également noter que le choix de Trump a été accéléré. Il était primitivement prévu pour après la convention démocrate et la résolution du « cas Biden », selon la personnalité choisie si la direction démocrate arrivait à convaincre Biden de s’en aller — ce qui n’est pas fait. Trump a bousculé son calendrier pour prendre une assurance : disposer d’un bon remplaçant en cas de malheur — temporaire ou définitif — de son côté, après « l’incident » (comme dit CNN) de Butler, et similaire à celui-ci. Il reste en effet trois gros mois de campagne et l’on a vu que l’efficacité du système de protection du candidat laisse à désirer.

Une dimension métahistorique

Le comportement de Trump après avoir été blessé a très fortement impressionné bien des commentateurs, même chez ses adversaires comme on l’a vu indirectement avec le Washington « Post ». Les termes employés pour décrire l’extraordinaire circonstance qui fait du tir sur l’oreille de Trump un cas historique à contre-emploi supérieur à la pomme de Guillaume Tell posée sur la tête de son fils, suivi du comportement de Trump, ont des accents mystiques et spirituels… Ainsi, du tweetX de Vivek Ramaswamy :

« Ils l’ont d’abord poursuivi en justice. Puis ils l’ont persécuté en justice. Ensuite, ils ont essayé de le retirer du scrutin. La seule chose plus tragique que ce qui vient de se passer, c’est que, si nous sommes honnêtes, ce ne fut pas vraiment un choc. L’inévitable condamnation rituelle de la violence politique par Biden aujourd’hui (quand elle surviendra) sera insuffisante et hors de propos. Aucun verbiage d’aujourd’hui ne change le climat national toxique qui a conduit à cette tragédie.

Apoorva et moi pleurons le participant au rassemblement qui a apparemment été tué par le tireur. Nous pensons que le fait que le président Trump soit actuellement en sécurité n’est rien de moins qu’un acte de Dieu. Mon cœur me dit que Dieu est intervenu non seulement pour Trump, mais pour notre nation. Aujourd’hui, la survie future des États-Unis d’Amérique se résume à moins d’un cheveu sur la trajectoire d’une balle. »

Vous vous dites : c’est du verbiage, tout ça. La même chose que Napoléon dans sa proclamation au soir d’Austerlitz, sans que l’on se réjouisse pour autant de cette bataille et de ses dizaines de milliers de morts, — mais il reste l’Histoire qui est à cet instant, verbiage ou pas, rien moins que de la métahistoire :

« Il suffira de dire “J’étais à Austerlitz” pour qu’on dise : “C’est un brave”… »

Alors, la transcription dans la vie quotidienne de l’événement, avec la trace illustrée qui en subsistera, devrait ouvrir un chemin assuré vers la victoire en novembre 2024. Ainsi l’exprime, dans le Wall Street « Journal », la commentatrice Peggy Noonan :

« Oh non, pas encore… J’ai envoyé un texto à l’ami que je devais rejoindre pour le dîner : “Quelque chose s’est passé”… J’ai appelé un parent et je lui ai dit d’allumer la télé… Nous avons regardé Trump être soulevé… Nous avons vu le sang près de son oreille… Quand ils l’ont descendu de l’estrade et qu’il a brandi son poing pour la foule et a crié : “Battez-vous”, mon parent a dit : “Eh bien, c’est fini”… Cela signifiait pour l’élection… Cela signifiait que vous ne donnez pas à l’Amérique une image pareille à une personne destinée à perdre, vous donnez à l’Amérique une image pareille et elle entre pour toujours dans la mythologie politique. »

Effectivement, on n’imagine pas autre chose ; effectivement, « en temps normal on dirait que c’est fini et qu’il a gagné », commentait Alexander Mercouris avec l’approbation d’Alex Christoforou. Mais, poursuit aussitôt le second, « Nous ne sommes pas dans un temps normal ». On, ne peut mieux dire., et l’on peut même étendre cette remarque au temps d’après, même si Trump remporte la victoire en passant d’un cheveu entre les balles.

Les lendemains qui tonnent

Il est vrai qu’aucune élection, dans l’histoire agitée des États-Unis, n’a été conduite dans un tel climat de confusion et de désordre, caractérisé par des haines et des peurs réciproques que rien ne semble devoir, ni pouvoir, ni même vouloir apaiser. Pour cette raison, nous ne pouvons arrêter notre regard prospectif concernant le climat et le sens général des événements au seul événement de l’élection — surtout, sans rien prévoir d’assuré. En admettant le plus probable aujourd’hui, qui est une victoire de Trump, et d’un Trump averti, expérimenté dans la bagarre politique, ayant goûté au prix du sang, — et nous disons qu’alors rien, absolument rien n’est réglé. L’élection de Trump en novembre, c’est tout juste, selon les expressions employées par Churchill pour décrire la guerre, c’est à peine « la fin du commencement ». Et tout cela dans une époque où chaque jour apporte ses surprises, où le temps et l’espace acceptent de se contracter pour permettre l’accélération sans cesse grandissante de la production d’événements.

La victoire de Trump exacerbera les oppositions — quand l’on voit et lit nombre de réactions d’adversaires de Trump sur TweetX et ailleurs, on en est convaincu. Il est assez probable que l’on sera très rapidement sur des territoires de l’illégalité, alors qu’on les frôle, sinon y pénètre par instant et circonstance dans la situation actuelle. La nature infiniment complexe des États-Unis, avec les pouvoirs intermédiaires qui réclament leur souveraineté (les États), le poids des richesses et leur action transgressant la politique d’une façon ouverte et admise par tous, la disposition universelle d’armes jusqu’aux plus puissantes par les citoyens eux-mêmes, enfin les circonstances actuelles de polarisation, tout conduit à l’impossibilité de conclure à la possibilité d’un transfert apaisé d’autorité, — d’une autorité qui n’existe même pas, qui est à « reconquérir ». (Bien entendu dans le cas inverse, celui d’une défaite de Trump, la situation serait pire encore, dans le sens de la signification, et dans tous les sens des événements.)

Alors peut commencer à se déployer la splendeur admirable des hypothèses sans nombre ni la moindre restriction sur l’avenir de cette puissance anciennement exceptionnelle, et désormais puisque l’Amérique est en train justement de perdre cette aura auquel elle prétendait avoir droit. On connaît nos convictions à cet égard — savoir que les USA se déferont de la même manière qu’ils se sont faits, mais à l’inverse : en défaisant les liens rattachant les États les uns aux autres. En un mot, un « retour à la normale », avec une Amérique chargée de toutes les illusions de son ancienne puissance acceptant de rentrer dans le rang qu’elle est habituée à commander et à orienter, nous paraît infiniment improbable.

L’attentat contre Trump et le doigt de Dieu poussant légèrement son visage pour remplacer son crane par une oreille, est un événement sans aucun doute métahistorique en même temps qu’anatomiquement habile. Reste à voir ce qu’il célèbre du destin de l’Amérique, avec le véritable rôle de Trump dont nous avons toujours pensé qu’il était destiné à jouer le déconstructeur du Système, c’est-à-dire le déconstructeur d’un système lui-même déconstructeur, c’est-à-dire un opposant direct et frontal du globalisme déconstructeur. Bref, notre religion est faite parce qu’avec Trump auréolé de son comportement à Butler et cette élection de novembre 2024, les véritables enjeux sont sur la table et chassent les vieux classements hérités du XIXe siècle (la « gauche » et la « droite » dont se repaissent les Français jusqu’à plus soif pour faire durer le plaisir de l’effondrement d’un système bricolé par des amateurs). Chacun sait désormais pour quoi il se bat et contre qui il se bat.




Marx, la république et son règne des banquiers

[Publication initiale : dedefensa.org]

Par Nicolas Bonnal

Oh, ce présent permanent : alors que l’élite mondialisée écrase en France le peuple sous son talon de fer au nom de la république, du libéralisme et des banquiers — surtout des banquiers —, j’invite à relire le bel essai de Marx sur la Lutte des classes en France, qui réconciliera un peu plus populistes de droite et de gauche. La scène se passe dans les années 1840 puis sous la Seconde République. On commence :

« Après la révolution de Juillet, lorsque le banquier libéral Laffitte conduisit en triomphe son compère le duc d’Orléans à l’Hôtel de Ville, il laissa échapper ces mots : “Maintenant, le règne des banquiers va commencer.” Laffitte venait de trahir le secret de la révolution. »

Et c’était en 1830… Après, c’est le règne prototypique de Louis-Philippe… Marx :

« Ce n’est pas la bourgeoisie française qui régnait sous Louis-Philippe, mais une fraction de celle-ci : banquiers, rois de la Bourse, rois des chemins de fer, propriétaires de mines de charbon et de fer, propriétaires de forêts et la partie de la propriété foncière ralliée à eux, ce que l’on appelle l’aristocratie financière. Installée sur le trône, elle dictait les lois aux Chambres, distribuait les charges publiques, depuis les ministères jusqu’aux bureaux de tabac. »

On se croirait sous Jospin-DSK, Sarkozy-Juppé, au moment des grandes privatisations qui marquèrent cette Restauration dont a parlé Pierre Bourdieu. On continue sur les innombrables malversations de cette époque qui inspira ses Misérables à Victor Hugo :

« En outre, les sommes énormes passant ainsi entre les mains de l’État laissaient place à des contrats de livraison frauduleux, à des corruptions, à des malversations et à des escroqueries de toute espèce. Le pillage de l’État en grand, tel qu’il se pratiquait au moyen des emprunts, se renouvelait en détail dans les travaux publics. Les relations entre la Chambre et le gouvernement se trouvaient multipliées sous forme de relations entre les différentes administrations et les différents entrepreneurs.

De même que les dépenses publiques en général et les emprunts publics, la classe dominante exploitait aussi les constructions de lignes de chemin de fer. »

On comprend nos travaux et infrastructures… Tiens, Karl Marx parle de Rothschild, ce compte fait baron :

« Par contre, la moindre réforme financière échouait devant l’influence des banquiers, telle, par exemple, la réforme postale. Rothschild protesta, l’État avait-il le droit d’amoindrir des sources de revenu qui lui servaient à payer les intérêts de sa dette sans cesse croissante ? »

On parle souvent des 1 % qui contrôlent ce pays. Du temps de Marx ils sont déjà là :

« La monarchie de Juillet n’était qu’une société par actions fondée pour l’exploitation de la richesse nationale française dont les dividendes étaient partagés entre les ministres, les Chambres, 240 000 électeurs et leur séquelle. Louis-Philippe était le directeur de cette société : Robert Macaire sur le trône. Le commerce, l’industrie, l’agriculture, la navigation, les intérêts de la bourgeoisie industrielle ne pouvaient être que menacés et lésés sans cesse par ce système. Aussi, celle-ci avait-elle inscrit sur son drapeau, pendant les journées de Juillet : Gouvernement à bon marché. »

La crapulerie immorale se déchaîne, c’est la bohème double V et le lumpenprolétariat aux commandes, toute la descente aux affaires (on ne citera pas nos scandales…) :

« C’est notamment aux sommets de la société bourgeoise que l’assouvissement des convoitises les plus malsaines et les plus déréglées se déchaînait, et entrait à chaque instant en conflit avec les lois bourgeoises elles-mêmes, car c’est là où la jouissance devient crapuleuse, là où l’or, la boue et le sang s’entremêlent que tout naturellement la richesse provenant du jeu cherche sa satisfaction. L’aristocratie financière, dans son mode de gain comme dans ses jouissances, n’est pas autre chose que la résurrection du lumpenprolétariat dans les sommets de la société bourgeoise. »

Depuis la « crise » de 2008 nous sommes recouverts de dette, comme tous nos voisins européens — et du coup bien soumis. La dette est la base de ce type de gouvernement. Marx :

« L’endettement de l’État était, bien au contraire, d’un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie qui gouvernait et légiférait au moyen des Chambres. C’était précisément le déficit de l’État, qui était l’objet même de ses spéculations et le poste principal de son enrichissement. À la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or, chaque nouvel emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’État, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables. Chaque nouvel emprunt était une nouvelle occasion, de dévaliser le public qui place ses capitaux en rentes sur l’État, au moyen d’opérations de Bourse, au secret desquelles gouvernement et majorité de la Chambre étaient initiés. »

Puis Marx se défoule d’une manière qui le mènerait légitimement en prison de nos jours :

« La bourgeoisie industrielle voyait ses intérêts menacés, la petite bourgeoisie était moralement indignée, l’imagination populaire s’insurgeait, Paris était inondé de pamphlets : “La dynastie Rothschild” “Les Juifs, rois de l’époque”, etc., où l’on dénonçait, flétrissait avec plus ou moins d’esprit, la domination de l’aristocratie financière. »

L’auteur ajoute :

« Rien pour la gloire ! La paix partout et toujours. La guerre fait baisser le cours du 3 et du 4 %. Voilà ce qu’avait écrit sur son drapeau la France des Juifs de la Bourse.Aussi, sa politique étrangère sombra-t-elle dans une série d’humiliations du sentiment national français… »

Oui, la diplomatie de Louis-Philippe fut une honte. Mais ne parlons pas de celle du successeur Bonaparte (Crimée et châtiment, Chine-Indochine, puis Mexique et enfin Sedan)…

Le pouvoir aux abois invoque toujours la république en France. Mais pour Marx la république est surtout un gouvernement de bourgeois au profit des plus riches ; il note :

« La République ne rencontra aucune résistance pas plus au dehors qu’au dedans. C’est ce qui la désarma. Sa tâche ne fut plus de transformer révolutionnairement le monde ; elle ne consista plus qu’à s’adapter aux conditions de la société bourgeoise. Rien ne témoigne plus éloquemment du fanatisme avec lequel le Gouvernement provisoire s’employa à cette tâche que les mesures financières prises par lui. »

La république aurait dû réagir contre les banquiers et les financiers. Marx :

« Le crédit public et le crédit privé étaient naturellement ébranlés. Le crédit public repose sur la croyance que l’État se laisse exploiter par les Juifs de la Finance. Mais l’ancien État avait disparu et la révolution était dirigée avant tout contre l’aristocratie financière. Les oscillations de la dernière crise commerciale en Europe n’avaient pas encore cessé. Les banqueroutes succédaient encore aux banqueroutes. »

Bien entendu l’épargnant de cette époque est destiné à être plumé :

« Le petit bourgeois, déjà bien assez réduit à la misère, en fut irrité contre la République. Ayant reçu à la place de son livret de caisse d’épargne, des bons du Trésor, il fut contraint d’aller les vendre à la Bourse et de se livrer ainsi directement aux mains des Juifs de la Bourse contre lesquels il avait fait la révolution de Février. »

L’argent est divinisé (ce que Céline arrivé à New York remarquera) :

« L’aristocratie financière qui régnait sous la monarchie de Juillet avait dans la Banque son Église épiscopale. De même que la Bourse régit le crédit public, la Banque gouverne le crédit commercial. Directement menacée par la révolution de Février, non seulement dans sa domination, mais dans son existence, la Banque s’appliqua, dès le début, à discréditer la République en généralisant la fermeture du crédit. »

Le gouvernement républicain loin de soumettre la banque s’y soumet gentiment (comme en 2008 — voyez Lucien Cerise) :

« Le Gouvernement provisoire pouvait, sans recourir à la violence de façon légale, acculer la Banque à la banqueroute ; il n’avait qu’à observer une attitude passive et à abandonner la Banque à son propre sort. La banqueroute de la Banque, c’était le déluge balayant en un clin d’œil du sol français l’aristocratie financière, le plus puissant et le plus dangereux ennemi de la République, le piédestal d’or de la monarchie de Juillet. Une fois la Banque en faillite, la bourgeoisie était obligée de considérer elle-même comme une dernière tentative de sauvetage désespérée la création par le gouvernement d’une Banque Nationale et la subordination du crédit national au contrôle de la nation. »

Mais le gouvernement provisoire dirigé par l’ânon Lamartine choisit la voie contraire. On commence à brader la France :

« Le Gouvernement provisoire, au contraire, donna cours forcé aux billets de banque. Il fit mieux. Il transforma toutes les banques de province en succursales de la Banque de France, lui permettant de jeter son réseau sur le pays tout entier. Plus tard, il engagea auprès d’elle les forêts domaniales en garantie de l’emprunt qu’il contracta envers elle. C’est ainsi que la révolution de Février consolida et élargit directement la bancocratie qu’elle devait renverser. »

Puis on choisira Fould comme ministre des Finances :

« Louis-Philippe n’avait jamais osé faire d’un véritable loup-cervier un ministre des Finances. De même que sa royauté était le nom idéal pour la domination de la haute bourgeoisie, les intérêts privilégiés devaient dans ses ministères porter des noms d’une idéologie désintéressée. La République bourgeoise poussa partout au premier plan ce que les diverses monarchies, légitimiste comme orléaniste, tenaient caché à l’arrière-plan. Elle fit descendre sur la terre ce que celles-ci avaient divinisé. Elle mit les noms propres bourgeois des intérêts de classe dominants à la place de leurs noms de saints. »

Conclusion à graver dans les cœurs quand on vous parle de révérer, diviniser et protéger la république dans la guerre et le sang :

« Toute notre exposition a montré que la République, dès le premier jour de son existence, n’a pas renversé, mais, au contraire, constitué l’aristocratie financière. Mais les concessions qu’on lui faisait étaient un destin auquel on se soumettait sans qu’on veuille le faire naître. Avec Fould, l’initiative gouvernementale revint à l’aristocratie financière. »

Avec ces gars de la bourse, la dette explose. Marx encore :

« Donc, sans bouleversement complet de l’État français, pas de bouleversement du budget public français. Avec ce budget public, nécessité de l’endettement de l’État, et, avec l’endettement de l’État, nécessité de la domination du commerce, des dettes publiques, des créanciers de l’État, des banquiers, des marchands d’argent, des loups-cerviers. Une fraction seulement du parti de l’ordre participait directement au renversement de l’aristocratie financière : les fabricants. »

Les bonnes vieilles méthodes de notre présent permanent :

« Sous Fould, l’aristocratie financière, à côté des autres fractions bourgeoises qui la jalousaient, n’étala point, naturellement, autant de corruption cynique que sous Louis-Philippe. Mais, d’abord, le système restait le même, augmentation constante des dettes, dissimulation du déficit. Puis, avec le temps, l’escroquerie boursière d’autrefois se manifesta avec plus de cynisme. »

Mais Marx parle aussi du peuple écrabouillé d’impôts alors que le riche passe au travers :

« Le paysan, lorsqu’il évoque le diable, lui donne les traits du porteur de contrainte. Dès le moment où Montalembert fit de l’impôt un dieu, le paysan devint impie, athée et se jeta dans les bras du diable, du socialisme. La religion de l’ordre s’était moquée de lui, les jésuites s’étaient moqués de lui, Bonaparte s’était moqué de lui. »

Marx ajoute encore sur le fisc français :

« La haine populaire contre l’impôt sur les boissons s’explique par le fait qu’il réunit en lui tous les côtés odieux du système fiscal français. Son mode de perception est odieux, son mode de répartition est aristocratique, car, les pourcentages d’impôt étant les mêmes pour les vins les plus ordinaires et pour les plus fins, il augmente donc en proportion géométrique dans la mesure où diminue la fortune des consommateurs, c’est un impôt progressif à rebours. »

Et que faire pour calmer tous ces mécontents ? Les mitrailler, car, comme dit Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues, c’est le seul moyen de faire taire des ouvriers…

Sources

Marx, Luttes des classes en France




La grande trahison britannique

La montée du régime des rentiers en Grande-Bretagne

[Source : unz.com]

Par Keith Woods – 4 juillet 2024

Depuis l’élection du gouvernement conservateur de Margaret Thatcher en 1979, la Grande-Bretagne a vécu une grande expérience. Sur le plan économique, le Royaume-Uni est devenu le modèle du néolibéralisme en Europe. Sur le plan politique, le Royaume-Uni s’est tranquillement transformé en un État postnational, subissant l’une des plus grandes transformations démographiques de l’Occident.

Bien que la victoire écrasante du « New Labour » de Tony Blair en 1997 ait pu apparaître comme un retour au modèle de social-démocratie européenne que la Grande-Bretagne avait illustré après la Seconde Guerre mondiale, la « troisième voie » de Blair représentait plutôt l’adoption du néolibéralisme par la gauche de l’establishment, joliment résumée par la déclaration de son porte-parole Peter Mandelson selon laquelle « nous sommes tous des Thatchériens maintenant ».

Sous la direction du parti conservateur et du New Labour, la Grande-Bretagne est passée d’une puissance industrielle et manufacturière traditionnelle à une économie de rente hautement financiarisée. Les effets ont été profonds. La situation du Britannique moyen s’est considérablement dégradée et des régions entières ont été laissées pour compte, alors même que Londres est devenu un centre financier international en plein essor. Le Royaume-Uni a été dénationalisé par des décennies d’immigration de masse et de gauchisme culturel, et est devenu l’exemple même de l’« anarcho-tyrannie », où l’État punit avec une extrême sévérité les délits mineurs et les actes de dissidence contre le consensus libéral, tandis que la grande criminalité échappe à tout contrôle dans les grandes villes.

Le régime des rentiers

La transformation fondamentale de l’économie britannique depuis les années 1980 est le passage d’une économie qui fabrique des objets à une économie qui fabrique de l’argent. Jusqu’alors, la puissance économique de la Grande-Bretagne était centrée sur l’industrie manufacturière. La Grande-Bretagne a été le berceau de la révolution industrielle, et la double expansion de son empire colonial ainsi que les progrès rapides de l’ingénierie ont permis la création d’un vaste réseau commercial, où les colonies fournissaient les matières premières et les marchés pour l’industrie manufacturière britannique. Les villes du nord de l’Angleterre, comme Manchester, Sheffield et Newcastle, sont devenues des centrales manufacturières au service du monde entier.

La Grande-Bretagne est passée d’un capitalisme entrepreneurial à un capitalisme rentier : un système économique organisé autour d’actifs générateurs de revenus. Dans ce système, la propriété de biens rares recherchés — terres, ressources naturelles, propriété intellectuelle — est à l’origine d’une grande partie de l’activité économique, et le régime est dominé par des rentiers extrêmement riches. La richesse se construit autour de l’avoir plutôt que de l’action.

Dans son livre Rentier Capitalism, le géographe économique Brett Christophers a montré que les réformes de l’ère thatchérienne ont eu pour principal effet d’ouvrir aux rentiers de nouvelles sources de revenus qui n’ont eu que peu ou pas d’effets productifs. Depuis lors, la tendance a été de privilégier l’accumulation de rentes au détriment de l’investissement dans l’activité économique productive. La part du PIB britannique provenant de l’industrie manufacturière était de 32 % en 1973, elle est aujourd’hui inférieure à 9 %. Le Royaume-Uni produit aujourd’hui beaucoup d’argent, mais pas grand-chose d’autre.

Depuis le premier gouvernement Thatcher, un certain nombre d’évolutions ont favorisé les rentiers et privé les locataires de leur pouvoir : suivant les prescriptions monétaristes de l’école économique de Chicago, le gouvernement Thatcher a privatisé de vastes quantités d’actifs publics et déréglementé les marchés financiers, ce qui a permis une croissance massive du crédit porteur d’intérêts (la dette des ménages est passée de 37 % à 70 % du PIB sous Thatcher). Les grandes découvertes de pétrole et de gaz dans la mer du Nord britannique, ainsi que l’émergence de nouvelles technologies et plateformes numériques génératrices de rentes, ont également entraîné le gonflement des portefeuilles des rentiers.

Les gouvernements successifs ont modifié la politique fiscale pour favoriser les rentiers. Par exemple, en 2016, le gouvernement conservateur a introduit la « Patent Box », qui permet aux entreprises de payer un impôt sur les sociétés nettement inférieur (de 10 % seulement) sur les bénéfices tirés de la propriété intellectuelle. Cette mesure a surtout profité à des géants comme GlaxoSmithKline, l’entreprise pharmaceutique britannique, qui a déclaré que ce changement lui avait permis de conserver 458 millions de livres sterling supplémentaires par an.

Le Royaume-Uni a également été le premier gouvernement à lancer les partenariats public-privé, dans le cadre desquels les services publics et les infrastructures sont confiés à des entreprises privées qui perçoivent des loyers, bien que l’État conserve une grande partie du risque financier. Ces programmes de PPP ont non seulement permis aux entreprises privées qui les exploitent de réaliser d’énormes bénéfices, mais il a été démontré à maintes reprises qu’ils coûtaient plus cher au gouvernement que s’il finançait directement les projets publics. Un rapport intitulé « The UK’s PPPs Disaster » (Le désastre des PPP au Royaume-Uni) note que :

Depuis 1992, les PPP ont produit des actifs publics d’une valeur en capital de 71 milliards de dollars. Le gouvernement britannique paiera plus de cinq fois ce montant selon les termes des PPP utilisés pour les créer.

De plus, une grande partie de cette gigantesque rente extraite du public britannique au profit de la finance privée est délocalisée et échappe à l’impôt. En 2011, la commission britannique des comptes publics a signalé que des investisseurs soutiraient d’énormes profits aux contribuables britanniques en achetant des contrats pour des écoles et des hôpitaux financés par des PPP, et en transférant les recettes à l’étranger. La commission a indiqué que de nombreux contractants de PPP sont basés dans des paradis fiscaux offshore, ce qui tourne en dérision l’hypothèse du Trésor britannique selon laquelle ces contractants profiteraient à l’économie britannique en payant des impôts.

Le gouvernement Thatcher a également accordé des conditions extrêmement généreuses aux compagnies pétrolières qui exploitaient le pétrole britannique de la mer du Nord. La découverte d’abondantes réserves de pétrole et de gaz dans la mer du Nord a largement contribué à financer le boom économique des années 1980 et à masquer la contraction de l’économie réelle au cours de cette période.

Mais alors que des pays comme la Norvège ont investi les grandes découvertes pétrolières dans des investissements à long terme tels que les fonds souverains, le gouvernement de Thatcher s’en est servi pour financer des réductions des taux supérieurs de l’impôt sur le revenu. Un économiste a estimé que si les 3 % du revenu national générés par l’extraction de pétrole et de gaz avaient été investis dans des actifs ultra-sûrs, ils auraient été évalués à 450 milliards de livres sterling en 2008. Au lieu de cela, cet argent a été utilisé pour financer un grand cadeau en espèces pour les plus hauts revenus de la société britannique, dont une grande partie a ensuite été réinvestie dans des actifs immobiliers et utilisée pour gonfler le marché du logement, plutôt que de stimuler la croissance économique réelle.

La privatisation, la déréglementation et la financiarisation ont conduit la Grande-Bretagne à devenir, selon les termes du Financial Times, un « paradis des rentiers ». Pendant tout ce temps, cette transformation et l’énorme transfert de richesse qu’elle a entraîné ont été subventionnés par les Britanniques, dont la plupart ont vu leur niveau de vie décliner ou stagner pendant des décennies. Le Royaume-Uni est un régime de rentiers — toutes les politiques menées depuis les années 1980 peuvent être comprises comme favorisant les rentiers, même (et souvent) au détriment de l’intérêt national.

Le trou noir financier de Londres

Londres a toujours été le siège de la finance et du gouvernement britanniques, mais sous Thatcher, l’économie financiarisée a commencé à se dissocier de plus en plus de l’économie traditionnelle tout en devenant la force motrice de la croissance économique du nouveau modèle. Les plus hautes instances du gouvernement britannique et la Banque d’Angleterre en sont venues à servir de plus en plus les intérêts de l’élite financière londonienne. Le nouveau modèle adopté en Grande-Bretagne était :

Très influencée par des personnes ayant une formation dans le domaine des marchés financiers. Ils en savaient beaucoup sur la City et les marchés de capitaux, mais relativement peu sur l’industrie manufacturière et les industries régionales. Pour eux, les marchés étaient une affaire de transactions, et non de production, de main-d’œuvre ou de matériaux. Pour eux, l’industrie faisait partie d’un espace étranger vieillissant. La finance était leur nouveau monde.1

Le graphique ci-dessous illustre l’explosion des services financiers basés à Londres dans la croissance de l’économie britannique :

En plus de permettre la croissance des services financiers à Londres, la déréglementation des gouvernements thatchériens et blairistes successifs a fait de Londres un énorme centre de spéculation. L’immobilier londonien est devenu un produit particulièrement prisé par les élites mondiales. En 2015, il a été rapporté que les acheteurs non-résidents avaient dépensé plus de 100 milliards de livres sterling dans l’immobilier britannique au cours des six années précédentes. Les acheteurs étrangers représentent désormais 41 % de l’activité du marché immobilier londonien. Bon nombre des propriétés résidentielles haut de gamme achetées par les oligarques sont laissées vides — Londres compte aujourd’hui plus de 34 000 logements classés comme « vacants à long terme ».

Lorsque l’on sait que Londres est un centre financier en plein essor et la première destination des super riches du monde, on peut penser que c’est un bienfait absolu pour l’économie britannique. Or, il est prouvé que le centre financier de Londres est devenu un trou noir pour le reste de la Grande-Bretagne et son économie plus traditionnelle.

La sagesse conventionnelle des réformateurs néolibéraux voulait que la croissance du secteur financier profite aux autres secteurs de l’économie : non seulement il y a plus d’argent qui fluctue à la recherche d’opportunités d’investissement, mais un secteur financier plus important signifie que plus de connaissances circulent sur les marchés qu’il étudie, que les marchés sont plus efficaces, et donc que les investissements sont plus efficaces.

Depuis le krach financier de 2008, on a appris beaucoup de choses qui remettent en cause cette hypothèse. Une étude réalisée en 2015 par la Banque des règlements internationaux a conclu que :

La croissance du système financier d’un pays freine la croissance de la productivité. Cela signifie que l’augmentation de la croissance du secteur financier réduit la croissance réelle. En d’autres termes, les booms financiers ne favorisent généralement pas la croissance, probablement parce que le secteur financier est en concurrence avec le reste de l’économie pour les ressources.2

Se référant spécifiquement à la Grande-Bretagne, les auteurs de The Finance Curse (La malédiction de la finance) écrivent :

La « financiarisation » a évincé l’industrie manufacturière et les services non financiers, privé les gouvernements de personnel qualifié, renforcé les disparités régionales, encouragé la recherche de rentes financières à grande échelle, accru la dépendance économique, augmenté les inégalités, contribué à priver la majorité de ses droits et exposé l’économie à des crises violentes. La Grande-Bretagne est sujette à la « capture du pays », l’économie étant limitée par la finance, et la politique et les médias étant sous son influence.3

En 2018, un trio d’économistes a tenté de chiffrer le coût de cette « malédiction financière ». Ils ont conclu que sur une période de 20 ans seulement, de 1995 à 2015, la financiarisation excessive a coûté à l’économie britannique 4,5 milliards de livres sterling en croissance non réalisée.4

La déréglementation a également permis au Royaume-Uni de devenir un centre mondial de la fraude financière. Un rapport de 2016 estime que la fraude financière coûte au Royaume-Uni 193 milliards de livres sterling par an, soit plus que le budget total du Service national de santé. Margaret Hodge, ancienne présidente de la commission britannique des comptes publics, a qualifié le Royaume-Uni de « pays de prédilection pour tous les kleptocrates, escrocs et despotes du monde ». Dans une affaire très médiatisée qui illustre le rôle que joue désormais Londres, la ville a été au centre d’un vaste système de blanchiment d’argent russe dans lequel des initiés russes ont blanchi jusqu’à 80 milliards de dollars d’argent sale, en les faisant transiter par des sociétés fictives enregistrées à Londres.

La City de Londres — le quartier financier déréglementé et semi-indépendant de Londres — est également au centre de l’économie mondiale du « shadow banking » [banques parallèles ou de l’ombre], dont on estime aujourd’hui qu’il représente la moitié des actifs mondiaux. Depuis les années 1950, la Grande-Bretagne a créé un écosystème financier extrêmement complexe qui fait appel à des juridictions britanniques offshore déréglementées, telles que les îles Caïmans et Jersey, permettant aux super riches du monde entier de dissimuler leurs richesses et leurs activités commerciales à l’abri de l’impôt et de la réglementation.

La déréglementation par le gouvernement britannique du « marché des eurodollars » des transactions offshore — effectuée sciemment à une époque de déclin colonial britannique pour tenter de maintenir la puissance financière britannique — a permis à la City de Londres de devenir « le principal centre névralgique du sombre système offshore mondial qui cache et protège la richesse volée du monde ». La City de Londres profite ainsi du fait qu’elle prive le monde de centaines de milliards d’impôts perdus et qu’elle facilite la fraude et la tromperie à grande échelle.

La façon dont l’État rentier traite la monnaie nationale est un moyen négligé par lequel la financiarisation tire vers le bas le reste de l’économie. La tentative de faire de la Grande-Bretagne une plaque tournante pour les flux d’argent étranger a poussé les gouvernements successifs à vouloir une livre sterling « forte » ou surévaluée par rapport aux autres monnaies.

L’effet de cette livre surévaluée a largement contribué au déclin de l’industrie manufacturière britannique — les exportateurs souffrent d’une monnaie surévaluée, car leurs produits deviennent moins abordables pour les autres pays. Entre 1950 et 1970, la part de la Grande-Bretagne dans l’industrie manufacturière mondiale est passée de 25 % à 10 %. Bien que ce phénomène ait souvent été présenté comme une caractéristique inévitable de la modernisation, au cours de la même période, la part de l’Allemagne est passée de 7 % à 20 %.5 La différence essentielle réside dans le fait qu’en Allemagne, les politiques monétaires ont été délibérément définies pour favoriser la croissance de l’industrie, alors qu’en Grande-Bretagne, les intérêts industriels ont été considérés comme subordonnés à la finance et à la banque.

En s’appuyant sur la finance pour remplacer la croissance économique autrefois assurée par la production industrielle et l’innovation, la Grande-Bretagne a suivi la voie tracée par d’autres grands empires. Les hégémons capitalistes précédents, comme Gênes et les Pays-Bas, ont également encouragé la spéculation financière et tenté de bâtir leur économie sur l’usure lorsqu’ils ont décliné.

Pour la Grande-Bretagne, cela a permis de maintenir un niveau de puissance économique auquel ses citoyens étaient habitués, mais il s’agit d’une situation précaire. L’économiste Philip Pilkington explique comment fonctionne cette affaire de finance internationale :

La Grande-Bretagne est autorisée à enregistrer d’importants déficits commerciaux parce que ses partenaires commerciaux sont désireux de détenir des actifs financiers domiciliés en Grande-Bretagne. Cela permet aux Britanniques de vivre au-dessus de leurs moyens. Les étrangers envoient à la Grande-Bretagne des biens qu’ils ne pourraient pas s’offrir autrement, la Grande-Bretagne envoie des livres sterling en retour et, au lieu de déverser des livres sterling sur les marchés des changes — ce qui fait baisser leur valeur et rend les biens moins abordables pour les Britanniques — les étrangers achètent des actifs financiers britanniques. La Grande-Bretagne est un pays à faible revenu potentiel qui mène la vie d’un pays à revenu élevé, et ce sont les financiers de la City qui veillent à ce que tout se passe bien. Un arrangement astucieux, mais manifestement instable.

Il y a déjà des raisons de penser que cette relation précaire est menacée. Les riches fuient le Royaume-Uni en masse – 9 500 millionnaires devraient quitter le pays en 2024. Le Royaume-Uni n’est devancé que par la Chine au niveau mondial pour ce qui est de l’émigration des millionnaires, mais il la surpasse par habitant d’un facteur de 14.

Dans le même temps, de nombreux poids lourds de l’économie britannique sont vendus à des capitaux américains. Blackrock vient de finaliser l’acquisition du fournisseur de données Preqin, basé au Royaume-Uni, pour un montant de 3,2 milliards de dollars. Pour des économistes comme Pilkington, il s’agit d’une nouvelle phase du long déclin de la Grande-Bretagne et de son retrait de la scène mondiale, la consolidation finale d’un accord d’après-guerre qui a fait du Royaume-Uni un partenaire subordonné aux États-Unis :

Dans les années 1980 et 1990, la Grande-Bretagne a réussi à se tailler une place dans le monde en devenant un centre financier majeur. Mais il est bien connu depuis longtemps que la City de Londres n’est qu’un avant-poste de Wall Street. Depuis la crise financière de 2008, la City a perdu de son importance, de plus en plus d’entreprises britanniques étant cotées à la Bourse de New York. Aujourd’hui, l’économie britannique financiarisée est activement utilisée comme une arme contre le pays pour dépouiller ses entreprises et les placer sous contrôle américain.

Les laissés pour compte

Un article paru en 2022 dans le Financial Times brosse un tableau sombre de la réalité économique de la plupart des Britanniques, masquée par les mesures populaires de la santé économique telles que le PIB. Bien que la Grande-Bretagne compte de nombreuses personnes fortunées, le citoyen moyen n’est pas très bien loti par rapport aux autres pays développés. En fait, les ménages britanniques les plus modestes sont 20 % plus mal lotis que leurs homologues slovènes. Le niveau de vie de la classe moyenne britannique diminue rapidement par rapport au reste de l’Europe :

En 2007, la situation du ménage britannique moyen était inférieure de 8 % à celle de ses homologues d’Europe du Nord-Ouest, mais le déficit s’est depuis envolé pour atteindre le chiffre record de 20 %. Si les tendances actuelles se maintiennent, le ménage slovène moyen sera mieux loti que son homologue britannique d’ici à 2024, et la famille polonaise moyenne prendra de l’avance avant la fin de la décennie.

La Grande-Bretagne est, selon les termes de l’auteur, un pays pauvre avec quelques personnes très riches. On pourrait aussi dire que la Grande-Bretagne est un pays pauvre avec une région très riche. Les données présentées par le même auteur montrent que la suppression de Londres réduirait de 14 % le niveau de vie moyen des Britanniques, ce qui laisserait le reste du pays plus pauvre que tous les États des États-Unis.

Cela montre à quel point le déclin général de la Grande-Bretagne a été masqué par la croissance du capitalisme financier. L’économie britannique stagne depuis la crise financière de 2008. Depuis lors, les salaires réels ont baissé de 3 %. À titre de comparaison, les salaires réels en Allemagne ont augmenté de près de 9 % au cours de la même période. À cela s’ajoutent une crise du coût de la vie et une inflation élevée persistante depuis 2021, ainsi qu’une hausse du coût des loyers. Plus d’un tiers des Britanniques consacrent plus de la moitié de leurs revenus au loyer, 80 % y consacrent plus d’un tiers. Ici aussi, le passage à une économie de rente a été dévastateur.

Lors des élections générales de 1979, l’une des promesses les plus populaires de Margaret Thatcher a été le « droit d’acheter », promettant à plus de 5 millions de locataires de logements sociaux le droit d’acheter leur logement aux autorités locales à des prix très réduits. La remise moyenne obtenue par les bénéficiaires du programme était de 44 %, une aubaine étonnante si l’on considère l’ampleur de l’augmentation de la valeur de bon nombre de ces maisons — dans le sud de l’Angleterre, en 1981, l’évaluation moyenne d’une propriété soumise au droit d’achat était d’un peu moins de 20 000 livres. La plupart des ventes ont été financées par des prêts.

Cette politique a incarné l’éthique de Thatcher au plus haut point, en vendant des ressources publiques au rabais, financées par des crédits privés, et en inculquant aux millions de nouveaux propriétaires un esprit d’individualisme et d’indépendance vis-à-vis de l’État-providence, qui les pousse à prendre des risques.

Au cours de la décennie suivante, les loyers ont considérablement augmenté pour ceux qui n’ont pas eu recours au droit d’achat. En effet, les locataires les plus pauvres ont subventionné, par des loyers plus élevés, la capacité de leurs voisins plus aisés à devenir propriétaires. Depuis le droit d’acheter, le nombre de logements sociaux disponibles a chuté, tout comme la construction de ces logements. 40 % des anciens appartements sociaux vendus dans le cadre du droit d’achat légal sont aujourd’hui des logements locatifs privés. Ainsi, alors que les Britanniques de la classe moyenne inférieure ont pu faire l’expérience de l’accession à la propriété à un prix abordable dans les années 1980, des millions de jeunes vivent aujourd’hui dans la précarité en matière de logement, contraints de louer des logements privés excessivement chers sans espoir de pouvoir s’offrir une maison.

Le programme a également retiré du pouvoir aux autorités locales, qui ne peuvent plus faire grand-chose pour résoudre les problèmes locaux de logement, si ce n’est s’adresser au gouvernement londonien. Il s’agit de l’un des plus grands programmes de privatisation jamais entrepris, d’une étape majeure dans la transition vers une économie de rente et d’un exemple classique de politiciens profitant de gains à court terme au détriment des préoccupations à long terme. À l’instar de l’argent prélevé sur le pétrole de la mer du Nord, le gouvernement de Thatcher a pris aux générations futures pour s’enrichir à court terme.

Bien entendu, aucune crise du logement ne peut s’expliquer uniquement par l’offre, et le logement est l’un des secteurs de l’économie les plus clairement touchés par des décennies d’immigration de masse.

L’État de la migration

J’ai déjà écrit sur la transformation démographique de la Grande-Bretagne par l’immigration de masse. Je ne reprendrai pas l’analyse qui y est présentée, mais dans ce contexte, il vaut la peine de discuter de la manière dont la transformation de la Grande-Bretagne en un État migratoire est allée de pair avec son adhésion au néolibéralisme.

La transformation démographique de la Grande-Bretagne

En Grande-Bretagne, comme dans le reste de l’Europe, la gauche a tenu à présenter la Grande-Bretagne comme un pays historiquement multiculturel. Dans le même temps, la droite dissidente, en mettant l’accent sur les changements radicaux qui ont affecté l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, oublie parfois à quel point les changements démographiques radicaux des nations européennes sont récents. Les années 1980… Lire la suite

L’immigration nette au Royaume-Uni a explosé sous le gouvernement du New Labour après 1997, et s’est poursuivie avec les gouvernements conservateurs successifs depuis les années 2010, atteignant aujourd’hui un niveau historique. Cette évolution était largement motivée par des considérations idéologiques, l’ancien conseiller travailliste Andrew Neather ayant admis que son parti souhaitait mettre le nez de la droite dans la diversité et « faire du Royaume-Uni un pays véritablement multiculturel ».

Mais l’adoption par le New Labour de prescriptions économiques néolibérales a également été à l’origine de cette nouvelle approche de l’immigration, le parti travailliste s’étant détourné de son approche économique keynésienne traditionnelle pour donner la priorité à la flexibilité du marché du travail et à la lutte contre l’inflation. Les représentants du parti travailliste ont parlé de l’immigration de masse comme d’un élément nécessaire à la vie dans une économie mondiale et financiarisée, en la comparant à la libre circulation des capitaux. Un conseiller spécial du parti a estimé que le changement de la politique d’immigration résultait de

la réorientation de la politique économique du centre gauche — qui s’est éloigné de la gestion keynésienne de la demande pour embrasser plus explicitement la mondialisation — et qui s’est orientée également plus fermement vers l’immigration. L’accent mis sur les compétences, l’éducation et l’ouverture aux marchés mondiaux signifie que les gens sont plus ouverts aux arguments selon lesquels l’immigration est un élément important d’une économie prospère.6

Ce qui était à l’origine une politique du New Labour est devenu un consensus entre les différents partis en Grande-Bretagne. Le solde migratoire était de 685 000 en 2022. Alors que l’une des principales motivations de ceux qui ont voté pour quitter l’Union européenne était l’opposition à l’immigration de masse, les conservateurs ont réagi en augmentant l’immigration. En fait, le principal résultat du Brexit en matière d’immigration a été de remplacer les migrants de l’UE par des migrants extracommunautaires encore plus incompatibles sur le plan culturel.

Il semble qu’après des décennies de trahison, les électeurs préoccupés par l’immigration soient enfin prêts à abandonner en masse le parti conservateur. Toutefois, à ce stade, les changements démographiques britanniques ont été considérables. Le recensement de 2021 en Angleterre et au Pays de Galles a montré que 10 millions de personnes, soit un sixième de la population, étaient nées en dehors du Royaume-Uni.

En 2010, le démographe David Coleman a produit une analyse qui prévoyait que les Britanniques blancs deviendraient une minorité d’ici 2066. L’immigration ayant fortement augmenté depuis lors, ce chiffre peut probablement être revu à la hausse. Le statut de minorité est déjà une réalité quotidienne pour de nombreux Britanniques blancs, qui sont désormais minoritaires dans des grandes villes comme Manchester, Birmingham, Leicester et Londres — où deux tiers des habitants de la capitale appartiennent à des minorités ethniques.

Anarcho-Tyrannie

Un autre trait caractéristique de l’État britannique postnational est l’anarcho-tyrannie, l’effondrement croissant de la capacité de l’État à maintenir l’ordre public et son incapacité à poursuivre les délits les plus élémentaires, combinés à un contrôle de plus en plus tyrannique de la société civile et à la suppression de libertés autrefois considérées comme allant de soi.

La police britannique est plus incompétente qu’elle ne l’a jamais été : une enquête sur sa capacité à enquêter sur la criminalité a révélé que plus de la moitié des forces étudiées ne répondaient pas aux normes de base. Aucun des 43 services de police étudiés n’a été classé dans la catégorie supérieure des services « exceptionnels ». La plupart des Britanniques n’attendent plus de la police qu’elle enquête sur des délits tels que les agressions ou les vols de vélos, et nombre d’entre eux ne prennent plus la peine de signaler ces types de délits. Cette hypothèse est correcte : entre 2015 et 2023, en Angleterre et au Pays de Galles, le pourcentage de délits donnant lieu à l’arrestation du délinquant par la police et à sa traduction en justice a chuté de 16 % à 5,7 %. La police résout aujourd’hui moins de 3 % des cambriolages. La plupart des criminels ont peu de chances d’être sanctionnés au Royaume-Uni.

En revanche, l’État s’est montré absolument déterminé à contrôler le discours des Britanniques blancs, en particulier lorsqu’il s’agit de critiquer le pluralisme libéral multiracial. Un article paru en 2017 dans The Telegraph indique que plus de 3 300 personnes ont été détenues et interrogées au cours de l’année précédente pour « trolling » sur les médias sociaux et autres forums en ligne. Deux exemples particulièrement flagrants de ce type de maintien de l’ordre sont apparus en 2018 : tout d’abord, une jeune femme de 19 ans a été reconnue coupable d’avoir envoyé un message « grossièrement offensant » après avoir publié sur sa page Instagram des paroles de rap incluant le mot « N ». Ensuite, le YouTuber Count Dankula a été reconnu coupable d’un crime de haine pour avoir posté une vidéo montrant son carlin levant la patte dans ce qu’il appelait un salut nazi.

La police britannique suit également les « incidents haineux non criminels », encourageant le public à signaler s’il est offensé par le discours d’une personne sur la base de ses « caractéristiques protégées ». La police est informée que, dans le cas de ces rapports, « la victime n’a pas à justifier ou à fournir des preuves de sa croyance, et les officiers et le personnel de police ne doivent pas remettre en cause directement cette perception ». Près de 120 000 de ces incidents ont été enregistrés au cours de la période de 5 ans allant de 2014 à 2019.

La plus grande tyrannie a été réservée aux nationalistes. Cette année, Sam Melia, militant et organisateur de Patriotic Alternative, a été condamné à deux ans de prison pour « incitation à la haine raciale ». Melia avait créé un groupe appelé « Hundred Handers » sur Telegram, qui publiait des graphiques destinés à être téléchargés par les membres et imprimés sous forme d’autocollants. Les autocollants contenaient des messages tels que « c’est normal d’être blanc », « aimez votre nation » et « arrêtez les gangs de viols anti-blancs ».

L’accusation a utilisé des documents trouvés lors d’une perquisition au domicile de Melia, tels qu’un livre d’Oswald Mosley, comme « signes clés de l’idéologie de Melia qui sous-tendait son désir de diffuser ses opinions racistes de manière délibérée ». Ainsi, les lectures privées de Melia ont été utilisées comme preuve qu’il avait des opinions que l’accusation considérait comme racistes.

Lors du procès lui-même, l’accusation a reconnu que le langage utilisé sur les autocollants était légal, mais qu’ils avaient été produits en tant qu’ensemble d’œuvres destinées à attiser la haine raciale. Le jury a également reçu pour instruction d’ignorer toute considération relative à la véracité des déclarations figurant sur les autocollants, la vérité n’étant pas un moyen de défense dans des affaires de ce type. Le jury a dûment déclaré Melia coupable, après quoi il a été condamné à deux ans de prison.

Les engagements idéologiques des intendants de l’État britannique ne les ont pas seulement conduits à s’en prendre aux dissidents politiques, mais aussi à couvrir des crimes à grande échelle. Nous savons aujourd’hui que la police et les institutions publiques britanniques ont ignoré et contribué à dissimuler le plus grand scandale d’abus sexuels sur des enfants de l’histoire britannique, avec une série de « grooming gangs » pédophiles composés d’hommes asiatiques, principalement pakistanais, qui ont été ignorés pendant des années.

Un rapport sur la pire de ces affaires, dans la ville de Rotherham, dans le Yorkshire du Sud, a révélé que 1 400 enfants avaient été victimes d’abus sexuels entre 1997 et 2013, principalement de la part d’hommes d’origine pakistanaise. Il a révélé que le personnel municipal et d’autres personnes étaient au courant de ces abus, mais ont fermé les yeux sur ce qui se passait et ont refusé d’identifier les auteurs par crainte d’être taxés de racisme.

La même conclusion a été tirée à l’issue d’une enquête de huit ans menée par l’Independent Inquiry into Child Sexual Abuse (enquête indépendante sur les abus sexuels commis sur des enfants), qui a révélé que les gangs d’entraînement existaient toujours dans le pays, mais que les enquêtes à leur sujet étaient toujours entravées par les craintes des autorités de poursuivre autant de criminels non blancs.

La fin ?

Je publie cet article le 4 juillet 2024, le jour des élections générales au Royaume-Uni. Au moment où vous lirez ces lignes, il est probable que le parti conservateur aura subi la pire défaite électorale de son histoire, donnant une majorité écrasante au parti travailliste. Des décennies de trahison de leur base électorale patriotique les ont amenés à un point de fatigue absolue. Le consensus néolibéral Thatcher-Blair-Cameron qui gouverne la Grande-Bretagne depuis près d’un demi-siècle a transformé le pays d’une nation fière et cohésive en une zone économique postnationale, de plus en plus asservie au capital financier américain et en phase terminale de déclin.

Les perspectives d’inversion de ces tendances sont sombres, surtout si le pouvoir politique passe aux mains d’une gauche tout aussi attachée à la diversité et à la répression du sentiment patriotique. Mais le fait de laisser le parti conservateur dans les poubelles de l’histoire pourrait constituer un début de réaffirmation de ce qu’il reste des nations anglaise, écossaise et galloise.

(Reproduit de Substack avec l’autorisation de l’auteur ou de son représentant)

Notes

1 Davis, Aeron. Bankruptcy, bubbles and bailouts: The inside history of the Treasury since 1976. Manchester University Press, 2022. Pg. 82-83.

2 Cecchetti, Stephen G., and Enisse Kharroubi. “Why does credit growth crowd out real economic growth?.” The Manchester School 87 (2019): 1-28.

3 Christensen, John, Nick Shaxson, and Duncan Wigan. “The finance curse: Britain and the world economy.” The British Journal of Politics and International Relations 18, no. 1 (2016): 255-269.

4 Baker, Andrew, Gerald Epstein, and Juan Montecino. “The UK’s finance curse? Costs and processes.” SPERI report (2018).

5 Eglene, Ophelia. Banking on Sterling: Britain’s Independence from the Euro Zone. Lexington Books, 2011.

6 Quoted in Consterdine, Erica. Labour’s immigration policy: the making of the migration state. Springer, 2017. Pg. 130




Quand les élections consacrent son « peuple nouveau »

[Publication initiale : dedefensa.org]

Par Nicolas Bonnal

Les distraits de la contestation médiatique voyaient se produire un réveil. Réveil, il y a eu, mais ce n’est pas celui qu’on croit : c’est celui des droits de l’homme, de la conscience universelle, du non au fascisme… C’est une vieille tradition qui remonte aux sinistres-sic années mitterrandiennes déjà. Mais il y a un plus : le peuple nouveau.

Macron s’est félicité d’avoir fait apparaître un peuple nouveau en France ; en effet il a été réélu confortablement face à une opposition totalement contrôlée (« d’extrême-droite » ou « d’extrême-gauche ») et malgré toute une série d’exploits que je ne vais pas rappeler ici, de la dette à Notre-Dame en passant par les gilets jaunes, les confinements, le million d’amendes, la désagrégation intérieure du pays (bien vu le stade de France), les masques, les vaccins forcés, les journées portes ouvertes aux migrants (365 par an), l’annihilation de l’hexagone comme puissance ou la montée eschatologique de la stupidité, reconnue même par une presse subventionnée à 100 %. De même on va vers le Grand Reset, les privations, le camp numérique, les rationnements (quand ce n’est fait), le vaccin six fois par an, la privation d’eau pour cause de changement climatique et certainement pas de sécheresse, et tout le monde s’en fout ou presque : comme dit Sénèque à son ami Lucilius, NE SIS MISER ANTE TEMPUS (NE SOYEZ PAS MISERABLE AVANT L’HEURE). Pas d’affolement, mon loulou.

Il s’est donc passé quelque chose ; et on se croirait dans un film hollywoodien où le héros revenu chez lui se rend compte que tout le monde a changé ou a été remplacé. Sur ce problème lisez le livre de ma femme sur Philip K. Dick et le Grand Reset — et de Dick directement le recueil The Father-Thing. Tetyana recommande aussi le Pendu dans le square. J’ai plusieurs fois évoqué l’invasion des profanateurs de sépulture de Don Siegel ; il s’agissait de dénoncer ces gens qui du fait de la télévision et la société de consommation devenaient des « légumes ».

Mais qu’est-ce qu’un peuple nouveau ? On peut dire que c’est un peuple bien soumis, bien serf au sens de La Boétie, un peuple pour qui rien n’est bien grave : la plèbe romaine sert ici de modèle comme la plèbe de Gambetta, si bien décrite par des auteurs aussi divers de Céline, Drumont ou Bernanos — sans oublier Villiers, premier auteur de science-fiction français, qui note l’altération produite par l’électricité sur notre santé mentale (Contes cruels). Abaissement culturel donc, écroulement scolaire provoqué, propagande politique, matraquage publicitaire, marquage par les médicaments (on n’a pas attendu les vaccins !), sans oublier cet État tutélaire et doux qui, rappelle Tocqueville, nous ôte la peine de penser et la peine de vivre. Les élites se frottent les mains, mais elles ont tort : l’abrutissement de la masse ne les sert qu’un temps, et elles se feront écraser ces élites par un État moins croupion tôt ou tard. Ce n’est pas pour rien qu’on diabolise les Russes ou les Chinois en ce moment.

Fabriquer une population grasse (ou même efflanquée), médiocre, ludique et avilie est simple : La Boétie nous rappelle que le mot ludique vient de la ville Lydie qui avait été abrutie par Cyrus. La guerre hybride n’a pas attendu les Américains ! Mais fabriquer une population fascisée, fanatisée médicalement (je discute avec des gens ici qui attendent extatiquement le prochain vaccin contre la variole du singe, attendant aussi qu’il soit a priori obligatoire, car pourquoi attendre ?) est possible aussi à coups de peur, de parano et de répétition, seule figure de rhétorique utile, a dit un certain Bonaparte. Car le peuple nouveau de Macron n’est pas si nouveau : on a connu un peuple nouveau en 93 déjà qui anéantissait la Vendée, adorait la dictature et fit vingt ans la guerre à tout un continent encore désarmé.

La population fascisée aime la fête : voir les défilés festifs du nazisme et du fascisme. Rien ne l’arrête. Et on peut lui proposer les camps pour les non-vaccinés ou la guerre contre la Russie, elle sera toujours aussi euphorique. Pour comprendre que rien n’est neuf dans ce peuple nouveau, relisez les Caractères non pas de La Bruyère, mais de Théophraste, philosophe aristotélicien qui l’inspira. L’écroulement politique et psychologique athénien y est décrit comme dans le dialogue VIII de la République ou le traité sur la Réforme de Démosthène.

Mais chez Macron on sent aussi une volonté politique forte, qui a commencé en France avec Sarkozy ou l’ineffable Hollande : on fabrique un peuple euro-mondialiste promu aux hautes tâches de désindustrialisation, de remplacement (grand ou pas !), de servitude débile et d’humanitarisme agressif. Les libertariens américains qui sont les seuls philosophes politiques modernes importants ont insisté : l’État fabrique une population d’assistés et de manipulés, qui est marquée aussi par un incessant bellicisme passif et humanitaire. La sensibilité « féminine » maladive progresse aussi (presque toutes les ministres de la guerre contre la Russie sont des femmes) et cette sensibilité suppose d’une part une mentalité de nursery (il n’y a plus de citoyens, il n’y a que des enfants, remarque en Amérique un certain Chesterton) et une mentalité interventionniste (non au fascisme serbe, non aux Chinois, plus jamais ça, etc.), mentalité qui a tendance comme en quarante à rendre de sacrées raclées sur les champs de bataille sans y rien comprendre. C’est ainsi que deux mois après la tannée en Afghanistan la très folle administration Biden, woke, LGBTG, covidiste et autre vint se prendre une raclée en Ukraine. Ici aussi la fin de la logique prophétisée par Debord n’y changera rien ; et Maurras aura encore tort, qui disait qu’on se souvient des coups reçus. Vraiment ?

Le jour où l’on crèvera de faim en faisant la queue pour acheter du soleil vert avec des bons, ils diront que c’est très bon pour le climat. C’est ça aussi un peuple nouveau : un peuple qui ne veut plus être. La suite nous dira s’il va être exaucé.




Comment le vieil Occident zombie survit à sa mort

Par Nicolas Bonnal

Vladimir Poutine et la Russie dominent, mais l’Occident se maintient avec sa dette, son hypocrisie, ses casseroles coloniales. Dix techno-lords US sont plus riches que tous les Africains. Bruxelles agonise en nous volant argent et liberté.

Jean Baudrillard parla d’hystérésis1 pour décrire ce monde. Il évoquait même, je crois, cette barbe qui continue de pousser au poil de menton du cadavre.

Qu’est-ce qui n’est pas mort en Occident ? Qu’est-ce qui ne relève pas encore du phénomène zombi ? Les économies hallucinées (James Kunstler), les cent mille milliards de dettes qui ne terrorisent que les naïfs (on ira tous à un million de milliards de $, imprimez !), les nations abolies, fusionnées, les peuples remplacés ou stérilisés, les religions profanées, tout en fait, y compris la terre et son atmosphère (voyez comment vivent la Chine ou l’Inde de notre René Guénon pour rire un peu), relève de la parodie, de la mort défigurée et du mort-vivant. Le public se reconnaît du reste dans ce type abominable de série yankee : les morts qui font semblant de vivre. Je continuerais durant des pages, si je ne craignais de me répéter. Le mouvement autonome du non-vivant, disait-on du mouvement matériel en ces temps aéroportés et précipités.2

Je ne suis pas plus pessimiste que cet historien progressiste, qui est passé de mode en ces temps divagants, palabreurs et parkinsoniens. Michelet s’étonne en son temps de républicanisme alors prometteur, de l’hystérésis médiévale, du maintien incompréhensible, des siècles durant, du clergé et de la féodalité, maintien qui aboutit aux violentes révolutions qu’on connaît.

« L’état bizarre et monstrueux, prodigieusement artificiel, qui fut celui du Moyen-âge, n’a d’argument en sa faveur que son extrême durée, sa résistance obstinée au retour de la nature. »

Et il philosophe du coup Michelet (il le fait souvent bien) :

« Mais n’est-elle pas naturelle, dira-t-on, une chose qui, ébranlée, arrachée, revient toujours ? La féodalité, voyez comme elle tient dans la terre. Elle semble mourir au treizième siècle, pour refleurir au quatorzième. Même au seizième siècle encore, la Ligue nous en refait une ombre, que continuera la noblesse jusqu’à la Révolution. Et le clergé, c’est bien pis. Nul coup n’y sert, nulle attaque ne peut en venir à bout. »

Comment se maintint le clergé en fait ?

« Frappé par le temps, la critique et le progrès des idées, il repousse toujours en dessous par la force de l’éducation et des habitudes. Ainsi dure le Moyen-âge, d’autant plus difficile à tuer qu’il est mort depuis longtemps. Pour être tué, il faut vivre. Que de fois il a fini ! »

Michelet rappelle les grandes dates agoniques du Moyen-âge :

« Il finissait dès le douzième siècle, lorsque la poésie laïque opposa à la légende une trentaine d’épopées ; lorsqu’Abélard, ouvrant les écoles de Paris, hasarda le premier essai de critique et de bon sens.

Il finit au treizième siècle, quand un hardi mysticisme, dépassant la critique même, déclare qu’à l’Évangile historique succède l’Évangile éternel et le Saint-Esprit à Jésus.

Il finit au quatorzième, quand un laïc, s’emparant des trois mondes, les enclot dans sa Comédie, humanise, transfigure et ferme le royaume de la vision.

Et définitivement, le Moyen-âge agonise aux quinzième et seizième siècles, quand l’imprimerie, l’antiquité, l’Amérique, l’Orient, le vrai système du monde, ces foudroyantes lumières, convergent leurs rayons sur lui. »

Ce système de la Renaissance-science-nation est en train de crever autour de nous comme on sait. Il n’accouche de rien du tout, on a un œuf de serpent écrasé. Comme je le montre dans un livre3, Tocqueville, Pouchkine ou Poe avaient déjà tout dit sur ce monde gelé il y a deux cents ans. Ce monde qui dure depuis relève de cette hystérésis. Mais combien de temps un tel zombi peut durer ? Michelet poursuit avec conscience :

« Que conclure de cette durée ? Toute grande institution, tout système une fois régnant et mêlé à la vie du monde, dure, résiste, meurt très longtemps. Le paganisme défaillait dès le temps de Cicéron, et il traîne encore au temps de Julien et au-delà de Théodose. »

Tout met du temps à crever, paganisme compris, et tout dure au-delà de sa mort. Michelet persiste et signe :

« Que le greffier date la mort du jour où les pompes funèbres mettront le corps dans la terre, l’historien date la mort du jour où le vieillard perd l’activité productive. »

Si c’est comme cela pour le génie médiéval, je ne vous dis pas pour la démocratie-marché…

« Tout finit au douzième siècle ; le livre se ferme… », termine Michelet qui remarque qu’un système périclitant comme celui de l’Église — ou de la démocratie bourgeoise à notre époque — a tendance à devenir totalitaire et dangereux :

« Les anciens conciles sont généralement d’institutions, de législation. Ceux qui suivent, à partir du grand concile de Latran, sont de menaces et de terreurs, de farouches pénalités. Ils organisent une police. Le terrorisme entre dans l’Église, et la fécondité en sort. »

Cette Église moderne lança aussi la Croisade. Les conciles orthodoxes furent oubliés. C’est encore cette Église catholique romaine, star des temps modernes, qui inventa en 1622 le beau mot de propagande.

À Michelet j’adjoindrai un philosophe oublié (Michel Onfray en parle, mais trop peu), Ludwig Feuerbach qui remarque que son antichristianisme n’a plus prise parce qu’il a à faire à des farceurs masqués. C’est comme pour les attentats, les « gens », le « public » ne sentent pas les coups. Ils sont anesthésiés (Stanley Payne). En ces temps de Bergoglio et de gauchisme catho, cela ne prêtera pas à sourire.

« Le ton “des bonnes sociétés”, le ton neutre, sans passion et sans caractère, approprié à la défense d’illusions, de préjugés et de mensonges dont tout le monde convient, voilà le ton dominant, le ton normal de l’époque, le ton dans lequel non seulement les affaires politiques, — ce qui se comprend de soi-même, — mais encore les affaires de religion et de science, c’est-à-dire le mal d’aujourd’hui, sont traitées et doivent être traitées4. »

Et Feuerbach annonçait ce que décrit Edgar Poe à la même époque : le masque prendrait la place du visage, le cerveau celui de l’âme.

« Apparence, mensonge, hypocrisie, masque, voilà le caractère du temps présent ; masque notre politique, masque notre moralité, masque notre religion et masque notre science. »

Le masque de la mort rose occidentale cache une décrépitude sans égale ; la Russie ici aussi devra se mettre à l’œuvre pour inspirer des hommes de bonne volonté.

Notes

1 Le dictionnaire d’Oxford de mon ordinateur donne cette définition en anglais. « The phenomenon in which the value of a physical property lags behind changes in the effect causing it, as for instance when magnetic induction lags behind the magnetizing force. »

2 À l’ouest rien de « moderne » — Chroniques de la Fin de l’Histoire (Edition Kindle sur amazon.fr).

3 Michelet (Jules : Histoire de France, VII, Renaissance, pp. 17-18 [sur uqac.ca].

4 Feuerbach (Ludwig) : l’essence du christianisme, traduit de l’allemand par Joseph Roy, Paris, 1864. préface de la seconde édition.




Les financiers mondialistes ont déjà décidé de remplacer Marine Le Pen

[Source : jovanovic.com]

Rappel : Silvio Berlusconi, qui défendait les Italiens, a été littéralement saboté par la Banque Centrale Européenne et Bruxelles en lui faisant payer des dizaines de milliards d’euros de plus chaque semaine en intérêts sur la dette italienne.

Silvio a fini par démissionner pour éviter à son pays une banqueroute « à la grecque »…

Il n’y a pas longtemps, vous avez vu dans cette Revue de Presse comment la PM anglaise Liz Truss a été littéralement sabrée par Goldman Sachs qui l’a remplacée par son… propre banquier, Rishi Sunak, AVEC LA MÊME MÉTHODE !

Je pourrai donner d’autres exemples, mais il importe de rappeler (suite aux résultats des législatives de ce dimanche 30 juin) que désormais l’avenir du RN — en tant qu’éventuel futur gouvernement — se trouve entre les mains des marchés et des banquiers, en particulier la BCE.

Et justement, j’avais bien retenu à l’époque cette déclaration au Financial Times de Christine Lagarde :

« Christine Lagarde, directrice générale du Fonds Monétaire International, a déclaré qu’une victoire de Le Pen causerait “un désordre et une désorganisation majeurs” ».

Lire ici le FT de… 2017 !

Les financiers ont donc maintenant un boulevard devant eux : détruire la dette française, et par là forcer une élection présidentielle anticipée afin d’imposer un candidat qui rassurera tout le monde, un peu comme avec Liz Truss.

Et le meilleur candidat pour cette situation, selon eux, n’est ni plus moins que Christine Lagarde.

Si Challenges a choisi de mettre cela à la « Une », ne vous y trompez pas, elle a été choisie avec une garantie de 80 % dans le cadre d’une crise financière massive en France qui se transformerait dès lors en Grèce. (Lire ici Challenges de 2023).

Comme par un pur hasard, Le Point a titré le 28 juin 2024 (donc quelques jours seulement avant le vote) : « La France bientôt sous la tutelle du FMI ? » :

« Une victoire des partis extrémistes NFP et RN aux élections législatives nous plongerait dans une crise de dette et placerait la France sous la menace d’une mise sous tutelle de la troïka. C’est au printemps 2010 qu’avait été mise en place, lors de la crise grecque, une “troïka” réunissant des experts de la Commission Européenne, de la BCE et du FMI afin d’auditer la situation économique et financière du pays et de mettre en place des mesures de redressement. Elle était intervenue dans la foulée en Irlande, au Portugal et à Chypre, confrontés eux aussi, en raison de l’envolée de leurs taux d’intérêt, à de graves difficultés de financement.

Les “hommes en noirs” de la troïka ont vite acquis une réputation de personnages détestables, travaillant de façon antidémocratique dans l’opacité et le secret, sans cœur, indifférents au malheur de peuples auxquels ils imposaient des remèdes d’une grande brutalité sociale ».

Lire ici Le Point pour apprécier cette menace on ne peut plus claire !

La France vivra ce qu’ont vécu Chypre (spoliation de tous les comptes bancaires. Voir mon reportage sur place) et la Grèce, amenant la destruction des retraités et l’interdiction de retirer son argent des banques pendant des semaines (y compris l’accès aux coffres)… (pour le principe, je rappelle que seuls les Grecs qui avaient de l’or ont pu traverser leur mega-crise, mais ils s’y étaient préparés avant).

Et donc la situation montrera aux Français (comme on l’a vu à Athènes) que seul un financier international pourra sauver leur situation. DSK étant disqualifié, Mme Lagarde est dès lors « LE » phare dans la nuit.

Donc derrière le cirque de la campagne électorale se trouvent tapis dans l’ombre les spécialistes mondiaux des Bons du Trésor qui s’en donneront à cœur joie dès qu’ils en recevront l’ordre de Bruxelles et/ou Washington si le RN ne se soumet pas à leurs désirs. C’est hélas là que se trouve le futur de la France.

Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024




G7 : Les acteurs politiques clés vers un gouvernement mondial unique

[Source : Kla.tv]

Par ag./mw.

Transcription

Les élections européennes sont de l’histoire ancienne, d’autres élections sont en cours. Imaginez que parmi les bulletins de vote figure un parti appelé « Complexe financier numérique-industriel des super-riches ».
Sur le programme électoral, on peut lire :
– « Concentration exclusive du pouvoir entre les mains des géants de la technologie » : Super.
– « Énorme destruction de l’environnement par des mégacorporations » : peu importe.
– « Abolition de la démocratie » : passons l’éponge !
– « Guerres sanglantes » : en font partie.
En tête de liste : un Rockefeller ou un de ses amis.
Est-ce que vous le mettriez dans votre enveloppe ? Probablement pas. L’émission suivante vous révèle pourquoi c’est pourtant exactement ce que vous obtenez, presque quel que soit votre choix.

Dans ce contexte, il vaut la peine de se pencher sur le rôle décisif du Groupe des 7 — en abrégé G7. Les pays du G7 sont les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Japon. On connaît le G7 plutôt par les reportages mainstream superficiels autour du sommet du G7 qui vient de se dérouler du 13 au 15 juin en Italie. Des chefs d’État souriants des pays les plus importants en bonne compagnie.

Mais le G7 est loin d’être ce qu’il semble être au premier abord. Car c’est précisément le G7 qui veille à ce qu’on vous serve le programme électoral non déclaré des « Rockefeller de ce monde ». C’est ce qui se passe, même si vous votez par exemple pour de « gentils partis » qui promettent exactement le contraire avant les élections. Pourquoi cela ? David Rockefeller répond lui-même à la question :

« Certains [extrémistes idéologiques] pensent même que nous faisons partie d’une cabale secrète qui travaille contre les meilleurs intérêts des États-Unis. Ils nous accusent, ma famille et moi, d’être des “internationalistes” et de conspirer avec d’autres à travers le monde pour construire une structure politique et économique mondiale plus unie — UN SEUL ET UNIQUE monde (One World), si vous préférez. Si c’est l’accusation, je plaide coupable et j’en suis fier. »

David Rockefeller se présente-t-il ici comme un « conspirationniste » ? Non, plutôt comme un conspirateur. Découvrez dans ce documentaire le rapport entre Rockefeller et le G7. De quoi discute-t-on à huis clos ? Quels sont les véritables objectifs du G7 ? Reconnaître le jeu réel auquel joue G7. Pour ce faire, nous jetons d’abord un coup d’œil sur les racines du G7.

1. Les racines du G7

La version officielle de la naissance du G7 est la suivante : En 1975, le président français Valéry Giscard d’Estaing et le chancelier allemand Helmut Schmidt ont appelé au premier Sommet économique mondial. Les chefs de gouvernement de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, de la Grande-Bretagne et des États-Unis — le Groupe des Six — se sont réunis au château de Rambouillet en France. Elle a toutefois été précédée en 1971 dans la bibliothèque de la Maison-Blanche, d’une première réunion entre cinq ministres des finances et le secrétaire au Trésor américain de l’époque, George Shultz. Des réunions régulières à huis clos ont suivi. Ce groupe, appelé « Library Group » ou encore G5 à partir de 1973, était composé de ministres des Finances et de représentants des banques centrales. La présence de banques centrales n’était certainement pas un hasard. L’étalon-or a été dissous à peu près en même temps que les premières réunions du G7. À partir de là, les banques centrales ont pu imprimer de l’argent quasiment à volonté. En prêtant de l’argent créé à partir de rien, les banques centrales américaines ont acquis une grande influence sur l’économie mondiale. Une spirale d’endettement presque sans frein des pays envers les banques américaines a commencé. La richesse réelle a été redistribuée entre les mains de quelques grandes banques privilégiées. C’est ainsi qu’il leur a été possible d’étendre massivement leur influence par le biais des pays.

2. Le réseau derrière le G7

Revenons aux pères fondateurs officiels du G7, Helmut Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing. Le ministre américain des Finances et homme de banque George Shultz les a intégrés dans un petit réseau élitiste au début des années 70. Ainsi, avant le premier sommet du G7 en 1975, il y avait déjà eu une rencontre entre Giscard d’Estaing et Henry Kissinger le 5 juillet 1974. Quant à Helmut Schmidt, une rencontre avec David Rockefeller le 12 juin 1974 est documentée. Que représentent Kissinger et Rockefeller ?

Henry Kissinger était un stratège global extrêmement influent qui a marqué la politique mondiale de manière très décisive pendant des décennies. Il a été conseiller de presque tous les présidents américains, comme Richard Nixon, Gérald Ford, Jimmy Carter, Ronald Reagan, George Bush, Barak Obama, Donald Trump et Joe Biden. David Rockefeller et Henry Kissinger ont fondé ensemble de nombreux forums extraparlementaires influents tels que le FEM, le groupe Bilderberg, la Commission trilatérale, la Conférence de Munich sur la sécurité, etc. Ils tirent les ficelles entre une pieuvre financière mondiale et la politique. [www.kla.tv/26153 à propos de la mort d’Henry Kissinger : stratège mondial et criminel de guerre ?, www.kla.tv/27892 FEM, www.kla.tv/28218 Conférence de Munich sur la sécurité] Leurs nombreuses créations, comme le FEM, le groupe Bilderberg ou le G7, servent toutes un objectif que David Rockefeller a formulé ainsi en 1991 lors de la conférence Bilderberg à Baden-Baden : « Le monde est sur une voie complexe et préparée vers un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et des banquiers mondiaux est certainement préférable à la souveraineté nationale des siècles passés. »

Il est important de mentionner le passé maçonnique de Kissinger et Rockefeller. Ils ont fondé en 1968, avec Zbigniew Brzeziński, la super-loge maçonnique appelée « Three Eyes ». La franc-maçonnerie de haut grade, qui agit en secret, est connue pour construire le gouvernement mondial unique sur de longues périodes. [www.kla.tv/28344 Le monde sur la toile des francs-maçons]

3. Transformation de l’Europe

L’objectif déclaré de Rockefeller, qui était d’effacer la souveraineté nationale des États au profit d’une « souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle autoproclamée et des banquiers mondiaux », a été mis en avant par Schmidt et Giscard d’Estaing.

Helmut Schmidt (1918 – 2015)

Toute sa vie, Helmut Schmidt a été étroitement lié aux personnages clés que sont George Shultz et Henry Kissinger. Schmidt se souvient : « Avec mon exercice d’aller une fois par an en Californie, à Stanford, à l’université locale, chez mon ami George Schultz. Et je dois mentionner ici qu’il s’agit en fait d’une amitié à quatre. Shultz et Kissinger et Lee et moi. »

[Lee Kuan Yew a été pendant de nombreuses années Premier ministre de la cité-État de haute technologie de Singapour]

Une affaire purement privée ? Non, car Helmut Schmidt a été chancelier fédéral d’Allemagne. Il a été invité pour la première fois à une conférence Bilderberg en 1973, juste avant la création du G7. D’autres visites ont suivi en 1980, 1983 et 1986. Schmidt a continué à faire partie de la très influente Commission trilatérale — mise en place par Rockefeller et Kissinger. Cette commission représente une extension du groupe Bilderberg vers l’Asie de l’Est.

Caractéristique de ses liens avec ces tireurs de ficelles : Schmidt a reçu le premier prix Henry Kissinger en 2007. Le 26 janvier 2015, l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt a reçu le prix Gustav Stresemann, fondé par la Grande Loge des « Anciens Maçons Libres et Acceptés d’Allemagne », à Hambourg. Le Grand Maître Stephan Roth-Kleyer a remercié Schmidt pour sa « contribution particulière au cours de sa vie ».

En quoi consistait-elle ? Schmidt a suivi fidèlement la voie tracée par Kissinger. Schmidt et Giscard d’Estaing ont tous deux posé des jalons décisifs en Europe pour le nouveau système monétaire européen : l’unité monétaire européenne (ECU) au 1er janvier 1979, qui devait donner naissance plus tard à l’Union économique et monétaire européenne et à l’euro. D’un point de vue objectif, l’UE constitue une étape préliminaire à un gouvernement mondial potentiel, car elle est la création d’un pouvoir central international.

Valéry Giscard d’Estaing (1926 -2020)

Valéry Giscard d’Estaing est devenu président de la France juste après la première réunion du G7 en 1974. Il est lui aussi resté toute sa vie en étroite relation avec Kissinger et Rockefeller. Giscard d’Estaing a eu très tôt des contacts étroits avec la dynastie Rockefeller. Dans les années 1970, il a été invité à plusieurs reprises à Pocantico, l’immense propriété de la famille Rockefeller dans l’Hudson Valley. Quelques rencontres avec des membres de la famille Rockefeller sont documentées ci-dessous :
– Rencontre Nelson Rockefeller et Giscard d’Estaing du 23 mars 1976 à l’Élysée ;
– Giscard d’Estaing, Henry Kissinger et David Rockefeller 18 janvier 1989 à Moscou ;
– Henry Kissinger et Giscard d’Estaing lors de l’ouverture de la 50e conférence sur la sécurité de Munich en 2014.

Giscard d’Estaing s’est également beaucoup investi dans la construction de l’UE. Il a ainsi largement contribué à l’élaboration du traité de Lisbonne, qui a été ratifié en 2007. Ce traité a fixé les règles actuellement en vigueur dans l’Union européenne, remplaçant ainsi progressivement la souveraineté des États nationaux.

Conclusion intermédiaire : il apparaît que derrière les fondateurs connus du G7, il existe un réseau peu connu. Le réseau est bien plus complexe que ce qui est présenté dans ce documentaire. Vous trouverez des informations de fond intéressantes à ce sujet sur Kla.TV sous le hashtag #Krake. Ce qui est clair, c’est que ces chefs de file mondiaux parlent ouvertement de leurs projets de gouvernement mondial.

4. Le G7 comme groupe de pilotage du Nouvel Ordre Mondial

Les projets d’établissement d’un gouvernement mondial se retrouvent comme un fil rouge dans l’action du groupe G7. Déjà en 2009, lors du sommet de Rome, l’objectif prioritaire était de promouvoir une « Global Governance » — c’est-à-dire une « gouvernance globale ». La coopération avec le FMI, la Banque mondiale, l’OMC [World Trade Organization = Organisation Mondiale du Commerce] et les Nations unies devrait être développée. Le sommet exercerait ainsi à l’avenir un « modèle stratégique de soutien à la gouvernance globale ».

Le conseiller de la chancellerie Jörg Kukies adopte la même position à l’approche du sommet du G7 en 2022 : « Le premier thème qui est central pour nous est celui du climat. Comment réussir, en créant un club climatique mondial, à faire en sorte que les normes que nous poursuivons […] soient effectivement introduites dans le monde entier ? Le deuxième thème est celui de la santé. Comment parvenons-nous, d’une part, à assurer des taux de vaccination plus élevés en fournissant des vaccins dans tous les États du monde ? »

Dans un article sur le rôle du G7, Stewart M. Patrick, ancien membre du CFR, s’exprime ainsi : « C’est une sorte de groupe de pilotage à taille humaine de l’Occident. Ils sont un point de ralliement, une incarnation de valeurs communes et d’une approche similaire basée sur des règles pour l’ordre mondial ».

5. G7 : les leaders mondiaux

Comment travaille le G7 ? La présidence du G7 est assumée par un pays pour une durée d’un an. Officiellement, les participants au G7 représentent leur pays — donc leur population. Mais qu’en est-il dans la pratique ? Qui servent-ils vraiment ? Pour ce faire, nous allons voir « l’enfance politique » des participants les plus connus.

Les dirigeants du G7 sont listés par pays, en date de mai 2024 :

France

Emmanuel Macron, président de la République française, fait partie du groupe Bilderberg et a participé à la conférence Bilderberg de 2014.

Allemagne

Olaf Scholz, chancelier allemand, fait partie du groupe Bilderberg et a participé à la conférence Bilderberg de 2010. Jörg Kukies, négociateur en chef pour l’Allemagne lors du sommet du G7, est considéré comme l’un des principaux conseillers du chancelier Olaf Scholz. Il est secrétaire d’État à la Chancellerie fédérale. Kukies fait partie du groupe Bilderberg et a participé pour la première fois à la conférence Bilderberg de 2022 à Washington, DC.

Italie

Giorgia Meloni, Premier ministre italien, a rejoint en février 2021 l’Aspen Institute, un groupe de réflexion transatlantique dont le siège est à Washington, DC. Cet institut est cofinancé par la famille Rockefeller.

Royaume-Uni

Rishi Sunak est Premier ministre du Royaume-Uni depuis 2022. Charles III — roi du Royaume-Uni — a nommé Sunak Premier ministre le 25 octobre 2022. Charles fait partie du groupe Bilderberg depuis 1986.

Canada

Justin Trudeau — Premier ministre du Canada. Il a participé au Young Global Leader de Klaus Schwab — un programme du FEM destiné aux futurs dirigeants. Klaus Schwab a longtemps fait partie du comité directeur du groupe Bilderberg. Le ministre et membre du parti de Trudeau, François-Philippe Champagne, a participé à la conférence Bilderberg 2018 et 2019. La vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a participé à la conférence Bilderberg 2022 et 2023.

USA

Joe Biden est président des États-Unis depuis 2021. [www.kla.tv/27426#t=2084] Il est franc-maçon de haut grade et très proche du très puissant think tank mondial le « Conseil des Relations Étrangères » [CFR] Pas moins de dix-sept membres du cabinet Biden et de son équipe dirigeante, soit plus de la moitié, sont membres du CFR ou sont liés au CFR par des liens familiaux étroits.

L’Union européenne

En tant qu’organisation supranationale, l’Union européenne est membre du G7 depuis 1981 et participe depuis lors à des réunions de haut niveau. Lors du sommet du G7 en 2024, l’UE a été représentée par Ursula von der Leyen et Charles Michel. Ursula von der Leyen est présidente de la Commission européenne depuis 2019. Elle fait également partie du groupe Bilderberg et a participé à la conférence Bilderberg en 2015, 2016, 2018 et 2019. Charles Michel est président du Conseil européen depuis 2019. Il fait également partie du groupe Bilderberg et a participé à la conférence Bilderberg en 2015, 2016 et 2018.

Japon

Fumio Kishida et Shunichi Suzuki représentent actuellement le Japon. Ce n’est pas un hasard si le Japon est un représentant du G7. Le Japon a participé aux réunions du G5 à la Maison-Blanche à partir de septembre 1973. Il est intéressant de noter que c’est exactement la même année que la Commission trilatérale a été créée par David Rockefeller et Henry Kissinger. Celle-ci a pour objectif de lier des personnes clés du Japon, des États-Unis et de l’Europe au gouvernement de l’ombre. Le Japon est connu pour ses innovations technologiques rapides. La technologie avancée est la base de l’installation de la surveillance mondiale, de l’IA et d’une technocratie mondiale unique.

À noter : tous les dirigeants politiques du G7 sont issus des relais extraparlementaires de Rockefeller et Kissinger. Le peuple est sollicité dans la mesure où il peut payer la facture de ces rencontres luxueuses. Un exemple : l’organisation du sommet du G7 en 2022 au château d’Elmau en Allemagne a été estimée au préalable à environ 180 millions d’euros. Environ 18 000 forces de sécurité ont été déployées autour du sommet et le lieu de la manifestation a été en grande partie bouclé. Financeur : le contribuable.

6. G7 : la fabrique de la politique

Celui qui pense que G7 est un événement unique dans l’année se trompe lourdement. Le G7, c’est tout le temps ! Rien que depuis le 8 février de cette année et jusqu’au sommet de juin, il y a eu officiellement 27 réunions du G7 dans les configurations les plus diverses ! En voici une petite sélection :
– 30 avril : La réunion ministérielle sur le climat, l’énergie et l’environnement s’est terminée par l’adoption d’un communiqué commun.
– 6 mai : réunion des ministres de la Justice du G7
– 24 mai : réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7,
etc.

Tous les organes du G7 agissent comme les rouages d’une grande usine politique. Par le biais de programmes de soutien et de fonds d’aide, par exemple de la Banque mondiale ou de la Banque européenne d’investissement, les pays passent sous la domination de la haute finance. Les prêts d’argent, les aides au développement et les programmes dédiés servent d’aiguillage vers l’un des objectifs du complexe numérique-financier : Mise en place du Nouvel Ordre Mondial. Leurs élèves politiques — comme les leaders du G7 — transforment les stratégies en règlements et en lois. C’est ainsi que les tireurs de ficelles internationaux dirigent le monde.

Ce qui les relie tous, ce sont toujours les mêmes tireurs de ficelles derrière le groupe Bilderberg, le FEM, l’UE, le G7, la Banque mondiale, l’ONU et bien d’autres organisations. Ainsi, Klaus Schwab, à la tête du FEM depuis de nombreuses années, et le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, ont signé le 13 juin 2019 un partenariat entre leurs deux organisations. But : accélérer la réalisation des 17 objectifs de développement durable. Le titre officiel en français est « Transformer notre monde : l’Agenda 2030 pour le développement durable », en abrégé : « Agenda 2030 ».

Derrière les beaux mots de l’agenda du développement durable, on assiste dans la pratique à la construction d’un monde numériquement interconnecté et contrôlable.

Deux brefs exemples laissent entendre qu’en pratique, il ne s’agit effectivement pas de durabilité :

1. Ghana : sous la bannière de l’« agriculture durable », la Banque mondiale investit 200 millions de dollars au Ghana pour la résilience climatique des plantations de cacao et autres. Les investissements ne portent pas sur des installations d’irrigation ou autres, mais sur les technologies numériques.

2. Guinée : dans le cadre de l’objectif de durabilité relatif à la lutte contre les changements climatiques, la Banque européenne d’investissement (BEI) aide l’opérateur de téléphonie mobile Orange à étendre la couverture de son réseau en Guinée — avec des panneaux solaires, bien entendu. Elle n’explique pas en quoi l’extension de la téléphonie mobile a un rapport avec la protection du climat. Notons au passage que la téléphonie mobile fait partie des bases stratégiques les plus importantes du Nouvel Ordre Mondial. Ce n’est que par le biais de cette technologie que la surveillance totale sans argent liquide peut être menée à son terme.

On rencontre de nombreux exemples de ce type. La durabilité et la protection du climat semblent justifier l’expansion rapide d’un réseau numérique mondial. Mais dans quel but ?

7. la grande transformation

Klaus Schwab, fondateur du FEM et membre de longue date du comité directeur du groupe Bilderberg, le révèle dans son livre de 2016 intitulé « La quatrième révolution industrielle ». Son message fondamental est que la fusion des technologies des mondes physique, numérique et biologique crée des possibilités entièrement nouvelles. […] Schwab se déclare réclame ouvertement au du transhumanisme et qualifie la fusion des corps humains avec la sphère numérique de « progrès évolutif ».

Et le G7 ? Une note sur cet objectif élevé du transhumanisme — ou pour le dire autrement : le contrôle total des personnes — révèle une pièce de monnaie.

Et le G7 ? Une pièce de monnaie révèle un indice sur ce but ultime du transhumanisme — ou, en d’autres termes, du contrôle total de l’être humain. Celle-ci a été créée frappée à l’occasion de la septième présidence italienne du G7. La pièce d’argent représente une tête humaine sous la couronne de l’intelligence artificielle. Comme boucle d’oreille, on voit un pentagramme. Depuis l’occultiste français Eliphas Levi, au milieu du XIXe siècle, le pentagramme est associé à l’occultisme et au satanisme. L’inscription sur la pièce est intitulée « Vers l’avenir ».

Conclusion : le G7 se révèle être une sorte d’usine à politiques aux mains des banquiers mondiaux et de leurs stratèges mondiaux. David Rockefeller lui-même cite comme objectif un gouvernement mondial sous la régence d’une élite intellectuelle et des banquiers mondiaux. Le G7 pose les jalons par le biais des fonds de soutien des banquiers, des programmes et des lois. Le G7 est le relais infiltré pour faire passer l’agenda de cette élite non élue dans les parlements et la politique quotidienne des États.

Chers spectateurs, il est évident que l’élite a besoin de ce travail dissimulé et de ces manœuvres de tromperie pour pouvoir rester au pouvoir. Il est évident que ce gouvernement de l’ombre ne craint rien de plus que sa divulgation. Les lois hystériquement proclamées pour « lutter contre la désinformation » en témoignent. C’est pourquoi vous contribuez à informer vos concitoyens et les politiciens qui font des efforts honnêtes. Tout comme les ombres disparaissent à la lumière, le gouvernement de l’ombre disparaît lorsque la lumière tombe sur lui.

Sources/Liens :




Le projet 47

[NDLR L’auteur de « Le projet 47 » est décédé quelques semaines après ce dernier article, d’un problème de santé :

https://legrandreveil.wordpress.com/2024/05/23/dernier-adieu/

]

[Source : legrandreveil.wordpress.com]

Par Louis d’Alencourt — 29 mars 2024

Nous allons aujourd’hui tenter d’expliciter un peu plus ce que j’appelle « le Projet 47 ». Si on voulait le résumer en quelques mots, je dirais qu’il s’agit du projet d’hégémonie mondiale d’un groupe restreint de personnes que l’on considère actuellement comme le gouvernement mondial occulte, et qui serait parvenu à ce pouvoir mondial effectif à un instant T, c’est-à-dire une fois arrivé au « 47 ».
Précisons qu’alors le 47 correspondrait à un double objectif, à savoir parvenir à ce moment-là à un pouvoir mondial définitif et irréversible, et en même temps entamer une nouvelle ère. Reste à savoir si ce pouvoir mondial, une fois parvenu au sommet, restera caché — comme maintenant — ou s’affichera visiblement, ce qui n’est pas garanti du tout. Parce qu’une fois parvenu au sommet, il faut s’y maintenir, et la discrétion, surtout dans ce domaine, est à la fois une protection et un gage de longévité. Et puis le peuple doit-il connaître les projets secrets de ses élites ?
Mais n’anticipons pas ; ce qui nous intéresse en premier lieu, c’est d’identifier le calendrier de ces messieurs, de connaître les grandes échéances qu’ils se sont eux-mêmes fixées.

Je précise, et ceci est fondamental, que je n’ai aucune preuve de ce que j’avance, mis à part certains indices ou signes très précis — de leur part — qui nous mettent sur la piste. Tout ce que je vais avancer ici est le fruit de déductions, de présomptions, de raisonnements bâtis à partir de l’analyse d’événements, de révélations, de connaissances, et de faisceaux d’indices et d’éléments — souvent cachés ou du moins ignorés du grand public — à partir desquels j’établis des liens que je relie entre eux. Ceci permet d’échafauder une série d’hypothèses, certes vraisemblables et cohérentes, mais pour lesquelles nous n’avons aucune certitude. Seuls les faits pourront nous donner raison, ou nous conduire à corriger, modifier voire abandonner tout ou partie de ces hypothèses.
De plus, la difficulté de l’analyse réside dans le fait que quelle que soit la source de nos informations, nous avons affaire à des spécialistes de la subversion et de la manipulation, qui ne disent jamais la vérité, où qu’ils soient et quels qu’ils soient, qui ne révèlent jamais les vrais motifs de leurs décisions — ou de celles qu’ils font prendre par d’innombrables intermédiaires haut placés —, et enfin parce que, pour comprendre la véritable nature des projets qui guident le monde, il faut prendre en compte leurs dimensions politiques, géopolitiques, économiques, historiques, métaphysiques, philosophiques, religieuses et spirituelles… car non seulement les projets véritables sont secrets, mais en plus ils relèvent d’un ou plusieurs de ces facteurs, qu’il faut deviner ou déduire derrière des dehors trompeurs.
Ce qui veut dire qu’aucun observateur habituel ne peut vous donner la clé des événements, car très peu sont capables d’établir une synthèse qui nécessite des connaissances aussi hétéroclites.
Et enfin, pour corser le tout, il y a le facteur surnaturel, c’est-à-dire des interventions divines donc non humaines — même si les exécutants sont des êtres humains — et qui ne sont pas toutes prévisibles ni faciles à reconnaître. À ce stade, aucun analyste ni politologue, ni géopolitologue ni même exégète ne pourra nous être utile, car aucun à ma connaissance, ne prend en compte le facteur surnaturel dans ses hypothèses ; seul l’eschatologue — croyant de surcroît — envisage cette dimension et peut l’intégrer dans ses perspectives, ce qui change considérablement l’éclairage de l’ensemble.

Le comité des 300

Avant de décrire un peu plus en quoi consiste le Projet 47, essayons de savoir rapidement qui, en définitive, est derrière ce projet.
Il ne s’agit pas ici de décrire les innombrables officines, plus ou moins secrètes, qui servent à la fois de lieux d’influence, de sélection et de management des élites, de réservoirs d’idées et d’élaboration de grands projets, ils ont tous été décrits par de nombreux ouvrages très documentés : loges maçonniques, Forum économique de Davos, Young leaders, sociétés de pensées, organisations de lobbying internationales, ONU et tous ses organismes internationaux associés, FMI, Banque mondiale, etc. sans oublier les partis politiques, tous noyautés eux aussi et soumis à ces organisations cosmopolites… tous servent en réalité, à des degrés divers, mais réels, de façon consciente ou inconsciente le même maître, celui dont on ne parle jamais et pour cause : il n’existe pas, ou plutôt il est censé ne pas exister, sauf à l’état de fantasme dans la tête de quelques complotistes en mal de publicité.
Oui, mais ces complotistes s’appuient sur des masses de documents, de présomptions et même de preuves qui établissent depuis plus d’un siècle sans aucun doute l’existence de ce pouvoir mondial secret que tout le monde pressent mais n’en connaît pas les membres, ni le fonctionnement, ni la véritable influence sur la marche du monde, ce gouvernement mondial qui agit dans l’ombre et que Walter Rathenau a résumé en une phrase lapidaire :

« Le monde entier est gouverné par 300 israélites que je connais ».

Walter Rathenau est le fils du fondateur d’AEG ; juif allemand, il fut ministre des Affaires étrangères de la République de Weimar, assassiné en 1922. Membre de la très haute bourgeoisie, et de la haute bourgeoisie juive, et homme d’Etat, Rathenau est donc crédible quand il s’exprime ainsi ; ces quelques indiscrétions lui ont coûté la vie, c’est facile d’exciter la première organisation antisémite venue pour faire taire les bavards.

Nous ne nous étendrons pas sur ce sujet ici, là encore les ouvrages de référence sur l’implication juive dans le gouvernement du monde sur les deux derniers siècles sont légion, mais il faut bien admettre que cette petite phrase résume l’essentiel :
— le monde entier… que ce soit clair… ce n’est pas anodin ;
— est gouverné… là encore le mot est précis, soyons lucides ;
— par 300 israélites… donc un petit nombre, exclusif notons-le bien (car tout en haut de la pyramide, il n’y a pas de non-juifs), probablement membres des grandes familles juives, dont quelques-unes sont connues du grand public ;
— que je connais… ce qui veut dire qu’ils sont quand même identifiables, du moins partiellement, et si le grand public n’en est pas capable, on peut estimer que certaines élites non juives (chefs d’états, hauts fonctionnaires, milliardaires…) en connaissent l’existence et peuvent en identifier quelques membres (ce qui peut expliquer bien des choses sur les rapports de forces).
Et comment gouverne-t-on ? Par l’argent. Derrière ces 300 israélites, tout le monde sait qu’il y a ce que l’on appelle la haute finance et la haute banque et que les États ne sont pas souverains, car soumis au chantage, au minimum, soit de la dette, soit du krach financier.
Bien sûr, on m’objectera que gravitent autour de ce comité des 300 énormément de personnes qui ne sont pas juives, y compris au niveau des banques, c’est exact. Mais le noyau dur, le centre décisionnel final, c’est ce comité des 300, là-dessus je pense que Rathenau ne se trompait pas et n’exagérait pas, et que, ce qui était valable en 1922 l’est encore plus — mais alors bien plus, et de façon presque palpable — en 2024.

Le projet messianique

Seuls les imbéciles, les naïfs et les ignorants, soit la majorité de nos concitoyens, ne savent pas que depuis deux mille ans la communauté juive caresse un projet messianique basé sur les promesses de Dieu faites à son peuple via les prophètes de l’Ancien Testament — à commencer par Isaïe —, à savoir la domination du monde, l’accaparement et la jouissance de ses richesses.
C’est une promesse divine, or Dieu ne peut pas mentir ni se tromper, donc… dans leur esprit c’est autant inéluctable que légitime et nécessaire.

[Voir aussi :
La synagogue de Satan
Histoire juive, religion juive : le poids de trois millénaires, par Israël Shahak
Lettre à Myriam Palomba sur les deux religions juives]

Or le peuple de Dieu à qui la promesse a été faite, c’étaient les Hébreux bibliques, que l’on appelle juifs aujourd’hui, et qui se considèrent comme exclusifs : les non-juifs ne font pas partie du peuple de Dieu d’où selon eux, leur rôle particulier de peuple-prêtre, c’est-à-dire d’intermédiaire entre Dieu et les hommes. D’où aussi la nécessité de justifier d’une ascendance par les liens du sang et/ou, au moins, par l’appartenance à la communauté judaïque, car le judaïsme, c’est-à-dire la religion, y joue un rôle essentiel d’osmose, de justification et de continuité de l’ensemble.
Cette domination sans partage sur tous les peuples et nations de la terre doit se faire par le Messie et à son avènement. Voilà, très schématiquement, le fondement de leur doctrine même si, évidemment, officiellement elle n’est jamais présentée ainsi, surtout aux goyims (les non-juifs).

Il convient de rappeler, pour la bonne forme et pour ceux qui l’ignorent, que leur Messie est bien venu il y a deux mille ans, c’est Jésus, le Christ (Christ veut dire Messie en grec). Et Jésus (Dieu fait homme, faut-il le rappeler) leur a expliqué que la lecture matérialiste, charnelle et littérale qu’ils faisaient de l’Écriture était fausse : non seulement la faculté d’enfant de Dieu n’était plus réservée aux seuls juifs, mais à tous ceux qui croiront en Lui, mais aussi que la richesse attendue n’était pas d’ordre matériel, mais spirituel : ce sont les âmes qui s’enrichissent par la grâce obtenue par la foi, les bonnes œuvres et les sacrements. Quant à la domination mondiale et au regroupement des richesses, ils s’accomplissent de manière inverse à ce qu’ils croyaient : c’est parce que les nations et les peuples rejoignent le peuple de Dieu (qu’on appellera très vite les chrétiens) que ce dernier devient universel et regroupe ses richesses dans une seule entité : la chrétienté, un seul peuple (spirituel) derrière un seul pasteur (le Christ) ayant en commun une seule foi.

Ceci pose un triple problème :
— d’abord un antagonisme certain entre juifs et chrétiens, à cause du Messie : les uns l’attendent encore, les autres l’ont, mais il s’agit du MÊME Messie, et il ne peut y en avoir qu’un ;
— ensuite une dispute sur la domination du monde, car les deux prétendent être légitimes à l’obtenir puisque les deux s’appuient sur les mêmes textes, sachant que les chrétiens ont en plus reçu l’ordre du Christ d’évangéliser et de baptiser toutes les nations, ce qui veut dire que la chrétienté doit à terme dominer le monde ;
— et enfin celui de la possession du pouvoir spirituel. Dieu ne se partage pas et le Messie est Fils de Dieu ; donc seul l’un des deux possède l’Emmanuel (qui veut dire : Dieu avec nous) ; non seulement il ne peut y avoir qu’un, mais l’autre ne peut et ne doit pas prétendre l’avoir, ce qui sous-entend qu’il ne dispose pas du pouvoir spirituel promis. Et ceci pose aussi un problème sur le statut de peuple de Dieu : les juifs l’ont perdu à l’avènement du Christ puisque, les Évangiles sont formels, les enfants de Dieu sont désormais uniquement constitués de ceux qui croient en Jésus-Christ. Mais les juifs nient ce changement, bien entendu.

On comprend mieux pourquoi les enjeux sont énormes : parce qu’il ne s’agit pas d’une simple controverse religieuse entre les croyances de deux religions, mais bien de la destinée elle-même de la chrétienté et du peuple juif : c’est l’un ou l’autre. Enjeux et problématiques que ne partagent pas les autres religions, ils sont intrinsèques aux deux antagonistes à cause du Messie, cas unique que les deux se disputent.
Voilà pourquoi nous ne sommes guère étonnés lorsque nous trouvons presque systématiquement un ou des juifs parmi les ennemis de la chrétienté, à chaque fois qu’il y a un événement destiné à la combattre, la discréditer, la déformer, la déstabiliser ou l’annihiler.

Et voilà pourquoi les catholiques considèrent, à juste titre, que leur ennemi le plus farouche est le judaïsme, qu’il est le chef de file, l’inspirateur ou au minimum le complice de pratiquement tous les projets destinés à détruire l’Église, et par extension la chrétienté, et que l’expression utilisée par saint Jean dans l’Apocalypse « la synagogue de Satan » est à prendre dans son sens littéral : oui la synagogue est le principal instrument de Satan contre le Christ et ses enfants, même si évidemment il n’est pas le seul, et qu’il se sert des autres ennemis de la chrétienté, souvent à leur insu, pour parvenir à ses fins.

L’expansion de la Synagogue

Les juifs n’ont jamais abandonné leur projet messianique, bien au contraire. Nous n’allons pas faire un cours d’histoire ici, mais seulement en rappeler quelques traits. Il faut toujours avoir à l’esprit, pour bien comprendre les événements et leurs motivations profondes, que Satan, dès le début, a formé une immense coalition antichrétienne au sein de laquelle, très souvent, on retrouve des juifs comme inspirateurs, coordinateurs, idéologues ou même acteurs parce que, je le rappelle, les juifs et les chrétiens revendiquent le même statut, constituer le peuple de Dieu, et veulent en obtenir les mêmes fruits : la domination du monde. Compte tenu de sa nature intrinsèque, d’être numériquement très faible, face à un adversaire universel qui convertit des nations entières, le monde juif utilise comme méthodes principales la dissimulation, la subversion et la manipulation. Les innombrables intermédiaires, quels qu’ils soient (par exemple la franc-maçonnerie), savent très rarement pour qui ils travaillent en réalité. Tout réside dans le fait que le projet messianique juif ne peut pas laisser les chrétiens occuper la place qui leur est due. C’est l’un ou l’autre, alors que l’inverse n’est pas vrai : les chrétiens peuvent cohabiter sans problème avec les juifs, dans la mesure où ceux-ci ne manifestent pas d’hostilité — même dissimulée — à leur égard, et ne cherchent pas à pervertir les idées et les valeurs.

Affaiblir la chrétienté, la subvertir, la pervertir, pour qu’elle s’effrite puis s’effondre et s’efface, voilà l’étape indispensable pour que le projet messianique de la Synagogue de Satan puisse avancer, la remplacer et dominer le monde. N’oublions pas que Synagogue et Satan sont extrêmement liés et il est souvent difficile de les départager dans les grands événements de l’histoire, tant Satan utilise la synagogue comme point d’appui et moteur de l’ensemble.
Une de ses plus grandes victoires fut la scission de la chrétienté via la Réforme protestante. Avec ses alliés protestants — faux chrétiens et vrais judaïques au rabais —, la synagogue a pris la main sur les États-Unis, pays très vite sous domination judéo-protestante, via notamment la maçonnerie.
En Europe, on peut retenir comme étape majeure la Révolution française, pas seulement pour sa dimension antimonarchique et anticatholique, mais aussi parce qu’elle a eu pour conséquence, entre autres, la déclaration des Droits de l’homme et l’émancipation des juifs ; deux idées qui ne sont pas venues toutes seules. L’une a pour but de remplacer un système (Christique — Dieu fait homme) par un autre (Humaniste — l’homme fait dieu), et l’autre affranchit la Synagogue des barrières qui empêchaient son expansion.
Pour bien comprendre cette expansion, et la puissance obtenue en très peu de temps (moins d’un siècle), il suffit de savoir qu’à la fin du XIXe siècle, le monde civilisé était pris en étau entre deux systèmes, deux doctrines, opposées en apparence, mais ayant le même fondement (le matérialisme) et les mêmes géniteurs : le capitalisme libéral et le communisme. Que les deux aient de multiples variantes, que les deux aient séduit d’innombrables populations, peu importe : les deux sont d’inspiration et d’essence judaïque : idéologies et doctrines, acteurs, dirigeants, entraîneurs, diffuseurs… dans les deux cas, le noyau est juif, relayé ensuite par des quantités de personnes, ce qui prouve que la domination juive du monde civilisé avait commencé pour de bon.
D’où son corollaire immédiat : l’affaiblissement du christianisme et la disparition des régimes catholiques et des derniers empires centraux chrétiens (rôle de la Première Guerre mondiale).

D’où l’apparition du sionisme : le premier congrès sioniste s’est tenu à Bâle en 1897. C’est parce qu’elle avait obtenu l’émancipation en Europe moins d’un siècle auparavant, et grâce à l’expansion économique sans précédent du XIXe siècle, que la diaspora juive, et son futur comité des 300, s’est sentie capable d’enclencher une phase déterminante de son histoire : le sionisme.
Qu’est-ce que le sionisme en réalité ? C’est la prise de conscience par une partie de l’élite, que les promesses liées au Messie commençaient à s’accomplir concrètement ; les Protocoles des sages de Sion, qui sont en réalité le compte-rendu des actes des groupes de travail du congrès sioniste de Bâle, montrent bien que dans leur esprit la domination mondiale est à leur portée. L’objectif s’est transformé en certitude. En fait, cette élite de la synagogue a cru comprendre que les promesses faites à leur peuple s’accomplissaient par eux et qu’en conséquence c’était eux qui faisaient le travail du Messie, d’où l’état d’esprit devenu majoritaire dans leurs rangs et que Bernard Baruch a résumé dans cette formule lapidaire, mais oh combien éclairante : « le Messie c’est le peuple juif dans son ensemble ».
Je crois que c’est là le secret du judaïsme et du sionisme : en accomplissant lui-même les promesses du Messie, en ce faisant Messie lui-même, il se divinise et devient Dieu lui-même puisque le Messie est Dieu. Donc on adore une idée de l’homme devenu un dieu, et cet homme c’est le juif, c’est le monde judaïsé, dont la mentalité matérialiste a remplacé l’idéal chrétien, et qui a permis à la Synagogue de prendre la direction du monde, par le biais de l’argent (monopolisation effective des richesses, même s’il leur faut en partager un peu) et des idées : on disait tout à l’heure que déjà au début du XXe siècle, les peuples n’avaient que deux choix principaux, capitalisme ou socialo-communisme, et que ces deux choix sont d’essence et d’inspiration juive. Il y a indéniablement dès cette époque une domination juive effective sur le monde (un auteur juif, Yuri Slezkine, a appelé le XXe siècle « Le siècle juif » et l’a démontré dans son livre), qui n’a fait que s’accentuer par le progrès économique et scientifique, qui ne sont que la concrétisation dans les faits de la conception matérialiste économique du monde de la Synagogue.
Et donc le sionisme avait pour objet, après avoir entériné la progression et l’accomplissement à terme des deux premiers volets (domination du monde et accaparement des richesses), de mettre en œuvre le troisième volet des œuvres à accomplir par le Messie : le retour du peuple juif en Terre promise. C’est fait depuis 1948 la boucle est bouclée et on doit en conclure que le Messie est bien parmi nous, non pas en tant qu’homme, mais en tant que peuple.

Le projet 47

Et on en arrive au Projet 47.
Pour comprendre le Projet 47, il était nécessaire d’en expliquer d’abord toute la genèse et l’état d’esprit qu’il implique. Car pour savoir ce qui se cache derrière le 47, il faut connaître la signification de ce nombre, et ensuite connaître l’historique et la vraie trame de l’idéologie et des projets de la Synagogue.

47 c’est le nombre du Messie en numération hébraïque. Cette valeur est valable pour les juifs comme pour les chrétiens.
Pour les chrétiens, Jésus fut le Messie promis aux juifs et au monde entier. Le nombre du Christ en gloire, c’est le 47. Jésus s’écrit Ieshoua en hébreu, soit Yod 10 + He 5 + Schin 21 + Wav 6 + He 5 = 47
De son côté, Jean-Gaston Bardet parvient à un résultat similaire : il révèle que le nom de gloire du Christ « est composé du Shin, symbole de l’humanité du Christ, intégré dans le tétragramme YHWH représentant la Trinité. Ce qui donne : YHShWH. Ce nom de gloire vaut 47. »

Revenons à la Synagogue.
Officiellement, tous les juifs attendent encore le Messie ; cependant la majorité de leur élite, dont le comité des 300, estime qu’en tant que peuple ils incarnent le Messie et en ont accompli par eux-mêmes les promesses, nous venons de le voir. Ceci n’est pas officiel et n’est jamais exprimé tel quel, au contraire ils laissent les juifs religieux, rabbins en tête, continuer à caresser l’idée de l’arrivée d’un Messie individuel, à l’espérer et à l’annoncer.

En fait ils savent tous que le Messie est collectif, qu’il est déjà en action, déjà là, déjà accompli, mais il leur reste une dernière étape à accomplir et cette étape est probablement la plus secrète de toutes.
La kabbale a confirmé le nombre (47) et fixé l’échéance au 20 janvier 2025, date d’entrée en fonction du 47e Président des États-Unis. Tout le monde voit l’allusion, la symbolique, et la comprend d’autant mieux quand on connaît la signification du 47.
Comment le sait-on ?
Parce que les élites juives, civiles et rabbiniques, ont demandé à l’ensemble des juifs du monde de réciter une prière mondiale pour demander le Messie le 21 février 2021 : ce jour-là, tous les juifs du monde devaient réciter la même prière à la même heure, 18 h heure de Jérusalem.
Or le 21 février 2021 est distant de 47 mois, au jour près, du 20 janvier 2025.
Donc les élites juives relient elles-mêmes le Messie (47) au 47e Président et l’annoncent 47 mois auparavant.
Pourquoi les États-Unis ?
Parce que les États-Unis sont et restent, quoiqu’on en dise, la première puissance mondiale, et que celle-ci est entre leurs mains :

« Nous le peuple juif contrôlons l’Amérique, et les Américains le savent. »

(Ariel Sharon en 2001, alors Premier ministre d’Israël en exercice).

Quelle est donc la nature du Projet 47 ?
C’est ici que nous entrons dans la grande inconnue. Qu’ont-ils en tête en faisant coïncider le Messie avec le 47e Président, sachant que le Messie est en réalité une entité collective ?
Nous n’avons pas la réponse à cette question, et personne ne l’a d’ailleurs, tellement le projet est maintenu dans le secret le plus absolu, mais il existe bien, l’écart de 47 mois entre leur prière mondiale et le mandat du président américain le prouve.

Nous ne pouvons que formuler quelques hypothèses :
1) S’agit-il de confier à cet homme, ou cette femme, le rôle de Messie individuel ?
Je ne le crois pas. Le Christ est unique et Satan n’a pas l’autorisation de l’imiter à ce point ; aucun homme ne peut se faire Dieu en dehors de la pâle imitation actuelle de l’homme divinisé par la science, la technique et l’affranchissement de la loi naturelle.
Par contre, ce personnage peut représenter le messianisme vainqueur et symboliser, par ses œuvres, ses décisions et ses prises de position, la domination de la synagogue sur le monde, sans être lui-même ni le Messie (pour les juifs), ni l’Antéchrist (pour les autres).

2) S’agit-il de déclarer à la face des peuples la domination effective du monde juif ?
C’est-à-dire, de proclamer devant tous l’accomplissement du rêve juif : la domination du monde ? Là encore, je ne le crois pas. La prudence impose, quand vous n’êtes que quelques dizaines de millions d’individus face à 8 milliards, de prendre quelques précautions. Même si vous contrôlez les élites, un retournement incontrôlable de la masse est toujours possible. Et puis, je le répète, les goyims doivent-ils être mis au courant ? Je ne le crois pas. La stratégie s’apparente plus, actuellement, à un abrutissement des masses selon la formule du pain et des jeux, une totale dépendance au système ce qui veut dire en réalité soumission à celui-ci, et un contrôle toujours plus précis des individus, rendu possible grâce au numérique, qui annihile toute tentative d’opposition, et à terme, de résistance. Mais aller dire à la face des peuples « Nous les juifs vous contrôlons et vous dirigeons » ce serait de la pure folie ; c’est déjà le cas, pas besoin de le dévoiler. Donc il ne faut pas s’attendre à ce genre d’annonce.

3) S’agit-il de commencer une nouvelle ère ?
Je crois qu’il faut chercher plutôt de ce côté-là. En fait, ils ne sont pas au début de l’œuvre, mais à la fin. La prise de contrôle du monde s’achève, et les ennemis sont annihilés, ou presque. On ne peut pas supprimer tous les opposants ou les récalcitrants, mais on peut les mettre au pas ; les empêcher de nuire, de réagir. L’ennemi numéro un c’est la chrétienté, je l’ai expliqué. Celle-ci est globalement éclatée en 3 entités : catholiques, protestants, orthodoxes. Les protestants sont de faux chrétiens, on pourrait dire la version judaïsée de la chrétienté, ils ne sont pas dangereux. Les catholiques sont à l’agonie, le plan de destruction du catholicisme commencé au concile est presque achevé, Bergoglio devrait avoir le temps d’ici les prochains mois de terminer son travail de destruction, qui devrait aboutir, selon moi, à une double explosion : la suppression de la Présence Réelle d’une part, et l’éclatement de l’Église par un grand schisme d’autre part. Je rappelle que la guerre est religieuse et que l’ennemi principal c’est le Vatican : c’est cette dernière serrure qui doit céder, pour que les juifs puissent récupérer l’Emmanuel sans concurrent. Quant au monde orthodoxe, les gréco-byzantins sont au niveau des catholiques conciliaires, donc sans danger ; il reste les Russes, le seul faux pas involontaire. Ils croyaient avoir annihilé la religion en Russie avec le communisme, elle a ressuscité de ses cendres, donnant raison à la Vierge de Fatima selon laquelle la Russie se convertira. Non seulement elle s’est convertie, mais elle tient tête à l’Occident pour ces raisons : c’est le seul et dernier pays chrétien qui s’oppose non seulement à eux, mais à leur système, dans les domaines de la morale, mais aussi de la géopolitique et du fonctionnement économique et social (en gros la Russie ne veut pas — ou plus exactement ne veut plus — obéir au comité des 300). On l’a bien compris, le sort de la Russie est en voie de résolution, il faut l’abattre (surtout le régime) et la soumettre, l’opération est en cours, voilà pourquoi ils ont lancé la guerre en Ukraine et voilà pourquoi ils disent qu’il est impératif que la Russie ne doit pas gagner. Pas pour favoriser l’Ukraine, mais parce que c’est le dernier pays chrétien qui leur tient tête.

Reste les musulmans. Je pense, mais je peux me tromper, que les opérations en cours à Gaza ont été suscitées pour mettre au pas le monde musulman dans son ensemble, pour le forcer à effectuer lui aussi sa soumission. Comment ? Je ne sais pas, mais il semblerait bien que ce soit l’objectif sous-jacent, parce que les répercussions de cette affaire dépassent largement la Palestine, c’est tout le monde musulman qui est impacté, y compris celui installé en Europe. Les Israéliens leur font la guerre avec des armes, les Français leur font la guerre avec la laïcité, dans les deux cas c’est leur soumission au système qui est recherchée.

On peut donc estimer que tout converge pour la fin de l’année : l’objectif est d’être prêts pour le 47e président, donc pour le 5 novembre (date du vote) et le 20 janvier suivant (date de prise de fonction du nouveau Président). D’ici là, il leur faut avoir résolu le problème russe, enclenché la soumission musulmane, et terminé avec les catholiques.
Je pense donc que pour eux, la nouvelle ère messianique, c’est-à-dire celle où ils sont les seuls maîtres en place sans véritable adversaire ou concurrent, doit s’ouvrir au 47e Président, le 20 janvier 2025, ou bien à partir de cette date.
Voilà ce que signifierait le Projet 47, on verra bien au vu des événements.

Que va-t-il se passer concrètement pour le 47e Président ?

Je vais me permettre ici d’introduire une dimension que les analystes ne prennent jamais en compte : le surnaturel. Dans de tels enjeux, Dieu a son mot à dire, et le démon n’a jamais eu la possibilité de faire tout ce qu’il voulait. Ses projets peuvent être perturbés, contrecarrés, retardés par des éléments perturbateurs qui n’ont pas d’explication rationnelle, sauf une intervention divine via, par exemple, la Vierge Marie.
Ce fut le cas de l’élection de Trump en 2016. C’est le cas de Poutine, homme du système, devenu ennemi de ce même système. De fâcheux imprévus qui peuvent tourner au cauchemar pour notre comité des 300 et tous ceux qui gravitent autour et exécutent leurs projets.
Si le président français Emmanuel Macron veut envoyer des troupes en Ukraine et cherche à y inciter ses alliés, ce n’est pas par solidarité envers l’Ukraine, mais parce que ses « patrons » doivent résoudre le conflit (en clair : faire tomber la Russie) d’ici la fin de l’année.
Le comité des 300 lui-même est loin d’être homogène ; il faut bien avoir à l’esprit que des clans, des intérêts, des points de vue, des méthodes divergents, et donc des désaccords, impactent les décisions, les calendriers et les projets.
Et enfin, même sous contrôle, les intermédiaires placés à des postes de responsabilité n’acquiescent pas toujours aux projets occultes, ou se trouvent dans des situations où ils ne peuvent les exécuter en l’état.
Tout ça pour dire qu’il y a toujours, même pour les hommes les plus puissants du monde, un fossé entre la théorie et la pratique, entre les objectifs et les résultats sur le terrain, les ordres donnés et leur exécution, et qu’il faut constamment s’adapter aux circonstances, corriger, rebondir, réajuster, abandonner, supprimer… quelles que soient les précautions et les anticipations prises.
Et tous ces problèmes internes nous sont cachés, ce n’est pas la presse qui va en parler, ni les individus concernés ; nous devons donc souvent deviner ce qui se passe à la réaction de ces Messieurs et en fonction de la nature des faits et des événements.

Je rappelle aussi que l’élection américaine du 5 novembre 2024 est particulièrement sous le signe de Satan, car celui-ci avait déjà retenu la date. À Medjugorje, sa fausse Vierge a demandé qu’on honore sa naissance au 5 août et non plus au 8 septembre. Comme si le Ciel pouvait se tromper durant des siècles et même laisser l’Église définir un dogme au 8 décembre (l’Immaculée Conception) donc à une date qui serait fausse. Car si elle est née un 8 septembre, elle est conçue 9 mois avant, soit un 8 décembre. Et si la naissance est un 5 août, la conception est alors un 5 novembre.
Par conséquent, si le démon nous indique le 5 novembre pour son « infernale conception » c’est qu’il y a une raison. Or le 5 novembre 2024 tombe très bien puisque c’est l’élection du 47e Président, le 47 désignant le Messie, on l’a dit, et ce Messie c’est la Synagogue de Satan, la fausse vierge hébraïque dont parle la Salette. Pas d’erreur donc sur ce qui sort au 5 novembre et commence son ère au 20 janvier suivant.

Mais voilà, comme je le disais en préambule, le Ciel tend à s’inviter dans les jolis projets de la Synagogue et à les perturber.
L’affiche de la présidentielle américaine 2024 est, pour le moment, un duel Trump-Biden.
Trump n’est sûrement pas l’homme choisi par le comité des 300, même s’il est sioniste (de toute façon c’est une condition exigée pour tout candidat, quel qu’il soit). Et puis l’élite juive a souvent tendance à être de gauche, donc plutôt de sensibilité démocrate.
La place du 47e est gardée par Joe Biden ; bien évidemment ce n’est pas lui, car s’il était réélu il serait toujours le 46e Président, mais on lui a fixé pour mission de garder la place au chaud pour celui ou celle qui se dévoilera probablement au dernier moment. Ceci est la seule explication plausible au fait que d’une part Biden se représente alors que sa sénilité est évidente, remarquée même par son camp et raillée par ses adversaires, et que d’autre part on l’ait laissé si facilement remporter les Primaires sans véritable concurrent. L’ordre vient de très haut.
Par contre, la présence de l’outsider Républicain Donald Trump n’était sûrement pas dans le plan, voilà pourquoi je parle d’intervention divine perturbatrice (et inattendue), et ceci explique l’acharnement judiciaire à son sujet, l’accumulation impressionnante de procès sur tous les sujets qu’ils ont pu trouver, pour l’empêcher coûte que coûte de se représenter. Et si Trump est encore en vie aujourd’hui, c’est probablement dû à quelques amitiés au sein du comité des 300, ou bien à des capacités de chantage que nous ignorons. Je le redis, nous petit peuple ignorons qui dirige le monde, mais pas certaines élites ; Trump ou Poutine en font probablement partie, voilà pourquoi ils savent sur qui il faut mettre la pression. ça marche dans les deux sens.

Par conséquent la stratégie paraît claire : le candidat qui doit gagner le 5 novembre est très certainement le Démocrate, quitte à tricher encore une fois, comme ils l’ont fait en 2020 pour reprendre la main et évincer Trump. Ceci me paraît être leur projet avec certitude.
Ensuite, l’inconnue réside dans le fait qu’on ne sait pas encore si celui ou celle choisi pour être le 47e Président, qui doit être selon moi forcément juif, ce qui n’est pas le cas de Biden, sera révélé peu de temps avant l’élection, remplaçant le candidat Biden à la dernière minute, dans un contexte et une situation arrangés pour la circonstance (l’actualité internationale est suffisamment riche pour « organiser » de grands changements), ou bien ne se révèlera qu’après l’élection, c’est-à-dire au cours d’un second mandat que Biden ne finira jamais. Dans ce cas il faudra bien faire attention au Vice-président(e), ce sera lui le futur 47.

Que ce soit une sorte de sauveur remplaçant Biden au pied levé avant ou après son élection, je pense que cette nouvelle ère sera mort-née et que l’Amérique est déjà condamnée, car si contre toute attente Trump est élu, la situation sera insupportable pour le comité des 300, tous leurs projets annoncés tombant à l’eau, donc ils sont capables de tout envoyer en l’air, et si Trump n’est pas élu, le pays basculera dans la guerre civile, les Républicains refusant certainement la triche pour une seconde fois.

Et si le divin s’invitait dans cette affaire ?

Mais à toute chose malheur est bon, nous dit le proverbe.
N’oublions pas que nous spéculons ici sur une période bien particulière, appelée fin du monde par les uns, fin du temps des nations par les autres, ou chute de Babylone par les troisièmes.
Quand on parle des projets du Comité des 300 et de l’élite juive en général, tout a l’air d’aller de soi. Bien sûr que non. Par exemple, la destruction et la mort de l’Église catholique, même si c’est envisagé sérieusement, est un événement qui, s’il a lieu, très certainement sur le modèle de la Passion de son divin Maître, ne dure pas : après la mort et le tombeau, il y a la Résurrection. Il en va de même pour tous les projets du démon : vaincre la chrétienté, amorcer une nouvelle ère par l’intermédiaire de la Synagogue, c’est bien joli, mais il ne peut s’agir que d’un projet mort-né sans avenir. Le Bien reprendra ses droits, c’est une certitude, et les méchants seront confondus.

Et puis, plus on va avancer vers les grandes échéances, plus vont se produire des événements que personne ne peut imaginer, car Dieu réserve au monde des interventions qu’il tient secrètes ; non seulement son action est annoncée de façon énigmatique (la chute de Babylone dans l’Apocalypse, par exemple), mais aussi parce que, nous le savons, sa façon d’agir sera inédite, sans précédent, et exceptionnelle.

Alors, pourquoi ne pas imaginer une sorte de détournement par notre Seigneur, Jésus-Christ, des projets de la synagogue à son profit ?
L’épisode de la conversion d’Alphonse Ratisbonne m’a donné cette idée, parce que celle-ci a eu lieu un 20 janvier, le 20 janvier 1842 ; or la Synagogue espère ouvrir son ère le 20 janvier 2025. Même date, même type d’individu, Ratisbonne était juif et athée, et peut-être même mode opératoire : ce jour-là Ratisbonne était à Rome, influencé par un ami catholique qui cherchait à le convertir, et qui l’incite à entrer dans une église, dans laquelle la Sainte Vierge lui apparaîtra : « elle ne m’a pas parlé, mais j’ai tout compris », dira-t-il, et il ressent comme des écailles qui lui tombent des yeux. Un miracle à l’origine d’une conversion fulgurante pour celui qui finira prêtre Jésuite.

Et pourquoi pas ?
Pourquoi le 47 ne serait-il pas NOTRE 47 ?
Après tout, 47 est la valeur numérique du mot Ieshoua, Jésus en hébreu, et c’est aussi pour les juifs le nombre du Messie (comme pour nous ! alors que pour eux ce n’est pas Jésus) puisqu’ils font une prière mondiale pour demander le Messie 47 mois avant l’investiture du 47e président !
Par quelle extraordinaire coïncidence retombent-ils sur le même chiffre pour la même chose ?

Comment se fait-il qu’un de leurs plus célèbres kabbalistes, le rabbin Kaduri, mort en 2006, auteur de plusieurs prophéties dont certaines autour du Messie, ait déclaré que « Jésus est le nom du Messie », et que ce dernier se révèlerait peu après la mort d’Ariel Sharon (décédé — pardon, débranché — le 11 janvier 2014) ?

Ne serait-ce pas en réalité l’annonce d’un de ces grands secrets de Dieu, celui de la fameuse « conversion des juifs » devant avoir lieu à la fin du monde et qui serait autant massive qu’inattendue et fulgurante. Et pourquoi pas ? Tout est possible à Dieu.

Conclusion

Le Projet 47, c’est l’entrée dans l’ère de l’hégémonie et de la domination des élites juives, du judaïsme et de l’esprit juif sur le monde (le tout formant leur « Messie »), et cette ère, nous disent-ils avec leurs signes ésotériques, commencerait à l’investiture du 47e Président américain, le 20 janvier 2025.
Mais puisque le 47 est aussi le chiffre du Christ en gloire, il n’est pas interdit de penser que l’inverse peut se passer et qu’en réalité, ce sera la victoire du Christ sur le monde, le démon et la synagogue. Et le signe de la conversion en masse des juifs à la fin du monde comme le pressent la tradition chrétienne.

Louis d’Alencourt, le 29 mars 2024, Vendredi saint.

Illustration : l’épisode du serpent d’airain, image anticipée du Sacrifice du Christ, vers lequel Moïse avait enjoint aux juifs de se tourner pour être guéris des morsures cruelles et mortelles des serpents.




La faillite imminente de l’empire américain

Nous devons prendre conscience de ce qui nous attend. Si nous nous laissons envoûter, nous sombrerons dans un cauchemar où les outils de répression paveront la voie à de terrifiants États totalitaires.

[Source : SPIRIT’S FREESPEECH]

[Illustration : Donald Trump et Joe Biden lors d’un débat présidentiel américain le 22 octobre 2020 à Nashville, Tennessee. (Photo : Kevin Dietsch via Alamy)]

Par Chris Hedges, le 18 juin 2024

Le monde tel que nous le connaissons est gouverné par une classe exclusive de racketteurs américains qui opèrent avec un armement et des fonds virtuellement illimités, comme le révèle le livre de Matt Kennard.


La perception publique de l’empire américain, du moins pour ceux qui, aux États-Unis, n’ont jamais observé l’empire dominer et exploiter les « damnés de la terre », est radicalement éloignée de la réalité.

Ces illusions fabriquées, sur lesquelles Joseph Conrad a écrit avec tant de clairvoyance, partent du principe que l’empire est une force pour le bien. L’empire, nous dit-on, favorise la démocratie et la liberté. Il répand les bienfaits de la « civilisation occidentale ».

Ce n’est là qu’une supercherie répétée ad nauseam par des médias complaisants et colportée par les politiciens, les universitaires et les puissants. Mais ce ne sont que des mensonges, comme le savent tous ceux d’entre nous qui ont consacré des années aux reportages à l’étranger.

Dans son livre « The Racket », Matt Kennard, qui a réalisé des reportages en Haïti, en Bolivie, en Turquie, en Palestine, en Égypte, en Tunisie, au Mexique, en Colombie et dans bien d’autres pays, soulève le voile. Il expose les mécanismes occultes de l’empire. Il en détaille la brutalité, le mensonge, la cruauté et les illusions dangereuses qui les animent.

Au stade ultime du règne de l’empire, l’image vendue à un public crédule gagne les mandarins de l’empire. Ils prennent des décisions basées non pas sur la réalité, mais sur leur vision déformée du réel, teintée selon leur propre mode de propagande.

Matt nomme cela « le racket ». Aveuglés par l’orgueil et le pouvoir, ils en viennent à croire à leurs propres tromperies, propulsant l’empire vers un suicide collectif. Ils se réfugient dans un imaginaire où les faits bruts et dérangeants n’entrent plus en ligne de compte.

Ils substituent à la diplomatie, au multilatéralisme et à la politique des menaces unilatérales et le recours brutal à la guerre. Ils deviennent les architectes aveugles de leur propre destruction.

« Au stade ultime de l’empire, l’image vendue à un public crédule commence à en gagner les mandarins ».

Matt écrit que

« Quelques années après mon arrivée au Financial Times, certaines choses ont commencé à se clarifier. J’ai pris conscience de l’écart entre ma vision des choses et celle de tous ceux qui travaillaient dans ce milieu — les collaborateurs de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), les économistes du Fonds monétaire international (FMI), etc. ».

Il explique qu’« Alors que je commençais à mieux cerner le fonctionnement réel du racket, je ne les voyais plus que comme des dupes consentants. Il ne fait aucun doute qu’ils semblaient croire en la vertu de la mission : ils s’imprégnaient de toutes les théories destinées à maquiller l’exploitation mondiale dans une rhétorique du “développement” et du “progrès”. Je l’ai constaté avec les ambassadeurs américains en Bolivie et en Haïti, et les innombrables autres responsables que j’ai interrogés ».

« Ils croient sincèrement à ces mythes », conclut-il, « et sont bien sûr grassement payés pour le faire. Pour aider ces agents du racket à se lever le matin, il existe également, dans tout l’Occident, un contingent bien garni d’intellectuels dont le seul but est de faire accepter le crime et la brutalité à l’ensemble de la population des États-Unis et de leurs alliés racketteurs ».

« En envahissant l’Afghanistan et l’Irak, les États-Unis ont commis l’une des plus grandes bévues stratégiques de leur histoire, qui a sonné le glas de l’empire. »

Les États-Unis ont commis l’une des plus grandes bévues stratégiques de leur histoire, qui a sonné le glas de l’empire, en envahissant et en occupant pendant deux décennies l’Afghanistan et l’Irak.

Les artisans de cette guerre dans la Maison-Blanche de George W. Bush, et l’ensemble des idiots utiles de la presse et du monde universitaire qui l’ont encouragée, ne connaissaient pas grand-chose des pays à envahir. Ils croyaient à l’incivilité de leur supériorité technologique.

Ils ont été pris au dépourvu par la féroce riposte et la résistance armée qui les ont vaincus. C’est ce qu’avaient prédit ceux d’entre nous qui connaissaient le Moyen-Orient — j’étais chef du bureau du Moyen-Orient pour le New York Times, je parlais arabe et j’ai fait des reportages dans la région pendant sept ans.

Mais ceux qui ont voulu faire la guerre lui ont préféré un fantasme réconfortant. Ils ont affirmé, et probablement cru, que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive, alors qu’ils ne disposaient d’aucune preuve tangible à l’appui de cette affirmation.

Ils ont prétendu que la démocratie s’implanterait à Bagdad et se répandrait dans tout le Moyen-Orient. Ils ont assuré au public que les troupes américaines seraient accueillies comme des libérateurs par des Irakiens et des Afghans reconnaissants. Ils ont promis que la reconstruction serait financée par les bénéfices tirés de l’exploitation du pétrole.

Ils ont aussi fait valoir que cette frappe militaire audacieuse et rapide — « choc et stupeur » — rétablirait l’hégémonie américaine dans la région et sa domination dans le monde. C’est l’inverse qui s’est produit. Comme l’a exprimé Zbigniew Brzeziński :

« Cette guerre unilatérale voulue contre l’Irak a précipité le processus de délégitimation généralisée de la politique étrangère américaine ».

État de guerre

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique est devenue une stratocratie, c’est-à-dire un gouvernement dominé par le pouvoir militaire. Les préparatifs de guerre sont permanents. Les budgets colossaux de la machine de guerre sont sacro-saints. Les milliards de dollars de gaspillage et de fraude sont ignorés.

Les fiascos militaires en Asie du Sud-Est, en Asie centrale et au Moyen-Orient sont évacués dans le vaste trou noir de l’amnésie historique. Cette amnésie, dédouanant toute responsabilité, permet à la machine de guerre de passer d’une débâcle militaire à une autre tout en éviscérant le pays sur le plan économique.

Les militaristes gagnent toutes les élections. Ils ne peuvent pas perdre. Il est impossible de voter contre eux. L’État de guerre est un « Götterdämmerung » [un Crépuscule des dieux »], comme l’écrit Dwight Macdonald, « mais sans les dieux ».

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement fédéral a investi plus de la moitié de ses recettes fiscales dans des opérations militaires passées, présentes et futures. C’est la principale activité du gouvernement.

Les systèmes militaires sont vendus avant même leur production, avec la garantie que les énormes dépassements de budget seront couverts.

« Le public américain finance la recherche, le développement et la construction de systèmes d’armes, puis achète ces mêmes systèmes d’armes pour le compte de gouvernements étrangers. »

L’aide étrangère est subordonnée à l’achat d’armes américaines. L’Égypte, qui perçoit quelque 1,3 milliard de dollars de financement militaire étranger, est tenue de les consacrer à l’achat et à l’entretien de systèmes d’armes américains.

Israël, quant à lui, a déjà reçu 158 milliards de dollars d’aide bilatérale de la part des États-Unis depuis 1949, dont la quasi-totalité depuis 1971 sous forme d’aide militaire, dont la majeure partie a été consacrée à l’achat d’armes auprès de fabricants d’armes américains.

Les pouvoirs publics américains financent la recherche, le développement et la construction de systèmes de défense, puis achètent ces mêmes systèmes pour le compte de gouvernements étrangers, en un système circulaire de soutien aux entreprises.

Au cours de l’année précédant septembre 2022, les États-Unis ont dépensé 877 milliards de dollars pour l’armée, soit plus que les dix pays suivants réunis — dont la Chine, la Russie, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni.

Ces colossales dépenses militaires, ainsi que les coûts en augmentation d’un système de santé à but lucratif, ont porté la dette nationale américaine à plus de 31 000 milliards de dollars, soit près de 5 000 milliards de dollars de plus que l’ensemble du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis.

Ce déséquilibre n’est pas viable, surtout quand le dollar ne sera plus la monnaie de réserve mondiale. En janvier 2023, les États-Unis ont dépensé le montant record de 213 milliards de dollars en intérêts sur leur dette nationale.

L’empire « à la maison »

La machine militaire, en détournant des fonds et des ressources vers des guerres sans fin, éviscère et appauvrit sa nation, comme l’illustrent les reportages de Matt à Washington, Baltimore et New York.

La facture publique — sur le plan social, économique, politique et culturel — est catastrophique. Les travailleurs vivent en dessous du seuil de pauvreté et sont la proie des entreprises qui ont privatisé tous les aspects de la société, des soins de santé à l’éducation en passant par le complexe carcéro-industriel.

Les militaristes détournent les fonds des programmes sociaux et d’infrastructure. Ils investissent dans la recherche et le développement de systèmes de défense et négligent les technologies liées aux énergies renouvelables. Ponts, routes, réseaux électriques et digues s’effondrent. L’état des écoles se dégrade. L’industrie manufacturière nationale est en déclin. Notre système de transport public est en lambeaux.

La police militarisée tire sur des gens de couleur, pauvres et pour la plupart non armés, et alimente un système pénitentiaire et carcéral qui compte 25 % des prisonniers dans le monde, alors que les Américains ne représentent que 5 % de la population mondiale.

Les villes, désindustrialisées, tombent en ruine. L’addiction aux opioïdes, le suicide, les fusillades de masse, la dépression et l’obésité morbide sont autant de fléaux affectant une population en proie à un profond désespoir.

Les sociétés militarisées constituent le terreau fertile des démagogues. Les militaristes, comme les démagogues, perçoivent les autres nations et cultures à leur propre image, menaçante et agressive. Ils ne recherchent que la domination. Ils colportent l’illusion d’un grand retour à l’âge d’or mythique de la domination totale et de la prospérité illimitée.

La profonde désillusion et la colère qui ont permis l’élection de Donald Trump — une réaction au coup d’État des entreprises et à la misère qui frappe au moins la moitié du pays — ont détruit le mythe d’une démocratie fonctionnelle.

« La machine militaire, en détournant les fonds et les ressources vers des guerres sans fin, éviscère et paupérise la nation sur son sol. »

Comme le note Matt, « L’élite américaine qui s’est engraissée du pillage à l’étranger mène également une guerre à domicile. Depuis les années 1970, les mêmes mafieux en col blanc ont gagné une guerre contre le peuple des États-Unis, sous la forme d’une escroquerie massive et souterraine. Ils ont lentement mais sûrement réussi à vendre une grande partie de ce que le peuple américain possédait sous le couvert de diverses idéologies frauduleuses telles que le “libre échange”. C’est l’“American way”, une gigantesque escroquerie, une énorme arnaque ».

Il poursuit : « En ce sens, les victimes du racket ne se trouvent pas seulement à Port-au-Prince et à Bagdad, mais aussi à Chicago et à New York. Ceux-là mêmes qui élaborent les mythes sur nos agissements à l’étranger ont également mis en place un système idéologique analogue qui légitime le vol chez nous, le pillage des plus pauvres par les plus riches. Les pauvres et les travailleurs de Harlem ont plus en commun avec les pauvres et les travailleurs d’Haïti qu’avec leurs élites, mais pour que le racket opère, il faut l’occulter ».

« En fait, de nombreuses mesures prises par le gouvernement américain nuisent généralement aux plus pauvres et aux plus démunis de ses citoyens », conclut-il.

« L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en est un bon exemple. Il est entré en vigueur en janvier 1994 et constitue une opportunité fantastique pour les intérêts commerciaux américains, car les marchés se sont ouverts à une manne d’investissements et d’exportations. En parallèle, des milliers de travailleurs américains ont perdu leur emploi au profit de travailleurs mexicains, dont les salaires ont été cassés pour payer de plus pauvres encore. »

Auto-immolation

Le public, bombardé de propagande de guerre, applaudit à son auto-immolation. Il se délecte des prouesses militaires américaines, d’une ignoble beauté. Il s’exprime au moyen des clichés destructeurs de pensée déversés par la culture et les médias de masse. Elle s’imprègne de l’illusion de la toute-puissance et se complaît dans l’autoadulation.

Le mantra de l’État militarisé est la Sûreté nationale. Si le débat porte a priori sur la Sûreté nationale, la réponse inclura toujours la force ou la menace de la force. Le souci des menaces internes et extérieures divise le monde en amis et en ennemis, en bons et en méchants.

Ceux qui, comme Julian Assange, exposent les crimes et la folie suicidaire de l’empire sont impitoyablement persécutés. La vérité, celle que Matt met au jour, est amère et rude.

« Ceux qui, comme Julian Assange, dénoncent les crimes et la folie suicidaire de l’empire sont impitoyablement persécutés. »

« Alors que les empires naissants se montrent souvent avisés, voire rationnels, dans l’utilisation des armes pour conquérir et contrôler leurs territoires d’outre-mer, les empires sur le déclin ont tendance à faire étalage de leur puissance de manière inconsidérée, rêvant de coups d’éclat militaires audacieux qui leur permettraient de restaurer le prestige et la puissance perdus »,

écrit l’historien Alfred McCoy.

« Souvent irrationnelles, même du point de vue de l’empire, ces micro-opérations militaires peuvent se traduire par des hémorragies budgétaires ou des défaites humiliantes et accélérer ainsi le processus déjà engagé. »

Nous devons à tout prix prendre conscience de ce qui nous attend. Si nous nous laissons envoûter par les images des murs de la caverne de Platon, ces images qui nous bombardent sur nos écrans jour et nuit, si nous ne parvenons pas à comprendre le fonctionnement de l’empire et son caractère autodestructeur, nous sombrerons tous, notamment avec l’imminence de la crise climatique, dans un cauchemar hobbesien où les instruments de répression, si familiers aux confins de l’empire, paveront la voie à de terrifiants États corporatistes totalitaires.

* Chris Hedges a travaillé pendant près de vingt ans comme correspondant étranger pour le New York Times, la National Public Radio et d’autres organismes d’information en Amérique latine, au Moyen-Orient et dans les Balkans.

The racket: A Rogue Reporter vs The American Empire est disponible auprès de Bloomsbury.




Sincérité

[Source : arcaluinoe.info]

Par Blaž Kavčič

Chers participants au Forum 2024 de Chisinau !

La situation mondiale au printemps 2024 peut être bien illustrée par le contraste frappant entre les déclarations des principaux politiciens mondiaux et la réalité sur le terrain que nous pouvons tous voir. Nous ne voyons aucune preuve de génocide à Gaza, disent-ils. Nous ne faisons que promouvoir la démocratie, disent-ils. Nous déclenchons et menons des guerres uniquement pour que vous soyez sains et saufs, disent-ils. Nous ne voyons pas de produits chimiques pulvérisés dans le ciel, disent-ils. Nous vous guérirons en éliminant les derniers lambeaux de souveraineté nationale dans vos constitutions par le traité de l’OMS sur la pandémie qui doit être signé à la fin du mois de mai, disent-ils.

Alors, quelle est la sincérité des décideurs mondiaux, quelle est notre sincérité à nous ?

En 1972, une chanson slovène parlait de sincérité. Que je me réveille un jour parmi les gens sincères, chantait la dame. Une chanson d’amour, mais aussi une quête sociale. Avec le recul, nous pouvons mieux comprendre que la Slovénie et la Yougoslavie, entre 1945 et 1991, ont été un laboratoire d’expérimentation sociale à l’échelle mondiale. Un peu comme Israël, Gaza, l’Ukraine, Singapour, les États baltes… aujourd’hui. L’expérience yougoslave du socialisme autogéré se reflète aujourd’hui dans les projets générés par l’Agenda 2030, tels que les OAD (organisations autonomes décentralisées). Des stratèges mondiaux ont participé au développement de l’utopie socialiste autogestionnaire yougoslave, dont John Galbraith. John Galbraith était membre de la triade la plus influente des dernières décennies, avec Heinz Alfred Kissinger et Herman Kahn. De nombreux phénomènes d’importance mondiale ont été générés dans cette partie du monde, les Balkans et les terres voisines — une frontière entre les empires ottoman et habsbourgeois pendant des centaines d’années, un mélange dynamique et parfois explosif de nations, de cultures, de religions, le lieu de naissance de Nikola Tesla, le lieu du spectacle de l’assassinat du prince Ferdinand qui a déclenché la guerre des trois cousins, également appelée la Première Guerre mondiale. Dans les années 1970, une sorte de contre-révolution communiste a eu lieu en Yougoslavie, une bataille contre le libéralisme pro-occidental. Ce que nous comprenons beaucoup mieux aujourd’hui, c’est qu’il s’agissait simplement de différentes factions de la technocratie qui se donnaient en spectacle et luttaient pour un meilleur positionnement auprès des puissances mondiales. Mais il faut être sincère pour l’admettre.

En écoutant récemment la ministre sud-africaine à la faculté des sciences humaines de Johannesburg, je me suis demandé dans quelle mesure elle était sincère et dans quelle mesure les initiatives de l’Afrique du Sud contre le génocide à Gaza étaient sincères. Toute personne décente salue probablement l’initiative. Mais cette initiative s’attaque-t-elle aux causes systémiques du génocide de Gaza ? Les guerres déclenchées par le monde occidental entre 1914 et 1945 ont tué plus de 120 millions de personnes et dévasté la vie de milliards d’autres. Même pendant les cent années de paix souvent évoquées, de 1815 à 1914, des centaines de guerres ont été menées dans le monde entier à l’initiative d’un petit nombre de personnes et subies par le plus grand nombre. Toute initiative n’abordant pas l’Agenda 2030 comme une proclamation de guerre contre l’Humanité et contre la nature n’est pas assez sincère pour nous aider à comprendre correctement ce qui se passe réellement, quelles sont les causes, quelles sont les tendances et où nous devrions chercher la voie de la survie.

Permettez-moi d’exprimer ma gratitude aux organisateurs du forum de Chisinau pour leurs efforts et pour m’avoir donné l’occasion d’y participer. Il est rafraîchissant de voir certains de nos collègues exposer la menace du mondialisme qui se propage à travers le concept de multipolarité. En tant que partisan de la multipolarité, j’aimerais également que les principales puissances de l’initiative multipolaire rejettent clairement l’Agenda 2030. Il faut probablement beaucoup de sincérité, de connaissances, d’indépendance et de résolution pour parler de manière critique des efforts de la Russie et de la Chine, que l’on voit surtout lutter contre l’impérialisme.

Sommes-nous assez sincères pour proclamer publiquement que les mondialistes nous empoisonnent, nous volent et nous tuent systématiquement ? Sommes-nous assez sincères pour cesser d’ignorer l’évidence ? Cesser d’ignorer l’évidence est plus difficile qu’on ne le pense. Commencer à croire ses propres yeux et son bon sens est aujourd’hui un acte révolutionnaire. Et cela crée une douleur émotionnelle. Si nous voulons nous approcher d’une meilleure compréhension de ce qui se passe réellement aujourd’hui, nous devrions probablement éviter de discuter et de nous battre sur la base des prémisses qui nous sont imposées par de nombreux canaux différents. Accepter de se battre pour le socialisme ou le capitalisme, une religion contre l’autre, une race contre l’autre, une culture contre l’autre. Nous sommes objectivement confrontés à des phénomènes sociaux complexes tels que : La guerre, la religion, la technologie, la culture, le terrorisme, la corruption, la dette, l’inflation… pour n’en citer que quelques-uns. Et nous sommes inondés d’explications et de solutions, qu’elles soient classiques ou alternatives. La plupart du temps, nous avons affaire à des opérations sous fausse bannière : mauvaises causes, mauvais remèdes.

La question est de savoir si nous pouvons raisonnablement espérer trouver des réponses et des solutions correctes en acceptant les entraves dogmatiques construites et imposées par les mondialistes. Pendant des décennies, les mondialistes ont développé et promu des dogmes dans des domaines clés de la société humaine. Les penseurs d’aujourd’hui qui restent enfermés dans un ou plusieurs de ces dogmes ne peuvent pas parvenir à une évaluation juste de ce qui se passe, des causes réelles des événements et de la direction que prend la civilisation humaine. C’est pourquoi je propose une approche pluridisciplinaire de l’analyse d’une question paradigmatique : que se passe-t-il vraiment ? Et que faire ? Nous disposons aujourd’hui d’une vaste base de connaissances — historiques et nouvelles. Le principal problème est de replacer les choses dans leur contexte et d’éviter les pièges de la science corrompue qui domine à l’échelle mondiale. De manière très abrégée, nous traitons ici et aujourd’hui des quatre principaux dogmes de l’impérialisme moderne :

  • – la démocratie
  • – l’argent
  • – le CO2
  • – les virus

Aucune décision dans le monde d’aujourd’hui n’est prise en dehors de l’impact dominant des dogmes énumérés. Et rien ne se passe dans la société humaine sans décisions. Si le système d’institutions et de motivations ne change pas, il n’y aura pas de changement dans les décisions, mais seulement des variations dans les récits.

J’ai expliqué avec suffisamment de détails et de sincérité les bases des quatre dogmes et de l’approche multidisciplinaire au forum de Chisinau l’année dernière. Permettez-moi d’attirer votre attention cette fois-ci sur certains des dilemmes monétaires et des stratégies du mouvement BRICS+. Nous entendons des déclarations en faveur d’une nouvelle monnaie de réserve mondiale alternative, de l’abandon du dollar, de l’adossement de la monnaie de réserve à l’or, de la mise en place d’une plateforme numérique telle que la blockchain ou autre. Mon avertissement sincère à propos de ces déclarations est qu’elles prouvent que les spectacles en Ukraine, en Asie de l’Ouest, potentiellement à Taïwan, au Kosovo, ne sont que des spectacles secondaires pour cacher l’Agenda 2030 qui est mis en œuvre de manière robuste au sein du groupe BRICS+. Ou devrions-nous croire que l’Agenda 2030 est bon pour nous ? Il existe peut-être des variantes bonnes et mauvaises de l’Agenda 2030.

L’un des sociologues les plus influents, Karl Polanyi, a expliqué il y a 80 ans qu’il serait catastrophique pour l’Humanité de ne pas comprendre correctement les trois catégories cruciales que sont le travail, la terre et l’argent. Il a montré que ces catégories, par essence, ne sont pas des marchandises, mais qu’elles ont une nature différente. Aujourd’hui, cependant, nous nous trouvons exactement dans la situation contre laquelle Polanyi mettait le monde en garde. Une mauvaise compréhension de l’argent est la mère de tous les dogmes. En effet, l’émission privatisée et mondialement monopolisée d’argent rend possibles des projets impériaux dévastateurs.

Qu’y a-t-il donc de mal à ce que la monnaie soit adossée à l’or et à ce que l’impression excessive d’argent soit considérée comme le problème proclamé ?

Le projet néolibéral n’a pas seulement été poursuivi au niveau national, mais aussi au niveau international, par la création de l’étalon-or, qui était une tentative d’étendre la logique du marché prétendument autorégulateur (mais en réalité imposé) aux relations économiques entre les pays. Il s’agissait d’une des premières tentatives mondialistes de marginaliser le rôle des États-nations — et de leurs citoyens — dans la gestion des affaires économiques. L’étalon-or subordonnait effectivement les politiques économiques nationales aux règles inflexibles de l’économie mondiale. Il a également servi d’outil très efficace pour discipliner le travail.

Les néolibéraux, tels que Hayek et Mises, étaient conscients que le marché autorégulateur était un mythe. Leur objectif était « non pas de libérer les marchés, mais de les enfermer, d’inoculer le capitalisme contre la menace de la démocratie », en utilisant l’État pour séparer artificiellement l’« économique » du « politique ». En ce sens, le libéralisme de marché peut être considéré comme un projet politique autant qu’économique : une réponse à l’entrée des masses dans l’arène politique à partir de la fin du XIXe siècle, à la suite de l’extension du suffrage universel — une évolution à laquelle la plupart des libéraux militants de l’époque étaient farouchement opposés. Ce projet a été poursuivi non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international, par la création de l’étalon-or, qui était une tentative d’étendre la logique du marché prétendument autorégulateur (mais en réalité imposé) aux relations économiques entre les pays. Il s’agissait là d’une des premières tentatives mondialistes de marginaliser le rôle des États-nations (et de leurs citoyens) dans la gestion des affaires économiques. L’étalon-or subordonnait effectivement les politiques économiques nationales aux règles inflexibles de l’économie mondiale. Mais il protégeait également le domaine économique des pressions démocratiques qui se développaient à mesure que le suffrage se répandait en Occident, tout en offrant un outil très efficace pour discipliner la main-d’œuvre.

Cependant, l’étalon-or a imposé des coûts si importants aux sociétés, sous la forme de politiques déflationnistes destructrices, que les tensions créées par le système ont fini par provoquer son implosion. Nous avons d’abord assisté à l’effondrement de l’ordre international en 1914, puis à nouveau à la suite de la Grande Dépression. Cette dernière a provoqué le plus grand contre-mouvement antilibéral que le monde ait jamais connu, les nations cherchant différents moyens de se protéger des effets destructeurs de l’économie mondiale « autorégulée » — y compris en embrassant le fascisme. En ce sens, selon Polanyi, la Seconde Guerre mondiale a été une conséquence directe de la tentative d’organiser l’économie mondiale sur la base du libéralisme de marché.

L’or doit donc être considéré comme l’une des matières premières, un actif probablement conseillé dans les portefeuilles nationaux, d’entreprises ou privés, au même titre que l’argent ou d’autres matières premières traditionnellement établies. Le seul véritable support de la monnaie est une économie nationale fonctionnant harmonieusement, où les biens et les services sont créés pour couvrir les besoins réels des citoyens.

La question monétaire vraiment cruciale et urgente est celle de la souveraineté monétaire des États nationaux. Sans monnaie nationale saine, il n’y a pas de solution saine pour le commerce et les investissements internationaux. Le pouvoir d’achat ne doit pas être imprimé ou créé électroniquement, mais créé en termes réels. L’impression de monnaie (ou son émission électronique) en tant que telle n’est pas un problème, ce n’est qu’un fait technique. Le vrai problème est que les États nationaux (y compris les États-Unis) n’émettent pas de monnaie eux-mêmes, ce qui serait pratiquement gratuit pour les citoyens, mais empruntent de l’argent à des prêteurs privés (comme la FED). Pourquoi les économistes les plus éminents (à l’exception honorable de Michael Hudson et de quelques autres économistes hétérodoxes) ne posent-ils pas la question de savoir d’où vient l’argent que les prêteurs mondiaux prêtent aux États nationaux ? Il n’est pas basé sur la valeur réelle créée, mais sur la fiction et la manipulation.

Les BRICS+ devraient développer une version moderne d’une compensation multilatérale similaire à celle qui fonctionnait entre la Yougoslavie et les pays du bloc soviétique il y a plusieurs décennies. Jusqu’à présent, les systèmes monétaires russe et chinois présentent un avantage comparatif par rapport à ceux des États-Unis, de l’UE et d’autres pays. Les systèmes russes et chinois ne sont pas encore aussi profondément financiarisés, ce qui leur a permis de mieux surmonter les sanctions, d’augmenter la production militaire plus rapidement et plus efficacement et d’absorber relativement facilement une bulle spéculative géante telle que la liquidation d’Everegrande. Il s’agit là d’une grande force stratégique dans le cadre d’une analyse SWOT1, mais il existe également une faiblesse et une menace stratégiques : la Russie et la Chine sont complètement soumises à l’Agenda 2030. La Banque mondiale exerce une forte influence sur toutes les banques centrales des BRICS+. Dans le domaine monétaire, cela pourrait signifier que les BRICS+ vont simplement sauter la phase de financiarisation de la monnaie classique et mettre en œuvre une crypto-financiarisation encore plus profonde de leurs économies et de leurs sociétés.

Après une analyse objective, il nous reste à relever le défi d’incorporer toutes nos conclusions bien intentionnées dans un document écrit indiquant clairement ce que nous, le peuple, vivant ici et maintenant, voulons et ce que nous ne voulons pas. L’Humanité a emprunté des chemins glorieux et souvent tragiques pour trouver une solution. Il s’agit de la constitution d’un État national démocratique et souverain. Certaines constitutions sont meilleures, d’autres sont pires, mais aucune n’est véritablement respectée. Nous devrions trouver un moyen de renforcer le pouvoir de décision de ceux qui, dans nos sociétés, créent réellement une valeur vitale.

À bas le mondialisme ! Ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’une coopération internationale active et pacifique d’États nationaux souverains au service de leurs citoyens.

Merci !


1

https://asana.com/fr/resources/swot-analysis



Chine et Russie : les nouveaux chevaux du char mondialiste

[Source : The Predators versus The People]

Par Mees Baaijen

Première partie : La Russie, de l’empire souverain à l’État mandataire mondialiste

Articles à venir :

Deuxième partie : La Chine : Du Tao à Mao, puis au faux Tao

Troisième partie : Les autres pays oligarchiques des BRICS et le piège multipolaire

Quatrième partie : Le changement de paradigme Ouest-Est assombrit l’avenir d’Israël.

Résumé

Au nom du syndicat du crime Glafia, vieux de 500 ans, qui cherche à dominer le monde, la Russie et la Chine sont depuis longtemps prêtes à prendre le relais des États-Unis en tant que leaders hégémoniques de la prochaine version d’un ordre mondial unipolaire.

Ce dernier — et quatrième — changement de cycle dans le projet mondial de la Glafia est promu sous la marque brillante mais fausse d’un ordre mondial multipolaire bienveillant qui respecte la souveraineté des pays — qui sont cependant tous gouvernés par les mandataires de la Glafia.

Cet effort de propagande comprend également la fausse fin du projet mondialiste, en raison des actions bientôt attendues des courageux nouveaux héros « traditionalistes » sur la scène mondiale : la Chine « taoïste » et la Russie « orthodoxe ».

[Voir aussi, du même auteur et également sur la Glafia :
Le tableau d’ensemble de l’Histoire : des leçons pour aujourd’hui]

Introduction

Cette série d’articles fait suite à mon livre The Predators versus The People (Les prédateurs contre le peuple)et à mon récent article The United States of America : from fake dream to real nightmare (Les États-Unis d’Amérique : du faux rêve au vrai cauchemar). Vous y découvrirez comment les États-Unis ont été capturés, et probablement créés, pour devenir la quatrième puissance hégémonique contrôlant les États-nations du monde au nom du projet secret de domination mondiale de 500 ans mené par les Prédateurs, ou Glafia.

Il s’agit d’un syndicat du crime composé de quelques centaines de familles dynastiques, extrêmement riches (jusqu’à des milliers de milliards de dollars) et étroitement liées, sans lien avec un pays, une religion ou une ethnie. Les premiers cycles hégémoniques ont été menés par l’Espagne (15e/16e siècle), la Hollande (17e siècle) et l’Angleterre (18e/19e siècle).

Avec les mandataires britanniques et sionistes de la Glafia, les États-Unis ont préparé et instigué le grand massacre de l’Eurasie au XXe siècle, qui a fait plus de 200 millions de morts : les guerres mondiales, y compris le nazisme et Hitler, les révolutions communistes en Russie, en Chine et ailleurs, la guerre froide, ainsi que leurs guerres culturelles, éducatives, scientifiques, financières et spirituelles secrètes contre l’Humanité.

Les États-Unis ont également installé des régimes fantoches dans toutes les anciennes colonies européennes « nouvellement indépendantes » d’Afrique et d’Asie, créées après la Seconde Guerre mondiale par le faux programme de décolonisation planifié par la Glafia. Les pays d’Amérique latine, colonisés bien plus tôt par l’Espagne et le Portugal, avaient déjà été « libérés » au début du XIXe siècle, pour devenir des États vassaux permanents de l’hégémon britannique, puis américain, de la Glafia.

Outre le contrôle de TOUTES LES TERRES, une tâche importante des États-Unis était d’être les pionniers du développement d’une technologie avancée pour la surveillance permanente de TOUS LES GENS, comme l’a annoncé Zbigniew Brezinski en 1970, dans son livre Entre les deux âges : ce projet est maintenant souvent appelé la Prison numérique mondiale (avec les CBDC, le revenu de base universel, la 5G, les crédits de carbone, etc.). Ce projet est actuellement mis en œuvre à l’échelle mondiale, sur le modèle de ce qui a été mis en place en Chine communiste.

Avec l’accomplissement de ces tâches, l’État mandataire américain n’est plus nécessaire en tant que leader hégémonique de la Glafia, et il est en train de devenir un bouc émissaire et d’être démoli, en même temps que le reste de l’Occident. Pendant ce temps, la Chine, assistée de la Russie — dont la population et le potentiel économique et industriel sont bien plus importants que ceux des États-Unis — prend le relais.

Préparation de la Russie par la Glafia

Après la défaite de Napoléon, pion de la Glafia, en 1815, la Russie était la nation la plus puissante du continent européen. La Russie était parfaitement consciente du plan des Rothschild visant à placer l’Europe sous le contrôle de la Glafia — sous le couvert du Concert des nations — par l’installation de banques centrales usuraires et de fausses démocraties, dirigées secrètement par des « élites » nationales subordonnées, soudoyées et corrompues. Elle a tenté de contrer cette première tentative de contrôle du monde par la Sainte-Alliance qu’elle a conclue avec les monarchies d’Autriche et de Prusse et qui a été renouvelée sous Bismarck en 1871.

Pourtant, les Rothschild ont réussi à devenir les principaux bailleurs de fonds de cette alliance. Ils se sont également fortement impliqués dans les chemins de fer et l’industrie pétrolière russes. Niall Ferguson écrit : « De toutes les grandes puissances, c’est la Russie qui a eu le plus recours aux prêts étrangers dans la période précédant 1914 ». La Russie se modernise rapidement et améliore les conditions de vie de sa population, et la possibilité d’une révolution populaire s’éloigne de plus en plus.

La confiance du tsar Nicolas II dans les Rothschild était telle qu’il a déposé une grande partie de son énorme fortune dans leurs banques. Après le meurtre rituel de toute la famille Romanov en 1917, aucun héritier n’a survécu pour la réclamer. Ce crime a été perpétré sous le couvert de la révolution bolchevique. Tout comme la Révolution française, il ne s’agissait pas d’un mouvement populaire, mais de l’instrument secret et richement financé de la Glafia pour prendre le contrôle total de la Russie (Antony C. Sutton ; Docherty et MacGregor), au cours duquel des dizaines de millions de personnes allaient trouver une mort atroce.

L’horrible et sanglante expérience communiste qui a suivi — l’Union soviétique — construite grâce à la technologie militaire et civile américaine (Antony C. Sutton) a bien servi le plan de la Glafia pour la conquête de l’Eurasie au 20e siècle :

  • La Russie était une puissance importante pour aider à la destruction planifiée de l’Allemagne. Pourtant, depuis le traité russo-allemand de Rapallo de 1922 jusqu’à la veille de l’opération Barbarossa menée par Hitler contre l’URSS en 1941, l’Union soviétique — comme les États-Unis — a contribué à la construction de son futur ennemi (G. Preparata). Dommage que Poutine ait oublié de le dire à Tucker Carlson !
  • Ce fut également un précurseur, avec de nombreuses leçons apprises, de la prise de pouvoir communiste sous Mao en Chine, rendue possible par l’hégémonie américaine de la Glafia — et maintenant du monde entier, comme le promeut le FEM (« Vous ne posséderez rien et vous serez heureux »).
  • L’Union soviétique était la source parfaite pour une stratégie de la peur dans les rackets de protection de la Glafia : Le communisme comme épouvantail dans la guerre froide, dans le faux processus de décolonisation et dans la construction de l’Union européenne (basée sur le modèle soviétique, V. Bukovsky1).
  • Avec la Russie dans le « frigo communiste », et plus tard la Chine également, ces deux pays ont été neutralisés en tant que concurrents économiques, ouvrant ainsi la voie à la carrière mondiale fulgurante de l’hégémon américain de la Glafia, les États-Unis « libres et démocratiques ».
  • Le communisme, le système de contrôle de la population préféré de la Glafia, a également été utilisé comme force subversive pour saper l’Occident (Y. Bezmenov2).

Cependant, leur projet initial de fusion entre l’Union soviétique et les États-Unis (Norman Dodd, Comité Rice) a échoué. Pourtant, en 1959, le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev a frappé de sa chaussure le pupitre des Nations unies et s’est écrié :

« Les enfants de vos enfants vivront sous le communisme. Vous, les Américains, êtes si crédules. Nous n’aurons pas à vous combattre ; nous affaiblirons votre économie, jusqu’à ce que vous tombiez entre nos mains comme un fruit trop mûr. »

L’Occident, aujourd’hui affaibli et victime d’un lavage de cerveau, semble accepter la toute nouvelle proposition des « parties prenantes communistes », la Grande Réinitialisation du FEM, où vous ne posséderez rien, n’aurez aucune liberté et aucun avenir humain (Schwab & Harari3).

L’échec apparent du plan de fusion communiste/capitaliste, la décision de la Glafia d’aller à l’Est pour son cinquième cycle et la naissance du plan de prison numérique mondiale ont rendu l’expérience soviétique obsolète : la Glafia a vu son pion Gorbatsjev l’achever en 1991.

Peu après, Fidel Castro, l’agent de la CIA de la Glafia, a déclaré :

« La prochaine guerre en Europe sera entre la Russie et le fascisme, sauf que le fascisme s’appellera Démocratie ».

Pas de prophétie, juste des informations d’initiés, sur une guerre sans but (pour l’Humanité, pas pour les profiteurs de guerre) qui est aujourd’hui une bien triste réalité en Ukraine.

Après 1991, la Russie a d’abord été ouverte au capitalisme par une thérapie de choc, qui s’est soldée par un désastre et un pillage planifiés — par l’« équipe Harvard » en tant que destructrice, avec en vedette le gauchiste Jeffrey Sachs, qui s’efforce aujourd’hui de restaurer sa réputation ternie. Cette opération a été planifiée des années avant la chute du mur de Berlin : les banques occidentales et israéliennes de la Glafia ont accordé d’importants crédits à de futurs oligarques sélectionnés (M. Wolski : 75 % d’entre eux sont juifs et liés à Chabad, un mandataire de confiance de la Glafia), afin que les propriétaires des banques internationales — les familles les plus riches du monde — puissent acheter à bas prix l’énorme richesse de la nation russe, tout en laissant sa population dans la ruine. Environ 30 000 Russes ont été assassinés au cours de cette opération par la mafia russe (un autre mandataire de la Glafia), et l’espérance de vie des hommes à la naissance a chuté de six ans.

Au plus profond de la crise russe, l’ancien agent du KGB Vladimir Poutine — qui avait été sélectionné et encadré très tôt par Henry Kissinger, agent de la Glafia, et avait ensuite été formé comme Young Global Leader par le FEM (par la bouche de Klaus Schwab, voir références) — est devenu l’homme de paille des oligarques russes et des banquiers mondialistes subordonnés à la Glafia. Avec son maître à penser Chabad, le rabbin Berel Lazar (en Russie depuis 1990), il a ensuite « sauvé la Russie ». Cela et sa réaction aux attentats à la bombe sous faux drapeau ont rendu le gangster Poutine très populaire auprès des Russes (Putin’s False Flag, Iain Davis).

Le mentor Kissinger a certainement dit à Poutine, il y a longtemps, qu’une Russie forte était nécessaire pour le changement Ouest-Est de la Glafia, et que la guerre prédite par Castro serait le prix à payer pour sa carrière fulgurante et celle de la Russie. Tout comme Bleichröder, un banquier associé à Rothschild, avait dit à Bismarck que la guerre serait le prix à payer par l’Allemagne pour son projet d’unification financé par la Glafia au 19e siècle (Nicolai Starikov).

Lorsque le Covid a été lancé en 2020, la Russie « autonome » de Poutine a obéi au scénario mondialiste de l’OMS et a vacciné une grande partie de sa population avec les vaccins toxiques d’AstraZeneca, aujourd’hui retirés. Idem, sa banque centrale est entièrement alignée sur la banque BRI de la Glafia à Bâle (y compris le projet CBDC4), tandis que les politiques de la Russie sont également totalement de mèche avec l’alliance traîtresse ONU/FEM et leur agenda 2030 de « durabilité », l’escroquerie climatique, la nourriture à base d’insectes, la Grande Réinitialisation et la Quatrième Révolution Industrielle.

La guerre en Ukraine

Hannah Arendt, profondément impressionnée par les nombreuses révélations (y compris les atrocités sionistes) lors du procès Eichmann (1961) à Jérusalem, a parlé de la banalité du mal. La guerre actuelle en Ukraine en est un exemple. Vous me traiterez peut-être de cynique, mais c’est ce que j’ai conclu il y a deux ans, et je pense que c’est toujours valable :

« Les “élites” occidentales savent que l’Est va irrémédiablement prendre le relais (voir les propos de Macron en 2019 sur la fin de l’hégémonie occidentale). Mais avant cela, les deux parties (les deux proxys de la Glafia !) se sont mises d’accord sur une guerre de théâtre sanglante pour se débarrasser de leur vieux matériel, tester leurs nouvelles armes, entraîner leurs armées (Russie) et remplir leurs poches et leurs coffres-forts à ras bord ».

La récente génération de missiles hypersoniques russes joue un rôle clé dans ce conflit : selon Scott Ritter, les États-Unis — qui auraient maintenant des années de retard en matière de technologie militaire, une situation très étrange — sont déjà en échec et mat, de même qu’Israël : L’Occident ne peut tout simplement pas se défendre contre les missiles hypersoniques de l’Est. Et alors que la Russie partage apparemment cette technologie avec la Chine et l’Iran, les États-Unis semblent incapables de combler le fossé.

L’Église orthodoxe russe corrompue collabore pleinement avec les oligarques russes de la Glafia et leur homme de paille, Poutine. Depuis la guerre en Ukraine, elle mène un « djihad orthodoxe » (terme de Derk Sauer) au cours duquel ses prêtres bénissent les soldats qui partent au front en Ukraine. Au lieu de réclamer une solution pacifique, l’Église soutient la guerre et trahit ces pauvres garçons, leur promettant un passage au ciel lorsqu’ils mourront pour les « nobles objectifs de la patrie ».

Un autre rôle important dans le récit officiel du Kremlin est joué par le « cerveau » de Poutine, le « philosophe traditionaliste » Alexandre Douguine, un admirateur de Lénine et de Staline qui, en 2014, a appelé les Russes à « tuer, tuer, tuer » les Ukrainiens. Sa réaction face au Covid a été révélatrice : il s’est tu et a commencé à porter un masque (Iurie Rosca). Il a été démasqué dans le récent article de Paul Cudenec, qui conclut qu’il est un pion mondialiste.

Le fort soutien populaire à Poutine repose exactement sur la même tromperie généralisée des médias officiels qu’en Occident : dans les deux cas, la majorité salue encore les hommes politiques responsables des politiques désastreuses de Covid. Comme l’écrivait Oswald Spengler il y a un siècle : « Les médias sont le moyen par lequel l’argent opère la démocratie ».

L’étrange position de nombreux altermondialistes à l’égard de Poutine et de la Russie

Comme la plupart des pays (y compris tous les États occidentaux), la Russie d’aujourd’hui n’est qu’une démocratie nominale : le véritable pouvoir derrière la façade officielle est secrètement et fermement entre les mains de la Glafia, par l’intermédiaire de ses mandataires russes et juifs. Toute opposition mettant en danger leurs intérêts est impitoyablement traitée en réduisant au silence, en interdisant, en emprisonnant ou en tuant les dissidents (Iurie Rosca).

En Russie, la fusion entre l’État et le capital, le vieux modèle de la Glafia décrit il y a des décennies par le célèbre historien français Fernand Braudel (qui a également été le premier à utiliser le terme « prédateurs »), est aujourd’hui évidente, comme elle l’était à l’époque du communisme. « Le monde entier est une scène », comme l’a écrit Shakespeare. Et depuis plus d’un siècle, la Russie est l’un des nombreux États-nations sur l’échiquier de Lord Curzon, « où se joue le grand jeu pour la domination du monde », par le seul joueur qui en est à l’origine : la Glafia.

Il est surprenant de constater que la plupart des dirigeants antimondialistes occidentaux, tout en perçant à jour et en critiquant la propagande de leurs propres gouvernements, prennent la propagande incessante de Poutine et du Kremlin entièrement au pied de la lettre. Les raisons de cet étrange phénomène pourraient être les suivantes :

  • Des vœux pieux ou un faux espoir (« la Russie, dernier rempart contre les mondialistes »).
  • Influencer et corrompre les services secrets russes (très fréquent à l’époque soviétique et certainement encore aujourd’hui).
  • Il s’agit d’une tentative honnête de corriger le noircissage bruyant de la Russie par les politiciens occidentaux et la presse grand public (qui fait bien sûr partie du banal et génocidaire « accord de lutte professionnelle » en Ukraine conclu par les gangsters occidentaux et russes).

Enfin, la cause première est l’ignorance généralisée de l’histoire réelle de la Russie, qui, espérons-le, sera atténuée par le présent article.

Références




Les vanités du gaullisme et du souverainisme

Par Nicolas Bonnal

Il y a un mantra souverainiste en France en ce moment, lié au désespoir d’une petite partie de l’opinion (la majorité reste hypnotisée ou anesthésiée). Évidemment il est platonicien et ne risque pas d’accoucher dans la réalité.

On nous répète donc qu’en sortant de l’Europe on résoudrait tous nos problèmes. Or il me semble que cette Europe techno-jacobine dirigée par les Delors, les Breton et les Lagarde elle a été bien francisée. C’est Varoufakis qui me le fit comprendre dans son livre sur le Minotaure (européen). Il écrivait même que la surclasse de hauts fonctionnaires français désirait entrer dans l’euro pour profiter du boom immobilier (celui des résidences secondaires notamment) qui s’ensuivrait.

Je ne vois pas en plus en quoi les énarques Asselineau, Florian, Dupont-Aignan, etc., qui totalisent 1 % à chaque élection (je sais, elles sont truquées…) et désirent le Frexit (on ne pouvait pas trouver un mot plus sexy et franchouillard que celui calqué sur le raté Brexit — voir Todd — des Britanniques, qui n’a profité qu’à la City, à l’inflation et aux migrants, comme annoncé par Valérie Bugault ?) dirigeraient la France mieux que les confrères énarques qui veulent rester européens. Tous énarques, tous souverainistes !

La France c’est depuis des centaines d’années un coq hérétique, un pays centralisé, autoritaire, avec une armée de fonctionnaires, une administration qui marche plus ou moins bien, et depuis peu une dette et une immigration qui sont incontrôlables. Sur le reste on relira mon Coq hérétique (qui fut référencé par le Figaro, VA et par mon ami Laughland) et mes textes sur Marx (et son armée de fonctionnaires) ou Gobineau. Tiens, redonnons cet extrait, de Gobineau dans sa lettre à Tocqueville :

« Vous avez admirablement montré que la Révolution française n’avait rien inventé et que ses amis comme ses ennemis ont également tort de lui attribuer le retour à la loi romaine, la centralisation, le gouvernement des comités, l’absorption des droits privés dans le droit unique de l’État, que sais-je encore ? L’omnipotence du pouvoir individuel ou multiple, et ce qui est pire, la conviction générale que tout cela est bien et qu’il n’y a rien de mieux. Vous avez très bien dit que la notion de l’utilité publique qui peut du jour au lendemain mettre chacun hors de sa maison, parce que l’ingénieur le veut, tout le monde trouvant cela très naturel, et considérant, républicain ou monarchique, cette monstruosité comme de droit social, vous avez très bien dit qu’elle était de beaucoup antérieure à 89 et, de plus, vous l’avez si solidement prouvé, qu’il est impossible aujourd’hui, après vous, de refaire les histoires de la révolution comme on les a faites jusqu’à présent. Bref, on finira par convenir que le père des révolutionnaires et des destructeurs fut Philippe le Bel. »

Et il résume, assez génialement je dois dire, le présent perpétuel des Français (Lettre de Téhéran, le 29 novembre 1856) :

« Un peuple qui, avec la République, le gouvernement représentatif ou l’Empire, conservera toujours pieusement un amour immodéré pour l’intervention de l’État en toutes ses affaires, pour la gendarmerie, pour l’obéissance passive au collecteur, à l’ingénieur, qui ne comprend plus l’administration municipale, et pour qui la centralisation absolue et sans réplique est le dernier mot du bien, ce peuple-là, non seulement n’aura jamais d’institutions libres, mais ne comprendra même jamais ce que c’est. Au fond, il aura toujours le même gouvernement sous différents noms… ».

La sortie de l’Europe ? Je lui souhaite du plaisir à la France avec ses casseroles de retraités, de branchés, de bobos, d’immigrés, de fonctionnaires, de chômeurs, de dettes, de DOM-TOM, de règlements, et de sous-culture étatisée ad vitam…

Mais voyons pour le gaullisme. Le problème c’est déjà que tous s’en réclament : les Huns et les autres si j’ose dire. Et la Marine à la peine (qui se rapproche de Leyen maintenant, via Meloni, féminisme oblige), et le macaron, et les républicains, et les gauchistes, qui oublient que cette référence un peu usée tout de même a créé le parti (UDR, RPR qu’importe) qui a cautionné toutes les gabegies européennes, migratoires et socialistes. L’accélération de la chute française date moins de Mitterrand que de Chirac et son néogaullisme d’opérette (Chirac ridiculisa le pauvre Todd et sa fracture sociale) qui visait la Russie (réécoutez-le, bon Dieu) lors de la pitoyable reprise des essais nucléaires en 1996.

Mais allons au fond et succinctement, quitte à choquer les ânes sensibles :

La surestimation du gaullisme certes ne frappe pas assez les bons esprits qui sont surtout des esprits distraits. Car De Gaulle, c’est la Libération et la Grandeur de la France, De Gaulle, c’est la prospérité et la voix de la France libre (bis), De Gaulle, c’est une époque bénie… Or dans les années soixante, toute l’Europe en voie de destruction se développait. Elle était vraiment décadente cette Europe, quoiqu’en pense le poireau Aron. La vraie révolution culturelle avait lieu en Occident et pas en Chine : c’est le marxiste Erik Hobsbawn qui nous l’a démontré dans son âge des extrêmes. Sur les ratages du gaullisme pendant la guerre, lire et méditer l’indispensable Kerillis, lui-même héros de guerre, journaliste et expert militaire.

En fait le gaullisme repose sur une hypnose collective proche de celle de 1789, de Napoléon ou de la République dont le Général se réclama toujours. Le Français adore être hypnotisé (comme l’anglo-saxon sa parèdre) et Macluhan le décrit très bien (la Galaxie Gutenberg, Édition Biblis, p. 399-408) dans ses chapitres sur le nationalisme, basés sur l’extraordinaire historien US Carleton Hayes.

Je n’ai aucune envie de m’étendre sur cette question qui mériterait un bon livre — un de plus… Mais au moins, rappelons les faits principaux :

– De Gaulle, c’est une Résistance et une Libération bâclées : voyez par exemple le livre de Kerillis, De Gaulle dictateur (mal titré hélas). De Gaulle c’est une malédiction portée sur l’extrême-droite collabo et une sanctuarisation de la Résistance dont se réclament tous les escrocs qui nous gouvernent. Ses Mémoires de guerre sont le livre de chevet jamais lu de chaque président. De Gaulle c’est aussi l’oubli de la trahison et de la désertion des communistes qui se sont chargés ensuite de l’épuration qui ne cessera jamais. J’aime la courageuse expression d’Audiard : « je suis un antigaulliste du 18 juin ». On brûle ses films ?

– De Gaulle, c’est aussi la trahison des pieds noirs et la perte brutale, sanglante et bâclée de l’Algérie (voyez les livres publiés par mon éditeur Dualpha notamment celui de Manuel Gomez). Le gâchis a été total, et on en paiera toujours le prix.

– De Gaulle, c’est les Trente Glorieuses (disparition des paysans et mauvais traitements des ouvriers) et la destruction de la France rurale traditionnelle, la transformation et l’américanisation d’un Hexagone mué en France défigurée pour reprendre le titre d’une émission célèbre de Michel Péricard, lui-même gaulliste. Comparez Farrebique et Biquefarre. Voyez mon livre sur la destruction de la France au cinéma.

– De Gaulle, c’est aussi le début de l’interminable immigration africaine qui suit la décolonisation ratée — Audiard s’en moque dans son libertaire et jubilatoire Vive la France. Les cinéastes ont bien vu les maléfices en œuvre sous de Gaulle : voyez Weekend ou Deux ou trois choses de Godard sans oublier Alphaville ; voyez Play Time de Jacques Tati, le début de Mélodie en sous-sol…

– Sur le plan des Français, on voit une détérioration du matériel humain : société de consommateurs, d’assistés, de téléphages et d’automobilistes. L’enlaidissement du pays modernisé entraîne l’enlaidissement des gens, la fin de l’élégance parisienne et le déclin de la culture française. Voyez Debord qui rejoint Pierre Etaix ou Jacques Tati. Et ne parlons pas de mai 68, de l’explosion de la pornographie et de la destruction finale de Paris sous Pompidou, ancien laquais de Rothschild (pour ceux qui se plaindraient de l’autre). De Gaulle nous laissa aussi Chirac et Giscard…

– Déclin de la culture ? Lisez mon livre sur la comédie musicale. Paris enlaidi cesse d’influencer ou d’inspirer les créateurs américains. Eric Zemmour — et j’y reviendrai — en parle très bien dans son livre sur la Mélancolie française : Malraux a tourné le dos à la France traditionnelle (Chirac aussi avec ses arts premiers) et africanisé notre culture. Sinistre politique de l’État culturel livré au gauchisme (dixit Debré lui-même) via les MJC.

– Enfin sur le plan de la vie politique, on souffre de cette catastrophique constitution et des éternels effets du scrutin majoritaire. On a Macron et on le garde. On a créé la constitution la plus dangereuse du monde et on continue de la défendre…

– Politique étrangère ? On a gardé l’OTAN, l’Europe : quant à la politique arabe… Le Québec libre aussi aura fait long feu. Le tiers-mondisme diplomatique héritier pathétique de la décolonisation ne mena nulle part. Mais il énervait les Américains…

– On relira avec intérêt notre texte sur Michel Debré qui voyait l’effondrement français arriver avec cette Cinquième. De Gaulle œuvra en destructeur ET en fantôme.

Mais De Gaulle comprit le piège ; et j’ai décrit cette prise de conscience du premier concerné, le général lui-même. Je me cite alors :

De Gaulle échoue — mais il en ressort qu’on ne pouvait qu’échouer. Sur le référendum — sa porte de sortie comme on sait — nous sommes clairement informés (citation déjà reprise par Philippe Grasset) :

« J’expose au Général que le but de ma visite est de préciser les conditions qui peuvent permettre le succès, du référendum. Interruption du Général : “Je ne souhaite pas que le référendum réussisse. La France et le monde sont dans une situation où il n’y a plus rien à faire et en face des appétits, des aspirations, en face du fait que toutes les sociétés se contestent elles-mêmes, rien ne peut être fait, pas plus qu’on ne pouvait faire quelque chose contre la rupture du barrage de Fréjus. Il n’y aura bientôt plus de gouvernement anglais ; le gouvernement allemand est impuissant ; le gouvernement italien sera difficile à faire ; même le président des États-Unis ne sera bientôt plus qu’un personnage pour la parade.

Le monde entier est comme un fleuve qui ne veut pas rencontrer d’obstacle ni même se tenir entre des môles. Je n’ai plus rien à faire là-dedans, donc il faut que je m’en aille et, pour m’en aller, je n’ai pas d’autre formule que de faire le peuple français juge lui-même de son destin” (p.112). »

On répète parce que c’est merveilleux :

« Je n’ai plus rien à faire là-dedans, donc il faut que je m’en aille et, pour m’en aller, je n’ai pas d’autre formule que de faire le peuple français juge lui-même de son destin. »

Allez, on se rassure : l’héritier Debré fit 1 % des voix aux présidentielles de 1981.

C’est Douglas Reed, l’auteur de la Controverse de Sion qui avait dit une très bonne chose sur la France après l’opération tragi-comique de Suez en 56 : c’est la terre du fiasco récurrent.

« La France n’avait pas plus à perdre, malheureusement, que la dame dans la chanson de soldat qui “avait encore oublié son nom” : par sa révolution, la France restait la terre du fiasco récurrent, à jamais incapable de se relever de l’abattement spirituel où elle se trouvait. Pendant 160 ans, elle essaya toutes les formes de gouvernement humainement imaginables et ne trouva de revigoration et de nouvelle assurance dans aucune. »

Et en route pour un énième front républicain des gauchistes au service du pouvoir financier…

Sources principales :

https://www.dedefensa.org/article/tocqueville-et-gobineau-entretiens-sur-notre-decadence

https://www.dedefensa.org/article/debre-et-le-general-face-au-kali-yuga-francais

Cliquer pour accéder à Douglas%20Reed%20-%20La%20Controverse%20de%20Sion.pdf

https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/europeennes-2024-marine-le-pen-tend-la-main-a-giorgia-meloni-apres-l-avoir-critiquee_234577.html




Braquage monétaire mondial

[Source : France Liberté via PG]

Ludovic Malot, franco-suisse, est économiste et entrepreneur. Il est un expert sur les fondamentaux d’une monnaie saine et détaille dans son livre le système monétaire actuel frauduleux avec ses nombreuses implications notamment politiques, économiques, financières, sociales et environnementales. Présent sur le sol américain lors des attentats du 11 septembre 2001 à New York, il a alors initié des recherches et découvert que les métaux précieux (or et argent métal) sont au cœur d’une guerre planétaire avec une cabale et mafia financière très puissante qui cherche à maintenir son système monétaire frauduleux basé sur la dette fiduciaire, l’asservissement, la ruine et à terme la privation. Cette mafia en col blanc à l’origine de la création des banques centrales déploie ses tentacules dans toutes les organisations supranationales qu’elle a créées pour dérouler un agenda bien précis.

Il révèle aujourd’hui une incroyable opération intelligente, par le biais d’un subterfuge juridique un « Droit de garantie » inventé et scellé en 2006 dans la Convention de la Haye sur l’incertitude juridique des titres transfrontaliers. Véritable hold up planétaire mis à découvert en mai 2023 par le lanceur d’alerte et initié de la finance, David Rogers Webb, auteur du livre « The Great Taking » (La Grande prise), qui a commencé il y a plus de 20 ans et dont l’objectif est la saisie de tous les actifs financiers négociables considérés comme des titres (actions, obligations, tous les dépôts, biens financés par la dette, sous-jacents des entreprises publiques, etc. et ce dans toutes les juridictions du monde). Saisie qui sera effectuée immédiatement après l’effondrement programmé du système de dettes qu’ils ont mis eux-mêmes en place. Trois personnes clés au service de la cabale financière : William Bill Dentzer Jr, agent de la CIA qui a piloté le projet de dématérialisation des titres, Egon Guttman, expert mondial en titres décédé en 2021 et James Steven Rogers, professeur émérite de droit.

« La Grande prise » en libre accès : https://thegreattaking.com/french

[Voir aussi :
Agenda 2030 : vous n’aurez rien et vous serez heureux
Les 10 plans les plus diaboliques du Forum Économique Mondial pour l’Humanité]




Cette dissolution pue la dictature européenne à plein nez

Par Jean-Michel Grau

Ne nous réjouissons pas trop vite : la dissolution de l’Assemblée nationale française suite à la débâcle électorale européenne de la macronie n’augure rien de bon.

En réalité, elle inaugure la dissolution de la France dans le nouvel état européen que dirigera Mario Draghi dès cet été.

On notera ainsi l’empressement de Macron à annoncer cette dissolution alors que les chiffres officiels des résultats définitifs n’étaient même pas encore établis.

De même, la révélation dans la foulée des dates des futures élections législatives des 30 juin et 7 juillet alors que les différentes instances officielles n’avaient même pas été consultées préalablement : assemblée nationale, la première concernée, mais aussi sénat, partis politiques… est plus que suspecte.

Tout semble donc avoir été préparé en amont de longue date.

On ne peut s’empêcher ainsi de faire le parallèle évident avec la mise en place de la dictature sanitaire le 16 mars 2020 qui avait été préparée par le forum de Davos dès l’année précédente, avec une répétition générale par Klaus Schwab et ses complices dès septembre 2019. Cette « pandémie » qui n’était rien d’autre qu’une « plandémie » aura servi de matrice à ce qui se prépare aujourd’hui dans le même cénacle.

La désignation déjà acquise de Mario Draghi à la tête de la Commission européenne dans les semaines qui viennent va inaugurer un nouveau chapitre de l’Union de l’Enfermement qu’est devenue l’UE.

On bottera dehors chaleureusement l’ancienne taulière Von der Leyen qui rejoindra probablement Pfizer à Londres ou New York pour y finir une fin de carrière paisible en remerciement de tous ses bons sévices rendus aux populations occidentales…

Cette dissolution de l’Assemblée nationale est donc à marquer d’une pierre noire, car elle acte le début officiel de l’enterrement de la République française qui n’aura dorénavant guère plus de pouvoir que l’Ohio ou le Montana au sein de l’hégémon US.

Pour ce faire, Bruxelles aura à sa disposition un financier de haut vol qu’on ne peut que comparer aux nombreuses espèces prédatrices de la gente animale pour laquelle il n’y a que l’embarras du choix : requin, vautour, crocodile, chacal, mais pas hyène, déjà réservée à la sortante…

Ce fils de banquiers de père en fils qui a aiguisé ses crocs chez Goldman Sachs avant de devenir gouverneur de la banque d’Italie, puis président de la Banque Centrale Européenne est le prédateur idéal de la finance mondialiste pour faire de l’UE la première dictature technocratique du monde.

Il aura à sa disposition des seconds couteaux comme Macron qui n’acceptera jamais de continuer à diriger la France avec un gouvernement de cohabitation avec la victoire déjà annoncée du Rassemblement National aux prochaines élections législatives.

Il y a fort à parier que celles-ci seront les dernières élections nationales avant longtemps. La postulante qui remplacera Macron après les élections présidentielles qui devraient donc suivre les législatives, inaugurant la nouvelle fonction de l’Élysée : sous-préfecture de Bruxelles.

Pendant ce temps, la capitale belge abritera désormais autour de Mario Draghi un cabinet fantôme, probablement sur le modèle opaque des conseils de défense et autres conseils scientifiques de Macron pendant la dictature sanitaire, pour diriger et administrer les ex-états européens dissous dans l’administration kafkaïenne de la rue de la Loi, la bien nommée, à Bruxelles…

Tout ceci fait partie d’un plan qui se déroule depuis plus d’un siècle pour asseoir le pouvoir de la haute finance anglo-saxonne sur le monde.

Cette oligarchie financière apatride qui a déjà provoqué deux guerres mondiales et les millions de morts qui vont avec, n’en est plus à ça près de finir le sale boulot avec la troisième en préparation pour proroger son pouvoir en voie d’extinction.

Avec la gigantesque pyramide de Ponzi sur laquelle est assise la dette américaine, il n’y a pas d’autre issue pour cette oligarchie anglo-saxonne avant qu’elle ne s’effondre qu’une nouvelle guerre mondiale, encore et toujours contre la Russie, par proxys interposés pour piller ses richesses : Lénine, puis Hitler et maintenant l’UE, pour tenter de survivre dans ce monde multipolaire en voie d’expansion qui lui fait peur.

Avec Mario Draghi à la tête des nouveaux états européens dissous dans une UE plus tyrannique et belliciste que jamais, nul doute que la dépopulation européenne a encore de beaux jours devant elle.

On ne pourra pas encore une fois accuser la passivité des peuples européens face à ce nouveau suicide continental en train de s’écrire, et encore moins leur complicité, car on peut désormais sincèrement douter qu’ils s’en iront à nouveau la fleur au fusil comme en 14 quand Draghi et sa bande leur demandera le moment venu d’aller alimenter le hachoir à viande ukrainien.

L’abstention massive de ces élections (49 %) montre à quel point les peuples européens de plus en plus otages de cette ploutocratie financière anglo-saxonne n’ont plus d’autre choix que de s’en remettre aux Russes pour les délivrer de leurs geôliers. Cela commence par arrêter de considérer Poutine comme un nouvel Hitler qui veut envahir toute l’Europe, suivant le discours bien rodé de Mac Kinsey et autres cabinets de conseils américains pour accepter de servir de chair à canon pour la guerre de la finance mondialiste apatride.




Le transhumanisme comme aboutissement du libéralisme ultime

[Publication initiale : revue-elements.com]

Par Pierre Le Vigan

Le transhumanisme est devenu un sujet central de notre époque. Que représente-t-il ? Que compte-t-il faire de nos vies si on le valide ? Pour comprendre la nouveauté du transhumanisme, il ne faut évidemment pas l’opposer à un prétendu immobilisme de l’homme des temps anciens. L’homme a toujours cherché à améliorer ses conditions de vie. Il a toujours cherché à acquérir plus de puissance, à multiplier son énergie, à inventer des outils pour habiter le monde à sa façon. Nous ne nous contentons jamais du monde tel que nous en avons hérité. Le simple fait de construire un pont est déjà une transformation du monde. Si le transhumanisme n’était que cela — l’intervention sur le monde en fonction de nos objectifs, la création d’outils pour que l’homme soit plus efficace dans ses entreprises, de la selle de cheval à l’automobile et à l’avion en passant par le gouvernail d’étambot — le transhumanisme ne serait pas une nouveauté.

Le problème commence quand nous voulons, non pas seulement améliorer la condition de vie de l’homme, et donner plus d’ampleur à nos projets, mais changer la nature même de l’homme. Natacha Polony remarque que la recherche de création d’un homme nouveau caractérise les totalitarismes.

« Les totalitarismes, par delà leurs innombrables différences, se caractérisent par une dimension eschatologique et la volonté de forger un homme nouveau. C’est exactement ce qui se passe avec le transhumanisme. Cette idéologie repose sur l’idée que l’homme est imparfait, et que le croisement des technologies numériques, génétiques, informatiques et cognitives va permettre de faire advenir une humanité débarrassée de ses scories. »

(entretien, Usbek et Rica, 5 octobre 2018).

Si les totalitarismes du XXe siècle ne disposaient pas (ou peu) de moyens permettant de changer réellement la nature humaine, un fait nouveau est intervenu. C’est l’intelligence artificielle et notamment la culture de l’algorithme. C’est ce qui est né avec l’informatique et dont la puissance a été multipliée par internet. C’est l’interconnectivité de tous les réseaux techniques. Le développement de la numérisation des hommes et du monde a coïncidé avec le triomphe planétaire du libéralisme décomplexé, postérieur au compromis fordiste (un partage des revenus entre salaire et profit relativement favorable au monde du travail, et un État protecteur dit État providence). Or, le libéralisme, c’est la libération des énergies individuelles, de la puissance privée au détriment du commun. Le Hollandais Bernard Mandeville en résumait la vision :

« Le travail des pauvres est la mine des riches. »

(La fable des abeilles ou les fripons devenus honnêtes gens, 1714)

Plus généralement, les vices privés font les vertus publiques. « Qui pourrait détailler toutes les fraudes qui se commettaient dans cette ruche ? Celui qui achetait des immondices pour engraisser son pré, les trouvait falsifiés d’un quart de pierres et de mortier inutiles et encore, quoique dupe, il n’aurait pas eu bonne grâce d’en murmurer, puisqu’à son tour il mêlait parmi son beurre une moitié de sel. » (…) Ainsi, « Chaque ordre était ainsi rempli de vices, mais la Nation même jouissait d’une heureuse prospérité. » Et l’État ? « Les fourberies de l’État conservaient le tout ». L’État doit donc être le garant des crapuleries privées. Conclusion de Mandeville : « Le vice est aussi nécessaire dans un État florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. » Ce n’est pas très différent de la théorie des « premiers de cordée » dont Macron fait son crédo, quand ceux-ci, loin de prendre des risques, se font garantir leurs profits par l’État ou par les institutions publiques. « Les béquilles du capital », avait dit Anicet Le Pors. Ce qui est à l’œuvre est ainsi la logique de Candide selon Voltaire. « Les malheurs particuliers font le bien général ; de sorte que plus il y a de malheurs particuliers et plus tout est bien. » On lit là, bien sûr, une critique acerbe (et qui force le trait !) de Leibniz et de sa théorie du monde existant comme « le meilleur des mondes possibles ».

L’enterrement du fordisme

Le « fordisme » a été enterré, au tournant des années 70, avec la désindustrialisation et l’ouverture des frontières aux produits et aux hommes venus de partout. C’est la France comme un hôtel, et trop souvent un hôtel de passe. « Tout pays doit se penser comme un hôtel » (J. Attali, Les crises, 30 octobre 2017). Après le fordisme, le Capital a gagné dans le rapport de force face au travail et dans le partage du revenu national. L’argent va à l’argent, et est de plus en plus déconnecté de la richesse réellement produite. Pour autant, le pays s’appauvrit, car il n’y a de vraie richesse que produite par le travail productif, et non par la recherche d’opportunités financières. Mais l’exploitation se présente de moins en moins dans sa brutalité foncière. Elle se protège d’un voile de bonnes intentions, et de la « moraline » dont parlait déjà Nietzsche. Elle adopte généralement la forme du contrat, celui-ci fut-il totalement inégalitaire.

C’est pourquoi on ne peut donner raison à Michel Foucault quand il écrit : « Le marché et le contrat fonctionnent exactement à l’inverse l’un de l’autre » (Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France 1978-1979). Au contraire de ce que dit Michel Foucault, le marché et le contrat se complètent. Le marché prend la forme juridique du contrat. Il est « lavé » de sa dimension de rapport de force par la pseudo-« neutralité » juridique du contrat.

La fin d’un monde commun

Loin d’être contraire à la logique de l’économie libérale, l’extension du domaine du contrat (c’est un contrat écrit car plus grand-chose ne repose sur la parole donnée, qui renvoie à l’honneur) l’a complété. Tout ce qui est devient l’objet d’un contrat. Et cela ouvre la voie à la contractualisation des rapports avec soi-même. Une transition de genre, c’est décider, pendant un temps déterminé, et de manière réversible, et payée par la collectivité, de devenir ce que je ne suis pas, et d’obliger les autres à me considérer comme ce que je veux être. Que cela soit ou non une escroquerie anthropologique n’est pas le problème, l’État — l’État néo-totalitaire qui est le nôtre — est le garant de la réalité juridique qui m’oblige à la reconnaissance de cette réalité transitoire auto-décidée par le sujet concerné mais qui s’impose à moi, et à toute la société. Il n’y a, à l’horizon de cette auto-définition de soi, plus de monde commun.

Le transhumanisme est ce qui surgit au bout de la logique contractualiste du libéralisme. Transhumanisme comme libéralisme reposent sur une religion de la science et de la technique. Ce ne sont plus les institutions qui doivent donner du sens à la société (comme chez Hegel pour qui les institutions sont des médiations que l’homme se donne à lui-même pour se réaliser, pour être plus lui-même, et plus hautement lui-même), c’est un mouvement permanent d’amplification des droits de l’homme. Tout ce qui est alerte sur les limites, attention portée à la nécessaire mesure, refus de l’hubris (démesure) est marginalisé, dénoncé, ringardisé. Les avertissements de Bertrand de Jouvenel, Jacques Ellul, de Nicholas Georgescu-Roegen sont ignorés.

Face au rapport Meadows de 1972 (Dennis Meadows a alors 30 ans) Les limites de la croissance, l’économiste et philosophe libéral Friedrich Hayek refuse que l’optimisme technologique soit critiqué.

« L’immense publicité donnée récemment par les médias à un rapport qui se prononçait, au nom de la science, sur les limites de la croissance, et le silence de ces mêmes médias sur la critique dévastatrice que ce rapport a reçue de la part des experts compétents, doivent forcément inspirer une certaine appréhension quant à l’exploitation dont le prestige de la science peut être l’objet. »

(« La falsification de la science », The pretence of knowledge, 1974)

Bien entendu, le droit d’inventaire sur un rapport d’étude est mille fois légitime. Mais ce qui est au cœur de la réaction des libéraux, c’est la démonie du culte du progrès scientifique. C’est la religion de la mondialisation heureuse, forcément heureuse. Car plus le monde est unifié, mieux il est censé se porter. Telle est la religion des ennemis de la différence. « Un siècle de barbarie commence, et les sciences seront à son service. », avait dit Nietzsche (La volonté de puissance, 154).

De même que l’on dira plus tard qu’il n’y a « pas de choix démocratique contre les traités européens » (Jean-Claude Juncker), il n’y a pas pour Hayek de science qui puisse préconiser des limites à l’extension infinie du champ du libéralisme, de la croissance et du marché. La technologie, fille de la science, est mise au service de la « course au progrès », ce dernier conçu comme l’emprise de plus en plus grande de l’économie sur nos vies. Inutile d’insister sur la fait qu’il ne s’agit pas d’un progrès de la méditation, de la connaissance de nos racines, ou de notre goût pour le beau. Avec la construction d’un grand marché national puis mondial avec l’aide de l’État et non pas spontanément, une société de contrôle — une société de surveillance généralisée (Guillaume Travers) — est mise en place par l’État, appuyé sur de grands groupes monopolistiques. Objectif : que nul n’échappe au filet de la normalisation et à son impératif de transparence.

Un totalitarisme rampant

Herbert Marcuse notait : « L’originalité de notre société réside dans l’utilisation de la technologie, plutôt que de la terreur, pour obtenir une cohésion des forces sociales dans un mouvement double, un fonctionnalisme écrasant et une amélioration croissante du standard de vie (…) Devant les aspects totalitaires de cette société, il n’est plus possible de parler de “neutralité” de la technologie. Il n’est plus possible d’isoler la technologie de l’usage auquel elle est destinée ; la société technologique est un système de domination qui fonctionne au niveau même des conceptions et des constructions des techniques. » (éd. américaine 1964, L’homme unidimensionnel, Minuit, 1968). Sauf que l’on ne constate plus du tout « l’amélioration constante du standard de vie ». À l’exception des gérants des multinationales et des « cabinets de conseils » qui constituent un démembrement de l’État et permettent une externalisation apparente des décisions. Avec ses « conseils », chèrement payés, de sociétés extérieures au service public, c’est un système de management par agences qui s’est mis en place, système dont la paternité revient essentiellement au professeur et technocrate national-socialiste Reinhard Höhn, un système qui est à peu près le contraire de la conception de l’État qui était celle de Carl Schmitt.

C’est une mise en réseau de l’insertion obligatoire dans le système qui se produit : « Par le truchement de la technologie, la culture, la politique et l’économie s’amalgament dans un système omniprésent qui dévore ou qui repousse toutes les alternatives. », dit encore Marcuse. C’est justement le caractère global de ce filet, de ce réseau d’entraves (appelons cela Le Grand Empêchement, tel que je l’ai évoqué dans le livre éponyme–éd. Perspectives Libres/Cercle Aristote, ou encore la « grande camisole de force du mondialisme ») qui caractérise ce nouveau totalitarisme.

« Le totalitarisme, poursuit Herbert Marcuse, n’est pas seulement une uniformisation politique terroriste, c’est aussi une uniformisation économico-technique non terroriste qui fonctionne en manipulant les besoins au nom d’un faux intérêt général. Une opposition efficace au système ne peut pas se produire dans ces conditions. Le totalitarisme n’est pas seulement le fait d’une forme spécifique de gouvernement ou de parti, il découle plutôt d’un système spécifique de production et de distribution. » (op. cit.). Dans cette logique d’extension du domaine de l’économie marchande (qui prend la place de toute une économie de réciprocité, informelle), les États jouent un rôle premier : de même qu’ils ont imposé le marché national, ils imposent le grand marché mondial, ils poussent au mélange des peuples et à leur leur indifférenciation, à la déterritorialisation, à la transparence de vies de plus en plus pauvres en âme. Ils poussent encore à l’individualisme croissant, à la précarisation des liens, et au transhumanisme et aux identités à options qui ne sont qu’une forme de la marchandisation. Pierre Bergé disait à ce sujet : « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA (gestation pour autrui, NDLR) ou l’adoption. Moi, je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant. » (17 décembre 2012).

Le transhumanisme pour une société toujours plus liquide et plus contrôlable, tel est le projet de l’oligarchie mondialiste au pouvoir en Occident. Dans le même temps que les États sont de plus en plus intrusifs à l’intérieur des sociétés, ils sont, en Occident, de plus en plus concurrencés par d’autres structures au plan international. Ils cessent d’être les seuls acteurs du droit international, marquant ainsi la fin de l’ordre westphalien, né en 1648, à l’issue de la guerre de Trente Ans. Un double drame est le nôtre : nous assistons à la fin des États dignes de ce nom (toujours en Occident), et à la fin des possibilités de se parler et de négocier. En effet, si les traités de Westphalie mettaient fin aux guerres de religion, il nous faut savoir que nous sommes revenus aux guerres de religion, qui sont maintenant des guerres idéologiques, comme en témoigne l’actuelle hystérie anti-russe, partagée par la majorité de la « classe politique », c’est-à-dire des mercenaires du système.

États vidés de ce qui devrait leur appartenir en propre, la souveraineté et l’identité, États faillis mis en coupe réglée par les oligarchies parasitaires antinationales et anti-européennes, telle la superstructure dite Union européenne qui est de plus en plus la même chose que l’OTAN, c’est-à-dire une organisation de destruction de l’Europe réelle qui nous fait agir systématiquement à l’encontre de nos intérêts, tel est le tableau de l’Europe. Un indice éclatant du démembrement de nos États est que pèsent souvent plus lourds que les États un certain nombre d’institutions : les ONG, les institutions internationales, qu’elles soient directement financières (FMI, Banque mondiale, BERD…) ou ne le soient qu’indirectement (GIEC, OMC, OMS…), les organismes mondialistes et immigrationnistes, multinationales, fonds de pension internationaux, collecteurs de fonds tels Blackrock, etc. Contrairement à nos États, toutes ces structures ne sont aucunement en faillite.

L’erreur de Michel Foucault

Loin d’être supprimé par le marché, comme le supposait Michel Foucault, le droit devient bel et bien un enjeu du marché. C’est un levier dans des rapports de force, et les EUA y jouent à merveille, comme de nombreuses entreprises françaises ont pu le constater à leurs dépens. Mais le droit exprime un rapport de force acceptable car officiellement « neutre » : telle est l’imposture.

Intrusifs à l’intérieur, persécuteurs des patriotes mais gangrenés par la culture de l’excuse face aux gredins, les États sont de moins en forts au plan du régalien (sécurité, monnaie, défense, etc.). Ils se sont même volontairement dessaisis de leurs outils. La raison en est simple : nos dirigeants ne sont que les fondés de pouvoir des sections locales de l’internationale du Capital. Le cas de la monnaie est particulièrement significatif. La fin de la convertibilité du dollar en or (1971), c’est-à-dire l’effondrement des accords de Bretton Woods de 1944 a fragilisé l’ensemble des pays tandis que les EUA entrent dans une ère de complète irresponsabilité monétaire et économique, c’est-à-dire le dollar comme liberté inconditionnée pour eux, comme contrainte exogène pour le reste du monde. Quant à l’euro fort, comme il le fut longtemps, il a, pour la France, favorisé les exportations de capitaux, les importations de marchandises et la désindustrialisation de notre pays. Quant à l’immigration, elle a ralenti la robotisation. Beau bilan.

Il y a désormais dans l’économie mondiale les manipulateurs et les manipulés, et ce à une échelle bien supérieure à ce qui existait auparavant. Les banques vont prendre le pouvoir monétaire réel à la place des États (qui les renfloueront avec l’argent des contribuables en 2008). En France, la loi du 3 janvier 1973 (détaillée dans le livre de P-Y Rougeyron) est un tournant, et plus exactement un moment dans un tournant libéral mondialiste. L’État français ne peut plus se financer à court terme auprès de la Banque de France. Au moment où ses besoins de financement explosent. Comment va-t-il se financer ? Par l’accès aux marchés financiers internationaux. C’est un changement de logique. Un changement que les libéraux du Parti « socialiste » alors au pouvoir vont accélérer à partir de 1983-84.

Avec le libéralisme, un État faible et dépendant des marchés financiers

Conséquence : une augmentation du poids de la dette, tandis qu’auparavant, les Bons du Trésor, c’est-à-dire des obligations d’État, étaient accessibles aux particuliers et à taux fixes, et permettaient à la fois de proposer des placements sûrs aux particuliers et de financer les besoins à long terme de l’économie. Si cette loi du 3 janvier 1973 n’est pas à l’origine de la dette — celle-ci venant avant tout de la chute de notre dynamisme industriel, du développement de l’assistanat du à l’immigration familiale de masse, des autres coûts de cette immigration — elle marque néanmoins une inflexion nette vers la financiarisation, et le triomphe des théories monétaristes de Milton Friedman (Vincent Duchoussay, « L’État livré aux financiers ? », La vie des idées, 1er juillet 2014). Au final, l’État et sa banque centrale cessent d’avoir le monopole de la création monétaire. (ceci ouvre du reste vers une question que l’on ne peut ici que signaler : faut-il « rendre le monopole de la création monétaire aux banques centrales ? » Cf. l’article éponyme, Revue Banque, 12 septembre 2012).

En 1973, cette même année charnière (le premier choc pétrolier se produit, et pas du fait d’un simple mécanisme économique mais dans le cadre de grandes manœuvres géopolitiques), le libéral Hayek prône la fin des monnaies nationales au profit de monnaies privées. Mais ce n’est pas le seul dégât que l’on constate. Le libéralisme induit un système économique de sélection naturelle qui favorise le mépris des conséquences environnementales des actions économiques et implique donc un court-termisme à la place de la prise en compte du long terme.

Il s’opère ainsi une forme de sélection, mais une sélection des pires. Theodore John Kaczynski avait bien vu ce processus :

« Cela s’explique par la théorie des systèmes autopropagateurs : les organisations (ou autres systèmes autopropagateurs) qui permettent le moins au respect de l’environnement d’interférer avec leur quête de pouvoir immédiat tendent à acquérir plus de pouvoir que celles qui limitent leur quête de pouvoir par souci des conséquences environnementales sur le long terme — 10 ans ou 50 ans, par exemple. Ainsi, à travers un processus de sélection naturelle, le monde subit la domination d’organisations qui utilisent au maximum les ressources disponibles afin d’augmenter leur propre pouvoir, sans se soucier des conséquences sur le long terme ».

(Révolution anti-technologie : pourquoi et comment ? 2016, éditions Libre, 2021)

Le libéralisme contre la solidarité nationale et la justice sociale

En outre, en tant que le libéralisme est une forme du capitalisme, il prend comme critère l’intérêt des actionnaires et non l’intérêt de la nation. Il prend encore moins en compte ce qui pourrait être une préférence de civilisation, dont il faut affirmer la nécessité dans la mesure même où la mondialisation met en cause la diversité. Dans la logique du libéralisme, l’intérêt individuel prime toujours sur les intérêts collectifs, et sur les objectifs de justice sociale et de solidarité nationale. Ultras du libéralisme, « les libertariens défendent le libre marché et exigent la limitation de l’intervention de l’État en matière de politique sociale. C’est pourquoi ils s’opposent au recours à une fiscalité redistributive comme moyen de mettre en pratique les théories libérales de l’égalité. […] La fiscalité redistributive est intrinsèquement injuste et […] constitue une violation du droit des gens. », résume Will Kymlicka à propos des positions libertariennes (in Les théories de la justice. Une introduction, La Découverte, 2003). C’est aussi la thèse que défend Ayn Rand, célèbre libertarienne américaine. Dans cette perspective, au-delà de toute notion d’équité et de solidarité nationale, les libéraux ne cachent pas qu’il faut selon eux tourner la page des aspirations démocratiques. Peter Thiel affirme en 2009 : « Je ne crois plus que la liberté et la démocratie soient compatibles. […] Je reste attaché, depuis mon adolescence, à l’idée que la liberté humaine authentique est une condition sine qua non du bien absolu. Je suis opposé aux taxes confiscatoires, aux collectifs totalitaires et à l’idéologie de l’inévitabilité de la mort » (« L’éducation d’un libertarien », 2009, cité in Le Monde, 1er juin 2015). Cela a le mérite d’être clair, tout comme il est clair que, depuis qu’a triomphé le libéralisme libertaire, les atteintes aux libertés n’ont jamais été si violentes : identité numérique, interdiction d’hommages, de colloques, de manifestations pacifiques, etc.

Avec ce libéralisme-libertaire, à la fois rigoriste pour ses adversaires et permissif pour tous les délires sociétalistes, on se retrouve dans le droit fil du libéralisme poussé dans sa logique, qui est le refus des limites de la condition humaine. Comme l’extension du domaine de la marchandisation n’est pas naturelle, l’État du monde libéral met en place, avec les GAFAM et avec les multinationales, des outils de contrôle visant à tracer tous les mouvements des hommes, les pratiques humaines, jusqu’à laisser une trace, par le scan des articles, de toutes les calories ingurgitées chaque jour par chacun. Le tout au nom d’une soi-disant bienveillante « écologie de l’alimentation ». Big Brother se veut aussi big mother. Les « démons du bien » veillent, pour mieux régenter nos vies.

Le libéralisme trahit les libertés

Walter Lippmann, dans La cité libre (1937), ouvrage qui précéda le colloque Lippmann de 1938 (grand colloque libéral), plaidait pour les grandes organisations et la fin de « la vie de village ». C’était déjà l’apologie de la mégamachine. Nous y sommes en plein. Par la monnaie numérique et la suppression programmée de l’argent en espèces « sonnantes et trébuchantes », la société de contrôle vise à rendre transparents tous les échanges interhumains. Le libéralisme est ainsi à la fois l’antichambre du transhumanisme et le contraire des libertés individuelles, mais aussi collectives ou encore communautaires.

Jean Vioulac remarque : « Le néolibéralisme est ainsi coupable d’avoir aliéné et asservi le concept même de liberté, en promouvant en son nom une doctrine de la soumission volontaire ». Ce néolibéralisme — ou libéralisme décomplexé et pleinement lui-même — est la forme actuelle du règne du Capital. Il ne conçoit la liberté que dans le registre de l’ordre marchand et sur un plan individuel. « Le libéralisme n’est pas l’idéologie de la liberté, mais l’idéologie qui met la liberté au service du seul individu. », note Alain de Benoist (Philitt, 28 mars 2019). Si le libéralisme est centré sur l’individu, il lui refuse en même temps le droit de s’ancrer dans des collectifs, et de s’assurer de continuités culturelles. Le libéralisme est bien l’idéologie et la pratique du déracinement. Il est temps de recourir à autre chose. On pense à l’enracinement dynamique tel qu’il a pu être pensé par Élisée Reclus. L’enracinement et la projection créatrice vers un futur. Il est tout simplement temps de cultiver l’art d’habiter la terre.

PLV

L’auteur vient de publier Nietzsche, un Européen face au nihilisme (ISBN 978-2-491020-06-4) 14,99 € ainsi que, tout récemment, Les Démons de la déconstruction. Derrida, Lévinas, Sartre. Suivi de « Se sauver de la déconstruction avec Heidegger » (ISBN 978-2-491020-09-5)19,99 . Éd. La Barque d’Or, disponible sur amazon.fr. Ces deux ouvrages sont actuellement en promotion.




Une guerre mondiale de l’énergie a commencé

[Source : portail-ie.fr]

Propos recueillis par Mathéo Quenault

La guerre de l’énergie est une notion qui s’est répandue dans le paysage audiovisuel. Pour Fabien Bouglé, l’énergie sera l’élément au centre de la troisième guerre mondiale.

Portail de l’IE (PIE) : Vous avez écrit deux ouvrages consacrés à la thématique énergétique, le premier sur les éoliennes et le second sur le nucléaire. Quels éléments marquants vous ont poussé à vous intéresser au secteur énergétique puis à critiquer vivement l’énergie éolienne ?

Fabien Bouglé (FB) : Il y a 15 ans, alors que je procédais à la restauration d’une maison en Normandie j’ai découvert par hasard l’existence d’un projet de 13 éoliennes dont les plus proches étaient à 800 m. Cet évènement m’a profondément interrogé et m’a conduit à enquêter plus en détail sur la filière éolienne et par extension sur l’ensemble de la filière énergétique. Dans le cadre de ce projet, j’ai pu constater que les éoliennes étaient entachées de prises illégales d’intérêt. Juriste et ancien officier de réserve de gendarmerie, j’ai constaté que cette situation était systématique : les élus installaient les éoliennes sur leurs parcelles ou celles de leur famille tout en participant aux délibérations municipales sur le sujet. Alors que j’étais en relation avec le SCPC (Service central de prévention de la corruption du Ministère de la Justice), celui-ci a émis en 2014 dans son rapport d’activité une alerte sur la multiplication des atteintes à la probité dans le domaine de l’éolien.

Plus tard, dans le cadre du projet d’installation de 66 éoliennes entre les îles d’Yeu et Noirmoutier, j’ai dévoilé les tarifs de rachat de l’électricité provenant des éoliennes en mer qui avaient un niveau de subvention à 220 € le MWh alors que prix spot du marché était à l’époque à 45 €. La différence entre ces deux niveaux de prix se chiffrait au total à 40 milliards d’euros de subvention. Ces révélations ont contraint le gouvernement à renégocier les tarifs de rachat et le Président Emmanuel Macron avait annoncé en juin 2018 une baisse du tarif de rachat de 220 € à 180 € le MWh raccordement compris.

En 2019, le député Julien Aubert [député LR du Vaucluse de 2012 à 2022, NDLR] — que j’avais alerté sur le sujet — a obtenu du groupe LR l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur les éoliennes et les énergies intermittentes. La publication de ses travaux était une occasion parfaitement adaptée pour sortir un livre reprenant l’ensemble des informations occultées sur les éoliennes. Nous avons donc convenu avec les Éditions du Rocher de sortir mon premier manuscrit Éolienne : la face noire de la transition écologique en octobre 2019. L’objectif de cet ouvrage était de faire le tour d’horizon de la question des éoliennes tant du point de vue de l’écologie que celui des finances ou encore de la Mafia. Mais lors de conférences que je donnais en France, j’avais très souvent des questions sur le nucléaire. Je me suis alors aperçu qu’il y avait un vrai problème de biais cognitifs et d’informations biaisées sur le nucléaire. Pendant la crise sanitaire, j’ai profité du temps disponible pour rédiger mon second ouvrage intitulé Nucléaire : les vérités cachées qui vise à mettre en lumière les vertus de cette source d’électricité sans occulter la question des déchets radioactifs. C’est la suite de mon premier livre, car on ne peut pas parler du sujet du mix électrique basé sur des éoliennes censées remplacer le nucléaire si l’on ne comprenait pas en même temps la question du nucléaire.

PIE : Vous opposez l’énergie éolienne et l’énergie nucléaire, pourquoi ? Qu’est-ce qui les rend incompatibles selon vous ?

FB : Il y a plusieurs raisons à cela. Ces raisons sont d’ordre technique, économique et géopolitique.

Pour ce qui est de la raison technique, la France, avec le Plan Messmer en 1974, a choisi d’investir massivement dans le nucléaire afin de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles. On construit dès lors un mix électrique basé sur les centrales nucléaires qui vont offrir une électricité massive, abondante et lors des pics de consommation on se sert des centrales hydrauliques et en dernier recours des centrales fossiles. Avec ce mix électrique, la production est très stable. Alors que les éoliennes, étant intermittentes, sont source de deux problèmes importants. Premièrement, les unités de production sont de 2 Mégawatts (contre 900 à 1650 Mégawatts pour une centrale nucléaire), qui vont être disséminées sur tout le territoire. Ceci oblige le réseau électrique à se répartir sur le territoire avec une multitude de lignes à haute tension. Ainsi, les éoliennes nécessitent de modifier en profondeur le réseau électrique.

D’après Xavier Piechaczyk, le président de RTE, le développement du renouvelable coûtera 100 milliards d’euros rien que pour l’adaptation du réseau électrique. Ce coût est notamment dû à l’enfouissement de certaines lignes à haute tension ainsi qu’à la création de nouvelles lignes. C’est justement afin de financer ces infrastructures que les Français voient encore augmenter leur facture de 10 %. Outre l’augmentation du prix de marché de l’électricité, cette hausse est due également à l’augmentation du TURPE [Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité] qui est prélevé au consommateur sur leurs factures pour financer ces raccordements. Il est important de se souvenir que c’est Xavier Piechaczyk qui avait été l’un des artisans de la loi sur la baisse de la part du nucléaire à 50 %. Il avait pour directeur de cabinet adjoint Pauline Le Bertre, ancienne déléguée générale de France Énergie Éolienne, la structure qui sert de lobby aux exploitants éoliens.

D’autre part, il est obligatoire d’avoir des systèmes d’équilibrage, car la production des éoliennes dépend du vent dont la puissance est très variable. En plus de la problématique de réseau, s’ajoute celle de l’intermittence qui nécessite des centrales fossiles au gaz ou au charbon pour venir compléter la production des éoliennes lorsqu’elles ne tournent pas en raison d’une absence de vent.

Du point de vue économique, la France est l’un des leaders mondiaux du nucléaire qui est sa troisième filière industrielle. On parle ici de 220 000 emplois directs et indirects et de 400 000 emplois en incluant les emplois induits. Le nucléaire permet à la France de bénéficier d’une électricité à bas coût ce qui facilite la compétitivité de nos entreprises et de nos industries tout en assurant aux Français une facture électrique peu élevée.

L’installation de l’éolien dans notre mix électrique ne bénéficie pas à l’économie française. Aucune des éoliennes n’est fabriquée en France : 65 % des éoliennes installées en France sont allemandes et 30 % sont danoises. En outre, 45 % des sociétés d’exploitation électrique de ces éoliennes sont allemandes. Alors que le nucléaire est pour l’essentiel français, le remplacement du nucléaire français par une filière éolienne allemande creuse le déficit commercial de la France et modifie la gouvernance de notre système énergétique. Nous avons donc une situation où l’on détruit une filière économique dans laquelle la France se classe parmi les leaders au profit d’une filière dans laquelle on ne dispose d’aucun acteur.

Du point de vue géopolitique, la volonté de développer l’éolien cache l’objectif des Allemands de s’approprier la souveraineté énergétique en Europe en imposant son modèle d’énergies intermittentes au travers de l’Energiewende. Au début des années 2000, Gerhard Schröder promulgue la loi EEG de déploiement des énergies intermittentes (éoliennes et solaire). Pour pallier l’intermittence des éoliennes, l’Allemagne cherche alors à faciliter son approvisionnement en gaz russe pour minimiser sa consommation de charbon. C’est pourquoi elle tenait si fermement à la construction des gazoducs Nord Stream 1 et 2 afin de devenir le hub de distribution du gaz russe en Europe. L’objectif allemand était de contrôler le marché des éoliennes en Europe tout en s’assurant la maîtrise européenne du gaz russe. Pour ce faire et imposer son modèle économique, Berlin va d’une part propager son idéologie avec une infiltration des institutions européennes dans le domaine énergétique et s’assurer d’autre part de la destruction économique, géopolitique et intellectuelle du nucléaire français au travers d’opérations de guerre informationnelle déployées en France depuis 25 ans.

PIE : D’après vous, quelles sont les conséquences de cette incompatibilité sur la stratégie énergétique française ?

FB : Au vu des points évoqués précédemment, il n’est pas possible de faire du en même temps entre le nucléaire et l’énergie éolienne. Il est important de se rendre compte que l’éolien est un outil de guerre contre le nucléaire français. Nous sommes dans une situation de guerre économique entre deux modèles concurrents et incompatibles, l’Energiewende allemand et le nucléaire français.

Ces modèles étant incompatibles, nous sommes obligés d’en choisir un et d’en écarter un autre. Ce choix nécessite une lucidité de nos politiques sur les points évoqués précédemment ainsi que sur la situation actuelle qui ne peut être envisagée que comme une guerre énergétique. Cette incompatibilité se traduit par une hostilité de pays européens comme l’Allemagne ou l’Autriche. Récemment notre ministre de l’Énergie Agnès Pannier-Runacher, a été exclue des discussions sur les énergies renouvelables lors de la première rencontre du « club des renouvelables ». En effet, aux yeux des pays hostiles au nucléaire, la demande de la France d’intégrer le nucléaire dans la loi sur les énergies renouvelables est une action anti-renouvelable de la part de l’Hexagone.

Malheureusement, le concept de « couple franco-allemand », encore dans l’esprit de nos dirigeants, entraîne un manque de lucidité face à la situation que nous traversons aujourd’hui. Il est difficile pour ces derniers d’admettre et de reconnaître l’attitude belliqueuse, voire prédatrice, de l’Allemagne envers la France.

PIE : Le prix de l’énergie n’a jamais été aussi haut. Les entreprises énergétiques dans le monde enregistrent, telles que TotalEnergies, des niveaux de rentabilité exceptionnels et pourtant EDF dévoile de son côté un bilan calamiteux. Comment expliquez-vous cela ?

FB : Cela est dû au fait de l’explosion du prix des énergies fossiles depuis 2021, surtout celui du gaz qui s’explique par plusieurs raisons. En premier lieu, l’augmentation importante de la demande par la Chine. La deuxième raison est qu’il y a eu cette année-là une baisse historique de la vitesse des vents en Europe depuis 43 ans. Selon l’Institut Copernicus de la Commission Européenne, cette baisse a causé une réduction de la production de l’électricité par les éoliennes en Europe occidentale. Cette baisse a logiquement dû être compensée par une plus grande importation d’énergie fossile (charbon pétrole et gaz) ce qui a contribué à l’augmentation de la demande et donc in fine du prix du gaz. L’augmentation du prix du gaz a ensuite été accentuée par la guerre en Ukraine, les sanctions énergétiques de la Russie et le sabotage de Nord Stream qui a rendu l’accès au gaz plus difficile (et donc plus coûteux) aux pays européens. Tous ces éléments font que les gaziers comme Engie ou TotalEnergies ont engrangé des revenus considérables. La guerre économique de l’Europe contre la Russie a eu pour conséquence une augmentation de la facture de gaz de l’Europe qui est passée de 120 milliards de dollars en 2021 à 400 milliards de dollars en 2022.

De son côté, EDF est une entreprise d’électricité et la conjoncture n’était pas du tout la même. En effet, en 2022, le tarif spot moyen de l’électricité a augmenté du fait de l’augmentation du prix du gaz, car au sein de l’UE, le prix de l’électricité est indexé sur l’unité de production la plus chère. Cela aurait pu être plus profitable pour EDF, mais l’autorité de sûreté nucléaire (ASN), a estimé que les corrosions observées pourraient poser des problèmes de sécurité dans l’hypothèse où les réacteurs seraient arrêtés. Cela a conduit à l’arrêt d’un nombre très important de réacteurs nucléaires causant la perte de près de 80 TWh de production électrique. Cette baisse de production a ainsi entraîné un manque à gagner considérable alors que le prix spot était très élevé en 2022 (275 euros le MWh).

Ajouté à cela, l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (ARENH) oblige EDF à vendre une partie importante de son électricité (120 TWh, soit ¼ de la production) à un prix cassé (à 42 € le MWh) à des concurrents ce qui crée aussi un manque à gagner. En revanche, lorsque c’est EDF qui achète de l’électricité d’origine éolienne, il lui est interdit de la revendre au prix spot du marché. Elle doit seulement se contenter d’une petite marge.

L’ensemble de ces mécanismes : l’ARENH, la non-disponibilité de certains réacteurs nucléaires et l’impossibilité de revendre sur le marché la production d’éolienne subventionnée font qu’EDF a perdu énormément d’argent et l’a conduit à avoir un déficit de 17,9 milliards en 2022 et une dette historique de 65 milliards d’euros. Cette fragilisation d’EDF faisait partie du plan de l’Allemagne, comme l’a dit Henri Proglio, l’ancien PDG d’EDF lors de la commission d’enquête parlementaire : « L’obsession des Allemands depuis 30 ans, c’est la désintégration d’EDF. Ils ont réussi ! »

PIE : À quelles autres stratégies était lié le dénigrement du nucléaire ?

FB : Il est important de signaler que le dénigrement du nucléaire s’est accompagné de la valorisation de l’éolien. Il y avait l’intention de discréditer le nucléaire afin de créer un appel d’air pour l’éolien en prenant bien soin de ne pas mentionner que l’installation d’éoliennes s’accompagne de l’utilisation d’énergies fossiles telles que le gaz ou le charbon. Cet oubli volontaire avait pour objectif de masquer l’absurdité écologique de l’énergie éolienne.

PIE : Quelles formes cette guerre de l’information a-t-elle prises ?

FB : Cette guerre de l’information s’est traduite par une utilisation massive des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima. Et ce, bien que les centrales françaises soient très différentes et beaucoup plus avancées et sécurisées que les centrales soviétiques de l’époque et aussi localisées à des emplacements bien éloignés de failles sismiques comparables à celles que l’on peut trouver au Japon. Dans un esprit de malhonnêteté et de tromperie, certains acteurs voulaient que la population associe l’eau sortant des tours aéroréfrigérantes à une pollution alors qu’il s’agit simplement du système de refroidissement du condenseur qui ne diffuse aucune sorte de pollution.

Ces attaques informationnelles sont couplées à des opérations de terrain comme Greenpeace qui lançait des drones sur des centrales nucléaires ou encore des opérations d’intrusion. L’ensemble de ces actions ont contribué à créer un climat anxiogène autour du nucléaire. Corrélativement, ces acteurs proposent des alternatives avec l’éolien. On ne peut pas comprendre les opérations de ces 20 dernières années de dénigrement du nucléaire sans comprendre que ces actions sont la double face d’une même opération. Politiquement, cela a commencé avec le gouvernement de la gauche plurielle, lorsque Lionel Jospin doit s’allier aux Verts, antinucléaires, qui viennent d’émerger politiquement. Il ne pouvait pas avoir de majorité s’il n’avait pas leur appui. C’est à ce moment-là qu’intervient la double opération : on ferme Superphénix qui permettait de produire de l’électricité avec les déchets des autres centrales, on dénigre politiquement le nucléaire, on renonce à construire de nouveaux réacteurs et enfin on assiste en 2001 au subventionnement d’éoliennes en France avec l’arrêt Cochet. Il y a un phénomène de double détente avec la destruction du nucléaire politiquement et médiatiquement couplé à la valorisation de l’éolien, présenté par Greenpeace comme idyllique. Sur le site de l’officine antinucléaire, les éoliennes sont présentées comme « un bouquet de fleurs pour la transition énergétique ».

PIE : Dans cette guerre, quels ont été les relais ? Qui sont les alliés et les ennemis du nucléaire français sous les angles sociétaux, politiques et économiques ?

FB : Dans les années 90 et 2000, il y a un essor important d’associations et d’ONG environnementales comme WWF et Greenpeace qui ont une grande notoriété. Ils sont le ressort des ONG antinucléaires qui jouissent d’une bonne cote de popularité. Ce sont elles qui ont été les principaux relais de l’idéologie antinucléaire, et ce, en étant financées par des organisations mondiales pro-éoliennes. C’est-à-dire qu’elle s’attaque au nucléaire tout en recevant de l’argent d’organisations mondiales ainsi que de fabricants d’éoliennes comme l’entreprise danoise Vestas premier fabricant mondial.

Ici, les ennemis du nucléaire français sous l’angle sociétal sont principalement les ONG comme WWF, Greenpeace et les Amis de la Terre qui d’ailleurs sont toutes financées par la fondation Rockefeller créée par les géants du pétrolier Esso puis Exxon.

Sous l’angle politique, il s’agit des partis tels que EELV en France, les Grünen en Allemagne, très liés aux ONG mentionnées plus haut. S’y ajoutent les fondations allemandes comme Henrich Boll ou Rosa Luxembourg qui viennent financer d’autres structures que les ONG comme Sortir du Nucléaire ou Réseaux Action Climat nébuleuse regroupant WWF et Greenpeace. L’organisation antinucléaire et pro éolienne Négawatt en France est financée par les gaziers et les promoteurs éoliens. On peut aussi citer l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) qui est devenue le lieu d’infiltration des mouvements antinucléaires et pro-éoliens au sein de nos institutions.

Un autre opérateur de cette guerre énergétique est l’Office franco-allemand pour la transition énergétique (OFATE) qui est un lobby allemand dont le siège est à Berlin, au siège du ministère fédéral de l’Économie allemande et qui dispose d’un bureau au ministère français de l’Écologie à la Direction Générale de l’Énergie et du Climat, c’est-à-dire la direction chargée de la politique énergétique de la France. Greenpeace et WWF sont membres de cet organisme installé dans nos ministères. Il y a clairement une infiltration toujours en cours de nos institutions par la filière éolienne et le mouvement antinucléaire. Pour finir avec l’angle politique on peut citer des personnalités françaises, deux anciennes ministres de l’écologie : Corinne Lepage qui a tout fait pour faire fermer Superphénix et Dominique Voynet, qui de son propre aveu a menti et manipulé son gouvernement pour faire en sorte que le nucléaire ne soit pas retenu au titre des énergies d’avenir de l’Union européenne, l’ancêtre de l’actuelle taxonomie.

Sous l’angle économique, les principaux adversaires du nucléaire français sont clairement les fabricants d’éoliennes ainsi que les gaziers et pétroliers.

PIE : Vous publiez en septembre un ouvrage sur la guerre de l’énergie. Quelle valeur ajoutée apportez-vous au traitement de cette thématique, que ne traitent pas déjà les ouvrages existants ?

FB : Je dirai que jamais dans l’histoire de l’humanité l’énergie n’avait été autant au cœur d’une guerre mondiale. Selon moi, l’énergie est aujourd’hui l’enjeu, la cause et l’arme de cette guerre. Ma position est que la troisième guerre mondiale est une guerre de l’énergie, car on l’utilise pour mener la guerre, mais on fait cette guerre aussi pour s’assurer le contrôle des systèmes énergétiques. La Première Guerre mondiale était une guerre territoriale, la seconde une guerre idéologique, la troisième est une guerre énergétique.

Aujourd’hui la guerre est hybride, asymétrique, militaire, informatique, biologique, alimentaire… En somme, elle est multiface. Selon moi, la guerre en Ukraine représente la partie militaire d’une guerre beaucoup plus importante qui est la guerre mondiale de l’énergie. Car le contrôle de l’énergie domine tout. Le pays qui contrôle l’énergie contrôle politiquement et économiquement les pays qui en ont besoin. Nous assistons donc à la première guerre mondiale de l’énergie. Par le passé, il y a déjà eu des batailles de l’énergie (guerre en Irak…), mais ce n’étaient pas des guerres au retentissement international. Nous assistons véritablement à un conflit mondial d’une nouvelle intensité.

Avec ce livre, je souhaite apporter un nouvel éclairage qui place la guerre de l’énergie au cœur du nouveau conflit mondial, mais aussi alerter les pouvoirs publics qui semblent dépassés par le sujet. Comme les autres, il a pour objectif d’apporter des clés de lecture et des aides à la compréhension des évènements à destination des citoyens comme des gouvernants ; c’est bien là sa spécificité. Plusieurs livres s’intéressent à la guerre de l’énergie au Moyen-Orient ou dans d’autres régions du monde, mais je souhaite aborder la guerre de l’énergie comme un phénomène désormais global qui donne lieu à ce nouveau conflit mondial. C’est pour cela que je parle de troisième guerre mondiale de l’énergie qui selon moi a éclaté au grand jour avec le sabotage de Nord Stream le 26 septembre 2022. C’est l’élément déclencheur qui est symboliquement très puissant. On pourrait comparer cet évènement à l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à l’aube de la Première Guerre mondiale. Ce n’est pas une déclaration de guerre à proprement parler, mais une officialisation de la guerre. Ainsi le 26 septembre prochain marquera le premier anniversaire de l’officialisation de la guerre mondiale de l’énergie. C’est donc ce moment précis que j’ai choisi pour la sortie de ce nouveau livre.

PIE : Comment cette guerre se caractérise-t-elle en France et en Europe ?

FB : Elle se caractérisera de plusieurs façons. Elle sera à la fois intraeuropéenne et extraeuropéenne. Nous avons d’abord une confrontation énergétique violente entre un Empire américain et un Empire russe et dont la guerre en Ukraine est la face émergée de l’iceberg. Cette guerre place l’Europe en situation de faiblesse dans la mesure où elle est très dépendante de ces fournisseurs d’énergies. Cette vassalisation énergétique de l’Europe conduit à une autre confrontation avec un affrontement entre l’énergie nucléaire, soutenue par la France et ses alliés, et le couple gaz/charbon-éolien, soutenu par l’Allemagne et ses alliés.

PIE : Dans ce contexte, quelles sont les suites pour la France et l’Europe ?

FB : Pour comprendre les problématiques énergétiques de notre pays, il faut revenir aux fondamentaux historiques qui ont construit notre histoire depuis 70 ans. Les apprentissages de l’Histoire doivent guider notre réflexion et en particulier la place qu’a occupée l’atome dans la création de la Communauté Européenne en 1957. L’industrie nucléaire a été au cœur de la création de l’Union européenne avec la signature du traité Euratom signé le même jour que le traité de Rome créant la CEE. Remettre en cause la place de l’énergie atomique en Europe, c’est remettre en cause la construction européenne mise en place pour assurer la paix. Le développement du nucléaire constitue donc une nécessité vitale pour la paix en Europe et dans le Monde. C’est dans ce sens que dans le prochain ouvrage, sont proposées certaines pistes pour une réforme du système énergétique européen.

Pour aller plus loin :


Les États-Unis et la Russie cherchent à éliminer le nucléaire français

EDF est le bras armé de l’économie française




L’aide militaire occidentale à l’Ukraine : le zugzwang

Par Oleg Nesterenko

Le zugzwang est une situation dans le jeu d’échecs dans laquelle le joueur n’a aucun mouvement favorable possible — toute action qu’il fera entraînera une détérioration imminente de sa position sur le plateau de jeu.

Constatant la déroute que l’armée ukrainienne subit sur les champs de bataille face aux forces russes, les décideurs du camp politico-militaire de l’Occident collectif plongent en état de panique opérationnelle collective les poussant à faire monter les enchères et à prendre une voie sans issue.

Les mythes et la réalité

De même que durant la Seconde Guerre mondiale, quand la quasi-intégralité des pays composant l’Union européenne d’aujourd’hui a grandement participé à l’effort de guerre en faveur de l’Allemagne nazie lors de l’invasion de l’URSS — ces mêmes pays, le monde anglo-saxon en plus, sont en train de produire un effort de guerre face à Moscou, un effort d’envergure jamais vu dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Néanmoins, constatant l’insuffisance des aides accordées à l’Ukraine pour contrer efficacement l’initiative militaire russe, dès février 2022, les responsables politiques ukrainiens et ceux des pays de l’OTAN essaient de la combler en faisant une preuve remarquable dans le domaine de la communication et de la propagande destinées non seulement à l’opinion de leur propre électorat, mais également à la Russie et ses alliés, afin d’essayer de les décourager dans la poursuite des démarches qu’ils entreprennent.

Les campagnes de communication ont été fort nombreuses et se sont enchaînées, l’une après l’autre. L’une des dernières et celle du mois de mars, quand le président tchèque Petr Pavel a annoncé la disponibilité de près de 800 000 obus qui pourraient être livrés à l’Ukraine « dans les semaines à venir ». Le monde a retenu son souffle en attendant l’apparition de cette manne venue de nulle part et en supposant l’existence d’un redoutable potentiel militaro-industriel dissimulé jusqu’à présent. Forte a été la déception des bénéficiaires de la fameuse livraison, heurtés à la réalité à terme des semaines écoulées : la campagne de communication tchèque, comme tant d’autres avant elle, s’est avérée tout à fait mensongère.

Toutefois, il faut faire preuve d’indulgence envers le président de la République tchèque qui a, vraisemblablement, tout simplement confondu la réalité d’aujourd’hui avec le « glorieux » passé de l’état qu’il dirige. Notamment, selon les statistiques allemandes, par exemple pour l’année 1944, la Tchécoslovaquie a bel et bien été l’un des éléments clés dans l’approvisionnement militaire de la première puissance militaire de l’Europe. Celle du IIIe Reich. Non seulement chaque mois (i) de l’année 1944 les 857 usines d’armements tchèques ont livré aux nazis plus de 600 000 obus d’artillerie et 900 000 obus antiaériens, mais en plus près de 800 wagons ferroviaires de bombes aériennes, 1000 tonnes de poudre et 15 millions de cartouches. Sans compter une énorme quantité de chars, d’avions, de canons, d’armes légères (30 000 fusils, 11 000 pistolets, 3 000 mitrailleuses) et de tant d’autres matériels et équipements militaires indispensables dans la grande lutte contre les ennemis du « Reich de 1000 ans ».

Le président Petr Pavel devrait se réconcilier avec la réalité : au moment de l’invasion de l’URSS en 1941, quand son pays était capable d’assurer 1/3 du total d’armes et de munitions mises à disposition des forces armées nazies — ce moment est bien révolu.

De son côté, contrairement à ses homologues occidentaux, la Fédération de Russie a toujours eu tendance à ne pas abuser des outils propres aux professionnels du marketing et à rester dans le réel, en faisant même sous-estimer ses propres capacités et en les dévoilant que sur la base des faits accomplis.

Aujourd’hui, la Russie produit dans les 250 000 obus par mois, soit près de 3 millions par an, ce qui est, pratiquement le triple des capacités de production d’obus par l’ensemble des pays du bloc « atlantiste ». Ceci est, d’une part, selon les renseignements de l’OTAN et non pas les déclarations russes et, d’autre part, cette information ne prend pas en compte ni les livraisons de munitions des pays partenaires de la Russie, dont les volumes sont inconnus, mais estimés comme très considérables, ni le fait que l’industrie militaire russe n’est qu’au stade de son déploiement, avec le pic de production prévu pour l’année 2025.

Ceci est toujours selon les renseignements de l’OTAN, cités, notamment, par la CNN qui n’a jamais eu tendance à surestimer les capacités de Moscou. La réalité concernant les capacités de production et de l’accès à des munitions par les Russes peut donc être encore plus désagréable pour leurs adversaires.

Une autre réalité soigneusement minimisée par les pouvoirs occidentaux auprès de leur public — une réalité sans équivoque : durant la Seconde Guerre mondiale, la Russie a engagé 60 % de son PIB pour importer face à l’Allemagne nazie et ses suppléants. Aujourd’hui, sans rappeler le fait que l’économie russe se porte incomparablement mieux par rapport à ce qui était prévu même dans les prévisions les plus pessimistes des « otaniens », que ses finances publiques continuent à être seines et que la dette publique est négligeable ; sans rappeler que la Russie est tout, sauf isolée sur la scène internationale ; que l’industrie de l’armement russe a démultiplié sa production par 3 en un an — je tiens à rappeler : à ce jour, la Fédération de Russie n’a engagé que 6 % du PIB dans l’effort de guerre face à l’OTAN sur le territoire de l’Ukraine, soit 10 fois moins que par le passé face au nazisme.

La raison de la non-augmentation supplémentaire de la part du PIB vis-à-vis du conflit en Ukraine est très simple : les algorithmes démontrent qu’il n’est nul besoin de le faire pour arriver à des objectifs préétablis.

Néanmoins, en cas de nécessité absolue, ce n’est pas la fabrication de centaines, mais de milliers de chars et d’avions de combat de la dernière génération par an qui peut, industriellement, être mise en place dans des délais relativement restreints. De même, cela sera non pas des centaines de milliers, mais des millions de soldats supplémentaires au front — ce qui n’est pas une mission impossible avec une population supérieure à 146 millions d’habitants.

Le 24 avril, le président américain Joe Biden a approuvé le projet de loi sur l’allocation de l’aide militaire à l’Ukraine à hauteur de 56 milliards d’euros. De son côté, le Kremlin a adapté son économie aux besoins militaires, en augmentant ses dépenses de défense de 3,9 % en 2023 à 6 % du PIB pour l’année 2024.

L’agence Bloomberg1, en faisant référence à des copies de projets de plans budgétaires russes, indique que les dépenses de défense de Moscou ont augmenté de 6,4 billions à 10,8 billions de roubles — soit près de 106 milliards d’euros. Dans l’année 2021 d’avant-guerre, les dépenses de défense de Moscou étaient 2,5 fois inférieures à celles d’aujourd’hui.

À titre de comparaison, en France, la loi de programmation militaire 2024-2030, promulguée en août 2023, prévoit 413 milliards d’euros de dépenses de défense sur les sept prochaines années.

Afin de ne pas commettre d’erreur lors de l’évaluation de la parité et de la proportionnalité des investissements dans le secteur de défense en général et, dans le conflit en Ukraine, en particulier, il est important de prendre en compte un élément clé : si l’industrie militaire occidentale est régie, principalement, par la recherche des profits — de la même manière que l’industrie civile — la situation dans ce secteur est radicalement différente en Russie : l’intégralité des entreprises de défense se situent directement sous le contrôle de l’état, ce qui permet, entre autres, d’avoir des coûts finaux de fabrication divisés par 5, voir par 10 par rapport à ceux des entreprises occidentales, et ceci est pour la même gamme d’armes et de munitions fabriquées. 10 milliards d’euros investis dans la confrontation par Moscou valent incomparablement plus que les mêmes 10 milliards investis par l’adversaire.

Il est tout à fait certain que si les fondements militaro-industriels de l’actuelle coalition antirusse étaient basés sur autre chose que sur le dégagement de marges bénéficiaires considérables attachées à la production et vente d’armes et de munitions, Kiev pourrait bénéficier des livraisons de ces derniers d’une manière bien plus conséquente que celle qu’on a connue dès 2014, en vue de la préparation de la guerre contre la Russie sur le territoire de l’Ukraine, et même plus conséquente que celles qu’on connaît depuis février 2022 — le moment du déclenchement des hostilités par la Russie en anticipation des initiatives militaires ukraino-occidentales à venir.

« Le tonneau des Danaïdes » ukrainien

En parlant des chiffres, quelles sont les aides déjà consommées par l’Ukraine ?

Selon l’estimation de Kiel Institute for World Economy2, en deux ans de guerre, l’Occident collectif a promis à l’Ukraine environ 250 milliards d’euros et a déjà alloué près des ¾ de cette somme.

En ce qui concerne l’aide militaire en particulier, à cette fin l’Ukraine a reçu environ 102 milliards d’euros jusqu’au début d’avril 2024, dont 35 milliards de l’UE, 43 milliards des États-Unis et 24 milliards d’euros de l’ensemble d’autres pays du bloc occidental.3

L’institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI)4 a publié un rapport sur les budgets militaires des différents pays pour l’année 2023.Il s’avère que l’aide militaire déjà transférée à l’Ukraine est comparable aux 2 années du budget militaire de la France et même supérieure aux 2 années du budget militaire de la Corée du Nord. L’aide militaire transférée à l’Ukraine peut être également comparée aux 4 années du budget militaire d’Israël ou à 7 années du budget militaire de la Turquie.

Les principaux fournisseurs d’aide militaire à l’Ukraine sont les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’UE et la Norvège. Si au début du conflit les alliés ont fourni à l’Ukraine exclusivement du matériel soviétique encore restant dans les pays d’Europe de l’Est, faute des stocks épuisés, ils ont commencé à transférer des armes plus modernes.

À la mi-2023, les journalistes de Forbes Ukraine5 ont calculé le nombre d’unités d’équipement militaire que l’Ukraine avait déjà reçues des alliés. Selon leurs données, depuis février 2022, l’Ukraine a reçu de la part du bloc de l’OTAN plus de 3000 véhicules blindés, plus de 2000 véhicules de combat d’infanterie et de transporteurs de troupe blindés et près de 400 unités d’Artillerie automotrice.

Selon The Wall Street Journal6, durant la guerre contre la Russie, l’Ukraine a reçu plus de 600 obusiers, plus de 800 chars et près de 100 systèmes de lance-roquettes multiples (données de décembre 2023). À titre de comparaison, l’armée britannique, qui est le principal allié des États-Unis et le plus grand gaspilleur de fonds pour la défense, n’a plus que 150 chars et, probablement, une douzaine de pièces d’artillerie à longue portée en état de service.

Côté français, il ne reste pas plus de 90 unités d’artillerie lourde. En ce qui concerne l’Allemagne, elle a vidé ses arsenaux militaires au point qu’en cas de guerre, les munitions disponibles ne lui suffiront que pour 2 jours de combats en intensité comparable à celle qu’on connaît chaque jour sur le territoire de l’Ukraine depuis les 27 derniers mois.

En ce qui concerne les livraisons d’avions et d’hélicoptères, selon Forbes7, l’Ukraine a également reçu pas moins de 50 hélicoptères et près de 80 avions de combat soviétiques SU et MIG. Le Danemark, les Pays-Bas, la Norvège et la Belgique ont promis de lui livrer entre 45 et 60 chasseurs F16. Une partie des livraisons d’armements et d’équipements se font d’une manière dissimulée, par conséquent, il est difficile d’estimer précisément la quantité exacte d’aéronefs qui protègent aujourd’hui le ciel au-dessus de l’Ukraine.

Malgré le volume très élevé de l’aide militaire, l’intensité des combats est telle que les équipements livrés sont détruits en continu et le manque du côté ukrainien est constant. Les difficultés bureaucratiques et logistiques s’ajoutent à l’état peu enviable de l’armée ukrainienne.

À la fin du mois d’avril, Forbes a publié un article avec un titre retentissant :

« l’Ukraine a besoin de 1000 transporteurs de troupe blindés supplémentaires. Le Canada a besoin d’un an pour en livrer 50 ».8

Dans l’exemple du Canada, les journalistes ont démontré la défaillance flagrante de l’ensemble du système de soutien militaire occidental. Il faut un an pour faire livrer 50 transporteurs de troupe blindés et pendant ce temps l’armée russe détruit environ 500 de ces mêmes appareils.

La déroute

En parlant des aides accordées à l’Ukraine, il est à souligner qu’il ne s’agit guère de « cadeaux » accordés à Kiev, mais de dettes. Des dettes à rembourser.

Toutefois, ça s’annonce très mal pour les créanciers de l’Ukraine ou, plus exactement, pour l’Ukraine elle-même. Étant depuis un moment dans l’incapacité de payer ses dettes, l’Ukraine est en train de s’efforcer d’obtenir une restructuration de sa dette, avant la fin août 2024 qui est très proche, vis-à-vis de 20 milliards de dollars de ses obligations internationales émises et dont elle a déjà bénéficié de deux années de gel des paiements auprès des détenteurs.

Si elle ne parvenait pas à convenir d’une nouvelle restructuration ou à étendre le moratoire de paiement actuellement en vigueur avec les détenteurs d’obligations — un défaut de paiement souverain aura lieu, ce qui réduirait très considérablement sa capacité à emprunter auprès des bailleurs de fonds internationaux. La situation de l’Ukraine qui est déjà très grave aujourd’hui s’aggravera davantage.

La faillite inévitable de l’état ukrainien est à l’horizon.

Concernant les aides militaires, dans un interview accordé en avril dernier à Fox News9, le dirigeant ukrainien a admis que sans un nouveau paquet d’aide américaine, l’Ukraine ne pouvait pas résister :

« Que Dieu nous vient en aide, que nous l’obtiendrons le plus rapidement possible… Sinon, ils [les forces armées russes] nous feront reculer… C’est la vérité. Nos gens le savent et les Américains doivent le savoir », a-t-il déclaré.

Il n’est pas difficile à deviner ce qui est advenu avec l’aide militaire précédente : la plupart d’entre elles semblent avoir déjà été détruites.

Le portail Global Firepower10 a publié le classement des armées les plus puissantes au monde, dans lequel les chercheurs ont pris en compte 60 paramètres, allant du nombre d’unités militaires et de l’état de l’économie du pays à ses caractéristiques géographiques et à ses capacités logistiques.

À ce jour, en termes de puissance militaire, la Fédération de Russie occupe d’une manière assurée la seconde place au monde. Ukraine — 18e. 18place, en prenant en compte l’intégralité des aides militaires et financières, dont elle bénéficie de la part du bloc occidental. L’armée ukrainienne de 2021, comme telle, avec ses armements et équipements de l’époque n’existe plus, étant quasi intégralement détruite et ceci l’est depuis déjà un moment.

Dans le même temps, les livraisons d’aide militaire pour Kiev sont sur une courbe descendante qui ne fait que s’accentuer. Et cette tendance ne risque pas de changer radicalement jusqu’à la fin du conflit. C’est un signal d’alarme : l’Occident est fatigué de cette guerre.

De l’autre côté, la Fédération de Russie est plus que déterminée dans ses actions et est prête pour une longue confrontation, en faisant augmenter au quotidien son potentiel militaire déjà indiscutable. Le potentiel russe de mobilisation militaro-industriel et humaine est plusieurs fois supérieur à celui de l’Ukraine, même en prenant en compte la part sous-traitée par l’étranger.

Tôt ou tard, le président ukrainien Vladimir Zelensky devra s’asseoir à la table des négociations avec Moscou.

Plus exactement, il devra céder la place à un autre représentant de son pays, car Moscou a émis beaucoup de réserves sur la légitimité de Zelensky au poste de président de l’Ukraine, dont, selon la constitution de l’Ukraine en vigueur, le nouveau président a dû être inauguré, le 20 mai 2024 dernier, à la suite des élections présidentielles qui n’ont jamais eu lieu. Il est à souligner qu’il ne s’agit guère d’une position émotionnelle de revanchisme quelconque du côté du Kremlin, mais d’une approche tout à fait pragmatique du point de vue juridique : selon le droit international, la signature d’un accord international [de paix] par une personne, dont la légalité et la légitimité sont contestables — peut, ensuite, rendre le document juridiquement invalide. Avec toutes les graves conséquences qui peuvent découler d’une telle invalidation.

La seule question est de savoir combien de dizaines ou de centaines de milliers de personnes périront encore et combien encore de territoires ukrainiens partiront vers la Russie avant la signature de l’accord de paix qui aura inévitablement lieu et ceci est, incontestablement, avec la Fédération de Russie en position de force.

Selon une analyse de Institute for the Study of War (ISW) publié en avril dernier, depuis le début de l’année 2024, les troupes russes ont occupé plus de 360 kilomètres carrés supplémentaires du territoire ukrainien, ce qui est comparable en taille à Detroit — la plus grande ville de l’état américain du Michigan.

Les déclarations répétées et de plus en plus alarmistes de nombreux hauts responsables occidentaux et ukrainiens stipulant que si les aides économico-militaires à Kiev s’arrêtent ou même diminuent — l’Ukraine perdra la guerre dans un temps très réduit — ces déclarations ne signifient qu’une seule chose : la majeure partie des aides occidentales est anéantie par l’armée russe en flux tendu et si le processus de perfusion des forces armées ukrainiennes s’interrompt — son existence prendra fin, de même que celui des forces politiques actuellement au pouvoir en Ukraine.

Oleg Nesterenko
Président du CCIE (www.c-cie.eu)
(Ancien directeur de la MBA, ancien professeur auprès des masters des Grandes Écoles de Commerce de Paris ; ancien directeur de l’Institut de la Reconstruction Anthropologique)





Chateaubriand et la nécessaire alliance franco-russe

[Publication initiale : fr.sputniknews.africa]

Par Nicolas Bonnal

Chateaubriand était un ami de la Russie comme le tsar Alexandre 1er fut un ami de la France, même celle de Napoléon.

En 1814, Alexandre écrivit une émouvante lettre au peuple de Paris avant d’occuper cette ville. Il produisit alors ce discours généreux écrit dans un français d’exception, qui était celui de la belle élite russe d’alors :

« Les Français sont mes amis, et je veux leur prouver que je viens leur rendre le bien pour le mal. Napoléon est mon seul ennemi. Je promets ma protection spéciale à la ville de Paris ; je protégerai, je conserverai tous les établissements publics ; je n’y ferai séjourner que des troupes d’élite ; je conserverai votre garde nationale, qui est composée de l’élite de vos citoyens. C’est à vous d’assurer votre bonheur à venir ; il faut vous donner un gouvernement qui vous procure le repos et qui le procure à l’Europe. C’est à vous à émettre votre vœu : vous me trouverez toujours prêt à seconder vos efforts. »

Paris est donc occupée. Et sur l’occupation de cette capitale par les troupes russes en 1814, après l’abdication de Napoléon, mais avant les Cent Jours, voici ce qu’écrit Chateaubriand :

« Toutefois cette première invasion des alliés est demeurée sans exemple dans les annales du monde : l’ordre, la paix et la modération régnèrent partout ; les boutiques se rouvrirent ; des soldats russes de la garde, hauts de six pieds, étaient pilotés à travers les rues par de petits polissons français qui se moquaient d’eux, comme des pantins et des masques du carnaval. Les vaincus pouvaient être pris pour les vainqueurs ; ceux-ci, tremblant de leurs succès, avaient l’air d’en demander excuse. »1

Cela nous change un peu du mercenaire américain à Bagdad !

On sait que Chateaubriand devint un excellent ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII après la guerre ; puis il entra dans l’opposition et demeura le témoin lucide de son temps, après la prise du pouvoir de Louis-Philippe qui entame la longue et surtout infatigable décadence française, dont des présidents comme Charles de Gaulle ou Valéry Giscard d’Estaing prirent conscience.

C’est dans une lettre très riche qu’il joint à ses Mémoires2, que Chateaubriand commence à soutenir l’idée d’une alliance franco-russe contre les intérêts de l’Autriche et de l’Angleterre. À cette époque le tzar est Nicolas ; il désire reprendre Constantinople et défendre les chrétiens d’Orient. Chateaubriand souligne déjà l’hypocrisie antirusse et la trahison occidentale en faveur des puissances islamiques :

« Une attaque de l’Autriche et de l’Angleterre contre la Croix en faveur du Croissant augmenterait en Russie la popularité d’une guerre déjà nationale et religieuse. »

L’Angleterre… alors qu’il a été réfugié — pendant la Terreur — puis ambassadeur à Londres, Chateaubriand remarque ce qui suit :

« L’Angleterre, d’ailleurs, a toujours fait bon marché des rois et de la liberté des peuples ; elle est toujours prête à sacrifier sans remords monarchie ou république à ses intérêts particuliers. Naguère encore, elle proclamait l’indépendance des colonies espagnoles, en même temps qu’elle refusait de reconnaître celle de la Grèce… L’Angleterre est vouée tour à tour au despotisme ou à la démocratie selon le vent qui amenait dans ses ports les vaisseaux des marchands de la cité. »

Cette diplomatie des coups tordus annonce bien sûr la diplomatie américaine qui mêle le libéralisme le plus rapace au plus violent messianisme humanitaire, quitte à plonger des populations entières dans un chaos durable. Chateaubriand ajoute sur ce dernier point, au moment de la révolution de juillet 1830 :

« Ces Anglais qui vivent à l’abri dans leur île, vont porter les révolutions chez les autres ; vous les trouvez mêlés dans les quatre parties du monde à des querelles qui ne les regardent pas : pour vendre une pièce de calicot, peu leur importe de plonger une nation dans toutes les calamités. »

Comme l’Amérique d’aujourd’hui, l’Angleterre épuisée par sa guerre perpétuelle contre la France est d’ailleurs très endettée !

« L’Autriche n’a rien à demander à l’Angleterre ; celle-ci à son tour n’est bonne à l’Autriche que pour lui fournir de l’argent. Or, l’Angleterre, écrasée sous le poids de sa dette, n’a plus d’argent à prêter à personne. »

Alors Chateaubriand se prend à rêver de l’Alliance franco-russe qui sera réalisée au début des années 1890 entre le cabinet français et le tzar Alexandre III, le parrain de Sacha Guitry. Il en trouve tout de suite les causes si naturelles et culturelles, à la fois donc littéraires, historiques et… géographiques :

« Il y a sympathie entre la Russie et la France ; la dernière a presque civilisé la première dans les classes élevées de la société ; elle lui a donné sa langue et ses mœurs. Placées aux deux extrémités de l’Europe, la France et la Russie ne se touchent point par leurs frontières, elles n’ont point de champ de bataille où elles puissent se rencontrer ; elles n’ont aucune rivalité de commerce, et les ennemis naturels de la Russie (les Anglais et les Autrichiens) sont aussi les ennemis naturels de la France. »

Il voit tout de suite que la France et la Russie peuvent contrôler l’Europe, comme Napoléon l’avait compris à Tilsitt en 1807, lorsqu’il rêvait d’un « partage du monde » franco-russe :

« En temps de paix, que le cabinet des Tuileries reste l’allié du cabinet de Saint-Pétersbourg, et rien ne peut bouger en Europe. En temps de guerre, l’union des deux cabinets dictera des lois au monde. »

Enfin Chateaubriand propose à la diplomatie française de soutenir la Russie dans l’affaire orientale et de s’adresser ainsi au tzar :

« Nous pouvons tenir ce langage à Nicolas : “Vos ennemis nous sollicitent ; nous préférons la paix à la guerre, nous désirons garder la neutralité. Mais enfin si vous ne pouvez vider vos différends avec la Porte (Istanbul) que par les armes, si vous voulez aller à Constantinople, entrez avec les puissances chrétiennes dans un partage équitable de la Turquie européenne.” »

Et de juger ainsi les intérêts des deux grandes nations alliées :

« J’ai fait voir assez que l’alliance de la France avec l’Angleterre et l’Autriche contre la Russie est une alliance de dupe, où nous ne trouverions que la perte de notre sang et de nos trésors. L’alliance de la Russie, au contraire, nous mettrait à même d’obtenir des établissements dans l’Archipel et de reculer nos frontières jusqu’aux bords du Rhin. »

On sait que de Gaulle était un lecteur de Chateaubriand, avec qui il partageait un certain pessimisme historique… De Gaulle d’ailleurs pensait que « la Russie boirait le communisme, comme le buvard boit l’encre ». Quant à la France, elle boirait souvent la « tasse », en 1919 comme en 1939 ou 56, en se mettant aux ordres des Anglo-Saxons !

Et Chateaubriand, soudain moins rêveur, sentait venir ce vent de trahison :

« Maintenant, mes projets ne sont plus réalisables : la Russie va se tourner ailleurs. »

Les grands esprits n’ont pas besoin de boule de cristal.


1 Mémoires d’Outre-tombe, Tome 2, Livre XXII, chapitre 13.

2 Mémoires, Tome III, livre XXIX, chapitre 13.




Gogol, Goldman Sachs et les âmes mortes

[Publication initiale : libertepolitique.com]

Par Nicolas Bonnal, le 29 avril 2010

On peut spéculer sur le pétrole, sur les matières premières, sur les produits agricoles, sur la forêt amazonienne ; on peut aussi spéculer sur la ruine des hommes, la ruine des femmes comme Madame Bovary, les dettes des États, et alors bâcler un dossier que l’on aura tôt fait de vendre aux naïfs et aux complices des banques centrales et des gouvernements incapables pour ensuite spéculer encore contre le futur des peuples. Videmus nunc per speculum in aenigmate [Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure] comme dit saint Paul à sa foule ébaubie…

Et nous ne sommes pas les seuls. Il y en a d’autres qui voient le monde par leurs écrans et transforment en milliers de milliards de dettes ou de gains ce que la foule anonyme ne comprend pas. Les Grecs et les Portugais se seront ainsi fait avoir par les golden boys comme les Noirs et les Chicanos de la banlieue de Chicago. Et au pays de plonger, et au contribuable d’éponger. Les plus malins s’en sortent, sous les applaudissements de la plèbe et du parterre. Comme la foule ne s’intéresse qu’à la santé de Loana ou aux adoptions de Madonna, cela se fait sans coup férir.

Le gouvernement anglo-saxon est devenu sous Bush et Paulson une des succursales de Goldman Sachs, comme le pouvoir français une succursale de Bettancourt-l’Oréal (Mitterrand jadis, aujourd’hui Woerth, ministre du budget) ou de LVMH (Madame Chirac, connue pour sa connaissance du luxe d’après Bernard Arnault, témoin du deuxième mariage de Sarkozy).

À Trichet, poursuivi en son temps pour les différentes et rocambolesque escroqueries du Crédit Lyonnais (vous vous souvenez de l’incendie ?), succédera l’an prochain un certain Vetri à la tête de la BCE, qui est aussi un banquier de Goldman Sachs, la banque d’affaire des gagneurs, des super Tapie, qui avait organisé avec les cousins oligarques la ruine de la Russie exsangue d’Eltsine, contrainte de brader toutes ses richesses nationales aux mains d’une poignée de voyous, pendant que vingt millions de pauvres hères mouraient faute de soins, de retraites (préparons-nous à perdre les nôtres, comme les Grecs) ou de chauffage, en se saoulant à l’alcool de bois ou à la vodka frelatée de la famille Bronfman.

Ce génocide de slaves est davantage passé inaperçu que celui perpétré par les nazis, mais ne sommes-nous pas dans le Meilleur des Mondes ? Toute thérapie de choc n’a-t-elle pas son prix ?

Le monde qui va venir

J’ai parlé de Gogol, pas de Google (on ne sait jamais, par les temps qui courent…). Dans son chef-d’œuvre inachevé, Gogol, contemporain de quelques génies comme Balzac, Edgar Poe ou bien Dickens, comprend le monde qui va venir. Ces grands auteurs inventent d’ailleurs deux genres littéraires modernes comme le fantastique ou le policier, si caractéristiques de l’époque pancapitalistique. Ils sont conspirationnistes avant l’heure. Dans les Âmes mortes, Gogol décrit la geste amusante de Tchitchikov, affairiste sans scrupules dans lequel on a voulu reconnaître le diable, mais ce serait trop facile…

Le livre se passe à l’époque tsariste. C’est toujours la Russie avec ces espaces infinis, ces tzars inexistants, sa bureaucratie dégoulinante et ses matières premières, ici les hommes. Tchitchikov profite d’une énième absurdité bureaucratique : les propriétaires des serfs payaient des impôts sur les serfs qu’ils possédaient, serfs qu’on appelait donc des âmes.

Or il se trouve que les propriétaires, les barines, comme on disait alors, possédaient ces âmes même après leur mort, jusqu’au prochain recensement, car il y avait déjà des recensements (il y en a même dans la Bible, et le dieu de David lui envoie une peste pour en avoir pratiqué un), et les impôts qui allaient avec. Tchitchikov promet des baisses d’impôts lui aussi… Je vous affranchis et de vos impôts et de vos problèmes… Un vrai ingénieur financier !

Que fait donc Tchitchikov ? Il parcourt la province, la grande plaine russe, et il convainc les propriétaires et autres hobereaux de lui vendre pour une somme modique leurs serfs morts. Il pourra ainsi se constituer une propriété fictive grâce à laquelle il espère ensuite obtenir un bel emprunt. Il spéculera sur ces fonds, pardon ces morts rachetés à bon prix, croître et multiplier. Le roublard deviendra ainsi un pouzaty, un ventru, un de ceux qui posent leur séant quelque part, qui y deviennent puissants et pleins d’espoir.

Il y a quand même une différence entre les gens de Goldman Sachs et Tchitchikov : lui spécule sur des morts (comme nos politiciens qui les font voter), eux sur des vivants ; certes des vivants si stupides dont on ne sait plus s’ils sont vivants.




Covid-19 : les « complotistes » avaient vu juste

Par Me NONOBSTANT

[NDLR L’Histoire récente nous a cependant largement montré que s’élever contre la vaccination pasteurienne ou la fausse vaccination à supposé ARNm n’empêche nullement les entreprises pharmaceutiques de continuer de sévir et de contrôler l’enseignement médical, ni les Bill Gates et autres milliardaires de poursuivre leur agenda eugéniste.
Par contre, si suffisamment de monde en général et de personnels soignants en particulier poussent plus avant leur démarche « complotiste » de remise en question des croyances modernes et creusent plus profond, ils réaliseront probablement et en nombre suffisant la vacuité et l’ineptie scientifique de l’hypothèse virale (abusivement nommée, désormais, « théorie virale »)1, et il n’existera plus mondialement aucun justificatif aux vaccins et autres cocktails thérapeutiques prétendument « antiviraux » ni aux diverses mesures « sanitaires ». Les maladies dites virales ont bien d’autres causes que les virus pathogènes fantomatiques, et les diverses substances utilisées en allopathies pour soi-disant soigner ne contribuent le plus souvent qu’à soulager des symptômes, ceci en produisant de surcroît des effets secondaires plus ou moins nocifs. Consulter le dossier Vaccins et virus permettrait au lecteur d’approfondir le sujet.]





Thierry Meyssan et le super-État européen

Par Nicolas Bonnal

Nous sommes très mal barrés au sens strict et nos gouvernants nous mènent droit à la tyrannie après ces pseudo-élections européennes.

Dans un excellent et récent texte, Thierry Meyssan rappelle froidement :

« Le professeur de droit Walter Hallstein conçut le “Nouvel ordre européen” que le chancelier Adolf Hitler tenta de réaliser. Son idée était de fédérer les différents États européens autour d’une Allemagne élargie à tous les territoires de peuples germanophones. Par la force du nombre, Berlin aurait alors gouverné l’Europe. Walter Hallstein n’était probablement pas nazi, mais il fut choisi pour négocier ce projet avec le duce Benito Mussolini. En 1958, il devint le premier président de la Commission européenne, preuve que les États-Unis et le Royaume-Uni avaient adopté, pour leur compte, le “Nouvel ordre européen”, une fois l’Allemagne écrasée. C’est pourquoi, au début de cet article, je notais la ressemblance des intentions du président Macron pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 avec celles du chancelier Adolf Hitler pour les Jeux de Berlin 1936. Dans les deux cas, il s’agit d’une manipulation de masse au service d’un impossible rêve impérial. »

On relira ici mon texte sur De Gaulle et la doctrine Hallstein : comme on sait, après la guerre les nazis ont choisi le parapluie américain pour s’imposer et poursuivre leur unification européenne et leur croisade antirusse.

Meyssan ajoute que cette Europe atlantiste-totalitaire est politiquement composée de la gauche et du centre-droit (souvenez-vous de la liste Weil et de la liste socialiste en 1979…) :

« Alors que l’Union européenne s’apprête à se transformer en un État unique, son évolution politique prend un pas autoritaire. »

On rassure Meyssan cette fois : l’Europe est depuis longtemps fasciste et techno-totalitaire sous sa verbosité démocratique. C’est une bureaucratie…

Il y aura un débat. Certains partis seront plus égaux que d’autres :

« Cinq d’entre eux débattront en eurovision de leur projet pour présider la Commission européenne. Il s’agit de :
• Walter Baier, Gauche européenne ;
• Sandro Gozi, Renouveler l’Europe maintenant ;
• Ursula von der Leyen, Parti populaire européen ;
• Terry Reintke, Verts européens ;
• Nicolas Schmit, Parti socialiste européen. »

Malgré son avilissement et sa soumission, la droite identitaire n’aura pas voix au chapitre :

« Le groupe “Identité et démocratie” n’a pas été invité à ce show. Car les cinq groupes précédents ont une conception particulière de la démocratie. Ils considèrent qu’Identité et démocratie ne jouent pas le même jeu qu’eux et donc, refusent de débattre avec lui. »

Il y aura un débat, mais en anglais ! Or :

« Mais aucun État n’a demandé que l’anglais soit une des langues de l’Union. Malte, par exemple, qui a fait de l’anglais l’une de ses deux langues officielles, a préféré que ce soit le maltais qui soit utilisé à Bruxelles. Pourtant, l’anglais est devenu, de facto, la 24e langue de l’Union et la seule commune à tous. Cela n’a évidemment aucun rapport avec le fait que l’UE soit, non pas un projet européen, mais un projet anglo-saxon. »

De toute manière les jeux sont faits : ce sera le banquier d’affaires Goldman Sachs, le plus dangereux de tous, qui sera imposé pour mener le naïf troupeau à l’abattoir :

« Au demeurant, cet étrange débat importe peu puisque chacun sait que le président de la Commission sera probablement choisi en dehors de ce cénacle : ce devrait être le banquier Mario Draghi. Ce n’est pas impossible puisqu’en 2019, Ursula von der Leyen n’a pas participé à ce débat et est pourtant devenue présidente de la Commission. »

Meyssan insiste :

« Comprenez bien : certes Mario Draghi a 76 ans, mais c’est l’ancien gouverneur de la Banque centrale européenne. Dans cette fonction, il a tout fait pour que l’euro devienne irréversible. Il est parvenu, “Whatever it takes” (en anglais dans le texte), à le sauver de la crise de la dette souveraine des années 2010. Il n’a résolu aucun problème et a aggravé le gouffre qui sépare les économies des États-membres. D’un point de vue des États-membres, c’est donc un incapable, mais pas de celui des banquiers d’affaire ; une caste qui a toujours été la sienne (il fut le numéro 2 de Goldman Sachs pour l’Europe). »

On a bien avancé sur le libre-échange (dont l’unique mot d’ordre est depuis toujours : tout doit disparaître) :

« Au cours des dernières semaines, l’UE n’a pas avancé d’un iota face aux accords de libre-échange qu’elle a signé en violation de ses règles internes. À ses yeux, il suffit d’attendre pour que le problème disparaisse : d’ici quelques années, les secteurs agricoles touchés auront disparu. »

La Commission est toute-puissante dans tous les domaines (elle va créer son armée, et gare aux Russes et aux contestataires) :

« La Commission n’a pas eu de difficulté à s’emparer des questions d’armement. Elle l’avait déjà fait pour les médicaments durant l’épidémie de Covid. Notez bien que la généralisation de ces médicaments n’a pas fait la preuve de son utilité face à la Covid-19. Là n’est pas le problème. Il ne s’agissait pas d’une épidémie dévastatrice, mais d’un prétexte à un exercice de mobilisation dans lequel chaque puissance a montré ce qu’elle pouvait obtenir. De ce point de vue, la Commission a prouvé qu’elle pouvait s’emparer d’un thème qui n’était pas de son ressort et qu’elle pouvait même conclure des contrats gigantesques au nom de ses membres sans leur dévoiler le secret de ses négociations. »

Tout devra disparaître, même nos ambassades :

« Lorsque l’UE sera devenue un État unique, la Commission devrait faire preuve de la même habileté et plus encore, puisque son action ne sera plus entravée par les 27 États-membres. Ils auront disparu. Après cette fusion, le banquier Mario Draghi devrait réaliser des “économies d’échelle”. Par exemple : il est inutile de gaspiller en ambassades pour chaque État-membre, un seul réseau suffit pour l’État-unique. Tant qu’à faire, les privilèges des uns seront mis au service de tous. Par exemple, le siège permanent des Français au Conseil de sécurité des Nations unies reviendra à l’Union. Ou encore, la Bombe atomique française sera remise à la Défense de l’Union. Les États neutres, tels que l’Autriche, auront de toute manière disparu. »

On a mis au pas le seul contestataire, le petit président slovaque (et on a revendiqué l’attentat) :

« Le véritable obstacle à la création d’un État-unique ne peut venir que des États-membres refusant de disparaître. Il réside dans le Conseil des chefs d’États et de gouvernements… Il y a quelques jours, le problème a été réglé : le 15 mai 2024, un individu a tiré cinq coups de feu à bout portant sur lui. Robert Fico a immédiatement été évacué (photo). Il a déjà été opéré deux fois et ses jours ne sont plus en danger. Le débat qu’il animait au sein du Conseil est interrompu. Il ne devrait pas reprendre. »

Meyssan conclut glacialement :

« L’Histoire de l’UE est déjà écrite. Ce qui est merveilleux avec ce projet, c’est qu’au fur et à mesure qu’il s’accomplit, on découvre pourquoi Bruxelles a imposé des règles et des faits qui n’avaient aucun sens lorsqu’ils ont été arrêtés, mais en prennent un désormais. »

Meyssan omet incidemment l’horreur numérique (euro, contrôle social, vaccins constants et obligatoires sinon…) qui nous attend : voyez l’arrogance insensée du fils Barrot (oh, ces centristes cathos giscardiens…) pour vous faire une idée.

Je rappelle un texte de Trotski que j’avais étudié il y a quelques années. Il se passe de commentaires :

« L’histoire favorise le capital américain : pour chaque brigandage, elle lui sert un mot d’ordre d’émancipation. En Europe, les États-Unis demandent l’application de la politique des “portes ouvertes”… Mais, par suite des conditions spéciales où se trouvent les États-Unis, leur politique revêt une apparence de pacifisme, parfois même de facteur d’émancipation. »

Et on était en 1924… Regardez ce que Trotski ajoute :

« Pendant ce temps, l’Amérique édifie son plan et se prépare à mettre tout le monde à la portion congrue… La social-démocratie est chargée de préparer cette nouvelle situation, c’est-à-dire d’aider politiquement le capital américain à rationner l’Europe. Que fait en ce moment la social-démocratie allemande et française, que font les socialistes de toute l’Europe ? Ils s’éduquent et s’efforcent d’éduquer les masses ouvrières dans la religion de l’américanisme ; autrement dit, ils font de l’américanisme, du rôle du capital américain en Europe, une nouvelle religion politique. »

On parlait de gauche ? De social-démocratie ? De banques américaines (Davos, c’est elles…) ?

« En d’autres termes, la social-démocratie européenne devient actuellement l’agence politique du capital américain. Est-ce là un fait inattendu ? Non, car la social-démocratie, qui était l’agence de la bourgeoisie, devait fatalement, dans sa dégénérescence politique, devenir l’agence de la bourgeoisie la plus forte, la plus puissante, de la bourgeoisie de toutes les bourgeoisies, c’est-à-dire de la bourgeoisie américaine. »

Et Trotski enfonce le clou :

« Le capital américain commande maintenant aux diplomates. Il se prépare à commander également aux banques et aux trusts européens, à toute la bourgeoisie européenne. »

Et l’interminable guerre euro-américaine contre la Russie permettra de renforcer l’État totalitaire européen.

Je laisserai Tolkien tempêter (lettre du 9 décembre 1943) :

May the curse of Babel strike all their tongues!
[Que la malédiction de Babel frappe toutes leurs langues !]

Sources principales :

https://www.voltairenet.org/article220791.html

https://www.voltairenet.org/article220899.html

Des perspectives du développement mondial (Rapport fait par Trotsky, le 28 juillet 1924, à l’assemblée des vétérinaires de Moscou)

https://www.dedefensa.org/article/de-gaulle-face-a-la-doctrine-hallstein

https://www.dedefensa.org/article/trotskiet-la-balkanisation-de-leurope

https://www.dedefensa.org/article/lue-veut-sa-guerre-pour-verrouiller-sa-dictature




La « démocratie », version Union européenne

[Source : voltairenet.org]

[Illustration : Le 15 mai 2024, le Premier ministre slovaque, Robert Fico, grièvement blessé, est évacué par ses gardes du corps.]

Par Thierry Meyssan

L’Union européenne présente l’élection des eurodéputés et celle du président de la Commission comme des manifestations de son caractère démocratique. Pourtant tout ceci n’est qu’un théâtre d’ombres. L’essentiel a déjà été discuté ailleurs, sans que nul n’en entende parler. Cette mise en scène devrait suffire à faire accroire que la pièce, déjà écrite, surgit soudainement de la volonté populaire.

Alors que l’Union européenne s’apprête à se transformer en un État unique, son évolution politique prend un pas autoritaire.

L’élection des eurodéputés et du président de la Commission est déjà écrite

L’élection des eurodéputés s’annonce délibérément confuse. Il n’existe toujours pas de partis politiques à l’échelle européenne, bien que l’on en parle depuis cinquante ans et qu’on les ait inscrits dans les traités, mais uniquement des coalitions européennes de partis nationaux, ce qui n’est pas du tout la même chose. Ces coalitions présentent chacune un Spitzenkandidat, littéralement une « tête de liste », qui ne sont pas candidats au Parlement et ne figurent sur aucune de leurs listes nationales. Cinq d’entre eux débattront en eurovision de leur projet pour présider la Commission européenne. Il s’agit de :
• Walter Baier, Gauche européenne ;
• Sandro Gozi, Renouveler l’Europe maintenant ;
• Ursula von der Leyen, Parti populaire européen ;
• Terry Reintke, Verts européens ;
• Nicolas Schmit, Parti socialiste européen.
Le groupe « Identité et démocratie » n’a pas été invité à ce show. Car les cinq groupes précédents ont une conception particulière de la démocratie. Ils considèrent qu’Identité et démocratie ne joue pas le même jeu qu’eux et donc, refusent de débattre avec lui.

Ce débat n’aura pas lieu en studio, mais dans l’hémicycle du Parlement ; un décor qui en impose. La présidente du Parlement, Roberta Metsola, a profité de ce que les élus sont en campagne électorale pour accorder ce décor aux producteurs, sans prévenir les parlementaires. Beaucoup auraient eu leur mot à dire.

Il aura lieu en langue anglaise. C’est une autre subtilité de l’Union : chaque État membre a le droit de demander que tous les documents officiels soient traduits dans une langue de son choix. L’Union dispose donc de 23 langues officielles pour 27 États membres, soit 552 combinaisons linguistiques possibles. Mais aucun État n’a demandé que l’anglais soit une des langues de l’Union. Malte, par exemple, qui a fait de l’anglais l’une de ses deux langues officielles, a préféré que ce soit le maltais qui soit utilisé à Bruxelles. Pourtant, l’anglais est devenu, de facto, la 24° langue de l’Union et la seule commune à tous. Cela n’a évidemment aucun rapport avec le fait que l’UE soit, non pas un projet européen, mais un projet anglo-saxon.

Au demeurant, cet étrange débat importe peu puisque chacun sait que le président de la Commission sera probablement choisi en dehors de ce cénacle : ce devrait être le banquier Mario Draghi1. Ce n’est pas impossible puisqu’en 2019, Ursula von der Leyen n’a pas participé à ce débat et est pourtant devenue présidente de la Commission.

Comprenez bien : certes Mario Draghi a 76 ans, mais c’est l’ancien gouverneur de la Banque centrale européenne. Dans cette fonction, il a tout fait pour que l’euro devienne irréversible. Il est parvenu, « Whatever it takes » (en anglais dans le texte), à le sauver de la crise de la dette souveraine des années 2010. Il n’a résolu aucun problème et a aggravé le gouffre qui sépare les économies des États membres. D’un point de vue des États membres, c’est donc un incapable, mais pas de celui des banquiers d’affaires ; une caste qui a toujours été la sienne (il fut le numéro 2 de Goldman Sachs pour l’Europe).

La confirmation de l’enquête belge (Bruxelles), allemande (Mönchengladbach) et européenne pour corruption visant Ursula von der Leyen ne laisse plus la place au doute2. Il devient urgent pour les Institutions de se débarrasser d’elle. De même, les parlementaires pris la main dans le sac ont été discrètement mis sur la touche, dont la vice-présidente Eva Kaili. Il faut donner l’impression que l’administration de l’Union est honnête et qu’elle est au service des « citoyens » (sic) ; impression, car dans la réalité, il n’y a ni peuple européen, ni citoyens, comme l’atteste l’absence de partis européens.

Les choix de l’UE sont déjà faits

L’Union, qui est une structure politique allant bien au-delà du « marché commun » initial, doit faire face à plusieurs défis extérieurs :
Elle a signé plusieurs accords de libre-échange avec des États ou des blocs qui ne respectent pas ses règles internes. L’équilibre de la concurrence, qui était établi via un système complexe de subventions, n’est donc plus assuré, vu qu’il n’existe aucun système financier comparable à l’échelle globale3.
À défaut de lier le fait de commercer avec un tiers à son respect des règles internes de l’Union, elle l’a lié à son respect des Droits de l’homme. Or deux de ses partenaires commerciaux posent de très graves problèmes, sans que l’UE réagisse.
• Israël ne respecte aucune des résolutions des Nations unies le concernant depuis 76 ans. En outre, il vient de débuter un nettoyage ethnique de la Palestine, massacrant environ 50 000 civils et en blessant environ 100 000 autres.
• L’Ukraine, dont la constitution est explicitement raciste, a opéré deux coups d’État successifs (2004 et 2014). Elle a depuis élu son président, mais le mandat de celui-ci prend fin aujourd’hui, 21 mai 2024. Aucune élection n’a été convoquée et onze partis politiques d’opposition ont été interdits.

Au cours des dernières semaines, l’UE n’a pas avancé d’un iota face aux accords de libre-échange qu’elle a signé en violation de ses règles internes. À ses yeux, il suffit d’attendre pour que le problème disparaisse : d’ici quelques années, les secteurs agricoles touchés auront disparu.

Par contre, elle a annoncé soutenir une solution pour la Palestine, mais poursuit par ailleurs son aide au régime non démocratique de Volodymyr Zelensky.
• Sur le premier point, l’UE semble impatiente de reconnaître la Palestine comme membre de plein droit aux Nations unies. Elle précise qu’elle ne soutient pas le plan de l’envoyé spécial de l’ONU, le comte Folke Bernadotte (assassiné en 1949), mais qu’elle se réfère au plan de la Commission coloniale présidée par William Peel : il devrait y avoir deux États distincts et surtout pas un État binational où les juifs et les Arabes seraient égaux en droit.
• Concernant l’Ukraine, l’UE persiste à ignorer les accords de Minsk, avalisés par la résolution 2202 du Conseil de sécurité de l’ONU, et la responsabilité de protéger qui en découle. Aussi, non seulement ne félicite-t-elle pas la Russie pour avoir mis fin au massacre des russophones du Donbass, mais elle persiste à l’accuser d’avoir envahi son voisin.

En matière de Défense et de Politique étrangère, les positions de l’UE sont exactement celles du G7, auquel elle participe. Il n’y a aucun cas où elle en diffère, ou même simplement où elle émette une nuance. L’UE se dote donc actuellement d’une industrie de fabrication d’armes et coordonne chaque pays de sorte qu’elle approvisionne en continu le gouvernement de Kiev. Jusqu’en 2022 (opération spéciale de l’armée russe en Ukraine), l’UE ne se mêlait pas des questions de Défense. En effet, les Traités européens stipulent que ce n’est pas de son ressort. La Défense du territoire de l’Union ne dépend pas de ses États membres, mais de l’OTAN, qu’ils en soient membres ou pas.

Cependant, de manière permanente, l’Alliance atlantique définissait des normes d’interopérabilités entre ses membres qu’elle transmettait à la Commission européenne, laquelle les faisait adopter par le Parlement. Elles étaient alors retranscrites en droit national par chacun des 27 États membres. Ces normes allaient de la composition du chocolat (il y a une barre de chocolat dans la ration des soldats de l’Alliance) à la largeur des grands axes de circulation (afin de pouvoir les emprunter avec des chars états-uniens).

La Commission n’a pas eu de difficulté à s’emparer des questions d’armement. Elle l’avait déjà fait pour les médicaments durant l’épidémie de Covid. Notez bien que la généralisation de ces médicaments n’a pas fait la preuve de son utilité face à la Covid-19. Là n’est pas le problème. Il ne s’agissait pas d’une épidémie dévastatrice, mais d’un prétexte à un exercice de mobilisation dans lequel chaque puissance a montré ce qu’elle pouvait obtenir. De ce point de vue, la Commission a prouvé qu’elle pouvait s’emparer d’un thème qui n’était pas de son ressort et qu’elle pouvait même conclure des contrats gigantesques au nom de ses membres sans leur dévoiler le secret de ses négociations.

Lorsque l’UE sera devenue un État unique, la Commission devrait faire preuve de la même habileté et plus encore, puisque son action ne sera plus entravée par les 27 États membres. Ils auront disparu. Après cette fusion, le banquier Mario Draghi devrait réaliser des « économies d’échelle ». Par exemple : il est inutile de gaspiller en ambassades pour chaque État membre, un seul réseau suffit pour l’État unique. Tant qu’à faire, les privilèges des uns seront mis au service de tous. Par exemple, le siège permanent des Français au Conseil de sécurité des Nations unies reviendra à l’Union. Ou encore, la Bombe atomique française sera remise à la Défense de l’Union. Les États neutres, tels que l’Autriche, auront de toute manière disparu.

Ce qui est vrai en matière politique l’est aussi en matière économique. Mario Draghi préconise depuis longtemps déjà une réorganisation de l’économie de l’UE selon le modèle soviétique : à chaque région sa spécificité. C’est d’ailleurs en misant sur cette évolution que l’UE a conclu les accords de libre-échange auquel je faisais référence au début de cet article. Si l’élevage restera une particularité de la Pologne, les Pays-Bas ont pris de l’avance en mettant au chômage autoritairement leurs paysans et la France ne devra plus tarder à consacrer ses talents à d’autres tâches.

L’élimination des obstacles

Le véritable obstacle à la création d’un État unique ne peut venir que des États membres refusant de disparaître. Il réside dans le Conseil des chefs d’États et de gouvernements.

Deux points de vue diamétralement opposés et inconciliables se font face. Les deux extrêmes étant dans l’ancienne Tchécoslovaquie : la Tchéquie est gouvernée depuis un peu plus d’un an par le général Petr Pavel, ancien président du Comité militaire de l’OTAN. Son programme est celui du G7 (affirmation d’un monde régi par des règles4, endiguement de la Russie, soutien aux nationalistes intégraux ukrainiens, préparation de l’affrontement avec la Chine). Au contraire, la Slovaquie est gouvernée depuis six mois par Robert Fico. L’alliance sur laquelle il s’appuie comprend certes quelques nostalgiques du père Jozef Tiso qui établit, sous la protection des nazis, un régime national-catholique durant la Seconde Guerre mondiale. Plus sérieusement, elle est fondée sur les partisans de l’indépendance vis-à-vis de l’URSS qui ne se reconnaissait pas dans la figure de Václav Havel, l’agent de la CIA qui prit le pouvoir à l’occasion d’une révolution colorée, la « révolution de velours ». Ancien communiste, Robert Fico distingue la Russie de l’URSS. Il défend un monde organisé autour du Droit international (et non pas des « règles » du G7). Il a pris position pour la résolution 2202 du Conseil de sécurité et par conséquent a approuvé l’intervention de la Russie en Ukraine. Il est le seul et unique dirigeant de l’Union a avoir tenu cette position (la Hongrie de Viktor Orbán évite d’aborder ce sujet).

Il y a quelques jours, le problème a été réglé : le 15 mai 2024, un individu a tiré cinq coups de feu à bout portant sur lui. Robert Fico a immédiatement été évacué (photo). Il a déjà été opéré deux fois et ses jours ne sont plus en danger. Le débat qu’il animait au sein du Conseil est interrompu. Il ne devrait pas reprendre.

L’Histoire de l’UE est déjà écrite. Ce qui est merveilleux avec ce projet, c’est qu’au fur et à mesure qu’il s’accomplit, on découvre pourquoi Bruxelles a imposé des règles et des faits qui n’avaient aucun sens lorsqu’ils ont été arrêtés, mais en prennent un désormais.

Le grotesque débat des Spitzenkandidaten, en anglais et dans un décor grandiose, mais sans enjeu, aura joué son rôle : occuper les foules pendant que les gens qui comptent décident de leur avenir dans l’ombre. Ceux qui s’opposent au projet d’État unique seront éliminés.





France : retour en mode QR de la Grande Terreur

Par Nicolas Bonnal

Un rappel alors : les mots de liberté et de citoyen mènent à l’abattoir ou à la dictature, et ce de manière régulière. J’en ai parlé déjà en citant Cochin ou Guénon. Ce qui se prépare pour cet hiver (pas de courant, d’eau, de nourriture, etc.) avec la touche de fascisme médiatique et de tyrannie numérique (fin du cash et compagnie) s’annonce inédit sur fond d’absence de réaction ou de protestation minoritaire, liquide et cliquée. Pas de souci pour le pouvoir : cette populace lasse est enthousiaste (Céline), conditionnée ou résignée.

De 1792 à 1795, une Anglaise anonyme décrit les horreurs librement consenties de la Révolution française. Taine préface. Florilège de citations du Séjour en France alors ; la première est notre préférée. Le Français supporte la tyrannie si on lui laisse (déjà) miroiter un petit amusement au bout de son code QR :

« Au lieu d’imposer sa douleur à la société, un Français est toujours prêt à accepter des consolations et à se joindre aux divertissements. Si vous lui racontez que vous avez perdu votre femme ou vos parents, il vous dit froidement : “Il faut vous consoler” — et s’il vous voit atteint d’une maladie : “Il faut prendre patience.” Lorsque vous leur dites que vous êtes ruiné, leurs traits s’allongent davantage, leurs épaules se lèvent un peu plus et c’est avec plus de commisération qu’ils répondent : “C’est bien malheureux ; mais enfin, que voulez-vous ?” Et, au même instant, ils vous racontent leur bonne fortune aux cartes ou s’extasient sur un ragoût. »

Les Français adorent leur administration, surtout si elle est oppressive (Macron a compris que plus il tape, plus il est respecté) :

« Les Français semblent n’avoir d’énergie que pour détruire, et ils ne s’insurgent que contre la douceur ou l’enfance. Ils se courbent devant une administration oppressive ; mais ils deviennent agités et turbulents devant un prince pacifique ou pendant une minorité. »

Les préfets, les commissaires, les experts, les décideurs, on adore ça :

« La plupart des départements sont sous la juridiction d’un de ces souverains dont l’autorité est presque illimitée. Nous avons en ce moment dans la ville deux députés qui arrêtent et emprisonnent selon leur bon plaisir. Vingt et un habitants d’Amiens ont été saisis, il y a quelques nuits, et sont encore enfermés, sans qu’on n’ait spécifié aucune charge contre eux. Les grilles de la ville sont fermées ; on ne permet à personne d’entrer ni de sortir sans un ordre de la municipalité, et on exige cet ordre même pour les habitants des faubourgs. Les fermiers et les paysans qui viennent à cheval sont obligés de faire noter sur leur passeport les traits et la couleur de leur bête aussi bien que les leurs. »

Le courage s’évapore en conversations

Parfois on se rend compte que tout va mal, mais, comme dit notre Anglaise (elle en a fait autant pour la Liberté que mon Tolkien), le courage s’évapore en conversations :

« Vous pouvez voir maintenant combien la liberté s’est accrue en France depuis la révolution, la déposition du roi et l’avènement d’une république. Quoique les Français subissent ce despotisme sans oser en murmurer ouvertement, on voit beaucoup de chuchotements mélancoliques et de petits mouvements d’épaules significatifs. Le mécontentement politique a même un langage approprié qui, quoique peu explicite, n’en est pas moins parfaitement compris. Ainsi, quand vous entendez un homme dire à un autre : “Ah ! mon Dieu ! on est bien malheureux dans ce moment-ci !”, “Nous sommes dans une position très-critique” ou “Je voudrais bien voir la fin de tout cela !”, vous pouvez être sûr qu’il désire ardemment la restauration d’une monarchie et qu’il espère avec une égale ferveur vivre assez longtemps pour voir pendre la Convention. Cependant leur courage s’évapore en conversations ; ils avouent que leur pays est perdu, qu’ils sont gouvernés par des brigands ; puis ils rentrent chez eux et cachent tous leurs objets précieux qui sont encore exposés. Cela fait, ils reçoivent avec une complaisance obséquieuse la prochaine visite domiciliaire. La masse du peuple, quoiqu’aussi peu énergique, est plus obstinée et naturellement moins traitable. Mais quoiqu’ils murmurent et usent de délais, ils ne résistent pas, et tout se termine généralement par leur soumission implicite. »

Guerre contre le virus, contre l’islam, contre la Russie, contre l’Allemagne, contre l’Europe ? On est toujours en guerre et on recrute le surplus de population affamée :

« Les députés-commissaires dont je vous ai parlé ont passé quelque temps à Amiens pour hâter la levée des recrues. Les dimanches et jours de fête, ils ordonnaient aux habitants de se rendre à la cathédrale, où ils les haranguaient en conséquence, les appelant à la vengeance contre les despotes coalisés, s’étendant sur l’amour de la gloire et sur le plaisir de mourir pour son pays. »

La clé c’est l’absence de courage :

« Enfin, après beaucoup de murmures, la présence des commissaires et de quelques dragons a fini par arranger les choses très-pacifiquement. Beaucoup sont partis, et, si les dragons restent, les derniers suivront bientôt. Ceci est un compte rendu exact de l’état des choses entre la Convention et le peuple ; tout est effectué par la crainte, rien par l’attachement ; l’une n’est obéie que parce que l’autre n’a pas le courage de résister. »

Août 1792-août 1793 : les douze mois où la première puissance du monde a fait naufrage

La presse est aussi manipulée et monocorde qu’aujourd’hui (pas besoin des oligarques !) :

« Tous les journaux français sont remplis des descriptions de l’enthousiasme avec lequel les jeunes gens s’élancent aux armes à la voix de leur patrie. »

Crise financière et économique, une question d’habitude :

« La défiance contre les assignats et la rareté du pain ont fait promulguer une loi qui oblige les fermiers, sur tous les points de la république, à vendre leur blé à un certain prix, infiniment au-dessous de celui qu’ils exigeaient depuis quelques mois. La conséquence fut qu’aux marchés suivants il n’y eut aucun arrivage de blés, et maintenant les dragons sont forcés de courir la contrée pour nous préserver de la famine. »

Notre écrivain note dans un bel élan l’impressionnant bilan :

« Dans ces douze mois, le gouvernement de la France a été renversé, son commerce est détruit, les campagnes sont dépeuplées par la conscription, le peuple est privé du pain qui le faisait vivre. On a établi un despotisme plus absolu que celui de la Turquie, les mœurs de la nation sont corrompues, son caractère moral est flétri aux yeux de toute l’Europe. Une rage de barbares a dévasté les plus beaux monuments de l’art ; tout ce qui embellit la société ou contribue à adoucir l’existence a disparu sous le règne de ces Goths modernes. Même les choses nécessaires à la vie deviennent rares et insuffisantes pour la consommation le riche est pillé et persécuté, et cependant le pauvre manque de tout. »

La dette immonde est déjà là, c’est une habitude révolutionnaire qu’on ne perdra jamais :

« Le crédit national est arrivé au dernier degré d’abaissement, et cependant on crée une dette immense qui s’accroît tous les jours ; enfin l’appréhension, la méfiance et la misère sont presque universelles. Tout ceci est l’œuvre d’une bande d’aventuriers qui sont maintenant divisés contre eux-mêmes, qui s’accusent les uns les autres des crimes que le monde leur impute à tous, et qui, sentant qu’ils ne peuvent plus longtemps tromper la nation, gouvernent avec des craintes et des soupçons de tyrans. Tout est sacrifié à l’armée et à Paris ; on vole aux gens leur subsistance pour subvenir aux besoins d’une métropole inique et d’une force militaire qui les opprime et les terrorise… »

Vive les commissaires qui en profitent pour se venger (on dénonce et guillotine aussi les prêtres qui confessent) :

« Tous les points de la France sont infestés par des commissaires qui disposent sans appel de la liberté et de la propriété de tout le département où ils sont envoyés… ces hommes sont délégués dans des villes où ils ont déjà résidé ; ils ont ainsi une opportunité de satisfaire leur haine personnelle contre tous ceux qui sont assez malheureux pour leur avoir déplu. »

La servitude volontaire

Dans cette maison des morts digne de Dostoïevski (cf. l’homme qui s’habitue à tout — voyez mon livre), on exige en plus le sourire :

« L’homme est enclin à tout supporter, et souvent la volonté de faire le mal suffit pour nous donner un plein pouvoir sur le bonheur des autres. Mais le système de la Convention est plus original ; non contente de réduire le peuple à l’esclavage le plus abject, elle exige un semblant de satisfaction et édicte des peines, à des époques déterminées, contre ceux qui refusent de sourire… Il y a à Paris de splendides fêtes où chaque mouvement est réglé d’avance par un commissaire ; les départements, qui ne peuvent imiter la magnificence de la capitale, sont obligés néanmoins de témoigner leur satisfaction. Dans toutes les occasions où une réjouissance publique est ordonnée, on garde la même discipline ; et les aristocrates, dont les craintes surmontent généralement les principes, ne sont pas les moins zélés… L’extrême despotisme du gouvernement semble avoir confondu tous les principes de bien et de mal, d’honneur et de déshonneur. »

La soumission des imbéciles est telle qu’on n’a plus besoin de les arrêter. Ils vont d’eux-mêmes à la prison. Un email, pardon, un message suffit :

« Cependant, telle est la soumission du peuple à un gouvernement qu’il abhorre, qu’on juge à peine nécessaire maintenant d’arrêter quelqu’un dans les formes. Souvent ceux dont on veut s’assurer ne reçoivent rien de plus qu’un mandat écrit, leur enjoignant de se rendre à telle prison et ils sont plus ponctuels à ce désagréable rendez-vous qu’à la visite la plus cérémonieuse ou à la plus galante assignation. On empaquette à la hâte quelques objets nécessaires, on fait ses adieux, on va à pied à la prison et on place son lit dans le coin désigné, comme si la chose était toute naturelle. »

La centralisation rêvée, la voici :

« Le comité de salut public marche rapidement à la concentration absolue du pouvoir suprême, et la Convention, qui est l’instrument de l’oppression universelle, devient elle-même un corps insignifiant, dont les membres sont peut-être moins en sûreté que ceux qu’il tyrannise. Ils cessent de discuter et même de parler. »

On arrêtera là. Les amateurs pourront aussi découvrir un grand livre recommandé par Taine : L’Histoire de la Terreur de Mortiner-Ternaux.

Sources

Nicolas Bonnal

• https://archive.org/details/histoiredelaterr06ternuoft?view=theater
• http://www.dedefensa.org/article/rene-guenon-et-notre-civilisation-hallucinatoire
• http://classiques.uqac.ca/classiques/taine_hippolyte/sejour_en_france/sejour_en_france.html
• https://www.amazon.fr/Coq-hérétique-Autopsie-lexception-française/dp/2251441182/
• https://strategika.fr/2020/07/19/augustin-cochin-et-le-piratage-mental-des-francais-depuis-1789/




La déconnexion de l’élite américaine

[Source : lesakerfrancophone.fr]

[Illustration : propriété des Obama à Kalorama]

Par Simplicius Le Penseur – Le 3 Mars 2024 — Source Dark Futura

Le mois dernier est paru un nouveau rapport fascinant de l’institut de Scott Rasmussen, fondateur du célèbre centre de sondage Rasmussen Reports. Son objectif était de définir quantitativement, pour la première fois, la véritable « élite » de la société, qui contrôle la plupart de nos récits sociaux, de nos politiques et de notre « orthodoxie » générale.

[NDLR On retrouve une situation similaire dans la plupart des pays « développés ».]

https://www.rmgresearch.com/wp-content/uploads/2024/01/Elite-One-Percent.pdf

Il s’agit de la toute première enquête définissant les caractéristiques et les convictions d’une élite de 1 %, qui est à l’origine des dysfonctionnements politiques de l’Amérique d’aujourd’hui.

Elle a été reprise par diverses publications, dont le NYPost [New York Post] :

Une enquête choquante révèle la raison pour laquelle les élites sont déconnectées — et ce n’est pas ce que vous pensez
https://nypost.com/2024/01/19/opinion/shocking-survey-reveals-the-reason-elites-are-out-of-touch-and-it-isnt-why-you-think

au Boston Globe et dans d’autres journaux :

Les élites américaines vivent dans un monde à part
Le véritable « 1 % » n’est pas constitué par les super riches, mais par ceux qui ont de l’influence,
des réseaux relationnels et un diplôme d’études supérieures.
https://www.bostonglobe.com/2024/01/24/opinion/real-one-percent-elites-rasmussen-poll

Le rapport complet a été présenté par Rasmussen lors d’un webinaire réservé aux membres, mais le fichier PDF fourni résume les graphiques les plus marquants de l’enquête et la répartition des points.

Pour les personnes intéressées, M. Rasmussen a participé au podcast de Newt Gingrich pour discuter des résultats, où il a résumé avec éloquence ses principales conclusions, ainsi que la manière dont il les a trouvées pour la première fois.

L’article du NYPost résume le mieux l’ensemble des données :

Les États-Unis disposent d’une classe d’élite riche et partisane qui est non seulement immunisée et insensible aux problèmes de ses concitoyens, mais aussi extrêmement confiante en elle-même et désireuse de leur imposer des politiques impopulaires.

C’est la recette d’un désastre.

Cet article complémentaire sur Newt Gingrich décrit comment Rasmussen a eu vent de tout cela pour la première fois :

Lors de leurs deux enquêtes nationales hebdomadaires, Rasmussen et son équipe ont remarqué une anomalie. Sur environ 1 000 personnes interrogées, il y en avait toujours trois ou quatre qui étaient beaucoup plus radicales que les autres. Après plusieurs mois de recherche de ces réponses inhabituelles, M. Rasmussen s’est rendu compte qu’elles partageaient toutes trois caractéristiques.

Les réponses radicales émanaient de personnes titulaires d’un diplôme d’études supérieures (et pas seulement d’études supérieures), dont le revenu familial était supérieur à 150 000 dollars par an et qui vivaient dans de grandes villes (plus de 10 000 personnes par code postal).

Qui plus est, parmi cette « élite » de 1 %, il existe un sous-ensemble encore plus radicalisé que Rasmussen appelle la « super-élite », qui se caractérise par le fait qu’elle fréquente principalement l’une des douze écoles d’élite identifiées :

Gingrich ajoute :

Charles Murray, dans son ouvrage classique « Coming Apart », a analysé les codes postaux et a prouvé que les diplômés de la « sale douzaine » d’universités décrites par Rasmussen vivent, travaillent et se divertissent dans les mêmes codes postaux. Ils forment un groupe isolé et créent une « aristocratie du pouvoir » qui ne connaît pas le reste de la population et méprise la plupart d’entre nous. Cela explique parfaitement la phrase d’Hillary Clinton sur la « bande de déplorables “.

Mais nous y reviendrons plus tard.

Tout d’abord, qui sont ces 1 % d’élites en question ? Rasmussen les répartit en trois catégories :

  • Diplôme de troisième cycle
  • Gagner plus de 150 000 dollars par an
  • Vivre dans une zone urbaine densément peuplée

Leurs autres caractéristiques de base sont les suivantes, qui révèlent qu’ils sont « étonnamment jeunes » :

Il est vrai que la plupart d’entre nous considèrent qu’il s’agit là d’une évidence. Mais les données ont rarement été rassemblées de manière aussi intuitive et présentable.

Examinons d’abord les disparités réelles entre la population normale et les élites au cœur de l’analyse, avant de les extrapoler.

La première concerne la perception des libertés individuelles :

Près de 60 % des électeurs ordinaires estiment qu’il n’y a pas assez de liberté, alors que seulement 21 % des élites sont de cet avis. Il est choquant de constater que près de 50 % des élites estiment qu’il y a trop de liberté, alors que seulement 16 % des électeurs sont de cet avis.

Dans l’interview de Gingrich, Rasmussen développe ce point de vue, expliquant qu’une grande partie de ce haut monde éprouve un profond ressentiment à l’égard de la manière dont le hoi polloi a agi pendant l’ère de la « pandémie » de Covid, en particulier — non seulement leur refus de se masquer, mais aussi la consolidation ultérieure de leur position antivax. Cela a creusé le fossé entre les deux camps, les « élites » reléguant encore davantage leur classe marginale au rang d’ayant-droit. Comme toujours, il n’y a rien de plus efficace que la peur d’un dommage corporel pour forger un ressentiment viscéral entre les gens.

Mais le mécanisme qui est le plus à l’origine de cette ligne de faille a la source suivante : 70 % des élites font confiance au gouvernement, alors que seulement un minuscule moins de 20 % du public le fait :

Le fossé qui sépare les deux camps en matière de confiance dans la « classe professionnelle » est encore plus stupéfiant :

Vérifiez les chiffres : seuls 6 % des électeurs ont une opinion favorable du Congrès, 10 % pour les journalistes et 17 % pour les professeurs. Parmi les élites (1 %), ces chiffres sont en moyenne supérieurs à 70 %, ce qui, à lui seul, révèle pratiquement toute l’histoire.

Autre chose :

77 % de l’élite serait prête à imposer des restrictions sur l’essence, le rationnement de la nourriture, etc., en raison du « changement climatique », alors que 63 % des électeurs ordinaires s’opposent à de telles mesures. En fait, l’élite en général soutient largement l’interdiction des véhicules à gaz, des poêles à bois, des SUV, des voyages aériens non essentiels et même de l’air conditionné, alors que la grande majorité des électeurs y est totalement opposée.

Voici l’une des douze universités citées d’où sont issus la plupart des 1 % :

En ce qui concerne les institutions, il n’est pas surprenant que les douze écoles clés, principalement de l’Ivy League, forment une sorte de conduit qui filtre l’élite vers les piédestaux du pouvoir dans la société. Il s’agit d’un pipeline bien établi qui alimente un segment étroit et présélectionné de la société, de plus en plus haut, à travers une passoire de purification idéologique destinée à éliminer tous les intrus non conformes.

Quiconque a étudié l’histoire de la montée en puissance des institutions transnationales au XXe siècle sait que, dès le début des années 1900, des cohortes comme celles de Milner et Rhodes ont mis en place divers programmes et bourses, comme la « bourse Rhodes », précisément dans ce but. De tels « pipelines » se sont développés dans tout le monde occidental et comprennent le laboratoire de formation moderne connu sous le nom de « Young Global Leaders », d’origine Klaus Schwab.

Ces programmes institutionnels servent de mécanisme de triage à l’élite financière globaliste pour distinguer les candidats ayant les bons pedigrees, les penchants sociopathes, les compositions philistines et transnationales, afin de trouver des candidats aptes à être préparés pour de futures nominations à des postes de direction. Si l’on examine les antécédents de n’importe quel dirigeant ou décideur globaliste — qu’il s’agisse d’institutions financières comme la BCE, le FMI ou la Réserve fédérale, ou d’organisations de sécurité comme l’OTAN — on constate invariablement une appartenance de longue date à la poignée de programmes établis de l’« ancien ordre » ou des distinctions de leur part. Les copains non élus, qui sont en fait sélectionnés et nommés par la nomenklatura anonyme ci-dessus, sont presque toujours issus de la même petite clique.

Il est bien connu que les meilleurs économistes, directeurs de fonds spéculatifs — pour des firmes comme Goldman Sachs, par exemple — avocats constitutionnalistes, etc. sont tous issus de ce collectif exigu d’écoles telles Harvard. Ce système est conçu pour permettre aux élites de contrôler avec précision le petit groupe de loyalistes sélectionnés avant de les intégrer dans leurs rangs raréfiés et étroitement surveillés. Il s’agit d’un système en boucle fermée, qui joue un rôle central dans la régulation des strates supérieures, lesquelles constituent la trame du mécanisme de contrôle de l’élite.

En ce qui concerne le rapport de Rasmussen, il est clair que la « super élite » sert de pilier d’influence dans la société, agissant comme garde-fou pour mieux gérer et réguler les intérêts de la classe managériale la plus exclusive, liée aux vieilles familles de banquiers. En bref, il s’agit d’un pipeline bien huilé et hautement sélectif qui achemine continuellement les « bonnes personnes » — ambitieuses, mais malléables et serviles aux intérêts globalistes — vers le sommet.

L’enquête de Rasmussen révèle à quel point ils sont déconnectés de la société. Étant donné que leur milieu reste leur propre cohorte fermée, ces personnes ne se mélangent jamais vraiment et ne connaissent jamais les soucis ou les frustrations du travailleur moyen dans la rue. Ils n’existent que dans une réalité parallèle simulée, qui est renforcée quotidiennement par les moteurs générateurs de biais de confirmation des médias sociaux gauchistes et des grandes entreprises technologiques contrôlées et dominées par les libéraux, qui filtrent la société pour eux comme une paire de lunettes de réalité augmentée.

Les cas extrêmes de leurs attitudes déconnectées sont observés tous les jours, par exemple :

Le Washington Post se moque des histoires de vol à l’étalage en les qualifiant de « panique »
d’une « nation aux doigts collants construite sur des terres volées ».

La seule contradiction apparente est que ces élites vivent principalement « dans des codes postaux dépassant une densité de population de 10 000 personnes par km/carré ». Cette affirmation trompeuse implique qu’elles vivent dans de grandes villes comme New York, où elles seraient en fait obligées de se mêler quotidiennement à la paysannerie. En réalité, nous savons qu’ils sont retranchés dans des quartiers aristocratiques hautement séquestrés de ces villes, comme l’Upper East Side à Manhattan ou Kalorama à Washington. Transportés dans des voitures de luxe, ils daignent rarement croiser les roturiers, pour lesquels ils n’ont que mépris, à l’exception d’une petite poignée de main symbolique au café du coin pour se rassurer et se dire qu’ils sont « en contact » avec le peuple.

Le film Cosmopolis, adapté de DeLillo et réalisé par Cronenberg, est la meilleure représentation récente de cette classe.

Le film métaphorise parfaitement l’idée de la réalité cloisonnée des élites en situant toute l’intrigue dans la luxueuse limousine du PDG riche, bien évidemment ; son seul lien avec le monde réel, dont il a une faim névrotique, se fait à travers les vitres pare-balles qui l’entourent comme des écrans numériques. Bien entendu, le film traite également des nombreux problèmes liés à la déconnexion entre l’élite et la population, et se termine par une scène violente avec l’un des employés du PDG, pathologiquement mécontent et sous-apprécié.

À bien des égards, il s’agit d’un problème vieux comme le monde : les élites ont toujours existé dans des sociétés parallèles. Cependant, l’avènement des technologies numériques et des médias sociaux leur a permis de s’enfermer comme jamais auparavant dans une bulle de confirmation toujours imperméable. Écoutez les interviews de hauts responsables politiques de Washington, de grands patrons d’entreprises, etc., et notez comment ils s’inspirent exclusivement des publications d’entreprises les plus corporatistes comme le WaPo [Washington Post], le NYTimes [New York Times], etc. Cela devient une boucle de rétroaction hermétique d’autoréférence, de plus en plus coupée du monde extérieur réel de l’expérience humaine.

Comme le décrivait l’article précédent du NYPost :

Si l’Amérique veut éviter de basculer dans cette boucle de rétroaction toxique, ses élites devront sortir de leur bulle, cesser de se conformer pour se fondre dans la masse et commencer à répondre aux doléances légitimes de leurs concitoyens.

Cela explique l’obsession des élites pour le changement climatique, car il s’agit d’une question qui n’existe que « sur le papier » — en tant qu’abstraction — et qui n’est pas ressentie de manière réaliste dans les quartiers populaires. Les aristos qui reflètent de manière répétée leur propre alarmisme strident sur cette question se radicalisent de plus en plus, d’autant plus que, comme nous l’avons déjà dit, ils accordent beaucoup plus d’importance aux institutions d’autorité que le prolétaire moyen. Cela a pour effet de calcifier leur croyance aveugle en des spectres tels que le changement climatique, même s’ils n’y prêtent qu’un intérêt de pure forme et n’agissent pas en conséquence à la lumière d’une telle « menace » existentielle.

Le problème est exacerbé par les maux sociaux qui créent des divisions entre les sexes, donnant un poids disproportionné aux préoccupations centrées sur les femmes, selon la théorie Longhouse :

La Longhouse fait référence à la remarquable surcorrection des deux dernières générations vers des normes sociales centrées sur les besoins féminins et les méthodes féminines de contrôle, de direction et de modélisation du comportement.

Les femmes sont naturellement plus sympathiques — et donc plus influençables — aux impératifs de l’ingénierie sociale qui cooptent le récit actuel. Les hommes sont de plus en plus écartés de l’enseignement supérieur, ce qui signifie que même parmi les élites qui ont été canalisées vers le haut, les positions penchent de plus en plus du côté de la « Longhouse » :

Cette féminisation de la classe dirigeante peut être observée de différents points de vue :

Comme tout le monde le sait maintenant, les femmes célibataires sont de loin celles qui font le saut le plus disproportionné dans les terres Démocrates, ainsi que dans les politiques hyperlibérales de plus en plus radicalisées — ce qui se reflète d’autres manières intéressantes :

Par ailleurs, un utilisateur de X a fait un commentaire pertinent sur la capture d’écran ci-dessous :

La plupart des analyses de l’effondrement des inscriptions des hommes à l’université se concentrent sur le fait qu’il est inquiétant que ces hommes n’épousent pas les opinions politiques de l’élite.

Mais l’une des disparités les plus révélatrices de l’enquête Rasmussen montre à quel point les élites sont déconnectées des questions économiques qui affectent le plus la plèbe — par opposition aux abstractions aériennes des questions de guerre culturelle des intellectuels marginaux :

Ici, vous pouvez voir qu’un énorme 82 % des élites pensent que Biden réussit en matière d’emploi — ce qui signifie par extension qu’ils approuvent l’état de l’économie. Seuls 41 % des électeurs sont de cet avis.

Ce résultat est particulièrement révélateur, car l’emploi et l’économie sont des questions vitales que les électeurs ordinaires ressentent directement. Les élites n’y sont guère sensibles, car, quelle que soit l’ampleur des chiffres du chômage, elles restent bien ancrées dans leur vie de nantis de la haute société.

Le dernier point qui, selon Rasmussen, l’a choqué lui-même, est la question de l’amoralité des élites. Il a constaté que près de 70 % des super-élites accepteraient que leur candidat triche plutôt que de perdre une élection. Seuls 7 % des électeurs ordinaires ont des prédilections aussi amorales :

Rasmussen a déclaré que ce projet a révélé le chiffre le plus effrayant qu’il ait vu en près de 35 ans d’étude de l’opinion publique. Selon ses données, 35 % de l’élite de 1 % (et 69 % de l’élite de 1 % obsédée par la politique) ont déclaré qu’ils préféreraient tricher plutôt que de perdre une élection serrée. Parmi les Américains moyens, 93 % rejettent la tricherie et acceptent la défaite lors d’une élection honnête. Seuls 7 % d’entre eux ont déclaré qu’ils seraient prêts à tricher. — Source

Ce résultat est stupéfiant, ne serait-ce que parce qu’il présente de loin la plus grande marge de différence de toutes les autres questions. Il explique à lui seul de nombreux maux de la société, notamment la facilité avec laquelle l’élite influente s’est déjà montrée capable d’utiliser sa richesse et son influence considérables pour mettre le « pouce sur la balance » de l’élection de 2020.

Il n’est donc pas surprenant que cette culture omniprésente de l’amoralité se reflète dans tous les récits actuels menant à l’élection de 2024 :

https://www.foreignaffairs.com/united-states/age-amorality-liberal-brands

L’article ci-dessus, tiré de Foreign Affairs — le journal officiel du Council on Foreign Relations — est particulièrement emblématique à cet égard, notamment parce que le CFR représente à bien des égards le totem de la super-élite, le 1 % dont il est question. Le conclave ne regroupe pas seulement une classe particulière, comme les dirigeants mondiaux, mais cherche à mettre en réseau et à uniformiser l’ensemble du tissu de l’échelon supérieur, qu’il s’agisse de l’élite des affaires, de la royauté bureaucratique ou même de personnalités influentes de la culture pop comme Angelina Jolie, qui en est membre depuis de nombreuses années.

L’article témoigne précisément des types d’hypocrisie inhérents à une grande partie de la classe dirigeante. Ils parlent de « buts valables » poursuivis par des « moyens indignes » au nom d’objectifs « libéraux » et démocratiques, mais le problème est le suivant : qui décide de ces « buts valables » ? Selon leur estimation, renverser une variété de dirigeants peu recommandables, ou simplement « incompatibles », dans le monde entier était un « objectif louable ». Mais l’approbation démocratique par les citoyens de ces orientations politiques est inhérente à la « démocratie » et aux idéaux libéraux qu’ils prétendent défendre.

Dans l’Occident « libéral », ce petit groupe d’élites fait passer ses propres objectifs égoïstes par des euphémismes bidons présentés comme des « idéaux démocratiques », alors qu’en réalité, le peuple n’a pas son mot à dire. C’est pourquoi cette version de la « démocratie libérale » n’est rien d’autre qu’une contrefaçon destinée à réaliser les objectifs géopolitiques nécessaires au maintien de la domination de l’élite bancaire et financière mondiale.

Asservir ses propres citoyens dans un réseau de mensonges n’est pas du tout un monde de « liberté » — c’est un asservissement intellectuel et moral, même si les citoyens jouissent involontairement du confort matériel d’un système construit sur une exploitation prédatrice hideusement déguisée. Le problème est que de telles circonstances ne sont jamais viables à long terme : bien sûr, elles peuvent créer des conditions semi-utopiques pour vos propres enfants, mais le reste du monde finit par s’apercevoir de l’escroquerie, exigeant sa part de chair en guise de compensation. Les élites feraient mieux de cesser cette mascarade et de dire simplement la vérité : cela n’a rien à voir avec des ersatz de grands idéaux comme la « liberté » et le « libéralisme », mais plutôt avec la préservation de la primauté de l’Occident et d’un mode de vie privilégié ; c’est tout.

L’article est un burlesque simulacre d’hypocrisie : il insiste sur les prétendues « agressions » et politiques « illibérales » de la Russie et de la Chine — comme l’« invasion » de l’Ukraine — tout en ignorant de manière crétine les transgressions, invasions et occupations bien plus nombreuses des États-Unis dans divers États souverains, sans parler de la facilitation actuelle d’un génocide total à Gaza, pour lequel les États-Unis viennent de livrer un nouveau lot de bombes à Israël à l’heure où nous écrivons ces lignes. Les élections en Chine et en Russie se sont également révélées bien plus démocratiques et « libérales » que la « production » électorale bidon des États-Unis, qui a vu une « victoire » évidente volée pour un candidat honni en 2020, ou même que la mascarade actuelle de l’invasion coordonnée de millions de clandestins dans le but de bouleverser une autre élection « démocratique » en 2024. Les jérémiades haletantes des fantassins de l’establishment ne sont rien d’autre que des tentatives désespérées destinées à soutenir l’édifice en ruine de leur vieil ordre suranné.

Il suffit de voir les idéaux de la « démocratie libérale » dont les élites se gargarisent avec tant de constance :

Qui aurait cru que la démocratie était si compliquée ?

Et les idéaux « libéraux », qui étaient censés représenter la liberté individuelle, font fureur de nos jours :

En réalité, tous ces termes et concepts ne sont que des artefacts de la façade shibbolethique érigée pour servir le paradigme de contrôle des élites. Tout cela nous ramène au sujet qui nous occupe : la classe des 1 %, selon le sondage de Rasmussen, a créé un niveau d’institutions suprapositionné qui sert d’engrenage à la préservation de la domination du système. La conception autoréférentielle est un mécanisme d’application idéologique délibéré destiné à conduire les « bonnes personnes » au sommet de la structure pyramidale, tout en mettant de côté les indésirables qui n’ont pas le sang assez bleu pour participer à la soirée exclusive.

En fin de compte, l’auteur de l’article de Foreign Affairs sur l’amoralité, Hal Brands, est un bon exemple de ce pipeline. Un coup d’œil sur son wiki montre qu’il porte non seulement la marque « distinctive » d’un certain honneur de Henry A. Kissinger — précisément le type de bourse Rhodes pour les élites dont j’ai parlé — mais qu’il a même fréquenté non pas une, mais deux des 12 institutions « choisies » par Rasmussen :

Cela fait de Brands l’enfant-vedette de cette classe d’élite isolée. Assis sur leurs interminables allocations et sinécures des ONG, des personnages comme Brands passent leur vie à écrire des articles malhonnêtes, les uns après les autres, pour promouvoir les agendas globalistes les plus radicaux pour leurs compagnons olympiens, tout en se détachant des basses préoccupations des gens du peuple.

Pour une autre démonstration exemplaire de cette déconnexion, ne cherchez pas plus loin que ce nouveau clip de MSNBC sur l’événement à venir intitulé « White Rural Rage » (la rage rurale blanche) :

Voir la vidéo sur le site

Naturellement, les auteurs sont représentatifs du beau monde intellectuel et aisé de Rasmussen — l’un d’entre eux est professeur de sciences politiques à l’université du Maryland, l’autre est rédacteur au WaPo et membre d’une « fondation » liée à une ONG de la Ceinture [la Rocade de Washington DC, NdT] qui incube précisément le type d’auxiliaires de l’establishment dont il est question.

Ces personnes finissent généralement par être couronnées « senior fellows » ou, plus risible encore, « scholars » dans ces fondations douteuses ; des noms ambigus et autoproclamés censés évoquer l’érudition et l’autorité, qui ne représentent en réalité rien d’autre qu’une consécration vide de sens par des institutions corporatistes-globalistes qui les ont désignés comme des factotums fiables et des diffuseurs de l’ordre du jour de la Co-Glo [Compagnie du globalisme, NdSF].

Malheureusement, il n’y a pas de solution à la fracture sociétale. Les institutions qui reçoivent des fonds d’entreprise de quelque nature que ce soit peuvent être considérées comme captives, car il y a toujours des conditions à remplir. La seule façon d’avancer est donc d’éviter, de profaner et de vilipender toutes les institutions, de sorte que la rupture puisse finalement se traduire par un découplage total de la société originale et authentique. Une fois qu’un système parallèle est mis en place, les « institutions » vides de toutes conséquences doivent se dessécher et se ratatiner en carapaces floconneuses, pour être piétinées comme des croûtes de sauterelles.

Simplicius Le Penseur

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone




L’ÉTAT PROFOND FRANÇAIS — Qui, comment, pourquoi… ?

Un livre de Claude Janvier et François Lagarde

https://kaeditions.com/product/letat-profond-francais-qui-comment-pourquoi/

PRINCIPAUX CHAPITRES

Chapitre II : Emmanuel Macron le fossoyeur
Chapitre III : La trahison de Bercy
Chapitre IV : L’infiltration de la haute administration
Chapitre XIV : Le contre pouvoir
Chapitre XVI : Qui finance le complexe militaro-industriel ?

TOUT Y EST !

Tout ce que vous avez voulu savoir sur l’État profond français sans avoir jamais osé le demander

  • L’argent de vos impôts finance les guerres au lieu du service public ?
  • Qui susurre à l’oreille d’Emmanuel Macron ?
  • Qui détruit la France et ses valeurs ?
  • Bercy l’État dans l’État ?
  • Qui agit dans l’ombre ?
La face cachée de la haute administration La promotion de l’autodestruction Les dépenses publiques en mode casino
L’infiltration des lobbies à Bercy Le sacrifice par la dette

  • Le sanctuaire du « deep state » français.
  • Comment faire face à la pantalonnade des Européennes ?

EXTRAITS

« Être de droite ou de gauche est devenu un débat stérile depuis l’époque de François Mitterrand, où les cohabitations successives nous ont apporté davantage d’impôts, plus de lois liberticides et, par conséquent, plus de privations. »

« Indubitablement, la France est profondément touchée et gangrenée par une élite politique, médiatique, intellectuelle, aisée et solidement installée dans ses privilèges… »

« François Mitterrand : “La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains ; ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde…” »

« À fin décembre 2022, la France compte 4 530 radars automatiques en service sur ses routes. Selon la Cour des comptes, ces dispositifs ont rapporté 12,6 milliards d’euros de recettes entre 2003 et 2022, avec 209 millions de procès-verbaux enregistrés. Cela témoigne d’une machine à pognon vertigineuse et lucrative. »

« George Soros, président de l’Open Society Foundation, avait avancé que l’émission d’obligations perpétuelles serait une solution pour l’UE afin de faire face à la transition énergétique et à la crise Covid. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, partageait cette vision et considérait que l’émission d’obligations perpétuelles était le seul moyen de mobiliser une telle somme. Une obligation perpétuelle, comme son nom l’indique, n’est jamais remboursée, mais exige uniquement le versement annuel des intérêts. »

« L’Administration française n’ose pas évoquer la notion de contre-pouvoir en raison de l’omerta qui règne dans les coulisses du gouvernement, de l’Assemblée et de la haute administration. Le constat est inquiétant devant la faiblesse de la justice, qui peine à prononcer des condamnations contre des élus accusés, au mieux, de tricherie et de mensonge. La presse et la justice préfèrent oublier l’existence irrégulière de ce monde parallèle, tant les uns comme les autres profitent des largesses de la corruption du pouvoir. Tout s’achète, ce n’est qu’une question de prix et de persuasion ! »

« Ce sont évidemment les impôts des Français qui financent le complexe militaro-industriel ! Il est nécessaire, avant d’aller plus loin, d’en comprendre les mécanismes exacts. En effet, grâce à l’émergence, depuis les années 1990, de Fonds cotés en bourse (ETF), beaucoup de financements ont été possibles sans que cela attire l’attention du grand public. Ainsi, les ETF sont utilisés par les investisseurs institutionnels tels que les banques privées, les fonds de pension, BlackRock et les organismes publics. »

« Il y aurait certainement beaucoup plus à écrire, c’est indéniable. On aurait pu envisager plusieurs tomes sur la collusion et le copinage au sein de nos élites, une sorte d’encyclopédie Universalis de la corruption. Cependant, compte tenu de l’énorme quantité d’informationsdisponibles, nous avons décidé de déclarer forfait. À la place, nous avons préféré vous offrir une compilation que nous espérons voir devenir un collector. »

LES AUTEURS

Claude JANVIER

Claude JANVIER, écrivain, essayiste et auteur de quatre ouvrages à succès, dont Les démasqués – qui dirige réellement le monde ? et deux autres co-écrits avec Jean-Loup Izambert. Depuis vingt ans déjà, il fouille, déterre, décortique, analyse l’actualité et se rend sur les lieux de conflits, comme en Syrie, afin de mettre à jour les véritables informations qu’il diffuse dans les nombreux médias où il intervient. Il anime, en tant que chroniqueur permanent, l’émission hebdomadaire « Libres Paroles » sur TV-ADP, la télévision des esprits libres.

Partisan du courant de contre-culture dans les années 1970, Claude JANVIER a développé un sentiment de méfiance envers l’État-providence et la société de consommation. En toute circonstance, il reste fidèle à sa plume alerte et à sa devise rebelle : « Je râle donc je suis ! »

François LAGARDE

François LAGARDE, diplômé d’une école de commerce, se consacre de plus en plus à l’analyse détaillée de la gestion des deniers publics par les pouvoirs en place, qu’ils soient de gauche, du centre ou de droite. Choqué par le laxisme et la partialité qu’il a observés, il s’est mobilisé pour dénoncer haut et fort le système corporatiste instauré par les élites dirigeantes ou mandatées, cherchant à sensibiliser ses compatriotes sur les dangers de leurs manœuvres déplorables. Témoin des effets pervers et dévastateurs des diktats des fonds de pension et des banques internationales sur les citoyens, il s’est engagé, à travers ses écrits, à mettre en garde un large public sur les dessous des enjeux financiers qui gangrènent profondément la société française dans son ensemble.




Marion Le Pen : « Je prône un traditionalisme intelligent contre des élites hostiles. »

Interview de Marion Le Pen par Tatiana Popova — 23 juillet 2013

[NDLR À comparer peut-être avec de nos jours, où Marion a retiré « Le Pen » de son nom pour intégrer un parti qui ne promeut pas le Frexit.]

[Source : english.pravda.ru]

Marion Maréchal Le Pen est la petite-fille du leader nationaliste français Jean-Marie Le Pen. Élue l’an dernier — à 22 ans — à la chambre des députés, elle a fermement défendu ses convictions et ses valeurs familiales traditionnelles au cours de la longue lutte qui a opposé le gouvernement socialiste français en difficulté au mouvement chrétien et conservateur motivé. Illustrant sa dynastie démocratique et paradoxale, elle a répondu aux questions de Tatiana Popova et de Pravda.ru.

« Mlle Le Pen, vous êtes la plus jeune députée du Parlement français. Vous avez également manifesté une forte réticence à l’égard du prétendu mariage pour tous. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs les détails de votre position ? Et comment expliquez-vous la réaction excessive du gouvernement français ? »

« En fait, ce combat me tient à cœur et je suis d’accord avec la jeunesse de France qui s’est levée ces derniers mois pour défendre le cadre indépassable de nos valeurs et le respect des lois naturelles. Nous avons assisté à la toute-puissance d’un “nano-lobby” qui, à lui seul, avec ses quelques centaines de membres, a pu détruire l’institution du mariage comme élément de la filiation et consacrer le désir égoïste et individuel au-dessus de toute autre considération comme le bien-être de l’enfant adopté, et ce contre l’avis de nombreux psychiatres français reconnus. Je voulais aussi dénoncer les nombreuses atteintes portées par la gauche libertaire à nos libertés individuelles ; le gouvernement socialiste a sous-estimé le nombre de manifestants, et nous avons assisté à des provocations, à un usage excessif de la violence policière, et à des emprisonnements pour délit d’opinion… La démocratie française se meurt sous nos yeux par la volonté d’une élite idéologue qui oblige les Français à abandonner tout attachement à la famille ou à la nation pour mieux imposer l’utopie mondiale. Heureusement, la vigueur de ces derniers mois a montré que la conscience française n’était pas morte ! »

« La science et l’agenda transhumain continuent de défier et de rebuter toute éthique ; vous avez entendu parler des bébés Google, achetés sur Internet, conçus en Amérique, et dont les “mères” délocalisées gisent quelque part en Inde, où les produits humains peuvent être achetés et livrés. Pensez-vous qu’une conscience chrétienne ou humaniste puisse encore intervenir dans ces circonstances ? »

« La réalité est qu’aujourd’hui nous arrivons à l’apogée du nihilisme moderne dans lequel l’homme est en fin de compte une marchandise de plus. Dans ce règne du libre-échange, la conception du “progrès” est calquée sur le développement social du progrès technique. L’étrange raisonnement par analogie nous amène à considérer que les sociétés humaines, à l’instar des progrès technologiques, ne peuvent évoluer que vers plus de progrès social et donc vers toujours plus de bien. Le véritable danger de cette loi réside dans les dérives qui conduiront à l’arrivée de l’Assistance Médicale à la Procréation pour les couples lesbiens et de la Gestation pour autrui pour les hommes au nom de “l’égalité”. Le corps humain et la personnalité deviennent ainsi un produit consommable au nom du progrès et de l’égalité. Les vraies féministes devraient se rebeller contre un tel mépris des femmes ».

« Toujours pour nos lecteurs, pouvez-vous nous donner une idée de votre parcours intellectuel et même familial (votre relation avec votre grand-père, par exemple) ? Quel est votre modèle du passé, s’il y en a un ? Votre grande figure historique ? »

« Je suis issu d’une célèbre famille politique française dont la figure historique Jean-Marie Le Pen a, pendant de nombreuses années, déchaîné les passions pour défendre seul le courant national, méprisé et rejeté par nos élites au nom de la lutte contre la “haine nationaliste” et “l’extrémisme.” Ma vie personnelle m’a depuis appris l’adversité et c’est pourquoi, aujourd’hui, l’arène politique ne me fait pas peur. J’ai grandi dans l’amour de mon pays et j’assume chaque erreur et chaque réussite. Napoléon disait que de Jeanne d’Arc à Robespierre, il prenait tout le monde ! Je ne prône pas un conservatisme arrogant, mais un traditionalisme intelligent, car une nation qui oublie son passé oublie aussi ses erreurs et peut les reproduire. Ma nation a plus de 1000 ans et il serait bien de commencer à ne pas réduire son histoire à la Révolution de 1789. Il y a beaucoup de personnages historiques que je vénère, et Jeanne d’Arc est certainement l’une de mes préférées : pensez à cette guerre menée par une bergère habitée par la Providence pour sauver le pays de l’occupant anglo-saxon… »

« Il est de coutume de se plaindre de la jeune génération depuis au moins cinquante ou soixante ans. Comment voyez-vous votre génération, maintenant que le FN est à 26 % en France ? Le jeune commun est-il inculte, aliéné par la technologie, les téléphones intelligents et mentalement intoxiqué par les médias ? Ou est-il plutôt rebelle et prêt à soutenir votre mouvement vers le pouvoir en France ? »

« Les faits sont têtus. Malgré le matraquage idéologique opéré par les grands médias et l’Éducation nationale depuis des années, la jeunesse française est encore pleine de ressources. Aujourd’hui, la jeunesse est la pitoyable victime de la contre-culture et des révolutions morales de 1968 qui lui ont fait beaucoup de mal. La réalité nous rattrape chaque jour : chômage de masse, insécurité généralisée, immigration massive. Nous payons les erreurs de nos aînés et la crise économique nous a conduits à nous recentrer sur les dernières défenses naturelles que sont la famille et la communauté nationale. Le mouvement “Famille pour tous”, qui a rassemblé des millions de personnes pendant plusieurs mois, a été caractérisé par des acteurs jeunes. Nous avons vu sortir du bois, extrêmement déterminés et dotés d’une réelle conscience politique, des jeunes ne craignant ni le jugement moralisateur de nos élites, ni leur répression irrationnelle. Tout cela est très encourageant pour l’avenir et me donne beaucoup d’espoir, car avec eux, j’ai vu que nous serions capables de construire la France de demain. »

« Quels sont les facteurs qui pourraient pousser votre parti au pouvoir dans les années à venir, probablement décisives ? Êtes-vous prêts, même sans grands moyens du parti ? »

« Une des raisons de notre succès électoral est que les Français admettent maintenant que ce que nous disons depuis des années est vrai. Je dis souvent que nous avons eu raison trop tôt. Les Français ont maintenant compris que le Front National est le seul mouvement qui peut apporter des volontaires et les solutions que la situation exige ! Je pense que c’est l’effondrement des élites, fascinées par le pouvoir et l’argent, qui amène toujours plus de Français à voter pour nous. Nos adversaires ont échoué partout, sur tout, et toujours avec une réelle et brillante constance ! Mes compatriotes en ont assez de cette foire d’empoigne. Nous avons moins de moyens financiers que d’autres, mais nous faisons de la politique autrement et nous avons gardé la culture militante, ce qui fait que nous sommes aujourd’hui beaucoup plus efficaces que nos adversaires PS et UMP. »

« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un problème surprenant en France, en Europe occidentale, dans l’ensemble de l’Occident : les élites hostiles. Les députés n’aiment pas les gens qu’ils représentent, les bureaucrates ne les servent plus, les journalistes et les grands médias les méprisent. Comment analysez-vous ce problème d’élites hostiles ? »

« J’adore votre concept d’« élite hostile » ! Cela résume très bien ce que nous vivons aujourd’hui. La population est en effet devenue la variable d’ajustement de la guerre politique pour plus de pouvoir. Le lemme des politiciens européens d’aujourd’hui est « ne pas servir le peuple mais se servir soi-même ». Ces élites se combattent et s’admirent en même temps, chacun voulant ce que l’autre possède. Nous sommes dans l’immédiateté et le désir frénétique de la satisfaction sans retenue. Les gens sont impliqués dans des questions d’affaires et pas du tout d’idéologie. Les trotskistes et maoïstes des années 1970 sont devenus les rois de la com’ et les gourous médiatiques de la mondialisation, les grands prêtres de l’économie financière. L’hostilité des élites vient du fait qu’elles ne poursuivent plus les mêmes buts et les mêmes espoirs que leurs peuples. Pire encore, ces derniers s’accrochant à leurs modes de vie, nos racines nationales deviennent un obstacle à la volonté de puissance de la mondialisation maniaque.

« Dans l’un de vos récents discours, vous avez évoqué le fait que le parti communiste voulait autrefois défendre la classe ouvrière française contre l’immigration. Pourquoi ce parti a-t-il renoncé à sa mission et comment le Front national est-il devenu le premier parti ouvrier de France ? »

« Souvenez-vous de 1979. L’affaire du “Bulldozer Vitry” a été le chant du cygne du communisme en France. Le Parti communiste français, qui avait jusqu’à présent dénoncé l’immigration de masse comme “armée de réserve du capital”, a cédé à l’attrait du pouvoir avec l’arrivée de François Mitterrand en 1981. Le PCF est aujourd’hui progressivement marginalisé pour devenir le porte-parole des “luttes”, c’est-à-dire de toutes les luttes des minorités, des sans-papiers, des sans-culottes. Le peuple a tourné le dos au PCF, mais au lieu de faire son examen de conscience, le “parti” a décidé de défendre tout ce qui n’est pas le peuple. Le Front National défend vraiment les plus vulnérables parce qu’ils sont les plus exposés à l’insécurité, au déclassement et à la folie de la mondialisation. C’est, à mon avis, la raison de notre succès auprès des masses, maintenant que le parti communiste a abandonné la faucille et le marteau ! »

« L’Europe est un projet qui a d’abord attiré, puis fait peur, quand on était enfant, et qui finit par tourner à l’aigre et au ridicule. Pouvez-vous sortir la France du piège européen ? Et à quelle condition, sinon éviter d’autres troubles intérieurs plus importants ? »

L’idée initiale était d’assurer la paix et de permettre aux nations européennes de partager leurs ressources et leur expertise. L’Union européenne et son Comité n’ont rien à voir avec l’idée fondatrice. Nous allons vers une structure fédérale alors que celle du général de Gaulle était confédérale. Certains disent que c’est la même chose. Mais non, cela n’a rien à voir ! La confédération est une union de pays indépendants ou le projet de la commission actuelle est de transférer le plus possible de compétences, de compréhension et de souveraineté à un groupe sans légitimité populaire.

« Dans le même ordre d’idée, comment maîtriser l’immigration qui est devenue non plus un problème français (que M. Le Pen a soulevé dans les années 1970) mais un problème mondial ? Quelles sont vos propositions pour concilier la liberté de circulation et la préservation des nations ? »

Avant tout, il faut sortir immédiatement de l’espace Schengen. Il faut arrêter les pompes aspirantes qui profitent à l’immigration mondiale, réserver notre modèle social à nos nationaux. Il faut cesser de faire des Français sans conditions ; le droit du sol crée des situations d’immigration insoutenables, notamment dans nos départements et territoires d’outre-mer. Il faut durcir les conditions d’attribution et de déchéance de la nationalité française. Un étranger qui arrive en France doit subvenir à ses besoins car la France avec son énorme dette n’a plus les moyens de le soigner, de le nourrir, de le loger, souvent au détriment de ses ressortissants. Et bien sûr pour cela, il faut faire respecter la loi en donnant à la police les moyens d’exercer sa mission.

« Dans la lutte contre le mondialisme et le politiquement correct, Vladimir Poutine est souvent la cible de groupes médiatiques occidentaux agressifs. Rêvez-vous comme le général de Gaulle et votre grand-père d’une Europe boréale de l’Atlantique à l’Oural et au-delà ? »

« Il est clair que nous avons beaucoup en commun et beaucoup à partager avec la Russie. Ce qui est certain, c’est que nous avons les moyens et les ressources pour offrir une alternative au mondialisme. Nos objectifs contrastent avec ceux de l’Angleterre et de l’Allemagne dans l’histoire diplomatique. L’Angleterre pousse au “grand large”, comme le disait Churchill, et l’Allemagne reste attachée à l’idée de Mittel-Europa. Ces deux points de vue sont tout à fait contraires aux intérêts de la France. D’autres pensent que nous pourrions être relégués dans ce qu’ils considèrent comme la deuxième division de l’Europe et appellent avec dédain le Club Méditerranée (France, Italie, Espagne, Grèce…). La vieille Europe est en effet très compliquée mais je suis convaincu que la France et la Russie ont un intérêt commun à se tendre la main, car elles respectent toutes deux la tradition des grandes harmonies et de la non-ingérence. »

« Quelle est votre position sur le conflit syrien et le soi-disant printemps arabe ? »

« Nous sommes dans le sillage de l’Union européenne, qui elle-même reçoit ses ordres de Washington. Nous avons renoncé à notre propre vision géostratégique. Le résultat est la montée de mouvements islamistes plus radicaux. La Libye et la Syrie sont la preuve du décalage flagrant entre l’émotion et la raison. Ni Kadhafi ni Assad ne sont de grands démocrates et je ne les défends pas, mais il faut faire de la prospective. Que nous disent les faits ? Les conflits libyen et syrien ont montré que l’éclatement d’un État fort crée les conditions d’affrontements ethniques et religieux sans fin, avec en toile de fond la montée en puissance des groupes djihadistes. Pendant ce temps, les pays de l’Union européenne continuent de pousser à l’explosion du Maghreb et du Machrek. Il s’agit là, à mon sens, d’un aveuglement idéologique coupable. Je crois sincèrement qu’à partir d’une erreur d’observation, nous sommes aujourd’hui dans l’irrationnel. »

« Vous êtes très jeune et encore célibataire dans votre parlement. Dans le contexte morose français, resterez-vous très longtemps en politique et dans quelles conditions ? »

« On ne choisit pas de faire de la politique, ce sont les électeurs qui choisissent ! Cependant, je ne suis pas de ceux qui se contentent d’être spectateurs de leur temps, alors je pense toujours à travailler d’une manière ou d’une autre pour mon pays. Il y a de nombreuses façons de faire de la politique, et je ne saurais vous dire ce que je pourrais faire après mon mandat de député. Je n’ai pas de plan de carrière, je vais donc là où ma contribution peut être la plus utile ».




Unification des CBDC ? Les banques mondiales nous disent que la fin du système du dollar est proche

[Source : birchgold.com]

Le FMI prépare une révolution financière — Dites adieu au dollar

Par Brandon Smith

Le statut de monnaie de réserve mondiale permet une latitude étonnante en termes de politique monétaire. Le département du Trésor comprend qu’il existe une demande constante de dollars à l’étranger pour importer et exporter plus facilement des marchandises. Le monopole du pétrodollar a rendu le dollar américain indispensable au commerce mondial du pétrole pendant des décennies. Cela signifie que la banque centrale des États-Unis a été en mesure de créer de la monnaie fiduciaire à partir de rien dans une mesure bien supérieure à celle de toute autre banque centrale de la planète, tout en évitant les effets immédiats de l’hyperinflation.

Une grande partie de ces liquidités et des dettes libellées en dollars finissent dans les coffres des banques centrales étrangères, des banques internationales et des sociétés d’investissement. Elles sont parfois détenues à titre de couverture, ou achetées et vendues pour ajuster les taux de change des monnaies locales. Pas moins de 60 % de l’ensemble de la monnaie américaine (et 25 % de la dette publique américaine) sont détenus en dehors des États-Unis. Le statut de monnaie de réserve mondiale est ce qui a permis au gouvernement américain et à la Fed de créer des dizaines de milliers de milliards de dollars de nouvelle monnaie après le krach du crédit de 2008, tout en gardant l’inflation plus ou moins sous contrôle. Le problème est que ce système de stockage de dollars à l’étranger ne dure qu’un temps et que les effets de la surimpression finissent par se faire sentir.

Les accords de Bretton-Woods de 1944 ont établi le cadre de la montée en puissance du dollar américain. Si les avantages sont évidents, en particulier pour les États-Unis, les coûts sont nombreux. Considérez le statut de réserve mondiale comme un « pacte avec le diable ». Vous obtenez la célébrité, la fortune, les rendez-vous galants et une belle voiture — pendant un certain temps. Puis, un jour, le diable vient vous chercher, et lorsqu’il le fera, il vous prendra tout, y compris votre âme. Malheureusement, je pense que l’heure de la collecte va bientôt sonner aux États-Unis. Elle pourrait prendre la forme d’un tout nouveau système de type Bretton Woods qui supprimerait le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale et le remplacerait par un nouveau système de panier numérique (quelque chose comme les droits de tirage spéciaux [DTS] du Fonds monétaire international [FMI]).

Les banques mondiales admettent essentiellement qu’elles prévoient une refonte complète du monde financier basé sur le dollar et la création d’un système axé sur la monnaie numérique de banque centrale (CBDC) construit sur des « grands livres unifiés ». Trois événements récents, tous annoncés successivement, suggèrent que le remplacement du dollar est imminent. Et par « imminent », j’entends avant la fin de cette décennie.

La plateforme XC du FMI : Une politique centralisée pour les CBDC

La plateforme XC du FMI a été publiée en tant que modèle théorique en novembre 2022 et correspond étroitement au concept de DTS mondial dont il est question depuis longtemps, sauf que dans ce cas, elle réunirait toutes les CBDC sous un même toit, ainsi que les « anciennes monnaies » (le dollar, l’euro, etc.).

XC est présenté comme une structure politique destinée à faciliter les paiements transfrontaliers en CBDC pour les gouvernements et les banques centrales. Bien entendu, le FMI devient l’intermédiaire qui contrôle le flux des transactions numériques. Le FMI suggère que la plateforme XC faciliterait la transition des anciennes monnaies vers les CBDC pour les différents pays concernés.

Comme l’a noté le FMI lors d’une discussion sur les grands livres centralisés en 2023 :

« Nous pourrions nous retrouver dans un monde où nous avons des entités connectées dans une certaine mesure, mais où certaines entités et certains pays sont exclus. En tant qu’institution mondiale et multilatérale, nous visons en quelque sorte à fournir une connectivité de base, un ensemble de règles et une gouvernance de base qui soient véritablement multilatéraux et inclusifs. Je pense donc que l’ambition est de viser une innovation qui soit compatible avec les objectifs politiques et qui soit inclusive par rapport à l’ensemble des membres du FMI, par exemple. »

En d’autres termes, les systèmes décentralisés sont mauvais.
« L’inclusivité » (le collectivisme) est une bonne chose.
Et le FMI veut travailler en tandem avec d’autres institutions mondialistes pour être les « facilitateurs » (contrôleurs) de ce collectivisme économique.

Le grand livre universel de la Banque des règlements internationaux (BRI)

Pas plus d’un jour après que le FMI ait annoncé les objectifs de sa plateforme XC, la BRI a annoncé son projet de registre unique pour toutes les CBDC, appelé « BIS Universal Ledger » (« Grand livre universel de la BRI »). La BRI précise que le projet vise à inspirer la confiance dans les monnaies numériques des banques centrales tout en surmontant la fragmentation des efforts actuels de tokenisation1.

Alors que le FMI se concentre sur le contrôle de la politique internationale, la BRI s’occupe des aspects techniques de la mondialisation des CBDC. Les deux organisations indiquent clairement dans leurs livres blancs qu’une société sans numéraire est en fait le but final et que les transactions numériques doivent être contrôlées par une entité centralisée afin de garder l’argent « sécurisé ».

Comme l’explique la BRI dans sa présentation détaillée des grands livres unifiés :

« Aujourd’hui, le système monétaire se trouve à l’aube d’un nouveau bond en avant. Après la dématérialisation et la numérisation, le développement clé est la tokenisation1 — le processus de représentation numérique des créances sur une plateforme programmable. Elle peut être considérée comme la prochaine étape logique de l’enregistrement numérique et du transfert d’actifs…

Le plan d’action envisage de réunir ces éléments dans un nouveau type d’infrastructure des marchés financiers (IMF) — un “grand livre unifié”. Les avantages de la tokenisation pourraient être pleinement exploités dans un grand livre unifié en raison de la finalité du règlement qui découle du fait que la monnaie de la banque centrale réside au même endroit que les autres créances. En s’appuyant sur la confiance dans la banque centrale, un lieu partagé de ce type a un grand potentiel pour améliorer le système monétaire et financier. »

La BRI fait trois grandes affirmations dans son programme :

— Premièrement, la numérisation de l’argent est inévitable. L’argent liquide va disparaître principalement parce qu’il facilite le déplacement de l’argent, et les cryptomonnaies existantes sont « un système défectueux qui ne peut pas assumer le manteau de l’avenir de l’argent ».

— Deuxièmement, nos méthodes de paiement décentralisées actuelles sont inacceptables parce qu’elles sont « risquées ». Seules les banques centrales sont suffisamment qualifiées et « dignes de confiance » pour servir de médiateur dans l’échange d’argent.

— Troisièmement, l’utilisation des grands livres unifiés est largement conçue pour suivre et tracer, voire enquêter sur toutes les transactions (pour le bien public, bien sûr).

Le système de la BRI traite beaucoup plus du domaine des transactions privées que l’exemple du FMI. Il constitue le fondement technique de la centralisation de toutes les CBDC, régies en partie par la BRI et le FMI, et son utilisation devrait se généraliser au cours des deux prochaines années.

Plusieurs pays testent déjà aujourd’hui le grand livre de la BRI. Il est important de comprendre que celui qui agit en tant qu’intermédiaire dans les échanges monétaires mondiaux détiendra tout le pouvoir, tant sur les gouvernements que sur leurs citoyens. En d’autres termes, celui qui contrôle le grand livre unifié contrôle également tout l’argent du monde.

Si chaque mouvement de richesse est contrôlé, depuis le transfert de milliards entre gouvernements jusqu’au paiement de vos achats de nourriture et d’essence, chaque transaction peut être rejetée. Votre accès à la nourriture et au carburant dépendrait des caprices de l’observateur. Celui-ci pourrait même ne pas être humain… Historiquement, un contrôle aussi granulaire des transactions individuelles n’a jamais été possible. Les chiffres varient, mais l’Américain moyen effectue actuellement 39 à 70 transactions par mois, soit 1 à 2 par jour. Le développement de l’IA permet d’évaluer et d’analyser des quantités massives de données en temps réel et de développer des profils très détaillés d’individus simplement sur la base de leurs achats… Et, bien sûr, d’identifier et de prévenir les comportements d’achat antisociaux en temps réel.

Le projet transfrontalier SWIFT (une autre façon de contrôler des nations entières)

Comme nous l’avons vu avec la tentative d’utiliser le réseau de paiement SWIFT comme une matraque contre la Russie, il existe un motif évident pour les mondialistes de contrôler un centre de transactions à grande échelle et à grande vitesse. Là encore, il s’agit de centralisation, et quiconque contrôle la plateforme a les moyens de contrôler le commerce… jusqu’à un certain point. L’exclusion de la Russie de SWIFT n’a pas fonctionné, n’est-ce pas ?

L’économie russe n’a subi que des dommages minimes, précisément parce qu’il existe d’autres méthodes de transfert d’argent entre les nations pour maintenir le flux des échanges commerciaux. Toutefois, sous un parapluie monétaire mondial basé sur les CBDC, il serait impossible pour un pays de travailler en dehors des limites. Il ne s’agit pas seulement de faciliter l’exclusion d’un pays du réseau, il s’agit aussi d’avoir le pouvoir de bloquer immédiatement le transfert de fonds à l’extrémité réceptrice de l’échange (comme dans l’exemple ci-dessus).

Tout fonds provenant de n’importe quelle source pourrait être intercepté avant d’atteindre son destinataire. Une fois que les gouvernements seront complètement sous la coupe d’un système monétaire centralisé, d’un grand livre de comptes centralisé et d’un centre d’échange centralisé, ils ne pourront jamais s’en échapper. Ce contrôle se répercutera inévitablement sur l’ensemble de la population.

Cela vous paraît-il insensé ? Voici ce qui est vraiment effrayant : la grande majorité des pays adhèrent à ce programme ! La Chine est la plus désireuse de rejoindre le système monétaire mondial. La Russie fait toujours partie de la BRI, mais son implication dans les CBDC n’est pas encore claire. Le fait est qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les BRICS s’opposent au nouvel ordre monétaire. Cela n’arrivera pas.

Les CBDC mettent automatiquement fin au statut de monnaie de réserve mondiale du dollar

Quel est donc le rapport entre tous ces projets mondialistes et les CBDC, d’une part, et le dollar, d’autre part ? La réponse est simple : un système unifié de CBDC exclut le dollar de la réserve mondiale : un système unifié de CBDC exclut totalement la nécessité ou l’utilité d’une monnaie de réserve mondiale.

Le modèle du grand livre unifié prend toutes les CBDC et les homogénéise en un pool de liquidités, chaque CBDC acquérant des caractéristiques similaires sur une courte période. Les avantages du dollar disparaissent dans ce scénario. La valeur de toutes les monnaies devient relative à l’intermédiaire. En d’autres termes, le FMI, la BRI et d’autres institutions apparentées dictent les propriétés des CBDC et il n’y a donc aucun aspect distinctif d’une CBDC individuelle qui la rende plus précieuse que les autres.

Bien sûr, certains pays pourraient être en mesure de séparer leur monnaie jusqu’à un certain point grâce à une production ou une technologie supérieure. Mais l’ancien modèle consistant à disposer d’une grande armée pour soutenir sa monnaie est mort. Toutes les monnaies du monde, du dollar au ringgit malaisien, ne seraient plus que des lignes sur le grand livre universel.

Les mondialistes finiront par avancer deux arguments prévisibles :

1) Une monnaie de réserve mondiale sous le contrôle d’une seule nation est injuste et nous, banquiers mondiaux, devons rendre le système « plus égalitaire ».

2) Pourquoi avoir une monnaie de réserve puisque toutes les transactions sont de toute façon modérées par notre grand livre ? Le dollar n’est pas meilleur pour le commerce international que n’importe quelle autre CBDC, n’est-ce pas ?

Enfin, le dollar doit mourir parce qu’il fait partie intégrante de l’« Ancien Monde » des échanges matériels. Souvenez-vous qu’à l’origine, le dollar était défini comme « trois cent soixante et onze grains2 et quatre seizièmes d’un grain d’argent pur ». Les actifs tangibles tels que les métaux précieux physiques n’ont pas leur place dans l’avenir purement numérique envisagé par les mondialistes.

Les mondialistes souhaitent une société sans argent liquide parce qu’elle est facilement contrôlable. Pensez aux fermetures lors de la Covid — s’ils avaient eu un système sans argent en place à l’époque, ils auraient obtenu tout ce qu’ils voulaient. Vous refusez le vaccin expérimental ? Nous fermerons simplement vos comptes numériques et nous vous affamerons pour que vous acceptiez. Sans argent physique, vous n’avez pas d’autre choix, à moins que vous n’envisagiez de vivre entièrement de la terre et de troquer des biens et des services (un mode de vie auquel la plupart des habitants du premier monde ont besoin de beaucoup de temps pour s’habituer).

[NDLR C’est pour éviter même cela que le Forum Économique Mondial pousse à la fin de la propriété privée. Et pour y parvenir, il suffit d’augmenter progressivement les normes de plus en plus intenables pour les propriétaires, ainsi que les taxes foncières.]

Je pense qu’un pourcentage important de la population américaine résisterait à une société sans argent liquide, mais en attendant, il faut toujours faire face à l’inévitabilité d’un effondrement du dollar. Les organisations mondialistes poussent les CBDC à devenir actives très rapidement, ce qui, ajouté aux grands livres centralisés, détrônera le dollar. Cela signifie que les milliers de milliards de billets verts détenus à l’étranger commenceront à affluer en Amérique d’un seul coup, provoquant un désastre inflationniste historique. Exactement le genre de catastrophe qui pourrait convaincre la nation d’accepter une nouvelle monnaie numérique…

Même si notre pays a bénéficié par le passé du statut de monnaie de réserve mondiale, il souffrira tout autant de la disparition du dollar. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est absolument crucial de posséder des métaux précieux physiques. Les formes d’argent non traçables et non numériques comme l’or et l’argent seront encore plus prisées dans un avenir proche qu’elles ne le sont aujourd’hui.

[NDLR Il y a de fortes chances que la possession d’or et d’argent soit interdite lorsque le système des CDBC sera en place.]

Brandon Smith est analyste économique et géopolitique alternatif depuis 2006 et fondateur de Alt-Market.com.


1 NdT : la tokenisation est un processus visant à sécuriser des données grâce à la blockchain, une technologie cryptographique. L’utilisateur obtient un token, ou jeton en français. Celui-ci peut être échangé ou stocké, comme n’importe quel actif numérique.

2 Ancienne unité de mesure de masse — NDT




Le grand empoisonnement est l’une des causes du déclin économique des USA

[Source : @Cielvoile]

[Voir aussi :
Catherine Austin Fitts : « Nous construisons nous-mêmes les voies ferrées de la tyrannie. »
Selon Catherine Austin Fitts, « ils » préparent un coup d’État mondial en utilisant l’OMS et l’argent digital (CBDC)
Ce que planifient les banquiers centraux d’après Catherine Austin Fitts
Discours de Robert F. Kennedy, Jr. et de Catherine Austin Fitts à Milan, Italie le 13 novembre
Catherine Austin Fitts, ancien membre de l’administration Bush (père) : « Un virus magique pour un coup d’État parfait »
Catherine Austin Fitts: « Bientôt, vous devrez choisir entre 2 options: la LIBERTÉ ou L’ESCLAVAGE ! »
CBDC : Comment le COVID est devenu la voie de la surveillance financière mondiale
L’asservissement des peuples par le contrôle des ressources
Demander au gouvernement ou aux tribunaux ne permettra jamais d’obtenir la liberté: seule la désobéissance massive peut prévaloir
Mettre fin à la dictature des ultra-riches grâce à la révolution non violente
Il suffit que 3,5% d’une population soit mobilisée pour qu’une lutte non violente renverse un gouvernement]






Moscou est-elle prête pour le match ?

[Source : lesakerfrancophone.fr]

Par Douglas Macgregor — Le 23 avril 2024 — Source The American Conservative

Un principe de guerre veut qu’il soit toujours souhaitable de disposer d’un territoire ami au-delà de ses propres frontières ou de la capacité d’empêcher l’accumulation d’une puissance militaire significative en territoire neutre en vue d’une attaque contre son propre territoire. Lorsqu’ils n’avaient pas la puissance militaire nécessaire pour agir, les États-Unis ont promulgué la doctrine Monroe dans un but similaire.

Lorsque Moscou a envoyé des forces russes dans l’est de l’Ukraine en février 2022, elle l’a fait sans aucun plan de conquête ni intention de contrôler de manière permanente le territoire ukrainien. Comme l’ont souligné à l’époque les observateurs militaires occidentaux, la force russe qui est intervenue était bien trop petite et incapable d’accomplir une mission autre qu’une intervention limitée à une brève période. En conséquence, les observateurs occidentaux ont prédit que les forces russes seraient bientôt à court de munitions, d’équipements et de soldats.

La raison de l’engagement militaire limité de Moscou était pourtant évidente. À l’origine, Moscou recherchait la neutralité de l’Ukraine comme solution à l’hostilité de l’Ukraine envers la Russie et à sa coopération avec l’OTAN, et non l’asservissement ou la conquête d’un territoire. Moscou pensait, non sans raison, qu’un État-nation ukrainien neutre pourrait constituer un cordon sanitaire qui protégerait la Russie de l’OTAN et, en même temps, isolerait l’OTAN de la Russie.

Près de trois ans de financement pratiquement illimité par Washington, en armes modernes, et d’aide sous la forme d’une surveillance spatiale, de renseignements et de reconnaissance pour une guerre par procuration destinée à détruire la Russie ont rendu cette approche risible. L’aveu de la chancelière Merkel selon lequel les accords de Minsk parrainés par l’Occident étaient en réalité conçus pour permettre à l’Ukraine de gagner du temps afin de renforcer sa puissance militaire suffit à Moscou pour rejeter les promesses occidentales de respecter, et encore moins de faire respecter, la neutralité de l’Ukraine.

Interrogé le 19 janvier sur la possibilité de négocier avec Washington et l’OTAN, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré :

« Nous sommes prêts [à négocier]. Mais contrairement à l’histoire d’Istanbul, nous ne ferons pas de pause dans les hostilités pendant les négociations. Le processus doit se poursuivre. Deuxièmement, bien sûr, les réalités sur le terrain sont devenues différentes, très différentes. »

Que signifient les propos de M. Lavrov ?

En 1982, le maréchal Nikolaï Ogarkov, chef de l’état-major général soviétique, affirmait que le contrôle du Rhin déterminerait l’issue de toute guerre future avec l’OTAN en Europe centrale. Il ne fait guère de doute que les hauts responsables militaires russes ont déjà conclu que le contrôle du Dniepr par la Russie est essentiel pour la sécurité nationale russe.

Outre l’annexion de villes historiquement russes comme Odessa et Kharkiv, Moscou insistera presque certainement sur la création d’une zone démilitarisée moderne allant du Dniepr à la frontière orientale de l’OTAN, afin d’empêcher la réémergence d’une force militaire hostile dans l’ouest de l’Ukraine. On ne sait pas si les Polonais, les Hongrois ou les Biélorusses décideront d’engager avec Moscou des discussions sur les territoires ukrainiens ayant des liens historiques avec leurs pays, mais l’effondrement imminent de l’État et des forces armées ukrainiens influencera sans aucun doute ces discussions.

La stratégie de Washington à l’égard de Moscou, si l’on peut parler de stratégie, consistait à organiser des mesures coercitives avec l’ensemble de l’Alliance atlantique — économiques, diplomatiques et militaires — afin de porter un coup fatal à la Russie et de déstabiliser son gouvernement. L’approche irréaliste de Washington a échoué et c’est l’OTAN, le cadre de sa mise en œuvre, qui est aujourd’hui fatalement affaiblie, et non la Russie.

En conséquence, l’image publique de Washington a été gravement diminuée. La conviction de Washington qu’avec la puissance combinée du pouvoir scientifico-industriel de l’OTAN, il pourrait remporter une victoire stratégique sur la Russie en armant les Ukrainiens pour qu’ils fassent le combat à leur place s’est retournée contre elle. Comme FDR en 1939, qui s’attendait à ce que les Allemands finissent dans une impasse contre les armées anglo-françaises sur le modèle de la Première Guerre mondiale, Washington n’a pas envisagé la possibilité que l’Ukraine perde le combat.

Au cours des années 1930, FDR a été pris dans une spirale d’endettement liée aux dépenses des « intérêts spéciaux ». Au mépris de la logique et des moyens, il a opté pour une augmentation des dépenses fédérales jusqu’à ce qu’il se rende compte que cela ne fonctionnait pas. Avec le début de la guerre en Europe, FDR a vu l’opportunité de sortir la société américaine de la dépression en entraînant les États-Unis dans la guerre. Le plan de FDR a fonctionné. La Seconde Guerre mondiale a revigoré l’économie américaine et mis fin au chômage chronique. Dans le même temps, l’insularité physique des États-Unis a permis de maintenir les infrastructures et le peuple américains hors de portée de leurs ennemis.

Le président Biden et le Congrès se sont engagés dans une voie similaire aux conséquences profondes, mais aujourd’hui, les armes modernes horriblement destructrices rendent l’option de la guerre suicidaire. En d’autres termes, les problèmes du XXIe siècle ne peuvent être résolus avec des plans et des politiques du XXe siècle. Au lieu d’élaborer un autre faux récit pour justifier le financement d’un État ukrainien corrompu qui s’effondre, Washington et ses alliés devraient s’interroger sur la raison d’être d’une nouvelle et coûteuse guerre froide dirigée contre Moscou, Pékin, Téhéran et toute une série de pays dont la vision du monde diverge fortement de la nôtre.

Les écoles de commerce enseignent à leurs étudiants que les bonnes marques ont le pouvoir d’influencer la prise de décision et de créer des communautés de personnes partageant les mêmes idées. Les entreprises ne sont pas les seules à avoir besoin d’image de marque ; les pays en ont également besoin. Interrogé sur la capacité de Washington à faire face aux guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, le président Biden a déclaré :

« Nous sommes la nation la plus puissante du monde, dans l’histoire du monde. Nous pouvons nous occuper de ces deux [guerres]. »

Biden avait et a toujours tort. Les ressources de l’Amérique ne sont pas illimitées. Notre puissance est limitée.

En Europe, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine, la marque américaine a été endommagée. Les Américains ont besoin (et devraient exiger) que les hommes qui veulent devenir présidents analysent sobrement les faits. Ils devraient être contraints d’identifier les véritables intérêts nationaux des États-Unis ; un processus qui devrait également identifier les réalités politiques et culturelles qu’il n’appartient pas à Washington de changer.

Douglas Macgregor

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.




Trump a vendu sa base pour injecter 95 milliards de dollars à l’Ukraine et à Israël

[Source : unz.com]

Par Mike Whitney — 21 avril 2024

« L’Amérique en dernier. L’Amérique en dernier. C’est tout ce que c’est. L’Amérique en dernier, chaque jour. »

Représentante Marjorie Taylor Greene

L’homme qui est le plus responsable du cadeau de 95 milliards de dollars à l’Ukraine et à Israël est celui-là même qui prétend s’opposer aux guerres étrangères « inutiles » de l’Amérique : Donald Trump. C’est Trump qui a consulté le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, sur le contenu du programme d’aide à l’Ukraine, tout comme c’est Trump qui a concocté l’idée d’accorder des prêts au lieu de distribuer l’aide sociale habituelle. C’est aussi Trump qui a dit :

« Je soutiens le président de la Chambre des représentants (Mike Johnson) », après quoi il a ajouté que M. Johnson faisait « un très bon travail ».

Un « bon travail » ??

Ainsi, collaborer secrètement avec les dirigeants démocrates pour faire passer un projet de loi qui « réautorise la FISA pour espionner le peuple américain sans mandat, (interdit Tik Tok), finance entièrement le DOJ de Joe Biden qui a inculpé le président Trump 91 fois, et donne à la Gestapo politique de Biden un tout nouveau bâtiment du FBI plus grand que le Pentagone », tout en ne fournissant pas un centime pour protéger la frontière sud des nuées de personnes entrant illégalement dans le pays, c’est faire du « bon travail » ?

La question que nous devrions tous nous poser est la suivante : pourquoi Trump a-t-il décidé de participer à cette escroquerie ? Il ne cesse de répéter que s’il était président, il mettrait fin à la guerre en Ukraine en un jour. S’il est sincère, pourquoi a-t-il collaboré à un projet de loi qui fera traîner la guerre pendant encore un an ou deux ? Ceci est tiré d’un message Twitter de l’analyste politique Michael Tracey :

Mission accomplie. C’est fait : Donald Trump et le House GOP viennent de réaliser l’une des escroqueries les plus épiques de l’histoire politique, Trump ayant personnellement procédé à la plus grande distribution de fonds pour l’Ukraine par l’intermédiaire de son émissaire, « MAGA Mike Johnson » (comme Trump l’appelle affectueusement). Les 61 milliards de dollars votés cet après-midi sont probablement suffisants pour soutenir la guerre de tranchées brutale et inutile pendant au moins un an ou deux. Tout cela après que les médias aient répété à l’envi que Trump et les Républicains MAGA subissaient un lavage de cerveau de la part de Poutine et qu’ils ne financeraient jamais l’Ukraine. Ce canular fondamental se poursuit, mais cette fois-ci, Trump était dans le coup (…)

Et la réponse de Luca Cabrilo :

Michael, vous avez raison à 100 %. Trump aurait pu à tout moment supprimer ce projet de loi monstrueux s’il l’avait voulu, mais il ne l’a pas fait. Il a même laissé MAGA Mike aller à la télévision et dire que lui et Trump sont « 100 % d’accord » sur le financement de l’Ukraine. Trump a baisé sa base sur ce point, il n’y a pas d’autre explication.

Michael Tracey à nouveau :

Il ne s’est pas contenté de « ne pas le supprimer », il en a personnellement facilité l’adoption.

Voici plus d’informations de la part de Tracey :

Le projet de loi, conçu après des consultations entre Mike Johnson et Trump, donne mystérieusement au président la possibilité de renoncer au prétendu « prêt » à l’Ukraine — immédiatement après les élections de novembre (…)

Et si ce n’est pas assez effronté pour vous, voici le piège : Les fonds pouvant faire l’objet d’une « remise de prêt » sont les apports budgétaires directs à l’Ukraine — c’est-à-dire l’argent qui sert à payer les salaires des fonctionnaires ukrainiens et ainsi de suite — et NON l’« aide » militaire, qui constitue la grande majorité du paquet. Ainsi, sur les 61 milliards de dollars alloués à l’Ukraine, seuls 8 milliards de dollars sont *éligibles* à une « annulation de prêt » selon les termes de ce projet de loi gargantuesque. Et même ce montant n’était qu’un faux « prêt » au départ — il n’a jamais été question de le rembourser ! Voilà donc le dernier coup de bambou de Trump/Johnson, alors que le GOP de la Chambre des représentants s’apprête à faire passer la plus grande infusion de dollars des contribuables américains à l’Ukraine, et de loin, depuis le début de la guerre. Tout cela avec la bénédiction de Trump, comme Johnson l’a clairement indiqué. Pour souligner son étroite collaboration avec Trump, Johnson a passé ces derniers jours à faire le tour de divers médias conservateurs, vantant l’inclusion du « concept de prêt » de Trump dans le projet de loi.

Tout cela n’est qu’un vaste jeu de dupes auquel Trump se prête pour améliorer ses perspectives politiques. Comment expliquer autrement sa performance dans cette triste mascarade ?

Trump sait manifestement que son retour à la Maison-Blanche nécessitera un compromis important avec les faucons de la sécurité nationale et les sionistes qui dirigent le gouvernement. Nous ne devrions donc pas être trop surpris qu’il essaie de les amadouer maintenant. Mais pour ceux qui pensaient que Trump était un franc-tireur, cela doit leur ouvrir les yeux. Ils pensaient qu’on pouvait lui faire confiance, mais il est maintenant évident qu’il n’est qu’un autre imposteur du Beltway1 qui essaie de s’attirer les faveurs de l’élite du pouvoir de Washington afin d’enfoncer son pauvre cul dans le [fauteuil du] bureau ovale. Voici plus d’informations de la part de Tracey :

Désolé d’être un « disque rayé », mais l’« éléphant dans la pièce » est ici véritablement Donald J. Trump. (…) Trump a même averti directement la députée Marjorie Taylor Greene de ne pas évincer Johnson, lors de leur conférence de presse commune à Mar-a-Lago le vendredi 12 avril dernier — juste avant que Johnson ne dévoile sa stratégie de financement de la guerre, pour laquelle il déclare fièrement avoir obtenu l’aval de Trump. Le projet de loi contient même la demande répétée de Trump de structurer le financement de l’Ukraine comme un soi-disant « prêt » ! Johnson proclame que lui et Trump sont « cent pour cent unis » sur tout cela (citation directe) (…)

Trump a utilisé son vaste capital politique en tant que triple candidat républicain à la présidence pour s’assurer que le système politique américain se mobilise en parfaite harmonie pour débloquer 100 milliards de dollars de financement pour une guerre sans fin.

Si Trump est prêt à jouer un tel rôle de duplicité pour assurer le financement des guerres perpétuelles du MIC2, alors pourquoi diable un conservateur au sang rouge voterait-il pour lui ?

L’une des rares personnes à avoir agi honorablement dans ce fiasco est la représentante Marjorie Taylor Greene, qui est manifestement l’un des rares membres du Congrès à se soucier véritablement du peuple américain. Mme Greene a prononcé un discours épique à la Chambre des représentants hier, à la suite du vote sur le programme d’aide à l’Ukraine. Naturellement, sa présentation sincère n’est apparue nulle part dans les médias vendus, c’est pourquoi j’ai transcrit l’essentiel de ce qu’elle a dit ci-dessous. Cela vaut la peine d’y consacrer du temps :

(…) Le contribuable américain a déjà envoyé 113 milliards de dollars à l’Ukraine, et une grande partie de cet argent n’est pas comptabilisée. C’est un exemple de modèle commercial malade que le gouvernement américain veut perpétuer (…) Le Congrès vote des fonds pour des guerres à l’étranger que le peuple américain ne soutient pas (…) Le peuple américain ne soutient pas un modèle économique fondé sur le sang, le meurtre et la guerre dans des pays étrangers, alors que le gouvernement ne fait rien pour sécuriser nos frontières.

Le peuple américain est endetté à hauteur de 34 000 milliards de dollars et la dette augmente de 40 milliards de dollars chaque nuit pendant que nous dormons tous. Mais rien n’est fait pour sécuriser nos frontières ou réduire notre dette. L’inflation continue d’augmenter chaque jour et les Américains peuvent à peine se permettre de payer leurs factures d’épicerie, de mettre de l’essence dans leur voiture et de payer leur loyer. De plus, les paiements hypothécaires moyens s’élèvent aujourd’hui à plus de 3 000 dollars, alors qu’ils n’étaient que de 1 700 dollars il y a trois ans. Les jeunes Américains ne pensent pas pouvoir un jour acheter une maison et pourtant, aujourd’hui, ce Congrès pense que la chose la plus importante à faire est d’envoyer 61 milliards de dollars supplémentaires pour la guerre en Ukraine que le peuple américain — à 70 % — ne soutient pas !

(…) Mais aujourd’hui, la chose la plus importante que ce corps pense que nous devrions faire n’est pas de réduire les dépenses, ou de faire baisser l’inflation, ou de sécuriser notre propre frontière qui est envahie chaque jour par des gens de plus de 160 pays différents (…) Nous avons plus de 1,8 million de « laissés-pour-compte » et nous ne savons pas qui sont ces gens… et pourtant, nous avons des gens dans ce même congrès qui « parlent fort » en disant, « Nous devons vaincre la Russie. Oh, nous devons protéger l’Ukraine ! » et pourtant, vous êtes tous réticents à protéger les citoyens américains qui paient votre salaire, qui paient pour que les lumières restent allumées et qui paient pour que le gouvernement fédéral fonctionne. Et pour quoi faire ?

Pour rien ! L’Ukraine n’est même pas membre de l’OTAN, mais tout ce que vous entendez à Washington DC, c’est « Oh, nous devons continuer à dépenser l’argent durement gagné par les contribuables américains pour continuer à assassiner des Ukrainiens afin d’anéantir toute une génération de jeunes hommes, de sorte qu’il y ait des milliers de veuves et d’orphelins sans père, et qu’il n’y ait pas assez d’hommes pour travailler dans leurs industries. » Oh, mais vous soutenez vraiment l’Ukraine (sarcasme) ! Quel genre de soutien est-ce là ? C’est répugnant !

Honte au gouvernement américain ! Honte au gouvernement américain ! Si nous voulons soutenir notre armée, alors soutenons-la. Nous devrions renforcer nos armes et nos munitions, et non les envoyer dans des pays étrangers pour tuer des étrangers.

Et si cet organe était ce qu’il prétend être, chacun d’entre nous demanderait la paix en Ukraine, la paix pour ces gens, afin qu’ils ne meurent plus. Mais on n’entend jamais personne réclamer la paix. Non, non, non. La paix est la dernière chose que veut Washington, car elle ne correspond pas à son modèle économique. Il s’agit d’un modèle commercial qui, selon eux, construit l’économie américaine et protège les emplois américains. Quel modèle commercial dégoûtant ! Nous devrions avoir un modèle commercial qui développe nos entreprises américaines et les emplois américains pour servir les intérêts américains, et notre armée et notre gouvernement devraient se soucier de protéger la sécurité nationale des États-Unis d’Amérique et des Américains qui paient leurs impôts durement gagnés pour financer tout cela.

L’Amérique en dernier. L’Amérique en dernier. C’est tout ce dont il s’agit. L’Amérique en dernier, chaque jour.

Représentante Marjorie Taylor Greene

Bravo3, Marjorie Taylor Greene. Vous parlez au nom de beaucoup d’entre nous.


1 Littéralement, le périphérique qui entoure une ville. « Inside the Beltway » ou « the Beltway » est une expression souvent utilisée pour désigner les institutions politiques et médiatiques de Washington, ainsi que les personnes et les organisations qui sont étroitement liées au gouvernement fédéral — NDT.

2 Military Industrial Complex (Complexe militaro-industriel) — NDT.

3 En français dans le texte — NDT.




La dette ukrainienne est un « braquage » international

[Source : geopolintel.fr via RI]

La créance de l’Ukraine est représentée par le « Groupe des créanciers de l’Ukraine » composée du Canada, de la France, de l’Allemagne, du Japon, du Royaume-Uni et les États-Unis d’Amérique. Parmi les observateurs du Groupe figurent l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Brésil, le Danemark, la Finlande, l’Irlande, Israël, l’Italie, la Corée, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne, la Suède et la Suisse.

L’aide cumulée promise par les États-Unis, l’UE et les autres partenaires s’élève à 242 milliards d’euros, dont 128 milliards d’euros d’aide financière, 16 milliards d’euros d’aide humanitaire et 98 milliards d’euros d’aide militaire.

[Voir aussi :
95 milliards d’aides votés à l’Ukraine et Israël : trahison ou fin du romantisme trumpiste ?
https://www.egaliteetreconciliation.fr/95-milliards-d-aides-votes-a-l-Ukraine-et-Israel-trahison-ou-fin-du-romantisme-trumpiste-75501.html]

Le FMI a estimé que l’économie de l’Ukraine s’est contractée de plus de 30 % de son PIB. Sans l’aide financière du FMI et des pays occidentaux, il n’y aurait plus de ressource non pas pour la guerre, mais pour assurer le fonctionnement des infrastructures. Zelensky clamait qu’il avait besoin de 7 milliards de dollars par mois sans que nous sachions où passait tout cet argent qui probablement est blanchi en partie dans des institutions off shore.
Quand un pays possède une dette qui pèse trois fois son PIB, ce n’est plus une question de survie, c’est un braquage en bonne et due forme au profit de la maffia internationale.

Si la guerre continue jusqu’en 2025, la contraction de l’économie ukrainienne représentera 100 % de son PIB. Ces prévisions n’ont aucun impact sur les politiques de financement des créanciers de l’Ukraine, au contraire, ils ont décidé d’augmenter l’aide militaire avec les accords bilatéraux qui coûtent 3 milliards supplémentaires à la France.
Comme toujours, et en se demandant si les experts économiques sont formés à Bercy sous l’autorité de Bruno Le Maire, qui a réussi l’exploit de fortifier l’économie russe, l’aide internationale va continuer à soutenir l’endettement ukrainien.

Selon le FMI, le gouvernement ukrainien a un déficit de financement de 114 milliards de dollars pour la période 2023-2027.
Et pourtant personne ne se demande jusqu’où peut aller cette folie.
Selon la Banque mondiale, les coûts de la reconstruction de l’Ukraine sont estimés à 411 milliards de dollars, c’est à dire très loin dans le délire économique avec comme finalité de faire de l’Ukraine le premier pays privatisé au monde.

Si Trump gagne les élections de 2024, il pourrait mettre fin au soutien des États-Unis à l’Ukraine, ce qui placerait l’UE devant une charge trop lourde pour sa propre économie.
Le scénario le plus probable sera que l’Europe coulera avec l’Ukraine.

Déclaration du groupe des créanciers de l’Ukraine

Rédigé par DG Trésor — Publié le 21 décembre 2023

Les représentants du Groupe des créanciers de l’Ukraine (GCU) et le gouvernement ukrainien ont signé le 21 décembre 2023 un amendement au protocole d’accord sur la suspension du service de la dette de l’Ukraine conclu le 14 septembre 2022.

Cet amendement prolonge la suspension du service de la dette jusqu’à la fin du mois de mars 2027, ce qui correspond à la fin du programme actuel du FMI. Il vise à mettre en œuvre la première phase des assurances de financement fournies par l’UGC le 24 mars 2023 pour soutenir l’approbation du programme par le Conseil d’administration du FMI.

Les représentants de l’UGC saisissent cette occasion pour réitérer leur soutien indéfectible à l’Ukraine qui se défend contre la guerre d’agression de la Russie.

Le Groupe se félicite également des mesures et des réformes mises en œuvre par le gouvernement ukrainien dans le cadre du programme actuel du FMI et en dehors de celui-ci, afin de faire face aux conséquences économiques et financières de la guerre.

Le groupe salue également les mesures et les réformes mises en œuvre par le gouvernement ukrainien dans le cadre du programme actuel du FMI et en dehors de celui-ci, afin de remédier aux conséquences économiques et financières de la guerre.

Le GCU demande instamment à tous les autres créanciers officiels de parvenir rapidement à un accord avec l’Ukraine sur un traitement de la dette au moins aussi favorable. Le GCU encourage les créanciers privés externes de l’Ukraine, en particulier les détenteurs d’obligations, à fournir le traitement de la dette le plus approprié avant la fin de la suspension du service de la dette qu’ils ont accordée en août 2022.

Le Groupe continuera à coordonner étroitement et à évaluer la situation avec le soutien du FMI, de la Banque mondiale et de toute autre institution concernée.




L’américanisation de la France : le plan Marshall réexaminé

[Source : investigaction.net]

Par Jacques R. Pauwels

Réflexions inspirées par le nouveau livre d’Annie Lacroix-Riz, Les origines du plan Marshall : Le mythe de « l’aide » américaine, Armand Colin, Malakoff, 2023.

L’été dernier, alors que je me rendais en voiture de Paris à Nice en traversant ce que les Parisiens appellent « la France profonde », je n’ai pu m’empêcher de constater à quel point la France s’est américanisée. Les paysages de Bourgogne et de Provence sont toujours aussi beaux, et les vieilles villes sont toujours aussi pittoresques, mais on y pénètre désormais en empruntant des allées bordées de stations essence et de fast-foods distribuant de la « malbouffe », de concessionnaires automobiles et de centres commerciaux où l’on trouve exactement les mêmes enseignes que dans les centres commerciaux situés de l’autre côté de l’Atlantique, avec, en plus de la musique diffusée, non pas d’Édith Piaf, mais de Taylor Swift. J’étais motivé pour en savoir plus sur le pourquoi, le quand et le comment de cette « coca-colonisation » de la France et, comme par hasard, j’ai trouvé la réponse dans un livre qui venait d’être publié. Un livre écrit par l’historienne franc-tireur Annie Lacroix-Riz, auteur de pas mal d’autres opus remarquables, et dont le titre promet d’éclaircir les origines du fameux Plan Marshall de 1947.

L’histoire des États-Unis regorge de mythes, comme celui qui veut que la conquête du Far West ait été une entreprise héroïque, que le pays se soit battu pendant la Première Guerre mondiale pour la démocratie, et que la bombe d’Oppenheimer ait anéanti plus de 100 000 personnes à Hiroshima pour forcer Tokyo à se rendre, sauvant ainsi vraisemblablement la vie d’innombrables civils japonais et de soldats américains. Un autre mythe encore concerne l’« aide » américaine à l’Europe dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, incarnée par le « programme de redressement européen », mieux connu sous le nom de plan Marshall, car c’est George C. Marshall, ancien chef d’état-major de l’armée et secrétaire d’État de l’administration Truman, qui a officiellement lancé le projet dans un discours prononcé à l’université de Harvard le 5 juin 1947.

Le mythe du plan Marshall, qui s’est répandu presque instantanément, veut qu’après avoir vaincu les méchants nazis, alors qu’il était sans doute plus ou moins seul et se préparait à rentrer chez lui pour s’occuper de ses propres affaires, l’Oncle Sam a soudain réalisé que les infortunés Européens, épuisés par six années de guerre, avaient besoin de son aide pour se remettre sur pied. La Grande-Bretagne, la France et les autres pays d’Europe occidentale l’ont accepté avec empressement et l’ont utilisé pour renouer non seulement avec la prospérité, mais aussi avec la démocratie.

L’« aide » dispensée sous les auspices du plan Marshall était donc censée être un don d’argent gratuit. Cependant, on sait depuis longtemps que les choses n’étaient pas si simples, que le plan visait à conquérir le marché européen pour les produits d’exportation et les capitaux d’investissement américains, et qu’il servait également des objectifs politiques, à savoir empêcher les nationalisations et contrer l’influence soviétique1. Malgré cela, le mythe du plan Marshall est entretenu par les autorités, les universitaires et les grands médias des deux côtés de l’Atlantique, comme en témoigne la suggestion récente selon laquelle l’Ukraine et d’autres pays qui se trouvent également dans une situation économique difficile ont besoin d’un nouveau plan Marshall2.

D’autre part, des recherches historiques critiques révèlent la nature illusoire du mythe tissé autour du plan Marshall. L’année dernière, l’historienne française Annie Lacroix-Riz a réalisé une telle enquête, en se concentrant sur les antécédents du plan, et si son livre se concentre à juste titre sur le cas de la France, il est également extrêmement utile pour comprendre comment d’autres pays européens, de la Grande-Bretagne à l’Allemagne (de l’Ouest) en passant par la Belgique, sont devenus les bénéficiaires de ce type d’« aide » américaine.

Le livre de Lacroix-Riz a le mérite d’inscrire le plan Marshall dans la longue durée, c’est-à-dire de l’expliquer non pas comme une sorte de singularité post-Seconde Guerre mondiale, mais comme un élément d’un développement historique de longue durée, à savoir l’expansion mondiale de l’industrie et de la finance américaines, autrement dit l’émergence et l’expansion de l’impérialisme américain. On peut dire que cette évolution a commencé à la toute fin du XIXe siècle, lorsque l’Oncle Sam a conquis Hawaï en 1893, puis, par le biais d’une « splendide petite guerre » menée contre l’Espagne en 1898, a mis la main sur Cuba, Porto Rico et les Philippines. La finance, l’industrie et le commerce américains, en d’autres termes : le capitalisme américain étend ainsi ses activités lucratives aux Caraïbes, au Pacifique et à l’Extrême-Orient. L’accès privilégié aux ressources et aux marchés de ces territoires lointains, en plus de ceux du marché intérieur déjà gigantesque, a fait des États-Unis l’une des plus grandes puissances industrielles du monde, capable de défier même la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France. Mais il se trouve que les grandes puissances européennes se sont également développées à l’échelle mondiale, c’est-à-dire qu’elles sont devenues « impérialistes », principalement en ajoutant de nouveaux territoires à leurs portefeuilles de possessions coloniales existants. Les puissances impérialistes sont donc devenues de plus en plus concurrentes, rivales, antagonistes ou alliées dans une course impitoyable à la suprématie impérialiste, alimentée idéologiquement par les idées sociales-darwinistes dominantes de « lutte pour la survie ».

Cette situation a conduit à la Grande Guerre de 1914-1918. Les États-Unis interviennent dans ce conflit, mais assez tardivement, en 1917, et ce pour deux raisons importantes : d’une part, éviter que la Grande-Bretagne ne soit vaincue et ne puisse ainsi rembourser les sommes considérables qu’elle avait empruntées aux banques américaines pour s’approvisionner auprès des industriels américains ; d’autre part, faire partie des vainqueurs impérialistes qui pourraient revendiquer une part du butin, y compris l’accès au gigantesque marché et aux vastes ressources de la Chine3.

La Grande Guerre a été une aubaine pour l’économie américaine, car le commerce avec les alliés s’est avéré immensément rentable. La guerre a également poussé la Grande-Bretagne à retirer la plupart de ses investissements d’Amérique latine, ce qui a permis à l’Oncle Sam de pénétrer ces pays sur le plan économique et de les dominer politiquement, réalisant ainsi une ambition américaine formulée environ un siècle plus tôt dans la Doctrine Monroe de 1823. Les États-Unis avaient de plus en plus besoin de nouveaux marchés pour leurs produits — et pour leur stock croissant de capital d’investissement — parce que leur industrie était devenue super-productive grâce à l’introduction des techniques dites fordistes, c’est-à-dire le système de production de masse inauguré par Henry Ford dans ses usines automobiles, incarné par la chaîne de montage. Le capitalisme américain bénéficiait désormais de l’énorme avantage des « économies d’échelle », c’est-à-dire de coûts de production inférieurs grâce à leur taille4, ce qui signifiait que les industriels américains étaient désormais en mesure de surpasser leurs concurrents sur un marché libre. C’est pour cette raison que le gouvernement américain, qui s’était systématiquement appuyé sur des politiques protectionnistes au 19e siècle, lorsque l’industrie du pays était encore balbutiante, s’est transformé en un apôtre enthousiaste du libre-échange, recherchant énergiquement et systématiquement des « portes ouvertes » pour ses exportations dans le monde entier.

Toutefois, dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale, la productivité industrielle a également augmenté ailleurs, ce qui a conduit à une surproduction et a finalement déclenché une crise économique mondiale, connue aux États-Unis sous le nom de Grande Dépression. Toutes les grandes puissances industrielles ont cherché à protéger leur propre industrie en érigeant des barrières sur les droits d’importation, créant ainsi ce que les hommes d’affaires américains détestaient, à savoir des « économies fermées », comprenant non seulement les économies des « mères patries », mais aussi celles de leurs possessions coloniales, dont les marchés et les richesses minérales auraient pu être mis à la disposition de l’Oncle Sam par le biais du libre-échange. Au grand dam de l’Amérique, la Grande-Bretagne a donc introduit dans son empire un système très protectionniste, appelé « préférence impériale ». Avec le Smoot-Hawley Tariff Act de 1930, les États-Unis ont également cherché à protéger leur propre industrie en imposant des droits de douane élevés.

Dans la nuit noire de la Grande Dépression, l’Oncle Sam ne perçoit qu’un seul rayon de lumière, celui de l’Allemagne. Dans les années 1920, les profits sans précédent générés par la Grande Guerre avaient permis à de nombreuses banques américaines et à des entreprises telles que Ford de lancer d’importants investissements dans ce pays5. Cette « offensive d’investissement » est rarement mentionnée dans les livres d’histoire, mais elle revêt une grande importance historique à deux égards : elle a marqué le début d’une expansion transatlantique du capitalisme américain et a déterminé que l’Allemagne allait servir de « tête de pont » européenne à l’impérialisme américain. Les capitalistes américains étaient ravis d’avoir choisi l’Allemagne lorsqu’il s’est avéré que, même dans le contexte de la Grande Dépression, leurs filiales pouvaient faire d’excellentes affaires dans le « Troisième Reich » grâce au programme de réarmement d’Hitler et à la guerre de conquête qui s’ensuivit, pour laquelle des entreprises telles que Ford et Standard Oil fournissaient une grande partie de l’équipement — y compris des camions, des chars, des moteurs d’avion et des mitrailleuses — ainsi que du carburant6. [Sous le régime nazi d’Hitler, l’Allemagne était et est restée un pays capitaliste, comme l’ont souligné des historiens tels qu’Alan S. Milward, expert britannique de l’histoire économique du Troisième Reich7.

Les États-Unis n’avaient aucune envie d’entrer en guerre contre Hitler, qui s’avérait si « bon pour les affaires ». En 1941 encore, le pays n’envisageait aucune action militaire contre l’Allemagne et n’est entré en guerre contre le Troisième Reich, comme l’a dit un historien américain, qu’en raison de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor 8. Cependant, le conflit déclenché par Hitler a créé de fabuleuses opportunités pour les États-Unis d’ouvrir des « économies fermées » et de créer des « portes ouvertes » à la place. Dans le même temps, la guerre a permis à l’Oncle Sam de subjuguer économiquement, et même politiquement, certains concurrents majeurs dans la course à la suprématie des grandes puissances impérialistes, une course qui avait déclenché la Grande Guerre en 1914, mais qui est restée indécise lorsque ce conflit s’est terminé en 1918, et dont on peut donc dire qu’elle a déclenché une nouvelle guerre mondiale en 1939.

Le premier pays à avoir été transformé en vassal de l’Oncle Sam a été la Grande-Bretagne. Après la chute de la France à l’été 1940, lorsqu’elle s’est retrouvée seule face à la puissance terrifiante du Reich d’Hitler, l’ancien numéro un des puissances industrielles a dû se rendre aux États-Unis pour emprunter d’énormes sommes d’argent auprès des banques américaines et utiliser cet argent pour acheter des équipements et du carburant aux grandes entreprises américaines. Washington a accepté d’accorder une telle « aide » à la Grande-Bretagne dans le cadre d’un programme connu sous le nom de « Lend-Lease ». Toutefois, les prêts devaient être remboursés avec intérêts et étaient soumis à des conditions telles que l’abolition promise de la « préférence impériale », qui garantissait que la Grande-Bretagne et son empire cesseraient d’être une « économie fermée » et ouvriraient au contraire leurs portes aux produits d’exportation et aux capitaux d’investissement américains. Grâce au prêt-bail, la Grande-Bretagne devait devenir un « partenaire junior » des États-Unis, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan politique et militaire. Ou, comme le dit Annie Lacroix-Riz dans son nouveau livre, les prêts Lend-Lease accordés à la Grande-Bretagne ont marqué le début de la fin de l’Empire britannique9.

Cependant, l’Oncle Sam était déterminé à utiliser le libre-échange pour projeter son pouvoir économique et politique non seulement sur la Grande-Bretagne, mais aussi sur le plus grand nombre de pays possible10.

En juillet 1944, lors d’une conférence tenue dans la ville de Bretton Woods, dans le New Hampshire, pas moins de quarante-quatre nations, dont toutes celles qui se trouvaient dans une situation économique inconfortable à cause de la guerre et qui dépendaient donc de l’aide américaine, ont été amenées à adopter les principes d’un nouvel ordre économique mondial fondé sur le libre-échange. Les accords de Bretton Woods ont élevé le dollar au rang de « monnaie de réserve internationale » et ont créé les mécanismes institutionnels qui devaient mettre en pratique les principes de la nouvelle politique économique, en particulier le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, organisations internationales qui ont toujours été dominées par les États-Unis.

Dans son nouveau livre, Mme Lacroix-Riz fait souvent référence à la poursuite du libre-échange d’après-guerre par l’Oncle Sam en général, mais se concentre bien sûr sur le cas de la France, qui était un cas différent de celui de la Grande-Bretagne ou de la Belgique, par exemple. Pourquoi ? Après sa défaite en 1940, la France et son empire colonial sont restés longtemps sous l’autorité d’un gouvernement dirigé par le maréchal Pétain, installé dans la ville de Vichy, qui collaborait étroitement avec l’Allemagne nazie. L’administration Roosevelt reconnaîtra formellement ce régime comme le gouvernement légitime de la France et continuera à le faire même après l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne en décembre 1941 ; à l’inverse, FDR (Franklin Delano Roosevelt) refusera de reconnaître le gouvernement de la « France libre » de Charles de Gaulle exilé en Grande-Bretagne.

Ce n’est qu’après le débarquement des troupes américaines et britanniques en Afrique du Nord et l’occupation des colonies françaises à l’automne 1942 que les relations entre Washington et Vichy sont rompues, non par les premiers, mais par les seconds. Sous les auspices des Américains, désormais maîtres de facto des colonies françaises en Afrique du Nord, un gouvernement provisoire français, le Comité Français de Libération Nationale (CFLN), est établi à Alger en juin 1943 ; il reflète une fusion malaisée entre la France libre de de Gaulle et les autorités civiles et militaires françaises basées à Alger, autrefois fidèles à Pétain, mais désormais du côté des Alliés. Cependant, les Américains se sont arrangés pour qu’il soit dirigé non pas par de Gaulle, mais par le général François Darlan, un ancien pétainiste.

Darlan faisait partie des nombreux généraux et hauts fonctionnaires recyclés de Vichy qui, dès l’été 1941 ou à la fin de la bataille de Stalingrad, en janvier 1943, avaient compris que l’Allemagne allait perdre la guerre. Ils espéraient qu’une libération de la France par les Américains empêcherait la Résistance, dirigée par les communistes, de prendre le pouvoir et de mettre en œuvre des réformes sociales, économiques et politiques anticapitalistes radicales, voire révolutionnaires. Ces vichystes, représentants d’une bourgeoisie française qui s’était bien comportée sous Pétain, craignaient qu’« une révolution n’éclate dès que les Allemands se retireraient du territoire français » ; ils comptaient sur l’arrivée des Américains à temps « pour empêcher le communisme de s’emparer du pays » et se réjouissaient de voir les États-Unis remplacer l’Allemagne nazie en tant que « tuteur » de la France et protecteur de leurs intérêts de classe11. Inversement, les Américains ont bien compris que ces anciens pétainistes seraient des partenaires agréables. Ils ont ignoré ou pardonné les fautes commises par ces derniers en tant que collaborateurs, les ont affublés de l’épithète respectable de « conservateurs » ou « libéraux », et se sont arrangés pour qu’ils soient placés à des postes de pouvoir plutôt que des gaullistes ou d’autres chefs de la Résistance.

La « nomination » de Darlan par les Américains a porté ses fruits presque immédiatement, à savoir le 25 septembre 1943, lorsque le gouvernement provisoire français a signé un accord de prêt-bail avec les États-Unis. Les conditions de cet accord étaient similaires à celles attachées au prêt-bail avec la Grande-Bretagne et à celles qui allaient être consacrées un an plus tard à Bretton Woods, à savoir une « porte ouverte » pour les entreprises et les banques américaines sur les marchés et les ressources de la France et de son empire colonial. Cet arrangement, décrit par euphémisme comme une « aide réciproque », était en réalité la première étape d’une série d’arrangements qui allaient culminer avec la souscription de la France au plan Marshall et imposer à la France ce que Lacroix-Riz décrit comme une « dépendance de type colonial » 12.

L’administration Roosevelt aurait préféré continuer à traiter avec les anciens collaborateurs de la France, mais cette ligne de conduite a suscité de vives critiques tant en France qu’à l’étranger. En octobre 1944, après le débarquement en Normandie et la libération de Paris, de Gaulle est finalement reconnu par Washington comme le chef du gouvernement provisoire français, car deux choses sont devenues évidentes. Tout d’abord, du point de vue du peuple français, il est largement considéré comme apte à gouverner, car sa réputation, contrairement à celle des pétainistes, n’est pas entachée par la collaboration ; au contraire, ayant été l’un des grands chefs de la Résistance, il jouit d’un immense prestige. Deuxièmement, du point de vue des Américains eux-mêmes, de Gaulle est acceptable parce qu’il est une personnalité conservatrice, déterminée à ne pas procéder aux nationalisations des banques et des entreprises et à d’autres réformes socio-économiques radicales, potentiellement révolutionnaires, prévues par les communistes. D’un autre côté, les Américains continuaient à avoir des problèmes avec le Général. Ils savaient très bien, par exemple, qu’en tant que nationaliste français, il s’opposerait à leur projet d’ouvrir les portes de la France et de son empire à l’intrusion économique et, inévitablement, politique des États-Unis. Ils savaient aussi qu’une fois la guerre terminée, il réclamerait des réparations financières et industrielles, voire des concessions territoriales à l’Allemagne vaincue, des revendications qui allaient à l’encontre de ce que l’Oncle Sam considérait comme des intérêts vitaux pour les États-Unis. Examinons brièvement cette question.

Nous savons que les nombreuses filiales des entreprises américaines dans l’Allemagne nazie n’ont pas été expropriées, même après l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne, qu’elles ont engrangé des bénéfices invisibles qui ont été en grande partie réinvestis en Allemagne même, et qu’elles ont subi relativement peu de dommages en temps de guerre, principalement parce qu’elles étaient à peine visées par les bombardiers alliés13. Ainsi, à la fin du conflit, les investissements américains en Allemagne étaient intacts, plus importants et potentiellement plus rentables que jamais auparavant ; cela signifiait également que, en tant que tête de pont de l’impérialisme américain en Europe, l’Allemagne était plus importante que jamais. L’Oncle Sam était déterminé à tirer pleinement parti de cette situation, ce qui nécessitait deux choses : premièrement, empêcher les changements socio-économiques anticapitalistes non seulement en Allemagne, mais aussi dans tous les autres pays européens, y compris la France, dont les ressources et les marchés intérieurs et coloniaux étaient censés s’ouvrir aux marchandises et aux investissements américains ; deuxièmement, veiller à ce que l’Allemagne n’ait pas à payer de réparations importantes, et de préférence aucune, aux pays victimes de la furor teutonicus, car cela aurait ruiné les perspectives de profit de toutes les entreprises allemandes, y compris celles détenues par des capitaux américains14.

Pour atteindre le premier de ces objectifs en France, les Américains pouvaient compter sur la collaboration du gouvernement du conservateur de Gaulle, d’autant plus que, pour être finalement « oint » par Washington à l’automne 1944, il avait été contraint de recycler d’innombrables anciens généraux pétainistes, politiciens, hauts fonctionnaires, banquiers et industriels de premier plan, et d’inclure nombre d’entre eux dans son gouvernement. Cependant, après des années d’occupation allemande et un régime de Vichy très à droite, les Français, non pas la bourgeoisie aisée, mais la masse des gens ordinaires, étaient d’humeur plus ou moins anticapitaliste. De Gaulle ne peut résister à la demande générale de réformes, notamment la nationalisation du constructeur automobile Renault, collaborateur notoire, et l’introduction de services sociaux similaires à ceux qui seront mis en place en Grande-Bretagne après l’arrivée au pouvoir des travaillistes à l’été 1945 et qui seront connus sous le nom de « Welfare State » (État providence). Du point de vue des Américains, la situation s’est encore aggravée après les élections du 21 octobre 1945, lorsque le parti communiste a remporté la majorité des voix et que de Gaulle a dû faire de la place dans son cabinet pour certains ministres communistes. Un autre facteur déterminant de l’aversion des Américains pour de Gaulle est qu’il est un nationaliste français, déterminé à refaire de la France une grande nation, à garder le contrôle total de ses possessions coloniales et, enfin et surtout, à demander des réparations financières et peut-être même territoriales à l’Allemagne ; ces aspirations sont en conflit avec les attentes des Américains qui souhaitent des « portes ouvertes » même dans les colonies d’autres grandes puissances et, plus encore, avec leurs projets concernant l’Allemagne.

On comprend ainsi le traitement de marâtre que Washington a réservé en 1944-1945 à une France économiquement sinistrée après des années de guerre et d’occupation. Dès l’automne 1944, Paris est informé qu’il n’y aura pas de réparations de la part de l’Allemagne, et c’est en vain que de Gaulle réagit en flirtant brièvement avec l’Union soviétique, concluant même un « pacte » avec Moscou qui s’avérera « mort-né », selon les termes de Lacroix-Riz15. Quant aux demandes pressantes de la France en crédits américains et en fournitures alimentaires, industrielles et agricoles, elles n’aboutissent pas à des « cadeaux », comme on le croit généralement, pour des raisons qui seront élucidées plus loin, mais à des livraisons de produits surabondants aux États-Unis et à des prêts, le tout payé en dollars et à des prix exagérés. Lacroix-Riz souligne que « les livraisons gratuites de marchandises à la France par l’armée américaine ou toute organisation civile, même de type humanitaire, n’ont jamais existé » 16.

Les Américains étaient clairement motivés par le désir de montrer à de Gaulle et aux Français en général qui était le patron dans leur pays, maintenant que les Allemands avaient disparu. (De Gaulle l’a certainement compris ainsi : il a souvent qualifié le débarquement en Normandie de seconde occupation de son pays et n’a même jamais assisté à l’une des commémorations annuelles du jour J). Ce n’est pas une coïncidence si le diplomate américain nommé envoyé en France à l’automne 1944 était Jefferson Caffery, il avait une grande expérience de la domination des « républiques bananières » d’Amérique latine depuis les ambassades américaines dans leurs capitales17.

De Gaulle dirigea un gouvernement de coalition associant trois partis, le Mouvement républicain populaire (MRP), chrétien-démocrate « gaulliste », le Parti socialiste, encore officiellement dénommé Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), et le Parti communiste (PCF). Le général lui-même démissionna de son poste de chef du gouvernement le 20 janvier 1946, mais le « tripartisme » se poursuivit avec une série de cabinets dirigés par des socialistes comme Félix Gouin et des responsables du MRP comme Georges Bidault. Un autre socialiste, Paul Ramadier, dirigera le dernier gouvernement tripartite de janvier à octobre 1947 ; le 4 mai de cette année-là, il mettra fin au tripartisme en expulsant les communistes de son gouvernement.

Une fois l’encombrant de Gaulle écarté, les Américains ont eu beaucoup plus de facilité à mettre en œuvre leurs plans visant à « ouvrir la porte » de la France et à pénétrer l’ancienne grande nation, tant sur le plan économique que sur le plan politique. Et ils y sont parvenus en tirant pleinement parti des problèmes économiques d’après-guerre du pays et de son besoin urgent de crédits pour acheter toutes sortes de produits agricoles et industriels, y compris des denrées alimentaires et des carburants, et pour financer la reconstruction. Les États-Unis, qui étaient sortis de la guerre en tant que superpuissance financière et économique mondiale et pays de loin le plus riche, étaient capables et désireux d’apporter leur aide, mais seulement aux conditions déjà appliquées aux accords de prêt-bail, décrites dans les accords de Bretton Woods, conditions qui ne manqueraient pas de transformer le bénéficiaire, en l’occurrence la France, en vassal de l’Oncle Sam — et en allié dans sa guerre « froide » contre l’Union soviétique.

Au début de l’année 1946, Léon Blum, un dirigeant socialiste très en vue qui avait dirigé le célèbre gouvernement français du Front populaire en 1936, a été envoyé aux États-Unis pour négocier un accord avec le secrétaire d’État de Truman, James F. Byrnes. Blum accompagné d’une suite d’hommes politiques, de diplomates et de hauts fonctionnaires, dont Jean Monnet, agent du CFLN chargé du ravitaillement, qui a supervisé l’achat d’armes et d’autres équipements aux États-Unis, où il s’est pris d’affection pour le pays et pour les choses américaines en général. Ces négociations ont duré des mois, mais ont finalement abouti à un accord qui a été signé le 28 mai 1946 et rapidement ratifié par le gouvernement français. L’accord Blum-Byrnes fut largement perçu comme une merveilleuse affaire pour la France, impliquant des dons gratuits de millions de dollars, des prêts à faible taux d’intérêt, des livraisons à bas prix de toutes sortes de produits alimentaires essentiels, d’équipements industriels, et fut proclamé par Blum lui-même comme « une immense concession » de la part des Américains18.

Mais Lacroix-Riz n’est pas de cet avis. Elle démontre que les réunions entre Byrnes et Blum n’ont pas donné lieu à de véritables négociations, mais se sont résumées à un diktat américain, reflétant le fait que la partie française a « capitulé » et accepté docilement toutes les conditions attachées par les Américains à leur programme d’« aide ». Ces conditions, explique-t-elle, incluaient un accord français pour l’achat, à des prix exagérés, de toutes sortes d’équipements militaires « excédentaires », pour la plupart inutiles, que l’armée américaine avait encore en Europe à la fin de la guerre, et que Lacroix-Riz qualifie de « bric-à-brac invendable » 19. Des centaines de cargos de mauvaise qualité, appelés par euphémisme « Liberty Ships », ont également été imposés aux Français. Les fournitures à livrer à la France comprenaient très peu de produits dont le pays avait réellement besoin, mais presque exclusivement des produits dont les États-Unis eux-mêmes étaient en surabondance, en raison de la baisse de la demande résultant de la fin de la guerre. Les économistes, les hommes d’affaires et les politiciens craignaient que l’Amérique ne retombe dans une dépression, entraînant chômage, problèmes sociaux et même une demande de changement radical, comme cela avait été le cas dans les « années trente rouges », marquées par la dépression20. La surproduction d’après-guerre constituait un problème majeur pour les États-Unis et, comme l’écrit Lacroix-Riz, continuait d’être « extrêmement préoccupante en 1947 », mais les exportations vers l’Europe semblaient offrir une solution au problème ; elle ajoute que « l’étape finale de la recherche frénétique de [cette] solution au problème de la surproduction d’après-guerre » s’avérerait être le plan Marshall, mais il est clair que les accords Blum-Byrnes constituaient déjà un pas important dans cette direction21.

En outre, le paiement des marchandises américaines devait être effectué en dollars, que la France était obligée de gagner en exportant vers les États-Unis aux prix les plus bas possibles, étant donné que les Américains n’avaient pas de besoin urgent d’importations françaises et bénéficiaient donc de l’avantage d’un « marché d’acheteurs ». La France a également dû ouvrir ses portes aux productions hollywoodiennes, ce qui a été très préjudiciable à sa propre industrie cinématographique, pratiquement la seule concession de l’accord qui a retenu l’attention du public et dont on se souvient encore aujourd’hui. (L’article de Wikipédia sur l’accord Blum-Byrnes traite presque exclusivement de cette question.) 22. Une autre condition était que la France indemnise les entreprises américaines telles que Ford pour les dommages subis en temps de guerre par leurs filiales en France, dommages qui étaient en fait principalement dus aux bombardements de l’armée de l’air américaine. (Par ailleurs, pendant la guerre, Ford France avait produit des équipements pour Vichy et l’Allemagne nazie, ce qui lui avait permis de gagner beaucoup d’argent) 23.

En ce qui concerne les questions financières, Wikipédia se fait l’écho d’une croyance largement répandue en suggérant que l’accord impliquait l’« éradication » des dettes que la France avait contractées antérieurement, par exemple aux termes de l’accord de prêt-bail signé à Alger. Cependant, en y regardant de plus près, il s’avère que Wikipédia se contente d’écrire que l’accord « visait à [italiques ajoutés] éradiquer » ces dettes, mais ne mentionne jamais si cet objectif a été atteint24. Selon Lacroix-Riz, ce ne fut pas le cas ; elle qualifie d’« imaginaire » l’« effacement » de la dette de la France envers les États-Unis et souligne que l’idée que de nouveaux crédits fabuleux étaient prévus relève du vœu pieux ; sa conclusion catégorique est qu’en dehors de prêts assortis de conditions onéreuses, « les négociations ne débouchèrent sur aucun crédit » 25.

Il s’ensuit que la reconstruction économique de la France dans les années qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, si rapide par rapport au redressement industriel du pays après 1918, n’était pas due à la générosité d’un étranger, l’Oncle Sam. Au contraire, ce fut principalement le résultat des efforts « stakhanovistes » des travailleurs français eux-mêmes, visant à relancer l’industrie du pays en général, dans ce que l’on appelle la « bataille de la production », particulièrement réussie dans le domaine de la production de charbon dans les mines nationalisées, qui était alors encore d’une importance cruciale. Même si cette « bataille » était certaine de profiter aux propriétaires capitalistes des usines, elle a été orchestrée par le Parti communiste, membre du gouvernement « tripartite », parce que ses dirigeants étaient parfaitement conscients que « l’indépendance politique d’un pays exige son indépendance économique », de sorte que le recours à l’« aide » américaine signifierait la subordination de la France aux États-Unis26. (Incidemment, la majeure partie, voire la totalité, de l’argent emprunté aux États-Unis n’a pas été investie dans la reconstruction de la France, mais dans une tentative coûteuse, sanglante et finalement vouée à l’échec de s’accrocher au « joyau de la couronne » de ses possessions les plus coloniales, l’Indochine).

Que le redressement économique de la France dans l’après-guerre ne soit pas dû à l’« aide » américaine est tout à fait logique puisque, du point de vue américain, l’objectif des accords Blum-Byrnes ou, plus tard, du plan Marshall, n’était pas du tout d’effacer les dettes ou d’aider la France de quelque autre manière que ce soit à se remettre du traumatisme de la guerre, mais d’ouvrir les marchés du pays (ainsi que ceux de ses colonies) et de l’intégrer dans une Europe d’après-guerre — pour l’instant, il est vrai, uniquement occidentale — qui devait être capitaliste, comme les États-Unis, et contrôlée par ces derniers à partir de leur tête de pont allemande. Avec la signature des accords Blum-Byrnes, qui comprenaient également l’acceptation par la France du fait qu’il n’y aurait pas de réparations allemandes, cet objectif a été virtuellement atteint. Les conditions attachées aux accords comprenaient en effet la garantie par les négociateurs français que la France pratiquerait désormais une politique de libre-échange et qu’il n’y aurait plus de nationalisations comme celles qui, presque immédiatement après la libération du pays, ont frappé le constructeur automobile Renault ainsi que les mines de charbon et les producteurs de gaz et d’électricité privés ; les conditions interdisaient également toute autre mesure que l’Oncle Sam percevait comme anticapitaliste, quels que soient les souhaits et les intentions du peuple français, connu à l’époque pour son appétit pour des réformes sociales-économiques et politiques radicales27.

Comment Blum et son équipe ont-ils réussi à dissimuler leur « capitulation » et à la présenter au public français comme une victoire, « un événement heureux », pour leur pays28 ? et pourquoi ont-ils menti de manière aussi flagrante sur les résultats et les conditions ? Lacroix-Riz répond également à ces deux questions dans son nouveau livre.

Tout d’abord, les informations diffusées sur les accords Blum-Byrnes par la partie française, et reprises avec empressement par la plupart des médias, à l’exception des publications communistes, comportaient toutes sortes d’exagérations, de sous-estimations, d’omissions, voire de mensonges purs et simples, en d’autres termes, s’apparentaient à ce que l’on appelle aujourd’hui communément le « spin » (la langue de bois). Les financiers et autres « experts » parmi les hauts fonctionnaires de l’équipe de Blum se révélèrent d’excellents « spinmeister », ils réussirent à concocter toutes sortes de moyens pour tromper le public avec l’électorat, y compris en obscurcissant des détails cruciaux de l’accord29. Les Françaises et les Français furent rassurés dans un langage vague et euphémique que leur pays allait bénéficier royalement de la générosité de l’Oncle Sam. Il était question de plusieurs millions de dollars de crédits futurs, sans conditions, mais il n’était pas mentionné que le flux de dollars n’était pas du tout garanti et qu’il n’était pas réaliste de s’attendre à ce qu’il arrive ; les réparations allemandes sous forme de livraisons de charbon, par exemple, étaient également évoquées en termes vagues, même si les négociateurs savaient que cela ne reflétait rien d’autre qu’un vœu pieux30.

En revanche, le public français n’a pas entendu parler des nombreuses conditions rigoureuses attachées à l’accord et n’a donc pas eu conscience que son pays, autrefois grand et puissant, était en train d’être rétrogradé au rang de vassal de l’Oncle Sam. Le texte soumis à la ratification de l’Assemblée nationale — dans son intégralité ou pas du tout 31 — est long, vague et alambiqué, rédigé de manière à déconcerter les non-spécialistes, et de nombreuses informations importantes sont enfouies dans des notes, des appendices et des annexes secrètes ; à sa lecture, personne ne se serait rendu compte que toutes les conditions rigoureuses imposées par les Américains avaient été acceptées, conditions qui remontaient à l’accord conclu avec Darlan en novembre 194232.

Comme Blum et ses collègues savaient dès le départ qu’ils n’auraient d’autre choix que d’accepter un diktat américain dans son intégralité, leur séjour transatlantique aurait pu être court, mais il s’est étendu sur plusieurs semaines afin de donner l’impression de négociations approfondies et difficiles. Les négociations comportaient également beaucoup de « poudre aux yeux », notamment des visites (et les séances de photos correspondantes) avec Truman, des interviews produisant des articles présentant Blum comme « une figure de proue de la Résistance française » et « l’une des personnalités les plus puissantes du moment », ainsi qu’un voyage supplémentaire de Blum au Canada, photogénique, mais totalement inutile, sauf en termes de relations publiques33.

La conclusion de Lacroix-Riz est impitoyable. Blum, écrit-elle, s’est rendu coupable d’une « malhonnêteté maximale », il est responsable d’une « gigantesque tromperie » 34, mais la mascarade a fonctionné à merveille, car elle a bénéficié de la coopération des Américains, qui ont cyniquement prétendu avoir été amenés à faire des concessions majeures par des interlocuteurs gaulois expérimentés et brillants. Ils ont agi ainsi parce que les élections approchaient en France et qu’un rapport véridique sur le résultat des négociations aurait certainement apporté de l’eau au moulin des communistes et aurait pu compromettre la ratification de l’accord35.

Mme Lacroix-Riz souligne également que les historiens français, américains et du reste du monde occidental, à l’exception des « révisionnistes » américains tels que Kolko, ont également déformé l’histoire de l’accord Blum-Byrnes et l’ont glorifié comme un instrument merveilleusement utile pour la reconstruction d’après-guerre de la France et la modernisation de son économie. Elle décrit comment cela est principalement dû au fait que l’historiographie française elle-même a été « atlantisée », c’est-à-dire américanisée, avec le soutien financier de la CIA et de ses prétendues servantes privées, dont la Fondation Ford36.

Les Britanniques n’avaient pas pu rejeter les conditions rigoureuses attachées à l’accord de prêt-bail de 1941, mais ça, c’était pendant la guerre, lorsqu’ils luttaient pour leur survie et n’avaient pas d’autre choix que d’accepter. En 1946, la France ne pouvait pas invoquer cette excuse. Qu’est-ce qui a donc poussé Blum, Monnet et leurs collègues à « capituler » et à accepter toutes les conditions américaines ? Lacroix-Riz fournit une réponse convaincante : parce qu’ils partageaient la préoccupation majeure de l’Oncle Sam à l’égard de la France, à savoir le désir de préserver le statu quo socio-économique capitaliste du pays, dans une situation d’après-guerre où la population française était encore très réformiste, voire révolutionnaire, et où les communistes étaient extrêmement populaires et influents. « Rien d’autre », souligne-t-elle, « ne peut expliquer l’acceptation systématique des conditions draconiennes [américaines] » 37.

Le souci de préserver l’ordre socio-économique établi est compréhensible chez les collègues conservateurs de Bloch, représentants de la fraction MRP du gouvernement tripartite, le MRP « gaulliste », qui compte de nombreux pétainistes recyclés. Elle est également compréhensible dans le cas des diplomates de haut rang et autres fonctionnaires de l’équipe de Blum. Ces bureaucrates étaient traditionnellement des défenseurs de l’ordre établi et beaucoup d’entre eux, sinon la plupart avaient été heureux de servir Pétain ; mais après Stalingrad, au plus tard, ils avaient changé d’allégeance à l’Oncle Sam et étaient ainsi devenus des « hérauts européens du libre commerce américain » et, plus généralement, des « atlantistes » très pro-américains, une race dont Jean Monnet est apparu comme l’exemple par excellence38.

Le Parti communiste est alors membre du gouvernement tripartite, mais, écrit Lacroix-Riz, « il est systématiquement exclu des “structures de décision” » 39 et n’a pas de représentants dans l’équipe de négociateurs, mais la gauche est représentée par des socialistes, dont Blum. Pourquoi n’ont-ils pas opposé de résistance significative aux exigences des Américains ? Au lendemain de la révolution russe, le socialisme européen a connu un « grand schisme », avec d’un côté les socialistes révolutionnaires, amis de l’Union soviétique, bientôt connus sous le nom de communistes, et de l’autre les socialistes réformistes ou « évolutionnistes » (ou « sociaux-démocrates »), antagonistes vis-à-vis de Moscou. Les deux groupes ont parfois travaillé ensemble, comme dans le gouvernement français du Front populaire des années 1930, mais la plupart du temps, leurs relations ont été marquées par la concurrence, les conflits, voire l’hostilité pure et simple. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les communistes ont définitivement le vent en poupe, non seulement en raison de leur rôle prépondérant dans la Résistance, mais aussi en raison du grand prestige dont jouit l’Union soviétique, largement perçue comme le vainqueur de l’Allemagne nazie. Pour suivre, voire supplanter, les socialistes français, comme les anciens pétainistes, ont également choisi de jouer la carte américaine et se sont montrés prêts à accepter toutes les conditions que les Américains leur imposaient, ainsi qu’à la France en général, en échange du soutien des socialistes avec leurs énormes ressources financières et autres. Inversement, en France, les Américains avaient besoin des socialistes — et des « gauchistes non communistes » en général — dans leurs efforts pour éroder le soutien populaire aux communistes. C’est dans ce contexte que Blum et de nombreux autres dirigeants socialistes avaient fréquemment rencontré l’ambassadeur américain Caffery après son arrivée à Paris à l’automne 194440.

Les socialistes se révèlent donc encore plus utiles à la lutte anticommuniste (et antisoviétique) que les gaullistes, et ils offrent à l’Oncle Sam un autre avantage considérable : contrairement aux gaullistes, ils ne demandent pas de « réparations » territoriales ou financières à une Allemagne que les Américains veulent reconstruire et dont ils veulent faire leur tête de pont pour la conquête économique, voire politique, de l’Europe.

Dans la France de l’après-guerre, les socialistes ont donc joué la carte américaine, tandis que les Américains ont joué la carte socialiste. Mais dans d’autres pays européens, l’Oncle Sam fait également appel à des dirigeants socialistes (ou sociaux-démocrates) anticommunistes désireux de collaborer avec eux et qui seront, le moment venu, largement récompensés pour leurs services. On pense au chef socialiste belge Paul-Henri Spaak, qui sera nommé par Washington secrétaire général de l’OTAN, présumée alliance de partenaires égaux, mais en réalité filiale du Pentagone et pilier de la suprématie américaine en Europe, qu’il a contribué à mettre en place41.

L’intégration de la France dans une Europe (occidentale) d’après-guerre dominée par l’Oncle Sam sera achevée par l’acceptation par le pays de l’« aide » du plan Marshall en 1948 et par son adhésion à l’OTAN en 1949. Cependant, il est faux de croire que ces deux événements très médiatisés se sont produits en réponse au déclenchement de la guerre froide, conventionnellement imputée à l’Union soviétique, après la fin de la Seconde Guerre mondiale. En réalité, les Américains souhaitaient étendre leur influence économique et politique outre-Atlantique et la France était dans leur ligne de mire au moins depuis le débarquement de leurs troupes en Afrique du Nord à l’automne 1942. Ils ont profité de la faiblesse de la France d’après-guerre pour lui offrir une « aide » assortie de conditions qui, à l’instar de celles du prêt-bail à la Grande-Bretagne, ne manqueraient pas de faire du pays bénéficiaire un partenaire subalterne des États-Unis. Comme le démontre Lacroix-Riz dans son livre, cette réalité s’est concrétisée non pas lorsque la France a souscrit au plan Marshall, mais lorsque ses représentants ont signé les accords issus des négociations Blum-Byrnes, qui n’ont pas fait l’objet d’un grand battage médiatique. C’est alors, au printemps 1946, que la France, à l’insu de la majorité de ses citoyens, fait ses adieux à son statut de grande puissance et rejoint les rangs des vassaux européens de l’Oncle Sam.


Source : Counter Punch

Traduit de l’anglais par Falasteen pour Investig’Action


Notes :

1 Eisenberg, p. 322.

2 See e.g. the article by Kierkegaard.

3 See Pauwels (2016), pp. 447-49.

4 “Economies of scale”.

5 See Pauwels (2017), pp. 144-54.

6 Pauwels (2017), p. 168. The total value of American investments in Nazi Germany, involving no less than 553 corporations, rose to $450 million by the time of Hitler’s declaration of war against the United States in December 1941.

7 Pauwels (2017), pp. 63-65.

8 Quotation from Ambrose, p. 66.

9 Lacroix-Riz, p. 13.

10 Zinn, p. 404: “Quietly behind the headlines in battles and bombings, American diplomats and businessmen worked hard to make sure that when the war ended, American economic power would be second to none in the world… The Open Door policy of equal access would be extended from Asia to Europe”.

11 Lacroix-Riz, pp. 116-17.

12 Lacroix-Riz, p. 9.

13 For details, see Pauwels (2017), pp. 199-217.

14 Lacroix-Riz refers to Bruce Kuklicks’s pioneering work focusing on this theme. For more on the importance of postwar Germany to the US, see Pauwels (2015), p. 249 ff.

15 Lacroix-Riz, p. 198.

16 Lacroix-Riz, pp. 203, 206-208.

17 Lacroix-Riz, pp. 170-72, 174-83.

18 Lacroix-Riz, p. 409.

19 Lacroix-Riz, p. 331.

20 Kolko, p. 235.

21 Lacroix-Riz, pp. 413-14.

22 « Blum–Byrnes agreement ».

23 Lacroix-Riz, p. 326 ff. Lacroix-Riz has examined the case of Ford France’s wartime collaboration in an earlier book on French industrialists and bankers during the German occupation.

24 “Blum–Byrnes agreement”.

25 Lacroix-Riz, pp. 336-37, 342-43.

26 Lacroix-Riz, pp. 199-202. The “Battle of Production” is a subject Lacroix-Riz focused on in her 1981 doctoral dissertation as well as other writings. On the benefits of historical nationalizations in France, see also the article by Paul Cohen.

27 Lacroix-Riz, pp. 277, 329-30, 363.

28 Lacroix-Riz, p. 338.

29 Lacroix-Riz, p., pp. 416-17.

30 Lacroix-Riz, pp. 342-43, 345-46

31 Lacroix-Riz, p. 408 : « L’Assemblée nationale devrait donc adopter en bloc tout ce qui figurait dans la plus grosse pièce du millefeuille officiel des accords Blum-Byrnes ».

32 Lacroix-Riz, pp. 334-37, 354-55.

33 Lacroix-Riz, pp. 323-26.

34 Lacroix-Riz, pp. 271, 340.

35 Lacroix-Riz, pp. 342-43, 345-46

36 Lacroix-Riz, p. 376 ff.

37 Lacroix-Riz, pp. 114-15, 122, 386, 415.

38 Lacroix-Riz, p. 273.

39 Lacroix-Riz, p. 418.

40 Lacroix-Riz, pp. 170-72, 174-83.

41 Lacroix-Riz, p. 57-58, 417.




Paul Watzlawick et les pathologies occidentales

Par Nicolas Bonnal

La guerre contre la Russie devait être la solution : elle est devenue le problème. L’Europe technocratique supranationale devait être la solution : elle est le problème. Le vaccin devait être la solution : il est devenu le problème. On continue ?

On va voir plusieurs aspects du problème (vous savez, « la solution c’est le problème »). Le légendaire Paul Watzlawick avait souligné le caractère gothique de nos monstrueux systèmes de « santé » : la multiplication par trente des dépenses médicales a créé les conditions d’un effondrement humain : faible, endetté, complexé, le citoyen serait bon pour les abattoirs de la postmodernité et pour soixante vaccins par an. Tournant le dos aux enseignements de Jünger (dans les années cinquante — voyez mes textes) ou de Rudolf Steiner (dans les années vingt), le petit blanc occidental se donne aux monstres et aux charlatans des hôpitaux (Debord, Commentaires) pour un oui ou pour un non.

Deux caractères m’enchantent chez Watzlawick, sa culture littéraire qui est la mienne — et son humour. Pour Watzlawick la solution est souvent le problème : et la presse britannique découvre l’écrasante défaite aujourd’hui de l’Ukraine et de l’OTAN face à l’ours d’argile russe… Toutes les solutions de nos technocrates et politiciens froncés n’ont fait que créer de nouveaux problèmes sans jamais rien solutionner. Ce Watzlawick est un sage taoïste ironisant face au triomphe apocalyptique-millénaire des bureaucrates.

Mais laissons-lui la parole.

Faites vous-même votre malheur, début du livre :

« Ce que les directeurs de zoo pratiquent dans leur modeste domaine, les gouvernements modernes tentent de l’accomplir à l’échelle nationale : confits dans la sécurité, il faut que les citoyens mènent une existence dégoulinante de bonheur du berceau jusqu’à la tombe. Pour atteindre ce noble objectif, il faut, entre autres choses, entreprendre et mener sans relâche l’éducation du public pour lui permettre d’accéder à des niveaux toujours plus élevés d’incompétence sociale. Il ne faut donc pas s’étonner de voir l’accroissement vertigineux des sommes consacrées dans le monde à la santé publique et aux diverses entreprises à caractère social. »

L’ironie dénonce cette attitude protectrice (cf. Tocqueville) qui débouche sur ses conséquences tragi-comiques et catastrophiques :

« Donnons quelques exemples : le total des dépenses de santé des États-Unis s’est élevé de 12,7 milliards de dollars en 1950 à 247,2 milliards en 1980. Les seules dépenses de médicaments et d’articles médicaux sont passées de 3,7 milliards à 19,2 milliards pendant la même période. Et les dépenses de Sécurité sociale ont connu une évolution aussi faramineuse, passant de 23,5 milliards en 1950 à 428,4 milliards en 1979 (24). Pour prendre un seul exemple européen, les statistiques actuelles font apparaître en Allemagne de l’Ouest une dépense quotidienne de 450 millions de DM pour le système de santé, c’est-à-dire trente fois plus qu’en 1950. Elles montrent aussi que l’on compte à tout moment une moyenne de 10 millions de personnes malades en République fédérale et que le citoyen moyen d’Allemagne de l’Ouest engloutit trente mille comprimés dans le cours de sa vie. »

On répète parce que c’est drôle : « le citoyen moyen d’Allemagne de l’Ouest engloutit trente mille comprimés dans le cours de sa vie. »

Et vous ? Et moi ?
Certes un système aussi tragicomique ne peut être interrompu. Il doit aller au bout comme le Titanic de la « civilisation » moderne dont a parlé Jünger dans son Rebelle :

« Que l’on imagine ce qui nous arriverait en cas de ralentissement, voire ce qu’à Dieu ne plaise ! — d’inversion de cette tendance. Des ministères entiers et toutes sortes d’autres institutions monstrueuses s’effondreraient, des pans entiers de l’industrie feraient faillite et des millions d’hommes et de femmes se retrouveraient au chômage. Pour participer à la lutte contre l’éventualité d’un tel désastre, j’ai conscience du rôle modeste mais réel que peut jouer ce petit livre. »

La clé c’est ça. L’État moderne rend le citoyen nul et incapable, dépendant jusqu’au suicide — Tocqueville toujours et cette puissance publique, ce souverain qui nous enlèvera le trouble de penser et la peine de vivre, qui nous débarrassera, dit Pearson vers 1990 du fardeau de la personnalité :

« L’État moderne a si grand besoin de l’impuissance et du malheur toujours croissant de ses citoyens qu’on ne peut laisser la satisfaction d’un tel besoin à la seule initiative individuelle, quelles qu’en soient les bonnes intentions. Comme dans tous les autres domaines de la vie humaine, le chemin de la réussite passe ici par la planification et le dirigisme de l’État. Être malheureux est certes à la portée du premier venu. »

Après l’art de se rendre malheureux devient une occupation à plein temps, via la pharmacie ou les livres de « développement personnel » (défense de rire) :

« Mais se rendre malheureux, faire soi-même son propre mal heur sont des techniques qu’il faut apprendre : à cet apprentissage-là, quelques coups du destin ne suffisent pas. Or, même dans les écrits des professionnels (c’est-à-dire des psychiatres et des psychologues), les renseignements utiles sont rares et le plus souvent fournis au hasard, en dehors de toute intention de l’auteur… »

Mais venons-en à l’oncle Sam.

Dans son guide non conformiste pour l’usage de l’Amérique, Watzlawick règle ses comptes avec la matrice de Palo Alto qui fit sa fortune et sa célébrité. Le bouquin est en effet un règlement de comptes digne de figurer dans le répugnant brûlot de Philippe Roger sur les antiaméricains de tout poil, qui comme on sait ont perdu la partie en France et en Europe — car plus l’Amérique sombre et devient folle (militairement, démographiquement, politiquement, culturellement et économiquement), plus elle fascine et domine les esprits européens réduits à l’état de zombis et de suicidaires bellicistes-écologistes. Il reste aux politiciens européens à liquider la population locale sur ordre des labos, des GAFAM et des fonds de pension US (merci aux dibbouks de Kunstler et à cette volonté du Tikkoun olam qui devait réparer le monde — sont-ils stupides ou vraiment mal intentionnés ?). Le problème est qu’en réduisant la population de leurs ouailles ici comme au Japon (-800 000/an depuis le vaccin) les « élites » américaines détruisent aussi leur capacité de nuire à l’échelle planétaire. Mais quand on dispose d’indices boursiers éternellement stratosphériques (quarante fois la valeur de 1980 quand l’or entre-temps n’a que triplé, et cinq fois celle de 2009), on peut tout se permettre, pas vrai ?

On sait que fille de l’Europe l’Amérique l’a toujours voulue détruire (le vieux continent est devenu une vieille incontinente), ce qui est devenu possible à partir de la Première Guerre Mondiale. Ruinée et dépeuplée par cette guerre, l’Europe devient une colonie US, achève de se ruiner avec la Deuxième Guerre Mondiale qui se fait sur ordre américain (voir Frédéric Sanford, Barnes, Preparata, etc.) et ensuite peu à peu dépose les âmes et les armes. Elle n’est qu’un ombre et la construction européenne apparaît pour ce qu’elle est : une déconstruction sur ordre « anglo-saxon », qui aujourd’hui revêt un caractère haineux et carrément exterminateur.

Je reviendrai sur la lucidité des grands écrivains américains quant à la faculté de nuisance US qui est apparue dès la première moitié du dix-neuvième siècle : de Poe à Lovecraft en passant par Twain ou Hawthorne, il n’est pas un grand esprit US qui n’ait vu la catastrophe matérialiste et illuministe arriver : même Walt Whitman (voyez mon texte) en avait très bien parlé, une fois raccrochés ses crampons de moderniste. Après la guerre de quatorze poursuivie pour les banquiers et la possession de la terre feinte, écrivains et dernières élites de souche anglo-saxonne culturelles décampent et vont sur l’Italie ou Paris ; et pendant que Stefan Zweig dénonce l’américanisation-uniformisation du monde (il dit bien que c’est la même chose), uniformisation qui repose sur le matérialisme, l’abrutissement et l’industrie culturelle (quelle alliance de mots tout de même), le banquier américain commence sa conquête de l’Europe, celle qui ravit nos leaders.

Donc dans son livre sur l’Amérique Watzlawick insiste sur la haine du père. Pays de grand remplacement et d’immigration, l’Amérique désavantage le père à partir des années 1870-1880.

« Les relations avec le père géniteur sont toutes différentes. Au début de son traité The American People, devenu un classique, l’anthropologue britannique Geoffrey Gorer analyse le phénomène typiquement américain du rejet du père, et l’attribue à la nécessité, qui s’imposait pratiquement à chacun des trente millions d’Européens qui émigrèrent aux États-Unis entre 1860 et 1930, de s’adapter aussi vite que possible à la situation économique américaine. Mais, en s’efforçant de faire de ses enfants (généralement nés aux États-Unis) de “vrais” Américains, il devint, pour ces derniers, un objet de rejet et de dérision. Ses traditions, ses connaissances insuffisantes de la langue et surtout ses valeurs constituaient une source de gêne sociale pour la jeune génération qui fut, à son tour, victime de la réprobation de ses enfants. »

Oui l’homme immigré est toujours désavantagé et ne peut plus éduquer ses enfants, car il ne maîtrise pas assez la nouvelle langue et sa nouvelle sous-culture de sport, de consommation ou de télévision. Lipovetsky en avait bien parlé pour les Maghrébins en France. Dans la démocratie cool et nihiliste qu’il décrit, les parents n’ont plus droit de cité (sic). Comme dit ailleurs Guy Debord, on ressemble à son temps plus qu’à son père. Le grand livre de Booth Tarkington, la Splendeur des Amberson, mal adapté sur ce point essentiel par l’agent communiste et New Deal Orson Welles, en parle de ce grand remplacement. La technologie actuelle accélère l’inadaptation paternelle.

Mais le maître enfonce encore le clou :

« Ce rejet du père comme symbole du passé va de pair avec la surestimation des valeurs nouvelles et donc de la jeunesse. Le trentième anniversaire est cette date fatidique qui vous met au rebut du jour au lendemain, et mieux vaut ne pas parler du quarantième. Il en va de même avec l’engouement pour tout ce qui est nouveau, et tire sa qualité de cette nouveauté, même s’il s’agit d’une vieillerie sortie tout droit du magasin de friperie. »

La société de consommation s’impose et impose la rapide consommation sexuelle ou autre des femmes (Ô James Bond et le Tavistock Institute !) et des hommes (aujourd’hui confondus dans le sac unisexe) :

« Les slogans proclament imprimés sur les emballages des produits du supermarché même si l’on peut supposer, à juste titre, que farine ou aspirine, il s’agit toujours du même produit. Et le modèle de l’année d’un type d’automobile doit se distinguer du précédent, au moins par une enjolivure, même si ce qui importe, la technique de construction, n’a pas changé depuis des années. »

L’idéal totalitaire va s’imposer : on oublie la famille et on impose un groupe manipulé par un conditionnement ou un danger extérieur (pensez à ces films des années 70 qui bâtis sur l’implosion terminale de la famille imposent la naissance d’un groupe tenu par la peur et l’obéissance à un prêcheur ou un chef-clone issu du Deep State) ; Watzlawick encore :

« A cette foi utopique en l’avenir et au rejet du passé s’ajoute un autre élément, déjà évoqué : l’égalité et la stéréotypie, une éducation fondée sur l’intégration à la communauté. Cette félicité à venir devra être partagée à parts égales, il ne saurait être question de privilèges individuels. Depuis le jardin d’enfants, on inculque aux Américains qu’ils font partie d’un groupe, et que les valeurs, le comportement et le bien-être de ce groupe sont prépondérants. Toute pensée individuelle est répréhensible, sans parler d’une attitude non conforme. Les enseignants s’adressent à leurs élèves comme à un collectif, en se servant du mot class : Class, you will now write a composition about…, et cette entité amorphe qu’est la classe commence sa rédaction. Alors qu’un Européen ne supporte pas d’être pris pour Monsieur Tout-le-Monde, le souci majeur d’un Américain est de ne pas dévier des normes du groupe. »

Ce groupe totalitaire et festif, abruti et bien soumis a donné en Europe les fous de Bruxelles et cette communauté européenne qui nous promet guerre, misère, Reset et totalitarisme informatique.

Mais venons-en au dernier point, le plus tragi-comique : « Il suffit d’insister ».

On sait que l’occident ne veut plus s’arrêter quel que soit le sujet : sanctions, guerres, guerre mondiale, sanctions, dette, propagande, vaccin, sanctions, Reset, mondialisme, féminisme, antiracisme, immigration sauvage, sanctions toujours (treize doses pour rien), Europe, etc. Et s’il y a des problèmes, c’est qu’il n’y a pas assez de tout cela. C’est qu’on n’a pas assez insisté, comme dit notre psychologue et humoriste, qui semble avoir été doté d’une double personnalité.

On l’écoute (extrait de son extraordinaire « Faites vous-même votre malheur ») :

« Cette formule apparemment toute bête : “il suffit d’insister”, est l’une des recettes les plus assurément désastreuses mises au point sur notre planète sur des centaines de millions d’années. Elle a conduit des espèces entières à l’extinction. C’est une forme de jeu avec le passé que nos ancêtres les animaux connaissaient déjà avant le sixième jour de la création… »

La solution souvent n’est plus adaptée ; mais au lieu de le reconnaître, on INSISTE. Watzlawick :

« L’Homme, comme les animaux, a tendance à considérer ces solutions comme définitives, valides à tout jamais. Cette naïveté sert seulement à nous aveugler sur le fait que ces solutions sont au contraire destinées à devenir de plus en plus anachroniques. Elle nous empêche de nous rendre compte qu’il existe — et qu’il a sans doute toujours existé — un certain nombre d’autres solutions possibles, envisageables, voire carrément préférables. Ce double aveuglement produit un double effet. D’abord, il rend la solution en vigueur de plus en plus inutile et par voie de conséquence la situation de plus en plus désespérée. »

On répète, car on boit du « petit laid » : « D’abord, il rend la solution en vigueur de plus en plus inutile et par voie de conséquence la situation de plus en plus désespérée. »

Le maître autrichien poursuit :

« Ensuite, l’inconfort croissant qui en résulte, joint à la certitude inébranlable qu’il n’existe nulle autre solution, ne peut conduire qu’à une conclusion et une seule : il faut insister. Ce faisant, on ne peut que s’enfoncer dans le malheur. »

Watzlawick redéfinit ce phénomène :

« Ce mécanisme, depuis Freud, assure l’existence confortable de générations de spécialistes qui ont toutefois préféré à notre “il suffit d’insister” un terme de consonance plus scientifique : névrose. »

Ensuite il reformule cette aberration du comportement qui est l’essence du comportement apragmatique contemporain :

« Mais qu’importe le terme, pourvu qu’on ait l’effet. Et l’effet est garanti aussi longtemps que l’étudiant s’en tient à deux règles simples. Premièrement, une seule solution est possible, raisonnable, autorisée, logique ; si elle n’a pas encore produit l’effet désiré, c’est qu’il faut redoubler d’effort et de détermination dans son application. Deuxièmement, il ne faut en aucun cas remettre en question l’idée qu’il n’existe qu’une solution et une seule. C’est sa mise en pratique qui doit laisser à désirer et peut être encore améliorée. »

Nous allons à la catastrophe. Mais ce n’est pas grave. Ils trouveront bien quelque chose…