Nigel Farage — dernier discours historique face au parlement Européen

[Source : Aphadolie]

Durée : 5 mn 25 / [1]



Dénonçant un projet « anti-démocratique » représentant le «
mondialisme face au populisme », l’eurodéputé britannique a tenu un
discours sans concession contre l’UE pour sa dernière dans l’hémicycle
européen… avant que son micro ne soit coupé.


Le « début de la fin du projet » européen ?

Nigel Farage - 1
Nigel Farage

Nigel Farage se paye l’UE dans son dernier discours au Parlement

Dénonçant un projet « anti-démocratique » représentant le «
mondialisme face au populisme », l’eurodéputé britannique a tenu un
discours sans concession contre l’UE pour sa dernière dans l’hémicycle
européen… avant que son micro ne soit coupé.

Aux yeux des eurodéputés et des dirigeants européens, le Brexit pourrait bien avoir au moins un point positif : ils ne seront plus confrontés au Britannique Nigel Farage
et à ses discours incisifs au Parlement. Très en verve, l’eurodéputé –
pour quelques heures encore – n’a en effet pas épargné ses collègues, le
29 janvier, pour sa dernière intervention dans l’hémicycle à Bruxelles, à l’occasion du vote sur le traité de retrait du Royaume-Uni de l’UE.

« Le 31 janvier à 23h, marque un point de non-retour. Une
fois que nous serons partis, nous ne reviendrons jamais, et le reste,
ce ne sont que des détails.
», a-t-il commencé, avant d’ouvrir franchement les hostilités. « En
2005, j’ai vu la Constitution rejetée par les Français par référendum,
rejetée par les Hollandais par référendum. Et je vous ai vus vous, dans
vos institutions, les ignorer. Ramener [la constitution] en tant que
traité de Lisbonne et vous vanter que vous pouviez le faire passer sans
référendum.
», a attaqué l’eurodéputé, rappelant par ailleurs que les Irlandais qui avaient voté « non », avaient été contraint de voter de nouveau.

« Je veux que le Brexit ouvre un débat à travers le reste de l’Europe »

Des agissements qui, selon Nigel Farage, l’ont fait devenir un « opposant pur et simple du projet européen ». Et, celui qui a fait du Brexit son combat politique depuis de nombreuses années, espère que la sortie du Royaume-Uni permettra d’ouvrir « un débat à travers le reste de l’Europe ».

Pour Nigel Farage, qui dit « aimer l’Europe » mais « haïr l’Union européenne », c’est en effet la structure du bloc qui est à rejeter : «
J’espère que [le Brexit] signe le début de la fin de ce projet. C’est
un mauvais projet. Il est non seulement non démocratique, mais il est
antidémocratique. Il pousse sur le devant du Parlement, il donne du
pouvoir à des gens sans qu’ils aient à rendre des comptes. Des gens qui
n’ont pas de comptes à rendre aux électeurs. C’est une structure
inacceptable.
»

« C’est le mondialisme contre le populisme »

Ce manque de démocratie au sein de l’institution européenne traduit d’après l’eurodéputé britannique une « bataille historique qui fait rage en ce moment à travers l’Occident ». « C’est
le mondialisme contre le populisme. Et vous pouvez détester le
populisme, mais je vais vous dire quelque chose d’amusant, c’est en
train de devenir très populaire.
», a-t-il glissé déclenchant les rires des députés du Brexit Party postés derrière lui.


Durée : 1 mn / [2]




Un discours sans concession, que Nigel Farage a conclu en agitant un drapeau britannique, assurant que Londres avait hâte de travailler avec l’UE « en tant que nation souveraine ». C’est à ce moment-là que son micro a été coupé, les drapeaux nationaux étant interdits dans l’hémicycle européen. Nigel Farage a alors lancé : «Tout est fini, terminé ! On s’en va ! », sous les applaudissements fournis de son camp. « S’il vous plaît, enlevez vos drapeaux. Et prenez-les avec vous, si vous partez maintenant. », a en conséquence tranché la présidente de séance.


Bonus vidéos

Durée : 1 mn 47 / [3]



Durée : 14 mn 03 / [4]




Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Brexit

https://francais.rt.com/international/70895-debut-fin-projet-europeen-farage-paye-ue-dernier-discours-parlement

Article :

RT France

Vidéos :

[1] Nigel Farage dernier discours historique face au parlement Européen – Le Frexit / YouTube

[2] Le «début de la fin du projet» européen ? Farage se paye l’UE dans son dernier discours au Parlement – RT France / YouTube

[3] 6 moments qui ont marqué le Brexit Day – FRANCE 24 / YouTube

[4] Brexit : «Les Britanniques peuvent reprendre une politique conforme à leurs intérêts nationaux» – RT France / YouTube




Gilets jaunes : Le RIC ou la «parabole des aveugles»

[Source : Mondialisation.ca]

Voir aussi :

Gilets jaunes : Le RIC ou la «parabole des aveugles».

Par Jean-Claude Paye

La question de la représentation est devenue centrale dans le
discours des gilets jaunes, alors qu’au départ, seules des
revendications salariales, la défense du pouvoir d’achat, (« pouvoir
remplir le frigo »)  étaient émises par les manifestants. Le Référendum
d’Initiative Citoyenne s’est progressivement imposé à travers les
médias. Ainsi, le pouvoir est parvenu à occulter les priorités des
manifestants, en faisant de la représentation la condition pour pouvoir
entendre leurs voix.

S’opère ainsi une opération de déplacement, de la lutte salariale à
une demande de réforme de légitimation du pouvoir. Le déplacement, en ce
qui concerne la nature des revendications, permet un renversement de
celles-ci en leur contraire. Elle permute une lutte sur le salaire, une
lutte politique qui s’attaque directement aux nouveaux mécanismes
d’exploitation, en une revendication de réforme de l’État qui, en
ouvrant la possibilité à un renforcement du pouvoir, vide le caractère
de contestation  sociale du mouvement.

Résultat de cette double opération, de déplacement et de
renversement, le RIC occupe la place du fétiche, d’un objet partiel se
substituant au tout. C’est un vide que peut remplir le pouvoir, selon
les nécessités du moment et l’évolution du rapport de forces. Le RIC
devient une opération de fusion avec les institutions, qui empêche toute
séparation d’avec celles-ci et s’oppose à tout procès de luttes de
classes.

Le  rapport entre les gilets jaunes et le pouvoir est l’envers
d’Oedipe et le Sphinx, relaté par la mythologie grecque. Ici, c’est le
mouvement social qui se précipite dans le vide, car, en acceptant de se
placer sur le terrain du pouvoir, il ne peut répondre à l’ injonction :
qui es-tu ? qu’en se déniant lui-même, en affirmant « nous sommes le
peuple », alors que leur unité était basée sur une lutte contre la
sur-exploitation, sur la réponse à la seule question recevable par le
mouvement : « que voulons-nous ? » : « des sous ! ».

Le RIC, une revendication « embarquée »

La revendication d’un Référendum d’Initiative Populaire était restée
marginale jusqu’à la mi-décembre 2018. Ensuite, elle a été présentée
comme l’axe central de la lutte des gilets jaunes. Dans les faits, le
RIC a été d’avantage mis en avant par les médias que par les
manifestants eux-mêmes qui, le plus souvent, se limitent à revendiquer
cette réforme, sans lui donner de contenu, comme si le mot lui-même
était synonyme de démocratie. En conséquence, pour le patronat et le
gouvernement, le RIC présente l’avantage de reléguer au second plan les
revendications initiales, totalement inacceptables, portant sur la
revalorisation des salaires minimaux et sur la baisse du prix des
carburants, in fine sur la valeur de la force de travail.

Parallèlement, les médias ont fait connaître au grand public Etienne
Chouard, porteur emblématique du « référendum d’initiative citoyenne ».
Cette initiative a déjà été immédiatement reçue favorablement par le
gouvernement. Le premier ministre, Edouard Philippe, a tout de suite
exprimé le 17 décembre 2018, dans un entretien aux Echos, : « Je ne vois pas comment on peut être contre son principe ».
Ensuite, fût installée une division des rôles entre le premier ministre
et le président, l’un et l’autre alternant le rejet et l’ouverture.

Finalement, le président Macron, après avoir renouvelé sa défiance
vis à vis du « RIC », un dispositif de démocratie directe qui « peut
nourrir la démagogie » et risque de « tuer la démocratie
représentative,[1] » a ensuite laissé entendre qu’il pourrait se
convertir à l’idée d’un référendum, son premier ministre émettant alors
d’avantage de réserves [2] .

L’adoption du référendum d’initiative citoyenne commence à faire son
chemin dans les arcanes du pouvoir. Terra Nova, think tank de
« centre-gauche », a rendu public une « étude » estimant que le
référendum d’initiative citoyenne est une « procédure légitime ». Tout
le problème serait de circonscrire les « risques » liés à cette réforme
en ajoutant « un temps de réflexion collective.» Une assemblée citoyenne
composée d’une centaine de personnes « tirées au sort » serait chargée
d’évaluer l’impact du scrutin, entre la période de recueil des
signatures et le vote.[3]

Une manœuvre de diversion.

Une discussion centrée sur la proposition du RIC a l’avantage de
faire diversion. Elle est beaucoup moins onéreuse qu’une réponse
positive aux exigences monétaires et salariales. La possibilité
d’organiser des référendums citoyens existe déjà en Suisse et en Italie,
sans que l’organisation du pouvoir en ait été bouleversée, sans que des
classes populaires aient pu effectivement peser sur la politique
gouvernementale.

En ce qui concerne la France, il faut aussi rappeler la saga du
référendum sur le Traité de la Constitution européenne en 2005, qui
malgré le rejet de plus de 54 % des votants s’est terminée plus tard par
la signature du Traité de Lisbonne, texte qui intégrait l’essentiel du
caractère supranational de l’acte précédemment rejeté par les Français.

Le dispositif des référendums populaires, qu’ils soient à
« l’initiative » des pouvoirs constitués ou du « peuple », se sont, le
plus souvent, avérés incapables de peser sur la politique
gouvernementale. Cependant, dans le contexte politique actuel, de
neutralisation du pouvoir législatif par l’exécutif, le RIC pourrait
avoir une influence sur les institutions, mais dans le sens inverse de
celui attendu par ses promoteurs, celui d’un renforcement du pouvoir
présidentiel au dépend du Parlement.

Un renforcement de l’exécutif.

Le 5 février, lors du vote en première lecture de la loi à l’Assemblée nationale « sur la prévention des violences lors des manifestations et sanction de leur auteurs », 50 députés de la majorité se sont abstenus, afin de marquer leur désaccord avec la proposition de loi [4]. Pourtant, le parti gouvernemental a été entièrement construit par le président. Les candidats de la République en Marche à l’élection législative n’ont pas été élus par les bases locales du mouvement, mais désignés, d’en haut, par une commission dont les membres ont été choisis par Emmanuel Macron [5] .

Un Parlement, même avec une majorité caporalisée, peut toujours poser
un problème au pouvoir exécutif. C’est pourquoi ce dernier a
constamment introduit des réformes destinées à neutraliser le travail
parlementaire. Ainsi, les procédures accélérées réduisent déjà
considérablement toute capacité de contestation, en imposant qu’un
projet de loi ne puisse faire l’objet que d’une seule lecture par
chambre du Parlement.

Le référendum d’initiative citoyenne, une réforme qui pourrait
établir une « relation » directe entre le Président et le « peuple »,
pourrait favoriser une présidentialisation accrue du régime politique,
une concentration des pouvoirs encore plus radicale dans les mains de
l’exécutif. Ce que deviendra concrètement le RIC, dépendra de ses
modalités d’applications et surtout, à chaque fois, du rapport de forces
entre ses promoteurs et le pouvoir constitué.

Il n’est pas possible de maintenir en permanence un haut niveau de
mobilisation pour faire passer des réformes, même si le vote est d’abord
un succès pour ses initiateurs. Comme le montre l’adoption du Traité de
Lisbonne, la pression doit être constante, afin que la volonté
populaire soit finalement respectée. Cela suppose un ensemble de
conditions particulièrement favorables, liés à des conditions
historiques limitées.

« L’État du peuple tout entier ».

Les gilets jaunes représentent une partie importante de la
population, mais ils ont des intérêts propres qui ne sont pas ceux de
l’ensemble de la société. Ainsi, l’évocation de la notion de peuple
occulte la spécificité d’un mouvement social, portant des revendications
particulières, opposées aux intérêts patronaux.

La manière dont le mouvement se définit pose problème. Si les
exigences exprimées portent bien sur la question du salaire et du
pouvoir d’achat, les actions sont nommées comme celles d’un mouvement
citoyen. Alors que la question salariale est au centre des
revendications, le patronat se met complètement hors jeu. L’État peut
alors se poser comme le seul interlocuteur des manifestants.

La notion de peuple recouvrerait un agrégat qui comprend quasiment
l’ensemble de population, un rassemblement dont l’unité est présupposée,
du fait qu’il ne comprendrait pas les 1 %, ou les 0,1 % ou même les
0,01 % de « l’oligarchie » financière. Ainsi, ce n’est pas un concept
reposant sur la différence, mais au contraire une catégorie englobante,
dont on déduit l’identité par  une opposition pré-supposée aux
ultra-riches.

Si les classes sociales n’existent que dans leur rapports de luttes,
la notion de peuple, quant à elle, neutralise toute opposition de
classe. C’est une notion psychotique, supprimant la différence et
rejetant toute séparation d’avec les pouvoirs constitués. Ainsi, c’est
une idée  qui a souvent servi de référence idéologique diversifiée, à
une partie de la social-démocratie, à des régimes autoritaires ou à
Joseph Staline qui a même parlé « d’État du peuple tout entier. »

En France, les promoteurs de la notion de peuple font référence à la
révolution de 1789 où le prolétariat urbain a renversé l’aristocratie
avec les armes distribuées par les bourgeois et à qui ils les ont remis,
une fois le travail accompli [6]. Déjà, dans historiographie de la
révolution française, la référence au peuple est un paravent dissimulant
les acteurs réels, tels les prolétariats urbain et agraire. Elle a le
même effet actuellement, au niveau du mouvement des gilets jaunes, de
déni de la composition de classe des manifestants.

Ainsi, disparaît plus de deux siècles d’histoire sociale et
politique, celle des luttes prolétaires, au nom d’une référence
a-historique de peuple, véhiculée non pas par l’histoire réelle, mais
officielle de la révolution française de 1789.

Le RIC, une réforme compatible avec « l’anti-système » macronien.

La mutation de l’organisation du pouvoir, basée sur le RIC, pourrait
suivre les traces des réformes antérieures, celles de « l’anti-système »
macronien, d’une restructuration par le haut du système de la
représentation politique. Son adoption pourrait aboutir à un mode de
gouvernance qui abandonne d’avantage le système des partis et qui, dans
les faits, rejette le politique, c’est dire la reconnaissance des
oppositions de points de vue et d’intérêts, au profit d’une relation
fusionnelle du président et de son peuple.[7] Ainsi, le RIC peut
conduire à un nouveau stade d’une mutation, déjà bien avancée, de
l’exercice du pouvoir d’État, à savoir la fin de toute médiation d’avec
la société civile.

L’élection du président Macron est en elle-même exemplaire de ce
processus. Emmanuel Macron fût élu par une petite minorité de Français,
16,5 % des électeurs inscrits, permettant à son parti d’obtenir 60 % des
sièges à l’Assemblée nationale [8]. Non seulement l’élection, mais déjà
sa candidature à la présidence, pose question. Elle fut déjà envisagée
au niveau d’une réunion du groupe de Bilderberg un an avant son
élection. Son premier ministre y fût aussi présenté quelques mois avant
sa désignation. Cette influence internationale explique pourquoi le
président Macron est largement indifférent aux revendications des
français : il ne leur doit pas son élection.

Ce 5 février 2019, une proposition de loi « anticasseur, » «  visant à
prévenir les violences lors des manifestations et à sanctionner leurs
auteurs [9] », a été adoptée en première lecture à l’Assemblée
nationale. Grâce au soutien du Parti des Républicains, il s’agit d’une
première contre-offensive du pouvoir, couplée à une tentative de
déstabilisation développée sur le mode de la lutte contre
l’antisémitisme.[10]

Pendant longtemps, les gilets jaunes se sont trouvés face à un vide
de pouvoir. Il ne s’agissait pas seulement d’une tactique destinée à
pratiquer une politique de terre brûlée, face à un mouvement social
difficilement contrôlable, mais aussi un élément caractéristique de la
forme actuelle de l’exercice du pouvoir national. Celui-ci vient de
réagir, dans le seul champ qui lui reste disponible, celui de la
provocation idéologique et l’organisation de la répression.

Un État policier.

La répression, subie par les gilets jaunes, est d’un niveau inconnu
en France depuis des dizaines d’années. On dénombre quelques 1 800
condamnations accompagnées de centaines de peines de prison ferme, ainsi
que 1 400 personnes en attente de jugement. Il s’agit pourtant d’un
mouvement social non violent qui n’a aucune capacité, ni volonté, de
menacer l’exercice même du pouvoir. La violence policière est avant tout
« proactive », elle a pour but de créer la peur et de dissoudre
préventivement tout processus de recomposition sociale. Au 15 janvier,
on comptait au moins 1700 blessés, 93 blessés graves dont 13 personnes
éborgnées [11] parmi les manifestants.

Ainsi, tout au long de leurs manifestations, les gilets jaunes ont été confrontés à la seule structure effective de l’État national : la police. Les États membres de l’UE, même de grands pays comme la France, sont aujourd’hui des instances dépourvues de la plupart des prérogatives régaliennes, qu’elles soient politiques ou économiques. La plupart de celles-ci ont été transférés à des instances européennes et internationales. Les politiques économiques et sociales, telles la réforme du code du travail, sont de simples applications de directives de l’UE.
La police devient l’appareil central de l’État national [12] . La prérogative du maintien de l’ordre reste bien de son ressort, contrairement à la guerre, à la monnaie ou à la politique économique. Si à ce niveau, l’État national garde bien une autonomie, elle est relative car étroitement encadré par la structure impériale étasunienne. Depuis une trentaine d’années, les polices européennes ont été structurées directement par le FBI [13] . Non seulement, la police fédérale américaine a organisé les équipes mixtes d’intervention, mais grâce à ses initiatives, elle est parvenue aussi à influencer fortement les législations européennes, tant nationales que communautaires et cela dans les domaines de l’interception des communications, du contrôle du Net, de la création de nouvelles incriminations spécifiant le terrorisme, ainsi que sur les réformes des appareils policiers et judiciaires.

La centralité de l’appareil policier au niveau national a d’abord été
explicite dans des pays ayant abandonné depuis longtemps toute
souveraineté nationale, telle la Belgique. Elle est maintenant organique
à des pays comme la France. Il s’agit là du résultat d’une politique
d’abandon de toute indépendance nationale et d’une intégration accrue
dans l’Empire étasunien.

« La parabole des aveugles ».

Si la police est devenue, en France, le corps central de l’État
national, c’est d’abord comme appareil soumis aux structures impériales.
Cette articulation explique les difficultés rencontrées par les luttes
prolétaires. La gestion de force de travail est internationale et les
luttes restent nationales. L’adversaire est globalement insaisissable.
Face aux gilets jaunes, il n’y a que la police comme représentante d’un
Etat qui a perdu ses prérogatives régaliennes. Les manifestants doivent
faire face à un vide de pouvoir. Ils sont confrontés à un Etat qui
règne, mais ne gouverne pas.

La violence de la police vis à vis des manifestants, ainsi que
l’utilisation massive de la procédure de comparution immédiate, sont
révélatrices de la forme actuelle de l’État, d’un Etat national qui n’a
plus d’autres prérogatives que les fonctions de police et de justice,
cette dernière étant réduite à un simple auxiliaire de l’appareil
répressif. La procédure de « comparution immédiate » est explicite de
cette mutation. C’est donc le droit pénal qui est maintenant au centre
des relations entre le pouvoir et la population.

Actuellement, le droit pénal a acquis un caractère constituant.
Abandonner, comme le demande Etienne Chouard, les revendications
salariales et ne pas faire de la défense des libertés fondamentales un
axe central de lutte , afin de concentrer tous ses efforts sur le RIC,
conduit à l’anéantissement du mouvement. Cela amène à traiter comme
objectif principal, sinon unique, la capacité de transformer un texte
constitutionnel qui n’a plus qu’une place résiduelle dans l’ordre
politique et juridique actuel.  Cette tactique se place hors de toute
réalité effective. Elle conduit à un suicide politique, comme le suggère
notre référence à la peinture de Jerôme Bosh, « La parabole des
aveugles ».

Le RIC  comme substitut à la lutte sur le salaire.

La dissolution de ses revendications propres dans une demande
abstraite de démocratisation de l’État ne peut qu’affaiblir le
mouvement. Cette exigence peut facilement se transformer en son
contraire, en un renforcement du pouvoir exécutif. Le déni de la
composition de classe du mouvement, leur refus de se nommer comme
prolétariat fait qu’ils sont désignés comme peuple, comme base
imaginaire d’une organisation étatique qui les combat.

En effet, la manière dont certains manifestants se définissent pose
problème. Si leurs revendications portent  bien sur la question du
salaire, elle ne se nomment pas comme telles. Elles se présentent pas
comme des actions prolétaires, destinées à défendre la valeur de la
force de travail, mais comme un mouvement « citoyen », se réclamant d’un
État qui est en première ligne dans la baisse du salaire direct et
indirect.

En conclusion, il apparaît que la revendication du RIC repose sur un
double déni de la réalité politique. Elle suppose que l’État national
exerce encore un pouvoir conséquent et que la Constitution en est encore
un vecteur essentiel.

Un déni du caractère politique de la lutte salariale.

C’est aussi un déni du caractère directement politique de la lutte
salariale, qui dans le contexte actuel, affronte globalement une
accumulation du capital basée, non plus principalement, comme dans « les
trente glorieuses », sur l’augmentation de la production de plus-value
relative, mais bien sur une nouvelle croissance de la plus-value absolue
[14].

En occident, donc en France, dans une structure de très faible
croissance, l’augmentation de la productivité du travail n’est plus le
vecteur principal de l’augmentation de l’exploitation, de la hausse du
taux de plus-value, mais bien la baisse des salaires directs et
indirects, ainsi que l’augmentation de la durée et de la flexibilité du
travail.

La lutte sur le salaire devient directement politique, car toute
valorisation de la force de travail remet directement en cause un
système d’exploitation basé essentiellement sur la baisse de la valeur
absolue de la force de travail. La fonction de l’État comme capitaliste
collectif, telles que nous le montre la loi El Khomri et les ordonnances
Macron, est aujourd’hui centrale dans le démantèlement des garanties
permettant aux travailleurs de défendre leurs salaires et leurs
conditions de travail. Toute lutte pour le salaire devient une lutte
directement politique.

Jean-Claude Paye

Notes

[1]Louis Nadau, « Face au RIC , Macron brandit le Brexit », Marianne.net, le 16/1/2019,https://www.marianne.net/politique/face-au-ric-macron-brandit-le-brexit

[2]« Comment Emmanuel Macron prépare un référendum en secret », Le Journal du Dimanche,  le 2 février 2019, https://www.lejdd.fr/Politique/exclusif-comment-emmanuel-macron-prepare-un-referendum-en-secret-3850556

[3]Carole Piquet, « Qu’est-ce que le «RIC délibératif» proposé par Terra Nova ? »,  Le Parisien.fr, le 19 février 2019, http://www.leparisien.fr/politique/qu-est-ce-que-le-ric-deliberatif-propose-par-terra-nova-19-02-2019-8015343.php

[4]« L’Assemblée vote la proposition de loi « anti-casseurs » par 387 voix contre 92 », Europe1.fr, le 5 février 2019,https://www.europe1.fr/politique/lassemblee-vote-la-proposition-de-loi-anticasseurs-par-387-voix-contre-92-3852311

[5]Lire : Jean-Claude Paye, « Que rien ne change pour que tout change », Alter Info, le 8 juin 2017, http://www.alterinfo.net/Que-rien-ne-change-pour-que-tout-change-_a131165.html

[6]Henri Guillemins, « La révolution française (1789-1794)», https://www.youtube.com/watch?v=mh7DWUr_nyA

[7]Jean-Claude Paye, « Macron. La fin du système des partis », Alter Info, le 20 avril 2017, http://www.alterinfo.net/Macron-La-fin-du-systeme-des-partis_a130104.html

[8]Résultats des élections législatives 2017, Ministère de l’Intérieur, https://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats/Legislatives/elecresult__legislatives-2017/(path)/legislatives-2017/FE.html

[9]« Les députés ont voté pour limiter la liberté de manifester », Reporterre.net, le 5 février 2019, https://reporterre.net/Les-deputes-ont-vote-pour-limiter-la-liberte-de-manifester

[10]Bernard-Henri Lévy: « L’antisémitisme, c’est le coeur du mouvement des gilets jaunes », AFP, le 18 février 2019, https://www.lalibre.be/actu/international/bernard-henri-levy-l-antisemitisme-c-est-le-coeur-du-mouvement-des-gilets-jaunes-5c6a69ffd8ad5878f0c92226

[11]« Au moins 93 blessés graves depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, 13 personnes éborgnées », RT France, le 15 janvier 2019, https://francais.rt.com/france/57917-au-moins-93-blesses-graves-debut-mouvement-gilets-jaunes-13-personnes-eborgnees

[12] Jean-claude Paye, «  « L’État policier, forme moderne de l’Etat ? L’exemple de la Belgique », Les Temps modernes,, no 605, août-septembre-octobre 1999 et « Vers un Etat policier en Belgique ? », Le Monde diplomatique, novembre 1999, ainsi que Vers un Etat policier en Belgique, 159 p, EPO 1999.

[13]Jean-claude Paye, « Europe-Etats-Unis : un rapport impérial », Le Monde, le 23 février 2004, https://www.lemonde.fr/international/article/2004/02/23/europe-etats-unis-un-rapport-imperial-par-jean-claude-paye_354079_3210.html

[14]L’augmentation de la valeur du capital par la production de plus-value absolue est la forme dominante au 19ieme siècle, avant que les travailleurs aient pu s’organiser massivement. Elle s’effectue par la prolongation de la journée de travail et la réduction des salaires réels. L’augmentation de la plus-value relative s’effectue, quant à elle, par l’accroissement de l’intensité et de la productivité du travail, en s’assurant que l’augmentation des salaires soit inférieure à celle de la productivité.

La source originale de cet article est Mondialisation.ca

Copyright © Jean-Claude Paye, Mondialisation.ca, 2019




Gilets jaunes

Lu sur MSN ce matin :
« Je n’ai jamais vu de ma vie un mouvement soutenu par 84 % des Français », disait sur la chaîne Europe 1 le philosophe Luc Ferry. L’ancien ministre estime que la crise est telle qu’elle justifie la dissolution de l’Assemblée nationale. »
« Marginalisée par ce mouvement spontané qui défie les cadres traditionnels, l’opposition a réagi en rangs dispersés. Les présidents du Rassemblement national, Marine Le Pen, et de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ont tous deux réclamé des élections législatives. Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, propose, lui, la tenue d’un référendum sur le plan de transition écologique et les hausses de taxes présentés la semaine dernière. »

Moi, je sais pas trop…mais avec 80% de la population qui vivent le ras-le-bol général de l’esclavage de la taxation, il serait vachement temps que le gouvernement soit destitué de ces fonctions. C’est inadmissible de voir que les médias et Macron, souhaitent simplement voir « le mouvement s’éteindre tranquillement ». C’est une preuve formelle que ce gouvernement n’écoute carrément personne. Faudra-t-il se rendre à 100% pour être enfin écouté par ce monstre sanguinaire qui se croise les bras en attendant que son peuple meurt dans les rues ? Franchement inadmissible!

Le côté positif :
« Des gendarmes mobiles retirent à leur tour leurs casques en soutien aux Gilets Jaunes.
A noter que c’est déjà la 7ème fois en 15 jours que des forces de l’ordre montrent leur soutient aux gilets jaunes (voir liens connexes). Par contre, c’est la première fois de la part de la gendarmerie (à ma connaissance). La scène se situe à Longeville-lès-Saint-Avold ou se situe un escadron de gendarmerie mobile. »

A Pau, les policiers enlèvent aussi leurs casques face aux Gilets Jaunes
http://www.fawkes-news.com/…/a-pau-les-policiers…

Même des pompiers tournent le dos à leurs représentants et supérieurs en guise de protestation:

http://conscience-du-peuple.blogspot.com/…/une-scene…




France en ébullition ! Où allons nous ?

[Source : Les moutons enragés]

France en ébullition ! Où allons nous ?

vendredi 4 janvier 2019

Auteur : Voltigeur

Ce n’est qu’une réflexion personnelle et inquiète mais, je la partage avec vous. Peut-être avez vous un avis différent, dites moi. Je me demande chaque jour un peu plus, où va nous mener la politique mondialiste et maintenant totalitaire de Macron. Je vois d’un très mauvais œil, l’intervention de ce que l’on pourrait qualifier à présent de « milice dictatoriale », ces « forces du désordre » à la solde de l’exécutif dont le « méprisant oligarque » a acheté la « fidélité » pour une prime de 300 euros. Jusqu’à quand ? Esaü a bien vendu son droit d’aînesse pour un plat de lentille…

Je leur rappelle qu’il doivent protéger le peuple dont-ils sont issus. Les ordres anticonstitutionnels qu’ils exécutent sans état d’âme, ne contribuent pas à apaiser les tensions croissantes, bien au contraire.

Notre patrie qui se veut le phare des « droits de l’homme et du citoyen », donnant par la bouche de celui-là même qui bafoue ces mêmes droits, des leçons de démocratie à l’international, bascule dangereusement vers un point de non retour. Il n’a pas l’intention de rapatrier nos soldats des théâtres d’opérations extérieures, aurait-il peur que ceux qui défendent sa politique et la France, quitte à y laisser leurs vies, se rendent compte et n’acceptent pas la dictature de ce Napoléon en papier mâché ?

Le grand débat national promis, risque de ne jamais avoir lieu. À chacune de ses interventions, le locataire de l’Élysée, mauvais gestionnaire d’un pays en faillite pour le peuple, mais très lucratif pour ses privilégiés amis, montre sa déconnexion totale de la réalité. Se contentant de poncifs éculés, d’insultes gratuites et infondées envers ceux qui défendent leurs droits fondamentaux et leur légitime volonté à une vie décente.

N’ayant aucun pouvoir pour interpeler ce sourd congénital, je ne peux que rêver qu’il atterrisse et prenne la décision de nous épargner sa désormais polluante présence ainsi que celle de ses sbires, en donnant sa démission volontairement pour éviter un désastre sanglant que personne ne veut, mais que ses agissements dictatoriaux, appellent de plus en plus fortement.

Éteignez vos télé-mensonges consacrées à la gloire de la macronie, vérifiez vos informations, restez calmes et unis, est le vœu pieux que je peux faire, quand je vois circuler les violentes vidéos du Maïdan en Ukraine comme ICI et ce n’est pas la seule, je crains le pire..

Nous sommes à deux doigts du chaos, ce qui c’est passé en Ukraine est toujours en cours. Depuis quatre ans, c’est misère et désolation pour ce pays. C’est ce qui se passera si un évènement de ce type se déclenche chez nous, car le début sera violent mais la fin restera incertaine et sans garantie.

Je peux aisément comprendre la violence due au désespoir, sans pour cela la cautionner, il faut réfléchir à toutes les options. Que les « illettrés », les « ceux qui ne sont rien », les « fainéants », les « profiteurs » et autres « sans dent » fassent fonctionner leurs synapses et connectent leurs neurones en commun, pour écrire une constitution digne de ce nom. L’intelligence n’est pas l’apanage des « énarques » qui nous ont montré leurs pauvres limites et leur indécent « entre-soi » pour mieux nous trahir.

Je ne vous parlerai pas du RIC en toutes matières et sans discussion, ni du référendum pour sortir du guêpier européen mais, cela doit rester notre priorité absolue, sans cela pas d’avenir.

Volti




La Russie et l’Europe face à la décadence des valeurs

[Source : Polemia]

[Par Yvan Blot]

La Russie et l’Europe face à la décadence des valeurs

Le problème des valeurs

Les valeurs ne sont pas une connaissance. Le vrai, le bien et le beau sont des objectifs pour l’action. Leur origine n’est pas la création par un petit père des peuples, ou par une commission interministérielle mais elle est immémoriale.   L’Europe et la Russie partagent des valeurs communes parce qu’elles sont issues de la même civilisation, issue de la Grèce et de Rome, transfigurées par le christianisme. Refuser que l’Europe soit « un club chrétien », comme l’ont dit plusieurs politiciens comme Jacques Delors ou le premier ministre turc Erdogan, revient à nier l’identité historique de l’Europe.

Les valeurs montrent leur importance sociale à travers leurs fruits. Le meurtre ou la malhonnêteté ne sont pas généralisables. La société s’effondrerait. L’honnêteté ou le respect de la vie sont généralisable. Le fait d’avoir des enfants aussi. C’est le signe qu’on est en présence de valeurs authentiques.

Le problème des valeurs est qu’elles ne sont pas issues de la raison comme l’ont montré des philosophes comme Hume ou le prix Nobel Hayek. Elles se situent entre l’instinct et la raison. Le 18esiècle européen avec son culte de la raison et son éloge de la libération de la nature, donc des instincts, a été une catastrophe pour les valeurs. La raison, cette « crapule » comme disait Dostoïevski, a servi à justifier les instincts. Or les hommes ont une vie instinctive chaotique à la différence des animaux. L’homme a par nature besoin des disciplines de la culture, de la civilisation, comme l’a écrit l’anthropologue Arnold Gehlen. Du 18e siècle à nos jours, on a assisté en Occident à la destruction des valeurs traditionnelles issues du christianisme et du monde gréco-romain. Quatre faux prophètes ont joué un rôle majeur : Voltaire, Rousseau, Marx et Freud. Au 20e siècle, les idéologies scientistes totalitaires ont provoqué des meurtres de masse au nom de la raison.

Plus récemment, la révolution culturelle des années soixante, partie des universités américaines, a affaibli nos valeurs de façon décisive avec des slogans tels qu’« il est interdit d’interdire » ou qu’« il n’existe pas d’hommes et de femmes mais des choix subjectifs d’orientation sexuelle ».

Le fait est que le nombre de crimes et de délits en France resté stable autour de 1, 5 millions d’actes entre 1946 et 1968  a monté depuis lors au chiffre de 4,5 millions. Le record des prisonniers est détenu de loin par les Etats-Unis d’Amérique où le nombre de meurtre par habitant est quatre fois celui de la France. Face à cette situation, les gouvernements n’ont guère réagi sauf celui de la Russie.

Si l’on reprend les quatre causes d’Aristote matérielle, formelle, motrice et finale, on a quatre groupes de valeurs culturelles qui sont le socle de la civilisation et de la société, on a les valeurs comme normes obligatoires incarnées par l’Etat et le droit, on a les valeurs familiales qui s’étendent aussi à l’économie et enfin les valeurs spirituelles incarnées par les religions. Dans quelle situation sommes-nous par rapport à ces quatre groupes de valeurs ? L’utilitarisme américain qui réduit l’homme à une matière première de l’économie remet en cause beaucoup de nos valeurs traditionnelles.

Les valeurs culturelles et morales

L’Europe et la Russie ont dans ce domaine un héritage majeur, celui de l’Empire romain et des anciens Grecs. Il s’agissait de la « paidéia » (παιδεία), l’éducation de l’homme afin qu’il devienne « beau et compétent » de corps et d’âme (καλὸς κἀγαθός). D’où la recherche de l’excellence morale par l’exemple des grands hommes de l’histoire. Cette éducation humaniste, qui était aussi bien catholique que laïque en France, a été reniée. On cherche à former des techniciens et des commerciaux sans culture générale et non des citoyens autonomes. L’homme doit devenir un simple rouage de la machine économique comme l’a montré le philosophe Heidegger. On assiste à un effondrement de la culture générale et de la lecture. En même temps, le sens moral s’affaiblit, à commencer chez les élites car « c’est toujours par la tête que commence à pourrir le poisson ».

Au nom des droits de l’homme, on sape la morale traditionnelle car on ignore la nature véritable de l’homme. Celui-ci a trois cerveaux, reptilien pour commander les instincts, mammifères pour l’affectivité (mesocortex) et intellectuel et calculateur (neocortex). En Occident, le cerveau affectif qui commande le sens moral n’est pas favorisé : il est considéré comme réactionnaire ! La morale est réactionnaire ! Seuls sont promus le cerveau reptilien (les instincts) et le cerveau calculateur (intelligence) mis au service du reptilien. Cela donne des personnalités au comportement déréglé comme un ancien directeur du FMI. Plus gravement, cette dégénérescence a produit aussi les criminels comme Hitler ou Pol Pot ! La raison au service de l’agression reptilienne, c’est la barbarie !

Il faut réaffirmer l’importance de la morale, notamment civique, laquelle n’est pas fondée sur la raison mais sur des traditions que l’on acquiert avec l’éducation du cœur, comme l’a toujours affirmé le christianisme. C’est essentiel pour l’Europe comme pour la Russie. Nous partageons l’idéal de la personne qui recherche l’excellence, idéal issu des anciens Grecs, de l’empire romain et du christianisme.

L’offensive contre les valeurs familiales

A partir de mai 1968  pour la France, les valeurs familiales se sont effondrées. Le mot d’ordre de mai 68  était « jouir sans entraves » comme disait l’actuel député européen Daniel Cohn Bendit accusé aujourd’hui de pédophilie. Depuis les années soixante dix, un courant venu des Etats-Unis, la théorie du genre, affirme que le sexe est une orientation choisie. Le but est de casser le monopole du mariage normal, hétérosexuel. Depuis les mêmes années, la natalité s’effondre dramatiquement en Europe. L’Europe ne se reproduit plus et sa démographie ne se maintient en quantité que par l’immigration du tiers monde. Le tissu social se déchire par les échecs familiaux et par l’immigration de masses déracinées. La France favorise la gay pride, autorise le mariage gay et réduit les allocations familiales. Par contre, la Russie créé pendant ce temps une prime de 7700 euros à la naissance à partir du deuxième enfant, et crée une fête officielle de l’amour de la fidélité et du mariage avec remises de décoration.

Une idéologie venue des Etats-Unis affirme le choix de vie « childfree » (libre d’enfants) opposé à « childless » sans enfants par fatalité. Avec une telle idéologie, l’Europe contaminée est en danger de mort démographiquement. Ce  fut le cas de la Russie après la chute de l’URSS  mais le redressement s’affirme depuis trois ans environ.

Il faut aussi lier les valeurs familiales et celles de la propriété et de l’entreprise. Dans le passé, la famille était la base de l’économie. Le système fiscal français démantèle la propriété et empêche les travailleurs d’accéder à la fortune par le travail. On sait grâce aux exemples allemand et suisse que les entreprises familiales sont souvent les plus efficaces et les plus rentables.  Or on est dans une économie de « managers » de gérants qui cherchent le profit à court terme pour des actionnaires dispersés. L’Etat est aussi court termiste dans sa gestion et s’endette de façon irresponsable, droite et gauche confondues. Une société sans valeurs familiales est aussi une société tournée vers le court terme, qui se moque de ce qu’elle laissera aux générations futures. Là encore, l’Europe pourrait s’inspirer de la récente politique familiale russe et la Russie avec son faible endettement est un bon contre-exemple par ailleurs.

La crise des valeurs nationales.

Le socialiste Jaurès disait : « les pauvres n’ont que la patrie comme richesse » : on cherche aujourd’hui à leur enlever cette valeur. La patrie repose sur un certain désintéressement des hommes : mourir pour la patrie fut un idéal de la Rome antique à nos jours. La marginalisation des vocations de sacrifice, celle du soldat et celle du prêtre n’arrange rien. La classe politique est gangrenée par l’obsession de l’enrichissement personnel. La patrie est vue comme un obstacle à la création de l’homme nouveau utilitariste et sans racines.

En outre en France surtout, on a cherché à dissocier le patriotisme de l’héritage chrétien, ce qui est contraire à tout ce que nous apprend l’histoire. L’Eglise dans beaucoup de pays d’Europe a contribué à sauver la patrie lorsque celle-ci notamment était occupée par l’étranger.

La patrie, du point de vue des institutions politiques, est inséparable de la démocratie. Or en Europe à la notable exception de la Suisse, on vit plus en oligarchie qu’en démocratie. Ce n’est pas nouveau. De Gaulle dénonçait déjà cette dérive. Il faut rétablir une vraie démocratie,  au niveau national comme de l’Union européenne, organisation oligarchique caricaturale, et ré enseigner le patriotisme aux jeunes pour retisser un lien social qui se défait.

La marginalisation des valeurs spirituelles

L’Europe comme la Russie sont issues d’une même civilisation issue de l’Empire romain et du christianisme. Le christianisme est unique en ce qu’il est une religion de l’incarnation, du Dieu fait homme pour que l’homme puisse être divinisé comme l’ont dit Saint Athanase en Orient et saint Irénée en Occident. Le christianisme met donc l’accent sur le respect de la personne humaine que l’on ne peut séparer des devoirs moraux.

Cet équilibre est rompu avec l’idéologie des droits de l’homme où les devoirs sont absents. Dostoïevski, cité par le patriarche russe Cyrillel II  a montré que la liberté sans sens des devoirs moraux peut aboutir à des catastrophes humaines. De même l’égalité sans charité débouche sur l’envie, la jalousie et le meurtre comme les révolutions l’ont montré. Quant à la fraternité, sans justice, elle débouche sur la constitution de mafias, qui sont des fraternelles mais réservées aux mafieux  au détriment des autres.

L’égalité en droit des différentes religions n’est pas en cause. Mais il n’y a rien de choquant à reconnaître le rôle du christianisme dans notre histoire commune et à en tirer des conséquences pratiques. Comme l’a dit l’ancien président Sarkozy, un prêtre peut être plus efficace pour redonner du sens moral et retisser le tissu social que la police ou l’assistance sociale. Il en appelait à une laïcité positive, non anti-religieuse.

Là encore, la Russie tente une expérience intéressante qu’il ne faut pas ignorer de collaboration entre l’Etat et l’Eglise. La destruction du rôle public des Eglises a mené au totalitarisme, à un Etat sans contrepoids moral ; il ne faut pas l’oublier.

Redressement culturel et démocratie authentique

Qui pousse en Occident à l’effondrement des valeurs traditionnelles ? Ce n’est certes pas le peuple mais plutôt les élites profitant de leur pouvoir oligarchique, médiatique, financier, juridique et en définitive politique sur la société. Si on faisait un référendum sur le mariage gay, on aurait sans doute des résultats différents du vote de l’Assemblée Nationale.

Ce qui caractérise l’Europe d’aujourd’hui est une coupure croissante entre les élites acquises à la nouvelle idéologie pseudo religieuse des droits de l’homme et le peuple attaché aux valeurs traditionnelles de la famille, de la morale classique et de la patrie.

Ce fossé, par contre, existe moins, semble-t-il en Russie où le président et le gouvernement reflètent bien la volonté populaire, quitte à être critiqués par quelques oligarchies occidentalisées. C’est pourquoi je pense, contrairement à une idée reçue, que la Russie d’aujourd’hui est sans doute plus démocratique que la plupart des Etats européens car la démocratie, c’est d’abord le fait de gouverner selon les souhaits du peuple. En Occident, les pouvoirs sont manipulés par des groupes de pression minoritaires. Ils négligent la volonté du peuple et la preuve en est qu’ils ont peur des référendums.

La démocratie russe est jeune mais est-ce un défaut ? Une démocratie trop vieille peut être devenue vicieuse et décadente, et perdre ses vertus démocratiques d’origine pour sombrer dans l’oligarchie. La Russie est donc peut-être plus démocratique car plus proches des valeurs du peuple que nos oligarchies occidentales dont de puissants réseaux d’influence souhaitent changer notre civilisation, la déraciner, créer de toutes pièces une morale nouvelle et un homme nouveau sans le soutien du peuple. Démocrates d’Europe et de Russie ont en tous cas un même héritage culturel à défendre et à fructifier face à ces réseaux.

Face au déclin des valeurs, déclin surtout importé d’Amérique depuis les années soixante, il appartient donc à l’Europe et à la Russie de faire front commun pour défendre les valeurs de la nation, de la démocratie, de la culture classique avec son héritage chrétien. Comme disait De Gaulle, il faut s’appuyer sur les peuples d’Europe de ‘Atlantique à l’Oural, ou plutôt à Vladivostok. Il a écrit dans les Mémoires de guerre : «  Les régimes, nous savons ce que c’est, sont des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas ». J’ajouterai qu’il en est de même de leurs valeurs éternelles car elles sont inscrites dans la nature humaine et dans la transcendance ».

Yvan Blot
(Institut de la démocratie et de la coopération, 10 juin 2013)

Source :
Metapo Info
http://metapoinfos.hautetfort.com




« L’oligarchie au pouvoir » de Yvan Blot

[Source : Polémia]

[Présentation de Henri Dubost]

« L’oligarchie au pouvoir » de Yvan Blot

Sous une apparence de démocratie, le pouvoir réel est en fait oligarchique, c’est-à-dire dans les mains d’un petit groupe d’individus. Ce pouvoir vacille : les pôles de résistance de la société civile s’affirment de jour en jour. En dernier ressort, seule la démocratie directe pourra délivrer les Français de l’oligarchie. Telle est la triple thèse d’Yvan Blot dans cet ouvrage roboratif que nous fait découvrir Henri Dubost avec beaucoup d’élégance.

Défiance du peuple, défiance envers le peuple

Si, selon Aristote, l’aristocratie (gouvernement des meilleurs pour le bien commun) dérive nécessairement en oligarchie (gouvernement de quelques-uns pour leur bien personnel), force est de constater que la démocratie (idéalement « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », selon la formule d’Abraham Lincoln) est paradoxalement également sujette aux mêmes dérives oligarchiques. En France, mais aussi dans de nombreux pays occidentaux, on constate une méfiance croissante du peuple à l’encontre du système politique et des instruments de contrôle de l’opinion publique, médias et instituts de sondages. Il y a dix ans, les Français accordaient la note de 4,7 sur 10 à leur système politique ; elle n’est plus que de 3,7 sur 10 dans l’enquête de Bréchon et Tchernia de 2009, relève Yvan Blot. Si 73% des Français ont une image positive de l’armée et de la police, en revanche le parlement, bien qu’élu, ne recueille que 45% de bonnes opinions et les politiques ,18% ! Quant aux médias, 68% de nos concitoyens les considèrent comme « peu ou pas indépendants ». Des scores obtenus, il faut le remarquer, avant la nauséabonde saga Strauss-Kahn, le scandale Karachi ou encore les révélations des pléthoriques mises en examen tant dans les rangs du PS que de l’UMP. Le parfum de pourriture avancée qui flotte sur le monde politico-médiatique ne peut que déssiller chaque jour un peu plus les Français sur les prétendues vertus du Système…

Les représentants élus par le peuple ne contrôlent pas le gouvernement

Les candidats qui se présentent devant les électeurs sont désignés à l’avance par les partis, et sont donc choisis pour leur parfaite docilité. Ainsi, souligne Yvan Blot, « ceux qui pourraient contrôler sérieusement le gouvernement (la majorité) ne le souhaitent pas (par discipline de parti), alors que ceux qui voudraient contrôler le gouvernement (l’opposition) ne le peuvent pas, parce qu’ils sont minoritaires ». Certes, « des membres de la classe politique peuvent perdre les élections, mais ils sont remplacés par des équivalents dont la politique n’est jamais très différente de celle de leurs prédécesseurs ». En France, d’aucuns appellent ce système l’UMPS… D’autre part, « le pouvoir législatif est largement dans les mains de l’exécutif qui a l’initiative réelle des lois et qui les fait rédiger dans les ministères. Beaucoup de députés et sénateurs investissent peu sur ce travail de juristes qui parfois les dépasse et qui est peu compatible avec le travail électoral de terrain pour se faire réélire. Ils se bornent alors à signer les rapports préparés pour eux par les fonctionnaires des assemblées ». Un deuxième plafond de verre vers le ciel serein de la démocratie est ainsi constitué par l’administration (la technostructure), caste de hauts fonctionnaires non élus mais qui, de fait, concentrent entre leurs mains la réalité du pouvoir, ceci en parfaite adéquation avec l’idée d’Auguste Comte selon laquelle la souveraineté des experts doit remplacer la souveraineté du peuple. Il faut adjoindre à ce constat le fait que près des trois quarts des lois votées par les parlementaires ne sont que des implémentations dans le droit français de directives de Bruxelles. Pour Yvan Blot, sous le nom de démocratie dite représentative, nous vivons donc sous la coupe réglée des oligarchies : l’administration civile (les technocrates), les médias (qu’Yvan Blot nomme joliment les « prescripteurs d’opinion »), les dirigeants de syndicat, les groupes de pression culturels et cultuels, etc., qui forment des réseaux en interaction puissante, laissant le citoyen totalement désarmé.

Le Gestell

Yvan Blot fonde son analyse de l’oligarchie en référence constante au Gestell heideggerien, qu’on peut définir comme une vision du monde exclusivement matérialiste, utilitariste, techniciste. L’homme idéal selon le Gestell n’a pas de racines (ni famille, ni race, ni nation, ni culture, ni spiritualité, ni religion), n’a pas de passé (un culte mémoriel totalement virtualisé et instrumentalisé dans le sens d’une repentance mortifère lui en tient lieu), n’a pas d’idéal (pur producteur/consommateur interchangeable), n’a pas de personnalité (en lieu et place, un ego hypertrophié par la publicité). Nietzsche en a prophétisé l’avènement dans son Zarathoustra, sous le nom de dernier homme. Technique, masse, argent et ego sont les quatre idoles du Gestell dont le masque le plus pernicieux est l’égalitarisme : « Pas de berger, un seul troupeau ! », disait Nietzsche. « Tout historien sait qu’avant la guerre, il y avait bien plus de liberté de parole en France, souligne Yvan Blot. Il suffit par exemple de lire les débats à l’assemblée nationale avant guerre et maintenant. Les discours sont devenus de plus en plus techniques, convenus et plats ». Constat également alarmant sur l’extension du domaine de la barbarie : depuis 1968, soit en quelque 35 années, le nombre de crimes et délits est passé en France de 1,5 million à 4,5 millions… Quant à l’art contemporain (qu’il serait plus adéquat d’appeler art financier), il est la manifestation la plus écœurante de la transformation d’un monde classique, enraciné, en un im-monde postmoderniste, cosmopolite. Dans son ouvrage Le Siècle juif, Yuri Slezkine oppose d’ailleurs le monde mercurien des nomades et de l’astuce (la diaspora) au monde apollinien des guerriers et du sens de l’honneur militaire. « Obscurcissement du monde, fuite des dieux, destruction de la terre, grégarisation de l’homme, suspicion haineuse envers tout ce qui est créateur et libre », tel est le bilan du Gestell selon Heidegger.

Les justifications idéologiques de l’oligarchie

Selon Yvan Blot, le Gestell repose sur quatre piliers idéologiques : le progrès, l‘égalitarisme, le droit-de-l’hommisme, la gouvernance démocratique. Ces masques, qui se veulent séducteurs envers le peuple, mais qui constituent en fait de véritables poisons totalitaires, sont autant d’autojustifications du Gestell. Yvan Blot rappelle fort opportunément que Staline parlait volontiers de droits de l’homme et que l’URSS a voté la Charte universelle des droits de l’homme de 1948, alors même que le régime bolchevique menait une politique intérieure fondée sur une effroyable terreur. « Derrière le progrès, il y a l’utilitarisme du Gestell qui détruit les racines, fait de l’homme une matière première privée de patrie. Derrière l’égalité, il y a la destruction des libertés, l’oppression, et la diffusion d’un esprit de haine qui déchire le tissu social. Derrière les droits de l’homme, il y a la volonté de légitimer tous les caprices de l’ego, quitte à menacer l’ordre public et l’Etat de droit lui-même. Derrière la gouvernance démocratique, il y a l’oligarchie et la volonté d’empêcher le peuple de participer vraiment au débat public, sous prétexte d’étouffer le « populisme » », observe Yvan Blot. Ces oripeaux idéologiques duGestell se retrouvent d’ailleurs aussi bien à gauche qu’à « droite » : il existe une « droite » mondialiste, utilitariste, politiquement correcte, hostile à la famille et à la nation qui, comme la gauche, est totalement à la botte du Gestell.

« Là où règne le péril, croît également ce qui sauve ! »

Mais selon Yvan Blot, le Gestell, en tant qu’il nie l’essence de l’homme, ne peut que s’effondrer. La préférence pour l’immédiat, la déresponsabilisation des individus, la réification de l’humain et de la vie, le choix systématique de l’hédonisme et de l’esthétisme contre l’éthique, aboutissent à un effondrement civilisationnel, ainsi que l’ont montré Hans Herman Hoppe dans son ouvrage Democracy,the God that failed, et Jean-François Mattéi dans La barbarie intérieure. Entre autres dans le domaine de la démographie, la dictature du Gestell aura en Europe des conséquences catastrophiques dans les vingt prochaines années, souligne Yvan Blot, ceci en accord avec le démographe Yves-Marie Laulan pour lequel « la démographie scande l’histoire ». L’éviction des Serbes du Kosovo, qui nous rappelle d’ailleurs que l’histoire est tragique, est l’illustration la plus récente de ce principe. Pour Yvan Blot, un des contrepoisons au Gestell est l’ « autonomie de la pensée existentielle ». En termes plus triviaux : on ne peut mentir tout le temps à tout le monde… Yvan Blot prend entre autres l’exemple politiquement incorrect de l’immigration. Le bombardement systématique du slogan « L’immigration est une chance pour la France », avec statistiques et études enchanteresses à l’appui, après avoir pendant trente ans sidéré les foules et empêché toute prise de conscience du phénomène de substitution de population, finira par être perçu comme un insupportable mensonge par ceux-là mêmes qu’il était censé normaliser. Tout comme les citoyens de l’URSS ont fini par constater, malgré l’omniprésence de la propagande du régime, le gouffre béant entre l’idéologie et le réel. Pour Yvan Blot, cette Aléthéia (dévoilement en grec) « ne dépend pas de la volonté des hommes mais de changements internes à l’être du destin (ce que les Grecs appelaient Moira) ». Incontestablement, entre autres avec Internet, la parole s’est libérée, dans le peuple en général et parmi les jeunes tout particulièrement. L’Aléthéia semble donc irréversible. Ce qui est vrai des victimes de l’insécurité et de l’immigration l’est aussi de celles de la spoliation fiscale et patrimoniale. Yvan Blot insiste également sur ceux qu’ils nomment les « héros », les éveilleurs de peuples qui savent cultiver les vertus guerrières et le désintéressement, ainsi que sur le rôle du catholicisme, mais un catholicisme qui aurait naturellement retrouvé sa dimension combattante. Celui par exemple du pape saint Pie V dont les appels à la lutte contre l’islam aboutirent à la magnifique victoire de Lépante sur le Turc en 1571. Et Yvan Blot fait également sien le profond aphorisme du poète Hölderling : « Là où règne le péril, croît également ce qui sauve ! »

Les contrepoisons politiques : enracinement national et démocratie directe

« Vouloir séparer les notions idées de nation et de démocratie est un leurre » affirme Yvan Blot, remarquant avec Heidegger qu’il s’agit de mettre l’identité (qui rassemble) avant l’égalité (qui disperse). Lorsque les Athéniens se réunissaient sur l’agora pour décider de la chose commune, ils le faisaient au nom de leur famille et de leur lignée, non pas simples expressions de contrats comme le voudrait le Gestell, mais liens transcendants entre individus. Seule l’appartenance nationale est garante d’une cohésion sans laquelle il ne saurait y avoir de démocratie. Or « il n’y a pas de nation sans volonté politique de ses citoyens d’en faire partie ». D‘où le puissant levier de cohésion nationale qu’est la démocratie directe, laquelle est fondée sur deux outils essentiels : le référendum veto et l’initiative populaire. Le premier consiste à permettre au peuple d’annuler une loi votée par le parlement. La seconde est une pétition pour soumettre à référendum un projet de loi voulu par les citoyens signataires sur un sujet que le gouvernement ou le parlement ignorent ou ont peur d’aborder. En Suisse, une initiative populaire a abouti à un référendum anti-minarets, largement remporté par son initiateur, l’Union démocratique du centre, premier parti de la Confédération, et de très loin, en nombre d’électeurs. Les adversaires de la démocratie directe allèguent la non-maturité ou le manque d’ « expertise » des citoyens. Or des études universitaires très poussées, tant en Suisse qu’aux Etats-Unis, ont montré que les décisions du peuple, quand on consent à lui donner directement la parole, sont toujours modérées et raisonnables.

« En France, conclut Yvan Blot, il faudra sans doute une crise grave pour que l’oligarchie politique se résolve à introduire la démocratie directe ». Au vu des derniers événements, entre autre crises de l’euro et crise de l’endettement des Etats, nous n’en sommes plus très loin…

Henri Dubost 
7/11/2011

Yvan Blot, L’oligarchie au pouvoir, Editions Economica, 2011, 144 pages

Yvan Blot, ancien élève de l’ENA, docteur ès-sciences économiques, ancien député du Pas-de-Calais et ancien député européen. Créateur de l’association « Agir pour la démocratie directe » qui demande que l’on applique l’intégralité des articles 6 et 14 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui autorise le peuple à voter directement par référendums les lois et les impôts.




Un camouflet de douze millions

[Source : Michel Onfray]

UN CAMOUFLET DE DOUZE MILLIONS

Le
Grand Débat de Macron, qui a duré six mois, a coûté 12 millions
d’euros. Il avait été précédé par une annonce pour une fois tenue: ce
débat aura lieu, avait-il été dit, mais le cap ne changera pas. Pour une
fois qu’un président de la République honore sa parole, saluons son
honnêteté. Ce prétendu débat avec des interlocuteurs choisis et triés
sur le volet par les préfectures a bien eu lieu; il a généré des
dizaines d’heures de monologues que les chaines d’informations ont
diffusé et commenté avec gourmandise, idem avec les quotidiens et les
magazines qui s’en sont repu; aucune instance de régulation genre
Conseil Supérieur de l’Audiovisuel n’a imaginé une seule seconde que ce
temps de parole devrait entrer dans le décompte du temps alloué aux
partis lors de la campagne pour les élections européennes. Ce président
qui avait stigmatisé les présidence bavardes de ses prédécesseurs est en
train de les enfoncer comme jamais.

Tout ce barnum qui a éloigné
le président de la République de son bureau de travail pendant de
longues semaines a eu lieu et, après deux longues heures d’un
interminable monologue narcissique présenté comme une conférence de
presse à même de faire un bilan de ces six mois, nous en avons désormais
bien la certitude: rien ne va changer, la direction est la bonne, il
faut continuer dans ce sens, et même accélérer le rythme. Le principe
étant que, si l’Europe (mot tabou pendant ces deux heures: normal, c’est
le mot du seul enjeu véritable…) déçoit c’est parce qu’il n’y a pas
assez d’Europe, dès lors il faut plus d’Europe encore. C’est aussi malin
qu’un cancérologue qui dirait à son patient souffrant de sa maladie
qu’il lui faudrait plus de cancer encore pour aller mieux…

J’ai
annoncé la chose et je l’ai écrite plusieurs fois, c’était facile de
savoir que les choses se passeraient ainsi. Tout le monde peut désormais
le savoir: le Grand (sic) Débat était une affaire d’enfumage pour
calmer ceux des gilets-jaunes qui ont cru à cette opération de
communication. Je le répète: dans le cadre étroit de l’Etat
maastrichtien, Macron n’a pas d’autre choix que de maintenir le cap. Il
le maintient. Junker peut lui envoyer des roses rouges.

Cette
conférence de presse, c’était en fait le chef de la France d’en haut qui
parlait aux domestiques de la France d’en haut pour leur dire que cette
même France d’en haut n’avait rien à craindre: le cap maastrichtien
allait être maintenu. Les gilets_jaunes disent-ils depuis des semaines
que pareille direction conduit aux vortex marins? Leur cas est vite
expédié par le jeune homme: « ce ne sera pas une réponse aux
gilets-jaunes, mais à tous les Français » -ce qui donne, traduit dans la
langue qui pourrait être celle de la meuf Ndiaye propulsée porte parole
du gouvernement, probablement pour son style fleuri  et son art de la
synthèse: « Virez moi ces gueux, je n’ai rien à dire à ces connards,
passons aux choses sérieuses. » Le plus honnête eut été de s’exprimer
ainsi.

En effet, dès les premières minutes, les gilets-jaunes
ont été habillés par le président de la République avec ses crachats
habituels: homophobes, racistes, antisémites, complotistes, etc. Les
médias ont abondamment délayé ces vomissures depuis une demie année, on
connaît désormais très bien ces insultes qui passent pour un
argumentaire -c’est ainsi que cet homme à la pensée complexe se repose
de trop penser et de penser trop haut.

Moins de cinq minutes
après le début de cette sotie -la sotie est une « farce satirique et
allégorique du Moyen Âge, jouée par des acteurs en costume de bouffon »- ,
les gilets-jaunes pouvaient éteindre leur télévision, cette soirée ne
serait pas la leur. Pendant des semaines ils ont demandé un orage
civique; Macron leur a offert une rosée médiatique et ce fut un pissat
de colibri.

« Nous sommes avant tout les enfants des Lumières »,
a-t-il asséné, probablement après avoir pompé dans le Lagarde &
Michard -lui ou la Meuf. A l’écouter, rien n’était moins sûr… Tout dans
son intervention était brumeux et fumeux, fuligineux et vaporeux, en un
mot: ennuyeux. Rien de la drôlerie ironique de Voltaire, rien de la
profonde légèreté de Diderot, rien de la radicalité de Rousseau, rien de
la pensée élégante de Montesquieu, rien de l’espièglerie de La Mettrie,
rien de la profonde humanité d’Helvétius, rien de la puissance de
d’Holbach. De Lumières, il n’y en eut point, juste une veilleuse de nuit
au pied du lit. Un colibri vous dis-je. Lui qui, après avoir professé
jadis que la culture française n’existait pas, a changé de bord, et ça
n’est pas la première fois, en parlant de « cet art un peu particulier
d’être français ». Pour le coup, ce soir-là comme tant d’autres, il n’a
pas été un bien grand Français!

Il se peut qu’armé de cette
loupiotte il n’ait pas vu grand chose pendant son marathon dans la
France rurale. Mais il fit bonne figure et eut toutefois un air inspiré,
comme madame Trogneux le lui a probablement appris en jouant « Les
Fourberies de Scapin » au lycée des jésuites d’Amiens, un air profond,
comme il est dit dans les didascalies des pièces de théâtre du genre:
« Ici on aura l’air grave. » Après avoir ménagé un silence pendant lequel
il devait compter mentalement les secondes « une, deux, trois -il a
repris la parole et confessé ces propos d’un converti : il a vu
« l’épaisseur de la vie des gens ». Tudieu! Le bougre est devenu président
de la République alors qu’il ignorait tout de l’épaisseur de la vie des
gens! Quel talent ce Scapin qui a eu besoin d’un tour de France à douze
millions d’euros pour apprendre ce qu’il aurait dû savoir depuis bien
plus longtemps que ça -disons: juste après son stage de l’ENA…

Après
la conversion de Claudel derrière un pilier de Notre-Dame, il faut
désormais compter avec la conversion de Macron aux pieds d’un pommier de
Bourguignotte en Normandie! Il a vu « la France profonde » comme l’auteur
du « Partage de minuit » avait vu dieu. Même si cette apparition parait
plus modeste, elle mérite d’être marquée d’une pierre blanche. Gageons
qu’il en sortira une purification existentielle -c’est du moins ce qui a
été annoncé par l’impétrant.

Mais, dans ce tour de France par un
seul enfant, Emmanuel Macron n’a pas vu de gilets-jaunes. S’il ne les a
pas vus, il ne les a pas entendus non plus -il n’entend que les propos
racistes, les propos homophobes, les propos antisémites, etc, que lui
rapportent, au choix, le philosophe Castaner, ou le ministre de
l’Intérieur BHL, sinon le comédien Luc Ferry ou le penseur François
Berléand. Mais ce peut-être aussi Alain Sloterdijk ou Peter Badiou, je
ne sais plus, les ennemis des gilets-jaunes ne manquent pas…

Macron
n’entend pas les gilets-jaunes, mais il leur répond quand même: vous
vouliez le référendum d’initiative citoyenne? Vous ne l’aurez pas bandes
de paltoquets! A la place, (il y a des mois que j’annonce que la chose
sera ainsi notifiée…), vous aurez l’élargissement du référendum
d’initiative partagée. Quèsaco? Un référendum par lequel on demande aux
parlementaires, dont les gilets-jaunes veulent faire l’économie, qu’ils
en envisagent la pertinence, la validité, la justesse, l’opportunité,
puis de décider, ou pas, de l’examiner au parlement, avant de le jeter à
la poubelle! Le tout est de savoir s’il sera envoyé à la déchetterie
avant ou après l’examen au parlement. Avec ce genre de dispositif, pas
de crainte: aucun sujet de société ne sera confié aux gueux, seuls leurs
représentants pourront continuer à les trahir. Peine de mort,
avortement, contraception, immigration: laissez tout ça aux gens sérieux
bande de crétins. 

Vous vouliez la démocratie directe? Vous ne
l’aurez pas bande de foutriquets! Et Macron de flatter les élus dans le
sens du poil en leur disant qu’une nouvelle décentralisation leur
donnerait plus de pouvoir. On a vu il y a peu que le chef de l’Etat a
décidé de faire servir des petits déjeuners à un euro dans les écoles de
certaines communes tout en laissant aux maires le soin de payer la plus
grosse part, après qu’il leur ait supprimé les rentrées d’argent comme
les taxes d’habitation. Voilà le genre de pouvoir qu’on va donner aux
élus qui vont s’amuser en campagne à trouver de l’argent pour payer les
réformes décidées à Paris par Macron, le tout avec une caisse qu’il a
pris soin de vider au préalable! Vous en vouliez de la démocratie
directe? En voilà…

Vous vouliez la reconnaissance du vote blanc?
Vous ne l’aurez pas bande de freluquets! Voter c’est élire monsieur
Machin ou madame Bidule pour agir en votre nom et place, pas « monsieur
Blanc » a dit le président de la République qui a dû pour ce bon mot
récolter le jus de cervelle d’une cinquantaine d’énarques mis à la tâche
pendant six mois pour obtenir ce seul petit effet.

Vous vouliez
le vote obligatoire? Vous ne l’aurez pas bandes de demeurés! Pour la
bonne et simple raison que c’est impossible de faire payer une amende à
ceux qui ne se déplaceraient pas, qui seraient si nombreux, et qui
trouveraient ainsi une occasion facile de passer pour des rebelles.

Vous
vouliez la retraite à soixante ans? Vous ne l’aurez pas bande
d’attardés! Ce fut un sommet de rouerie politicienne, de sophistique et
de rhétorique où il fut dit par Macron qu’il ne toucherait pas aux 35
heures ni à l’âge légal du départ à la retraite, mais, mais, mais: que
ceux qui s’évertueraient à partir à soixante ans tout de même n’auraient
pas une retraite pleine, c’est-à-dire n’auraient quasi rien. A quoi il a
ajouté qu’il faudrait travailler plus pour gagner plus, le tout à
négocier par branche dans les entreprises. Ce qui donnait immédiatement
cette contre-vérité dans un bandeau passant de BFMTV: « Emmanuel Macron
ne veut pas revenir sur les 35 heures, ni sur l’âge légal du départ à la
retraite »- pour être juste, une suite aurait du préciser: « mais vous
travaillerez quand même plus longtemps ». Des millions de français sont
au chômage, mais la solution pour lutter contre c’est de faire
travailler plus longtemps ceux qui travaillent affirme le Président:
« c’est du bon sens » a-t-il même dit! Il me semble que le bons sens
serait de partager le travail pour alléger ceux qui en ont trop et
souffrent de maladies professionnelles, en même temps que de pourvoir
ceux qui n’en ont pas et souffrent de leur inexistence sociale.

Vous
vouliez restaurer l’impôt sur la fortune? Vous ne l’aurez pas bande de
gougnafiers! Cet impôt fait fuir les riches et appauvrit le pays! « On a
besoin de riches, sinon qui exploitera les pauvres », aurait presque pu
dire le président de la République s’il avait décidé de nous livrer le
fond de sa pensée ce soir-là. Que dit d’autre sa foireuse théorie du
ruissellement?

Vous vouliez un système de retraite solidaire
socialisé? Vous ne l’aurez pas bandes d’argoulets! Bien au contraire,
vous allez vous la payer avec un système de points, par capitalisation.
Si vous n’en avez pas les moyens, vous n’en aurez pas, c’est tout
simple. C’est une version en marche du fameux « salaud de pauvres! ».

Vous
vouliez la proportionnelle intégrale? Vous ne l’aurez pas bande de
tarés! Vous en aurez un peu, suffisamment, mais pas trop, assez pour
vous leurrer, mais pas trop pour nous empêcher de vous gruger. La chose
est voulue par le président de la République et, comme il faut bien
paraître gaullien de temps en temps, en vertu du principe que le
président préside et que le gouvernement gouverne -Macron confie en
passant qu’il a relu Michel Debré, quelle conscience professionnelle!-,
le Premier ministre verra pour l’intendance… Les ciseaux du ministre de
l’Intérieur reprendront du service et les circonscriptions seront
taillées pour bien partager le gâteau entre maastrichtiens de droite et
maastrichtiens de gauche. 

Vous vouliez une Constituante? Vous ne
l’aurez pas bande de paumés! En lieu et place d’une autre assemblée, on
garde la même et on la dégraisse un peu en réduisant le nombre d’élus.
De combien demandera une journaliste? Le chef évacuera la question de
l’impertinente en disant que sa valetaille gouvernementale verrait ces
choses-là plus tard et en son temps.

Vous vouliez la fin de
l’ENA? Vous ne l’aurez pas bande de décérébrés! Mais, on annonce quand
même que vous l’aurez pour mieux la maintenir: en gros, on garde les
locaux, on garde le personnel, donc les enseignants, dès lors je vois
mal dès lors comment ils pourraient y enseigner autre chose et autrement
que ce qui s’y trouve déjà enseigné, mais l’ENA changera de nom parce
qu’on va la refonder!  Abracadabra…

Pour le reste des
revendications des gilets-jaunes, il n’en fut pas du tout question!
Rappelons en quelques unes: loger les SDF; modifier l’impôt; y
assujettir les GAFA; augmenter le SMIC; mener une politique en faveur
des petits commerces en ville ou dans les bourgs; supprimer les taxes
sur les carburants; interdire les délocalisations pour protéger
l’industrie française; en finir avec le travail détaché; lisser les
systèmes de sécurité sociale; limiter le nombre des contrats à durée
déterminée et augmenter le nombre des contrats à durée indéterminée;
activer une réelle politique d’intégration des immigrés; mettre fin aux
politiques d’austérité indexées sur le remboursement de la dette;
limiter le salaire maximum; encadrer les prix des loyers; interdire la
vente des biens nationaux; accorder des moyens à la police, à la
gendarmerie, à l’armée, à la justice;  payer ou récupérer les heures
supplémentaires effectuées par les forces de l’ordre;  réinstaurer un
prix public convenable du gaz et de l’électricité; maintenir les
services publics en activité; couper les indemnités présidentielles à
vie – toutes choses auxquelles je souscris. Le silence du chef de l’Etat
sur ces questions dit tout: vous n’aurez rien!

Quand fut venu le
temps des questions, alors qu’on lui demandait si cette conférence de
presse annonçait un nouvel acte dans sa politique, il a vrillé de la
bouche, frisé des yeux, on a bien vu qu’il a retenu son une idée parce
probablement trop provocatrice; il s’est contenté de récuser le mot
-qu’il utilisera quand même plus tard…-, avant de dire qu’il était
préempté par les gilets-jaunes dans leur « gymnastique »- coup de pied de
l’âne…

Ensuite, dernière allusion aux gilets-jaunes, il fit
savoir qu’ils pouvaient bien continuer à brandir des pancartes
« longtemps » et que ça ne l’émouvait pas -on avait bien compris…

Puis,
conclusion dans la conclusion, la métaphore de la cathédrale détruite
et à rebâtir fut convoquée. La Meuf a dû  trouver que rameuter
l’incendie,  c’était bon pour l’image. Pour un peu, Macron nous aurait
dit que, via Notre-Dame de Paris, la vierge Marie elle-même irait voter
pour sa liste aux prochaines élections européennes. Son staff n’a pas
osé aller jusque là, mais il s’en est fallu de peu…

Ce fut donc
un très grand discours de campagne pour un candidat qui aspire à devenir
président de la République. Mais il faudrait peut-être que quelqu’un
dise à ce jeune homme -la Meuf peut-être?- que, président de la
République, il l’est déjà depuis deux ans et qu’il serait temps qu’il
s’en aperçoive. Le temps est passé du verbe, des mots, des paroles, de
la rhétorique, de la logorrhée, de la verbigération. Six mois de
monologues avec les moyens pharaoniques de la République pour un coût de
12 millions d’euros, c’est un camouflet pour les gilets-jaunes qui aura
décidément coûté bien cher. Or, les camouflets restent rarement sans
réponses. Leçon élémentaire d’éthologie. 

Michel Onfray




Inversion

[Source : jbl1960blog ]
Auteur : Zénon

Inversion

Ou la nécessité de relire 1984, le Prince et l’Art de la guerre

« Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois, ou perdus. », déclarait notre Jupiter fraîchement élu le 27 juillet 2017. Le téléspectateur ou lecteur normalement constitué pouvait interpréter ces propos comme une promesse d’offrir un toit aux plus démunis. C’est du moins ce que nous suggère en la circonstance notre bon vieux sens commun. Ce dernier, malheureusement, se trouve le plus souvent inapte à saisir l’intention profonde sous la permanente ambiguïté verbale d’un psychopathe. Car cet engagement pouvait tout aussi bien annoncer, sans ambages, la déportation pure et simple des sans-abris, sans que le bon peuple y voie malice… Vous trouverez peut-être ce contrepied délirant ou paranoïaque. Il illustre néanmoins à merveille la double-pensée si caractéristique du discours présidentiel.

Dire une chose et son contraire à chaque phrase permet auprès de l’interlocuteur d’à la longue jusqu’à annihiler le fait dont il est question. Tels sont à peu près la seule politique et le seul équilibre possibles au monarque pour se maintenir en poste. Au pinacle d’un paradigme Orwellien où nous nous sommes lentement mais sûrement enfoncés, et dans lequel on casse des gueules et mutile au nom de la paix civile, on déclare des guerres en celui des droits de l’Homme, on censure au prétexte d’assainir la démocratie, on rackette les peuples sous couvert d’une dette illégitime et l’on garantit l’impunité aux plus hauts-gradés des gangsters d’État.

De façon générale, nous avons affaire à un système si corrompu qu’il favorise, tous corps de métiers confondus, les plus voraces dans cette course effrénée au profit. Garante en théorie d’une égalité républicaine devant la loi, la magistrature se fait à présent la simple courroie de transmission d’un exécutif lui-même aux ordres du Kapital. Nous observons un système dans lequel – depuis tant de générations que cela semble naturel – les plus salopards s’en sortent le mieux tandis que les humbles subissent perpétuellement leur joug.

Rien de nouveau sous le soleil, certes. Si ce n’est que depuis un peu plus d’une décennie, le niveau de corruptibilité requis pour compter parmi les classes dirigeantes s’est vu graduellement grimper. L’accès à l’emploi se raréfiant parallèlement pour ceux d’en bas, le seuil minimal d’individualisme et d’esprit de compétition nécessaire à simplement s’intégrer au système s’est également relevé. Seuls les plus rentables – c’est-à-dire les plus obéissants à cette logique – demeurent en place. Les autres sont abandonnés à leur sort.

En somme, il s’agit ni plus ni moins d’une sélection naturelle par le bas d’un point de vue spirituel. Un exemple frappant à cet égard est celui des policiers et gendarmes devant les consignes aberrantes qui leur sont données. Les plus zélés d’entre eux sont récompensés de titres honorifiques ou de quelque prime au rabais, tandis que ceux refusant d’obéir à des ordres iniques se trouvent l’un après l’autre acculés au suicide… Dans le royaume d’inversion où nous vivons, les meilleurs quittent la table de jeu et les pires prospèrent. Nous nous demandons, parfois depuis l’enfance, la raison de cet état de fait. Eh bien, elle réside principalement dans ce que les individus bons et candides ne présagent que trop rarement des desseins de ceux rompus à l’exercice de truander.

Nous sommes fin 2014. Le sérieux et influent Peterson Institute de Washington publie un rapport préconisant, pour une meilleure administration du pillage spéculatif de la zone « France », des modifications constitutionnelles en vue de limiter les pouvoirs du président de la république, voire à supprimer complètement la fonction élyséenne. La proposition, incongrue auprès d’un peuple majoritairement attaché à la constitution de 1958, passe à l’époque relativement inaperçue. Mais certains exécutants du programme néoconservateur pour l’Europe ont quant à eux bien reçu le message. Ils disposent alors de deux ans et demi pour façonner le candidat mandchou idéal.

Le jeune et fringuant ministre de l’économie d’à l’époque se distingue par l’audace avec laquelle il s’attache à démanteler le code du travail tout en bradant outre-Atlantique les fleurons de notre industrie. Nanti du soutien de milliardaires et magnats de la presse à l’instar de Xavier Niel ou Patrick Drahi, des banques Rothschild et Morgan Stanley, de la French American Foundation et des réseaux Obama-Clinton, le poulain de la finance et ses commanditaires réussissent le hold-up du siècle. En faisant opportunément écarter d’autres candidats potentiels, ils réitèrent le coup de 2002 du front républicain contre l’extrémisme, et parviennent ainsi à placer à l’Élysée la personnalité la plus ouvertement hostile aux Français.

Volontiers arrogant, cynique, injurieux envers le pays et ses habitants, Macron incarne à la perfection tout le mépris de classe, toute la déconnexion des « élites » cosmopolites avec la réalité vécue des couches populaires. Les saillies toujours plus irrévérencieuses, les images parfois plus sordides encore s’accumulent au rythme effréné des voyages de notre présipède autour du monde. Celui-ci semble même goûter un certain plaisir à ces petites provocations à distance.

Survient d’abord durant l’été 2018 l’affaire Benalla, lors de laquelle la classe médiatique, auparavant acquise à sa cause, se retourne soudainement contre le petit monarque pour dénoncer une dérive autoritaire de l’exécutif. Tout en s’obstinant à ne rien répondre aux faits qui lui sont reprochés, le chef de l’État invite alors « tous ceux qui chercheraient un responsable », comme on s’en souvient, à « venir le chercher ».

Nous connaissons la suite : au bout d’un an et demi de règne, à force d’attaques en tous genres à l’égard d’un peuple déjà exsangue, la coupe de colère déborde et la rue, depuis maintenant douze semaines, réclame à juste titre sa démission.

Dès le démarrage de la « crise » des gilets jaunes, expression légitime d’une population aspirant à la dignité, l’auteur du livre-programme prophétiquement intitulé en 2016 « Révolution » aurait pu jouer la carte de l’apaisement. Mais a au contraire obstinément préféré attiser la colère et la division du pays. Non seulement il n’a jusqu’ici rien cédé aux revendications de centaines de milliers de manifestants mobilisés chaque semaine, mais a choisi d’y répondre à grands renforts de gaz, grenades, flashballs, canons à eau et autres blindés paramilitaires.

Une démonstration de force si absurdement disproportionnée ne pouvait avoir pour but que de radicaliser des citoyens jusque-là pacifiques. Il ne faut ici pas être dupe quant à la supposée incompétence des décideurs qui nous gouvernent. C’est en toute connaissance de cause qu’ils alimentent une révolte participant, in fine, à la réalisation de leur plan.

Nous devons ici ouvrir une parenthèse au sujet du contexte économique mondial. Les plus hautes places financières de la planète savent inéluctable la disparition du dollar. Ils se préparent à en amortir au maximum les effets en l’échelonnant dans la durée. Car les économies, y compris celles des BRICS, sont trop inter-reliées pour ne pas souffrir d’une correction brutale du billet vert sur les marchés. En cette situation de pré-explosion de la « bulle de tout », les gouvernements se préparent soit, s’ils le peuvent, à se prémunir au maximum des dommages collatéraux, soit à siphonner ce qui leur est à portée avant d’abandonner le navire. Rappelons que la banque Rothschild, toujours aux premières loges des mauvais coups, a revendu tous ses actifs au mois de novembre dernier…

L’objectif des puissances financières semble donc ici de temporiser. De faire le « maître des horloges » jouer la montre, et liquider ce qui reste de rentable en France jusqu’à ce que les effets de la future crise se fassent sentir. Lorsque ce moment sera venu et que le courroux populaire atteindra son comble, le marquis poudré aura, bien avant l’échéance de son mandat, parfaitement rempli son cahier des charges. Il ne lui restera plus qu’à se laisser symboliquement guillotiner lors du dernier acte, et à poursuivre son carriérisme européen tandis que le peuple français, enorgueilli d’avoir recouvré sa souveraineté par le biais d’un vote ou autre, devra se dépatouiller des conséquences du prochain krach.

Pour pessimiste que paraisse ce scénario, il ne présente qu’une des façons dont les gros bonnets peuvent envisager de tirer leurs marrons du feu. Cela ne signifie nullement que tout soit écrit, ni qu’une sortie de cette situation par le bas soit inéluctable. Les plus grandes forces des gilets jaunes ont été jusqu’à présent l’horizontalité du mouvement et son incroyable capacité à innover. Son devenir devra, pour se voir couronné de succès, imaginer et prendre en compte les pires stratagèmes possibles de la part des puissances financières afin de les devancer.

La surenchère délibérée de violence et de répression gouvernementale nous donne un indice de la direction voulue par l’exécutif. Attiser toujours davantage les tensions dans la rue leur permet de légitimer, du moins médiatiquement, le déploiement d’un arsenal juridico-policier de plus en plus large – que les « régimes autoritaires » du monde entier regardent en se gaussant. Les politiciens valsent, mais les lois restent. Il n’est d’aucune utilité au mouvement d’offrir au prochain héritier (ou héritière) du trône, sous quelque forme que celui-ci prendra, un attirail répressif digne des régimes les plus totalitaires de l’Histoire.

Nous voici rendus à un point où il est nécessaire d’inverser le rapport de force. D’agir et de frapper au cœur du système, où aucune compagnie de CRS ne saurait intervenir… La solidarité née dans les manifs et sur les ronds-points ne s’éteindra pas dans le cœur de ceux qui l’ont vécue. Ces collectifs d’entraide demeureront bien après que les actuelles structures aient fini de voler en éclats. L’initiative d’une grève générale illimitée est une excellente évolution à soutenir. Pour ceux dans l’impossibilité de supporter cet effort, la grève du zèle ou la désobéissance civile, sous quelque occasion que celle-ci se présente, sont des initiatives pertinentes. Afin d’être la plus efficace possible, cette grève devrait s’accompagner d’un arrêt à durée indéterminée de toute consommation superflue. Mais la meilleure alliée du mouvement dans le temps sera sans doute sa capacité d’entraide, et son ouverture à l’autre, condition de sa permanente inventivité.

Pour que cette lutte soit véritablement victorieuse, il ne faudra pas se contenter de quelques concessions pécuniaires qui nous seront reprises demain. Ni de l’obtention du référendum d’initiative citoyenne s’il venait à nous être accordé… Il ne faudra pas non plus s’écrier « victoire ! » le jour où le bouc-émissaire des Rothschild sera sacrifié, sauf à nous trouver alors véritablement libérés de l’emprise financière globale, ce qui exigerait davantage qu’un simple jeu de chaises musicales.

Jusqu’il y a peu, les élites devaient leur pouvoir à un haut niveau d’instruction ainsi qu’à l’exclusivité de certaines connaissances du passé. Elles le doivent à présent au labourage médiatique, au bourrage d’urnes et au big-data. Rien qui devrait représenter un horizon indépassable à notre imagination. Jacques Attali l’a lui-même reconnu : internet a remis en cause la traditionnelle verticalité de l’accession au savoir, et par là-même, menace les fondements de l’ordre établi. Nous devons en conséquence utiliser l’instrument de sorte à dégager les marionnettistes et non seulement leur pantin actuel.

Les monnaies locales et circuits de trocs sont d’excellentes alternatives au système économique mortifère que nous alimentons malgré nous. Affaiblir l’ennemi par où il engraisse est une tactique n’offrant prise à aucune répression. S’apprendre les uns les autres à jouer aux échecs ou à pratiquer l’aïkido peut sembler loufoque, mais ne peut être que bénéfique à l’état d’esprit nécessaire pour mener à bien cette lutte en cours. La connaissance plus largement répandue d’ouvrages de stratégie des 16ème et 18ème siècles encore étudiés de nos jours par la CIA, l’apprentissage des enseignements hermétiques, ou de la programmation neurolinguistique, seraient dans la durée de précieux outils en vue d’anticiper les actions ennemies.

Quelle que soit l’issue de ce mouvement, celui-ci amènera chacun à se déterminer face à un pouvoir en train de dévoiler son vrai visage. L’éveil des consciences auquel nous assistons ne connaîtra pas de retour en arrière. Cette bataille décisive nous place devant la nécessité d’appréhender le mal pour être capables en toute conscience de faire le bien. Il faut nous munir de toutes les ressources morales, physiques et spirituelles, de toutes nos capacités de résilience et d’adaptation afin de renverser contre nos élites criminelles ce piège infernal qui nous est tendu.

Zénon (5 février 2019)




L’armée française accuse Macron de « trahison »

Un
groupe de hauts généraux militaires français a accusé Emmanuel Macron
d’avoir commis une « trahison » en signant le pacte migratoire de l’ONU.

Le pacte, qui a été signé par 164 nations lundi, dont la France,
autorise une migration illimitée et qualifie la critique des migrations
de masse de « discours de haine ».
Une lettre écrite par le général Antoine Martinez et signée par dix
autres généraux, un amiral et un colonel, ainsi que l’ancien ministre
français de la Défense Charles Millon, avertit Macron que cette décision
prive la France de plus de souveraineté et fournit une raison
supplémentaire pour « un peuple déjà meurtri » de « se révolter ».

La lettre accuse Macron d’être « coupable d’un déni de démocratie ou
d’une trahison contre la Nation » pour avoir signé le pacte sans le
soumettre au peuple.
« L’Etat français prend du retard dans la prise de conscience de
l’impossibilité d’intégrer trop de personnes, outre des cultures
totalement différentes, qui se sont regroupées au cours des quarante
dernières années dans des zones qui ne sont plus soumises aux lois de la
République, « affirme la lettre, ajoutant que l’immigration massive
efface les « repères de civilisation » de la France.

Selon l’eurodéputée britannique Janice Atkinson, le pacte de l’ONU
conduirait à inonder l’Europe de 59 millions de nouveaux migrants au
cours des six prochaines années.

Mettant en garde contre le fait que le plan conduirait les pays
européens à voir leur « culture et leur identité écrasées », M. Atkinson
a également souligné que le pacte pourrait conduire à des lois sur le
discours de haine qui rendent illégal l’utilisation du terme « migrants
illégaux », en le remplaçant par « migrants irréguliers ».

« Il sera illégal de ne pas utiliser le langage qui leur est prescrit »,
a averti M. Atkinson, ajoutant que les citoyens européens pourraient «
dire adieu à leur démocratie et à leur mode de vie » si le pacte est mis
en œuvre.

Le taux d’approbation du président Macron a chuté à 18 % au milieu d’une
vague d’émeutes de protestation contre un certain nombre de questions,
notamment les taxes sur les carburants et l’immigration massive.

Lisez la lettre complète des généraux français ci-dessous.

Monsieur le Président,

Vous êtes sur le point de signer les 10 et 11 décembre le « Global
Compact on Safe, Orderly and Regular Migration », qui établit un
véritable droit à la migration. Elle peut s’imposer à notre législation
nationale par le biais de traités préexistants ou du principe de
responsabilité commune énoncé dans ce pacte.

Il nous semble que la seule souveraineté qui restera à la France
consistera à fixer librement la manière dont les objectifs du pacte
devront être réalisés. On ne peut renoncer à cette nouvelle partie de la
souveraineté nationale sans un débat public alors que 80% de la
population française considère qu’il est nécessaire d’arrêter ou de
réguler drastiquement l’immigration. En décidant seul de signer ce
pacte, vous ajouteriez une raison supplémentaire de révolte à la colère
d’un peuple déjà meurtri. Vous seriez coupable de déni de démocratie ou
de trahison contre la nation.

De plus, les finances de notre pays sont asséchées et notre dette
augmente. Vous ne pouvez pas prendre le risque d’un appel coûteux à la
migration aérienne sans d’abord démontrer que vous n’aurez pas à
recourir à des taxes supplémentaires pour atteindre les objectifs du
pacte. D’autre part, vous devez pouvoir, en termes de sécurité, limiter
les conséquences liées à l’arrivée de populations extra-européennes.
Enfin, vous ne pouvez ignorer que l’essence même de la politique est
d’assurer la sécurité à l’extérieur et l’harmonie à l’intérieur.
Cependant, cette concordance ne peut être obtenue que si elle maintient
une certaine cohérence interne de la société seule capable de permettre
de vouloir faire ensemble, ce qui devient de plus en plus problématique
aujourd’hui.

En effet, l’Etat français prend du retard dans la prise de conscience de
l’impossibilité d’intégrer trop de personnes, outre des cultures
totalement différentes, qui se sont regroupées au cours des quarante
dernières années dans des domaines qui ne sont plus soumis aux lois de
la République.

Vous ne pouvez pas décider seul d’effacer nos repères civilisationnels et de nous priver de notre patrie charnelle.

Nous vous demandons donc de différer la signature de ce pacte et
d’appeler par référendum les Français à voter sur ce document. Vous êtes
responsable de vos actes devant les Français. Votre élection n’est pas
un blanc-seing.

Nous soutenons l’initiative du Général MARTINEZ contre la signature de
ce pacte qui doit être adopté par les Etats membres de l’ONU lors de la
Conférence intergouvernementale de Marrakech.

Général Antoine MARTINEZ

Charles MILLON – Ancien Ministre de la Défense

Général Marc BERTUCCHI

Général Philippe CHATENOUD

Général André COUSTOU

Général Roland DUBOIS

Général Daniel GROSMAIRE

Général Christian HOUDET

Général Michel ISSAVERDENS

L’amiral Patrick MARTIN

Général Christian PIQUEMAL

Général Daniel SCHAEFFER

Général Didier TAUZIN

Colonel Jean Louis CHANAS

Traduit par Dr.Mo7oG
Source : NEWSPUNCH
via Gâchette