Vie et mort des systèmes

Par Joseph Stroberg

Considérant comme système tout ensemble organisé d’éléments évoluant en suivant une ou plusieurs lois, des entités aussi diverses que des êtres humains, des empires ou des planètes sont alors des systèmes. Nous posons ici comme principe ou axiome que tout système combine une dimension matérielle ou substantielle d’une nature plus ou moins tangible et un animateur subtil qui lui insuffle mouvement et vie. Que ce soit pour un atome, pour une galaxie ou pour l’univers, l’animateur sera ici nommé Esprit. L’Esprit de l’univers pourrait être nommé « Dieu ».

Par nature, l’Esprit d’un système lui communique une perpétuelle expansion, mais il se heurte à l’inertie de la matière qui tend à conserver sa forme. L’expansion insufflée par l’Esprit à un système tend à l’organiser de manière progressivement plus complexe, passant de formes sommaires, telles que les virus, puis les bactéries à des formes de plus en plus complexes, telles que celle d’un être humain ou d’une société d’êtres humains. L’imposition d’une impulsion d’expansion à un système matériel, fixe ou inertiel par nature, tend au « vieillissement », à la dégénérescence de celui-ci., puis à sa mort ou à sa destruction. La matière est ainsi sujette à ce que la physique appelle la loi d’entropie (voir aussi La loi de dégradation ou d’augmentation du désordre et du chaos). D’un certain point de vue, la matière ne supporte pas de changer de forme ou d’évoluer, alors lorsqu’un Esprit l’y contraint par une impulsion dynamique ou de « Vie », elle réagit en se dégradant progressivement.

La tendance continue à l’expansion d’un Esprit n’est pas
arrêtée par la mort d’une forme matérielle. Ce dernier s’incarne
alors dans une nouvelle forme ou un nouveau système organisé, ou
d’un autre point de vue, y insuffle sa vie et l’anime.
L’interaction entre un Esprit et la substance matérielle produit
alors une succession de vies et de morts de systèmes progressivement
de plus en plus complexes et diversifiés et produit alors la grande
loi des cycles et des alternances. C’est ainsi que, par exemple, au
cours des ères, l’Homo sapiens est apparu après diverses races de
singes et les sociétés post-industrielles modernes sont plus
complexes que celles de l’époque romaine. Et l’empire américain
est plus complexe que l’Empire romain.

La Conscience est le produit ou la conséquence de l’interaction
(ou la stimulation) de l’Esprit et de la matière. Elle croît par
la complexité croissante des formes et systèmes organisés et
animés par l’Esprit. D’un certain point de vue, la conscience
est l’Organisation de la substance. Et la désorganisation est la
perte de conscience. Une forme vivante désorganisée, par un cancer
ou une autre « maladie » dépérira et mourra plus vite
qu’une autre qui parvient à maintenir un haut niveau de
conscience. Plus la corruption gagne une nation, un organisme ou un
homme, et plus rapidement il meurt. La perte de conscience morale est
alors un facteur mortifère ou thanatogène (qui cause la mort).

La société moderne décline parce qu’elle a perdu une bonne partie de sa conscience et ne sait plus s’organiser de manière viable. Elle subit notamment l’action de « parasites » prédateurs en nombre très minoritaire, mais qui en aspirent les forces vives. Les travailleurs ne sont pas du tout rétribués en fonction de l’énergie vitale investie, alors que le fruit de leurs productions et services se retrouve aspiré par les actionnaires propriétaires des multinationales et des banques centrales des nations. Les ressources planétaires sont également pompées de manière inconsidérée, sans préoccupation pour les conséquences néfastes pour la santé de la planète et pour l’avenir de l’Humanité. Les parasites ont pris le contrôle du corps global du genre humain et celui-ci dépérit. La société actuelle s’éteindra aussi sûrement que l’Empire romain a fini par disparaître. La question qui reste est de savoir si elle le fera dans de grandes souffrances ou non, avant de donner le jour à une nouvelle civilisation.

Voir aussi :