Végano-écologisme et transhumanisme : l’union sacrée dans la haine de l’homme et donc dans la haine de Dieu

[Source : Les moutons enragés (lesmoutonsenrages.fr)]

Par Jean-Pierre Aussant

Bizarrement deux mouvements qui devraient pourtant être opposés, d’un côté le transhumanisme qui se développe actuellement grâce aux progrès fulgurants des sciences-NBIC (nanotechnologies, biotechnologie, informatique et sciences cognitives)- et de l’autre, le fondamentalisme végano-écologiste qui propose, in fine, une sorte de retour en arrière, se rejoignent non seulement sur leurs origines (Les lumières) mais aussi sur leurs finalités : la négation de la nature profonde et de la dignité de l’homme telles qu’elles ont été pensées et voulues par Dieu.

En effet, l’affirmation philosophique essentielle des lumières stipulant que l’homme enfin émancipé de Dieu pouvait créer une éthique salvatrice à partir de sa seule raison (donc une éthique horizontale et non transcendantale) a permis à celui-ci de redéfinir sa propre nature et par conséquent d’en concevoir éventuellement une nouvelle (ou « des» nouvelles). L’homme n’étant plus tenu désormais d’obéir à une prédestination ontologique, tant sur le plan éthique que biologique, est désormais en mesure de prendre « en main » sa propre évolution. Il pourra dorénavant, selon son humeur, soit se définir comme un simple être vivant « de plus » qui serait au fond au même niveau que les espèces du règne animal, voire végétal, (fondamentalisme écologiste) ou bien, au contraire, de se voir, grâce aux progrès des NBIC et de l’ingénierie génétique, évoluer vers un être supérieur, une sorte de cyborg (mi-homme, mi-ordinateur) qui pourra au grès de son ambition eugéniste qu’il a pour sa propre espèce, se transformer en surhomme voire en homme posthumaniste (le posthumanisme — où l’homme est désincarné de son substrat biologique — étant la suite logique du transhumanisme) dont la conscience pourrait même éventuellement être téléchargée dans un support informatique ; l’homme enfin libéré de sa prison de cher et de sang – (sic).

On le voit, dans un cas comme dans l’autre (soit le retour au monde animal, ou bien au contraire le bond et la fuite en avant vers un monde de plus en plus désincarné et virtuel où l’homme finira par se fondre lui-même dans la machine et l’intelligence artificielle dont il finira peut-être par devenir l’esclave), il s’agit du rejet de l’homme essentiel, créé par Dieu et à l’image de Dieu. Bien évidemment au-delà de l’attaque contre la vraie nature profonde l’homme-créature et fils adoptif de Dieu, il y a l’attaque contre Dieu « tout court ».

L’homme « écologiste », qui en dégringolant volontairement au niveau du règne animal ou végétal, ne veut rien d’autre qu’entrainer Dieu avec lui dans sa chute (faire de Dieu un animal ou une plante « comme les autres ») ou bien à l’opposé en se fondant dans un univers ultra technologique où l’homme fusionnera avec la machine et le virtuel, faire de Dieu un ordinateur ou un hologramme, là aussi « comme les autres », dont il (l’homme) décidera lui-même du programme informatique. Détruire la dignité de l’homme afin de polluer (si c’était possible) celle de Dieu. Tout est là. C’est pourquoi, in fine, la proposition végano-écologiste (souvent d’ailleurs saupoudrée de New Age) qui mène à l’aplatissement de l’homme —donc de Dieu — au niveau du monde animal et végétal, rejoint en réalité le paradigme du transhumanisme voulant faire de l’homme un être tellement artificiel qu’il finira par ne plus rien avoir en commun avec cette créature que Dieu a créée à son image.

C’est que l’homme « bionique » des transhumanistes est aussi loin de Dieu que ne l’est l’homme « animalisé et végétalisé » des écolos. Dans un cas comme dans l’autre, nous retrouvons cet acharnement à déconstruire et cette haine que l’homme des lumières (entre-temps devenu l’homme postmoderne) a de l’autre homme, le vrai, celui qui est capable d’éternité et qui est fait à l’image de Dieu.

In fine, l’homme postmoderne, devenu posthumain (en fait il faudrait parler de la femme posthumaine car le sexe masculin aura disparu au plus tard d’ici deux siècles mais cela est un autre débat — voir mon essai « le complot inconscient »), se contentera de l’illusion d’une immortalité qui ne durera au mieux que cinq milliards d’années jusqu’au moment où en explosant, notre étoile détruira la terre et toutes les planètes du système solaire. Quant à ceux qui croient qu’ils seront alors en mesure d’aller habiter sur des exoplanètes appartenant à d’autres systèmes solaires, voire d’autres galaxies, qu’ils n’oublient pas ce petit détail : bien que dans un temps extrêmement lointain, chaque atome, chaque quark, suite à l’accélération exponentielle et irréversible de l’univers (selon les dernières recherches), finira par se déchirer de l’intérieur et par se pulvériser.

Notre espace-temps et notre réalité physico-chimique, décrite par les astrophysiciens, que nous connaissons depuis le big-bang, ne sont pas éternels. Le Royaume de Dieu, en revanche, l’est. Si l’homme posthumain semble aspirer et se contenter de cette « pseudo » immortalité, l’homme, le vrai, le fils adoptif du Tout puissant, lui, aspire à l’éternité du Royaume, la seule qui n’est pas une illusion et la seule qui soit digne de lui, lui qui est « capable » de Dieu.

Pour ma part, je préfère mourir de ma mort naturelle dans l’espoir de la promesse du Seigneur et dans l’espoir de me réveiller dans la Jérusalem céleste dont la joie et la lumière n’auront pas de fin, plutôt que de moisir des milliards d’années, empêtré dans d’abominables supports d’intelligences artificielles pour finalement mourir quand même, et cette fois pour toujours.

À chacun ses ambitions.

Jean-Pierre Aussant, auteur catholique