Quand Paul Craig Roberts dénonce les atermoiements de Poutine…

Par Nicolas Bonnal

Comment a-t-il pu déclencher une telle opération sans mettre à l’abri les avoirs russes ? Du coup, 300 milliards ont été dérobés, comme le rappelle Xavier Moreau, par la piraterie européenne. Mais même sur le plan militaire cela ne se passe pas comme prévu, pour ne pas parler de l’irrécupérable vague de russophobie qui se soulève partout, et qui ruine plusieurs de mes amis. Je précise que les échos que j’ai d’Ukraine par ma femme montrent une totale hostilité de la plus grande partie de la population. Et appeler Israël à l’aide pour poursuivre le nazi en Ukraine ne satisfera que les imbéciles. C’est bien la peine de pourfendre comme l’autre l’empire anglo-sioniste !

Poutine a des admirateurs partout chez les antisystèmes. Laissons alors la parole à un partisan déçu de la Russie, Paul Craig Roberts. Il a souvent mis en garde les Russes qui ne l’ont jamais écouté. Il écrivait il y a trois ans (voyez mon texte) :

 « C’est un mystère que Poutine tolère une poignée de traîtres qui ont un soutien public minimal tandis que l’Occident et Israël deviennent chaque jour plus agressifs contre les intérêts nationaux russes. »

Alors le vieux PHD peut se défouler d’autant mieux cette fois-ci ; et de résumer :

« Voici comment le président Poutine décrit l’opération : Le plan consiste à protéger la population des républiques dissidentes d’Ukraine de Donetsk et Lougansk et à démilitariser et dénazifier l’Ukraine sans utiliser de tirs d’armes lourdes dans les zones de population civile.   La Russie, a déclaré Poutine, ne mènera pas la guerre sans discernement comme l’ont fait les États-Unis et l’OTAN en Serbie, en Afghanistan, en Irak et en Libye. 

C’est une position à la fois noble et pratique. L’Ukraine n’est un pays indépendant que depuis 1991.   Pendant des siècles, l’Ukraine a fait partie de la Russie.   Les mariages mixtes entre Ukrainiens et Russes sont nombreux.   À l’exception des éléments néonazis de Bandera en Ukraine occidentale, l’Ukraine est autant russe qu’ukrainienne. Poutine le souligne et désavoue toute hostilité envers les Ukrainiens autres que les néo-nazis russophobes. Il veut épargner des vies ukrainiennes et éviter de détruire leurs villes en vue de meilleures relations une fois le pays dénazifié. »

Seulement voilà :

« Mais cette position noble et pratique est-elle réaliste ? Le problème est que cette politique fonctionne contre la Russie autant qu’elle fonctionne pour elle.   Les milices néo-nazies ont immédiatement réalisé que la Russie leur avait donné un grand avantage militaire.   Ils se sont installés avec leurs armes lourdes au milieu des populations civiles qu’ils interdisent de quitter.   Ainsi, les milices peuvent tirer sur les positions russes sans recevoir de tirs en retour.  Par conséquent, les éliminer devient une opération très meurtrière de combats maison par maison, rue par rue. »

Le retard dessert les armées russes :

« Cela signifie aussi un retard.   Un retard signifie plus de temps pour l’opération psy-ops des médias occidentaux contre la Russie.   Le retard durcit ainsi la haine occidentale contre la Russie, mais sans générer la peur de la provoquer et de la menacer, car l’opération semble s’enliser, suggérant que l’armée russe est une menace moindre à laquelle on peut s’opposer avec succès.   Selon certaines informations, 16 000 volontaires et armes américaines affluent en Ukraine pour piéger la Russie dans une guerre prolongée qui entraînera la famine des Ukrainiens, plus d’eau pour le moulin psyops. »

Même Kadyrov se plaint de ne pas avoir les mains libres :

« La guerre c’est l’enfer. » Le Kremlin essaie de mener une guerre sans l’Enfer, et les troupes russes en paient le prix. Observant les pertes russes, le chef de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a dit à Poutine de s’écarter et de laisser l’armée mener une opération militaire. Cela n’a aucun sens, a-t-il dit, de sauver des vies ukrainiennes aux dépens de Russes. Le dirigeant tchétchène est un allié fidèle de Poutine.   Pour lui, s’exprimer ainsi est une indication que la politique de Poutine risque de démoraliser l’armée russe et de saper le soutien de Poutine parmi les nationalistes russes. »

Tendre la joue ne sert à rien avec l’occident anglo-puritain :

« De plus, Poutine n’obtient aucun crédit pour avoir tenté de minimiser les pertes civiles. Les médias occidentaux regorgent de gros titres selon lesquels “la Russie a intensifié ses attaques contre les civils”. Même à cette date tardive, le Kremlin n’a pas appris que quoi qu’il fasse, la Russie sera peinte dans les termes les plus noirs. La réponse de l’Occident sera la même, que Poutine évite de tuer un seul civil ou tue toute la population. »

La propagande peut être folle et stupide, de toute manière elle marche :

« Les presstitutes et le gouvernement américain accusent même Poutine d’avoir bombardé une centrale nucléaire dans le Donbass. Réfléchissez un instant à cette accusation.   Pourquoi la Russie provoquerait-elle une crise humanitaire dans le Donbass alors que la Russie est entrée en guerre pour sauver le Donbass d’une crise humanitaire ? »

Les cessez-le-feu ne servent à rien : 

« Poutine a déclaré un nouveau cessez-le-feu pour permettre aux civils de sortir des villes encerclées par un couloir sûr. Poutine espère faire sortir les gens pour que l’armée russe puisse attaquer les milices. Mais les milices ne permettent pas aux civils de partir. Les couloirs ouverts sont des voies d’évacuation pour les dirigeants néonazis figurant sur la liste de Poutine pour les procès pour crimes de guerre, et ce sont des points d’entrée pour les armes et les fournitures.

Le Kremlin risque-t-il de perdre le cap ?   Poutine se retrouvera-t-il à gérer une crise humanitaire plutôt qu’à mener une guerre ? »

Craig Roberts a toujours critiqué Lavrov (que d’heures de conciliabules pour rien !) :

« Il est difficile de croire que Lavrov ne comprend pas que Zelensky représente Washington, pas l’Ukraine. Washington voit dans la guerre embourbée une chance de la transformer en crise humanitaire tout en continuant à livrer œil au beurre noir sur œil au beurre noir à Poutine dans la guerre psyops. »

Craig Roberts poursuit durement — car Poutine n’intimide ni l’OTAN ni ses pays candidats, c’est le moins que l’on puisse dire :

« La Russie devait démilitariser l’Ukraine en 48 heures afin d’établir que le franchissement des lignes rouges russes a des conséquences graves et définitives.   Du coup, les pays européens auraient craint de nouvelles provocations. Les bases de missiles auraient quitté la Pologne et la Roumanie. Les Finlandais ne demanderaient pas l’adhésion à l’OTAN.  Au lieu de cela, l’impression est créée que Poutine n’est pas si décisif après tout, que l’armée russe n’est pas si redoutable après tout. Washington continuera de prendre les rênes en Europe et les provocations se poursuivront, aboutissant finalement à une guerre nucléaire. »

On verra pour le nucléaire. Mais que tout cela semble pesé tout de même…

Sources :

http://www.dedefensa.org/article/paul-craig-roberts-en-colere-contre-la-russie