Quand la conservation de la nature sert de couverture aux technosciences mortifères

[Source : Agoravox]

par Françoise DEGERT

C’est confirmé : les conservationnistes (2), dont l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), déroulent le tapis rouge devant les pires techno-sciences, au profit des multinationales et de riches investisseurs.

On connaît George Monbiot pour son amour de la nature sauvage et sa détestation de l’élevage, en particulier des moutons , ce « fléau laineux qui nous fait l’amabilité de détruire nos campagnes  ». Cet ex-journaliste de la BBC écrit régulièrement dans le quotidien britannique « The Guardian » et reste considéré comme un intellectuel dans le milieu de la conservation de la nature. George Monbiot est un leader d’opinion et son article intitulé « Les aliments cultivés en laboratoire vont bientôt détruire l’agriculture et sauver la planète  » mérite de s’y arrêter.

Bouillon de culture transhumaniste

Dans cet article, il s’émerveille de la nourriture synthétique fabriquée à base de terre, d’eau et d’hydrogène. Il a apprécié la mousse jaune, « ce bouillon de culture » que les techniciens d’un laboratoire d’Helsinki ont transformé en crêpe et qu’il a goûtée avec plaisir. « Elle avait un goût de crêpe » selon lui. Grâce aux dernières trouvailles de la biologie, cette soupe primaire sert aussi à faire des oeufs, de la viande, du poisson et on peut même en extraire des glucides. C’est à ses yeux le Saint-Graal de l’alimentation humaine. Plus besoin d’agriculture et d’élevage, la « nourriture sans ferme » va sauver la planète, terre et océans inclus. La nature sauvage va enfin pouvoir de nouveau prospérer dans la biosphère libérée des activités de l’ancien monde. En attendant d’être sauvés par la technologie, il exhorte prudemment les humains à devenir végétariens (ou vegans, cela reste imprécis). 

Son article est intéressant car il fait clairement le lien entre la
conservation de la nature et l’idéologie transhumaniste (la technologie
transcendera les humains vers leur immortalité). Il aurait d’ailleurs pu
rédiger le communiqué de Technoprog,
une association française de transhumanistes, tant les deux écrits se
ressemblent. Comme George Monbiot, Technoprog conclut aux bienfaits de
l’alimentation synthétique qui « permettrait de limiter l’élevage et
l’abattage bovin, de réduire les souffrances animales qui y sont
associées, de faire des économies en eau et en surfaces agricoles ou de
réduire l’effet de serre ». Coïncidence troublante ? Non, sachant que
cette idéologie, le transhumanisme, fleurit dans les start-up de la
Silicon Valley et les GAFAM, qui ont l’ambition de changer le monde. Le
principal mérite de George Monbiot est de dire tout haut ce qui se trame
tout bas. Et ce qui se trame entre les Geeks de la Silicon Valley, les
technosciences, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft)
et leurs fondations n’est rien moins que la disparition des agriculteurs
et des éleveurs.

Main basse sur les ressources

La raison en est simple. Les pourvoyeurs de ressources naturelles
sont la terre et les océans. Il est temps, pour les géants de
l’agro-alimentaire, de la pêche, et autres industries, de les exploiter
directement. A l’échelle planétaire, les marchés de détail de la nourriture représentaient 3 billions de $,
et un gagne-pain de 2,6 milliards de $ pour les agriculteurs en 2004.
Voilà de quoi ouvrir les appétits. Pour mettre la main sur ces marchés,
ces géants et ces riches investisseurs disposent d’un atout de poids :
la recherche technologique des acteurs de la Silicon Valley et autres
start-up qui fleurissent un peu partout dans le monde.

Acte 1 : les géants de l’agro-alimentaires fabriqueront de la
nourriture synthétique pour les humains comme ils le font déjà pour les
animaux avec les croquettes pour chiens par exemple.

Acte 2 : les mêmes s’apprêtent à remplacer les agriculteurs et les
éleveurs par une main-d’oeuvre bon marché guidée par l’ « intelligence
artificielle » et les technologies de pointe en communication.

Acte 3 : grâce à la biologie de synthèse, on fera pousser dans nos
champs des plantes qui se transformeront en caoutchouc, en chocolat ou
autres et remplaceront les matières premières industrielles autrefois
importées. Il est aussi question de rendre les terres incultes
productibles.

Les trois actes se déroulent déjà actuellement, dans le désordre, parfois simultanément. 

La fabrique du consentement avait déjà commencé dans les années 2000. On se souvient du pavé de 500 pages de la FAO intitulé « L’ombre portée de l’élevage »,
publié en français en 2012 (2006 en anglais). Concluant à la nécessité
de mettre fin à l’élevage extensif accusé d’occuper 30% des terres de la
planète, il avait bénéficié du concours éclairé de l’UICN et de
chercheurs du CIRAD, lequel CIRAD fait partie de l’UICN. Son point de
vue a été repris et est toujours partagé par les adeptes du
ré-ensauvagement, également appelé « rewild ». La multiplication des
associations de conservation de la faune sauvage en particulier des
grands prédateurs, les mouvements vegans largement financés par des
fondations américaines, manipulent l’opinion depuis des décennies contre
l’élevage, et surtout l’élevage extensif. On en comprend mieux
aujourd’hui les motivations : bouleverser l’alimentation humaine,
libérer les terres des animaux de rente et de l’agriculture nourricière,
développer de nouvelles matières premières grâce aux nouvelles
technologies. 

Fausse viande pour les classes populaires

Bill Gates, Richard Branson, de grandes multinationales telles que Tyson Giants et Cargill, ont apporté quelques dizaines de millions de $ en quelques années pour favoriser la création du premier steak à base de protéines in vitro. Ce type de protéines intéressait particulièrement la NASA. En 2013, Mark Post et son équipe (Pays-Bas) ont présenté ce « Frankenburger » à Londres. Sa production en série nécessite encore quelques mises au point mais le « Frankenburger » devrait rejoindre la restauration rapide dans les deux ans qui viennent.

Les steaks à base de végétaux tiennent actuellement le haut du
pavé. On ne compte plus les start-up qui se sont lancées dans cette
production et les steaks vegans Beyond Meat (start-up américaine) sont
dans les rayons des grandes surfaces françaises depuis le 3 février. On
les trouve également dans les fast-food Burger King, Mac Do car la cible
pour ce genre de produit est une clientèle jeune, de classe moyenne ou
inférieure. Les nouvelles habitudes alimentaires se façonnent pas à pas,
en privilégiant les classes populaires. Et ce n’est pas terminé : des
start-up californiennes nous concoctent depuis quelques années une
alimentation à base d’insectes… Car les protéines « , ces briques de
l’organisme, constituent notre enveloppe : les os, les muscles, les
cheveux, les ongles, la peau, mais aussi nos messagers internes tels que
les hormones, les enzymes ou les anticorps du système immunitaire, qui
nous défendent contre les infections. Elles sont essentielles à l’homme,
car il ne sait pas les fabriquer à partir d’autres nutriments,
contrairement aux glucides par exemple. Elles doivent donc être
apportées obligatoirement par l’alimentation ». D’où le nouveau marché des protéines de substitution estimé
par JP Morgan à 100 milliards de $ dans 15 ans pour les steaks à base
de végétaux, et à 140 milliards de $ dans 10 ans par Barclays pour les
viandes issues de cellules animales. 

On sait que les aliments ultra-transformés multiplient les risques de
cancer. Pour l’heure, aucune étude indépendante n’a été menée sur la
sécurité alimentaire des faux steaks. On se contentera des assurances de
George Monbiot sur leur bienfait pour la santé, et de l’enthousiasme de
Technoprog qui y voit un prochaine étape d’adaptation des humains à
la biologie de synthèse comme ils l’ont fait tout au long de leur
histoire…

Derrière l’idéologie transhumaniste se profilent les appétits
financiers des géants de l’agro-alimentaire et de riches investisseurs.
George Monbiot et les transhumanistes ignorent-ils que la haute
technologie est le terrain de jeu des multinationales ?

Une agriculture asservie à l’industrie

La nourriture synthétique libérera des terres pour les matières
premières industrielles. « Des pneus en pissenlits, des portes de
voitures en fibre de chanvre, ou encore des bottes en blé et non en
caoutchouc » : tel est le programme de la ministre allemande de l’Agriculture,
Julia Klöckner approuvé le 15 janvier dernier par le Conseil des
ministres. D’ailleurs, on ne parle plus d’agriculture mais de « bioéconomie« , le
nouveau mot d’ordre lancé par l’OCDE au début des années 2000 et repris
par la Commission européenne.  » La bioéconomie entend substituer au
pétrole l’utilisation de ressources naturelles ou bioressources, afin de
produire de la bioénergie (biocarburants ou biocombustibles), des
biomatériaux (bois d’œuvre, matériaux composites) ou des produits
biosourcés (bioplastiques, solvants, cosmétiques, etc.) ». Elle s’est
généralisée dans 60 pays, dont la France. Toujours à l’avant-garde, le
groupe AVRIL, anciennement connu sous le nom de SOFIPROTEOL, s’est
associé à Royal DSM en juillet dernier pour créer des protéines à partir
du colza. Le préfixe bio laisse déjà présager l’orientation des crédits
de la prochaine PAC (politique agricole commune) 2021-2027 vers
l’agriculture industrielle bourrée de technologies. Evidemment, les
surfaces utilisées pour la culture nourricière et l’élevage seront
limitées…

Conçue par et pour l’industrie, cette bioéconomie, entend bien être
concurrentielle en anticipant les cours des matières premières. C’est là
qu’entre en jeu le Big Data développé par les GAFAM pour planifier les
cultures en fonction du marché. Monsanto ne
se contente plus de vendre des pesticides et des engrais. La
multinationale a racheté en 2013 « The Climate Corporation », une
start-up fondée par d’anciens salariés de Google, qui réalise des
simulations climatiques à très haute résolution. Estimé à 20 milliards
de $, le marché des données météo agricoles s’avère juteux, en
étant vendues aux exploitants agricoles et aux grands négociants tels
que CARGILL et ADM. Cette perspective a également retenu l’attention de
la FNSEA qui expérimente « l’agriculture connectée » depuis 2014 dans une vingtaine d’exploitations. Balayant quelques inquiétudes, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert,
déclarait le 26 octobre 2016, à Angers, qu’ « il faut accepter que le
numérique permette d’agir plus vite, avec des réponses plus appropriées
ayant moins d’impact ». 

Robotisation à outrance

Pour ce qui est de l’impact, les multinationales ont la solution grâce aux nanotechnologies et à la biosynthèse. Ainsi, les Pays-Bas ont
décidé de réduire l’apport des pesticides en les utilisant « de manière
ciblée ». « Quand ils sont nécessaires, on préfèrera les substances à
faible risque » expliquait le gouvernement néerlandais dans un communiqué
en avril 2019. L’une des solutions adoptée par le gouvernement est de
sélectionner des semences particulièrement résistantes via les nouvelles
techniques de sélection des plantes (NTSP) en modifiant leur ADN.
Qualifiées d’organismes génétiquement modifiés (OGM) par la Cour de
justice de l’Union européenne (CJUE), ces semences tombent sous le coup
de la directive OGM. Sur ce point, le débat fait rage en ce moment au
sein de l’UE. L’autre solution est d’ « utiliser les pesticides de
manière intelligente, afin de limiter les émissions environnementales et
d’assurer une production agricole pauvre en résidus » selon le
communiqué. Les multinationales, telles que Monsanto-Bayer,
Syngenta-ChemChina, proposent déjà la diffusion de pesticides dans des
nanos capsules.

Dans la ferme du futur très proche, l’exploitant agricole verra
depuis son ordinateur portable où se trouvent les mauvaises herbes à
enlever, les besoins en eau, d’engrais ou de pesticides, les cours
mondiaux, la météo. Il guidera de loin son tracteur robotisé ou enverra
sur le terrain sa main-d’oeuvre sous-payée. Finis le savoir-faire et
l’intelligence humaine : l’ordinateur, les systèmes d’information
géographique (SIG), les capteurs capables d’analyser les besoins,
disséminés dans les champs reliés à un GPS (parfois des nano-capteurs
jusqu’à former une poussière intelligente), les remplaceront. La
convergence des Nanotechnologies, Biotechnologies, Sciences de
l’Information et sciences Cognitives (NBIC) n’épargne ni l’élevage,
ni la pisciculture. Les nano-puces implantées sur les animaux détectent
des maladies, analysent les spécimens au niveau génétique pour les
sélectionner, permettent de surveiller le bétail à distance, le privant
pendant de longues périodes des soins apportés par les humains. 

En ajustant les nanoparticules des plantes cultivées, on pourra
également produire des substituts à différentes matières premières
industrielles jusqu’alors importées telles que le caoutchouc ou le
chocolat. Ce qui entraînera inévitablement une chute des cours mondiaux
des matières premières et des produits agricoles

Le forçage génétique, une arme de destruction massive

Le bouleversement technologique va bien au-delà. L’UICN voit dans la
biologie de synthèse et les technologies de l’information le moyen de
recréer des espèces disparues, de sauver des espèces en danger
d’extinction, de les étudier à distance… Le canular du retour du
mammouth laineux sur terre permet de masquer des programmes
incontrôlables de manipulation génétique conçus par le « Gene Drive »
(GD), autrement dit le « guidage génétique » ou comme l’appellent les
francophones, le « forçage génétique », tandis que l’UICN parle
d’ « impulsion génétique ». Il s’obtient en découpant l’ADN, une
technique inventée en 2012 par deux chercheuses, une Française,
Emmanuelle Charpentier et une Américaine, Jennifer Doudna. Etant plus
rapide, plus précise et moins chère, la technique des « ciseaux à
découper l’ADN « , également appelée CRISPR Cas9, s’est répandue comme
une traînée de poudre. Grâce au forçage génétique, la modification d’un
gène rend l’individu modifié reproductible. Il entre en interaction avec
les organismes vivants non modifiés. Or, « cette mutation auto-amplifiante,
s’auto-réplique et se diffuse plus rapidement que par la génétique
habituelle ». « Si avec les OGM classiques la dispersion des gènes
modifiés devait être évitée (…), avec ces nouveaux organismes
génétiquement modifiés la dispersion devient la stratégie recherchée ».
Le Tarjet Malaria Project, qui réunit un consortium d’université et de
centres de recherche financés en grande partie par la Fondation Bill et
Melinda Gates, ambitionne de modifier génétiquement les anophèles
(moustiques) pour qu’ils ne soient plus porteurs de la malaria. Ce
projet a été expérimenté sans succès au Brésil et aux îles Caïman où le
gouvernement y a mis un terme. La Fondation s’est évidemment tournée
vers l’Afrique, notamment au Burkina Faso, où le Tarjet Malaria
Project a été très mal reçu par les populations concernées dont on avait
oublié de demander le consentement. 



Une question de consentement : les moustiques exterminateurs du Burkina Faso © Terre à vie, ETC Group, Fenop, C Pagen

Car les conséquences d’une telle manipulation sont imprévisibles. Si
on élimine un moustique vecteur de la malaria, une autre espèce peut
prendre sa place. En outre, ces organismes modifiés peuvent servir en se
dispersant à des fins militaires. Le premier à avoir tiré le signal
d’alarme est le grand patron de la CIA, James Clapper.
Dans un rapport de février 2016 déclassifié, il met CRISPR Cas9 dans la
catégorie des « armes de destruction massive « , au rang du « programme
nucléaire nord-coréen, des armes chimiques syriennes et des missiles de
croisière russes ! » 

Mais les projets de forçage génétique sont financés par l’Agence de
recherche militaire du gouvernement des Etats-Unis (DARPA, Defence
Advanced Research Projects Agency), la Fondation Bill et Melinda Gates,
The Tata Trusts et l’Open Philanthropy Project soutenu par Facebook. 

L’UICN, cheval de Troie de l’ultra-libéralisme et des GAFAM

La Convention sur la diversité biologique (CDB) qui s’est réunie du
13 au 29 novembre 2018 à Charm el Cheikh (COP 14) avait mis le forçage
génétique à l’ordre du jour. Cent cinquante ONG ont réclamé un
moratoire. Il leur a été refusé. La CDB s’est contentée d’appeler les
gouvernements à évaluer eux-mêmes les risques et à obtenir le
consentement des populations locales avant le lâcher des organismes
exterminateurs. Il faut dire que la Fondation Gates avait investi
1,6 million de $ dans une agence de relation publique, Emerging Ag Inc,
pour exercer une influence sur la CDB. Cette agence a recouru à des
scientifiques acquis à la cause et à leur financement, des scientifiques
dont la renommée et les travaux avaient été coachés par des agences de
communication. 

Bill Gates tient toujours à faire entériner le forçage génétique par
la CDB qui doit se réunir à Kunming (Chine) en octobre prochain. Ce sera
la COP 15. L’UICN s’est mise de la partie, sans que l’agence de
relation publique ait été obligée de recourir à des scientifiques
amis. Elle a réuni un groupe de travail pour peaufiner un rapport
préparatoire sur la biologie synthétique. Or, le groupe de travail qui a
rédigé le rapport était composé en majorité de personnes acquises au
forçage génétique, le plus souvent carrément en conflits d’intérêts.
Merci aux Canadiens d’ETC group d’avoir alerté le monde sur la
composition de ce groupe de travail. Leur document, « Le forçage génétique sous influence  »
fait l’historique des décisions de l’UICN et présente par ordre
alphabétique les auteurs en faveur de cette nouvelle technologie.

Doit-on s’en étonner ? Ce n’est pas la première fois que l’UICN, qui
prépare les conventions internationales sur l’environnement et leurs
protocoles, déroule le tapis rouge devant les multinationales et les
riches investisseurs. Rappelons que la CDB créée en 1992, à Rio, a
inauguré la privatisation du vivant par le biais de la propriété
intellectuelle instaurée sur la faune, la flore et les savoir-faire.
Soit deux ans avant l’accord sur la propriété intellectuelle (ADPIC)
signé en 1994 à Marrakech avec la création de l’OMC (organisation
mondiale du commerce). Plus récemment, l’UICN a signé en 2014 un
partenariat avec le groupe suisse Syngenta au moment où elle publiait
son évaluation sur une espèce de papillons menacée par les pesticides.
Et comme par hasard, les solutions proposées par
l’UICN étaient identiques à celles … du groupe suisse. Lequel groupe est
devenu Syngenta-ChemChina depuis son rachat en 2017 par une société
chinoise.

Dans son dossier thématique sur
la biologie de synthèse daté de mai 2019, l’UICN se contente de
proposer dans les prochaines négociations de la CDB « une évaluation au
cas par cas », par des scientifiques, des gouvernements, la société
civile et des organisations des peuples autochtones. Le moratoire n’est
pas retenu, Bill Gates est sûrement soulagé. Cette proposition devrait
avoir le soutien de la Chine où se tiendra la prochaine conférence des
Etats. D’autant qu’elle sera présentée par le président de l’UICN, ZHANG
Xinsheng, également Chinois.

Cet article n’aurait pas pu se faire sans l’alerte donnée par « ETC
Group » sur le forçage génétique, et le travail d’investigation de cette
association canadienne. Créée par Pat Mooney, le lanceur d’alerte sur
la géo-ingénierie, ETC group est aujourd’hui dirigée par Jim Thomas. La
lecture de ses rapports est vivement conseillée, notamment « La ferme atomisée« 
 

Site de ETC Group : https://www.etcgroup.org/fr

GLOSSAIRE :

Biologie synthétique  : Alors que l’ingénierie génétique
n’implique qu’un ou quelques gènes à la fois, la biologie synthétique
crée des organismes entièrement nouveaux. En 2003, J. Craig Venter et
son équipe de chercheurs ont réussi à fabriquer un chromosome
entièrement synthétique en deux semaines. En 2008, le même institut a
annoncé la création du premier génome bactérien franchissant ainsi un
pas important vers la vie artificielle. La biologie synthétique peut
aussi présenter de sérieux risques imprévisibles, tels que la création
d’organismes nuisibles. Une arme nouvelle en quelque sorte. (d’après
« Conservation pour une ère nouvelle ». Jeffrey A. McNeely, Susan A.
Mainka, UICN, 2009).

Conservationnistes : ceux qui veulent conserver la nature sauvage. Leurs principales associations sont l’UICN, le WWF, l’ASPAS, la LPO etc…

Forçage génétique : la création d’organismes génétiquement
modifiés capables de se reproduire comme tels et d’interagir avec le
monde réel ou sauvage (GDO : Gene Drive Organism). Cette faculté les
différencie des OGM. « Une fois que le forçage génétique a été sorti de
la bouteille, personne n’a réellement trouvé le moyen de le
réintroduire ». 

Nanotechnologies  : manipulation de la matière à l’échelle des
atomes et des molécules (1 nanomètre, nm = 1 milliardième de mètre). On
ne les voit pas dans la nourriture car elles ne sont pas étiquetées en
tant que telles ( jus d’orange, bonbons etc…). Selon Vyvian Howard,
fondatrice et rédactrice en chef du « Journal of nanotoxicology », la
taille réduite des nanoparticules augmente leur toxicité, car les nanos
se déplacent plus facilement dans l’organisme en traversant des
membranes protectrices (peau, barrière hémato-encéphalique, placenta).

Transhumanisme : mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer la condition humaine notamment par l’augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains (d’après Wikipedia).

Pour aller plus loin :