Pourquoi des gouvernements sont aussi malfaisants

[Source : contrepoints.orgs]

Par Patrick de Casanove

La France était présentée il n’y a pas si longtemps comme une Union soviétique qui aurait réussi. Le point de départ est, à la Libération, le programme du CNR en particulier « Les jours heureux », et les ordonnances de 1945 qui ont créé la Sécurité sociale. La spoliation légale généralisée devenait le mode de fonctionnement du pays.

Néfaste par routine

À cause de cela les gouvernements successifs ont glissé vers un étatisme de plus en plus étouffant. Le vol légal, baptisé « solidarité » pour la « justice sociale » et « l’égalité », s’est développé, sans que la majorité des Français n’y trouvent à redire.

Les gouvernements étaient malfaisants à « l’insu de leur plein gré ». Ils avaient une politique néfaste de routine. Ils volaient les uns pour acheter les voix de autres. Ils asphyxiaient lentement le pays mais leur volonté de nuire à toute la population ne transparaissait pas.

Une partie de la population était persuadée qu’elle y gagnait. Une autre partie payait le prix. Cette autre partie trouvait qu’elle ne perdait pas trop, que c’était pour le bien de tous, pour le « modèle social français ». Le marché libre était encore important, le poids de la réglementation supportable et l’économie tournait. Les effets nocifs étaient les dégâts collatéraux, le prix à payer pour une politique qui dégoulinait de bonnes intentions.

En vérité la France était une Union soviétique qui n’avait pas terminé son évolution totalitaire.

Aujourd’hui le marché libre est en voie de disparition. La liberté économique est systématiquement battue en brèche. En France il existe 483 impôts, 78 codes, et presque chaque jour voit arriver une nouvelle couche de lois et règlements. Les effets délétères, chômage de masse structurel, mal logés et sans logis, nouveaux pauvres et pauvres permanents, abandons de souveraineté, fonctions régaliennes à vau-l’eau, sont de plus en plus patents. La liberté agonise et le libéralisme, ou ce qu’il en reste, meurt assassiné.

Néfaste par volonté

Le gouvernement est passé « d’arrêter d’emmerder les Français » à « j’ai très envie de les emmerder ». Cela concernait une catégorie de gens, mais le précédent étant créé, cela peut dorénavant s’appliquer à n’importe qui. Dès lors la volonté destructrice est patente. C’est un changement de paradigme et témoigne d’une volonté délibérée de nuire.

La destruction culturelle, sociale, économique du pays n’est plus accidentelle. Elle correspond à une volonté profonde et réfléchie de nos dirigeants.

Le gouvernement a rapidement saisi l’opportunité d’extension rapide, brutale, que lui offraient le covid et la guerre en Ukraine.

En ce qui concerne le covid, sa gestion constitue l’apothéose de la confiscation du soin par les administratifs, les politiques, aux dépens et au mépris des soignants. La gravité de l’épidémie prévue par des modélisations farfelues a été le prétexte à des mesures dont l’autoritarisme était sensé témoigner de la pertinence.

Ces mesures se justifiaient l’une l’autre sans tenir compte de la réalité. Les gouvernements rivalisaient de coercition pour « faire quelque chose », n’importe quoi, mais « quelque chose ».

Or l’épidémie est rapidement apparue comme peu grave, avec une population de personnes à risque parfaitement identifiée, et des possibilités thérapeutiques existantes bien que jamais validées par l’autorité centrale.

Pour le gouvernement la covid devait être grave pour justifier sa politique coercitive, sauver sa peau en « transformant un abominable fiasco en réussite formidable », et étendre son contrôle sur les populations. D’où chaque soir un flot continu d’images et de déclarations anxiogènes, la messe des morts attribués au coronavirus, puis la litanie des tests positifs présentés mal intentionnellement comme des cas. Grâce à ce subterfuge, quand il n’y a eu plus assez de malades pour jeter l’effroi, l’autorité centrale a fait passer des bien-portants pour des malades. La liberté d’expression a été mise à mal et la censure mise à l’honneur.

Le résultat est que les dégâts sont incommensurablement supérieurs à ceux de la covid elle-même. Le confinement et les mesures de coercition sociale, aussi inutiles que dangereux, ont volontairement détruit le pays, socialement, économiquement et sanitairement. Des gens qui n’auraient jamais dû mourir sont morts, d’autres qui n’auraient jamais dû être malades le sont devenus.

Cerise sur le gâteau étatiste, le poids des mesures de coercition a été essentiellement supporté par le secteur dit privé. Il est devenu quelque temps entièrement dépendant de l’État qui en a profité pour imposer sa volonté en échange de son « aide ». État que ledit privé, atteint du syndrome de Stockholm, remercie.

Avec la guerre en Ukraine, les sanctions économiques prises contre la France par son gouvernement, et prises contre l’Europe par l’Union européenne et son Politburo qu’est la Commission, ont ajouté une seconde couche de destructions économiques et sociales ;  et bientôt sanitaires car sans énergie abondante et bon marché il n’y a pas de prospérité, ni de système de santé performant. La liberté d’expression a été encore restreinte et la censure aggravée.

Covid et Ukraine ont dopé un troisième larron qui peinait à effrayer les gens : la « panique climatique« . Il repose sur les même fondations : la manipulation, la censure de ce qui n’est pas la doxa et la peur. Il provoque les mêmes dégâts.

Les intentions malveillantes sont de plus en plus patentes. Les décisions sont de plus en plus arbitraires, autoritaires. En plus du suicide culturel, économique et social, s’amorce une catastrophe géostratégique pour l’Occident, l’Europe, et la France en particulier.

Il apparaît dès lors qu’avec le gouvernement qu’elle a, la France n’a pas besoin d’ennemis.

Un précédent terrible

Avec la gestion politique de la covid un précédent terrible d’anéantissement soudain des droits humains dans une société dite libre, par un gouvernement prétendument démocratique, a été créé. Sans aucun motif valable, (si tant est qu’il en existe un), la population entière du pays, des dizaines de millions de personnes qui n’avaient rien fait de mal ont été enfermées, brisées, soumises, chosifiées, vaccinées en masse comme du bétail.

Aucun principe, aucune éthique, n’ont été respectés. Le bon sens a disparu, l’irrationnel règne, l’impensable a été décidé, l’inacceptable accepté… voire souhaité et désiré. La personne qui fait la spécificité de la civilisation européenne fut anéantie.

Ce fut une abomination.

Paradoxalement, bien des gens appellent l’État au secours. C’est oublier que l’État est le premier maltraitant. Certains réclament à cor et à cris le retour du politique. Mais c’est le politique qui est malfaisant.

Il décide seul de briser la vie des gens, de les contraindre, de les enfermer.

Il décide de la seule obsolescence programmée réelle, en ordonnant la fin de telle ou telle filière, la modification de telle ou telle norme.

Il a le monopole de la violence légale, fut elle injuste. Il ne faut pas la confondre avec l’usage légitime de la force pour défendre ses droits naturels. Usage légitime qui appartient à chaque individu.

Le politique pratique la fuite en avant dans une spirale infernale vers la catastrophe. À une mesure toxique s’ajoute une autre mesure toxique. Le malheur s’ajoute au malheur.

Tous les domaines de la vie sont concernés. Rien n’échappe à la malfaisance des politiciens. Cela ne finit jamais. Quelques exemples : la vaccination des enfants que l’Europe veut rendre obligatoire, la fin du moteur thermique en 2035, la fin du cash, sans oublier le woke, la cancel culture, la repentance, l’acculturation, etc.

Dans une descente aux enfers il y a des diables ! Par ordre alphabétique : la covid (les complotistes et les antivax), le libéralisme, (comme le dahu, personne en France ne l’a vu, mais il porte sur ses épaules tous les malheurs du pays), la Russie (Poutine). L’existence de diables a l’avantage de définir le camp du mal et celui du bien, ainsi que de fournir des boucs émissaires à l’incurie des politiciens. Le dogme veut que le gouvernement, ses thuriféraires et affidés soient le camp du bien. Le débat devient donc inutile et fait place à l’anathème.

Pourquoi cette malfaisance

La question se pose de la finalité d’une telle ténacité destructrice et des motivations des politiciens. Tous sont occidentaux, de culture occidentale et ils démolissent avec ardeur leur civilisation.

C’est une erreur de croire qu’ils ne se rendent pas compte des effets délétères de leurs décisions, ou qu’ils sont fous ou incompétents. Ils sont intelligents, compétents mais ils servent un dessein, un intérêt personnel.

Ils contrôlent l’État. Le propre de l’État est sa propension à s’étendre indéfiniment. C’est son objectif compulsif. Le plus probable est qu’ils aient saisi les opportunités qui s’offraient à eux pour atteindre ce but, justifier leur existence, étendre leur pouvoir, détruire les structures, les fondements de la société et… survivre à leurs conneries, « quoi qu’il en coûte ».

Ils induisent un changement civilisationnel qui s’inscrit dans l’idéologie de la création de l’Homme nouveau dans un « monde nouveau », et pour cela « du passé faisons table rase ». Ils signent les fondamentaux socialistes des gouvernements français depuis des dizaines d’années et de l’UE depuis le Traité de Maastricht, qui fait de l’Europe la future Union soviétique.

La fin ne justifie pas les moyens. Il y a des comportements qui sont interdits envers les êtres humains, même pour l’État.

« Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme […] Ce n’est pas parce que les hommes ont édicté des Lois que la Personnalité, la Liberté et la Propriété existent. Au contraire, c’est parce que la Personnalité, la Liberté et la Propriété préexistent que les hommes font des Lois. » Frédéric Bastiat, La Loi (1850) 

La Liberté chez soi est une arme très efficace en cas de problème économique, social, sanitaire et international. Malheureusement la France et l’Europe ont choisi l’expansion de l’État.