Pédosatanisme, sujet tabou et étouffé par les médias ?

[Sources : Alexandre Lebreton et archive.org]

La journaliste Élise Lucet, dans un magistral aplatissement médiatique, semble avoir tout oublié du contenu de la célèbre investigation de Pascale Justice. Vous pourrez constater par vous-mêmes s’il s’agit simplement d’un « réseau de prostitution » en visionnant l’intégralité du documentaire (suivi d’un débat historique) le plus censuré de France :



Viols d’enfants : la fin du silence ? est un reportage télévisé suivi d’un débat, diffusé en 2000 sur France 3 dans l’émission Paroles d’enfants, réalisé par les journalistes Pascale Justice, Stéphane Taponier et Cécile Toulec. Présenté par Élise Lucet, le document enquête sur une affaire judiciaire classée sans suite à propos d’un potentiel réseau pédophile à caractère sectaire.

Reportage : Suite aux troubles comportementaux et aux aveux progressifs de ses deux enfants Marie et Pierre, une mère décide de porter plainte contre son mari pour inceste et appartenance à une secte pédophile. Le reportage propose une chronologie de l’enquête judiciaire avec les témoignages de Marie et de sa mère, mais aussi des représentants de la justice impliqués dans l’instruction. Après trois ans d’enquête et de doutes sur la véracité des aveux de Marie, la plainte aboutit sur un non-lieu. Commentaire sur des images factuelles, alternant avec les interviews de Marie et sa mère, de Pierre SABOURIN, psychiatre, psychanalyste et thérapeute familial, de l’avocate de la mère des enfants Catherine LARDON GALEOTE, de Nicole TRICART, chef de la brigade de protection des mineurs de Paris, de Christiane BERKANI, premier juge d’instruction au Tribunal de Grande Instance de Paris, et de Georges GLATZ, fondateur du comité international pour la dignité de l’enfant

Débat : Élise LUCET reçoit des invités pour débattre autour du reportage « Parole d’enfants » sur les aveux des enfants victimes de viol, les efforts faite par la justice pour recueillir les aveux des enfants dans les meilleures conditions, et sur l’existence de réseaux pédophiles en France. Les invités sont Jean Yves le GUENNEC, commissaire principal, chef de la sûreté départementale des hauts de Seine, Frédérique BREDIN, députée de Seine-Maritime, Martine BOUILLON, substitut du procureur au tribunal de Bobigny, Martine NISSE, thérapeute familiale et Georges GLATZ, comité international pour la dignité de l’enfant.

Transcription partielle :

– Voix off : Des deux enfants, c’est surtout l’aînée, Marie (pseudonyme) qui raconte. Ici, elle nous parle de son père et des lieux où il les aurait emmenés.

– Marie (en train de dessiner) : Il y avait un endroit à Paris, dont lui était le chef. Il disait qu’il était un grand mage et qu’il s’appelait « Bouknoubour ». Dans cet endroit, ils portaient des grandes robes blanches avec des bords dorés (elle dessine ici un personnage portant une toge avec sur le buste un triangle dans un cercle). Puis ils faisaient des prières, ils violaient les enfants, ils leur faisaient peur… Il y avait plusieurs autres personnes qui nous violaient, ils nous endormaient avec des espèces de bouillies. Ils nous attachaient aussi sur des tables puis nous frappaient ou ils nous mettaient des aiguilles auprès des yeux pour nous faire croire qu’ils voulaient nous crever les yeux.

– Journaliste : Est-ce qu’ils vous faisaient réellement du mal ? Est-ce qu’ils vous donnaient des coups ? – M : Oui, ils nous frappaient…
– 
J :
Qu’est-ce que tu nous as dessiné Pierre (pseudonyme) ?
– 
Pierre (qui dessine tout en pleurant) :…
Y’avait des monstres… C’était horrible… Ils m’ont violé…

– J : Ils t’ont violé ? C’est quoi violer Pierre ?

– P : C’était toucher le zizi… jouer avec… faire des… J’avais 6 ans, je comprenais pas encore ce qu’ils faisaient…
(…)
Marie (qui dessine également en pleurs) :
Ils les tuaient…

– J : Ils tuaient les enfants ?

– M :oui…

– J : Comment tu le sais ça ?

– M : Parce que je l’ai vu… C’était des petits enfants qui étaient un peu arabe ou des choses comme ça…. Ils leur coupaient la tête…

– J : Quand tu voyais qu’ils coupaient la tête à un enfant, c’était la vérité, ça se passait devant toi ou ça aurait pu être un film ?

– M : Non, c’était pour de vrai, parce que les enfants criaient. Et puis après ils nous disaient qu’ils allaient nous couper la tête aussi, alors ils nous mettaient pareil sur ça… Et après on avait très peur et on croyait qu’on était mort…

– J : Mais pourquoi ils faisaient ça ces gens-là ?
– 
M :
Je sais pas, parce qu’ils sont méchants, ils sont fous ! Je sais pas pourquoi ils faisaient ça, ils sont méchants ! Nous on n’a rien fait, on était des enfants (Marie est en pleurs).

– Voix off : Dès juillet 1996, dès les premières révélations, la mère confie les enfants à un pédopsychiatre qui a déjà traité des cas semblables. Durant trois ans, c’est avec des dessins que le Dr Sabourin a recueilli leur témoignage. Des dizaines de dessins, des dizaines d’heures d’écoutes qui ont forgé sa conviction : il croit les enfants.

– Dr Sabourin : Bien sûr, je crois qu’ils ont vécu des choses incroyables, très difficiles à synthétiser pour eux et à mettre en scène. Ils ont tous les deux une capacité personnelle à les dessiner, ce qui n’est pas toujours le cas…

– Voix off : Marie a dessiné une immense statue plantée, dit-elle, au milieu de la salle de cérémonie. Puis elle a dessiné le pendule et la roue qui auraient servi à des séances d’hypnose sur les enfants, et toujours les déguisements, de grandes capes rouges ou blanches, et des crucifix. Nous avons soumis au Dr Sabourin le dernier dessin que Marie nous a fait.

– Dr Sabourin : Dans ses dessins récents, je retrouve plusieurs thèmes… 4 thèmes qui existaient déjà, où on a une cérémonie avec des gens qui sont visiblement déguisés, avec des croix sur les épaules, ce qu’on retrouve ici (montrant d’autres dessins), on en a trois ici… et le crucifix ici, c’est un crucifix très spécial… Elle disait que c’était un crucifix entouré d’herbe. Alors d’où a-t-elle sorti ça ?! Je n’en sais rien… Est-ce que c’est son imagination, est-ce que c’est une enfant qui délire ? Je ne le crois pas… C’est-à-dire que face à ce type de choses extrêmement précises et surprenantes, moi j’ai plutôt tendance à dire que c’est un élément de la mémoire qui réapparaît. Toujours lorsqu’il s’agit d’un enfant et bien sûr quand il s’agit d’un adolescent ou d’un adulte, ces mémoires de traumatismes précoces sont en mille morceaux. Et c’est avec beaucoup de difficultés, avec beaucoup d’émotions, beaucoup de tensions intérieures et de craintes — ce sont des enfants qui ont peur, ils sont sous la terreur — qu’ils arrivent à livrer un petit passage, un petit morceau de souvenir, ce qui laisse tout le monde sidéré. On se dit : mais enfin, comment se fait-il qu’ils n’aient pas parlé plus tôt ? Comment se fait-il qu’ils ne puissent pas décrire cela tout comme un adulte qui décrirait un scénario, c’est là le gros travail des thérapeutes et des policiers (…)

– Voix off : C’est une véritable organisation impliquant de nombreux adultes que décrivent ces enfants ; et s’ils sont incapables d’indiquer le lieu des cérémonies, en revanche Marie nous a dessiné un plan très précis de l’immeuble et de ses sous-sols.

– Marie (décrivant son dessin) : Alors on arrive en voiture ici… On tournait à un rond-point. Il y avait un groom qui venait nous ouvrir la porte. Ensuite on rentrait dans endroit qui semblait être un hôtel assez chic. Il allait chercher les clés et ensuite on continuait dans un couloir jusqu’à un ascenseur. Ensuite on descendait dans un labyrinthe où il faisait froid, il faisait noir, et ça avait l’air d’être un sous-sol. Ici, il y avait un vestiaire où on allait pour s’habiller avec les vêtements blancs et rouge, ensuite on allait ici : une salle où ils violaient les enfants. Ici c’était la partie où il y avait surtout les filles qui violaient les garçons et mon petit frère, puis ici c’était les hommes qui violaient les filles. Ensuite ici, c’était une grande salle, comme une grande grotte en forme de cathédrale ou de crèche et il y avait beaucoup beaucoup de monde. Il y avait aussi ici une très très grande statue d’un dieu africain ou noir, et quand il grognait, les gens mettaient de l’argent dans de grandes corbeilles qui circulaient. Autour de cette statue, il y avait des cendres, avec des têtes d’enfants sur des piques dans ces cendres…

– Voix off : Des têtes d’enfants au bout de piques… Des têtes d’enfants dont Marie nous dit qu’ils auraient été décapités sous ses yeux, et qu’on retrouve dans plusieurs de ses dessins. Pour accéder à ces sous-sols, Marie décrit en surface un immeuble, une sorte de grand hôtel avec tapis rouge face à un rond-point dans Paris ou sa région. Un bâtiment chic orné d’un perron en arrondi (…)

– Marie (parlant de son père) : Comme il nous violait aussi chez lui, il y avait quelqu’un qui venait à la maison et il se déshabillait. Ils nous mettaient leur zizi dans notre bouche et ils nous filmaient, ou alors, avec mon frère, ils nous disaient de faire des choses…

– Journaliste : Et tout ça ils le filmaient ?
– 
M :
Oui ils filmaient… et après ils amenaient les cassettes dans un endroit qui était je pense à Paris, où il y avait plein de livres sur le sexe et tout ça… et ils déposaient les cassettes là-bas. (…)

– Voix off : Le cadre sectaire et les faits décrits par les enfants sont-ils donc crédibles ou inimaginables comme l’a écrit la juge d’instruction ? Nous avons posé la question à Paul Ariès, sociologue spécialiste des sectes et de la maltraitance des enfants, qui a mené des études pour le ministère de la santé. Nous lui avons soumis l’ensemble des déclarations de Pierre et Marie :

– Enregistrement de Marie : Ils faisaient des prières, ils disaient qu’ils étaient des « pures femmes », ils disaient qu’un jour tous les gens de cette planète s’étaient éparpillés sur la terre et que maintenant il fallait qu’ils les rassemblent, le peuple… en fait il y avait un espèce de dieu, un messager des dieux… qui venait leur dire qu’il fallait bientôt partir sur leur planète ou un truc comme ça…

– Paul Ariès : Moi j’aurais tendance à dire que ce qui nous est raconté ici est complètement inimaginable, c’est à dire qu’un enfant ne peut pas l’imaginer, un enfant ne peut pas l’inventer. Premier élément, ce sont ces éléments de doctrine. C’est-à-dire que nous faisons partie — si l’on se situe du point de vue des adeptes de ce groupe — nous faisons partie d’une élite qui provient d’une autre planète et qui est pour l’instant sur terre et qui sera bientôt appelée à partir. Ça fait partie globalement du fond commun de toutes sortes de réseaux aujourd’hui. La nécessité de tuer quelqu’un pour le sauver ou pour sauver l’humanité. Il y a également toutes sortes de rites où l’on nous parle à un moment donné de ces hommes en disant que ce sont des « pures femmes ». Alors ça c’est quelque chose que l’on trouve relativement fréquemment dans la littérature, la femme est celle qui féconde, ce qu’il faut faire ici, c’est arriver effectivement à féconder ce que l’on appelle « l’Homonculus », c’est à dire le sur- homme. Il me semble que l’on se trouve ici finalement à un croisement entre deux types de réseaux : d’un côté des réseaux soucoupistes — qui croient aux extra-terrestres — et puis d’un autre côté des réseaux de magie sexuelle, et on sait que ces connexions s’établissent de plus en plus.

– Enregistrement de Marie : Il y avait des gens qui avaient des espèces de… pas des masques de plongées, mais des espèces de lunettes avec un truc sur la bouche (masques à gaz ?)… habillés avec des blouses. Et il y avait une table avec dessus des mains d’enfants découpées, une tête d’enfant et puis des espèces de… je sais pas si c’était des boyaux… des trucs comme ça. Et ils mettaient ces choses, les mains et tout ça, dans des bocaux.

– Paul Ariès : Ces mains coupées dans des bocaux, c’est quelque chose qui existe… Alors là encore, il y a plusieurs interprétations possibles. L’on peut avoir tout simplement des pratiques de type cannibalisme, l’objectif étant d’arriver à augmenter sa propre puissance, apprendre aussi à souffrir, j’allais dire apprendre à faire souffrir pour devenir plus puissant…