« L’islamophobe » n’est-ce pas le non-musulman ?…

Par Lucien Samir Oulahbib

That is the question. Ou cela revient au même au-delà du fait de répondre « mais non bien sûr », car la logique derrière paraît imparable : si vous n’êtes pas islamophobe pourquoi ne pas être musulman pour le prouver ? Répondre que ce n’est pas nécessaire apparaîtra ambigu, d’autant plus que si « islam » veut dire aussi paix et que vous êtes pour la paix, si cela veut dire aussi protéger les femmes du regard sale des hommes, tous les lgbtistes sont d’accord avec ça, donc il n’y a aucune raison de ne pas le devenir, d’autant plus que concernant l’environnement la couleur de l’islam est le vert, donc tout va bien. Pourquoi attendre ?…

Le même raisonnement prévaut aussi ailleurs :

  • être climatoréaliste (c’est-à-dire se baser sur les faits et donc les observations et non pas sur les corrélations modélisées) n’est-ce pas être « négationniste », « platiste », n’est-ce pas refuser d’ouvrir les frontières pour les « réfugiés climatiques » (stade suprême du sans-frontiérisme ?) et donc être « d’extrême droite »?…
  • être « rassuriste » s’agissant de C19 (c’est-à-dire se baser sur les faits et donc les observations concernant l’efficacité comparative des traitements et non pas sur les corrélations modélisées) n’est-ce pas être « anti-science » et donc « conspirationniste » ?…

On le voit, ces trois exemples, islam, climat, injections expérimentales, fonctionnent sur le même schéma logique du syllogisme banal (qui est antirationnel) : si vous n’êtes pas ceci, traduisez « comme nous » alors vous êtes cela donc « contre nous », c’est la formule « ami/ennemi » de Carl Schmitt qui avait remarquablement résumé la manière dont Lénine renversa la formule de Clausewitz (reprise par Foucault et tout le mouvement déconstructionniste actuel) :

« la guerre c’est la politique continuée par d’autres moyens » devient « la politique c’est la guerre continuée par d’autres moyens » autrement dit la guerre (de classe, de race…) est permanente (alors que même chez Hobbes elle ne l’est pas) tant que vous n’acceptez pas la « paix » proposée par la partie adverse soit votre soumission (reddition)….

C’est ce qui est proprement antirationnel en ce sens où la raison se distingue de la logique parce qu’elle pose la question du sens : si a alors b si et seulement si a « doit » aller vers b, cela dépend donc de l’objet visé : technique, affectif, politique… Ainsi une jeune fille de neuf ans pourrait physiologiquement si elle est « réglée » être « mariée », le devrait-elle pour autant ? C’est un choix dans ce cas non plus logique, mais rationnel au sens où cela engage l’avenir psychique du développement humain propre à cette enfant. Et concernant alors son « impression » de sentir « garçon », ne va-t-on pas interroger au préalable cette « impression » pour voir s’il s’agit d’un sentiment profond ou juste fugace ? Ce sont des types de questions propres à notre civilisation judéo-chrétienne ayant affiné ici la pensée gréco-romaine au sens de mettre au centre la liberté jusqu’à même défier Dieu (Adam et Eve, Moïse) Jésus lui-même assumant la trahison de Judas, refusant de jeter la première pierre, discutant avec la Samaritaine, chassant certes les marchands du Temple (mais ne les tuant pas).

Ces questions, , ne font pas partie du lexique de ceux qui fonctionnent façon ami/ennemi : aussi les déconstructionnistes (de plus en plus néoléninistes) sont bien les alliés objectifs des djihadistes et bien entendu leur servent d’idiots utiles alors que même dans les pays dominés par l’apparence pourtant « diplomatique » de ces derniers, les femmes, les homosexuels, les libres-penseurs sont pourchassés et assassinés s’ils ne se soumettent pas à la « paix » exigée.

Aussi faut-il être très méfiant devant de telles injonctions :

  • être non-musulman ne veut pas dire antimusulman, mais, comme son nom l’indique, être en dehors de sa conception du monde, que l’on peut cependant critiquer, car telle est par contre l’un des fondements de notre civilisation : le fait de mettre tout en doute et d’avoir la liberté de le faire ; si l’on refuse ce trait-là, eh bien oui, c’est dans ce cas l’affrontement y compris lorsque Jacob se bat contre l’Ange jusqu’au matin (sauf que ce dernier ne le tue pas non plus…).
  • être climatoréaliste ne veut pas dire que l’on nie les changements climatiques, mais que l’on souligne que le climat change toujours et que l’on confond souvent cela avec le phénomène de la pollution, par exemple le CO2 et le CO ce qui veut dire par exemple qu’il a été fait beaucoup d’efforts pour réduire ce dernier parmi les particules dites fines jusqu’à 98 % pour le diesel dernière époque par exemple ; d’où le constat qu’au bout du compte le moteur thermique s’avère être bien plus « propre » que le moteur électrique, surtout dans les pays peu nucléarisés…
  • être enfin plutôt « rassuriste » en matière de santé c’est observer que le renforcement du système immunitaire naturel et la lutte contre la syndémie (les maladies dites « chroniques ») le tout dans une revalorisation du système de soins, s’avère être une action pratique rationnelle au sens de prendre en compte toutes les données, pas seulement logique (« l’urgence » supposée), mais aussi civilisationnel au sens où l’on fait politiquement et techniquement la part des choses parce que la liberté ne peut être sacrifiée au nom de la « sécurité », surtout lorsque cela ne se justifie pas objectivement (« proportionnellement »).

La campagne présidentielle française à venir ne peut alors pas ne pas tourner autour de ces questions fondamentales ; ce qui fait qu’au-delà de ce que l’on peut penser de la candidature d’un Éric Zemmour, ce dernier a déjà le mérite de les poser au niveau nécessaire et suffisant : il s’agit désormais d’un choix de civilisation et non plus seulement de « société »… To be or not to be. A-t-il les « bonnes » réponses ? Sinon qui ?…

That is (also) the question