L’Inga, arbre « magique », pourra-t-il sauver la forêt amazonienne?

Première victime de la politique du président brésilien Jair Bolsonaro et du réchauffement climatique, la forêt amazonienne a été la cible de 90.000 feux, en 2019. Mais son écosystème humide pourrait bientôt être sauvé par un arbre « magique », l’Inga.

© Pablo COZZAGLIO / AFP Feu de forêt, le 26 août 2019.

L’enjeu est crucial pour l’avenir de l’humanité. Depuis le début de l’année 2019, l’Amazonie a été victime de près de 90.000 incendies (le plus lourd bilan depuis près d’une décennie) qui ont ravagé quelques 7.853 kilomètres carré de forêt. Mise à mal par une déforestation massive et par le développement de la culture du soja et du palmier à huile, notamment au Brésil, la forêt humide, où l’on recensait il y a encore peu plus de 16.000 espèces d’arbres différentes, a perdu près d’un cinquième de sa superficie en 50 ans.

« Les propriétaires de ranchs et les grands agriculteurs ont pu bénéficier d’un sentiment d’impunité depuis l’accès au pouvoir du président brésilien Jair Bolsonaro », estiment Elodie Vieille Blanchard et Frédéric Mesguich, de l’Association végétarienne de France dans une tribune publiée en août dernier dans le journalLe Monde. Selon les spécialistes, « la carte des départs de feu en Amazonie recoupe sans surprise les bordures entre forêt, champs mis en culture et surtout aires de reproduction des troupeaux de plus de 100.000 têtes. »

L’arbre Inga pousse rapidement sur des terrains dévastés

Mais au milieu des décombres et de la poussière, traces indélébiles des feux, une lueur d’espoir pointe le bout de son nez. Son nom, Inga, tient en quatre lettres et il pourrait à lui seul, semble-t-il, reconstituer rapidement les écosystèmes détruit. L’arbre Inga compte 300 espèces est une plante particulière: elle est connue pour pousser rapidement sur des terrains ravagés par les feux et accélérer ainsi la renaissance de la flore sauvage. En libérant une grande quantité d’azote, un nutriment essentiel pour les végétaux, l’arbre Inga draine les sols, qui deviennent de nouveau assez fertiles pour que d’autres espèces de végétaux s’y enracinent.

Selon la Fondation Inga, l’arbre peut atteindre une taille maximale de 20 mètres de haut et permet ainsi de « protéger les sols, supprimer les mauvaises herbes et de fournir de la nourriture ». Quant à sa fleur de 30 à 40 centimètres de long, elle renferme de nombreuses graines plates, dont la membrane est comestible. Une source de nourriture bienvenue pour les populations locales et tribus autochtones, dont les ressources en denrées alimentaires se raréfient à mesure que la forêt brûle.

Une campagne de soutien pour les agriculteurs qui plantent des arbres

Aussi, planter l’Inga permettrait de créer des sortes de corridors de végétation et à la faune sauvage de survivre, dans les zones ravagées par les incendies. « C’est vraiment une sorte « d’arbre miracle » car certaines espèces peuvent faire des choses étonnantes », a déclaré Toby Pennington, professeur de diversité végétale tropicale et de biogéographie à l’Université d’Exeter, au Royaume-Uni dans une interview à la BBC.

De son côté, l’institut brésilien Ouro Verde vient de se lancer une campagne de soutien pour inciter les agriculteurs de la région à planter des arbres Inga. Les associations écologistes de la région espèrent aussi convaincre les petits exploitants de ne plus céder leurs terres à de grandes entreprises agroalimentaires qui défrichent chaque jour un peu plus la forêt, pour y implanter d’autres ressources, et principalement du soja.  

« Il est primordial d’offrir de nouvelles opportunités et de nouvelles technologies vertes pour aider les petits exploitants. L’agriculture familiale joue également un rôle essentiel dans la production alimentaire mondiale. Au Brésil, ils sont responsables de 70% de la consommation alimentaire nationale », précise le spécialiste à la BBC. 

Stopper les feux de forêt

Pour que l’initiative ne soit pas vaine et sauve l’écosystème tropical humide, qui s’étend sur plus de 6 millions de m2 répartis sur neuf pays (Brésil, Pérou, Colombie, Bolivie, Venezuela, Guyane, Surinam, Equateur et la Guyane française), il faudrait d’abord que les feux cessent.

Avec une hausse de 93% de la déforestation en 2019 par rapport à la période de janvier à septembre de 2018, d’après les données de l’Institut national de recherche spatiale (INE), le scénario idyllique ne semble pas encore à l’ordre du jour.

Lundi 23 septembre, s’exprimant pour la première fois à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies ce mardi, le président brésilien Jair Bolsonaro a affirmé qu’il était « faux » de dire que l’Amazonie faisait partie du patrimoine de l’humanité, et a accusé certains pays de se comporter de façon « coloniale » à l’égard du Brésil.

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