Les Yeux moroses

[Source : Orpheline]

Par Lola Swann

Petite fille son regard pose
Là-bas sur l’homme aux yeux moroses,
Celui qu’elle croise chaque matin
Et qui timidement tend la main.

Maman jamais ne le regarde :
Droit devant vite les très grands pas.
Comme un fantôme il s’évapore
Reprenant place dans le décor.

Petite fille, elle en est sûre,
A déjà vu une ou deux fois,
Un peu de cœur, un peu d’espoir
Dans le fin fond du regard noir.

Il est tout seul, il est tout blême ;
Un « non » ça fait beaucoup de peine.
Il dit des mots qu’on n’entend pas,
Pleure des larmes qu’on ne voit pas.

Un beau matin à l’aube rose,
Se sont éteints les yeux moroses.
La main tendue, recroquevillée,
Le mal invisible envolé.