Les doutes sur le vaccin Astra Zeneca se reflètent dans les cours de Bourse

Par le Dr Gérard Delépine

Le vaccin développé par Astra Zeneca et l’Université d’Oxford est le troisième vaccin contre le Covid-19 commercialisé en France, et autorisé par l’agence européenne du médicament et par la Haute autorité de santé (HAS) le 2 février 2021.

Il présente deux avantages évidents sur ses concurrents : il est beaucoup moins cher (de l’ordre de 2 euros la dose) et peut être conservé à température ambiante alors que les vaccins à ARN messager nécessitent des températures de -20 à -70° qui compliquent lourdement la logistique des campagnes de vaccination.

Mais est-il efficace ? Est-il bien supporté ?

Les angoisses suscitées par les résultats de son concurrent Pfizer

Les vaccins mis sur le marché ont bénéficié d’une procédure très allégée de délivrance conditionnelle de mise sur le marché. L’autorisation leur a été donnée avant la fin des essais cliniques de phase 3 dont les résultats définitifs ne seront établis qu’en 2023.

Les taux allégués d’efficacité partout proclamés par les médias (plus de 90% pour le Pfizer et le Moderna) ne reposent pour l’instant que sur des communiqués des services de communication des firmes.

En l’absence de résultats probants des essais cliniques, on ne peut que se reporter sur l’examen des résultats des campagnes de vaccination en cours depuis près de deux mois. Or, lorsqu’on regarde les statistiques officielles de l’OMS, les suites des larges campagnes de vaccination réalisées en Israël et au Royaume-Uni font craindre le pire.

Israël est le champion incontesté de la vaccination Pfizer. Depuis le 20 décembre, en moins de deux mois, près de 40% de la population a été vaccinée. Mais depuis cette date, les nombres de morts quotidiennes attribuées au Covid19 ont explosé passant d’une moyenne de 15 morts pendant la semaine précédant le début de la vaccination à 56 dans la première semaine de février.

D’après le ministre de la Santé d’Israël, le mois de janvier est devenu de champion de la mortalité totalisant à lui seul le tiers du nombre total de décès attribués au Covid depuis le début de l’épidémie dans son pays, suggérant que la première injection du vaccin serait peut-être susceptible d’aggraver l’évolution de la maladie..

La Grande-Bretagne a choisi principalement le vaccin Pfizer dès décembre et aurait réussi à vacciner près de 15 millions de personnes. Mais après 58 jours de vaccination, la mortalité quotidienne moyenne lissée sur 7 jours a doublé, passant d’un peu moins que 500 durant la semaine précédant la vaccination à 1070 dans la dernière semaine de janvier, malgré un confinement de plus en plus strict. Depuis la vaccination, elle s’est hissée au second rang de la mortalité européenne, juste derrière la Belgique.

De même dans les micro-États tels que Gibraltar ou Monaco, qui avaient été jusqu’ici presque épargnés par le covid19, l’introduction de la vaccination a été suivie d’une explosion de la mortalité.

L’effet protecteur du vaccin Pfizer contre les contaminations ou la mortalité est donc loin d’être démontré en population réelle et on peut même se demander s’il ne favoriserait pas parfois l’aggravation de la maladie comme cela a été observé en 2017 avec le vaccin contre la Dengue responsable de plusieurs centaines de morts avant d’être interdit aux Philippines.

Vaccin Astra Zeneca et ses premières controverses

Le vaccin Oxford/Astra Zeneca est un vaccin à vecteur viral : il prend comme support un adénovirus (du rhume chimpanzé) qui a été transformé pour combattre le Covid-19. Son efficacité annoncée se situe entre 60 % et 70 %, relativement faible, mais supérieure à la plupart des vaccins contre la grippe.

Au cœur d’une controverse commerciale avec l’Union européenne pour non-respect de contrat de livraison, il a été accusé d’être moins efficace chez les plus de 65 ans par de nombreuses agences de santé, et inefficace contre le variant sud-africain. Une étude de l’université de Johannesburg portant sur 2000 vaccinés a en effet montré qu’il n’était efficace qu’à 22% contre les formes modérées chez les jeunes adultes, ce qui a entraîné l’arrêt de son utilisation en Afrique du sud

Le groupe pharmaceutique, qui a démenti que son vaccin était peu efficace, a cependant annoncé une nouvelle version de son vaccin adapté aux nouveaux variants, notamment le sud-africain.

Des incertitudes quant à l’efficacité sont apparues après l’annonce des résultats des essais intermédiaires à la fin novembre, lorsqu’Astra Zeneca a reconnu que les personnes participant à son essai clinique avaient accidentellement reçu des doses différentes.

Il a alors été affirmé par la société que ceux qui ont reçu une demi-dose du vaccin, suivie d’une dose complète, avaient une protection de 90%, tandis que deux doses complètes n’offraient qu’une protection de 62%. Mais depuis, la MHRA (agence britannique) a déclaré que les résultats du régime à demi dose n’étaient pas confirmés dans l’analyse ultérieure.

Un responsable de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a déclaré à Reuters :

« c’est beaucoup plus déroutant parce que des erreurs ont véritablement été commises, des erreurs qui ont abouti à des données cliniques beaucoup plus complexes à interpréter que celles de Moderna et Pfizer. Et en plus de cela, l’efficacité est moindre ».

En France, la vaccination des soignants désorganise les équipes

La HAS l’a proposé pour vacciner « les professionnels de santé et du médico-social, et les personnes âgées de 50 et 65 ans, en commençant par ceux qui présentent des comorbidités ».

La campagne de vaccination par Astra Zeneca a débuté en France selon les recommandations de l’HAS. Mais le virus vecteur du vaccin a retrouvé son efficacité et entraîne des syndromes grippaux chez 25% à 40% des vaccinés les rendant incapables d’assurer leur mission.

Quatre hôpitaux de Bretagne et deux de Paris qui avaient vacciné trop rapidement leurs équipes soignantes ont dû faire face à une avalanche d’arrêts de travail désorganisant leur planning d’activité. La Haute Autorité de santé a même dû préciser : « afin de limiter le risque de perturbations du fonctionnement des services de soin, il est recommandé de vacciner de façon échelonnée le personnel d’un même service ». Elle a également prétendu que « ces effets indésirables sont connus et décrits avec les vaccins », alors qu’ils étaient curieusement peu mentionnés auparavant (seulement 10 à 12% des vaccinés dans les données que le laboratoire a transmises) et que leur gravité était largement sous-estimée dans les effets secondaires décris par la HAS qui n’avait d’ailleurs aucunement mis en garde les vaccinateurs ni les vaccinés.

Certes, ces effets secondaires, qu’ils soient apparus « immédiatement après la vaccination ou de façon différée », ont été « de courte durée et d’évolution favorable », mais l’absence de mise en garde préalable d’Astra Zeneca et des agences sanitaires européenne et française témoigne de la non-fiabilité des essais thérapeutiques réalisés et de l’insuffisance des résultats transmis.

Dans cette affaire les soignants ont réellement servi de cobayes. Espérons qu’il n’y aura pas de complications plus graves dans les mois qui viennent comme cela a été observé avec le vaccin Pandémix contre la grippe H1N1.

Ces accidents, heureusement bénins pour l’instant, prouvent une fois de plus que les agences du médicament privilégient l’intérêt des firmes sur notre sécurité sanitaire.

La Bourse mieux informée que nos agences sanitaires ?

Et comme il est d’usage (délits d’initié ?) la Bourse est informée plus tôt et plus précisément que les médecins sur les résultats réels des médicaments nouveaux. Les variations des cours de Bourse constituent donc souvent un indice plus fiable que les communiqués officiels.

Et manifestement la chute des cours d’Astra Zeneca suggère que les financiers n’ont plus confiance dans le vaccin Astra Zeneca.

L’avenir tranchera.