L’enquête sur la Loi sur les mesures d’urgence ne s’annonce pas bonne pour Justin Trudeau

[Source : Guy Boulianne]

Un article écrit par le journaliste Antoine Furey : L’enquête sur la Loi sur les mesures d’urgence ne s’annonce pas bonne pour Justin Trudeau

Dans le cadre du dossier sur le « Convoi de la Liberté », je partage avec vous un article du journaliste Antoine Furey qui fut publié le 4 juin dernier dans le journal Toronto Sun, intitulé « The Emergencies Act inquiry isn’t looking good for Trudeau ». Cet article de M. Furey constitue en quelque sorte une suite logique aux différents articles qui furent publiés sur mon site internet, datés du 15 mai, du 8 mai et du 20 février 2022.

Guy Boulianne


PAR ANTOINE FUREY : Les choses semblent difficiles pour le premier ministre Justin Trudeau en ce qui concerne le déroulement de l’enquête sur la Loi sur les mesures d’urgence. Le mois dernier, ou environ, a apporté un certain nombre de clarifications sur ce qui s’est exactement passé pendant le convoi de la liberté de cet hiver et sur ce qui s’est passé dans les coulisses avant et pendant l’invocation controversée de la loi. Et bon nombre d’entre eux révèlent qu’une grande partie de ce que le gouvernement libéral fédéral faisait croire aux gens n’était que des mensonges éhontés.

Les libéraux ont insisté sur le fait qu’ils n’ont introduit la loi qu’après que la police l’ait demandée (mon collègue Lorne Gunter a trouvé au moins six exemples du ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, faisant cette affirmation). Cependant, au comité, les chefs de la police d’Ottawa et de la GRC ont dit qu’ils n’avaient jamais fait une telle demande. Ensuite, il y a l’affirmation du ministre de la Justice David Lametti selon laquelle des étrangers malveillants finançaient le convoi. Mais des témoignages ont révélé qu’aucun niveau des forces de l’ordre ne leur avait jamais dit cela. Finances Canada a même témoigné que le convoi était principalement soutenu par de petits dons de milliers de Canadiens moyens.

Il y a aussi des rumeurs plus incendiaires que certains politiciens fédéraux se sont fait un plaisir d’amplifier – comme des affirmations selon lesquelles des participants au convoi auraient tenté d’incendier un immeuble résidentiel. Ils ont été pour la plupart démystifiés maintenant. Mais voici le problème : toutes ces révélations accablantes se sont produites avant même que l’enquête ne commence. Il y a eu une certaine confusion à ce sujet, mais les gros titres sur les nouvelles provenant des audiences sur la loi proviennent en fait d’un comité de la Chambre des communes qui se penche sur la question.

Ce n’est que l’échauffement. L’événement principal n’a même pas commencé. Pourtant, les arguments du gouvernement libéral sont déjà en lambeaux.

C’est quelque chose, car ce premier comité est sans doute celui qui a été truqué en faveur de Trudeau. Au cours de certaines des réunions, les députés libéraux du comité sont intervenus pour essayer d’empêcher que des questions difficiles soient posées et ont posé des questions simples aux ministres qui témoignaient. Ces cascades partisanes seront beaucoup plus difficiles à réaliser sous le juge Paul Rouleau, commissaire d’enquête.

Trudeau a déjà tenté de s’immiscer politiquement dans l’enquête en essayant de définir le mandat – affirmant que le but de l’enquête est de sonder des choses comme le financement et la prétendue désinformation. Les libéraux refusent de reconnaître qu’une grande partie – sans doute la partie principale – consiste à sonder leur décision même d’invoquer la loi.

Cela n’a pas d’importance cependant. Car ce n’est pas à Trudeau de définir la portée de l’enquête. C’est au juge Rouleau, qui est sûrement conscient de la façon dont le comité parlementaire a déjà affaibli les arguments du gouvernement avant le début de ses travaux.

Les choses semblent si difficiles en ce moment que s’il s’agissait d’une affaire judiciaire, l’avocat de la défense de Trudeau pousserait son client à rechercher un accord de plaidoyer plutôt que de risquer l’humiliation colossale potentielle d’un procès.

Il n’y a vraiment aucun moyen que le premier ministre Justin Trudeau sorte bien dans le rapport final. Il apparaîtra comme un leader qui a eu une crise de sifflement autoritaire parce que pour la première fois de son mandat, il avait fait face à de sérieuses protestations contre son leadership et avait donc menti sur ce qui se passait réellement pour tenter de justifier une réaction excessive extrême. Ce type de recul démocratique n’est pas de bon augure pour un pays du G7.

Quelles en seront les véritables répercussions ? Probablement très peu et les fédéraux le savent. Comme lorsque Trudeau a été reconnu coupable d’avoir enfreint la Loi sur les conflits d’intérêts (plus d’une fois), il y a très peu de sanctions qui l’accompagnent. En fait, lorsque le rapport d’enquête sera finalement publié, Trudeau pourrait faire ce qu’il fait souvent lorsqu’il est reconnu coupable : essayer de le retourner et de prétendre que c’est un moment propice à l’apprentissage pour tout le monde sauf lui.

Cela fonctionnera-t-il à nouveau ? Y a-t-il une limite au nombre de fois où les Canadiens se laisseront duper ? Nous verrons.


Consultez le dossier du Convoi de la Liberté


[Voir aussi :
Trudeau fait l’objet d’une enquête « sans précédent » sur l’utilisation de pouvoirs d’urgence contre des manifestants pour la défense des libertés civiles,
Canada : la loi des mesures d’urgence utilisée pour réprimer le mouvement de la liberté et geler le compte en banque des manifestants, avant même qu’elle soit votée
et
Inversion accusatoire de Trudeau envers le mouvement de la liberté – Appel unifié avec les Premières Nations pour rétablir l’ordre constitutionnel canadien]