La querelle sur la reconnaissance de l’identité sexuelle en Écosse a révélé certains éléments particulièrement toxiques

[Source : tradfem]

Il existe bien sûr des personnes transgenres, mais la violence masculine existe aussi, et des dispositions doivent être prises pour protéger les femmes de cette violence dans la mesure du possible.

Par Suzanne Moore, sur son blog le 24 janvier 2023

La députée Kirsten Oswald et le député Kaukab Stewart
devant de violentes pancartes antiféministes lors d’une manifestation à Glasgow.

Ces derniers temps, lorsque quelqu’un appelle mon nom dans la rue ou se précipite vers moi, je sursaute. Je reçois tellement de menaces pour ma position « critique du genre » que mon cœur commence à battre la chamade. Cette personne est-elle celle qui fera ce que tant de personnes ont menacé de me faire ? Me frapper à la gorge, me décapiter, me brûler vive, et d’autres choses que je ne peux pas écrire ici.

Je suis heureuse de vous dire que les gens qui m’abordent ainsi sont presque toujours de jeunes hommes et femmes qui veulent juste me dire : « Continuez. Ne lâchez pas. » Une idée répandue aujourd’hui est que tous les moins de 30 ans sont acquis au culte de l’idéologie du genre, et je suis ici pour vous dire que ce n’est pas le cas.

Lorsqu’une idéologie devient dominante — comme celle des gens qui déclinent l’alphabet LBGTQ, etc. au nom de leurs multiples identités et pronoms — on voit bien sûr, beaucoup de gens la remettre en question. Les lignes de bataille sont tracées — les femmes d’âge moyen qui se souviennent de la mobilisation de Greenham Common en viennent à affronter les hipsters(([1] Adolescent ou jeune adulte urbain affichant des goûts culturels qui se veulent à contre-courant de la culture de masse.)) cool qui pensent que les hommes qui se prennent pour des femmes ne peuvent jamais représenter une menace, et que de jeunes enfants peuvent consentir à changer de sexe à huit ans ; ces personnes prolifèrent dans les médias sociaux, mais pas tellement dans le monde réel.

La grande majorité d’entre nous soutient les personnes transgenres qui vivent de la dysphorie sexuelle et en souffrent. Il s’agit d’un très petit nombre de personnes. Mais l’appropriation des sports réservés aux femmes, des lieux qui leur sont réservés, telles leurs prisons et leurs maisons d’hébergement, ainsi que la subversion de nos propres mots n’ont pas pour but de faire en sorte qu’un groupe marginalisé se sente mieux, mais de donner aux hommes toujours plus de pouvoir et la capacité de briser toutes les frontières que les femmes se sont battues pour créer.

Si, comme moi, vous avez vu de soi-disant transactivistes intimider des femmes, en assiégeant les portes de salles de conférence, en bloquant des entrées, souvent le visage masqué, vous avez constaté une violence sexuelle. Et ce sexe est masculin.

Superficiellement, tout le monde se dit terriblement préoccupé par la violence infligée aux femmes. Quelle imposture ! Nos services de police sont truffés d’agresseurs. L’échec patent des services de poursuite pénale la Couronne indique que le viol a pratiquement été décriminalisé au pays. Et, bien que la plupart des violences conjugales se déroulent « en privé », les plus récentes menaces à l’encontre des femmes ont eu lieu en public. Les preuves de cette dérive se retrouvent partout.

L’éminente écrivaine JK Rowling est depuis longtemps l’objet de terribles menaces. La députée travailliste Rosie Duffield a subi le même traitement indigne, comme beaucoup d’autres personnes. Lorsque les Communes britanniques ont discuté de la décision du gouvernement de faire opposition au projet de loi du Parlement écossais sur la réforme de la reconnaissance du sexe, un député travailliste écarlate a pointé du doigt une députée, puis a traversé la Chambre pour l’intimider de plus près. Elle soutenait simplement les droits légaux des femmes à certains espaces non mixtes. Ce geste est maintenant considéré comme une preuve patente de « transphobie ». Hé, les travaillistes, essayez de dire cela à vos électeurs musulmans et juifs ! On verra où s’arrête votre prétendue inclusivité…

L’affrontement au sujet du certificat écossais de reconnaissance du sexe a révélé certains éléments particulièrement toxiques. Rien de tout cela n’est nouveau ; en 2019, des militants transactivistes ont fait exploser une bombe fumigène à côté d’un meeting tenu à Grenfell, provoquant une énorme détresse. Les réunions de l’organisation Woman’s Place font toujours l’objet de manifestations hostiles et les femmes doivent se réunir en secret. Des projections de films sont arrêtées par des hommes bruyants, barbus et déguisés en femmes. Comme nous le savons, des professionnelles perdent leur emploi à cause de cette question et certaines se voient conseiller de faire personnellement appel à une agence de sécurité. Pour avoir dit quoi ? Que la biologie est une réalité.

Ce délire pourrait être réduit d’un cran si toutes ces formes d’intimidations étaient condamnées. Keir Starmer, le leader du parti travailliste, pourrait le faire, les syndicats pourraient le faire, les vice-chanceliers des universités pourraient le faire. Ces institutions sont-elles satisfaites de la situation ? Pour l’amour de Dieu, ne prétendez pas que les torts sont partagés. Les femmes ne menacent pas les personnes transgenres. Le mantra selon lequel débattre de nos droits légaux équivaut à nier leur existence est absurde. Il existe bien sûr des personnes transgenres, mais la violence masculine existe aussi, et des dispositions doivent être prises pour protéger les femmes de cette violence dans la mesure du possible.

Des politiciens du Scottish National Party ont joyeusement posé pour des photos avec des manifestants portant des pancartes où l’on pouvait lire « Décapitez les TERF ». Oh, ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient ? Eh bien, « Ouvrez les yeux » est tout ce que je peux vous dire. Vous ne rendez pas du tout service aux personnes transgenres, car la plupart de ces activistes sont des types qui ont simplement trouvé un nouveau canal pour exprimer leur misogynie et qui se paient un frisson bon marché en portant des sous-vêtements féminins pour le faire.

Je pose régulièrement quelques questions à ces personnes. Qu’est-ce que « l’identité de genre » ? Quand a-t-elle été inventée ? À quel âge se manifeste-t-elle ? En quoi diffère-t-elle des rôles sexuels stéréotypés ? Combien d’argent certaines entreprises peuvent-elles accumuler avec ces chirurgies et la prescription d’hormones à vie ? Pourquoi les hommes qui s’identifient comme femme ont-ils besoin de mettre les femmes mal à l’aise ? Que se passe-t-il lorsque l’on veut avoir un enfant et que l’on a été rendu stérile ou que l’on n’a plus d’utérus ? Faut-il simplement en louer un ? La maternité de substitution est-elle la prochaine étape de la déshumanisation des femmes ? Je n’ai pas encore reçu de réponses.

La colère inouïe de certains transactivistes me rappelle le mouvement masculiniste ; ils veulent ce que les femmes ont et cela exige l’accès à chacune d’entre nous. Face à cette offensive, je constate encore une énorme lâcheté. La peur d’être traité de « transphobe » nous impose le silence. Mais Silence = Mort, comme nous avions l’habitude de dire lorsque nous faisions campagne contre le sida.

Je suis fière de vivre sur notre « Île des TERFS », où la pensée critique est encore autorisée et où nous n’avons pas à nous plier à ce que les hommes nous disent. Nous sommes là pour le long terme et si certains politiciens ne le reconnaissent pas, nous ne les reconnaîtrons tout simplement pas — quelle que soit leur identité.

Suzanne Moore

Version originale : https://www.telegraph.co.uk/columnists/2023/01/24/trans-activists-giving-men-even-power-women/

Traduction : TRADFEM

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