La fin des partis politiques

Par Joseph Stroberg

Pour des élites qui
souhaitent pouvoir toujours mieux contrôler les masses populaires,
le meilleur système est celui qui donne à ces masses l’illusion
de la liberté, mais offre en fait la contrainte. Celui-ci a pour nom
« Démocratie » qui en théorie signifie une forme de
gouvernement assumée par le peuple lui-même, et donc implique que
le peuple soit souverain. Dans la pratique, l’existence des partis
politiques au centre d’un processus électoral représente le
principal obstacle à la souveraineté des peuples.

Dans toutes les démocraties modernes, pour avoir des chances raisonnables de se faire élire, un individu doit appartenir à un parti politique ou au moins avoir été propulsé par son biais à un moment de sa carrière politique. Se faire connaître, par l’intermédiaire des médias institutionnalisés et dominants, surtout télévisuels, coûte cher et même très cher. Et seuls les membres de l’élite et les partis politiques ont les moyens de se payer les frais d’une campagne en vue d’une élection. Le commun des mortels en est automatiquement écarté, du moins pour les principaux enjeux (présidentiels et parlementaires), car il est parfois possible pour monsieur ou madame Lambda de se faire élire maire dans un petit village sans en être un « notable », un des plus riches habitants.

L’existence des
partis politiques permet aussi de plus facilement contrôler les
opinions, les courants idéologiques et les idées, pour ne retenir
que les politiquement corrects, ceux qui ne risquent pas de changer
fondamentalement le Système. Les candidats au sein d’un parti se
doivent en principe d’en respecter la « ligne » et d’en
dévier le moins possible. Autrement, ils sont rapidement rappelés à
l’ordre ou carrément exclus, selon la gravité de la déviance.

Les partis eux-mêmes
sont à leur tour contrôlés par ceux qui les financent ou par ceux
qui les ont créés. Dans un cas comme dans l’autre, il est donc
rare que ce contrôle soit exercé par les gens de peuple, mais
beaucoup plus fréquent qu’il soit en définitive la prérogative
de membres de l’élite. L’existence des partis politiques
représente donc le double avantage d’écarter les masses
populaires des niveaux décisionnels et de les obliger à s’aligner
sur les courants d’idées, idéologies et opinions voulus par la
caste dirigeante.

Un Nouveau Monde
dans lequel les peuples et les individus seront souverains ne pourra
pas voir le jour tant que les partis politiques existeront. Une
véritable souveraineté individuelle et collective (des divers
groupements humains) ne peut avoir lieu tant que l’on remet
celle-ci entre les mains de partis politiques ou de prétendus
« représentants ». Ces derniers ne représentent le plus
souvent qu’eux-mêmes ou les élites, mais travaillent rarement
pour les peuples. La grande masse des lois passées ces dernières
décennies dans la plupart des nations n’a fait que réduire plus
ou moins drastiquement les libertés, sous prétexte de sécurité ou
de remboursement de la Dette.

Pourtant, est-ce que
l’Humanité a vraiment besoin de partis politiques, de
représentants, et même de gouvernements pour vivre ? Nos
lointains ancêtres, chasseurs-cueilleurs, disposaient-ils de ces
genres de prétendus avantages civilisationnels ? Étaient-ils pour
autant plus malheureux ? Et surtout, étaient-ils moins libres ?
Oh ! bien sûr, ils étaient très probablement davantage dans
l’insécurité, le danger et l’inconfort. Bien sûr et en effet,
car la réelle liberté est incompatible avec la sécurité
matérielle. Plus un être humain cherche à se protéger, par des
armures, des carapaces, des lois innombrables, des murs épais… et
plus il s’emprisonne. Plus un système artificiel tel que le nôtre
est complexe, plus il réduit l’autonomie et la souveraineté.

Un système vivant
n’est sain et en bonne santé que lorsqu’il vit en synergie, dans
ses composants autant qu’avec son environnement. Lorsqu’il se
fait parasiter, il dépérit. Depuis des siècles, l’Humanité est
parasitée par une caste élitiste qui aspire sa puissance créatrice
et sa vitalité à son propre bénéfice. Lorsqu’on les laisse
faire, les parasites finissent par tuer leur hôte. Pour se
débarrasser de parasites, un corps doit avoir un bon système
immunitaire. Et pour que celui-ci soit fort, l’organisme lui-même
doit être en santé.

Pour redevenir
saine, l’Humanité devra se rapprocher de la nature et abandonner
la vie citadine bétonnée, asphaltée, polluante et destructrice de
l’environnement. Elle devra abandonner les guerres et tout ce qui
alimente ses parasites. Elle devra laisser pourrir tout ce qui sert
au parasite dans ses stratégies de contrôle ou d’invasion, dont
les partis politiques.

Voir aussi :