Jeu global : qui a quelles cartes en main ?

Par Jean-François Geneste

La situation actuelle, bien connue, peut être résumée en une Russie qui fait la guerre, alliée plus ou moins à la Chine (représentant une forme d’économie physique à elles deux), face à un Occident qui symbolise peu ou prou le monde virtuel. Essayons-nous à une approche physico-mathématique du problème.

Tout d’abord, ainsi que démontré ici, si nous considérons la société comme un système, soumis à des imprévus. Aucune grandeur n’étant figée dans le marbre, elle devient ce que l’on appelle une variable aléatoire. En mathématique, ces entités peuvent être dépendantes ou indépendantes. Et nous avons démontré qu’en ce bas monde, le liant de tous les paramètres est l’argent.

Dans la sphère physique, la variable suprême est l’énergie, et nous savons cela depuis Lavoisier qui a énoncé son fameux principe : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. On peut tout faire avec de l’énergie et, disons-le net ici, elle prime, bien entendu, sur l’argent, car sans elle, toute la monnaie du monde ne suffira pas à faire quoi que ce soit.

La Russie est un géant global, notamment dans les domaines du pétrole et du gaz, sans parler de ses ressources minières et agricoles. En décidant de lier sa devise à l’or, elle ne vient pas de casser le liant qui rend dépendantes toutes les variables aléatoires de la planète, elle vient de fracasser l’hégémonie de celui qui le maîtrisait. Elle vient donc de saper les fondations du pouvoir du roi du virtuel [Les USA].

Il faut dire que ce dernier, depuis 1971 et la dénonciation des accords de Bretton Woods a vécu en parasite sur la partie du monde qu’il dominait. Ivre de sa puissance, il a délaissé le domaine physique au profit d’autres à qui il a simplement « sous-traité », pensant qu’il n’allait pas s’abaisser à cela.

Le tangible lui revient donc à la figure en imposant ce que l’on appelle un sous-jacent. Et, bien entendu, sa nature ne peut être que matérielle.

Néanmoins, le système est encore géré par l’Occident. Faisons un parallèle osé avec l’affaire du Boeing 737 Max qui a été extrêmement mal conçu et a causé la mort de plus de 300 personnes, sans que le PDG de la société ne fût jamais inquiété par la justice, ce qui nous rend un peu amers… Si les USA administrent le dispositif financier mondial comme Boeing a piloté le développement de son projet, il y a fort à parier que le crash est pour bientôt. Les Russes viennent d’en sortir, ils seront très vite suivis par les Chinois, qui sont prêts, les Iraniens n’ont guère d’autre choix et ont du pétrole. Il faudrait faire basculer l’Inde, le Brésil et une ou deux puissances africaines pour que l’affaire soit jouée. C’est probablement en cours.

Les mathématiques et la physique nous expliquent très bien ce qui va inéluctablement se passer. Et, là encore, le parallèle avec le 737 Max est assez parlant. En effet, quand le pilotage ne répond plus correctement dans un avion, il se crashe, même si les moteurs et tous les autres organes fonctionnent.

En mettant en place un étalon or, la Russie vient juste de changer la relation de dépendance de toutes les variables aléatoires qui régissent le monde humain. La révolution est donc absolument incroyable ! La règle du système qui était basée sur une hégémonie politique, devenue caduque, va permettre à la nature de recouvrer ses droits. Or quels sont-ils ?

[Note de Joseph Stroberg : en fait, l’étalon or avait déjà été institué au moment des accords de Bretton Woods en 1944. Y retourner représente surtout un repli conservateur. Ce qui serait véritablement révolutionnaire serait de baser l’argent non pas sur l’or, mais directement sur l’énergie, puisque toute activité, qu’elle soit humaine, mécanique, animale ou même végétale, nécessite une certaine quantité d’énergie pour être menée à bien. Cependant, comme il est plus difficile d’évaluer la dépense d’énergie d’une activité par exemple intellectuelle, certains services ne seraient évaluables que de manière approximative, mais l’on pourrait néanmoins alors établir une correspondance entre la durée de l’activité et l’énergie dépensée pour la mener à bien, ceci en se basant sur une productivité ou une puissance de travail moyenne de l’être humain. La monnaie ne serait ainsi plus mesurée en dollars, francs, euros, etc. ni même en poids d’or, mais en calories ou en joules lorsque la mesure d’énergie est facile, ou en heures d’activité ou de production lorsque l’énergie dépensée pour cette activité ou production est moins facilement mesurable.]

Nous venons en partie de le voir : tout ce qui est physique, à savoir les ressources énergétiques, puis minières. Il faut aussi compter, en troisième niveau, la capacité industrielle. Cette dernière est en Chine, alliée de la Russie.

Que reste-t-il alors à l’Occident ? Il subsiste ce qui lui a permis, depuis 500 ans, de grignoter le monde : la puissance militaire. Mais cette dernière a vécu une forte attrition au cours des décennies précédentes, l’exigence de suprématie s’étant vue substituer, dans une structure pervertie par l’argent virtuel, la nécessité de profits. Résultat, les Russes ont des missiles hypersoniques que les pays occidentaux n’ont pas. Les Chinois sont en passe de les avoir eux aussi. Car l’Occident a, de plus, perdu l’hégémonie dans le monde de l’éducation. Elle a été marchandisée et a quitté ses fondamentaux édictés au moins au temps des Lumières, pour devenir un système de reproduction sociale où le contenu confère la vacuité. C’est ainsi d’ailleurs que s’est imposée la culture woke dont on vous épargnera les concepts fumeux et délirants.

Le champ de ruine est visible depuis longtemps. Mais les dirigeants se voilent la face et décident comme s’ils étaient encore les maîtres absolus. Mal leur en prendra, ainsi qu’aux populations qu’ils gouvernent. L’ordre mondial change sous nos yeux ! Les nouveaux seigneurs sont davantage liés à la nature et à ses richesses ; c’est dans l’ordre des choses. Il est cocasse que la Grande-Bretagne et la France qui ont imposé à la Chine les guerres de l’opium fassent partie des puissances qui vont devoir sortir des paradis artificiels de l’argent magique, celui créé à Frankfort par exemple en centaines de milliards d’euros dont les citoyens n’ont jamais vu la couleur. Citoyens qui seront bien en peine de payer leur gaz en or !

Nous posions dans le titre la question de savoir qui a quelles cartes. Après réflexion, sans pouvoir se prononcer sur celles, exactes, que peut avoir la Russie, nous constatons que l’Occident, l’Europe en particulier, n’en a aucune. La faute à qui et depuis quand ?

[Note de Joseph Stroberg : l’Ordre mondialiste occidental reste malgré tout maître chez lui, au détriment de ses populations asservies, hypnotisées grâce aux médias mainstream, et les USA conservent plusieurs centaines de bases militaires réparties dans des dizaines de pays du monde, notamment en Europe et en Asie, au voisinage de la Chine et de la Russie.]