Hommage macroniste et creux à Jean-Paul Belmondo

[Source : ripostelaique.com]

Par Charles Demassieux

L’élite macroniste a donc rendu hommage à Jean-Paul Belmondo, kidnappant cette personnalité populaire par excellence au profit d’une poignée de privilégiés dont quelques-uns ont, depuis la mort de l’acteur, apporté la preuve de leur ignorance crasse de sa carrière exceptionnelle. La cour d’honneur des Invalides, d’accord – Belmondo ayant à sa façon servi la France –, mais un hommage plus populaire eût été bienvenu, un peu comme celui rendu à Johnny Hallyday, en 2017. Tout ce monde recevant le salut présidentiel – Premier ministre, ministres, députés et j’en passe – avant la famille Belmondo. La honte, car il y a des préséances qui puent…

Concernant la cérémonie en question, on se demande encore s’il s’agissait d’un hommage à Jean-Paul Belmondo ou d’un satisfecit présidentiel. Car Macron a de nouveau entonné sa logorrhée indigeste, après avoir arboré la démarche martiale d’un chef de guerre passant ses troupes en revue, lui qui se préparait à fuir la France le 1er décembre 2018, à cause d’une fièvre jaune ! On ne rit pas…

Ainsi, devant un parterre de personnalités sans masques – ben alors, et les gestes machins ?! –, Macron a fait du Macron, ce qu’il sait le mieux faire : un dithyrambe insincère et abscons, en saupoudrant son discours de novlangue creuse. Quelqu’un peut-il me dire ce que c’est que la « gouaille solaire » : une nouvelle crème de protection ?!

On a aussi été copieusement servis par les poncifs abstraits qui ne veulent rien dire : « Héros aux mille visages dont la carrière charrie mille vies […] Mythologie d’une France heureuse. […] Il épousa la France. Lui qui, par tous ses rôles, traversa à grandes embardées l’histoire de notre pays. Jean-Paul Belmondo habita la France. » Bon, Manu, définitivement : André Malraux est mort depuis 1976, alors arrête de le singer, ça devient gênant !

Notons tout de même cette envolée lyrique, qui serait presque drôle si ce n’était pas consternant : « Belmondo fut la figure qui transperça tous les styles. »

Ceci n’a pas empêché l’authentique émotion de submerger certains, à commencer par la dernière fille, Stella, et le petit-fils de l’acteur, Victor ; Victor dont a pu apprécier l’hommage authentique précédant celui, tout plat, de l’Élysée : « Heureux de voir à quel point les Français lui témoignent de leur amour, lui qui les aimait tant […] On pense à toi, on t’aime et amuse-toi bien avec tes copains qui t’ont tant manqué. » Ce « soleil » qui « ne s’éteint pas », voilà comment Victor a décrit son grand-père, et ça avait plus d’allure que des phrases sans vie.

Insincère, je disais ? En voici l’exemple : eh non, ce n’est pas sur les Champs-Élysées que Belmondo – alias Michel Poiccard – est abattu dans le film À bout de souffle, de Jean-Luc Godard, mais au bout de la rue Campagne-Première, dans le 14e arrondissement de Paris, Môssieur le Président ! Et puis le film de Philippe de Broca c’est L’Homme de Rio et pas Un homme à Rio !

Par contre, je veux bien croire que Macron ait rêvé d’avoir la force et le courage du commissaire Jean Letellier dans Peur sur la ville, d’Henri Verneuil. Mais il ne faut pas prendre ses rêves pour des réalités…

Merci cependant pour Chi Mai, du film Le Professionnel, de Georges Lautner, qui a retenti dans la cour des Invalides pour clore la cérémonie, car c’est sans doute l’une des plus belles musiques d’Ennio Morricone.

Enfin, le vrai chagrin, la vraie émotion, je les ai certainement plus vus dans les yeux des anonymes, pleurant et applaudissant, plutôt que dans ceux, blasés, de toute de cette caste politique. Je mets à part la sincère émotion d’acteurs comme Jean Dujardin ou Richard Anconina et les autres.

Quoi qu’il en soit, adieu Jean-Paul et merci pour tout…

Charles Demassieux