France — Attention, votre enfant peut être placé sur un simple témoignage de votre voisine…

[Source : RL]

Par Sophie Durand

Histoire véridique : un mercredi à midi, dans un pavillon de banlieue, une maman fait déjeuner ses enfants. L’un d’eux fait un caprice et se met à hurler, chose très fréquente de laquelle il ne faut pas s’inquiéter outre mesure. Qui d’entre nous, enfant, n’a jamais hurlé, avec ou sans raison ? Cela permet à l’enfant de se relaxer, de décompresser.

La maman envoie l’enfant se calmer dans le jardin. Cinq minutes après arrive un fourgon de police. L’enfant est arraché malgré lui à sa famille sidérée. Un coup de fil au parquet et l’enfant est placé à l’ASE (aide sociale à l’enfance, assez dévoyée) pour un délai de quinze jours.

C’est une voisine malveillante qui avait téléphoné à la police. Pure délation scandaleuse et jalousie. Pendant le covid, il y a eu 30 % de plus de signalements de voisins malveillants qui n’avaient rien d’autre à faire que d’espionner leurs voisins dans un but malintentionné, voire pervers. Une vraie maladie. Que les délateurs s’occupent de leurs propres affaires et le monde ira mieux.

Le lendemain la famille est entendue, il y a une enquête de voisinage, école, éducateurs, tout le monde est interrogé. On ne trouve aucune trace de maltraitance. Mais l’enfant est toujours placé. Il réclame ses parents tous les jours. Il faudra attendre l’audience devant le juge des enfants pour que le juge, raisonnable (ce qui devient hélas ! exceptionnel) classe l’affaire. L’enfant a pu enfin rentrer chez lui.

D’autres n’ont même pas eu cette chance et sont placés durant des années. Parfois jusqu’à leur majorité, et dans des cadres où ils sont très malheureux, ont leur vie brisée. Il suffit de lire les forums dédiés pour avoir les cheveux qui se dressent sur la tête. Sans parler de la vie de leurs parents, qui pleurent leurs enfants.

Lors de l’enquête, les enquêteurs ont le droit de vous convoquer, de vous interroger et de se rendre à votre domicile pour tout vérifier, contrôler votre cadre de vie, ouvrir les placards, passer leur doigt sur les étagères pour voir s’il y a de la poussière.

La procédure peut traîner et les parents ne pas voir rapidement le juge pour enfants, car la justice-mur-des-cons est débordée. Le comble : les parents n’ont pas le droit de faire un recours contre l’ordonnance de placement provisoire par le parquet (OPP) et le parquet peut traîner les pieds avant de saisir le juge d’instruction.

Lorsque j’étais avocat, il y a longtemps, le système était totalement différent. Un enfant restait de préférence dans sa famille, car on estimait que quoi qu’elle ait fait, c’était là que l’enfant était le mieux, sauf en cas de danger grave. Le placement était l’exception.

Mais de nos jours, on assiste à une montée en puissance de psychologues peu compétents et avides de pouvoir. Il suffit qu’une mère soit jugée trop fusionnelle, ou que les parents ne soient pas classiques (trop religieux, pas assez dans la doxa ambiante — pro LGBT et pro-trans par exemple, ou partisans de l’école à la maison…) pour que l’enfant soit placé.

Certains intervenants dans ces dossiers sont honnêtes, mais d’autres « rédigent des rapports empreints de grossières erreurs ou d’interprétations personnelles entièrement sujettes à caution » dit l’avocat spécialisé Adeline Le Gouvello ou encore Me Christine Cerrada pour laquelle « les placements abusifs sont devenus le quotidien des avocats qui interviennent dans ces affaires. »

Le placement en foyer, c’est l’horreur : certains des autres enfants sont violents et commettent des abus sexuels sur les autres enfants, avec tout ce que cela implique.

Le placement en famille d’accueil est moins grave nous dit-on, mais là aussi les abus sexuels et autres maltraitances existent.

Très grave : dans 50 % des cas, le placement aurait pu être évité, selon le rapport de l’inspecteur des Affaires sociales Pierre Naves, en 2000 et confirmé en 2006 ! Ce ne sont donc pas moins de 90 000 jeunes qui n’auraient pas dû être retirés à leurs familles, grosso modo.

Un conseil à la justice débordée : ne pas enfler inutilement ces affaires et la justice sera moins débordée, ce qui profitera à tout le monde…

Alors certes un enfant meurt tous les cinq jours de mauvais traitements dans sa famille. On a du mal d’ailleurs à croire à ce chiffre.

Mais de là à placer préventivement un enfant alors que le droit pénal est tout sauf préventif selon l’adage « nulla poena sine culpa », nulle peine sans faute, qui est d’ailleurs reconnu comme un droit de l’homme par la Cour de justice de l’Union européenne, et indique qu’on ne peut condamner quelqu’un sans la commission d’une infraction par cette personne, ce qui semble logique, mais de nos jours la logique n’est plus ce qu’elle était…

Les petits juges sans éthique et autres petits enquêteurs sans principes et procureurs délirants qui ont trempé dans ces drames devraient se faire du souci pour le jour où tous ces enfants placés devenus grands demanderont des comptes à ceux qui les ont privés abusivement de leur vie et de leur famille.