L’immigration

17/11/2021 (2021-01-14)

Par Joseph Stroberg

Depuis les origines de l’Humanité, le mouvement éventuel des différents groupes humains a été surtout conditionné par la présence ou non des ressources indispensables à sa survie, spécialement les ressources alimentaires. Le nomadisme avait plutôt lieu dans les régions désertiques, semi-arides ou périodiquement couvertes de neige. Les autres connaissaient une vie plus sédentaire. Les grandes migrations ou invasions ont pu aussi être provoquées par certains chefs avides de s’emparer de ressources étrangères. Depuis un ou deux siècles, la découverte de nouvelles ressources énergétiques et la création de nouveaux moyens de transport à base de moteurs énergivores ont favorisé une nouvelle tendance : les déplacements touristiques, modèles de gaspillage dans une société oisive et irresponsable.

Parallèlement à la surconsommation énergétique et alimentaire occidentale, particulièrement par le biais d’un commerce maritime et aérien excessif (produit des délocalisations industrielles massives en Orient), des pays voient leurs populations affamées ou en proie à la guerre. Si elles ne veulent pas mourir, ces dernières n’ont guère d’autre choix que de chercher le salut dans des pays réputés pour avoir une vie plus confortable, souvent d’ailleurs ceux qui sont à l’origine de leur misère. Que ferions-nous à leur place ? Nous laisserions mourir de faim ? Ou tenterions-nous le tout pour le tout, au besoin sur des rafiots de fortune ?

Qui est donc l’immigrant qui vient — quel culot ! — envahir les peuples confortablement installés depuis des siècles en Europe et ayant décimé les Amérindiens pour vivre encore plus confortablement en Amérique du Nord ? Qui est-il donc cet enfant de…? Cet immigrant, c’est nous ! C’est nous si nous avions eu la malchance de naître à sa place. Sa mère, c’est la nôtre si elle avait eu elle aussi la malchance de vivre dans ces contrées riches en pétrole, en gaz ou en d’autres ressources, mais pauvres en moyens de se défendre face à la violence et à l’absence de conscience, d’empathie et de compassion de ceux qui viennent les voler, les violer, les affamer et les tuer.

Que peut donc faire l’immigrant qui cherche à sauver sa vie et celle de ses enfants survivants ? Que peut-il faire d’autre que de chercher refuge dans les pays qui ne connaissent pour l’instant ni la guerre ni la faim ? Que ferions-nous à la place de ce frère qui n’a pas eu notre chance ?

Maintenant, nous, dans nos pays que nous sentons envahis par des mécréants ou par de dangereux terroristes, que pouvons-nous faire pour réparer les torts que notre passivité a largement contribué à créer ? Que pouvons-nous entreprendre face au phénomène d’immigration visiblement entretenu par nos gouvernements ou par ceux qui les financent via le système de la dette ?

Jusqu’à maintenant, la réaction des peuples occidentaux a été alimentée par la peur, savamment stimulée par nos médias qui se veulent pourtant des modèles de journalisme et non de propagande. Et on peut les comprendre au moins partiellement (les peuples, pas les médias) lorsque l’on voit qu’à peine arrivés chez nous, les immigrants, ces étrangers généralement pas du tout bienvenus, sont parqués dans des camps de concentration ou qui en ont tout l’air. Comment nous sentirions-nous à leur place ? Serions-nous ravis de l’accueil chaleureux reçu ? Ou bien plutôt quelque peu… en colère ? Ou encore prêts à tout pour recevoir les dons de la terre promise ?

La solution à rechercher ne devrait idéalement léser ni les uns ni les autres. L’une des plus simples serait de s’arranger pour offrir aux immigrés la possibilité de retourner chez eux et de retrouver leurs racines, plutôt que de s’imaginer qu’ils vivront mieux chez nous quand de plus en plus des nôtres s’enfoncent sous le seuil de pauvreté pendant que nos élites deviennent riches à milliards. Cependant, pour cela, il faudrait peut-être commencer par cesser de détruire leur pays pour s’en approprier les ressources. Le seul petit pouvoir qu’il nous reste pour une telle direction, la seule once de souveraineté dont nous disposons généralement dans nos pays « démocratiques » est le vote de nos représentants, ou du moins de ceux qui sont censés nous représenter. Le plus difficile alors est de trouver un candidat qui a vraiment a cœur le bien des peuples et pas seulement sur le plan matériel. C’est ici que le discernement devient indispensable.

Une autre solution consiste à s’efforcer d’intégrer au mieux les arrivants, pour qu’ils se sentent le plus rapidement possible comme chez eux, ou au moins comme une partie intégrante de ce qui pour eux sera comme une nouvelle famille d’accueil. Souhaiterions-nous autre chose que l’une de ces deux voies si la situation était inversée ?

L’immigration est un phénomène de friction entre un mouvement — celui de ceux qui fuient la mort — et la résistance face à ce mouvement, ne serait-ce que par l’inertie ou la non-action. Et toute friction engendre de la chaleur, physique, émotionnelle ou sociale, selon le type de friction. Un bon moyen de réduire la friction est d’utiliser un lubrifiant, comme l’huile ou le beurre sur le plan physique, ou comme l’amour sur le plan affectif ou sociétal. Un tel amour peut se manifester de différentes manières, comme la recherche de conciliation et d’harmonie. Dans ce cas, les individus de type conciliateur ont un rôle à jouer. Cependant, la situation engendrée par l’immigration est devenue assez complexe pour que sa résolution complète demande la bonne volonté et la coopération de tous les types d’individus.

Maintenant, que préférons-nous ? Laisser la friction se poursuivre au risque de mettre le feu à nos différents pays et d’y amener révolutions sanglantes ou guerres civiles ? Ou bien, à notre petit niveau, orienter nos actes et nos choix vers l’utilisation du lubrifiant, l’amour et la compassion, pour favoriser soit l’assimilation des immigrants, soit leur retour chez eux dans les meilleures conditions ?

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