Discours d’Alexandre Douguine sur le conflit mondial

[Voir aussi :
« Alexandre Douguine n’est pas un nationaliste russe, bien au contraire »
Alexandre Douguine : « La Russie est en train de créer un champ de résistance mondial »]

Transcription en Français

Nous sommes bien sûr dans une guerre très réelle. Cette guerre n’est pas seulement une guerre d’armées, d’hommes. C’est aussi une guerre de l’esprit. C’est très important.

Nous pouvons dire ceci : nous voyons une confrontation horizontale, notre armée contre nos opposants, nous contre l’OTAN (bien sûr, pas contre l’Ukraine, ça va sans dire). Mais il y a une autre dimension à cette guerre : la verticale. C’est une guerre du Paradis contre l’Enfer. C’est une guerre des armées angéliques. C’est une guerre de l’armée de l’Archange Michel contre le Diable. Cette dimension verticale est l’idéologie, le royaume des idées. C’est le royaume de l’esprit dans lequel cette guerre, sa principale substance, se déploie. Et le discours de notre président le 30 septembre a évoqué la nature satanique de la civilisation occidentale. Ce n’est pas une métaphore.

Aujourd’hui, le Saint-Patriarche, dans son merveilleux sermon, a fait une légère allusion au personnage qui se tient de l’autre côté, qui définit, inspire, organise nos ennemis. Ce personnage est très proche : nous ne savons pas l’époque, personne ne sait, même pas le Fils de l’Homme, [quand aura lieu] la fin des temps. Mais nous pouvons savoir par les signes combien elle est proche. À cet égard, il est très important [de réaliser] que nous sommes confrontés à une idée.

L’Occident est une idéologie. Le libéralisme, le globalisme, le sécularisme, le posthumanisme sont des idéologies. C’est le royaume des idées, pas celui de la matière, des corps et de la technologie. Par-dessus tout, il s’agit d’un mensonge absolu : c’est le renversement des vraies proportions de l’esprit, des idées, des fondations religieuses. C’est pourquoi deux idées, deux armées (parce que les anges et les Esprits sont des idées), sont en train d’entrer aujourd’hui en collision : les Esprits et les idées, les anges et les démons.

Le champ de bataille est juste l’Ukraine. D’un côté, nous sommes la Sainte Russie, comme le dit Sa Sainteté le Patriarche, et nous sommes confrontés aux forces d’un mal historique mondial absolu. Par conséquent, nous parlons de plus en plus souvent d’Armageddon, de fin des temps et d’Apocalypse. Tout ceci prend place devant nos yeux. Nous prenons part au dernier (ou peut-être l’avant-dernier — personne ne sait) et très important conflit. Sans une dimension spirituelle, idéologique et intellectuelle, nous ne pouvons pas gagner.

Et ici je voudrais attirer l’attention sur une chose très importante : le sécularisme au sujet duquel Sa Sainteté le Patriarche a parlé. Le fait est que l’ennemi est venu vers nous avant qu’il ne se révèle face au LGBT, au transhumanisme — cette civilisation ouvertement satanique et anti-humaine contre laquelle nous sommes aujourd’hui en guerre —, cet ennemi qui est alors venu de manière neutre. Il a dit : quittons le paradis, quittons Dieu au nom de l’Homme, au nom de la Terre. Et nombreux sont ceux qui l’ont cru.

Averroès a eu l’idée de deux vérités : la théologie a été construite sur l’une d’elles, et l’étude du monde, la société humaine, la nature, sur une autre, autonome. Ensuite, le sécularisme et l’humanisme ont émergé, et il a été dit : « L’éternité est fort loin, nous vivons dans le temps [présent] ». Et graduellement, pendant que nous vivons dans le temps, avec seulement des préoccupations matérielles, essayant d’arranger le monde selon les principes libéraux, communistes ou nationalistes, nous nous éloignons de plus en plus profondément de Dieu, de plus en plus loin. Nous n’étions pas en train de sombrer à l’horizon, nous le faisions sous l’horizon. Nous nous enfoncions dans les abysses de l’enfer. Si ce n’est pas avec Dieu, alors c’est avec le Diable. Et c’est pourquoi l’Évangile dit « Ton “oui“ doit être “oui“ et ton “non“ doit être “non“ ».

L’Église de Laodicée est réprimandée pour être tiède, ni froide, ni chaude. C’est le mélange sous lequel l’humanisme, le sécularisme, le mondialisme, le progrès économique, le confort et le capitalisme sont apparus dans le monde. Ils ont dit : ne nous occupons pas de Dieu, mais seulement de choses terrestres. Et il s’est avéré que lorsque nous étions détournés de Dieu, nous ne traitions pas de choses terrestres, mais de choses souterraines.

Il est impossible de se tenir sur ce plan horizontal. Et il impossible de défaire celui que nous combattons aujourd’hui sans l’aide de Dieu, sans affirmer cette dimension verticale, spirituelle, céleste, chrétienne, profonde, angélique de l’être — sans quoi nous ne pouvons vaincre.

Il nous semble que nous nous opposons normalement à la pathologie, mais nous ne vaincrons jamais à moins de défendre la Vérité — la plénitude de l’enseignement du Christ, les enseignements religieux des autres traditions — à moins de défendre la verticale Divine. C’est la chose la plus importante. En conséquence, la science, la politique, la constitution et l’idéologie doivent être basées sur cette verticale.

La science, si elle n’est pas basée sur le Christ, sur la Vérité, sur la moralité, est déjà diabolique. Il n’existe rien de neutre. Il y a une bataille entre le Ciel et l’Enfer. Et nous sommes la Sainte Russie, comme sa Saintetaé le Patriarche l’a dit dans son message, en mots magnifiques. Dans la prière nous disons : Nous sommes la Sainte Russie. Mais sommes-nous de tels saints ? Regardez-vous, regardons-nous. Si nous ne sommes pas pour la Sainte Russie et ne nous dirigeons pas vers la sainteté, nous n’y parviendrons pas.