Débat du second tour : un président sortant surexcité et sur la défensive

Par Lucien Samir Oulahbib

Certes, en n’attaquant pas directement sur la gestion calamiteuse de la fausse crise sanitaire, MLP a concédé en particulier sur les « 600 milliards d’euros », idem sur les sanctions contre la Russie en oubliant de parler des accords de Minsk2 qui ont été violés alors que la France les avait parrainés avec l’Allemagne ; mais, dans l’ensemble, et à la différence de 2017, et malgré une baisse de régime en matière de calcul budgétaire, MLP a pu montrer que poussé à bout le président sortant peut perdre ses nerfs tout en se rattrapant aux branches de l’argument éculé, « pas vous, pas ça » à propos d’un renvoi à De Gaulle, lui lance le président sortant moraliste.

Sur la santé et l’école, sur l’écologie au sens large (comment produire ?) le président sortant a été sur la défensive malgré ses petits poings lancés en avant comme pour tambouriner un mur qu’il a lui-même créé, mur d’incompréhension, d’incertitude, de promesses non tenues.

Sur le nucléaire, l’agriculture, la souffrance animale, la fermeture des classes, la justice, le président sortant soit botte en touche, soit promet toute une foule de choses comme s’il venait de se présenter pour la première fois.

Et puis, à ce propos, avec ses « dix mille policiers en plus » il ne fait que rattraper, un peu, les erreurs d’un Sarko et d’un Hollande (qui le soutiennent) tout en continuant à faire croire que les « féminicides » n’ont rien à voir avec le manque d’appropriation des « codes » qui touche en réalité une belle partie d’une immigration refusant de les assimiler et partant d’apprendre à respecter les femmes par exemple ni à comprendre que l’on ne s’impose pas dans la rue par la violence.

Concernant la question de la « laïcité » bien entendu le président sortant n’y comprend rien croyant qu’il n’y a aucun lien entre voile, islam et immigration, et en cela il adopte le propos de son ministre de l’intérieur qui propose plutôt l’assimilation à… l’islam… Il prétend par ailleurs connaître mieux que MLP la différence entre islam et islamisme, joue sur l’émotion en l’accusant de vouloir « arracher » le voile ou de créer les conditions de la guerre civile alors que normalement la loi si elle est légitime peut d’autant plus être acceptée comme règle légale.

Sur les réformes institutionnelles, le président sortant prétend donner un cours de droit constitutionnel, tout en se lamentant de n’avoir pas pu convaincre sa majorité sur la proportionnelle et le référendum, en rappelant que tous ces manques viendraient de la « pandémie » en dernier lieu alors qu’il a lui-même créé les conditions de sa disproportionnalité d’une part, et comme le rappelle MLP d’autre part il aurait pu demander à sa majorité de voter ces deux réformes. Sauf que comme d’habitude ce sera « demain on rase gratis » ou alors « avec moi un autre monde est possible » soit un ticket avec le Président de LFI, c’est-à-dire une double dystopie.

Dans l’ensemble, le Président sortant a été médiocre, la challenger a eu du mal à démarrer, mais lorsqu’elle a pu avancer des analyses et des mesures concrètes MLP a été bien meilleure qu’en 2017.

Reste à savoir si le pragmatisme sensible prévaudra sur la morgue intangible d’un président sortant de plus en plus hors sol.