Coronavirus : et si les masques faisaient plus de mal que de bien ?

[Source : Futura Santé]

Par Céline Deluzarche, Journaliste

Le masque est devenu dans le débat public l’élément central du déconfinement. Plusieurs études attestent de son efficacité contre la transmission du SARS-Cov-2. Pourtant, d’autres scientifiques dénoncent des conclusions biaisées et mettent en gardent contre la fausse sécurité conférée par le port du masque.

« Si vous êtes en bonne santé, vous ne devez utiliser un masque que si vous vous occupez d’une personne présumée infectée par le Covid-19 », indique clairement sur son site l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Autrement dit, le masque n’est pas recommandé pour l’ensemble du public. « Il n’existe aucune preuve que le port d’un masque par des personnes en bonne santé puisse empêcher d’être infecté par des virus respiratoires », insiste l’OMS.

Une position qu’a longtemps défendue le gouvernement, avant de faire une volte-face à 180° devant les arguments d’autres scientifiques, jusqu’à imposer le port du masque dans les transports obligatoires. Le 22 avril, l’Académie de médecine a appelé tous les Français à porter sans attendre un masque de protection grand public, même artisanal, dès qu’ils sortent de chez eux. « Veiller à ne pas contaminer les autres n’est pas facultatif, c’est une attitude citoyenne qui doit être rendue obligatoire dans l’espace public », a claironné l’Académie. « Le port de masque grand public par les porteurs asymptomatiques, lorsqu’il est bien utilisé et bien porté, réduit fortement la transmission du virus », confirme également le Haut Conseil de la santé publique (HCSP).

Tout d’abord il faut se rappeler que le masque n’est pas vraiment une protection pour vous, mais plutôt pour les autres. Pour que son efficacité soit bonne, il faut que les deux personnes qui se parlent en ait un. pic.twitter.com/sD5jn6GMuy— @AidonsRosny (@AidonsRosny) May 5, 2020

Les études contradictoires s’enchaînent

À la décharge du gouvernement, il faut dire que les étude contradictoires s’enchaînent. Le 12 avril, une étude sud-coréenne concluait à l’inefficacité des masques, y compris chirurgicaux dans la limitation de la transmission, en raison notamment de la taille des particules virales, capables de traverser les masques. Une nouvelle étude du groupe Delve (Data Evaluation and Learning for Viral Epidemics) de la Royal Society, basée sur de précédentes recherches, affirme de son côté que « l’adoption généralisée de masques faciaux peut aider à contrôler l’épidémie de Covid-19 en réduisant l’émission de gouttelettes dans l’environnement par les individus asymptomatiques. Cela confirme également les expériences des pays qui ont adopté cette stratégie », indiquent les auteurs — même si la plupart des masques portés en Asie visent la majorité du temps à se protéger de la pollution.

Aucune preuve solide de l’efficacité des masques

« ll n’y a aucune preuve solide que le masque peut réduire la transmission du virus dans la communauté », rejette Ben Killingley, consultant en médecine aiguë et en maladies infectieuses à l’hôpital University College de Londres, interrogé par le Guardian. « Les études sur les masques faciaux n’ont pas été menées pendant une pandémie ou dans le contexte d’un nouveau virus », met en garde le spécialiste. De plus, les tests sont menés en laboratoire, bien loin des conditions réelles de la vie de tous les jours.

La gêne occasionnée par le masque conduit les personnes à se toucher plus fréquemment le visage. © Africa Studio, Adobe Stock
La gêne occasionnée par le masque conduit les personnes à se toucher plus fréquemment le visage.
© Africa Studio, Adobe Stock

Or, selon plusieurs spécialistes, les inconvénients des masques l’emportent largement sur ses bénéfices. « L’utilisation de masques médicaux à grande échelle peut créer un faux sentiment de sécurité, et entraîner la négligence d’autres mesures essentielles, telles que l’hygiène des mains et la distanciation physique », remarque par exemple l’OMS.

En second lieu, la gêne occasionnée par le masque conduit les personnes à se toucher plus fréquemment le visage avec leurs mains potentiellement contaminées, ce qui accroît le risque d’attraper le virus. Sans compter les difficultés à respirer au travers de certains masques. De fait, on voit un grand nombre de personnes ayant réclamé des masques à cor et à cris porter les masques… sur le menton. « Je suis allergique au tissu », plaide par exemple Sophie, caissière à Strasbourg. Dernier souci : le masque doit en principe être lavé après chaque usage, ce qui est loin d’être le cas.

Le principe de précaution avant les preuves scientifiques ?

« Avant de mettre en œuvre des interventions publiques impliquant des milliards de personnes, il nous faut des essais contrôlés randomisés au niveau de la population ou au moins des études de suivi par observation avec des groupes de comparaison », conclut Antonio Lazzarino, du département d’épidémiologie et de santé publique de l’University College de Londres. Des précautions que n’a pas attendues le gouvernement pour commander 3 milliards de masques et pour étendre sa distribution aux supermarchés.