À une jeune fille inconnue

[Source : tribunejuive.info]

Par Rémi Ferrand

A une jeune fille inconnue

Étais-tu inquiète, le soir à la ferme

Quand Papa parlait, du prix des luzernes

D’une voix très basse, comme dans un murmure

Sous les paperasses, faisant des ratures.

Étais-tu soucieuse, devant la caissière,

Quand Maman comptait le prix des affaires

Et qu’elle retirait du tapis tout noir

Une chose trop chère qu’elle disait vouloir.

Avais-tu donc honte, les jours de collège,

Quand tu comparais tes baskets beiges

Qu’on vend à Carrefour ou à Kiabi

Avec les Nike Air des garçons jolis.

Avais-tu appris, avec tous les tiens,

Le sort qu’on réserve à ceux qui matin

Se lèvent aux aurores pour aller aux champs,

Et travaillent encore au soleil couchant.

Mais étais-tu fière, de voir sur la table,

Le vin et le lait, sortant de l’étable,

Ou bien la farine du pain qui a cuit,

Et dont tous disaient : “on l’a fait ici !”

Étais-tu déjà, malgré ton jeune âge

De celles qui savent, et disent bien sage,

“Moi papa plus tard, je ferai comme avant

Et puis comme toi, je serai paysan !”

Et grandissant là, roulant vers l’école

Ignorant les traites, Crédit Agricole,

Politique commune et libre marché,

Tu pensais aux prunes et puis au verger.

Et as-tu donc ri, de voir sur la route,

Tous ces grands tracteurs qui malgré les doutes,

Faisaient la kermesse comme dans un grand soir

Pour ne pas subir et garder l’espoir.

Et t’es-tu serrée tout contre ta mère,

As tu regardé les yeux de ton père,

Qui plus loin voyait foncer droit sur vous

Une voiture pressée pleine de voyous.

As-tu entendu, la route qui pleure,

La campagne qui hurle parce qu’ici on meurt,

Et la foule idiote qui ne sait comment

On s’envole en France quand on a 12 ans.

© Rémi Ferrand




Quand on entend pleurer la France

[Source : La Rose et l’Épée]

ON ENTEND PLEURER LA FRANCE

Dites-moi mes amis, que faisons nous ici ?
Est-ce encore un pays ? Il faut croire que oui
Hantés par un passé qu’on ne peut effacer
Et qui vient nous chercher pour ne plus nous lâcher

Quand on entend pleurer la France

Sur la lande enchantée où nos pères ont chanté
Sous le chêne sacré où Jeanne venait rêver… la, la, la
Dans la boue des tranchées où le sang a coulé
L’offrande des sacrifiés des siècles oubliés

On entend pleurer la France

Dites-moi mes amis est-ce encore un pays
Car l’ange qui le conduit s’est perdu dans la nuit
Tout au fond du terroir près de l’âtre le soir
On ne conte plus l’histoire du chevalier Bayard

Mais on entend pleurer la France

Au ciel de l’innocence monte dans le silence
Le chant de repentance des pauvres gens de France… la, la, la
En ces temps de tempête où les fous font la fête
Allons-nous disparaître ou relever la tête

Quand on entend pleurer la France

Dites-moi mes amis, que faisons nous ici ?
Est-ce encore un pays ? Il faut croire que oui

Tant qu’on entend chanter la France




Éloge des oiseaux

Traduit de l’italien par Joël Gayraud

« fantastique poème en prose de Leopardi »

Nicolas Bonnal

Par Giacomo Leopardi

Par une matinée de printemps, Amelius, philosophe solitaire, se tenait entouré de ses livres, à l’ombre de sa maison de campagne, et lisait. Touché du chant des oiseaux qui volaient à l’entour, il se mit à les écouter et à méditer, puis abandonna sa lecture. Enfin, il prit sa plume et, sur place, écrivit ce qui suit.

Les oiseaux sont, par nature, les créatures les plus joyeuses au monde. Je ne prétends pas par là qu’à les entendre ou à les voir, l’on se réjouisse toujours ; mais je veux dire que les oiseaux, en eux-mêmes, ressentent la joie et la gaieté plus que les autres animaux. Ceux-ci paraissent d’ordinaire sérieux et graves ; nombre d’entre eux se montrent même mélancoliques : chez eux la joie ne se manifeste guère, et encore les signes en sont-ils timides et fugaces. Dans la plupart de leurs jouissances et de leurs plaisirs, jamais ils ne font fête ni ne témoignent d’allégresse. Les campagnes verdoyantes, les horizons dégagés et splendides, les soleils éclatants, les cieux cristallins et doux les charmeraient-ils, ils n’en laissent jamais rien voir ; excepté les lièvres, dont Xénophon écrit qu’aux nuits de lune, surtout lorsqu’elle est pleine, ils dansent et s’ébattent ensemble, égayés par la lumière. C’est dans leurs mouvements et leur allure que les oiseaux se montrent surtout si joyeux : et ce pouvoir qu’ils ont de nous réjouir à leur spectacle tient à ce que leurs manières et leur aspect expriment une aptitude naturelle, une inclination particulière à éprouver du plaisir et de la joie ; et c’est là une apparence qui ne saurait être tenue pour vaine et trompeuse. En effet à chacun de leurs bonheurs, à chacune de leurs satisfactions, ils se prennent à chanter ; plus ce bonheur et cette satisfaction sont vifs, plus ils mettent d’ardeur et de zèle dans leur chant ; et comme ils chantent le plus clair de leur temps, ils doivent être de belle humeur et favorisés par le plaisir. S’il est certain qu’à la saison des amours ils chantent mieux, plus souvent et plus longtemps, il ne faut pas croire qu’ils ne connaissent d’autres raisons, heureuses et agréables, de chanter. Ainsi l’on voit bien qu’ils chantent davantage par temps calme et lumineux que lorsqu’il fait sombre et que l’air est agité ; et que dans la tempête ils se taisent, comme chaque fois qu’ils sont pris de frayeur. Mais celle-ci passée, ils reviennent avec leurs chants et leurs jeux. Et, de même, ils ont coutume de chanter à l’aube, dès le réveil, poussés en partie par la joie du jour nouveau, en partie par le plaisir que prend généralement tout animal à sentir ses forces restaurées par le sommeil. Ils tirent aussi une joie extrême des riantes prairies, des vallées fertiles, des eaux pures et transparentes et de la beauté du paysage. En cela il est remarquable que ce qui nous paraît gracieux et plaisant, le leur paraisse aussi, comme on peut le voir aux leurres dont on se sert dans les oiselleries pour les attirer vers les filets et vers les pièges. L’on s’en rend compte également à la situation des lieux champêtres où ils se rassemblent en plus grand nombre et chantent avec plus de constance et d’entrain. Tandis que les autres animaux, si ce n’est peut-être ceux que l’homme a domestiqués et habitués à vivre avec lui, ne sont presque jamais sensibles à l’agrément et au charme des lieux. Et il ne faut pas s’en étonner, car ils ne sont sensibles qu’à ce qui est naturel. Or, en cette matière, la majeure partie de ce que nous appelons naturel ne l’est pas, et est bien plutôt artificiel ; ainsi, les champs cultivés, les arbres et les plantes taillés et disposés avec art, les cours d’eau endigués et détournés de leur lit, n’offrent pas l’apparence que leur eût prêtée l’état de nature. Si bien que, sans parler des villes et des autres lieux où les hommes se concentrent pour vivre, l’aspect de tout pays civilisé, depuis des générations, est purement artificiel, fort différent en cela de ce qu’il serait naturellement. Certains prétendent, ce qui conforterait notre propos, que la voix des oiseaux dans nos régions est plus délicate et plus douce, et leur chant plus harmonieux que dans celles où les habitants sont rudes et sauvages ; et ils concluent que les oiseaux, même à l’état de liberté, empruntent quelque chose à la civilisation de ces hommes dont ils côtoient les demeures.

Quoi qu’il en soit, ce fut une remarquable combinaison de la nature que d’accorder aux mêmes animaux le vol et le chant, car, ainsi, ceux qui ont à divertir les autres créatures avec la voix se rencontrent d’ordinaire dans les lieux élevés, d’où celle-ci peut se répandre plus largement à l’entour et toucher un plus grand nombre d’auditeurs ; et d’autre part, l’élément destiné au son, l’air, se trouve peuplé de créatures chantantes et musiciennes. C’est vraiment un grand réconfort et un grand plaisir que procure, autant, me semble-t-il, aux animaux qu’à nous-mêmes, le chant des oiseaux. Je crois que cela tient moins à la douceur des sons, à leur variété ou à leur harmonie, qu’à cette idée de joie qu’exprime naturellement le chant, en particulier celui-là, lequel est une sorte de rire que l’oiseau émet lorsqu’il est plongé dans le bien-être et le contentement.

Ainsi, pourrait-on dire, les oiseaux partagent avec l’homme le privilège de rire, que la nature refuse aux autres animaux ; raison pour laquelle certains pensent que l’homme, qui est défini comme un animal intelligent ou raisonnable, pourrait tout aussi bien être qualifié d’animal rieur, étant donné que le rire ne le caractérise pas moins en propre que la raison. Certes, c’est merveille qu’au fond de l’homme, de toutes les créatures la plus misérable et la plus tourmentée, réside la faculté de rire, étrangère à tout autre animal. Merveilleux aussi, l’usage que nous faisons de cette faculté, puisque jetés dans la plus cruelle infortune, accablés de chagrin, écœurés de la vie, convaincus de l’inanité des biens humains, à peu près inaccessibles à la joie et privés de tout espoir, nous n’en sommes pas moins capables de rire. Bien mieux : moins ils ignorent la vanité de ces biens, et la misère de la vie, moins ils sont aptes à espérer et à jouir, et plus ces êtres singuliers se montrent susceptibles de rire. Rire dont il est à peine possible de définir et d’élucider la nature, ses ressorts profonds et ses modes, surtout pour ce qui touche à l’âme, à moins de dire qu’il est une espèce de folie qui ne dure pas, ou même d’égarement et de délire. Car les hommes, que rien ne peut réellement charmer et satisfaire, ne peuvent jamais avoir un motif pertinent et sensé de rire. Il serait même curieux de chercher pourquoi et en quelle occasion l’homme a vraisemblablement usé et pris conscience pour la première fois de ce pouvoir. Il n’est pas douteux, en effet, qu’à l’état primitif et sauvage il se montre le plus souvent sérieux, comme les autres animaux, voire d’une apparence mélancolique. Aussi pensé-je que le rire, non seulement apparut dans le monde après les larmes — ce qui ne saurait être contesté —, mais qu’un long moment se passa avant que l’on n’en fît la première expérience. En ce temps-là, la mère ne souriait pas à son enfant, et celui-ci ne reconnaissait pas, comme dit Virgile, sa mère à son sourire. Car si aujourd’hui, du moins dans les contées civilisées, les hommes commencent à rire peu après la naissance, ils le font essentiellement en vertu de l’exemple, lorsqu’ils voient rire les autres. Et je croirais volontiers que la première occasion de rire a été donnée aux hommes par l’ivresse, cet autre caractère bien propre au genre humain. L’origine de celle-ci remonte bien avant que notre espèce connaisse aucune forme de civilisation, car il n’est pas un peuple, si grossier soit-il, qui n’ait inventé quelque boisson ou tout autre moyen de s’enivrer, et n’ait accoutumé d’en user avec passion. L’on ne saurait s’en étonner, si l’on considère que les hommes, qui sont les plus malheureux des animaux, sont séduits plus qu’aucun autre par toute forme d’aliénation non douloureuse de l’esprit, d’oubli de soi-même et, pour ainsi dire, de suspension de la vie ; ce faisant, ils annulent ou estompent pour quelque temps le sentiment et la conscience de leurs maux, ce qui pour eux n’est pas le moindre des bienfaits. On sait d’autre part que les sauvages, tristes et graves en temps normal, s’abandonnent au rire lorsqu’ils sont ivres et, contre leur habitude, se mettent alors à chanter et à parler d’abondance. Mais sur ce sujet je reviendrai longuement dans une histoire du rire, que je me propose d’écrire plus tard : là, après avoir étudié sa naissance, je poursuivrai en narrant ses exploits et ses tribulations jusqu’à nos jours où il est plus en faveur que jamais, tenant dans les nations civilisées une place et un rôle si grands qu’il remplit l’office dévolu en d’autres temps à la vertu, à la justice et à l’honneur ; c’est ainsi, par exemple, qu’il intimide parfois les hommes et les détourne de mal faire. Mais, pour conclure sur le chant des oiseaux, j’ajouterai que le spectacle de la joie chez autrui, lorsqu’il n’y a pas lieu d’en être jaloux, nous réconforte et nous égaie toujours, et que par suite il faut louer la nature d’avoir pris soin que le chant des oiseaux, qui est une manifestation d’allégresse et une sorte de rire, fût chose publique ; contrairement au chant et au rire humains qui, eu égard au reste du monde, demeurent chose privée. Et c’est par une sage disposition de la nature, que la terre et l’air sont remplis d’animaux qui, de leurs cris de joie sonores et incessants, applaudissent tout le jour à l’existence universelle et incitent à l’allégresse les autres créatures, en leur délivrant le témoignage perpétuel, quoique mensonger, de la félicité des choses.

Si les oiseaux se montrent et sont effectivement plus joyeux que les autres animaux, ce n’est pas sans raison. En vérité, comme je l’ai indiquée d’emblée, ils sont, par nature, mieux disposés au plaisir et au bonheur. D’abord, ils semblent ignorer l’ennui ; ils changent de lieu à tout instant, passant d’un pays à un autre, insoucieux des distances, s’élevant d’un trait, avec une aisance stupéfiante, depuis le niveau du sol jusqu’aux régions les plus hautes de l’air. Ils ressentent au cours de l’existence une infinité d’impressions différentes ; ils se dépensent physiquement sans compter et débordent, pour ainsi dire, de vie extérieure. Les autres animaux, sitôt qu’ils ont pourvu à leurs besoins, aiment à se tenir en paix, à rester oisifs ; aucun, hormis les poissons et quelques insectes, ne se livre aux courses lointaines pour le seul plaisir. À moins qu’il ne soit chassé par la tempête, les fauves ou quelque autre calamité, l’homme primitif ne se déplace qu’à peine, excepté pour subvenir à ses besoins, ce qui ne lui coûte que peu de temps et d’efforts. Il chérit par-dessus tout le loisir et le repos, et passe nonchalamment presque tout le jour à paresser à l’intérieur de sa hutte informe, ou bien au grand air, ou encore à l’abri de quelque faille au creux des rochers. Les oiseaux, au contraire, ne tiennent jamais en place ; ils vont et viennent sans nécessité, se plaisant à voler par jeu, et s’éloignent ainsi parfois à des centaines de milles de leur séjour habituel, pour finalement revenir avant le soir, dans la même journée. Dans le court instant où ils demeurent au même endroit, ils s’agitent toujours de côté et d’autre, tournoient, ploient leur col, étirent leurs ailes, s’ébrouent et virevoltent, avec une aisance, une vivacité, une promptitude indicibles. Bref, depuis l’heure où il sort de l’œuf, jusqu’à celle de sa mort, l’oiseau, mis à part la coupure des sommeils, ne se repose jamais. De ces observations il semble possible de conclure que, si l’état naturel des autres animaux ainsi que de l’homme est le repos, celui des oiseaux est le mouvement.

À ces caractéristiques extérieures correspondent des qualités internes, propres au domaine de l’âme, lesquelles leur assurent également une plus grande aptitude au bonheur. Ils ont l’ouïe si fine, la vue si perçante et si parfaite, qu’on ne peut que difficilement s’en faire une représentation exacte. Ces facultés leur permettent de jouir tout le jour de spectacles immenses, sans cesse changeants, car de là-haut, ils découvrent d’un coup d’œil une telle étendue de terre et distinguent tant de lieux différents que même par l’esprit, l’homme ne saurait les embrasser aussi vite. On peut en déduire que c’est chez les oiseaux que l’imagination atteint son plus haut degré de vivacité et de puissance. Non point cette imagination profonde, fébrile, orageuse, qui fut celle de Dante et du Tasse, don funeste, lourd d’angoisses et de tourments perpétuels, mais une imagination riche, variée, légère, instable et enfantine, source inépuisable de pensées aimables et joyeuses, de tendres illusions, de jouissance et de plénitude, et qui est le présent le plus précieux que puisse accorder la nature à une âme vivante. Ainsi, de cette faculté, les oiseaux recueillent-ils à profusion ce qui favorise l’épanouissement de l’âme, non ce qui lui pèse et la chagrine. Et de même qu’ils abondent de vie extérieure, mais de telle sorte que cette abondance leur soit heureuse et profitable comme chez les enfants, sans jamais devenir cause de souffrance et de détresse, comme c’est le cas pour la plupart des hommes. En effet, pour l’agilité et la vivacité du corps, l’enfant et l’oiseau présentent des similitudes évidentes, qui laissent raisonnablement supposer qu’ils se ressemblent ainsi pour les qualités de l’âme. On voit que si les biens de l’enfance étaient communs aux autres âges, et si les maux qui affectent ceux-ci n’excédaient pas les misères de nos premières années, nous aurions peut-être quelque raison de supporter patiemment la vie.

À mon sens, la nature des oiseaux, sous certains aspects, dépasse en perfection celle des autres animaux. Par exemple, dans les domaines de la vue et de l’ouïe, qui, suivant l’ordre naturel des êtres animés, sont considérés comme les sens principaux, l’oiseau l’emporte très largement. De surcroît, comme on l’a déjà vu, les oiseaux, à la différence des autres créatures, sont particulièrement enclins à se mouvoir ; or le mouvement ressemble plus à la vie que le repos — on peut même dire que la vie est mouvement — et les oiseaux sont déjà nantis au plus haut degré de cette aptitude-là. En outre, la vue et l’ouïe, qui sont leurs facultés dominantes, sont les deux sens qui caractérisent le mieux les êtres vivants, car ils sont les plus mobiles, tant en eux-mêmes que pour les comportements et les émotions qu’ils induisent chez l’animal. Enfin, en tenant compte de tout ce qui vient d’être exposé, on conclura sans peine que l’oiseau est, de toutes les créatures, celle qui jouit de la plus grande richesse de vie intérieure et extérieure. Or, si la vie est plus parfaite que son contraire, du moins chez les créatures vivantes, et si une plus grande abondance de vie indique une plus grande perfection, il s’ensuit que les oiseaux sont également capables de supporter le froid et la chaleur extrêmes, et de passer de l’un à l’autre sans transition, comme on le voit aisément lorsqu’ils quittent la terre pour s’élever en un instant jusqu’aux régions les plus hautes du ciel, où règnent des températures glaciales, ou quand nombre d’entre eux migrent en quelques jours sous des climats très différents.

Enfin, comme Anacréon, qui désirait se changer en miroir pour être sans cesse contemplé par celle qu’il aimait, ou en tunique pour la vêtir, en baume pour oindre son corps, en eau pour la baigner, en bandelette pour être serré sur son sein, en perle pour être suspendu à son cou, ou en soulier pour qu’au moins elle le pressât de son pied, de même, moi, je voudrais un moment me transformer en oiseau pour connaître le contentement et la joie qu’ils éprouvent à vivre.


Leopardi, Giacomo (1798-1837) Ecrivain italien. Il est plus célèbre comme poète pour un mince recueil d’une quarantaine de Poésies lyriques (Canti) et pour une burlesque Batrachomyomachie, que pour son œuvre en prose, bien plus considérable : neuf volumes de journal (Zibaldone), 101 Pensées dont plus d’une évoque Pascal, sans la foi, et 27 Operette morali, où le lecteur s’étonne de trouver un tout autre homme que « le sombre amant de la mort » auquel s’adressait Musset dans Après une lecture. Certaines sont dialoguées avec une saveur digne de La Bruyère. Ecrire a certainement été pour Leopardi une revanche prise sur ses misères physiques, sentimentales et même pécuniaires. Sa vie et son œuvre sont une poignante leçon de courage intellectuel et moral.




Poésie : Laurence Guillon contre « les dévoués valets des Ténèbres »

Par Nicolas Bonnal

Ce texte sur des vers rimés promis à de rares Happy Few (l’expression n’est pas de Stendhal, mais de Shakespeare comme toujours) s’adresse aux fans de Laurence Guillon, qui offre l’originalité d’un blog double — de combat et de lutte contre les ténèbres du mondialisme ; et de survie et résurrection intérieure, résurrection qui se passe dans le cadre qui lui convenait de notre Russie orthodoxe et profonde. Le cas est assez exceptionnel : on pense à cette autrichienne ministre persécutée (Karin K.) depuis, qui est aussi polymathe, et que Poutine avait salué le jour de son mariage. Laurence poétesse est aussi traductrice, jardinière, musicienne, chanteuse et peintre — elle m’a offert un très beau tableau solaire qui orne mon deuxième appartement de travail dans mon bled andalou. Je ne peux malheureusement pas dire que l’Espagne pourtant moins esquintée que leur hexagone ait gardé les vertus que Laurence trouve en Russie profonde, à cent bornes de Moscou ? Mais Laurence est tout sauf une illuminée, cette aventurière voit les choses telles qu’elles sont, c’est une mystique avec un regard réaliste et parfois justement profane. Le mystique trop rêveur a vite fait de se faire bouffer — esprit compris — par les Temps qui courent.

Soyons réalistes donc. J’ai demandé ses poèmes à Laurence par curiosité et aussi ai-je ajouté parce qu’ils sont trop chers. Ancien poète amateur moi-même j’ai bradé les miens (écrits depuis trente-cinq ans quand même) à trois euros sur Amazon. Et j’ai des couillons de lecteurs qui tentent de revendre mon recueil à deux euros. La poésie est un risque à courir (on se fait traiter de mirlitons par les amateurs de destruction massive) par les temps qui courent, puisqu’il n’y a plus de lecteurs — ou peu s’en faut. Le mieux est de lui virer à Laurence une somme sur un compte français et de recevoir le PDF. Ou carrément et courageusement (achetez le couscous et les bougies avant) de commander le livre, si mon texte le justifie !
J’ai aimé le ton et les sujets guerriers des textes, et j’ai pensé au grandiose peintre Desvallières, l’ami flamboyant de Léon Bloy, génie méconnu, mystique et expressionniste, père de toute une tribu, et qui s’engagea sous les drapeaux à 53 ans pour défendre sa patrie, dans cette guerre où les derniers nobles français moururent. Après on n’eut plus que des électeurs et des consommateurs.
Laurence écrit dans son très grand poème l’Arche, toute consciente des enjeux apocalyptiques actuels :

« Le monde s’ouvre en deux, comme un crâne brisé,
Coulent les ténèbres, avec le sang versé,
Où se noient emmêlés les bêtes et les gens,
Trop peu de coupables et beaucoup d’innocents. »

Je trouve malheureusement qu’il y a bien moins d’innocents que jadis, qu’il s’agisse de guerre américaine, de vaccins, de credo climatique ou autre. Avant le paysan sacrifié par Napoléon ou Gambetta n’était pas informé, maintenant son héritier présumé aime se désinformer, fût-ce au risque de se faire écharper, affamer et ruiner. Le troupeau est enthousiaste comme dit Céline avant la giclée de Quarante. Il aime le mensonge, il aime le chiqué.
Refusons alors leur sabbat (climat vaccin guerre totale) :

« Les voilà tous dansant sur nos tombes futures.
Et l’unique chose dont je puis être sûre,
C’est qu’à leur bal maudit, je n’irai pas valser
Sans doute je mourrai, mais sans avoir chanté
Les louanges du diable et de ses diablotins
Qu’encensent bégayant tous ces tristes pantins. »

C’est tout ce qu’on peut faire en effet : refuser de chanter avec ce pape (lui ou un autre) le diable et ses sacrements.
Laurence visionnaire écrit ensuite dans son Écho secret des massacres :

« Voilà qu’arrive l’impossible…
Ces cohortes épouvantées
Devant le fracas des armées,
Et ces nuages invisibles,

Depuis ces villes écharpées,
Sont pleins des présences terribles
Que vous nous avez déchaînées,
Dévoués valets des ténèbres,

Malfaiteurs puissants et célèbres,
Aux âmes déjà remplacées
Par ceux qui vous les ont volées. »

Ce grand remplacement des âmes est en effet grandiose ; je cite toujours le film de Don Siegel l’Invasion des profanateurs de sépultures. Nous voulions montrer que les gens devenaient des légumes, disait ce maître du réalisme brutal et de Clint Eastwood. On est au milieu des années cinquante : la télé bouffe tout, l’autoroute (voyez aussi Stanley Donen) aussi, et bientôt le monde cybernétique qui inspirera à Debord des lignes superbes.
Le combat du système technétronique pour reprendre un terme célèbre passe par une censure de la terre, une interdiction de tous les éléments : terre, air, soleil, eau. L’écologiste informaticien rêve d’une terre brûlée (cf. Hawaii) et d’un homme affalé effaré (cf. Rousseau Sandrine). En effet le diable veut nous priver de la nature pas seulement de la vie (voyez et écoutez Harari sur les Territoires occupés).
Laurence écrit dans Joyeux Noël :

« C’est la terre qu’ils n’aiment pas,
Et qu’ils nous ont privée de voix,
Et puis le ciel bleu par-dessus,
Qui leur blesse par trop la vue.

Ils n’aiment pas la vie qui sourd
Des moindres failles du béton,
Tout ce qui brûle avec passion
Et sanctifie le fil des jours. »

C’est le sujet de mon libre sur la Destruction de la France au cinéma, France bétonnée et remplacée dans les années soixante par un gouvernement soi-disant souverainiste. Voyez Mélodie en sous-sol (ô Gabin à Sarcelles ville nouvelle…), Alphaville de Godard ou Play Time de Tati pour comprendre.
Laurence ajoute :

« Ils sont laids, froids, méchants et bas
Mais on n’entend plus que leurs voix,
Leurs mille voix dans le désert
De nos pays prêts à la guerre. »

Les techno-démocraties sont toujours en guerre depuis des siècles, mais ces guerres sentent la mort, elles ne témoignent jamais d’un excès de vie. De pures guerres d’attrition, celle de Quatorze et de Quarante, des guerres voulues par la bulle financière « anglo-saxonne » (ouaf), comme celle d’Ukraine. Une élite aux vues reptiliennes ou extraterrestres dirait-on.

Dans Cassandre (lisez le chant II de l’Enéide mon Dieu), Laurence écrit superbement :

« La bêtise aux cent mille bouches,
Le grand tohu-bohu du diable,
S’en va remplir ses desseins louches
En rameutant la foule instable,

Chien noir de cet affreux berger,
Glapissant à tous les échos,
Elle pousse à courir nos troupeaux
Sur les chemins qu’il a tracés.

Et comme il y va volontiers,
Le grand troupeau des imbéciles,
À l’abattoir sans barguigner,
Se pressant pour doubler la file. »

Le troupeau des imbéciles a été fabriqué artificiellement par la culture et l’art moderne (lisez Jacques Barzun, qui en parle bien, un autre exilé lui aussi) ; mon ami Paucard avait excellemment titré : la crétinisation par la culture — et par la télé, et par les médias, et par l’immobilier, et par l’économie, et par les vacances, et par la politique (mais quel futur gentil candidat de droite fera enfin la guerre à la Russie, merde ?).
C’est Alain Soral qui disait l’autre jour que la France ne pourrait être sauvée que par un miracle : que c’est juste !
Car la France est tombée plus bas que la plupart des pays, même d’Europe. Et comme je l’ai montré, ce n’est pas parce qu’elle est une victime ; c’est parce qu’elle l’a voulu. C’est le coq hérétique, ou comme dit Van Helsing dans le Dracula de Coppola la concubine de Satan, et depuis longtemps.
Très beau poème aux teintes géographiques : Aigues-mortes, Saintes-Maries. Laurence pense à Saint Louis tandis que l’emplâtre revote Macron :

« Aigues-Mortes, Saintes-Maries,
Aux quatre vents bien élargies,
Reviendra-t-il jamais le saint roi d’autrefois
Dans sa robe de lys, sur son blanc palefroi ?

Aigues-Mortes, Saintes-Maries,
Verrons-nous demain déferler,
Sur vos ruines de sel blanchies,
De sombres foules d’étrangers,

De conquérants et de bandits,
De bateleurs et d’usuriers,
Qui vendront vos fils au marché
Sous l’amer soleil du midi ? »

Quand on est Français sincère et lucide on a de quoi désespérer — j’en sais quelque chose. Laurence écrit sans hésiter dans la Fin du jour :

« Je meurs sans descendance et j’en rends grâce à Dieu,
Sur l’autel de Moloch, je n’étendrai personne.
Pas de fille soumise au plaisir des messieurs,
Pas de garçon brisé par le canon qui tonne. »

Sur l’imbécillité cosmique qui frappe ce peuple depuis longtemps (revoir Drumont, Céline ou Bernanos) Laurence écrit un texte admirable, l’abîme :

« L’abîme s’élargit et le tumulte croît
Sur la terre entière, le grand tohu-bohu…
Mais la France ébahie ne le voit toujours pas
Et n’entend pas les voix de ses anges perdus.

Elle ne comprend pas que déjà tout finit,
Qu’en bradant son honneur aux bandits de rencontre,
Elle dut en concevoir tous ces horribles fruits
Qui, mûris à présent, vont et partout se montrent.

Étrangers à la terre et bien trop loin du ciel,
Nous voici pourrissants dans cet entre-deux,
Sans idées, sans patrie, sans famille et sans Dieu,
Mollusques accrochés au néant démentiel. »

Mollusques accrochés au néant démentiel : je parlais Desvallières, on dirait du Goya. Il faudrait être Tarkovski pour filmer un texte comme celui-là. J’aime Voir les textes, pas les lire.
Pour se raccrocher, on a les animaux (je repense toujours à Leopardi et à ses oiseaux) ; dans Hommage notre poétesse écrit :

« Mon gentil petit chien, vas-tu me pardonner
De recueillir si tôt ce chien qui te ressemble ?
Malgré tout, je le sais, dedans l’éternité,
Nous nous retrouverons à jamais tous ensemble.
Et tu ne seras plus, là-bas, aussi jaloux,
Car d’amour jaillissant nous ne manquerons point. »

L’amitié des animaux est un don divin comme on sait (elle peut aussi devenir un don pour crétins, tout étant parodié en nos temps retournés) ; alors Laurence ajoute :

« Et toi, pendant neuf ans, mon joli petit chien,
Tu fus le gai soleil des instants quotidiens,
Gracieux comme un lutin.
Je t’ai porté là-bas, dans notre monastère,
Je t’ai bercé longtemps dans le vent de l’été,
Qui croyait avec toi pouvoir encore jouer,
Puis j’ai dû te coucher, souple et doux, dans la terre
Pour la première fois, j’ai dû t’abandonner. »

Parfois Laurence sur son blog écrit des phrases fulgurantes sur son paysage russe, et surtout sur le ciel. Je ne me suis jamais risqué à décrire le ciel moi (trop peur qu’il me tombe sur la tête !) ; mais dans l’Arc-en-ciel elle écrit :

« De tous ces plats d’argent renversés sur les champs,
Coule le lait de la lumière qui s’étale,
Et dans les blancs remous de cette gloire pâle,
De scintillants oiseaux montent tourbillonnants.

Au loin, l’ourlet bleui des collines dormantes
Borde de noirs labours et des vignes crispées,
Les nuées soulevées basculent, chancelantes,
De lourdes draperies au nord-ouest épanchées.

Et sous leurs plis violets s’esquisse l’arc-en-ciel… »

C’est très beau, innocent, et cela me mène à mon poème préféré, que je ne commenterai pas :

Pressentiment

« Il est des jours d’été pleins d’automne secret,
Comme au sein d’un beau fruit l’obscur noyau repose.
Leur lumière est plus douce et leur vent est plus frais,
Je ne sais quel mystère imprègne toutes choses.

Sur le ciel trop brûlant passe un voile doré
Qui donne à la nature un fond glorieux d’icône,
Les arbres s’illuminent et les prés desséchés
Font au nimbe solaire un drap de paille jaune.

Et mon cœur s’éclairant, pareil au verre frêle
De la lampe allumée, couvant la jeune flamme,
Laisse monter sereine à timide coups d’ailes,
La lente adoration qui embrase mon âme. »

On a ici un bel héritage de cette culture française qui n’existe pas. Mais pas de commentaires !

Dans Sainte Rencontre, Laurence écrit sur les astres et la Croix :

« Le vieillard Siméon prit le petit enfant,
Qui portait les étoiles dedans son corps langé,
Et vit dans ce moment jusqu’au fond le passé
Qui monte vers demain sous le flot des instants.

La grande croix du temps qui perce nos destins,
Irradiant nos larmes d’une lumière sans fin,
Instrument de supplice qui jette sur nos vies
L’éclat écartelé qui les réconcilie.

Verticale des siècles dans la mer éternelle,
Astre des jours plongé sous l’écume actuelle,
Qui tremble à la surface de l’océan profond
De l’antique existence au centre des éons. »

Ici on se promène dans le cosmos et à travers le temps.

Dans Croquis sinon Laurence renonce à nos alexandrins et affronte un mètre brutal :

« Ruissellement
Roucoulements
Tout petit chant
Intermittent
File une abeille.
Le grand azur bascule à l’orée des murailles,
Lisses, lents déplacements, très hauts lacis
Des martinets précis.
Le soleil assis sur le toit,
Rêve et balance ses pieds d’or.
L’ombre bleue le boude à l’écart,
Sous les loques lourdes de la pierraille,
Fuyant l’effroyable et douce lumière… »

On arrive à l’acédie, thème qui me préoccupe depuis toujours ; j’en ai parlé dans mon Graal et dans mon livre sur Cassien. Les moines les premiers ont vécu cette épreuve qui frappe aussi des chevaliers dont Galehot :

« Mon cœur est sourd
Comme le plomb,
Étanche et lourd
Et sans passion.
Lampe sans feu,
Miroir sans tain
Des vieux chagrins,
Vide de Dieu.
Pourquoi Seigneur
Me laisser choir
Dans ce trou noir
Et sans lueur ? »

Il y a un ton saturnien (le plomb) qui évoque Verlaine bien sûr et le titre même du recueil de Laurence : A l’ombre de Mars. Les planètes et leurs métaux, une belle alchimie…
Dans Vieil ami on a un ton hugolien, quand la nature parle (cf. Stella : « un vent frais m’éveilla, je sortis de mon rêve… ») :

« Le vent frais me caresse et sa chanson me suit,
De l’orée de mes jours à leur issue prochaine,
Mon plus fidèle amant me chante la rengaine
Dont jamais ne fut las mon cœur par trop meurtri.

J’écoute autour de moi son verbiage indistinct,
Ses cent chuchotements et ses multiples ailes,
Dans les remous d’azur du glorieux matin
Qui célèbre toujours son enfance éternelle.

Je passerai bientôt, mais son mouvement bleu
Et sa folle oraison ne prendront jamais fin.
Je laisserai sur terre à ses jeux incertains
La trace de mes pas et mes derniers adieux. »

Quel beau chuchotement éolien tout de même. J’ai toujours sinon pensé que trois quatrains aussi c’est mieux que deux quatrains et deux tercets.

Un dernier texte, le Lac final alors que la patrie trahie s’en est allée :

« Et je me souviendrai, devant l’espace ouvert,
De la mer vivante et douce, des rivages
Où j’allais tout enfant cherchant des coquillages
Dans la tiédeur salée, dans les parfums amers.

Large mer des larmes, ma douce France enfuie
Je m’écarte de toi comme on quitte un tombeau,
Sur nos tendres années implacablement clos,
Gisant silencieux en notre terre trahie. »

SOURCES

Laurence Guillon, à l’ombre de Mars.

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Petite étoile

[Source : Lola Swann ~ « Comment naissent les étoiles »
https://lolaafleurdemots.wordpress.com/2022/07/12/comment-naissent-les-etoiles/]

Par Lola Swann

Petite étoile est née
Une nuit de janvier
Le visage poupin
Les joues roses à croquer

Dans ses traits l’on perçoit
Une expression d’antan
Les beaux yeux, le minois
D’une étoile née avant

Cette étoile la berce
Juste avant de dormir
Lui raconte des histoires
Fait éclore son rire

Petite étoile grandit
Sous un ciel ténébreux
Son étoile adorée
Bientôt bannie des dieux

Petite étoile l’efface
Pour ne pas avoir mal
Peu à peu elle oublie
Celle qui l’a tant chérie

Peu à peu elle oublie
Sa douce voix, son sourire
Se remémore seulement
Qu’un jour elle est partie

Petite étoile ne sait
Ou ne veut plus savoir
Qu’un cœur pour elle jamais
N’avait battu si fort




Homo Collabo, pacsé avec Hommo Economicus ?

  • À tous les apprentis collabos.
  • Commençons par ceux qui n’ont rien dans le ciboulot
  • Auxquels on ne peut vraiment pas en vouloir
  • De se complaire dans la sphère des ignares
  • Il y a ceux qui en ont sous le calot
  • Prétextant fièrement leur QI, ils se comportent en fieffés idiots
  • Il y a ceux que l’on mène à l’abattoir comme des moutons de panurge
  • Qui ne réalisent pas que pour leur sauvetage cela urge
  • Il y a ceux qui y croient
  • Qu’importe pour eux le résultat
  • Il y a ceux qui font croire qu’ils croient
  • Et qui leurs arrières imaginent pouvoir protéger en toute mauvaise foi
  • Il y a les élites mondialistes démoniaquement criminelles
  • Qui agissent car déjà sur Terre ils exigent, pour eux seuls, la félicité du ciel
  • Il y a ceux bloqués à des degrés d’irréflexion intermédiaires
  • Restos et supermarchés ouverts donc aucun mouron à se faire
  • Il y a ceux qui se contentent de téter à la télé
  • Et qui ne veulent se frotter à d’autres vérités
  • Ils y a ceux qui sont inféodés à la blouse blanche
  • À laquelle, pour mal vivre et trop tôt mourir ils donnent carte blanche
  • Il y a ceux qui ne peuvent imaginer l’abject de la gouvernementale déraison
  • Même si mille fois les évènements confirment leur déplorable soumission
  • Il y a ceux qui paniquent parce qu’ils sont ainsi fait
  • Qu’il y ait une cause ou parce que tout les effraie
  • Ils y a ceux qui obéissent aux instances supérieures sans se poser de questions
  • Au procès de Nuremberg tous les nazis l’ont confessé, sans exception
  • Il y a ceux qui disent s’en foutre mais qui n’en pensent pas moins
  • D’autant qu’au fond d’eux ils pressentent que l’avenir est plus qu’incertain
  • Il y a ceux, beaucoup trop nombreux, qui profitent de la situation
  • Pour se comporter en petits couillons sadiques en mal de considération
  • Il y a ceux qui ont oublié humanisme, probité et gratitude
  • En écartant de leur route tout ce qui ne répond pas à leurs certitudes
  • Il y a ceux qui ne jurent que par la supercherie des élections
  • Fonctionnant uniquement avec les neurones sur la couture du pantalon
  • Il y a ceux, dupés par des vrais faux positifs qui ont cru sacrifier à la bonne cause
  • Se faisant injecter des poisons innommables jusqu’à l’overdose
  • Il y a ceux qui toutes ces agressions organiques ont très mal digéré
  • Victimes des effets secondaires qui tuent ou amochent salement du gugusse la santé
  • Et il y a les autres, la petite minorité d’autres, qui fait face à l’énormité de l’irrationnel
  • Ceux qui sentent au fond de leurs tripes que l’humanité est en péril mortel
  • Essayant de tendre la main à tous ces collabos dont beaucoup s’ignorent
  • Avec eux le sursaut indispensable pour la vie de chacun serait bien plus fort
  • Cette petite frange de la société que l’on traite de complotistes fêlés
  • Qui se bat seule pour un monde beaucoup plus altruiste engendrer
  • Contre l’infinie bêtise humaine et des monceaux indécents de fric
  • Amoncelés par quelques rebuts humains à l’esprit satanique
  • Nous sommes au milieu du gué et pour certains bien désemparés
  • Comme l’histoire n’est jamais totalement écrite, évitons de désespérer.
  • Dans l’épreuve les âmes fortes se fortifient
  • Avec tous ceux qui ne sont pas ou plus aveugles restons combattifs et unis !
  • Apprentis collabos, il n’est pas trop tard pour nous rejoindre
  • Reconnaître avoir été trompé est une vertu, et non des moindres.

Brounahans l’Alsaco 10/2022




Le petit PrésiRoi

Par Suzane G.




Le prisonnier

Par Eric Mühsam (1919),  écrivain anarchiste allemand d’origine juive (selon Wikipédia).

[Traduction automatique par DeepL de :
Der Gefangene
Ich hab’s mein Lebtag nicht gelernt,
ùich fremdem Zwang wu fügen.
Jetzt haben sie mich einkasernt,
von Heim und Weib und Werk entfernt.
Doch ob sie mich schlügen:
Sich fügen heißt jügen!]

Je ne l’ai pas appris de ma vie,

À me soumettre à la contrainte d’autrui.

Maintenant, ils m’ont mis en prison,

loin de ma maison, de ma femme et de mon travail.

Même s’ils me frappent :

Se soumettre, c’est mentir !




Liberté

[Source : Comment naissent les étoiles]

Par Lola Swann

Liberté,

Le mot jadis revendiqué,
Tu, désormais.

Trois syllabes qu’on ose
À peine susurrer,
Les lèvres dissimulées
Sous l’inopportun bleuté.

La voix fragilisée,
Voilée,
Comme fautive d’exister.

Le Mal s’est installé, silence s’il vous plaît.

Cachez donc ce visage
Que l’on ne saurait voir,
Ne gardez que vos yeux
Peut-être pour pleurer.

De sourires il n’y a plus
Autant les camoufler,
De larmes, s’il y a ;
On ne les verra pas.

Restez bien à l’abri
Dans votre maison mauve,
N’invitez pas d’amis
Ne risquez pas leur vie.

Pas de câlins non plus,
Toute étreinte bannie,
Embrassade maudite,
Et passions interdites.

Au diable l’amour, seule compte la vie.

Assignation à résidence,
Mangeons, dormons, buvons en chœur,
Tchin-tchin la belle survivance !
Bénis soient donc nos bons sauveurs.

L’homme se meurt, Nature revit,
Silence d’or, trésor précieux,
Quand l’homme dort, Nature sourit ;
La Ballade des oiseaux heureux.

Lisons, chantons, dansons encore,
Échangeons des mots doux d’amor,
Et promenons-nous dans les bois
Pendant que police n’y est pas.

Rassurons-nous,
Ne pleurons pas :
La Terre, de tourner
Ne s’arrêtera.
Et nul ne saurait
Trop longtemps nous priver
Ni de consommer,
Ni de travailler.

Là est notre joyeuse destinée,
Pourvu que nous soyons dotés
Du nouvel accessoire branché,
Bleu cobalt, marine ou givré.

Rassurons-nous,
Ne pleurons pas :
Nos bons sauveurs
Nous ont laissé
Chère à nos cœurs
L’amie TV :
Petit écran joli,
Loisir jamais aboli.

Si pleins d’abnégation, regardons-là ;
Une cuiller pour maman, une cuiller pour papa,
Ne l’éteignons jamais, rêvons d’elle la nuit,
Hypnose en marche, et jusqu’à l’infini.

Pensée toute prête à consommer,
Révolution moderne,
Tellement plus amène
Qu’une pensée à fabriquer soi-même.

Liberté, à notre insu, par le Mal est dérobée.

Mon âme brisée en mille éclats,
Elle me clame de garder la foi,
Mais effrayé, je ne l’entends pas,
Volume à fond, voix de la raison.

La peur fusionne avec les cœurs,
Compassion en hibernation,
Je ne pleure plus ni même ne crie,
Fier, j’obéis, sers mon pays.




Les Yeux moroses

[Source : Orpheline]

Par Lola Swann

Petite fille son regard pose
Là-bas sur l’homme aux yeux moroses,
Celui qu’elle croise chaque matin
Et qui timidement tend la main.

Maman jamais ne le regarde :
Droit devant vite les très grands pas.
Comme un fantôme il s’évapore
Reprenant place dans le décor.

Petite fille, elle en est sûre,
A déjà vu une ou deux fois,
Un peu de cœur, un peu d’espoir
Dans le fin fond du regard noir.

Il est tout seul, il est tout blême ;
Un « non » ça fait beaucoup de peine.
Il dit des mots qu’on n’entend pas,
Pleure des larmes qu’on ne voit pas.

Un beau matin à l’aube rose,
Se sont éteints les yeux moroses.
La main tendue, recroquevillée,
Le mal invisible envolé.




Je suis Djamel

Par Ahmed Bensaada

#Je_Suis_Djamel*

La foule était là, tapie dans la forêt, en feu
La foule était là, avec sa queue et ses cornes
La foule était là avec ses sabots et son odeur de soufre
La foule était là, attendant sa proie, avide de sang et de miasmes

Lui est venu pour aider, guitare en bandoulière
Lui était guilleret, troubadour des temps modernes
Lui était heureux, le cœur au bout des doigts
Lui était la bonté, un ange au milieu des ténèbres

Lui était joyeux, la foule était lugubre
Lui chantait, la foule hululait
Lui riait, la foule éructait
Lui était gracieux, la foule était laide

La foule a bondi, agrippé, trainé, tabassé
La foule l’a piétiné, lynché, brulé, égorgé
La foule s’est rassasiée de chair brulée
La foule s’est repue de son sang, de son âme, de son utopie

Lui c’est la beauté portée par son nom
La foule c’est la laideur des arbres calcinés
Lui est au paradis, la foule est en enfer
Et moi, moi, pauvre moi, #Je_Suis_Djamel

Ahmed Bensaada

12/08/2021
https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=567%3Ajesuisdjamel&catid=46%3Aqprintemps-arabeq&Itemid=119&fbclid=IwAR0WD99qXe4GB57XSfbjd92L3ys99shVVktKVwzs0HQ61JXrjUQvG3haoQU


Citoyen lynché et brulé vif à Larbaa Nath Irathen : le parquet ordonne l’ouverture d’une enquête

Le procureur de la République, près le tribunal de Larbaa Nath Irathen (Cour de Tizi Ouzou), a ordonné jeudi l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de décès d’un citoyen lynché et brulé vif dans la région de Larbaa Nath Irathen, suite aux soupçons sur son implication dans les feux de forêts qui ont ravagé la région.

« Suite aux vidéos relayées, mercredi 11 août 2021 sur les réseaux sociaux, montrant l’assassinat d’un citoyen (mortellement brûlé et lynché), le procureur de la République près le Tribunal de Larbaâ Nath Irathen informe l’opinion publique, conformément à l’article 11 du code de procédure pénale, de ce qui suit : Un groupe de citoyens a arrêté trois personnes qui se trouvaient à bord d’une voiture, suite à leurs soupçons d’être impliqués dans les feux de forêts qui se sont déclarés dans la région de Larbaâ Nath Irathen.

Après les avoir agressés, les services de police sont intervenus pour les secourir et les ont transférés au commissariat », lit-on dans le communiqué du procureur de la République près le tribunal de Larbaa Nath Irathen « Cependant, le même groupe a continué à attaquer le siège de la police avec violence, et a réussi à faire sortir l’un des trois individus du commissariat et à le traîner à l’extérieur, le battant et le brûlant, ce qui a conduit à sa mort.

Les policiers qui sont intervenus pour protéger la victime et la secourir ont également subi des blessures », a ajouté la même source.

« Le Parquet a ordonné à la police judiciaire d’ouvrir une enquête sur les circonstances de cette affaire, et ce, dans l’objectif d’identifier les auteurs et de les traduire devant la justice, pour qu’ils soient sévèrement punis, conformément à la loi, et ce afin que ce crime odieux ne reste pas impuni. L’opinion publique sera informée des résultats de l’enquête », a conclu la même source.




Être humain…

Par Élisabeth

 ÊTRE HUMAIN, arrête un peu ton bras, Arrête tes pensées… Écoute !

Écoute la voix de la Nature, de la Terre, du Ciel.

Écoute ta voix intérieure, celle qui te parle,

Mais que tu n’entends pas. Regarde,

Regarde avec les yeux du cœur,

De l’émotion,

De la compassion,

De l’Amour.

Alors tu verras cette autre réalité,

Plus vraie, plus réelle,

Celle qui transcende la vie et la mort.

Alors les choses n’auront plus la même valeur,

Tu ne vivras plus la jalousie, l’envie, la peur, la haine,

La beauté de l’âme te sera révélée,

Tu connaîtras la Réalité,

Tu connaîtras la JOIE




Dans la forêt lointaine

Par Joseph Stroberg

Dans une forêt perdue,
Loin des sirènes du monde,
Hors des cris et des guerres,
Un village vivait.
Dans une forêt ailleurs,
Loin des agités du monde,
Hors des routes et des cartes,
Un village respirait.
Dans une forêt humide,
Abrités du soleil,
Des villageois chantaient,
Simplement pour la vie,
Simplement pour l’été,
Des villageois riaient,
Pour les arbres et les fleurs,
Des villageois créaient,
Pour leurs frères animaux,
Des nids et des abris,
Des villageois dansaient,
Parmi les oiseaux.
Mais un jour arriva,
Un méchant promoteur,
Autre mot pour brigand,
Qui, des projets, avait.
Un jour apporta le malheur avec lui.
Les monstres mécaniques,
S’approchèrent en meutes,
Abattirent les arbres,
Et les animaux fuirent.
Les villageois pleurèrent,
Les villageois prirent peur,
Leurs dieux, ils supplièrent,
Mais aucun ne put vaincre,
Le dieu du promoteur,
Car celui-ci, puissant, était,
Et Argent se nommait.
Les villageois partirent,
Leur monde était mort,
Ils n’avaient plus d’espoir,
De le voir revivre,
Ils avaient peu d’espoir,
De retrouver un jour,
Ailleurs un paradis.




L’enfant et l’oiseau

Par Joseph Stroberg

Sur les bords du petit lac,
Au milieu de l’été,
Sous un soleil doré,
Éclairant un ciel bleu,
Le parfum des fleurs
Et le chant des cigales,
Parvenaient aux passants.
Sur les bords du petit lac,
Sur un chemin de terre,
Sous un soleil de feu,
Chauffant l’herbe dorée,
Le parfum des cœurs légers
Et le chant des enfants,
Parvenaient jusqu’au ciel.
Sur les bords du petit lac,
Au centre du monde,
Sous le regard des passants,
Un enfant promenait,
La main dans la main,
Avec son fort, son grand papa.
Devant lui un oiseau,
De-ci, de-là, picorait,
Devant lui un oiseau,
Par moment, voletait,
Un oiseau sauvage,
Que tout effrayait,
Mais qui devait manger
Et qui devait boire,
Pour survivre à l’été.
Le papa s’approcha,
Quelques miettes en la main,
Le papa s’approcha,
Bien fier devant l’enfant,
De montrer comment pour l’oiseau,
L’amadouer, il pouvait,
L’apprivoiser, se faisait.
Mais l’oiseau recula,
L’oiseau, plus loin, s’envola.
Et plus le papa approchait,
Plus l’oiseau reculait.
Alors l’enfant,
Plein d’amour pour l’oiseau,
De son cœur, à chanter, se mit,
Alors l’enfant,
Confiant dans l’oiseau,
D’un pas sûr, avança.
L’enfant, serviteur des oiseaux,
Offrit sa joie, sa fraîcheur.
L’enfant, porteur de lumière,
Ouvrit sa main pour l’oiseau.
L’être de plumes s’envola,
Non pas au ciel, mais vers l’enfant,
Et celui-ci le caressa…




Le roi et le mendiant

Par Joseph Stroberg

Un roi dans son palais,
Adorait son trône d’or.
Fort comme un lion,
Rusé comme un serpent,
Il méprisait le faible,
Et insultait le beau.
Partout à la ronde,
L’on s’en cachait bien loin,
Il avait tant d’ennemis,
Mais aussi tant d’armées,
Que la guerre sévissait,
Depuis qu’il était roi,
Depuis qu’il dominait.
Le peuple avait peur,
Le peuple avait froid,
Le peuple avait faim.
Mais le roi s’en fichait,
Il était tout puissant,
Il était sans rival.
Le peuple se cachait,
Quand les armes approchaient,
Le peuple se terrait,
Quand la mort parlait.
Un jour un mendiant,
Au palais arriva.
Le roi aussitôt,
Le mit au cachot.
Alors, le mendiant rit,
Car le roi, vaincu, il avait,
Car maintenant, manger, il pouvait,
Car maintenant, le froid était loin,
Car maintenant, libre, il était,
Dans cette prison de pierre,
Son esprit, libéré, s’était.




À l’horizon du pont

Par Joseph Stroberg


À l’horizon du pont, un homme était assis,
À l’horizon du pont, il regardait le ciel.
Et le ciel était pur,
Et le ciel était beau,
Parce que le cœur de l’homme,
Lotus ouvert sur le lac,
Parce que le cœur de l’homme,
Joyaux brillant de mille feux,
Se voyait dans l’autre,
Se voyait partout,
Où son regard portait,
Au-delà des nuages,
Que chacun créait,
Au-delà des nuages,
Que chacun vivait.
À l’horizon du pont, un homme était assis,
À l’horizon du pont, il pleurait en silence,
Sur le sort de ses frères,
Sur le sort de ses sœurs,
Qui dans ce monde en feu,
Qui dans ce monde en peine,
Souffraient de leur sort,
Souffraient de leur haine,
Sur le sort de ses frères,
Sur le sort de ses sœurs,
Qui dans ce monde stérile,
Qui dans ce monde hostile,
Luttaient contre la mort,
Luttaient contre la vie,
Qui dans ce monde bleu,
Qui dans ce monde hideux,
Ne voyaient pas le mal,
Qu’ils se faisaient eux-mêmes,
Ne voyaient pas le mal,
Qu’ils créaient de leurs peurs,
Ne voyaient que le mal,
Et ne savaient plus aimer.
À l’horizon du pont, un homme était debout,
À l’horizon du pont, il parlait d’une voix ferme,
Pour que le ciel soit pur,
Pour que le monde soit bleu,
À l’horizon du pont, il parlait à ses frères,
À l’horizon du pont, il parlait à ses sœurs,
Il leur disait combien,
En ce jour de printemps,
La mort cachait la vie,
La nuit cachait le jour,
Et que seul importait,
Le fait d’être soi-même,
Sans fard, ni un seul masque,
Le fait d’être soi-même
Un homme plein d’amour,
À l’horizon du pont…




Jumelles

Par Joseph Stroberg

Âme prisonnière
Des rivages obscurs,
Sous les feux de Satan,
Sous l’éclat du Soleil,
Au fond des abysses,
Tu as chu pleurant,
Au fond de la chair,
Tu restes gisant.
Toi qui sans vie
Les mondes imagines,
Pour cacher ta peine
Et calmer ton regret
De ne pouvoir aller
Où hier tu vivais,
Toi qui ne connais plus
Que la peur d’être seule,
Depuis toujours tu cherches
Ta moitié disparue,
Éternellement tu souhaites
Ta jumelle retrouver,
Pour ne former plus qu’un,
Pour enfin l’aimer !




Le Sans Nom

Par Joseph Stroberg

Il est le temps qui passe,
Le ruisseau qui s’écoule,
La montagne qui s’élève
Et la mer qui s’étend.
Il est le vol d’un oiseau,
La course du guépard,
Toile d’araignée,
Coquillages sur le sable.
Il est le sourire d’une femme,
Le regard d’un homme,
La voix d’un enfant
Et la peau d’un vieillard.
Il est celui qui aime,
Il est celui qui crée ;
Chant est son nom,
Lumière son message.
Tu le verras partout
Où se poseront tes yeux,
Tu l’entendras partout,
Quand sauras écouter.
Mais d’abord, ouvre ton cœur ;
Il t’y attend,
De toute éternité.




L’Homme et l’enfant

Par Joseph Stroberg

Ô homme ! animal nuisible !
Combien de tes frères,
Combien de tes sœurs,
Sur ta mère la Terre,
Pourchasseras-tu ?
Sur ta mère la Terre,
Extermineras-tu ?
Si souvent, tu fermes les yeux,
Si souvent, tu fermes ton cœur,
À ton enfant qui crie,
À ton enfant qui pleure !
Empli de ton importance,
Du haut de ta morgue,
Comment pourrais-tu,
Pourquoi voudrais-tu
Te pencher sur les êtres
Que tu as mutilés,
Te pencher sur les êtres
Qui appellent dans la nuit
Une aide, un secours,
Qui attendent dans la nuit
Une réponse d’amour
Qui jamais ne vient ?




Gaïa

Par Joseph Stroberg

Ô, vestige de Gaïa,
Ton soleil s’en est allé !
Ô, Gaïa la splendide,
Au fond de tes océans sans vagues
Seul un noir silence existe ;
Au fond de tes océans sans âge,
Seule la mort repose !
Dans leur aveuglement maudit,
Dans leur orgueil insensé,
Les hommes ont fait leurs œuvres,
Les hommes t’ont détruite !
Et nul ne connaîtra plus
Tes forêts enchantées,
Ta faune chamarrée.
Et nul ne connaîtra plus
Tes vertes collines,
Tes montagnes blanches.
Nul ne connaîtra plus
Ton ciel azuré,
Tes nuages de coton,
Et tes parterres fleuris…
Tes mers se sont vidées,
Tes océans se glacent
Et tes continents figés,
Tes sols vitrifiés
Craquent,
Se lézardent,
Se déchirent,
Sous les météores…
Même la Lune t’a quittée,
Lasse d’observer ta ruine,
Triste pour ton sort cruel.
Monde hostile et pestiféré,
Seule, déchiquetée, ravagée,
Dans l’obscurité spatiale,
Entre les galaxies,
Tu erres désormais,
À jamais…
À cause des hommes !
À cause des hommes qui se sont suicidés,
Jamais plus la vie n’accueilleras
Et pour les siècles des siècles,
Ton nom signifie…
Mort !
À cause des hommes !




L’arbre

Par Joseph Stroberg

Dans le jardin d’Eden,
Vivait un arbre immense,
Le témoin éternel,
La sagesse infinie.
Cet arbre portait des fruits,
Depuis l’aube des temps,
Et les nourrissait,
Comme une mère ses enfants.
Cet arbre aimait ses fruits,
Pommes d’or par myriades,
Et ceux-ci étaient l’arbre,
Et ceux-ci s’entraimaient.
Univers à lui seul,
Il n’était qu’harmonie,
Et son sein vibrait,
Et son cœur chantait,
Vers le grand Créateur
Dont il émanait,
Vers le Un cosmique
Qu’il était aussi.
Mais un jour, mais une nuit,
Il y eut un éclair,
Il y eut un nuage.
Mais un jour, une nuit,
Naquit l’ombre en ses branches,
Et ses fruits dans la lumière,
De mille feux resplendirent,
Ses fruits dans la lueur,
L’un l’autre découvrirent.
Peaux lisses et nues sous l’informe,
Chairs dorées sur le vide,
Ses pommes virent l’ailleurs,
Respirèrent l’infini
Et souhaitèrent s’y fondre.
Un instant translucide,
Dans une goutte de temps,
Les deux tiers quittèrent l’arbre,
Pour tomber vers quoi ?
Pour tomber jusqu’où ?
Les deux tiers quittèrent l’arbre
Et churent longtemps,
Longtemps.
Et un jour ou une nuit,
Le sol, elles heurtèrent
Et amèrement s’y meurtrirent.
Et un jour d’une nuit,
Elles se coupèrent, se déchirèrent,
Et furent depuis lors
Séparées, désunies,
Et furent depuis lors
Par moitiés, perdues…




Après avoir exploré les horizons du monde

Par Joseph Stroberg

Après avoir exploré les horizons du monde,
L’univers des songes et celui des chimères,
Les chemins escarpés, les déserts de feu, les flots en furie
Et les terres enneigées, je demeure.
Après avoir cherché, longtemps, dans le silence de la foule,
Dans le bruit de la nuit, et dans les lointains espaces,
La clef des mystères, les clefs de la vie,
En moi-même, j’ai trouvé, ce que nul livre ne disait,
En moi-même, j’ai rencontré, ma plus belle source,
Celle de l’amour, de la lumière et de la vie,
En moi-même, j’ai trouvé… qui j’étais.
Et maintenant, je demeure, et maintenant je suis,
Je ne cherche rien d’autre que la plus grande Lumière,
La lumière ultime, le divin essentiel,
Qui par ma vie, sera, exprimé dans ma chair.




À celle qui sait

Par Joseph Stroberg

Par delà les mondes chimériques de la lune Alpha,
Vallée engloutie aux mystères insondables,
Révolte passée d’un empire disparu,
Dans les cavernes froides de l’ancienne mémoire,
Gisait la belle aux yeux de jade, au cœur rayonnant,
La femme solitaire dans son tombeau ouvert,
La femme solidaire des soldats perdus,
L’éternelle flamme du grand Jalussen,
Le Dieu immortel aux mille visages,
Le Dieu d’une reine qui n’attendait plus.
Cent siècles déjà, d’un long tourment issu,
La beauté incarnée irradiait d’or et pourpre,
Espérant le prince qui la comprendrait,
Inconnu des lointaines terres,
Des collines et monts délétères,
Sur son cheval ailé arrivant enfin.
Surgi un jour d’hiver, un moment magique,
Dans ses bottes salies par la neige grise,
L’homme avançait, en infinie paix,
Sûr de son destin, de la rencontre ultime,
Avec sa promise moitié, sa sœur de toujours,
Avec sa promise moitié, il vivrait l’Amour,
Le seul, le vrai, l’infini, l’immortel…
Les deux moitiés s’unirent d’une puissante étreinte,
Leur joie vibrait partout où le regard portait,
Ils étaient là, enfin complets, enfin unis,
Et aucune distance ne compterait plus
Car le lien établi l’était à jamais.
Ils s’étaient libérés, êtres lumineux au cœur pur,
Ils s’étaient libérés, homme et femme au cœur sûr,
Passant l’épreuve du temps, le dernier défi,
Passant l’épreuve du vent, de l’illusion subtile,
Et plus rien ne pouvait, plus rien de voulait,
Les empêcher en eux, de vivre l’éternité.




Peu importe où elle est

Par Joseph Stroberg

Peu importe où elle est,
Peu importe où elle va,
Le roi la connaît, le roi la verra.
Son âme est en lui, son âme est en elle,
Et d’un chemin au suivant,
De carrefours en impasses,
Seul ce qui compte
Est l’essence de l’amour.
Libres comme l’air,
Le vent et la vie,
Chacun poursuit son but,
Chacun donne son être,
À son destin humain,
À son frère et sa sœur.
Et dans l’immense clameur
De ceux qui cherchent encore
À ne plus souffrir,
À ne plus avoir peur,
Ils marchent d’un pas sûr,
Par la force de leur cœur,
Jusqu’à ce que tombe la nuit
Sur un monde qui demeure,
Jusqu’à ce que monte l’envie
D’un avenir meilleur.
Ils sont Homme, ils sont Femme,
Tant que leur corps les soutient,
Et demain verra naître
L’Esprit en leur sein,
Et demain sera jour
Pour le genre humain.