Allons-nous réellement vers plus d’ouragans ?

[Source : jacqueshenry.wordpress.com]

Par Jacques Henry

Le gyre de l’Atlantique Nord, le climat européen et les ouragans

Les spécialistes du climat s’accordent pour affirmer que les conditions climatiques particulières de l’Europe occidentale dépendent étroitement des courants marins qui structurent les eaux de l’Atlantique Nord de par leur salinité et de leur température. Il s’agit du « gyre » de cette partie septentrionale de l’Océan dont les courants tournent dans le sens des aiguilles d’une montre. Il existe un autre gyre dans l’Atlantique Sud dont la rotation est inversée, un autre dans l’Océan Indien et deux gyres dans l’Océan Pacifique. Il est nécessaire d’examiner en détail la carte ci-dessous pour comprendre la suite de cet exposé qui n’a comme seule prétention d’aider à comprendre quelles sont les conséquences de ce gyre sur le climat de l’Europe et également sur les phénomènes météorologiques violents qui affectent le continent nord-américain périodiquement, nommément les ouragans.

Le gyre de l’Atlantique Nord a pour conséquence un transport de l’énergie thermique en provenance de la zone de convergence intertropicale (ITCZ) vers le nord en passant à travers de l’arc antillais résultant dans la formation du grand courant chaud du Gulf Stream. Ce courant chaud tempère le climat de l’Europe occidentale et permet par exemple au port de Reykjavík d’être libre de glaces toute l’année bien qu’étant situé tout près du Cercle polaire. Des diverticules viennent tempérer le Golfe de Gascogne et la Mer du Nord ainsi que la côte sud du Groenland ayant pour désagréable effet de provoquer la migration des icebergs vers le sud et l’est. Les lignes rouges en pointillé et en points sur cette carte sont les limites habituelles de ces icebergs et limites absolues relevées, pour l’anecdote, depuis le milieu du dix-neuvième siècle par les pêcheurs de morue et les baleiniers.

Entre l’été et l’hiver boréal, l’intensité des courants du gyre varie imperceptiblement, car seule la profondeur du courant est affectée. Les différences de salinité expliquent les diverticules mentionnés précédemment, car outre la température des eaux du gyre la densité et également la teneur en sel dépendent de la température, la salinité augmentant avec l’évaporation dans la zone intertropicale. Les évènements météorologiques violents, les ouragans, prennent naissance à proximité de l’archipel du Cap Vert en raison des perturbations provoquées par le puissant courant froid des Canaries dont la cause est une remontée des eaux profondes froides vers la surface (upwelling en anglais) qui, combinées aux vents alizés de nord-est donnent naissance à des foyers de dépression atmosphérique qui vont se charger en énergie thermique en traversant l’Atlantique au nord de l’ITCZ pour arriver finalement vers le golfe du Mexique ou la côte est des États-Unis. Il s’agit des vortex de Von Karman bien décrits dans la littérature spécialisée. Il faut ajouter à ce bref résumé le fait que plus on s’éloigne des côtes atlantiques de l’Europe moins l’influence du courant chaud de l’Atlantique Nord se fait sentir. Il y a un autre élément peu mentionné, mais tout de même bien réel : le courant des Canaries est froid, il y a donc peu d’évaporation des eaux océaniques, les vents dans cette région sont orientés de secteur nord-est et c’est l’une des explications de la présence d’une vaste zone désertique sur le nord du continent africain en particulier dans le sud marocain.

Si ce large système de courants marins était stable, tout se passerait bien, mais il n’en est rien. La position de l’ITCZ varie pour une raison encore mal connue. La précession des équinoxes a été évoquée ainsi que l’angle du plan de l’écliptique mais sans conclusions satisfaisantes. Ce qui a pourtant été montré avec certitude est une remontée d’environ 25 degrés de latitude vers le nord de l’ITCZ à la fin du Dryas récent. La fonte massive des glaciers européens et nord-américains à la fin brutale de la dernière glaciation aurait provoqué un afflux d’eau douce perturbant alors cette zone de convergence des gyres nord et sud atlantiques, les eaux de surface moins salées en raison de cet afflux d’eau douce provenant de la fonte des icebergs ayant eu pour effet la création d’un conflit dans la zone de convergence et aurait eu pour conséquence une remontée significative de celle-ci vers le nord. Mais cette explication n’a pas remporté l’unanimité des spécialistes. Néanmoins il s’agit de la cause première de la luxuriance du Sahara durant l’Holocène, période suivant immédiatement le Dryas, alors soumis au régime de moussons normalement situé le long du grand Golfe de Guinée. Cette conséquence est alors facile à comprendre, le Sahara fut pendant près de dix mille ans une zone de savane arborée parcourue de rivières et parsemée de lacs.

Toute l’Europe occidentale profita d’un climat particulièrement doux durant cette période qui dura plus de 8000 ans, l’optimum de l’Holocène, avec un recul prononcé des glaciers alpins et une remontée de la zone arborée jusqu’à 2500 mètres d’altitude comme en atteste la découverte de grosses souches d’arbres à ces altitudes dans tout l’arc alpin. Les paléoclimatologues ont confirmé ces faits et ont même évalué la température moyenne à celle supérieure de 4,5 °C aux températures moyennes actuelles. S’affoler d’un réchauffement du climat de 1,5 °C est à l’évidence une stupidité. Loin de moi la prétention de vouloir prédire l’avenir, mais il existe un signal faible, comme mentionné dans un récent billet, qui autorise une constatation que chacun est libre d’admettre compte tenu de la propagande climatique actuelle. Il s’agit des évènements météorologiques violents qui sont une indication de la tendance du climat.

Nous avons vu que les ouragans suivent grosso modo la partie sud du gyre de l’Atlantique Nord en se chargeant d’énergie thermique au cours de leur cheminement vers l’Amérique du Nord. La source de cette énergie thermique n’a qu’une seule cause : la température des eaux de surface de l’océan. Cette température n’a qu’une seule origine, l’irradiance solaire. Collecter des données météorologiques relatives à ces évènements violents est d’une simplicité abécédaire. Il apparaît que depuis plus de 40 ans l’énergie cumulée des ouragans dans l’Atlantique Nord est stable, voire déclinante, alors que les modèles climatologiques provenant des compilations de l’IPCC [NDLR Dénomination anglophone du GIEC] prévoient une augmentation de cette énergie beaucoup plus élevée comme le montre la figure ci-dessous :

Le nombre cumulé d’ouragans (Atlantique Nord), de cyclones (Océan Indien et Pacifique Sud) et de typhons (Pacifique Nord) reste remarquablement stable si on considère seulement leur énergie. Au cours des 40 dernières années la moyenne de ces énergies indique que l’année 2022 a été de 30 % inférieure à cette moyenne et si on s’attarde sur le caractère dévastateur de ces évènements on constate que la tendance est une diminution de ce dernier :

Où est l’erreur ? Il m’a fallu beaucoup de temps de réflexion pour comprendre ce que signifiaient les données présentées par ces graphiques. Que le nombre cumulé d’évènements cycloniques violents soit stable est facile à comprendre. Il s’agit d’une conséquence de l’inertie thermique des océans au moins jusqu’aux premiers 100 mètres de profondeur. Avec une surface couvrant près de 70 % de la surface de la Terre les océans représentent une réserve d’énergie qu’un être humain a de la peine à imaginer et les océans sont l’un des premiers acteurs de la stabilité toute relative du climat, dont celui de l’Atlantique Nord en ce qui concerne l’Europe occidentale. L’énergie cumulée d’un cyclone est une grandeur métrique calculée à partir de la somme des vitesses des vents relevées toutes les six heures exprimée en miles nautiques par heure élevée au carré et cette somme est divisée par 10 000, une image de cette énergie admise par les spécialistes dans ce domaine. Bref, si le nombre d’évènements météorologiques reste stable leur énergie est stable, ce qui signifie que l’apport solaire en énergie est stable depuis au moins quarante ans contrairement aux prévisions de l’PCC systématiquement alarmistes, organisme qui clame que le réchauffement du climat est irréversible et détruira la planète.

Les dernières preuves de l’arrivée d’un climat plus froid et donc que l’énergie que peut accumuler un ouragan en traversant l’Atlantique Nord diminue est le nombre d’ouragans violents ayant atteint les États-Unis au cours des 50 dernières années. Comme l’indique le graphique ci-dessous la tendance générale est une nette diminution que seuls les esprits chagrins contesteront :

Il s’agit d’un autre signal faible précurseur d’un changement dans l’évolution du climat qu’il faudra surveiller au cours des années à venir. Toujours dans cet ordre de constatation de signaux faibles si la région sahélienne se reverdit lentement en raison d’une augmentation presque insignifiante de la teneur en CO2 atmosphérique la sécheresse prendra le dessus comme cette évolution existe depuis plus de 3000 ans, alors on parlera en Europe de réfugiés climatiques non pas en raison du réchauffement, mais du refroidissement du climat avec comme corollaire une sécheresse provoquée par la diminution de l’évaporation des océans. 

Sources : variées et illustrations Wattsupwiththat.com